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Présidentielles : pourtant, il y a d’autres priorités
Depuis les Etats-Unis d’Amérique, il y a plus d’un an, Maître Abdoulaye Wade président de la République du Sénégal a annoncé sa candidature aux élections présidentielles de 2012. Toute la classe politique sénégalaise, pour ne pas dire le pays tout entier, vit au rythme des prochaines échéances électorales comme s’il n’y avait pas d’autres priorités.
Dieu sait qu’il y en a de plus cruciales. Bien sûr le choix de la personne, ou de l’équipe politique qui doit présider aux destinées du pays durant les cinq années à venir, est une affaire importante. Mais, de là à accorder toutes les énergies à ce seul problème ne nous paraît ni juste, ni prudent. Or donc, ne voilà-t-il pas que le pays se trouve pratiquement divisé en trois groupes.
Ainsi, il y a d’un côté le Bennoo, la plupart des éléments et intellectuels de la société civile dont le professeur Babacar Guèye, l’un des rédacteurs de la présente Constitution et pratiquement tous les autres candidats indépendants à l’élection présidentielle comme le doyen Ibrahima Fall, éminent constitutionnaliste, estiment que Maître Wade violerait la constitution en se présentant aux prochaines élections. De plus, ce groupe cite plusieurs scandales qui disqualifient, à leurs yeux, Maître Abdoulaye Wade et son régime. De l’autre côté, le Pds et tous ses partis alliés appuient la candidature de Maître Wade même si certains conditionnent leur soutien du conseil à l’avis du Conseil constitutionnel.
Par ailleurs, ils viennent d’organiser un séminaire au cours duquel, ils ont invité d’éminents juristes étrangers pour appuyer leur option. A notre humble avis, les partisans de Maître Abdoulaye Wade auraient mieux fait de réunir des juristes locaux aux idées opposées sur la question, ce dialogue équilibré eut été plus profitable au peuple sénégalais en lieu et place du monologue à la limite insipide et particulièrement onéreux qu’on vient de nous imposer à notre corps défendant.
Il y a enfin, un troisième groupe constitué d’éléments qui se disent neutres car ils ont choisi de ne pas choisir. Encore que selon un prestigieux chef religieux sénégalais ‘quand quelqu’un dit qu’il est neutre, demander lui contre qui’.
Devant ces positions plus ou moins tranchées, votre serviteur qui ne se considère ni comme un grand intellectuel ni juriste encore moins constitutionnaliste, s’appuie sur son bon sens paysan et sur la morale et l’éthique tout court. Il considère que de l’an deux mille à l’an deux mille douze, il y a deux mandats, un de sept et un autre de cinq ans. La question est de savoir qui a exercé ces deux mandats ?
Comme annoncé plus haut, notre cher Sénégal a bien d’autres priorités dont nous retiendrons quatre : l’agriculture, compris dans le sens large du mot, l’environnement, l’éducation et la santé. Concernant l’agriculture, un confrère étranger m’a confié, il y a des années : ‘Le Sénégal n’a pas un problème d’eau, mais bien un problème de maîtrise d’eau.’
En effet, un pays pratiquement plat comme le Sénégal, de deux cent mille (200 000 km2) de superficie arrosée par trois grands fleuves comme le Sénégal, la Gambie et la Casamance et leurs affluents sans compter d’autres cours d’eau et lacs qui connaît une saison de pluie plus ou moins abondante du Sud au Nord ne peut pas être considéré comme un pays désertique. Il y a simplement que les efforts énormes déjà déployés doivent être soutenus et poursuivis.
La pratique révolutionnaire de l’insémination artificielle constitue un véritable appui à l’élevage. Concernant l’environnement qui englobe des secteurs que l’on n’avait pas envisagé jusqu’à présent, la récente conférence de Tambacounda sur la gestion participative de la forêt a abouti sur des conclusions pertinentes. Il y a lieu de faire en sorte que notre jeunesse fasse siennes ces conclusions pour une utilisation plus rationnelle de nos immenses ressources forestières.
S’agissant de l’éducation, nous citerons deux anecdotes que nous a inspirées une remarque récente des professeurs, Amadou Aly Dieng sur l’éducation au Sénégal à l’émission radiophonique ‘Viatique’ conduite de main de maître par la dynamique Madame Marie Ndiaye Seck. Emission que je recommande, par ailleurs, vivement à tous les cadres sénégalais.
Première anecdote : Il paraît que vers les années cinquante, une délégation syndicale sénégalaise était allée se plaindre auprès de l’inspecteur d’Académie à Saint-Louis de la manière jugée dure dont se comportait Charles Béart à l’égard des candidats instituteurs à l’examen du certificat d’aptitude professionnel (Cap).
Dans sa réponse, l’Inspecteur Béart aurait déclaré : ‘Les syndicalistes ont parfaitement raison mais j’estime, pour ma part, que rien qu’avec le certificat d’Etudes, on peut être Ministre mais on ne peut pas être instituteur.’ A ces mots, la délégation syndicale aurait présenté ses excuses et s’était retirée.
Deuxième anecdote : Un vieil instituteur de mes amis m’a confié, il y a quelques jours, la conversation qu’il a eue avec une institutrice récemment recrutée à son école. Après les salutations d’usage, le Directeur d’école remit à la jeune institutrice une fiche à remplir. Suivez le dialogue qui s’engagea entre le Directeur et la nouvelle institutrice.
L’institutrice : ‘Monsieur le Directeur qu’est-ce que cela veut dire statut ?’
Le Directeur : ‘Cela veut dire que vous devez indiquer si vous êtes mariée ou célibataire ?’
L’institutrice : ‘ Je suis célibataire’. Elle écrit célibataire avec un S et C.
Professeur Amadou Aly Dieng a donc bien raison de dire qu’il faut revoir notre système éducatif. Nous sommes bien loin du cas des instituteurs comme Modibo Keita, Mamadou Dia ou Abdoulaye Fofana pour ne citer que ceux-là et des milliers d’autres morts ou encore vivants.
A la lumière de ce que nous vivons actuellement au Sénégal, les 40 % du budget qui seraient consacrés à l’éducation et à la formation ne nous semblent pas être bien utilisés. Il ne sert à rien de citer le nombre de lycées, de collèges et d’écoles primaires construits. Il faut que ce progrès se constate effectivement sur le terrain.
Enfin, en ce qui concerne la santé, on en deçà des normes souhaitées par l’Organisation mondiale de la santé. Bien sûr, des efforts énormes sont déployés, mais ils ne semblent pas être en adéquation avec les revendications des travailleurs concernés.
A la vérité, les prochaines élections présidentielles et les autres consultations électorales à venir devraient être considérées comme autant d’étapes et non une fin en soi.
En effet, de nombreux autres défis nous attendent sur le long chemin du développement. Nous souhaitons que tout se déroule dans la démocratie et dans la paix.
Mactar KEBE, Journaliste de formation, Ancien ministre de la Communication.
Candidat de l’unité et du rassemblement de Bennoo : le vote du diable
En procédant à l’intérieur de Bennoo à un vote pour la désignation du candidat de l’unité et du rassemblement, puisqu’il y a eu décompte sur la base d’un parti une voix, le comité de facilitation ainsi que les partis politiques adeptes de cette procédure ont manifestement violé les règles du jeu en vigueur au sein de la coalition. Si, en effet, le vote était un principe accepté dans le fonctionnement de la coalition, il serait contradictoire et superflu de mettre en place un comité de facilitation qui avait pour mission de rapprocher des positions divergentes ou non partagées, en raison de l’antinomie entre le vote comme mode de désignation et la facilitation comme recherche du consensus.
C’est dire que l’existence d’un comité de facilitation est la preuve manifeste de l’inopposabilité et de l’inapplicabilité du vote comme mode de désignation du candidat de l’unité et du rassemblement. Si bien que les délibérations applicables de Bennoo ayant force juridique, tant au niveau de la prise de décision que de la désignation de représentants, ont, de tout temps, fait l’objet de l’observation de la règle de l’acceptation par tous les partis politiques d’une mesure applicable, en dernière instance. Pourquoi, diantre, attendre le premier jour du mois de Décembre 2011 pour se prévaloir d’un vote qui n’a jamais existé, ou encore moins se réclamer d’une majorité imaginaire, comme si nous étions dans une structure organique ou formelle dans laquelle les règles du vote seraient écrites.
Si les règles ne sont pas souvent écrites dans les alliances régies le plus souvent par un code de conduite, la coutume fait jurisprudence. Or, dans le cas d’espèce, il demeure constant que le consensus a toujours prévalu sur la prise de décision, de sorte que l’objection formelle d’une seule entité souveraine constitue un veto. Il est indubitable que les votants au sein de la coalition Bss ont voulu mettre du sable dans le couscous. Car, que peut valoir par exemple au sein de Bss la voix du professeur Madior Diouf, pour ne pas oser dire du Rnd (étant entendu que l’autre partie de la formation du professeur Cheikh Anta Diop dirigée par le docteur Diallo Diop s’est détachée) devant le poids électoral d’un parti aussi massifié que le Ps ? Et, les exemples de partis politiques atomiques dans Bss font foison.
Que peut également signifier un vote dont le corps électoral qui devrait servir de base à la légitimation du scrutin n’a pas été consulté au point que les dés soient pipés d’avance ? N’est-ce pas là un forcing et une procédure anti-démocratique de choix d’un candidat de l’unité et du rassemblement, dès lors que la conférence des leaders n’a aucun pouvoir de validation, si ce n’est le consensus. Ce cas de figure opéré par des partis politiques qui n’ont pas voulu respecter les procédures en cours au sein de Bss dénotent la survivance de vieilles habitudes putschistes d’apparatchiks reconvertis qui voudraient se faire une virginité politique à travers le cadre de Bss. Mais, l’habitude étant une seconde nature, la déroute était dans le viseur des coalisés dans la coalition. Toutefois, il faudrait que le camp des putschistes comprenne que ce qui s’éloigne de la vérité et de la justice n’est jamais viable.
Au demeurant, dans le décompte de 33 partis présents à la réunion du premier Décembre 2011 chez Amath Dansohko, il y a lieu d’ajouter, pour être tant soit peu crédible, les partis politiques de Bennoo qui n’étaient pas présents à ladite réunion, dans la mesure où ils ont toujours refusé d’avaliser la candidature unique, ou encore moins le vote comme mode de désignation du candidat de l’unité et du rassemblement (Apr, Aj, Fsd/Bj, etc.). Soit, au total, 40 partis ou plus qui demeurent aussi des composantes à part entière de Bss. A partir de ce moment, nous aurions une minorité de 19 sur 40 ou plus au lieu de 19 sur 33.
En vérité, les partisans d’un vote qui n’est ni juste, ni équitable comme mode de désignation du candidat de l’unité et du rassemblement ont visiblement voulu semer la pagaille dans la coalition et ont voulu gêner les autres plus représentatifs et mieux armés au plan de la cohérence historique en s’appropriant indûment le label de Bennoo et des Assises nationales qui constituent un patrimoine commun. Toutefois, en l’absence d’un accord acceptable par tous, un accord de second ordre et un modus vivendi pour des candidatures multiples limitées dans Bennoo pourraient prévaloir dans un système politique à deux tours où le premier servirait de primaires, mais, à quelque chose malheur est bon.
Kadialy GASSAMA, Economiste Rue Faidherbe X Pierre Verger Rufisque
Le média-mensonge qui a construit le mythe Bennoo
On va affronter le régime de Wade pour remporter le suffrage des Sénégalais et on exige du parti le plus populaire qu’il se range derrière un candidat choisi suivant des critères qui foulent aux pieds le principe même de la représentativité politique !
Tout cela veut dire que la volonté populaire n’a point de sens et de valeur pour ces gens, cela veut dire qu’ils se croient nantis de qualités intellectuelles et de vertus telles qu’ils sont habilités à savoir et à vouloir ce qui est le meilleur pour le peuple.
Pourquoi n’a-t-on pas cherché à voir et à comprendre ce que le peuple en pense ? Cette façon de procéder est révélatrice de la mentalité qui prévaut dans cette structure : on pense à la place du peuple, on le prend en otage, on lui prête des intentions et une adhésion à des chimères.
Ce que tout cela fait voir de façon manifeste aujourd’hui c’est que Bennoo est une assemblée de comploteurs et de manœuvriers capables de choisir un cheval borgne à la place d’un cheval ‘bien voyant’.
Quand on est capable de choisir un candidat à la présidentielle pour une coalition sans critères démocratiques, on n’a aucune crédibilité politique, on n’a que peu de respect pour la volonté populaire.
Parce qu’il y a des bureaucrates et des ‘experts champions’ en bonne gouvernance et en éthique, on ne tient pas compte des questions d’électorat ou on en fait des questions secondaires.
Voilà exactement pourquoi le peuple a toutes les raisons de faire preuve d’une extrême vigilance et de méfiance à l’égard de ces néo-prophètes qui excellent dans l’art de prendre les airs d’un Messie collectif.
Car ce que cette manœuvre qui a abouti au choix de Niass a montré de façon claire c’est qu’on a affaire avec des gens qui sont capables de faire du peuple et de sa volonté un instrument politique.
Maintenant c’est clair que la question de la réforme des institutions n’était qu’un leurre destiné à maquiller une absence morbide d’alternative crédible à ce que le régime de Wade est en train de faire.
On n’a jamais choisi un régime parlementaire ou d’inspiration parlementaire parce qu’on était convaincu de sa fonctionnalité, de son efficience pour notre pays et de ses vertus intrinsèques.
On a simplement imaginé ce clone politique parce qu’on n’avait pas ce par quoi la carrière politique se forge et s’affine : le charisme d’un homme qui suscite respect, admiration et enthousiasme parmi ses concitoyens. Les institutions que Bennoo a imaginées ne sont que des instruments politiques pour dérouler un plan de liquidation de la démocratie et du régime libéral : transformer ses faiblesses en force à la manière de tout imposteur.
Ne pouvant produire ou proposer un homme capable de faire rêver ou de magnétiser les foules par la force de sa personnalité, on a dit qu’une telle personnalité n’est pas souhaitable pour notre pays, pire qu’elle est révolue.
A travers les esquisses d’une réforme institutionnelle, Bennoo a passé tout son temps à ourdir un complot contre un homme et son régime : ils ne sont en rien contre le présidentialisme ; et c’est faire preuve de crédulité extrême que d’attendre de ces gens qu’ils gouvernent ce pays d’une autre manière.
Dans les structures de leur parti, dans le fonctionnement de ceux-ci et dans leurs mœurs, il est aisé de percevoir les symptômes irréversibles d’un présidentialisme plus outrancier que celui de Wade.
Il faut dire que Bennoo a jusqu’ici travaillé pour Wade : si cette coalition avait clairement décliné sa volonté ou dit simplement la vérité au peuple sénégalais, celui-ci lui accorderait certainement plus de crédit.
Maintenant que le média-mensonge qui a construit le mythe Bennoo s’est écroulé, c’est tout leur espoir d’arriver au pouvoir qui s’est fondu comme du beurre au soleil.
Face à l’acharnement de ses adversaires Charles de Gaulle leur lança un jour cette phrase énigmatique : ‘Quelle que soit votre impatience de me voir partir, il vous faudra attendre trois ans. Si Dieu me prête vie, bien entendu. Mais comme vous ne l'ignorerez pas... Dieu est gaulliste.’
Il y a de grandes chances d’entendre Wade paraphraser de Gaulle bien au-delà de 2012 car le peuple sait maintenant que Wade est précisément le problème de Bennoo : cet échec de Bennoo est probablement une justice divine.
Toute la littérature contenue dans les Assises, toute la fertilité politique qui a rythmé la vie de cette coalition en termes de séminaires et de réunions creuses, avaient un seul objectif : barrer la route de façon non démocratique à un adversaire redoutable.
Maintenant que les masques sont tombés, il faut s’attendre à ce que le peuple leur fasse payer leur crime : ils ont passé huit longues années à parler au nom de tout un peuple en se confinant dans un univers aussi exigu (au regard de ce qu’est un peuple) que les salons d’Amath Dansokho, ce forfait ne sera pas impuni.
Pape Sadio THIAM, Journaliste Chercheur en Sciences Politiques 77 242 50 18/76 587 01 63 thiampapesadio@yahoo.fr