Entre peste et choléra, se pincer le nez et f
Pour cinq raisons, Abdoulaye Wade partira
Depuis que je suis régulièrement la vie politique et sociale de notre pays, au début des années 90, c’est la première fois que je sens la nécessité d’élever ma voix. Même si je n’ai jamais été dans un quelconque parti politique, j’ai, comme beaucoup de Sénégalais, participé à l’élection d’Abdoulaye Wade en 2000. Je ne cesse de me rappeler de cet après-midi où j’ai versé de chaudes larmes quand j’ai vu le candidat Abdoulaye Wade vêtu d’un grand boubou bleu, turban blanc autour du cou, la tête nue sous un soleil ardent. Il passait devant la maison qu’on appelle ‘Keur Goumack’ à Diourbel, sur la route de Touba.
C’était lors de la campagne électorale de 2000 et ce jour-là, j’avais tellement de sympathie pour lui et j’avais beaucoup prié Dieu pour qu’il permette à cet homme que je trouvais résolu, d’accéder à la magistrature suprême de notre pays, et de régler définitivement nos problèmes économiques, et de faire disparaître l’injustice qui régnait au sommet de l’Etat. Le Sénégal vit aujourd’hui un tournant décisif dans son évolution. Ce serait une grosse erreur d’entrer dans le piège d’Abdoulaye Wade consistant à poser le prochain vote du deuxième tour de ces élections de 2012, sous l’angle de l’opposition mouride-anti mouride.
Avant l’indépendance, Serigne Fallou, en tant que Khalife général des mourides a toujours soutenu le chrétien Senghor contre le musulman Lamine Guèye. Dans les années soixante aussi, ce même Serigne Fallou avait pris position pour Senghor dans le bras de fer qui l’opposait à Mamadou Dia. Et plus récemment, en 1988, on se souvient de l’appel de Serigne Abdoul Ahad pour voter pour Abdou Diouf. Et pourtant Serigne Abdoul Ahad, en homme avisé, savait qu’Abdoulaye Wade était ‘mouride’. Malgré le soutien (Baatine) que Serigne Saliou lui a toujours apporté, nous avons toujours en mémoire la menace d’Idrissa Seck de sortir le Cd où Abdoulaye Wade raillerait le Cheikh.
Essayer d’amener le débat sur ce terrain, c’est essayer de semer la confusion dans l’esprit des gens, et récupérer au maximum le vote mouride. Mais je pense qu’aujourd’hui, la majorité des Sénégalais ont découvert le véritable visage d’Abdoulaye Wade, et tout le monde doit être vigilant. Abdoulaye Wade a tellement fait de dégâts dans ce pays, et pour cinq raisons principales, il doit quitter la tête de l’Etat :
1. Il sème le discrédit et la division dans les confréries et les religions
Depuis 2000, des signes de division sont notés dans presque toutes les confréries du pays, et les dissidents ont toujours été directement ou indirectement instrumentalisés par le régime :
- A Touba, Abdoulaye Wade utilise des ministres qui, sous prétexte qu’ils sont talibés, infiltrent la Famille du Khalife. A défaut de pouvoir traiter directement avec le Khalife, ces ministres corrompent une partie de l’entourage du Marabout qui leur donne des informations qu’ils distillent dans la presse, et ces membres essaient toujours d’influencer le marabout pour aller dans le sens voulu par les tenants du régime. Toujours par la corruption, ces ministres utilisent certains dignitaires mourides considérées comme porteurs de voix et dont les positions vont, la plupart du temps à l’encontre de celles du Khalife général et de la majorité des mourides;
- A peu près, c’est la même méthode qui est utilisée à Tivaouane. Des fois, ce sont les Moustarchidines qui sont utilisés, des fois c’est l’entourage du Khalife général. L’agression contre les confréries a atteint son paroxysme dans les violences qui ont précédé le vote du premier tour, lorsque des éléments de la Police nationale ont lancé une grenade lacrymogène dans l’enceinte même de la Zawiya tidiane ;
- Dans la famille de Ndiassane, Abdoulaye Wade a nommé sénateur, le porte-parole. Pour être en phase avec le régime, ce dernier est obligé de prendre des positions qui sont souvent contestées par d’autres membres de la famille ;
- La famille Layène n’est pas épargnée. Il y a quelques mois, l’une des épouses du Khalife a fait une sortie dans les médias pour dénoncer l’accueil chez le Khalife de hautes autorités de l’Etat par des membres de la famille, sans qu’elle ne soit mise au courant. Plus récemment, lors de cette campagne électorale du premier tour de l’élection présidentielle, le fils du Khalife, se sentant ‘insulté’ par Abdoulaye Wade a dû répliquer devant le Khalife ;
En plus de la méthode de division qui est utilisée, Abdoulaye Wade tente de discréditer les confréries. Pour défendre ses statues, il s’est permis de dire que les chefs religieux n’étaient pas contre puisqu’ils passaient devant les statues de Faidherbe et autres sans piper mot.
Mais Abdoulaye Wade ne se limite pas aux confréries musulmanes. A chaque fois que l’occasion se présente, il en profite pour lancer des propos méprisants, à l’endroit des chrétiens. Une illustration parfaite de son manque de considération pour cette religion a été la poursuite de Jean Paul Dias jusque dans l’enceinte de la Cathédrale de Dakar, à une heure de prières. Au vu de tout cet acharnement contre la Religion, nous pouvons affirmer que si ce n’est pas l’exécution d’un plan maçonnique, ça y ressemble fortement.
2. Il encourage la corruption et l’enrichissement illicite
Depuis l’Alternance, la corruption et l’enrichissement illicite ont pris des proportions insoupçonnées dans notre pays. Les marchés de gré à gré, les détournements et les surfacturations se sont multipliés. Des scandales ont été révélés avec des audits, et aucune sanction n’a été prise. La sortie récente de Bara Tall contre Abdoulaye Baldé vient s’ajouter à la longue série.
L’enrichissement spectaculaire de personnes qui n’ont jamais travaillé avant 2000 peut aussi susciter des interrogations. Comment un salaire de ministre de 1 500 000 ou bien 2 millions F Cfa peut-il permettre d’avoir des immeubles, d’importants parkings automobiles, des terrains et ce, en l’espace d’une dizaine d’années.
3. Il favorise la disparition des valeurs morales dans notre société
En 2000, beaucoup de gens comme moi pensaient que les personnes qui étaient accusées de fautes de gestion sous le régime socialiste, même si elles n’étaient pas auditées et sanctionnées, au moins, elles ne devraient plus occuper de postes de gestion de finances publiques. Le signe annonciateur a été le ralliement de Mbaye Jacques Diop (baron du régime socialiste) dans l’entre-deux-tours de l’élection. Après, les Sada Ndiaye, Adama Sall, Abdoulaye Diack, Abdou Rahim Agne … seront accueillis et protégés. Tour à tour, les gens qui ont soutenu Abdoulaye Wade pour son élection, et ceux-là mêmes de la coalition qui l’a poussé à être candidat, sont renvoyés.
Durant les deux mandats d’Abdoulaye Wade, tous les jours, ce sont des combinaisons politiciennes qui renvoient aux Sénégalais l’image de ‘Je peux retourner ma veste quand je veux’. Et le résultat est qu’aujourd’hui, il n’est entouré que de ceux qui le combattaient farouchement, et a en face de lui, des gens avec qui il a longtemps cheminé.
4. Il a désintégré l’Etat et a fait démystifier l’autorité publique
Les fonctions de ministres, Directeur général et Pca n’ont jamais été aussi dévalorisées que sous Abdoulaye Wade. N’importe qui peut être ministre, il suffit tout simplement de se montrer intraitable quand il s’agit de défendre le président, ou bien d’être son laudateur.
L’augmentation considérable de salaires de quelques fonctionnaires peut être une bonne chose, mais le problème c’est qu’Abdoulaye Wade ne fait rien gratuitement. Ces augmentations pourront créer beaucoup de problèmes aux prochains régimes. Pour maintenir le niveau de salaire, ils seront obligés de continuer à jouer sur les taxes, ce qui aura une conséquence sur la cherté de la vie des Sénégalais.
Abdoulaye Wade ne s’arrête pas là. Pour régler des problèmes électoraux de son parti, le Pds, il fait recours à un découpage abusif du territoire national. Presque tous les six mois, des communautés rurales, communes ou régions sont créées par ci et par là, sans qu’on ne voie l’intérêt.
5. Il a trahi la confiance de beaucoup de Sénégalais
Mais le plus difficile à accepter pour beaucoup de Sénégalais, c’est la perpétuation de certaines pratiques des quarante années de régime socialiste - des pratiques que l’opposant Abdoulaye Wade dénonçait vigoureusement, et qui lui valaient le soutien de beaucoup de ses compatriotes.
- L’accaparement des médias d’Etat s’est considérablement accentué. L’opposition n’a presque pas accès à ces médias, et souvent, le public n’est pas informé sur ce qui l’intéresserait ;
- Abdoulaye Wade s’était opposé à la création du Sénat. Quand il est venu au pouvoir, il a renvoyé les membres qui le composaient, et a créé son propre sénat avec la majorité des membres choisis par lui ;
- Il a dissout le Conseil économique et social et l’a recréé sous une nouvelle forme, en l’appelant Craes. Quand il s’est brouillé avec son président, Mbaye Jaques Diop, il supprime le Craes pour recréer le Conseil économique et social qu’il confie à Ousmane Masseck Ndiaye ;
- Il a augmenté le nombre de députés pour satisfaire sa clientèle politique;
- Et il tripatouille quotidiennement la constitution.
Conclusion :
Si, dans un pays, quelqu’un qui aspire à devenir président de la République ne pense s’appuyer que sur une frange de la société (les religieux dans notre cas), ça commence à être dangereux.
Avec le lancement de grenages lacrymogène dans la Zawiya de Dakar, les accusations de vote ethnique portées contre le candidat Macky Sall, les incendies des maisons d’Ahmed Khalifa Niass (Kaolack) et de Sohibou Cissé (Touba), c’est la cohésion nationale qui est menacée et le risque de guerre civile qui plane sur notre pays.
Au vu de tous ces éléments, les Sénégalais doivent aller voter massivement lors du deuxième tour de l’élection présidentielle, pour barrer définitivement la route à Wade. Pour nous mourides, ce sera l’occasion de le sanctionner sévèrement pour l’ampleur du préjudice moral qu’il ne cesse de nous causer. Yaplu nanu te minguinuy tuumaal.
Serigne Bassirou MBACKE, Toronto - CANADA Mail: basstoronto@gmail.com
Si j’étais Wade !
‘On ne peut régner sur les hommes quand on ne règne pas sur leur cœur’
Henri Lacordaire
Si j’étais Abdoulaye Wade, je vais, dès ce soir, me rendre à Touba, m’entretenir avec le khalife général des mourides, mon marabout, lui dire que j’ai compris le message de changement des Sénégalais ; lui raconter comment j’ai été trompé par les petits marabouts politico-mafieux qui m’assuraient de la victoire au premier tour.
Lui présenter mes excuses d’avoir usé et abusé de la fibre confrérique et d’avoir fragilisé la cohésion sociale. Je dénoncerai mes visiteurs nocturnes qui m’ont poussé à commettre tous ces crimes qui font que je ne suis plus aimé par ce peuple qui m’a tout donné. Et le prendrai à témoin afin que pareilles choses n’arrivent plus dans ce pays. Par la même occasion, je lui ferai mes adieux.
Ensuite, j’appellerai mon héritier, Karim, lui demanderai de quitter le Sénégal illico presto, en amenant, avec lui, sa sœur et sa mère. Je dirai à Viviane tout l’amour que je lui porte et lui demanderai de rentrer chez elle à Versailles et prier pour moi, en souvenir de ces heures de gloire que nous avons partagées. Je lui dirai de parler de moi à mes petits-enfants et de se battre afin qu’une fondation me soit consacrée et mon histoire retoquée enseignée dans les manuels d’histoire.
Je dirai à mon héritier de prendre son avion et d’amener la famille dont il devient le protecteur. Il doit avoir assez de place dans son jet privé pour sauver les nôtres. Et pendant que je suis encore au palais, il peut bénéficier des mêmes privilèges qu’il a toujours eus, en chargeant son avion avec autant de sacs d’argent qu’il veut, sans passer ni par la douane ni par la police des frontières.
Je lui conseillerai vivement de rentrer chez lui, en France. Et de ne plus jamais chercher à mettre les pieds ici ; car aussi longtemps qu’il resterait au pays de Marianne, il ne sera jamais inquiété de ses nombreux crimes économiques qu’on lui reproche. Crimes qu’il n’a d’ailleurs jamais commis. Tout ce qui a été fait de mal dans l’Anoci l’a été avec et sous le contrôle d’Abdoulaye Baldé. C’est lui l’ordonnateur de tout, c’est à lui de rendre des comptes.
Dans le domaine de l’Energie, c’est Samuel Sarr, Madické Niang et Macky Sall qui ont créé tous ces problèmes que l’on subit. Karim est venu pour les régler. Tout ce qui a été écrit et dit sur mon héritier est faux, comme l’ont témoigné de nombreux hommes véridiques dont Farba Senghor, Iba Der Thiam, Sérigne Mbacké Ndiaye et Pape Samba Mboup, pour ne citer que ceux-là.
Si j’étais Wade, je dirais que c’est Pierre Goudiaby Atépa et Mbackiou Faye qui m’ont convaincu de construire ce monument satanique pour lequel mes compatriotes m’en veulent. Que c’est Aziz Sow qui est responsable de tous les couacs notés dans la gestion du Fesman. Que Sindjéli n’a jamais rien fait de mal à personne, elle n’a jamais décidé de quoi que ce soit dans les affaires publiques. Elle n’a jamais touché aux fonds publics. C’est une innocente que mes ennemis veulent jeter en pâture. Je vous le jure au nom de Sérigne T….
Si j’étais Wade, je démettrais Ousmane Ngom tout de suite, renverrais Cheikh Tidiane Sy et laisserais le procureur de la République engager des procédures judiciaires contre tous les hommes de la force publique impliqués dans la mort de manifestants. J’appellerais Nkrumah Sané et lui demanderais pardon de n’avoir pas pu respecter ma parole pour le pacte qu’on a lié à Rebeuss. Et je demanderais pardon aux Sénégalais de n’avoir pas pu régler la crise casamançaise en 100 jours, comme je n’ai d’ailleurs pas pu amener le kilo de riz à 100 francs Cfa.
J’appellerais Ahmath Dansokho, irais voir Abdoulaye Bathily et leur demanderais pardon de les avoir trahis. Je rendrais hommage à Mamadou Diop tué à la place de l’Obélisque et à tous ceux abattus depuis 2000 par une police qui se croyait à mon entière disposition. Ensuite, je dirai que j’étais sous prozac depuis des années et ignorais ce qui se passait dans le pays. Que j’ai perdu ma tête, comme l’a un jour affirmé une certaine Docteur Mame Marie Faye. Il ne manquerait, certainement, pas de compatriotes pour me croire. Tout le monde, depuis longtemps, ayant compris que je suis la tutelle de mon entourage.
Si j’étais le président, une fois ma famille à l’abri, je convoquerais la presse. Ensuite, en tant que patriarche, car j’ai 92 ans, je me présenterais comme le protecteur du Sénégal et de ses intérêts. Je me retirerais du deuxième tour de l’élection présidentielle et laisserais le choix aux Sénégalais de voter Macky Sall ou Moustapha Niasse. Comme ça je rendrai à Niasse et au Sénégal, le service qu’ils m’ont rendu en 2000 et prendrais ma revanche sur ce prétentieux de Macky que j’ai fait. Mieux, je demanderais au Pds et à mes sympathisants de voter pour le candidat de Bennoo, parce qu’il est représentatif de la volonté populaire.
Je leur dirais qu’en tant que démocrate et ayant gagné mes galons au cours de mes 26 années d’opposition, ma place est au panthéon des grands de ce monde. Ma photo doit être accrochée à côté de celle du Madiba, Nelson Mandela et que je n’aimerai pas entacher mon legs. Car après tout, nous avons connu la même longévité dans l’adversité; lui en prison pendant 27 ans et moi dans l’opposition.
Si j’étais Wade, je ne fuirais pas comme un voleur en allant me réfugier en France comme Abdou Diouf. Je retournerais dans ma villa du Point E, avec l’assurance qu’il n’arrivera à aucun Sénégalais la folie d’aller emmerder un vieillard pour lui demander des comptes. Aussi, aux yeux du Code pénal sénégalais, je ne pourrais jamais être tenu responsable de mes actes puisque j’ai plus de 90 ans.
Si j’étais Wade, je demanderais aux gendarmes, dès ce soir, de me mettre un tapis rouge devant les marches du palais et sortirais par la grande porte. Et là-bas, mon chauffeur me conduira directement à ma villa. Les militants viendront me dire merci et le peu de chanteurs qui me restent après les défections de Pacotille chanteront mes louages pour l’éternité. L’Occident parlera de moi en grand démocrate et peut-être même que le Comité Nobel me donnera enfin le fameux Prix. Quoi qu’il arrive, il ne m’arrivera rien de mal au Sénégal. Après tout, ne dit-on pas que ‘le vieux est roi.’ Si j’étais Wade, voilà ce que je ferais. Mais, je ne suis pas le président. Je ne suis qu’un simple journaliste inspiré par le sort d’un vieillard à la veille de son ultime humiliation.
Bacary TOURE, Journaliste écrivain kimikikiko@yahoo.fr
Le refus d'un choix
Entre peste et choléra, se pincer le nez et faire un choix! Voilà le dilemme qui s'offre aux sénégalais. Dans un contexte électoral malsain ne méritant pas d'avoir eu lieu, ils sont contraints de devoir, hélas, d'une manière ou d'une autre, prolonger le bail du régime libéral Wadien.
Que l'un ou l'autre des deux candidats encore en lice passe, n'y change rien. La perpétuation du pouvoir honni est la principale certitude qui attend le Sénégal, au lendemain du 25 mars prochain. Au milieu des ralliements en tous genres qui rappellent une autre transition démocratique ratée en l'an 2000, celle qui se profile à l'horizon n'augure rien de bon pour le Sénégal. Je m'excuse d'emblée de devoir jouer les destructeurs d'illusions et de lever ici un drapeau rouge. D'alerte!
Je ne parviens pas à comprendre que les leçons infligées par Abdoulaye Wade n'aient pas rendu nos compatriotes plus exigeants.
Dès l'aube de son arrivée au pouvoir, sa désinvolture, sa gestion solitaire, son goût prononcé pour la capture des biens financiers et matériels de la nation à des fins privées et familiales, mais aussi au service de rapaces adeptes de la démocratie du ventre, autant que sa propension à n'écouter que les larbins, laudateurs et lascars avaient indiqué la faillite du projet de changement qualitatif qu'il prétendait porter.
Déjà alors les appels pour le "laisser travailler" pendant qu'il causait dégât sur dégât étaient un symptôme grave de la culture de la compromission qui ronge le peuple sénégalais. Aujourd'hui, voyant venir la fin de celui dont il acceptait tous les caprices, sa précipitation à se jeter dans les bras d'un sous produit, partie intégrante des méfaits du Wadisme, traduit sa capacité inquiétante à accepter l'intolérable, mais surtout à retourner la veste sans se poser les questions de fond incontournables. La crainte de tomber de Charybde en Scylla ne semble point le faire douter...
Largué au passage, Wade devrait ruminer l'histoire de son échec monumental. Voici un homme qui aurait pu copier le modèle Mandela mais qui n'est plus qu'un cas digne d'être enseigné dans nos écoles. Comme contre modèle de comportement civique! Seul l'horizon du déshonneur s'offre désormais à lui. Le tribunal de la Haye mériterait de l'accueillir pour qu'il rende compte des crimes qui lui sont imputés. A coup sûr, il devra rendre des comptes à la nation. Tant de ressources ont été spoliées sous sa (mal) gouvernance. Protecteur des médiocres et des détourneurs, complice des amplificateurs de contrats pour ramasser commissions et retro-commissions, promoteur de projets mirifiques dont les principaux objectifs visent à satisfaire un ego surdimensionné mais aussi à couvrir des marchés douteux, homme léger et superficiel, Wade mérite donc ce qui lui arrive. Traitre à la cause démocratique qu'il voulait remplacer par un projet monarchique, il est allé au bout de l'impensable, en révélant le triste sire qu'il est. Qu'il s'étonne que les cris de joie qu'il déclenchait naguère se soient transformés, comme lors de son vote, le 26 février, en hués stridents n'a fait que confirmer une réalité de premier ordre: il a perdu le sens des évidences. Comme tous les dictateurs arrivés en fin de course.
De là à absoudre celui qui lui fera face au second tour, le 25 mars, il y a un pas lourd de conséquences que je refuse, pour ma part, de franchir. J'ai connu Macky Sall grâce à Abdoulaye Wade précisément. C'était au début de l'alternance. A l'époque, malgré mon opposition à son avènement pour des raisons qui m'étaient propres, parce que je connaissais mieux l'animal politique que les Sénégalais célébraient, je n'en avais pas moins estimé de mon devoir de mettre au service de mon pays mes contacts et mon expérience pour aider, à distance. C'est ainsi que pour faire obtenir au Sénégal un contrat de pétrole et de fioul, j'avais introduit Wade à un de mes amis, un ancien Président de l'Opep, vivant alternativement entre Vienne et Abuja. A la suite de quoi, une lettre fut rédigée par nos soins (j'en ai gardée une copie annotée de Wade!). Wade l'envoya à Obasanjo à travers une délégation conduite par Macky Sall. Lorsque cette délégation se retrouva au Nigéria sans m'avoir averti et fut sur le point d'échouer en dépit d'une audience accordée par l'ancien Président Nigerian, je reçus un appel désespéré de Macky, au nom du Président, pour sauver la situation, à partir de Londres où je me trouvais alors. Ce que je fis. Mon ami donna le lendemain un contrat pétrolier de 30000 barils de pétrole par jour et des milliers de tonnes de fioul pour la Senelec. Son compte rendu du comportement de la délégation sénégalaise à l'annonce de sa décision est trop problématique pour que je l'évoque ici. Serigne Mboup, Pca de la Sar, Carmelo Sagna, ex-Dg Sar, et une autre personne avaient aussi fait partie de ce voyage. Un représentant de l'Ambassade du Sénégal au Nigéria était également du lot.
Par la suite, j'ai suivi les comportements de certains membres de l'entourage de Macky et n'en garde pas le meilleur souvenir! Demandez à ceux qui savent. J'ai vu en eux les mêmes méthodes Wadistes dégoûtantes. Elles consistent à récupérer des commissions sur contrat mais aussi à comploter avec les partenaires que d'honnêtes compatriotes amènent au pays dans le but de les évincer de relations d'affaires légitimes. Wade le faisait cyniquement en oubliant combien, au temps où les portes des autorités africaines et des milieux d'affaires lui étaient fermées, quand il vivotait dans l'opposition, il savait se montrer doux comme un agneau pour qu'on l'aide à gagner sa vie. Ayant trahi ses bienfaiteurs d'alors, les Kadaffi et Bongo de ce monde, il a été logique avec lui même dans son attitude honteuse! Macky ne serait-il qu'un clône de celui qui l'a fait politiquement et financièrement? On ne peut s'empêcher de le penser...
Aussi bien, au moment où, sous la pression combinée de la crise et des désillusions causées par la gestion monarchique et médiocre de Wade, les Sénégalais sont prêts à se contenter de la peste, qui se pose en alternative, je préfère, pour ma part, aller à la pêche.
Je ne veux pas être demain complice de quelque régime qui pourrait n'être que le bras armé d'un mercantilisme français, apeuré par l'émergence de nouveaux partenaires venant du Sud, et qui en est devenu encore plus arrogant surtout après ses incursions en Côte d'Ivoire et en Libye.
Faire l'autruche, c'est refuser de se poser certaines questions déterminantes à ce stade de l'évolution du Sénégal: celui qui veut prendre le leadership du pays en a t-il les capacités? Qui est derrière Macky Sall? Qui le finance? D'où sort sa soudaine richesse? Les sous de Taiwan? Que faut-il penser de ces industriels Occidentaux dont on dit, à tort ou à raison, qu'ils suivent avec gourmandise son parcours dans l'espoir de récupérer la mise, demain? Quel est son projet politique? Qui sont ces déchets du régime libéral l'entourant? Que veulent ces autocrates ou autres forces maçonniques de l'ombre qu'on dit être derrière lui? Peut-on, doit-on, passer par pertes et profits sa contribution à la destruction des valeurs tangibles et intangibles du Sénégal tout au long de son cheminement avec Wade qu'il n'a quitté que forçé et contraint, et que dire de ses atermoiements sur la ligne de conduite retenue par le M23? Dans quelle mesure la démocratie a t-elle un avenir avec un acteur qui a préféré joué en solo au moment où les autres tentaient, vaille que vaille, de créer les conditions d'une vraie transition démocratique? Comment peut-on passer sous silence sa participation au scrutin frauduleux de l'an 2007 qui est la mère de toutes les dérives qui étranglent le Sénégal? Depuis cette consultation-là, j'ai, pour ce qui me concerne, compris que voter n'était rien d'autre que conforter la pire des situations,; celle qui resulte, on le voit, en la possibilité d'un Wadisme sans Wade, avec, à la clé, l'absolution de toutes les magouilles du régime libéral. La démocratie ne peut se ramener à ce rituel électoral dont on sait combien il a fini par transformer les rêves démocratiques en cauchemars sur le continent...
Que les ténors de la soit-disante opposition classique aient contribué à ce qu'aucune véritable transition en profondeur ne se présente pour les Sénégalais, comme l'exige la gravité des défis de l'heure, n'est qu'un pas de plus dans le rôle négatif que la plupart d'entre eux ont joué, surtout ceux d'entre eux qui ont imposé leur candidature en brisant le mythe superficiel de l'unité qui faisait encore la force de Bennoo. D'avoir aussi accepté de recyclé tous les voleurs du régime libéral Wadien pour leur donner une nouvelle virginité est une autre bévue que l'histoire se chargera de leur coller demain...
Certes, le pouvoir est donné par Dieu à qui il veut, nous enseigne le Coran. Mais le Seigneur n'a jamais dit que l'homme n'avait pas le droit de marquer sa défiance. De s'opposer. si besoin étant entendu que "Yalla yalla bayy sa toll". Parce que je ne crois pas à cette transition, produit d'un processus malhonnête, où l'argent malhonnêtement acquis a joué un rôle décisif, je choisis, en mon âme et conscience de dire non au choléra et à la peste. Comme j'avais pris le parti de m'inscrire en contre-courant de l'euphorie générale entourant l'arrivée de Wade au pouvoir, en l'an 2000, au point de subir ses foudres que je savais non-fondées en raison, et surtout ingrates de la part d'un homme à qui j'avais rendu des services multiples de toutes sortes, je préfère me mettre dans le camp de l'opposition à ce tissu politique arlequin masquant tous les défis pour mettre le pays au régime donormil. Le réveil sera brutal après ce rêve onirique autour d'un homme dont la face cachée, sombre, doit plutôt inciter à la réserve, à la prudence, voire à la vigilance. Mais, comme naguère, le rêve en plein jour est entrain de devenir une spécialité sénégalaise. Sans doute, coinçé, ayant perdu espoir, le peuple Sénégalais peut être excusé de certains de ses choix, dont celui que, sans enthousiasme, il est appelé à faire dans quelques semaines. Quant aux activistes, politiciens et acteurs de la société civile prompts à s'agglutiner autour d'un vainqueur potentiel, il y a de fortes raisons pour penser que les nouvelles amitiés, les liens de famille créés de toutes pièces et les justifications stratégiques ou politiques déclinées ça et là ne sont rien d'autre qu'une variante de la course pour aller à la soupe. Mais demain, il fera jour: que Dieu garde le Sénégal!
Adama Gaye
Journaliste, consultant sénégalais, chercheur invité de l'Université Stanford en Californie.
adamagaye@hotmail.com
NON A UN DEBAT AVEC LE CANDIDAT ILLEGAL
En charge de la stratégie de communication du candidat de la coalition Macky 2012, El Hadji Kassé revient dans cette interview sur le débat relatif aux propos de Macky Sall à l’encontre des chefs religieux, ses nombreuses alliances, mais aussi et surtout sur le débat télévisé avec le candidat Abdoulaye Wade.
M. Kassé en tant que chargé de la stratégie du pôle communication du candidat Macky Sall, comment analysez-vous le débat sur les propos qui lui sont prêtés à l’encontre des chefs religieux ?
C’est un débat tout à fait dépassé. Parce que le Président Macky Sall est revenu sur la question pour faire des mises au point, pour indiquer clairement qu’il n’a jamais été question de tenir quelque propos que ce soit, en privé comme en public, contre les chefs religieux. Au contraire, le président Macky Sall est connu pour son attachement aux principes de tolérance, aux principes de respect et à la courtoisie. Personne ne peut dire de façon honnête que Macky Sall a tenu quelque propos que ce soit. Je pense que le débat est dépassé. Aujourd’hui, tout le monde se rend compte que quelque part, le camp d’en face veut utiliser toutes sortes d’arguments pour endiguer la déferlante populaire autour du candidat de la coalition Macky 2012.
N’est-ce pas une maladresse de la part de votre candidat d’avoir tenu des propos qui prêtent à équivoque ?
Le Président Macky Sall a été très clair dans son propos. Maintenant, des gens de mauvaise foi ont voulu exploiter des propos qu’il n’a jamais tenus. Il n’a jamais tenu des propos contre qui que ce soit, a fortiori contre des chefs religieux pour qui il a un respect considérable. Nous savons le rôle que les chefs religieux jouent dans ce pays depuis l’époque coloniale. En tant que point de résistance contre la domination coloniale, en tant que point de rationalité au sens où ils ont contribué à développer une pensée critique qui a permis à nombre de Sénégalais de filiation arabe d’accéder à des niveaux de connaissances élevés. Donc nous connaissons parfaitement bien le rôle des chefs religieux dans le pays. Ce n’est pas quelqu’un comme Macky Sall qui va tenir des propos désobligeants par rapport à ces gens-là.
Aujourd’hui, des observateurs s’inquiètent pour Macky avec ses alliances à tout-va. Est-ce une bonne stratégie ?
Le président Macky Sall est dans une stratégie d’alliances. Parce que nous sommes convaincus que ce pays-là a besoin d’un maximum de convergence autour d’un objectif à savoir confirmer la vague populaire au second du tour, dans un premier temps, en faveur d’une nouvelle alternance politique. Et deuxièmement, créer les conditions de l’unité nationale et de la stabilité sociale, en ayant une large base consensuelle pour mener des réformes de fond et apporter des solutions durables aux problèmes des Sénégalais. C’est ça la stratégie de Macky Sall. Il est par conséquent nécessaire, d’abord, de remercier tous les Sénégalais et d’aller vers ces électeurs pour discuter avec eux et voir ensemble, étant entendu qu’ils avaient tous le même objectif, comment confirmer au second tour. C’est la stratégie de Macky Sall, je ne vois pas s’il y a quelque chose à redire là-dessus. L’autre candidat peut prendre la stratégie qu’il veut. Mais la stratégie de Macky Sall est une stratégie de rassemblement, de mobilisation et d’accentuation de la tendance qui s’est nettement dessinée en faveur de l’alternance politique.
Est-ce que ces alliances ne risquent pas de se retourner contre lui quand viendra le moment de nommer des personnes pour gérer ?
Ces gens ne réclament rien, parce que vous les avez entendus. Ils sont dans une stratégie de soutien de principe. Ils sont dans une stratégie de victoire qui dépasse leur propre personne. Et ils l’ont confirmé. Vous connaissez ceux qui étaient au premier tour, ce sont des leaders politiques expérimentés. Ce sont des leaders politiques très attachés à l’intérêt du pays. Ce sont des leaders politiques engagés, qui pensent les choses au-delà de leur personne et au-delà des postes et strapontins. Et ce sont des leaders politiques engagés, qui ont combattu pendant des décennies, pour certains, pour la cause nationale. Et ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont se mettre dans une posture ou une quête de prébendes. Nous avons absolument confiance, parce que ce sont des partenaires, des amis, ce sont des alliés dans le M23, pour la plupart nous avons travaillé avec eux dans Bennoo siggil Senegaal, nous nous connaissons et nous pensons avoir un objectif commun, de confirmation au second tour de ce qui s’est passé au premier tour. De synergie également pour que les Sénégalais puissent se dire qu’au-delà des clivages et des divergences, il y a des dynamiques vers une autre manière de penser la gouvernance, de pratiquer la gouvernance, pour apporter des solutions aux problèmes des Sénégalais. Il n’y a aucune inquiétude. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est le reflet de l’aspiration très profonde des Sénégalais à une alternance.
En tant que démocrate comment appréciez-vous cette stratégie consistant à aller à la quête de «ndigueuls» ?
Je ne peux honnêtement pas commenter la stratégie de l’autre camp. Il est libre d’avoir sa stratégie, il est libre d’avoir son ciblage, mais c’est la réalité du terrain qui déterminera la pertinence de cette démarche-là.
Que répondez-vous alors quand Me El Hadji Amadou Sall, porte-parole du candidat Abdoulaye Wade, dit que vous voulez une jeunesse comme celle de «Y en a marre», alors qu’ils veulent une jeunesse des «dahiras» ?
Je ne souhaite pas commenter les propos de mon ami El Hadji Amadou Sall, c’est leur stratégie. Mais notre stratégie ce n’est pas de diviser la jeunesse en plusieurs catégories. Parce qu’il n’y a qu’une jeunesse sénégalaise, une et indivisible, qui a soif de changement, qu’elle soit de l’université, de l’école, du monde rural, de l’espace univers, des usines, de l’administration… Il n’y a qu’une jeunesse sénégalaise et c’est à celle-là que nous nous adressons. Parce que c’est celle-là qui a voté massivement pour la nouvelle alternance politique. Par conséquent, nous évitons le discours qui divise la jeunesse en catégories etc., nous évitons le discours qui divise les confessions religieuses. Nous évitons les discours qui divisent les confréries, les ethnies, les collectivités, de façon globale. Notre stratégie c’est celle de l’unité, du rassemblement, pour achever la dynamique vers une nouvelle alternance politique.
Est-ce que Macky Sall a des chances dans un débat télévisé face au grand débatteur qu’est Me Abdoulaye Wade ?
Nous avons la chance, au niveau de notre coalition, d’avoir plusieurs compétences, plusieurs expertises, nous avons la chance d’avoir une démarche pluridisciplinaire, qui consiste aussi à soumettre tout à l’analyse, pour voir comment procéder dans une opération. Nous avons aujourd’hui une masse critique de données sur le candidat d’en face et sur notre candidat. Nous connaissons le profil psychologique de celui qui est en face. Nous connaissons ses points forts et ses points faibles. Nous avons toutes sortes de données sur le type de discours, ce que l’on appelle la grammaire du discours de Me Wade. Nous savons ce qui peut l’énerver. Nous avons une liste exhaustive de ce que l’on appelle les dossiers critiques, c’est-à-dire sur quoi nous pouvons l’interpeller. Mais nous avons surtout notre programme. Et nous savons que lui, pour l’essentiel, il est dans le registre du passé et même du passif, pour parler comme l’autre. Alors que nous sommes dans le registre du présent et de l’avenir. Parce que nous avons un propos sur le présent et sur l’avenir. Donc nous avons tous les atouts. Et je peux vous assurer que s’il y avait un débat entre les deux, nous allons nous en sortir victorieusement. C’est tout à fait clair, parce que notre candidat est tout à fait prêt. Il est prêt physiquement, c’est-à-dire dans la posture. Il est prêt mentalement. Et prêt dans l’argumentaire, dans le programme qu’il veut présenter aux Sénégalais, que nous allons distribuer très largement dans le second tour. Et sur lequel nous travaillons aujourd’hui avec de larges secteurs de la société sénégalaise. Donc nous sommes parfaitement prêts. Mais toutefois, nous ne discutons pas avec un candidat que nous considérons comme illégal. Nous ne discutons pas avec un candidat qui a fait du forcing pour être candidat. Je pense que généralement, même s’il était légal, il y a débat quand il y a ballotage. Mais aujourd’hui il y a 65% des suffrages exprimés contre le président sortant. Donc le débat est tranché. Il n’a plus rien à dire au peuple sénégalais, et nous n’allons pas lui donner l’occasion de verser dans l’anecdotique, dans le discours victimaire et paternaliste, mais également dans la diversion. Pour le moment, nous sommes concentrés entièrement et exclusivement sur l’accentuation de la déferlante populaire du premier tour pour réaliser la nouvelle alternance politique à laquelle aspire le peuple sénégalais dans son écrasante majorité, c’est-à-dire plus de 65%.
Est-ce à dire que vous ne voulez pas débattre avec Wade ?
C’est ma position. Nous n’avons pas besoin de débattre avec le président sortant. Parce que le faire, c’est le reconnaître. Et nous pensons que le débat était tranché. Généralement, c’est parce qu’il y a de l’indécision, de l’imprécision quant aux résultats, ainsi de suite, ou bien des écarts très minimes, mais aujourd’hui il n’y a pas un seul candidat du premier tour qui ait décidé de soutenir Me Abdoulaye Wade au second tour. Et cumulés, tous ces gens-là font un peu moins de soixante-dix pour cent. Donc le débat est tranché. Et cette tendance va davantage s’accentuer au second tour.
il n’y aura pas de partage de gâteau au-dessus du peuple comme l’a fait Wade en 2000 »
Membre du directoire de campagne de la coalition Macky 2012 et conseil spécial et politique de Macky Sall, professeur Moustapha Samb soutient que le «ndigël» de certains marabouts à Wade ne peut briser l’élan populaire actuel. Dans cet entretien, M. Samb expose les chances de Macky Sall au 2nd tour, non sans noter qu’«au lendemain de la victoire, il n’y aura pas de partage de gâteau au-dessus du peuple comme l’a fait Wade en 2000 »
Vous êtes un des premiers candidats à rejoindre la coalition Macky 2012 avant que la campagne électorale du 1er tour ne démarre. Qu’est-ce qui avait motivé votre soutien au président de l’Apr ?
J’étais déjà candidat à l’élection présidentielle 2012. Mais, au bout de quelques semaines, j’ai dû renoncer à cette candidature. Cela, parce que j’ai compris que non seulement ce sont les coalitions qui vont s’imposer, mais que nous sommes un jeune parti politique. Lorsque j’ai rencontré la coalition Macky 2012, nous nous sommes retrouvés autour d’un certain nombre de choses, à la fois au plan des principes et des programmes. Nous avons scellé une alliance. Et depuis lors je travaille sur la candidature de Macky Sall. J’ai fait un accident, ce qui a un peu impacté négativement sur ma campagne électorale. Aujourd’hui, je travaille dans la coalition Macky 2012 pour que notre leader triomphe au second tour.
Est-ce que l’accusation d’ethnicisme à l’encontre de Macky Sall et les «ndigël» des marabouts en faveur de Wade ne vont pas compromettre les chances de la coalition Macky 2012 ?
Le «ndigël» est une sorte de mot d’ordre qui peut avoir un effet. Mais, si le peuple tient ou aspire au changement, il est extrêmement difficile pour un «ndigël » de briser cet élan populaire. Le «ndigël » peut prospérer si le peuple tend vers la stabilité. Mais, si le peuple tend vers le changement et que le «ndigël » ordonne le respect de la stabilité, il risque de ramer à contre -courant de la volonté populaire. Et là, il ne peut pas y avoir un effet escompté. Pour ce qui est du vote ethnique qui serait favorable à Macky selon certains, je pense que c’est un faux débat. En matière de communication, quand on s’adresse à un terroir, la République est un facteur de conciliation, de réconciliation et la langue crée un rapport de transparence avec les populations. Au-delà de la dimension sémantique et affective, la langue crée un rapport de confiance. Si c’était une autre personne, elle allait faire la même chose que Macky en parlant sa propre langue pour convaincre les populations de voter pour sa candidature. Nous qui gravitons autour de Macky Sall nous sommes nombreux à ne pas être Pulaar comme lui. C’est un problème qui ne s’est jamais posé dans notre coalition. Ceux qui évoquent l’ethnicisme veulent brouiller les cartes. Ils sont de mauvaise foi en voulant dénigrer notre candidat. Mais ça n’a convaincu personne.
Les grands enjeux du second tour résident-ils dans les alliances ?
Vous savez, au départ, il y avait 14 candidats à la présidentielle. Aujourd’hui, les douze soutiennent le candidat arrivé en deuxième position après le premier tour. Mathématiquement, celui qui a les douze candidats derrière lui a plus de chances de gagner, même si on considère que le report de voix n’est pas automatique. C’est vrai qu’il y a un travail à faire, parce que les autres leaders, même s’ils soutiennent Macky Sall, leurs bases peuvent ne pas toutes suivre. Il y a là un travail à faire pour les intéresser aussi bien par leurs propres leaders que par la coalition Macky 2012 pour les avoir de manière effective. Il y a déjà là une tendance très encourageante. Les 40% qui n’ont pas voté au premier tour sont des citoyens à convaincre. Il y a une bataille de communication à faire au niveau des contacts personnels et des leaders d’opinion. Macky est bien parti pour cela. On arrivera à créer un décalage net le 25 mars pour vaincre le candidat des Fal 2012. Nous saluons le patriotisme de tous les candidats qui ont demandé à voter Macky Sall.
Est-ce que ces alliances tous azimuts ne risquent pas de prendre en otage Macky Sall une fois élu président ?
C’est une situation qu’il faudra analyser après. Au lendemain de la victoire, il faudra de manière assez responsable et lucide réfléchir à cela. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que ce ne sera pas un partage de gâteau au-dessus du peuple sénégalais, comme cela a été fait en 2000 avec Wade. Il faudra rompre avec cela. Les gens vont nous élire pour résoudre les problèmes des Sénégalais, notamment rendre la vie moins chère et faire reculer la pauvreté. Macky Sall n’est pas dans des dispositions de partage des postes pour des intérêts personnels. Seul l’intérêt national préoccupe notre candidat.
PAR MATHIEU BACALY