son parti et son pouvoir n’ont p
Ce que Wade, son parti et son pouvoir n’ont pas compris
Il y a 17 ans, nous découvrions un genre musical pas comme les autres. Entre deux cours, sur un terrain de basket, nous étions tombés sur un article qui faisait référence à un groupe mythique : le Positive black soul. Entre la beauté des mots et leur profondeur, nous étions tombés sous le charme du rap. La fin des années 90 et le début de l’an 2000 était un débat houleux qui opposait les real au fake. Le hardcore avait gagné en cette période ses lettres de noblesse. Il représentait la ligne dure du mouvement. Les irréductibles. Les adeptes de cette ligne dure voulaient conserver une notion essentielle au mouvement. La conscientisation positive des masses. C’é¬taient entre les contradictions que Xu¬mann, membre de Pee Froiss, avait défini le real (le vrai rappeur) en ces termes : «Un real se définit par la profondeur de ses textes.» La recherche du beau pour l’鬬veil des consciences a toujours été le leitmotiv des «real» et, au-delà, de tout le mouvement hip-hop.
Le fantastique mouvement qui aujourd’hui veut instaurer un Nouveau type de Sénégalais (Nts) est né de cette volonté, toujours exprimé par des lyrics, de faire naître l’esprit critique, de blâmer l’injustice et de n’accepter de s’inscrire que dans le progrès. Y’en a marre est un cri du cœur à base de lyrics épicés d’une détermination sans faille. Leurs précurseurs, sans exception, appartiennent à la ligne dure du mouvement. Le hardcore. Leur engagement a juste changé de canal, mais ils n’ont jamais failli dans leur mission première. La voix des sans voix.
Le pouvoir n’a pas compris que ce cri du cœur, cette exaltation du désespoir et de l’amertume n’est autre chose qu’un vécu. Chaque Sénégalais vit cette exaspération. Y’en a marre a permis aux jeunes de s’exprimer, tout comme le studio permet aux rappeurs de mettre sur le marché un produit musical répété entre quatre murs. Le 23 juin était le jour de lancement de ce tube. Les Sénégalais, particulièrement les jeunes, sont sortis pour entonner en chœur leur refrain favori. Y’en a marre.
Mais, le pouvoir n’a toujours pas compris, que c’est le peuple qui est sorti ce 23 juin et que l’opposition n’en était pas le porte étendard. Elle était du public et a juste payé le billet pour assister au spectacle. Un spectacle en feu et lumière. C’est ainsi qu’avec des pierres, leur seule arme face aux propos guerriers des porte-parole du gouvernement et du Président, la jeunesse a sauvé la République qui tanguait.
Ce que le fils du Président n’a pas compris, c’est qu’il est l’exemple parfait d’un pouvoir sans éthi¬que et sans scrupule. Il est le maître de la terre, du ciel et de la mer. Il est au-dessus de tout, même de la Justice. Les Sénégalais ont assisté médusés aux cuillères et clefs Usb aux prix démesurés, à la lampe allumée en plein jour et qui a coûté 8,5 millions francs Cfa. La banlieue, symbole du «Y’en marrisme», a attendu sa part sur le budget de 372 milliards qui finalement n’a servi qu’à un petit tronçon de voie qu’empruntent les nantis de la République bananière. La «machine de guerre» qu’il croit de l’autre côté et qui jouerait en sa défaveur, c’est lui-même qui en tient la gâchette. Il s’est explosé la cervelle comme Icare avec ses ailes brûlées alors qu’il se croyait déjà au sommet.
Ce que le pouvoir n’a pas compris, c’est que des carrières se sont brisées, des rêves ensevelies puis¬que le fils, du haut de son perchoir, croit seul détenir le pouvoir de faire ce qu’il veut et d’écraser tout obstacle sur son passage. Les Sé¬négalais sont exaspérés par ce fait.
Ce que le pouvoir n’a pas compris, c’est que Abdou Diouf jusqu’aux derniers moments avant sa chute historique en 2000 savait drainer des foules à coup de tee-shirts et de frais de transport. Mais quand la vérité a sonné, sortie des urnes, il n’avait d’autres choix que d’appeler celui aujourd’hui qui a choisi d’emprunter les mêmes voies de perdition. Le pouvoir oublie qu’un peuple libre n’est pas l’égal d’un peuple embarqué dans des véhicules pour satisfaire l’orgueil déclinant d’un père de la Nation aux abois. Une symphonie de liberté et de justice a tonné ce 23 juin. Le real a encore remporté son duel face au fake.
Ce que le pouvoir n’a pas compris, c’est que la France a assisté au spectacle à distance mais n’en est point l’organisateur encore moins le catalyseur. Pourquoi un 14 juillet pour répondre à celui qui aurait lâché celui qui doit «s’appliquer les conseils prodigués à Kadhafi» ? Ils font fausse route car la raison d’exister d’un gouvernement n’est pas de répondre à un autre pays, mais de satisfaire une population qui se croit laissée à elle-même. Le peuple sénégalais survit plus qu’il ne vit ; et il fallait un jour exprimer cette colère et cette déception. 2012 n’est plus loin et l’occasion sera donnée au peuple d’exprimer son Y EN A MARRE. Cet état d’esprit a jusqu’ici rendu «passif» mon peuple. Quand ils ont vu 2012 s’éloigner, leur espoir réduit à 25% et leur durée de vie à un tour, ils ont choisi, ardemment, d’exprimer leur lassitude. C’était un instinct collectif de survie. Des édifices ont été saccagés, nous le déplorons, mais nous nous posons aussi la question de savoir s’ils avaient d’autres choix. Le pouvoir a fait voler l’édifice la plus importante. La notion de République et d’étique. Rien d’autre n’avait de valeurs aux yeux de cette jeunesse à l’espoir vaincu. Le fils a appelé le «tonton» au secours. La patrie de la mère. Sa patrie. C’est une insulte.
Le discours que nous avons entendu exaspère plus que le silence coupable. Nous avons vu des hommes et des femmes aux antipodes des réalités vécues par les Sénégalais. Ils n’ont pu cerner les impératifs de l’heure, aveuglés qu’ils sont par les luxures du pouvoir. Nous avons entendu un président de la République renier ses propos d’hier. Nous nous sommes demandé un instant s’il avait tout son esprit. Il a osé dire n’avoir jamais déclaré un certain 1er mars 2007 qu’il lui était impossible de se représenter à une élection pour avoir brigué deux mandats successifs. Nous avons entendu un président de la République légitimer les découpages administratifs et la révocation des élus choisis par les populations. Mais le plus sidérant, c’est d’entendre le Président excuser le parjure et en être fier. Il se donne le droit de dire et de se dédire. C’est dramatique !
Ce que le pouvoir n’a pas compris, c’est que l’exaltation du «moi» n’aide pas à cerner les réalités, à faire un bon diagnostic afin d’établir un plan d’action fiable. Nous avons vu des hommes et des femmes applaudir à tout va, mé-prisant le peuple qui souffre. Nous avons vu un président de la Ré¬pu¬blique obnubilé par sa réélection, oubliant le peuple qui debout l’a élu.
Mais personne n’a été surpris. En choisissant de parler à son parti, il a choisi de snober le peuple et de ne parler que de ses intérêts.
Voilà pourquoi, le 23 juillet une partie du peuple mobilisée à travers tout le pays essayera de donner un spectacle à la hauteur de celui du 23 juin. Ils n’ont pas compris et toujours pas que le spectacle du 23 juin a été une réussite parce que le peuple s’est payé lui-même le billet et qu’il a entonné avec toutes ses composantes un re¬frain aimé de tous : Y’en a mar¬re. Ils ont pincé ensemble les koras, ont rugi et ont dompté le monstre qui voulait les apprivoiser.
Le pouvoir n’a tout simplement pas compris qu’«a vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitable les révolutions violentes». John Fitzgerald Kennedy de¬vait servir de leçon à Me Ab¬dou¬la¬ye Wade. Ce dernier devait garder son idéal en perdant ses illusions (la dévolution monarchique du pouvoir) afin de rester dans la vraie politique.
Le jour se lève …
Désormais «il y aura un avant 23 juin et un après 23 juin». L’op¬po¬si¬tion aussi doit le comprendre. C’est au tour du peuple de prendre la parole et de définir les contours de la gestion de notre bien commun : Le Sénégal. L’arro¬gance, le népotisme et la démagogie ne seront plus acceptés. Le peuple a exprimé sa lassitude et a repris ce qui lui revient de fait : La souveraineté nationale. Aucune impunité ne sera acceptée. La justice pour tous est désormais réclamée. Il a été enseveli «un quart de siècle à la défense des libertés et à la conquête des droits individuels et collectifs». Abdoulaye Wade a joué et perdu. La dévolution mo¬nar¬chique a ainsi été ensevelie pour toujours. Il y a eu un 22 mars 2009 et un 23 juin 2011, il y aura inéluctablement un 26 février 2012. Ce sera à notre tour de prendre la parole, d’exprimer notre ras-le-bol et de choisir de meilleurs dirigeants.
Désormais aucun groupuscule d’individus assoiffés de pouvoir ne s’accaparera des biens appartenant à tout le monde. La volonté populaire sera prise en compte. La Jus¬tice indépendante et le Parlement des vrais représentants du peuple.
La gestion des affaires publiques ne doit plus être entre les mains d’hommes douteux, mais managée par des hommes de compétences et de vertus. Les tortueux doivent être poursuivis, les voyous emprisonnés. Peu importe le nom de famille.
Les hommes politiques, dans leur ensemble doivent comprendre, comme disait l’autre, que ceux qui ont trouvé tant de moyens d’étouffer la liberté où elle est née, n’en ont encore trouvé aucun pour l’empêcher de naître et de faire explosion là où elle ne s’est jamais montrée.
La nuit a trop duré, mais le jour se lève dans l’amertume pour un souffle nouveau. Il y a désormais l’é¬mergence d’un Nouveau type de Sénégalais qui réclame plus de considération et de respect, et qui foulera au pied toute désinvolture. C’est le peuple qui donne le pouvoir et cela, les Sénégalais l’ont compris.
Abdou KEBE - Le déçu de l’Alternance
L’Ecole sénégalaise en péril, la Nation est en danger (Suite)
D’ailleurs, ce sont les effets de cette destitution de l’autorité scientifique qui apparaissent dans l’extrême disparité de niveaux entre élèves d’un même groupe pédagogique. Ceux qui savent lire et calculer sont mis ensemble avec ceux qui n’y arrivent pas ; ceux qui sont bons en mathématiques ou français côtoient les médiocres. Ce qui fait que toutes les classes au Sénégal sont multigrades. Il faut savoir que cette pratique de promotion des élèves sans tenir compte de leurs fiches de notes, rendait très difficile le travail des enseignants de CM2. Ces derniers, pour avoir de bons résultats au concours d’entrée en sixième, travaillaient sans arrêt pour rectifier les lacunes des années précédentes et relever les niveaux de leurs élèves. Ce qui n’est plus le cas avec la suppression du Concours. Il n’y a plus de challenge pour eux. Tant pis pour les élèves qui arrivent en CM2 et continuent sans le niveau requis. Voilà pourquoi l’ouverture des portes de collèges à presque tous les élèves est inquiétante. On devrait d’abord déterminer les modalités d’accès à ce niveau. Même si l’obligation scolaire à dix ans est devenue une nécessité historique, il vaut mieux se donner les moyens d’emmener tous les enfants du pays au niveau scientifique du Bfem au moins. Sinon, on transforme cet objectif purement pédagogique en visées bailleurs de fonds. Cela dit, il faut auparavant réduire la disparité des conditions de scolarisation.
- Ecole à deux vitesses
Il est connu que les enfants n’ont pas au départ les mêmes avantages en termes d’environnement familial ou social favorable pour une scolarisation sans difficulté. Mais, l’Ecole de la République est là pour réduire ces inégalités et égaliser les chances de réussite. Au Sénégal, qu’on le veuille ou non, elle fonctionne avec deux vitesses. Des CI de 32 élèves dans les écoles de Dakar Plateau y sont à côté de celles pleines à craquer à Hann Bel-Air : plus de 80 élèves par classe. Une répartition très inégalitaire des salles de classes fonctionnelles (au sens du ministère de l’Education), des salles informatiques, des enseignants professionnellement certifiés. Pour améliorer les résultats des établissements à environnement difficile, il urge, à défaut d’une discrimination positive, de rétablir l’équilibre. Là, les maires de communes d’arrondissement devraient jouer leur partition au lieu de gaspiller leurs maigres ressources dans les cérémonies télévisées de remise de prix.
Enfin, retenons qu’il y a danger quand des hommes d’Etat s’amusent avec des chiffres dans le domaine de l’éducation, et que les producteurs de données scientifiques les laissent faire. Ces derniers, quel que soit leur lieu de fonction, doivent garder l’autorité de publier eux-mêmes les résultats de leurs investigations sans préalable ou visa d’un quelconque supérieur. Sans cela, l’information scientifique pourrait être utilisée à d’autres fins que la révélation de la vérité. S’ils n’assument pas leur fonction d’éclaireurs d’opinion en toute indépendance, l’obscurantisme prospérera.
Dans le même sillage, il urge de rétablir l’autorité de l’enseignant afin qu’il retrouve sa prérogative comme seul décideur dans le domaine pédagogique. Il faut que les pouvoirs des inspecteurs ou autres supérieurs se limitent à encadrer et former. Personne ne devrait repêcher un élève à la place du conseil de classe.
Ajoutons que l’automaticité de passage d’une classe à une autre ou l’option zéro redoublement peut être décidée. Mais, celle-ci s’accompagne toujours de politiques de mise à niveau des élèves faibles afin qu’ils puissent profiter de la suite de leur scolarité. Il ne sert à rien de brûler les étapes pédagogiques. Sans le respect de celles-ci, l’objectif ‘Education Pour Tous’, qui est différent de celui de ‘la solarisation universelle’, ne sera jamais atteint. En effet, il ne faut pas perdre de vue que ce projet de l’Unesco, va au-delà d’une couverture scolaire complète. Il vise bel et bien une éducation réelle et réussie pour tous les enfants. Ce qui correspond aux programmes qu’on retrouve dans certains pays développés. En France, il s’intitule : ‘Pour la réussite de tous les élèves’.
Aux Etats-Unis en 2002, après le rapport intitulé la Nation est en danger ’The nation at risk’, le Gouvernement de Georges W. Bush s’était fixé comme objectif scolaire à atteindre en 2012, (No Child left behind : Nclb) ; consistant à œuvrer pour qu’aucun élève ne soit plus en dessous du seuil minimum de connaissances en lecture et mathématiques. Vivement que nos hommes leur emboîtent les pas !!!
(FIN) Mamadou Youry SALL Enseignant-Chercheur UGB
Candidature de Wade à un 3e mandat : Pourquoi l’«ultimatum» du M23 pour le jour de la Tabaski ?
Le jour de la Tabaski est la dernière occasion pour le chef de l’Etat de s’adresser à la Nation à propos de sa candidature. Sinon, ce serait le 31 décembre au moment où il aura déjà déposé sa candidature auprès du Conseil constitutionnel le 25 décembre. Donc, le jour de la Tabaski est l’ultime opportunité qui s’offre à Wade pour se réconcilier avec son peuple, en lui annonçant publiquement le re¬trait de sa candidature à un 3e mandat, pour respecter les dispositions de la Constitution en la matière.
Cependant, une chose doit être claire dans sa tête, que s’il ne saisit pas cette opportunité, le M23 n’aura plus d’autres choix que de se mobiliser, de manière encore plus puissante que le 23 juin, pour lui imposer le respect de la Loi fondamentale qui est notre Constitution.
Le M23 ne pourra pas assister les bras croisés, à cette nouvelle tentative de violation de la Constitution, pour éviter, une fois cette forfaiture entérinée par le Conseil constitutionnel, que Wade ne s’attelle à la déstabilisation du pays, en mettant en œuvre son projet de holdup électoral pour confisquer le pouvoir et préparer sa transmission à son fils biologique.
Le M23 devrait donc user de tous ses droits constitutionnels pour mobiliser pacifiquement le peuple pour empêcher cette forfaiture. Son combat est ainsi dirigé contre Wade et sa volonté de violer la Constitution, et non, comme l’on tente de le faire croire, contre le Conseil constitutionnel. Wade n’a pas le droit de déposer sa candidature au Conseil constitutionnel, et nous le combattons pour cela.
Il est évident, que le Conseil constitutionnel est aussi dépendant du chef de l’Etat que l’Assemblée nationale. Donc laisser à Wade le soin de le saisir sur la question, serait donné implicitement le quitus au Conseil constitutionnel pour qu’il exécute sa volonté.
Le M23 n’a donc pas d’autre choix que d’empêcher Wade à passer à l’acte de dépôt de sa candidature. En effet, s’il laisse Wade s’exécuter, il n’aura nulle part à contester juridiquement la légalisation de la forfaiture. A cet égard, la Commission judiciaire de la Cedeao a déjà déclaré son «incompétence» en la matière, à plus forte raison l’Union africaine ou l’Onu.
Dans ces conditions, seul un mouvement populaire, encore plus puissant que celui du 23 juin, contre sa volonté de déposer sa candidature, peut l’arrêter.
Mais pour ce faire, il faut clairement faire comprendre à Sarkozy, que l’envoi au Sénégal, dans ce contexte, du Général Grégoire ST. Quentin, présumé génocidaire au Rwanda, spécialisé dans la gestion des «situations de chaos et de génocide», est un signal fort donné à Wade, que sa sécurité et celle de sa famille seront assurées, en cas de trouble grave, par les Forces françaises stationnées à Dakar, qu’il est venu commander.
Le Général pourra organiser son exfiltration et celle de sa famille, comme il le fit au Rwanda en faveur des «amis» de la France, si jamais son affrontement avec le peuple pour imposer sa candidature, tournait à son désavantage. Un tel signal encourage donc Wade à envisager l’épreuve de force avec son peuple. D’où ses propos de plus en plus guerriers et menaçants, depuis l’arrivée de ce Général dans nos murs.
C’est pourquoi, au nom des intérêts bien compris de la France au Sénégal et dans la sous-région, Sarkozy devrait rappeler immédiatement ce Général, et faire comprendre, d’ores et déjà à Wade, que les Forces françaises, stationnées au Sénégal, ne procéderont à aucune exfiltration de sa famille, s’il décidait d’affronter son peuple pour imposer sa candidature, et que la situation tournait mal pour lui.
Dans pareille situation, Wade n’aurait plus le choix que d’écouter la voix de son peuple. En effet, même s’il est lui-même suicidaire, il ne risquerait pas pour autant la vie de ses enfants. Il sait pertinemment, depuis le 23 juin, qu’il ne peut pas compter sur ses amis et soutiens pour affronter victorieusement le peuple. Il a vu et médité leur comportement. Il s’est rendu compte que ces gens-là, à l’exception de Farba Senghor et de Coumba Gaye, ne sont pas prêts à mourir pour le défendre.
Il lui a fallu un trésor d’efforts surhumains sur lui-même et beaucoup d’argent, pour les sortir peu à peu de leur trou où ils s’étaient terrés, pour pouvoir les mobiliser le 23 juillet et les exhorter à se battre. Les fanfaronnades qu’il entend, de part et d’autre, l’encourageant à maintenir sa candidature, ne l’emballent pas outre mesure, car il sait, en âme et conscience, que des gens comme Samuel Sar, très prompt à faire des bravades dans la presse, n’accepteront pas de mourir pour Karim. Wade ne pourra même pas compter sur l’importation de mercenaires, puisque notre Armée nationale va assumer ses fonctions régaliennes de défense de l’inviolabilité de nos frontières, et ne permettra à aucun mercenaire d’y pénétrer pour exercer des violences sur les populations.
Quant aux Forces de sécurité publique (Police et Gendarmerie), elles ont déjà montré le 23 juin, leur capacité à maintenir l’ordre public sans bavure, dans les limites du respect strict du droit du peuple à manifester pacifiquement pour exprimer sa volonté.
Dans un contexte pareil, sans la garantie d’un soutien logistique de la France pour son exfiltration avec sa famille, si l’affrontement avec le peuple mettait en danger leur vie, Wade ne peut que saisir l’occasion de la Tabaski pour se réconcilier avec son peuple. Il n’est pas possible, sous prétexte qu’il serait minoritaire dans le peuple, de lui permettre de violer la Loi fondamentale pour se présenter aux élections présidentielles du 26 février 2012, afin de laisser au peuple le soin de le sanctionner. Ce serait une fuite impardonnable devant ses responsabilités historiques de faire respecter la Constitution. L’on ne peut pas la violer, et prétendre avoir le droit de solliciter le suffrage du peuple.
L’«ultimatum» du M23 n’est rien d’autre que cela. C’est un appel à Wade pour saisir sa dernière chance de se réconcilier avec son peuple le jour de tous les pardons, qui est celui de la Tabaski. Il n’est donc nullement un défi pour l’humilier, comme le prétendent ses laudateurs invétérés, dans le but évident de le radicaliser. En fait, ce sont ces fanfarons qui cherchent à l’humilier en le poussant dans une voie, non seulement risquée pour lui-même, sa famille et son peuple, mais aussi qui le déshonore aux yeux du monde entier.
Toutes les forces religieuses du pays, qui prient quotidiennement pour la paix, la stabilité et la concorde nationale, devraient contribuer à l’amener à se ressaisir, en le sollicitant directement, à cet effet, avant la Ta¬bas¬ki. Leur autorité morale incontes¬ta¬ble sur le chef de l’Etat devrait, com¬me au 23 juin, faciliter leur tâche dans cette entreprise de salut national.
Ibrahima SENE - Pit/Sénégal
Bennoptimisme
Sous ce néologisme s’exprime une conviction qui va certainement à contre-courant des savantes analyses de nos éminents docteurs, politologues et autres experts en tous genres, ces intellectuels médiatiques qui ont investi le champ politique sénégalais à la faveur du bouillonnement que suscite la recherche de consensus dans Bennoo, et qui tous prédisent sans précaution, l’éclatement de Bennoo. D’autres plus audacieux, surfant sur des considérations aussi générales voire généralisantes par leur argumentaire vont jusqu’à la caricature et parlent de «tassaaroo».
Avant d’aller plus loin, disons simplement que c’est leur droit le plus absolu d’exprimer leur point de vue, mais la récurrence avec laquelle ils nous assènent des généralités sous prétexte d’une histoire récente qui ferait que jamais l’Afp et le Ps ne s’entendraient sur «la candidature de l’unité et du rassemblement», j’ajouterai et de l’ouverture, méconnaît avec une surprenante facilité le fait qu’il ne s’agit et ne saurait s’agir d’un face-à-face, d’une compétition entre ces deux partis. Ce serait sans doute manquer de respect aux autres membres de Bennoo qui jouent chacun en ce qui le concerne sa partition non seu¬lement pour la candidature de l’unité et du rassemblement qui, loin de traduire une évolution sémantique par rapport à la candidature unique, représente une véritable révolution politique dans la coalition de l’opposition.
Oui, il est clair qu’au delà des partis politiques, il y a les composantes non politiques, non partisanes qui portent le projet des Assises nationales et la Charte de gouvernance démocratique au même titre que les partis membres de Bennoo, et qui fort justement contribuent et participent au processus et par conséquent doivent être écoutés, compris, pris en compte, d’où le sens qu’il faut accorder à la notion d’«équipe» qui, à côté du candidat de l’unité et du rassemblement et de l’ouverture va porter tout le chantier de la transition dans la période qui suivra le départ de l’équipe de Wade.
Cette équipe à la tête de laquelle un «capitaine» impulsera toute la dynamique de redressement avec à son tableau de bord le programme prioritaire des réformes attendues par le peuple, ne peut et ne sera pas une pa¬renthèse (je l’espère), mais un ja¬lon vers une recomposition de l’espace politique sénégalais souhaitée par la plupart de nos concitoyens, et dont l’aboutissement serait en filigrane l’émergence de trois voire 4 pôles de grands partis, ce qui serait la traduction de l’idée de Senghor sur le multipartisme limité, mais cette fois par la volonté des citoyens poussés en cela par le verdict du suffrage universel.
Bennoo peut et doit avoir son candidat de l’unité et du rassemblement, le profil de ses composantes autorise à le croire, la somme des expertises disponibles dans le pays et favorable au projet le permet.
L’espoir que la coalition a fait naître en 2009 lors des élections locales, auprès de nos compatriotes meurtris et abîmés par la folle gouvernance du Pds, l’exige.
Pour toutes ces raisons, les leaders des partis membres de Bennoo de-vront se dépasser pour s’unir et marquer l’histoire, mais surtout ne pas désespérer les millions de Sénégalais qui s’accrochent à leur seule bouée de sauvetage, dans ce naufrage politique, économique et social programmé par le régime de Me Abdoulaye Wade.
C’est vrai, des réglages sont à faire, des consensus à affiner dans un groupe dont les acteurs présentent des trajectoires différentes, des «statuts» et en plus leur nombre incite à revoir certaines préconisations, mais la méthode est trouvé et semble marcher. Alors pourquoi ne pas espérer une issue positive.
Le Sénégal au delà des personnes le mérite. Et puis pouvons nous penser une fois de plus que des leaders de parti se soient mis à l’œuvre depuis bientôt trois ans dans un processus pour rebâtir le Sénégal et attendre prés de 4 mois avant l’échéance fati¬di¬que et déchirer tout cela et dire fi¬nalement qu’ils ne peuvent s’enten¬dre.
Un esprit lucide ne peut le croire, il est vrai qu’en face on est aveuglé par ce scénario qui d’ailleurs ne repose sur rien, que des fantasmes et des illusions.
Bennoo aura son candidat qui fera face au clan Wade pour, avec une équipe vaillante, mettre un terme à 11 ans d’arrogance, d’impunité, d’incompétence, de licence et de scandales impunis.
Le rêve sera un cauchemar pour ceux qui ont eu le tort de refuser d’y croire.
Mamadou NDAO
Ancp/Afp
Dakar
Discours changeants au gré du vent
Je suis de ceux qui ne comprendront jamais les hommes, certains parmi les hommes devrais-je plutôt dire.
Je sais que l’homme est un animal complexe, il l’est effectivement et par Essence et par Existence. Quand on parle de l’Essence de l’Homme, c’est que l’on a fini de comprendre surtout qu’il urge – mieux qu’il prime - de s’appesantir beaucoup plus et à chaque fois sur ce qu’il « doit être » c’est-à-dire un être Intégral et Moral d’abord et ensuite une créature Noble douée de Raison, d’une raison constructive que l’on peut offrir à autrui comme exemple à suivre, comme modèle fiable à copier. Dans son Existence, l’homme n’est qu’une somme de besoins primaires ; il reste cet animal cupide comme les autres desquels il ne se démarque que par Sa culture. Je ne définis (cette définition est loin d’être exhaustive) ici la notion de Culture que comme ce différentiel qui existe entre La nature de l’homme (un animal comme les autres : ce qu’il « est » réellement) et Sa nature (un animal doué de raison et qui sait s’en servir à bon escient : ce qu’il « doit être » de préférence).
L’homme est né alors comme un être Intégral c’est-à-dire une créature qui fait coïncider en elle-même son existence et son essence. Il ne déçoit que parce qu’il aura délibérément choisi de mettre en avant son animalité primaire au détriment de la noblesse de l’innocence innée mais profondément liée à sa moralité.
Un Homme ne se désagrége pas telle une bombe. Si la mission première d’un engin explosif est de faire le maximum de victimes et de dégâts collatéraux, celle de l’homme est plutôt de rester intact c’est-à–dire de rester digne, fidèle à ses idéaux et à ses semblables, incorruptible dans sa chair et dans son âme ; au cas contraire il devient une calamité.
Et c’est pourquoi je n’aime pas les Hommes qui savent se dédire au gré de leurs intérêts du moment. Je hais les pseudos savants adeptes de la « minable prostitution intellectuelle et de la sénile masturbation cérébrale » afin d’acquérir ou de conserver de sordides avantages matériels indélicats et vils dans un pays où presque Tous tirent le diable par la queue. Le rôle d’un intellectuel est de servir et de défendre son Peuple, sa Nation et la République auxquels il est redevable pour l’éternité. Chacun de nous est ce qu’il est, ce qu’il est devenu grâce aux énormes sacrifices, aux investissements colossaux que ces Entités citées plus haut ont consenti pour son éducation et pour sa formation. Comme le dit le si bien le Wolof « bu golo lekkee aloom, na ko gërëmee coy ».
L’ingratitude et le reniement que l’on veut ériger en mode de fonctionnement dans ce pays heurtent la morale. Ils ne doivent plus prospérer : le NTS né de la révolution citoyenne du 23 juin 2011 ne s’en accommode plus. Il n’est plus Toléré aux jongleurs, aux grooms et autres prestidigitateurs politiques – grands adeptes de la transhumance - de jeter l’opprobre justement sur l’ancien système socialiste alors qu’ils étaient au cœur de celui-ci, qu’ils en étaient parfois les piliers. Non, on n’écoutera plus jamais Djibo encore moins Iba Der manquer respectivement (ou à la fois) de respect à Senghor et à Abdou Diouf qui, les ont fait et ou façonner.
Djibo nous dit aujourd’hui qu’il ne connaît pas un seul leader de Bennoo qui n’aurait pas volé le Peuple du temps du régime Ps. Et lui dans tout cela ? Comment peut-on accuser aussi facilement Senghor et Diouf de légèreté coupable dans la sauvegarde des finances de notre Pays ? Veut-il nous dire que lui aussi s’est servi comme pas possible parce que justement il aura traversé ces périodes plus que « fastes » presque de bout en bout ? J’ai honte, j’ai pitié pour ce soi-disant Senghoriste puis Dioufiste qui n’hésite pas aujourd’hui au nom d’intérêts inavouables à s’attaquer à ce qui faisait le socle de son propre sacerdoce politique pendant presque deux décennies.
« Abdoo ñu doy » nous lançait Iba Der au début des années 80 en faisant preuve de zèle hors du commun. S’était-il si bêtement trompé sur lui ? Assurément non ! L’homme Iba commence à prendre goût au « wax waxeet » et cela ne l’honore pas. On ne passe pas toute sa vie durant à combattre l’injustice, le copinage et la médiocrité et accepter de se mouiller, de prostituer ses idéaux à la fin de sa vie pour des choses matérielles de la vie terrestres. Il y a un temps pour tout et un autre temps pour mourir pour sa conviction et pour ses idées. Comme par enchantement le bon d’hier ne peut pas être le mauvais d’aujourd’hui et vice – versa.
En 2000, Djibo a beaucoup tergiversé avant d’appeler à voter Diouf au deuxième tour : Wade n’était pas encore beau à ses yeux, il n’inspirait pas encore confiance. Que s’est-il passé en ces onze dernières années pour que notre Gorgui national soit maintenant le seul digne de louanges ? Mon Dieu, préservez-nous des hallucinants retournements de veste !
La confiance est sacrée ; on ne l’accorde pas à autrui pour ses simples beaux yeux. Mais Iba Der oublie qu’au moment où « Abdoo ko doyoon », la jeunesse se battait contre le Ps. Et puis la jeunesse de ce pays eut raison de Diouf en 2000. Dis, Der la science, nous avons fait partir Diouf sans vous ! Seulement en partant, il (Abdou Diouf) ne nous pas laissé des jeunes qui se bousculent pour se jeter sur les flots ravageurs de l’océan pour le mirage de l’eldorado occidental ; il ne nous a pas laissé des torches humaines se consumant devant les grilles du palais pour échapper définitivement à la géhenne érigée comme mode de gouvernement des hommes et de la cité ; il ne nous a pas laissé des forces de l’ordre qui tirent sur la foule en toute impunité, il ne nous a pas laissé dans le noir (délestages ou black-out), il ne nous a pas laissé une République- bananière où n’importe quel clown inculte, où n’importe quel médiocre sacralisé, n’importe quel cancre décoré peut prétendre à un poste de ministre (Farba), de PcA (Massaly) et autres postes de hautes responsabilités…….
Le grand Peuple Sénégalais n’est pas amnésique ; en croire le contraire, c’est lui manquer de respect. Le discours d’un homme public ne peut changer au gré du vent, au gré de ses humeurs du moment. On acquiert un statut d’homme public pour inspirer, pour guider surtout les plus jeunes. Chaque génération qui passe, doit servir de repère, de référence à la suivante. Il n’ y a de développement durable sans ressources humaines saines. Le « griotisme » incestueux qui place les laudateurs professionnels, les troubadours sans vergogne, les courtisans intéressés au cœur des affaires publiques ne grandit pas un pays car il aliène les plus jeunes qui croient ainsi que cela constitue le chemin le plus sûr pour réussir. Ces jeunes qui se disent intérieurement, à quoi bon se battre pour recevoir une éducation de qualité et une formation adéquate si des médiocres capables de courber le dos et de lécher des bottes réussissent à notre place ?
Dis Der la science, le pays passe avant, la République prime sur tout : la citoyenneté responsable l’exige de tous. Vous ne pouvez pas par le même discours mielleux défendre ou courtiser Diouf puis Wade et par les mêmes diatribes enflammées descendre l’un comme l’autre suivant qu’il soit au pouvoir ou pas. Les discours ne produisent pas toujours les mêmes effets. Celui d’aujourd’hui sonne faux, il trahit votre ego versatile et (j’en suis convaincu) à chaque fois que vous vous regarderez dans une glace, vous verrez la face d’un hideux intellectuel monstre cannibale pour son Peuple ; un intellectuel qui s’est rangé du côté du délictuel au détriment de son Peuple, de sa Nation et de la République. Pourquoi autant de hargne à défendre des positions partisanes (forfaiture du troisième mandat) au risque de mettre le Sénégal en danger ?
Reprenez-vous cher Professeur et écoutez plutôt la plainte, la prière silencieuse de chacun des jeunes de notre pays : ces jeunes qui ne veulent plus de Wade et de ses affidés :
« Seigneur, je suis de ceux qui ont grandi avec l’alternance ; celle qui avait en son temps suscitée beaucoup d’espoir.
Je suis fatigué de broyer du noir dans mon propre pays. Je suis las de me retourner les pouces à longueur de journée.
Donnez – moi, Seigneur, la force non pas de continuer à supporter le regard inquisiteur de ma mère qui pourtant ne me reproche rien. Elle ne me reproche ni mon impécuniosité, ni mon inactivité, encore moins mon état de charge éternelle pesant sur ses frêles épaules.
Soulagez son cœur meurtri, tiraillé entre la tendresse, la compréhension (face au désarroi de son rejeton perdu) et la colère suffocante qu’elle étouffe de plus en plus difficilement.
Epargnez- moi de son sourire pensant, de ses plaintes en silence, de son regard plein de compassion qui me rappelle ce qu’elle ne veut nullement me reprocher ».
AMADOU FALL Enseignant à GINGUINEO
TEL : 775457544 /766887279
Zemaria64@yahoo.fr / zemazia64@hotmail.fr
Non M. le Président de la République ! Vous n’avez pas raison !
Son Excellence, permettez-nous, tout d’abord d’éclairer les militants du Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur (SAES) et l’opinion publique nationale sur le pourquoi de l’utilisation de ce canal, pour le moins iconoclaste pour nous adresser à l’institution que vous incarnez.
En effet, nous avons effectué un mouvement de grève du 7 février au 21 mars 2011 (date de la suspension du mot d’ordre). Pour ne pas avoir à entamer ce mouvement, nous avons cherché à vous rencontrer en vain. Ensuite, durant et après le mouvement, la même indifférence de votre part a été notée alors que nous cherchions, comme explicitée dans la demande d’audience, à vous aider à réaliser votre ambition pour le système d’enseignement supérieur sénégalais. Aussi avons-nous décidé de vous interpeller publiquement car, comme dirait l’autre, l’heure est grave.
De quoi s’agit-il ? Quel est le sens du titre de cette adresse ? Eh bien, nous voulons vous parler de la «Cité Claudel» libérée le 31 juillet 2011 par les militaires français. Lors de votre visite du 7 octobre 2011, vous déclariez vouloir partager cet espace entre les militaires sénégalais et les enseignants-chercheurs en particulier les assistants (sic)… Ensuite, lors du Conseil des Ministres du jeudi 13 octobre 2011, vous décidiez d’affecter la totalité des emprises libérées par les militaires français à leurs homologues sénégalais par un simple jeu de substitution de nationalités.
Il sied de se souvenir, M. l’ex-Doyen de la Faculté de Droit et Sciences économiques que l’Université de Dakar, créée le 24 février 1957, était la 18ème Université Française, académiquement rattachée aux Universités de Paris et de Bordeaux. D’ailleurs, tous les enseignants-chercheurs, y compris le personnel dit «africain», étaient payés par la France jusqu’au milieu des années 70 et avant le Recteur Sy nommé en 1971(vous avez été nommé Doyen pour le remplacer…), tous ses prédécesseurs étaient français. On pouvait, dès lors, comprendre que l’administration académique française pût affecter une partie du domaine universitaire à son armée et qu’après le remplacement de cette administration par celle sénégalaise, par le biais des accords de coopération militaire, la situation continuât à perdurer sans porter préjudice aux franchises universitaires. Au demeurant, à part les collègues de l’ENSETP, rares sont ceux qui ont déjà rencontré un seul militaire français parmi ceux habitant cette cité.
M. le Président, après avoir renégocié ces accords, vous ne pouviez faire autre chose que de restituer à l’Université de Dakar ce qui lui appartient. Nous tenons à vous démontrer que n’avez pas raison de tenter d’opérer cette «substitution militaire».
En effet, nous détenons, par devers nous, le plan d’ensemble de l’Université de Dakar sur lequel est bien mentionné :
Superficie primaire du campus
1°) sur T.F. 12855 D.G. : 74ha 46a 40ca
2°) sur T.F. 3050 D.G. : 82ha 99a 91ca
________________
Total : 157ha 46a 31ca
Aussi, vous n’êtes pas en droit d’aliéner le domaine universitaire au profit de quelque corps que ce soit. C’est le lieu de nous étonner de votre étonnement (sic) lors de la visite sur l’étendue du site alors que les services du cadastre auraient dû vous fournir les informations évoquées supra provenant d’eux…
N’oubliez pas, M. le Président et non moins ancien Doyen de la Faculté de Droit et Sciences économiques, que notre droit c’est le logement et que celui-ci doit être dans un périmètre qui ne doit pas excéder 3 à 5 kilomètres. Saviez-vous qu’il y a des collègues qui habitent jusqu’à Rufisque alors qu’ils restent quelques fois jusqu’à 21h du fait du nombre pléthorique d’étudiants ? Aussi, même si l’espace en question n’appartenait au Domaine universitaire, nous aurions attendu de vous le réflexe de nous l’affecter et non celui de nous spolier de ce qui nous reste.
Sachez, par ailleurs, M. le Président qu’en novembre 2010, il y avait déjà une liste longue de 350 demandes de logement alors même que la finition de la seconde phase de la deuxième Cité de «Fenêtre Mermoz», qui était le premier point de notre préavis de grève, ne va en livrer que 140. Ainsi même les 80 à 90 logements de la «Cité Claudel» ne suffiront pas à résorber le gap (210) sans compter les nouvelles demandes. Il ne faut pas oublier, non plus, que l’UCAD étouffe et que l’on pourrait songer à une extension sur son espace libéré. Souvenez-vous M. le Président quand vous nous avez reçus le 1er avril 2002 (c’était le lundi de Pâques donc un jour férié…) pour que vous puissiez «inaugurer» la 1ère phase de «Fenêtre Mermoz» avec votre homologue gambien car à cette époque, il n’y avait que la «Case des Tous petits de la VDN» à montrer…
M. le Président, nous avons, véritablement, le sentiment que les enseignants-chercheurs sont devenus les derniers dans ce pays alors qu’ils sont, en réalité, les premiers (la hiérarchie de la fonction publique le démontre à souhait !). De plus, ils sont les seuls fonctionnaires dont l’avancement se fait par une évaluation objective et scientifique de leurs publications par un organisme international appelé le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur(CAMES) comme vous ne l’ignorez point du reste.
Nous osons croire qu’après de telles informations et arguments, vous renoncerez à prendre l’acte de cession au profit de l’armée sénégalaise. En effet, le droit est contre ce futur (?) acte mais en plus, si les services du cadastre daignaient vous montrer le plan d’ensemble, vous vous rendriez compte que cela reviendrait à installer une caserne et ainsi encercler quasiment l’ENSETP et l’ESP violant ainsi les franchises universitaires. En cas de trouble, qu’adviendrait-il si les étudiants décident d’étendre le champ de bataille au niveau de logements occupés alors par des militaires ? L’on a coutume de dire : «mieux vaut prévenir que guérir».
M. le Président, nous restons persuadés que vous n’arriverez pas à cette mesure inique, vous qui vous êtes toujours proclamé comme un «redresseur de torts». Sinon, nous serions dans l’obligation d’attaquer en justice l’État du Sénégal pour spoliation et aliénation du Domaine universitaire mais également le Ministre de tutelle pour «complicité» car nous le considérons comme notre avocat dans le Gouvernement et enfin le Recteur de l’UCAD qui est garant du patrimoine de l’université qu’il administre. Au demeurant, ces deux dernières personnalités auraient dû être les auteurs de cette adresse, certes avec des mots différents et par des canaux bien plus classiques...
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération mais aussi de notre profonde indignation.
Fait à Dakar le 18 octobre 2011
Seydi Ababacar NDIAYE
Secrétaire général du SAES
Restituer à Dakar son manteau vert
Dakar a connu ces cinq dernières années un bouleversement dans tous ses quartiers et ses artères, à cause de sa modernisation en infrastructures. Même si cette politique est louable et salutaire pour les populations, il est temps de remettre les jardins, les espaces verts, les arbres à leur place pour que la vue soit harmonieuse et belle dans la diversité des couleurs et du paysage végétal.
Une vue monotone des véhicules est dégoûtante et rend allergique à la fois, car la beauté d’une ville ne se voit qu’à travers l’organisation de ses artères, l’arborisation de ses places publiques, la propreté de ses avenues et la discipline de ses citadins.
Dakar est nu, sale, encombré est étoffé, il faut lui restituer son image pittoresque avec les espèces du patrimoine végétal de notre pays. Il faut la désengorger et la débraser des carcasses des véhicules qu’on trouve dans les garages des mécaniciens éparpillés partout.
La plantation des arbres dans les espaces verts, les jardins publics, les rebords des boulevards et des avenues doit se faire par des arbres propres à notre végétation comme par exemple Khay (kaya senegalensis) et non exclusivement par les arbres étrangers introduits par le colonialisme.
Notre végétation est une partie intégrante de notre patrimoine qu’on doit préserver rigoureusement et jalousement dans sa composante floristique et sa diversité en genres et en espèces.
Si la politique de reboisement menée jusqu’à présent continue à privilégier les espèces végétales étrangères nos enfants, nos petits-enfants et nos arrières petits-enfants ne connaîtront notre patrimoine floristique.
Dr El Hadji Ibrahima THIAM
Archéo environnementaliste
Spécialisé en anthracologie.
Email. thiamsane@yahoo.fr
Reddition des comptes
Les changements inévitables qui vont intervenir, dans quelques mois, dans notre pays, quelle que soit l’issue du scrutin du 26 février prochain, seront plus ou moins importants. Si Wade est exclu des élections par la loi comme la raison commande de s’y attendre, ou si, au contraire, l’absurde l’emportait et qu’il se présentait, mais pour se faire battre, lesdits changements prendraient des allures de bouleversements dramatiques. Qui en souffrirait le plus, qui s’en réjouirait le mieux ? Les réponses ne seront pas aussi simples qu’elles peuvent nous apparaître aujourd’hui. Les vainqueurs, leur chef de file en tête, ne seront sûrement pas à la fête aussi longtemps qu’on peut le croire.
Passée l’euphorie des premiers instants de gloire, il leur faudra faire face à plusieurs urgences dont la plus simple ne sera pas de répondre à une question qui, déjà, sourd des discussions dans les chaumières et les salons. Faudra-t-il demander des comptes aux libéraux -Wade en tête- de leur gestion de nos patrimoines, foncier, immobilier, financier, minier, pour ne citer que ceux ayant apparemment plus souffert de la bamboula libérale ? Celle-ci, qui a permis les enrichissements à la vitesse Tgv qui nous valent les faits-divers sur des vols à domicile de centaines de millions de francs par des mômes, au détriment de leurs paters de ministres et sénateurs. Celle aussi qui permet à un jeune homme de quarante ans, Karim Wade, « arrivé dans le monde des affaires à pied », comme a dit si joliment Bara Tall un jour, de « se déplacer aujourd’hui en jet privé ».
La même bamboula façon Séguragate, la même bamboula façon Fesman, façon Monument de la Renaissance, façon des terres en veux-tu-en-voila distribuées aux marabouts, aux copains et aux coquins, à soi-même et à ses proches avec une générosité compulsive, névrotique que seule la claire conscience que ces biens ne vous appartiennent pas peut permettre ; et qui a mis le pays dans une telle situation que même la plus élémentaire fourniture d’électricité n’est plus assurée. Malgré un Plan Takkal boulimique qui a ruiné tous les ministères, notamment celui des Sports pour près d’un milliard, engendrant la frustration des athlètes à Maputo, pour défaut d’équipements, celle des « Lionnes » du basket à Bamako pour des histoires de primes, nous privant d’une coupe d’Afrique presque dans la poche.
N’en jetons plus, la gabegie libérale ne peut être répertoriée dans les espaces qu’offre un journal –même quatre livres du prolifique et courageux Mody Niang n’y ont pas suffi, c’est dire ! – et l’ampleur de ses graves conséquences ne nous apparaîtra vraiment que quand tout cela sera devenu une histoire à raconter aux générations futures. Mais même en se contentant de ce que l’on peut, ici et maintenant, clairement identifier comme résultat de cette sorte de mauvaise gouvernance délibérée de Wade, l’on comprend très bien que dans les chaumières et salons évoqués tantôt, une question domine toutes les autres : « va-t-on passer tout cela par pertes et profits ? ».
Grande question ! Grave question, dont la réponse n’est pas simple, ici aussi, on va le voir. Les mêmes raisons qui poussent certains Sénégalais, parmi lesquels votre serviteur, et à l’exclusion de toute considération juridique, à demander à Me Wade de renoncer à se présenter à la prochain élection présidentielle, rendent complexe la réponse attendue. L’âge du président, ses tremblements, ses égarements, qui, seuls peuvent lui faire dire des choses comme « ma waxoon waxeet », disserter pendant des minutes sur des mouches et moustiques dans une assemblée où il était question de convaincre les Sénégalais par l’étalage de son bilan, déclarer Modou Diagne Fada « meilleur ministre de la Santé d’Afrique », avant de proférer, sans vraiment rire : «Chaque fois que je dis que quelqu’un est le meilleur, c’est pour l’enlever après », sont les raisons qui font que beaucoup de Sénégalais, dont l’admiration pour l’intrépide guerrier est devenue de la compassion pour l’homme âgé que va perdre son entêtement irraisonné à défier les lois de la nature.
Grande et grave question à laquelle, en ce qui concerne Wade lui-même, la réponse peut être aisée. Elle tient aux mêmes raisons invoquées ci-dessus qui font que certains souhaitent qu’il se retire de cette compétition qui n’est pas la sienne. Son âge, ses tremblements, ses égarements… Elles sont donc culturelles les raisons de ceux qui entendent «amnistier» Wade : en Afrique, on n’humilie pas les vieillards. Ils sont des bibliothèques. Sacrées, s’ils ont en plus acquis la sagesse ! Et c’est ici que naissent quelques réserves par rapport à l’option de l’absolution, il semblerait que Wade, lui-même, très au fait de nos us, jouerait malicieusement la carte de l’impunité gérontocratique, ce qui expliquerait son attitude désinvolte, son «maa tey», comme dirait Madior Diouf, vis-à-vis de nos révoltes devant ses frasques. Le sage n’est donc plus là, mais - on va parler sénégalais- «buñu ko toop». Respectons son âge, comme nous le commandent nos us et coutumes.
Par contre, mais alors, par contre !!! Par contre, donc, tous ces profiteurs non suspects de sénilité, qui pètent plutôt de jeunesse, qui n’ont rien donné au Sénégal, et qui lui ont trop pris, indûment, parfois avec arrogance, toujours avec une avidité de sangsue, en violant les règles, les règlements et les lois, que ce soit dans les chaumières ou dans les salons, jusque dans certaines chancelleries qui ont prêté attention au pillage, et qui aujourd’hui prêtent oreille aux missions du M23, il n’est pas question de passer leurs forfaits par pertes et profits quel que soit leur nom. D’ailleurs, bien des Sénégalais attendent des candidats à la présidentielle un discours, disons sans Maccartismes, mais sans ambiguïté, sur leur volonté de ramener au bercail le moindre sou évadé frauduleusement de nos caisses.
Le plus convaincant sous ce chapitre, exclusivement, aura leurs suffrages.
Par Pape Samba KANE
Le Père et le Fils…, notre droit de réponse à Karim Wade !
«Que servirait-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme» (Marc 8, 36). Léon Tolstoï, dans un de ses ouvrages, nous raconte l’histoire d’un riche fermier russe qui avait entendu dire que dans une tribu très lointaine, il y avait des terres fertiles qu’on pouvait se procurer à très bas prix. Cet homme, ayant réalisé toute sa fortune, alla trouver le chef de la tribu. Pour la somme qui était proposée, le chef de la tribu lui dit qu’il pouvait partir le matin au lever du soleil et jalonner sa route. Tout ce qui serait à l’intérieur lui appartiendrait, à la condition qu’il soit revenu avant le coucher du soleil.
L’affaire conclue en ces termes, l’homme partit dès l’aurore d’un pas pressé, jalonnant sa route, allant de plus en plus vite, convoitant ces terres fertiles. Le soleil montait. Quand il fut arrivé au zénith, notre homme n’avait pas encore atteint la moitié de son but. Il a hâté le pas, s’est presque mis à courir, puis a amorcé son retour alors que le soleil avait déjà amorcé sa courbe descendante. En revenant, il a vu un bosquet et un terrain qu’il convoitait ; il les a contournés et jalonnés. Et le soleil descendait de plus en plus vite. Notre homme, puisant dans ses dernières ressources, s’est mis à courir, à courir. Au moment où le soleil se couchait, il arriva devant le chef de la tribu. Mais là, comme le soldat de la bataille de Marathon, il est tombé mort. Lui qui voulait tant de terres, un trou d’un mètre cinquante lui suffisait maintenant ! (extrait d’un prêche de Fernand Legrand)
Moumen Diouri dans son ouvrage A qui appartient le Maroc, a théorisé l’appauvrissement des populations comme moyen de domination. Il y décrit comment par l’entremise de l’Omnium nord africain (Ona), Hassan II a réussi à faire main basse sur toutes les richesses de son pays, appauvrir les populations et les maintenir ainsi en situation d’asservissement. L’adage ne dit-il pas que «ventre vide n’a point d’oreilles».
Au Sénégal nous avons «nos Ona». On pourrait les appeler Anoci ou encore Apix ou tout simplement «Haute autorité…». Mais les prédateurs oublient souvent que l’excès d’ambitions est la mère des échecs.
Quelques exemples : échec dans la gestion de l’Anoci, échec politique lors des dernières élections locales, échec dans le cadre des constructions des infrastructures routières, scandales financiers à répétition dans ce qu’il est convenu d’appeler la coopération internationale et qui n’est en fait qu’un système de collecte de dons et autres prêts nébuleux non contrôlés, échec patent de la gestion de l’énergie avec le plan Takoul, et enfin échec même dans l’ultime tentative de victimisation.
Au vu de tout cela, on peine à comprendre que Abdoulaye Wade veuille, à tout prix, nous faire croire aux capacités exceptionnelles de son fils à manager les affaires de l’Etat.
Contrairement à ce que plusieurs pensent ou répètent par suivisme, j’ai toujours eu la conviction que Abdoulaye Wade n’était pas intelligent. Rusé peut-être, mais pas intelligent. Autrement comment accepter, qu’il ignore à ce point la psychologie du peuple sénégalais ? Comment un homme, après avoir été porté à la tête d’un pays, peut penser que ceux-là qui l’ont choisi sont incompétents au point de ne pouvoir diriger un ministère ?
Wade a dit lui-même qu’au début il voulait avoir un gouvernement restreint ; mais qu’à la pratique, il s’est rendu compte qu’aucun Sénégalais ne pouvait exécuter le travail qu’il voulait leur confier. Il a fallu donc qu’il multiplie les postes afin d’alléger le travail à ces incapables. Le seul à même d’abattre avec brio la masse de travail d’un vrai ministre de Wade, c’est son fils. Résultat des courses, il lui confie tout.
Wade ne le sait peut-être pas, ou feint-il de l’ignorer, mais nous étions là depuis le début. En 1988, alors qu’il était jugé pour le flagrant délit le plus long de l’histoire du Sénégal (dixit son avocat Me Francis Szpiner), nous nous levions à 4h du matin, quittions le campus universitaire et essayions de déjouer la vigilance des policiers pour nous rendre au Palais de justice, lui apporter notre soutien. Nous y avons rarement vu de vrais jeunes militants du Pds à l’époque. Nous n’y avons non plus jamais vu le fils, qui aujourd’hui, clame fièrement qu’il ne peut laisser le père aller seul à Benghazi. Nous lui signalons qu’à l’époque son père courrait un danger beaucoup plus grand et qu’il était volontairement absent. Nous y avons quand même aperçu une fois Syndiély le bras levé en signe de victoire.
Les psychanalystes devraient se pencher sur les rapports entre le père et le fils. Il y a comme qui dirait un complexe d’Oedipe non résolu. C’est peut-être cela qui expliquerait le désir ardant de plaire à la mère et qui est traduit par cette phrase assez complexe à décoder : «…, je dirais à ta maman que tu as bien travaillé.»
Toute lecture au second degré de la relation entre le père et le fils fait penser que Abdoulaye et Karim se haïssent. Autrement comment comprendre les mauvais traitements qu’ils s’infligent l’un et l’autre ? On ne peut aimer son enfant et l’exposer autant que Wade le fait ; et on ne saurait aimer son père en le poussant à saborder 26 années de haute lutte et de gloire.
En moins de dix ans, la présence du fils a fait perdre au père presque la moitié de son potentiel sympathie et mis en lambeau une œuvre de plus d’un quart de siècle ; fruit d’un travail acharné.
Le père, en confiant au fils des missions dont il sait qu’il n’en a ni les compétences ni le courage, ne cherche-t-il pas à le punir pour sa longue absence à ses côtés durant sa lutte pour l’accession au pouvoir ?
Le fils, en encourageant un père avide d’éloges et qui n’est plus très lucide, à toujours aller dans des impasses, par des prises de décisions impopulaires, ne cherche-t-il pas à se venger d’un vieux père qui l’a souvent abandonné au profit d’une lutte qui n’était pas la sienne ?
Théodore MONTEIL - Dno Union citoyenne Bunt Bi - Membre de Bennoo Siggil Senegaal
Doyna seuk, manifeste pour la paix !
Notre idéal démocratique et républicain est dans l’impasse. L’exigence citoyenne du moment devrait amener chaque patriote à se ressaisir pour retrouver toute la lucidité requise afin de sauvegarder la paix aujourd’hui malmenée. Les tiraillements de tous bords qui taraudent la vie politique nationale constituent autant de menaces à l’équilibre national. L’urgence en de pareilles circonstances est de rechercher les moyens utiles et nécessaires pour réconcilier la nation entière autour des défis majeurs qui interpellent notre devenir collectif.
Depuis un certain temps, plus précisément depuis les événements du 23 juin qui ont secoué les fondements de notre stabilité républicaine, le pays ne cesse de fricoter avec des violences protéiformes. La situation politique nationale est en permanente ébullition, entraînant inexorablement notre patrie vers le chaos. L’échéance électorale de février 2012 focalise d’emblée les ardeurs des adversaires politiques qui font fi des valeurs essentielles qui ont fait du Sénégal un modèle de démocratie, de stabilité politique et de paix sociale en Afrique et dans le monde.
Le contexte social délétère marque l’anesthésie totale de nos institutions aujourd’hui prises en otage par des intérêts partisans au détriment des intérêts supérieurs de la nation. Les tensions qui secouent la vie politique actuellement sont aux antipodes des règles élémentaires d’une démocratie apaisée. Le pouvoir dans une république normale ne s’arrache pas mais s’acquiert dans les règles de l’art politique qui exige un engagement responsable dans un cadre de concertation et d’accords utiles pour sauvegarder les acquis du peuple en matière de liberté, de droits, de justice, d’équité et de sécurité. Les « m’as-tu vu » ou « m’as-tu entendu », les « menaces oppressantes », le « chantage politique », les « guéguerres partisanes », les « mauvais augures », le « jeu de la peur et de la terreur », les « manipulations de l’opinion », le « mbel-mbel » ou « bavardages de Grand-Place », ne peuvent pas seuls régir les modes et règles de l’engagement démocratique au risque de précipiter la vie politique de notre nation dans le désordre, la cacophonie et la catastrophe.
La crispation absolutiste des acteurs politiques autour de leurs uniques ambitions personnelles de conquête du pouvoir constituent une infraction aux règles démocratiques qui doivent être fondées sur des projets claires et des objectifs utiles à la NATION dans l’optique de la résolution des problèmes auxquels elle est confrontée.
Nous devons mobiliser tous les instruments juridiques et républicains dont nous jouissons et que nous jugeons pertinents pour éclairer les débats politiques, trancher les différends qui peuvent surgir ou se poser et arranger les manières dont la confrontation démocratique doit s’organiser dans l’« entente cordiale » et dans la confiance. Seul le respect du pacte républicain fondé sur la Loi fondamentale doit régir le combat politique qui doit être mené de façon civilisée et pacifique.
Force est de constater que les problèmes liés à la violence politique sont récurrents dans l’histoire de notre jeune nation, témoignant du coup du degré d’immaturité de nos compatriotes engagés dans l’arène politique. Avons-nous oublié que la démocratie est un idéal toujours à parfaire ? Sommes-nous conscients des dangers qui guettent notre équilibre sociétal en nous livrant à des formes de surenchères politiciennes à l’opposé de l’« exigence démocratique » qui s’adosse sur les valeurs d’éthique, les règles du droit, le respect de la constitution, le consensus politique, l’équilibre institutionnel et la stabilité sociale ?
Notre nation fragilisée par la crise économique qu’elle traverse depuis plusieurs années maintenant ne peut faire les frais de désaccords qui causeraient des préjudices insoupçonnés et insupportables. Nos populations réclament du travail, des logements, de la santé, de la nourriture, de l’éducation, de l’électricité, de la sécurité et par-dessus tout demeurent attachées à la PAIX qui est plus qu’un viatique mais une culture ancrée dans des valeurs ancestrales de dialogue, de partage d’idées et de solidarité active.
Les faits, paroles et gestes politiques que nous enregistrons aujourd’hui et qui entachent la bonne marche de notre démocratie sont indignes de notre nation considérée par le reste de l’Afrique et du monde pour la qualité de ses ressources humaines, son sens de l’hospitalité et son ouverture d’esprit. Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins et nous ne pouvons pas nous permettre de faire le choix du chaos mais celui de la lucidité requise pour redresser la situation économique, politique et sociale désastreuse dans laquelle s’est embourbé notre pays.
La violence politique doit avoir un terme dans le Sénégal à reconstruire et laisser la place au sens de la responsabilité et aux accords nécessaires pour bâtir un nouveau pays avec l’apport de tous sans exception ni aucun parti-pris. La personnalisation du débat politique, les querelles idéologiques, les différences de visions sont caractéristiques d’un contexte de stress démocratique mais ne doivent pas dissiper la prise de conscience opérée par les populations pour exiger d’autres façons de faire et d’être politique plus conformes à nos attentes et à nos valeurs de respect et de considération de l’intérêt collectif. Notre jeunesse livrée aux invectives partisanes, aux surenchères verbales et tentée par l’usage de la violence doit également prendre conscience que le Sénégal de demain lui appartient et qu’elle lui revient le devoir de se dégager des logiques d’instrumentation pour mieux cerner les enjeux de l’heure et ainsi préparer la relève que certains appellent « alternance générationnelle ».
La politique est aujourd’hui partout dans un Sénégal exsangue et les solutions qu’elle est censée prodiguer nulle part. Il est plus que temps de rendre à la politique ses lettres de noblesse. Les ambitions des uns et des autres ne dédouanent personne face aux urgences sociales brûlantes qui attendent d’être traitées au profit des populations qui « en ont marre » de ces multiples souffrances pernicieuses qui structurent leur vécu au quotidien. Quel projet de société pour demain ? Il n’apparaît clairement dans aucune offre politique valable de la part des prétendants à la succession au pouvoir libéral qui mobilise toutes ses forces et toute son énergie pour la réélection de son leader dont la candidature controversée cristallise toutes les attentions et catalyse toutes les tensions au détriment des solutions à concevoir pour résoudre les innombrables problèmes que connaît notre pays. Arrêtons de jouer à nous faire peur et réactivons les valeurs d’honneur, de probité intellectuelle, de droiture et de fraternité. La menace pesante du chaos dont on sait qu’il est suspendu à la décision du Conseil constitutionnel doit-elle enchaîner la république et annihiler toute réflexion et tout penchant pour un consensus autour de la paix sociale et de la stabilité politique ?
Le fonctionnement normal de notre appareil étatique ne doit être suspendu à la volonté d’aucun clan. La marche démocratique doit suivre son cours normal et le jeu doit s’ouvrir le plus largement possible aux différentes forces vives de la nation qui ont pour ambitions de veiller à la bonne résolution de nos problèmes et fournir des alternatives crédibles de manière objective et impartiale. Tel est le vœu suprême du peuple qui préfère la victoire de la paix à celle de l’obscurantisme destructeur et porteur d’incertitudes.
Les démons du chaos ne doivent pas triompher et ternir les plus belles pages de notre histoire qui ont valu à notre pays d’être couronné comme un modèle de démocratie et un exemple à suivre par ses voisins africains. NON, le Sénégal ne saurait se transformer en une « république bananière ». Le Droit dira oui ou non dans un avenir proche si notre actuel président peut briguer un troisième mandat. La décision que tout le monde attend ne doit souffrir d’aucune entrave qui serait de nature à saboter le processus démocratique encore chancelant au risque de jeter l’opprobre sur les principaux responsables de quelque désastre que ce soit. Il revient à l’équipe dirigeante le devoir de relancer le fonctionnement de nos institutions républicaines pour restaurer la confiance nécessaire et permettre à son/ses opposition (s) d’exercer leurs pleins droits garantis par notre Loi fondamentale et permettre ainsi aux citoyens de discerner en toute conscience et en toute liberté sur les choix à porter sur tel ou tel projet et élire tel ou tel candidat entouré d’une équipe compétente qui inspire confiance.
L’opposition politique qui brille aujourd’hui par son absence d’unité ne peut plus continuer à camoufler ses manquements intrinsèques derrière l’unique revendication de « l’irrecevabilité de la candidature » de notre actuel président à la future élection présidentielle. Elle lui revient la responsabilité de trancher sa difficulté à se trouver un candidat de consensus pour un large rassemblement de toutes les forces acquises aux objectifs pour un Sénégal débarrassé du « libéralisme wadiste », de présenter au peuple des objectifs politiques clairs et réalistes contenus dans un projet d’avenir capable de permettre à notre pays de sortir de l’ornière.
La « grande transformation » que nous attendons de tous nos vœux ne peut provenir que des appareils politiques constitués autour de l’alliance qui fonde BENNO SIGGIL SENEGAL dont le projet sociétal doit s’articuler autour des principaux axes contenus dans les conclusions des ASSISES NATIONALES qui prônent la refondation nationale et le retour de l’éthique dans la gouvernance. La logique des assises nationales veut que BENNO ALTERNATIVE 2012 tout comme BENNO TAXAWAL SENEGAL ainsi que les candidatures indépendantes déclarées qui se réclament de la « charte de bonne gouvernance » unissent leurs forces pour la réalisation de l’objectif commun : libérer le Sénégal des griffes du libéralisme pour « restaurer l’espoir », relancer la machine du développement et retisser les liens de la solidarité, gage d’un bien-être social durable.
En dehors de cette perspective, le « TASSARO » n’aura pour effets que de favoriser le camp libéral dont l’ambition affichée est le renforcement du projet de pérennisation de son règne qui nous fait courir le risque de prolonger les souffrances de notre peuple qui en a assez. Onze années, ça suffit. Nous disons DOYNA SEUK. L’heure est à la conjugaison des forces de l’opposition contre le camp libéral en constituant la meilleure équipe qui soit pour gagner les prochaines élections présidentielle et législative, remettre le pays au travail et relever les principaux défis qui entravent notre élan vers le progrès et la modernité.
La tenue des élections à venir doit bénéficier d’un cadre juridique irréprochable. Dans cette perspective, la société civile doit jouer pleinement son rôle de garant de la transparence des élections. En effet, des élections libres, sincères et transparentes constituent le fondement de la légitimité de la représentation démocratique et par conséquent le mouvement DOYNA SEUK insiste sur l’importance de l’observation des futures élections présidentielle et législative. Dans ce sens, nous appelons à ce que la loi définisse les conditions et les modalités de l’observation indépendante et neutre des élections en conformité avec les normes internationalement reconnues. C’est ce sur quoi doit se pencher le nouveau Ministre en charge des élections qui doit soumettre urgemment un projet dont l’objectif essentiel devra être de définir les conditions et les modalités de l’observation indépendante et neutre des élections.
Ce projet doit être soumis à l’approbation de tous les acteurs politiques engagés dans la bataille et qui peuvent l’enrichir par des propositions pertinentes. Ce projet pourrait s’articuler autour de quatre axes majeurs : les dispositions générales, les conditions d’accréditation des observateurs, la mise en place d’une commission spéciale d’accréditation des observateurs des élections et enfin les droits et les devoirs des observateurs. Ainsi ce projet pourra permettre de déterminer toute action qui vise à suivre sur le terrain le déroulement des opérations électorales, de faire une évaluation des conditions de leur déroulement et le degré du respect ou non des principes constitutionnels et des textes législatifs et réglementaires des élections. Et ce, en rédigeant des rapports à ce sujet contenant des observations de leurs auteurs, et le cas échéant, des recommandations adressées aux autorités concernées.
Le projet devra également préciser les entités pouvant mener ces observations. Il s’agit, ainsi de préciser les institutions habilitées, les organisations de la société civile connues pour leur dynamisme dans la promotion des principes de la démocratie et des droits de l’homme ainsi que les partenaires étrangers. S’agissant des conditions requises, les observateurs devront naturellement être neutres et donc n’être pas candidats aux élections ou être liés à des partis ou candidats engagés dans les joutes. Le projet devra exiger que les observateurs nationaux soient inscrits sur les listes électorales générales. La commission instituée veillera à l’étude de toutes les demandes d’accréditation qui lui seront adressées sur lesquelles elle statuera en toute indépendance. L’une des principales tâches de cette commission sera d’élaborer la « charte des principes directeurs » que doivent respecter les observateurs désignés pour garantir la sincérité du vote et la transparence des résultats. L’édification d’un tel projet doit être urgemment diligentée sous la houlette du gouvernement actuel en concertation avec toutes les parties prenantes.
Les conditions démocratiques de la tenue des prochaines élections doivent être le cheval de bataille de l’opposition en lieu et place de la contestation crispée autour de l’irrecevabilité de la candidature du leader du camp libéral. Nous éviterons ainsi une confrontation inutile et dangereuse pour la stabilité politique, la paix et la cohésion sociales. L’Afrique et le monde entier nous observent et ce sera par la manière dont nous résoudrons l’épineuse question de la troisième candidature ou non de notre actuel président démocratiquement choisi à deux reprises en 2000 et en 2007, organiserons des élections transparentes et démocratiques, surpasserons les cataclysmes du moment que nous pourrons continuer à nous targuer d’être un peuple sérieux, grand et majeur. Plus que jamais la balle est dans le camp des responsables politiques, des leaders d’opinion et des organisations de la société civile qui doivent conjuguer leurs efforts, se concerter pour sauvegarder l’équilibre nécessaire à la poursuite de notre ambition collective qui est celle d’ériger le Sénégal au rang des nations prospères et pacifiques.
WARANG, le 17 octobre 2011
Pour le Mouvement DOYNA SEUK
Le Coordonnateur national
Cheikh Tidiane DIOP
doynaseuk@gmail.com
La culture, l'alternative !
Les "Présidents des Républiques" du Sénégal, pour leur gouverne, se doivent de prendre conscience des mots simples qui - à cet instant précis-me viennent à l'esprit et que nous serions, pour sûr, d'un nombre plus grand et plus fiable que le fichier électoral, à considérer, à partager et à revendiquer : le Sénégal est un pays où pavoisent toutes les intentions et s'expriment toutes les langues. La langue de fiel et la langue de miel.
La langue des dieux et la langue des gueux. La langue des salauds et la langue des nigauds. La langue des gens "nets" et la langue des tortueuses gens. La langue verte aussi bien que la langue de bois. Et surtout la langue de bois quand il y est question de la classe politique, pour qui les vérités énoncées aujourd’hui finissent toujours en mensonges éclatants demain. Et vice-versa ?.. Bof !.. Dans quelques petits mois, on s'en rendra bien compte. On écoutera les laïus, les discours et professions de foi des postulants à la Magistrature suprême du Sénégal.
Rares vont être ceux d'entre eux qui (nous) parleront vrai. Bien sûr que les promesses n'engagent que les oreilles crédules, mais cela ne doit pas être une raison d'ériger le mensonge en principe de management d'Etat ou de moyen pour endormir les populaces.
Depuis 50 ans et des poussières, nous tournons en rond, pris au lasso de mandants qui n'ont de scrupules réels et de majeurs hobbies que nous confondre à des dindes et dindons de farces de trop mauvais goût. Pour sûr, je n'enseigne rien de neuf : tout le monde sait que ce qui distingue le politicien sénégalais demeure sa carence criarde de vergogne et sa tacite option de se dédire. "Wax Waxeet", hein ? Me Wade, à dire vrai, n'est point l'inventeur du concept. Il n'aurait juste de mérite que de l'avoir mis au goût des jours troubles et troublants que nous vivons. Car, voir, sentir et vivre désespérées en fréquence nos espérances, cela n'est pas nouveau : on a l'habitude !.. Rien n'est un problème, rien n'est grave, ici !.. Bon sang ! Mais on est bien au Sénégal, voyez-vous.
Toujours à promouvoir un fatalisme de très mauvais aloi et une légèreté de conscience de jour en jour plus que ruineuse : étouffante et abêtissante au plus haut point. Mais bon, je crois que bien des choses vont en bien changer : une opinion publique très dynamique - et même exaltée/exaltante - désormais existe au Sénégal. Et rien que de rappeler telle évidence me fait prendre en pitié les porteurs et vendeurs de programmes qui vont se présenter à nous à dessein nous les fourguer, voire nous les fourrer au long des 16 semaines qui mènent à l'élection présidentielle.
Toutefois, et au train où les citoyens s'indignent et où les jeunes - en premier - menacent, par leurs cartes, de sanctionner le Pouvoir et les pouvoirs contingents assimilés et/ou apparentés, il est fort à miser que trop de copies politiques vont être revues et fiévreusement corrigées, telles autant de ruses et astuces dont on sait qu'elles ne prendront plus jamais.
En attendant, et comme pour m'emplir de plus encore des courages positifs aptes à dériver sur l'impérieuse et pressante prise en considération de la Culture et de ses acteurs, "enivrons-nous de poésie", comme l'ordonnait Charles Baudelaire qui ne réfuterait sûrement ni les lyrics de nos slameurs ni d'avec nous mettre la main dernière à ce qui sera "le Manifeste des Culturels", en répétant ces mots que pour si peu d'aucuns auraient même convertis en hymne ou refrain de chants de misères extériorisées : les Sénégalais (et en particulier celles et ceux-là qui ont la Culture comme raison de vivre) ont folle ivresse de chambouler le présent et, légitimement, de changer d'avenir, bardés - qu'ils sont - de la certitude inaliénable que, pour cela, l'intendance, naturellement, suivra au soir même du 26Février 2012 !
Avec une vraie politique culturelle, des recommandations réalistes et tout à fait réalisables par des missionnaires-vrais-patriotes-à-expertises-non-douteuses-et- de-générosités-ni-feintes-ni-orientées. Qu'on se le tienne, donc, pour dit et pour entériné. Et de manière irrémissible !.. Nous sommes déjà très nombreux à croire que c'est par la Culture qu'on réussira le Sénégal, comme de nous assurer que c'est d'un franc "Y'en a marre culturel" que va se frayer la route qui conduit et à la cohésion sociale et au bonheur que nous serions 12 millions à légitimement attendre. Sans patience, maintenant ! Après Kant et Schiller. Après Léopold Senghor et Cheikh Anta Diop. Et, après eux, toute une lignée d'actuels porteurs d'oriflammes et d'agents de propagation des droites valeurs qui nous rendent positivement à nous-mêmes.
Elie-Charles Moreau
Les politiques, le président et les joueuses : non-dits et jeux des acteurs
En réalité, l’Afrobasket 2011 n’a fait que révéler un état de gestion jusque-là inconnu par les structures et organisations sportives : il s’agit de l’Amanagement. L’Amanagement, avec un ‘A’ privatif, que je décris comme un état de non-gestion, de non-gérance et non-administration. Un système dans lequel il n’y a pas de vision ni d’objectif partagé. Ce qui y existe, ce sont des objectifs personnels et des motivations inavouées. Pour comprendre cette réalité, on ne peut passer que par l’analyse des acteurs qui la composent.
Les politiques
Je ne parle pas de l’Etat idéal et idéel à qui la Constitution du Sénégal confère la prérogative de définir la politique sportive de la nation. Mais, je parle des hommes qui, aujourd’hui, doivent traduire cette idée en action : le Chef, les Ministres, les Cadres des Ministères… Au niveau central, existe-il réellement une politique sportive claire ? Quelle est la vision pour le basket-ball sénégalais d’ici 2020 ? Quels sont les axes stratégiques et prioritaires en matière de développement du basket-ball ? Ces questions préoccupent très peu nos politiques. Peu importe la discipline ; ce qui importe pour eux, c’est ‘comment inscrire le nom de son leader politique dans le palmarès de l’équipe en compétition ?’ ; ‘comment profiter et bénéficier du succès des équipes nationales et les transformer en victoire politique ou actif pour le bilan futur ?’. C’est le seul principe qui peut expliquer l’enjambement du ministère des Sports pour une tractation directe avec un Président de fédération.
Au second niveau, en militant discipliné, le ministre court-circuité rumine et digère sa colère dans la discrétion. Au même titre que nous autres citoyens, il apprend l’exécution d’activités liées à son département à travers la presse. A chaque demande, ce sont les limites budgétaires qui sont évoquées.
Dans les deux niveaux, les Politiques qui occupent ces stations semblent ignorer que dans un système avec des plannings, programmes et budgets clairs, ‘le chef de l’Etat a donné’ n’y a pas sa place. Il y a problème : c’est cette phrase qui est érigée en règle directrice de la gestion, dans un système.
Le Président
Oui ! Le Président. Si on se place dans une perspective méthodologique, il peut sembler incongru de parler d’un individu alors que l’on se prête à une analyse des structures. Toutefois, dans un système où le président se substitue et éclipse sa structure ; dans un système où la communication de l’organisation se confond à la cacophonie communicationnelle du président ; dans un système où les sponsors sont ceux du président et non des équipes ; dans un système où la trésorerie se confond à la poche du président ; il est plus commode de parler du Président que de la structure. Et pourtant, Dieu sait qu’il y a de bons managers au sein de cette structure. Pour ce cas de figure précis, un seul individu se substitue à toute une organisation.
Il s’agit d’un président avec un style de management hautement paternaliste, autoritaire, dictatorial et tyrannique. Un président qui se plait à ouvrir des fronts avant et après chaque compétition. Maître dans l’art de vouloir couvrir son échec par l’ouverture d’un conflit. Après Saër Sène, Tapha Gaye, Ousseynou Ndiaga et Diodio Diouf ; aujourd’hui, c’est Baba contre toutes les lionnes. Tout se passe comme si, son argent, telle de la moutarde forte, lui est monté à la tête et lui autorise de fait à ‘casser’ un joueur, à ‘briser’ un journaliste ou à traiter toute une équipe de ‘filles impolies’. Il semble trouver en l’ouverture des conflits son seul moyen de faire croire au peuple qu’il est capable de gérer la chose qu’il a courtisé pendant plusieurs années. C’est sa seule stratégie, après les déboires, pour faire comprendre (de manière très maladroite) aux Sénégalais qu’il a rempli sa mission et que la faute revient aux autres (les joueuses, pour cette fois-ci).
Les joueuses
Le piège serait de vouloir les dédouaner complètement, dans cette situation. Il s’agit d’une génération singulière. Moins mature et érudite que la génération des Kankou, moins talentueuse, chevronnée et encadrée que la génération des Adama Diakhaté. Il s’agit d’une génération particulière, très tôt habituée à monnayer ses paniers avec des sous. Nous parlons ici de Pro – c'est-à-dire de gens qui ont pour métier ce que nous autres prenons pour du sport. Même si en des cas, elles nous démontrent tout leur patriotisme, il n’en demeure pas moins qu’elles ne peuvent s’empêcher de faire le lien entre leurs prestations et leurs gains (maisons ou primes). Et, c’est normal. Connaissant le fonctionnement du système et particulièrement l’amnésie post-compétition qui caractérise nos dirigeants, elles ont voulu entrer dans leurs droits au moment où elles étaient en situation de force.
Il appartenait aux deux autres éléments du système ayant été cités plus hauts (les politiques et le président), en bon manager, d’éradiquer tout risque de perturbation ou de tracas, de répertorier et de prendre en charge toute contrainte et entrave potentielle. En matière de sport, parlant de contraintes et de facteurs perturbateurs, il est unanimement convenu que les primes des compétiteurs occupent une place de choix dans le tableau.
En définitive, si je parle de système depuis le début, c’est pour une raison simple : la victoire est un résultat souhaité, elle dépend de l’articulation harmonieuse des trois éléments qui composent le tout. Telle une brouette, les joueuses considérées comme la roue, il n’est possible de mouvoir l’ensemble que si les deux pieds sont soulevés. Tout problème de pied influe sur l’équilibre du tout. De la même manière, toute mauvaise action des politiques ou du président influe directement sur l’élément le plus fragile et le plus déterminant du système (car le résultat voulu est directement lié à son action) : le compétiteur.
Ngor Diouma DIONE Sociologue, Spécialiste des organisations