« Benno Siggil Sénégal - Atouts d’une victoir
Une élection présidentielle, c’est connu, se gagne véritablement à travers une intelligente articulation entre les trois leviers suivants :
1. Une structure politique de relais auprès du peuple,
2. Un projet politique crédible, audible et accessible,
3. Un leader charismatique, animateur d’une équipe, pour communiquer avec le peuple.
De toute évidence, la coalition Benno Siggil Sénégal dispose du premier levier, puisqu’elle est objectivement une réalité politique qui dispose de puissants relais auprès des millions de sénégalais.
Tout d’abord, cette coalition dispose d’un vivier rural, municipal et régional de plusieurs milliers d’élus répartis sur le territoire national. Ensuite, ses représentants sont élus à la tête des principales collectivités locales du pays dont la capitale, pourvoyeuses d’emplois publics et disposant de budgets locaux cumulés de plusieurs dizaines de milliards de Fcfa. Enfin, l’ensemble des électeurs de ces collectivités locales, correspond à plus de 66% de l’électorat national : Dakar (31%), Kaolack (09%), Diourbel (08%), St Louis (07%), Louga (06%), Fatick (05%).
Cette situation assez inédite dans l’histoire politique du Sénégal, est sans nul doute une lourde responsabilité pour cette coalition. En effet, c’est une tâche d’Hercule pour ces nouveaux élus, que de relever les défis d’une forte demande sociale locale, dans une situation de déliquescence et d’insuffisance des moyens des collectivités locales. A cela il faudra ajouter toutes les peaux de banane glissées par le pouvoir exécutif PDS (les exemples de la gestion des inondations et des secours aux indigents, sont assez édifiants) et le zèle d’une partie de l’administration territoriale, qui traîne les pieds dans le contrôle de légalité.
Que ces nouveaux élus fassent confiance au peuple sénégalais qui les a élus et qui est parfaitement conscient que les choses ne se feront pas du jour au lendemain. En revanche, ce qu’il attend d’eux, c’est une gestion de proximité, un langage de rupture et de vérité, une transparence dans la gestion des affaires publiques locales et des efforts constants pour améliorer leur situation socio-économique. A cet effet, il serait souhaitable que ces nouveaux élus instaurent une gestion participative des collectivités locales avec la mise en place d’indicateurs de mesure simples, fiables et accessibles, dans tous les secteurs de base : éducation, santé, assainissement, électrification, hydraulique ou foncier. C’est ainsi que les élus locaux seraient avisés d’initier la participation des populations aux débats d’orientation budgétaire et d’organiser chaque année au moins, des foras de présentation de leurs comptes de gestion.
En même temps, il appert que ce levier du vivier municipal et rural, offre un énorme avantage politique pour Benno Siggil Sénégal, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. Car, mettre en mouvement tout cet arsenal politique, en faveur d’un candidat, d’une équipe et d’un projet, ne peut qu’aboutir à la victoire finale. Aucun parti politique pris individuellement, ne peut prétendre à autant d’atouts. Ces atouts ont prospéré ailleurs. C’est ainsi que dans certains pays démocratiques, des hommes politiques sont devenus Présidents de la république à partir de rampes de lancements que sont les collectivités qu’ils ont dirigées : Sarkozy à Neuilly, Chirac à Paris, Traian Băsescu à Bucarest, Marc Ravalomanana à Antananarivo. Même si je reconnais que comparaison n’est pas raison. Soit.
Par ailleurs, par ce levier, Benno Siggil Sénégal pourra combler les énormes manquements dans la surveillance du processus électoral, qui ont été constatés lors de la dernière élection présidentielle de 2007, en particulier dans la mobilisation des 50.000 représentants dans les bureaux de vote. Mais il s’agira plus globalement d’assurer une présence vigilante dans des phases décisives du processus électoral : révision et publication des listes électorales, distribution des cartes d’électeurs, publication de la carte électorale aux partis avant le vote, supervision des 13.000 bureaux de votes, récupération de procès verbaux, gestion des recours et des contentieux à temps opportun.
Sur ce, je voudrais appeler les partis membres de Benno Siggil Sénégal, à plus de vigilance particulièrement sur l’évolution du fichier électoral, en particulier lors des prochaines révisions de listes électorales, dans les régions Sud et Nord et surtout dans le monde rural. En outre, les récentes opérations de syndicalisation des paysans, pourraient bien inspirer ‘’certains malins à tenter des opérations suspectes’’.
Par ailleurs, l’opération de modification du code électoral, récemment lancée par le Ministère de l’intérieur devra être abordée avec sérénité et vigilance, mais dans la fermeté des positions pour défendre les principes d’une gouvernance démocratique au Sénégal.
En effet, le code électoral regroupe, au Sénégal, les dispositions législatives et réglementaires relatives aux élections politiques : élection présidentielle, élections législatives, élections sénatoriales, élections rurales, municipales et régionales. Récemment, l’opinion publique apprend ahurie, la démission forcée du Président du Sénat, suite à une audience à lui accordée par le Président de la République.
Or, dans son article L.4, le Code électoral stipule « Les membres de La C.E.N.A sont nommés pour un mandat de six (06) ans renouvelable par tiers tous les trois (03) ans. Et dans l’exercice de leurs fonctions, les membres de La C.E.N.A ne doivent solliciter ni recevoir d’instructions ou d’ordre d’aucune autorité publique ou privée. » Dans son article L.6, il stipule « Il ne peut être mis fin avant l’expiration de son mandat, aux fonctions d’un membre de la C.E.N.A que sur sa demande ou pour incapacité physique ou mentale, dûment constatée par un médecin désigné par le conseil de l’Ordre, après avis conforme de la C.E.N.A ». A l’évidence aucune de ces dispositions n’a été respectée lors de la démission de l’actuel président du Sénat.
C’est cette flagrante violation de la loi électorale qui devrait mobiliser les acteurs politiques et civils et non la modification de l’actuel code électoral, qui de toute façon, subira le même sort que ces prédécesseurs.
Le silence presque assourdissant qui a accueilli cette démission forcée du président du Sénat, nous renseigne sur notre grande capacité d’absorption de couleuvres émanant de nos gouvernants. Et finalement, il serait juste de s’interroger sur l’utilité d’élaborer des lois électorales, dès lors qu’il est loisible au pouvoir exécutif, de les violer en usant divers moyens de pression que leur confèrent les privilèges dûs à leurs rangs.
En réalité, ces insuffisances doivent finir de convaincre l’opposition que sa survie dépendra des rapports de force qu’elle imposera aux PDS et à ses alliés sur le terrain politique.
C’est pourquoi, l’opposition « Benno Siggil Sénégal » devra d’abord mobiliser tous les élus portant ses couleurs, au premier rang desquels les présidents de conseils ruraux, les maires et les présidents des conseils régionaux. Ils devront se mettre en mouvement et mobiliser les populations dans l’adhésion au « projet Benno » et dans la sécurisation et la protection du processus électoral.
Le second levier d’une victoire à l’élection présidentielle est le projet politique à proposer à nos compatriotes
Les travaux des assises nationales, ont abouti à l’élaboration de la charte de gouvernance démocratique, qui trace les grandes orientations dans les domaines politique, économique et sociale. Il va falloir à présent lui donner une forte coloration politique pour qu’il soit identifiable par le citoyen sénégalais comme le « projet Benno ».
Il s’agit Hic et Nunc, de démarrer une vaste campagne de communication avec les sénégalais sur les grandes lignes du « projet Benno ». Il s’agira de réussir l’orchestration du projet, sa mise en musique avec des partitions connues des sénégalais. Il est utile de rappeler une donnée intangible que toute communication présente toujours deux aspects, un contenu et une relation. Le contenu ici sera bâti sur la charte de gouvernance démocratique. La relation est à construire entre le peuple sénégalais et le porteur du projet de la coalition, qui sera son candidat unique, qui sera de préférence un leader charismatique, animateur d’équipe et qui sait soulever les foules. Il portera cette communication avec le peuple sénégalais. Pour éviter toute cacophonie qui aurait un effet boomerang, il sera le principal émetteur communicationnel de la coalition et portera un message audible auprès des sénégalais, car c’est lui qui sera élu. Son message devra être solidement articulé avec le « projet Benno ». Ensuite, toute l’équipe autour du leader, assurera le relais communicationnel en occupant tous les espaces, et ne laissant aucun répit à l’adversaire libéral, qui a plusieurs flèches dans son arc et que le « candidat Benno » aurait tort de sous estimer, malgré son immense impopularité !
Apres la victoire, il va falloir mettre en oeuvre le projet ainsi présenté ainsi que toutes les reformes institutionnelles associées, qui devront évaluées, chiffrées et planifiées. C’est pourquoi, je fais partie de ceux qui ne croient pas à un régime de transition dont la durée serait inférieure à celle du mandat constitutionnel, même si par ailleurs, le prochain mandat devra être une transition vers l’instauration d’une nouvelle république avec une nouvelle armature institutionnelle, fruit d’une profonde aspiration du peuple sénégalais après des décennies de doute. Car j’estime qu’un peuple majeur, qui élit ses dirigeants sur la base connue d’un mandat et d’un projet clairement identifié, s’attend à ce que ce projet soit réalisé dans le délai imparti, sauf s’il est consulté à nouveau par voie référendaire lorsque des situations menaçant l’unité nationale l’exigent. Et l’expérience montre que les réformes d’envergure, qui impactent durablement la marche de la nation, peuvent difficilement se réaliser dans un espace inférieur à cinq (05) ans.
Une telle démarche de l’opposition qui consiste à présenter un candidat qui démissionnera avant la fin de son mandat, risque de leur faire perdre l’élection présidentielle. Elle pose en gros trois problèmes majeurs : d’abord un risque de déni démocratique : comment peut-on, par anticipation inviter à la démission un sénégalais qui serait élu au suffrage universel direct par ses concitoyens, sans prendre le risque de discréditer durablement ce mode de dévolution du pouvoir, consacré par la Constitution et qui sacralise le transfert de souveraineté du peuple vers un son élu ? Rappelons nous que dans un système démocratique Vox populi, vox Dei, pour traduire la prééminence de l’avis du peuple sur toute autre considération ou acte.
Le second problème que cette démarche pose, est qu’il sera difficile de communiquer avec le peuple sur « un candidat de transition ». Le candidat du PDS ne se privera pas de fusiller à tout bout de champ le « candidat provisoire Benno » ; la coalition risque de gaspiller beaucoup d’énergie à convaincre les électeurs sur le bien fondé de la transition, et se détournera de l’essentiel qui est d’amener les sénégalais à se débarrasser de ce régime PDS de destruction nationale.
Enfin, élu, son « pouvoir de transition » risque d’être un lieu d’intrigues, de manoeuvres et de torpilles de toutes sortes, dans le sens des intérêts des uns et des autres qui souhaiteront positionner leur candidat à la fin de la transition. Les missions de la transition risquent d’être plombées par des intérêts partisans, faisant perdre au Sénégal, énormément de temps, d’énergie et des ressources publiques. Alors qu’il y’a des urgences dans tous les secteurs !
A mon avis, on peut éviter la tragédie des dérives liberticides du PDS, en engageant durant le prochain mandat, tous les chantiers de reformes souhaitées par la transition comme l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Constitution, le rééquilibrage des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire tout en préservant la crédibilité du suffrage universel. Certains me rétorqueront que, le régime de transition permettra à la coalition Benno Siggil Sénégal de différer les querelles sur les ambitions personnelles : mais comment convaincre le peuple que Benno Siggil Sénégal pourra faire des choix hautement plus difficile, sur des sujets comme le démantèlement des réseaux mafieux qui infectent aujourd’hui l’espace publique ?
En plus, la question pour un leader politique de respecter ses engagements, relève plutôt de son attachement à l’éthique et à la morale publique et non aux multiples « garrots politiques et institutionnels » qui lui seront appliqués. C’est pourquoi, le critère de l’éthique et de la morale publique, devrait être déterminant dans le choix du leader qui portera les couleurs de la coalition. Si, au sein de la coalition, on considère qu’aucun parmi les leaders n’est en mesure de s’en tenir aux engagements qu’il aura actés avec ses pairs et contresignés par un jury d’honneur représentatif, alors le peuple sera bien fondé à émettre les même réserves sur la coalition Benno Siggil Sénégal. Et ses adversaires de s’en donner à coeur joie, au grand dam des millions de sénégalais qui portent un énorme espoir pour cette coalition !
Le troisième levier pour gagner une élection présidentielle, est le choix d’un leader charismatique.
Apparemment, c’est le levier qui semble poser un souci à la coalition Benno Siggil Sénégal. Ce qui ne devait pas être le cas. En effet : « Une élection présidentielle ne relève pas d’une simple arithmétique électorale mais d’une alchimie entre un homme et un peuple », révélait un célèbre homme politique français.
Sauf à considérer que le Sénégal est une démocratie à part entière, cette assertion vérifiée dans la plupart des systèmes démocratiques, est aussi valable dans notre pays. Cette alchimie entre le leader choisi et le peuple, est une voie inéluctable surtout dans un pays à majorité rurale, analphabète et pauvre, où la notion de « Ndjiite », de « Kilifa », de « Kifi Nekk », de « Borom deuk Bi » sont des réalités objectives ancrées dans le subconscient collectif. Certes, la tragédie libérale a échaudé plus d’un. Mais ne perdons pas de vue des évidences démocratiques. Les peuples ont besoin de connaître, d’identifier, de s’identifier et d’être rassurés par l’homme ou par la femme qui compte les diriger.
Le choix du « candidat qui portera les couleurs du Benno », devra se faire dans une démarche qui met en avant l’intérêt du Sénégal, privilégie le consensus et met l’accent sur les compétences intrinsèques des candidats sur le plan humain et dans la gestion des affaires publiques. Le choix se ferait alors à travers des critères universellement reconnus et qui tiennent compte des réalités historiques, sociologiques et politiques du Sénégal.
Dans une élection présidentielle qui désignera celui qui occupera la fonction de chef de l’Etat, il me parait juste, que la connaissance de l’Etat, soit le premier critère déterminant et discriminant. Ensuite, c’est le gouvernement qui dirige l’Etat. Il serait donc souhaitable que la connaissance du gouvernement soit aussi un critère déterminant. Le gouvernement étant responsable par ses actions devant les citoyens, le leader choisi devra disposer d’un fort ancrage politique local : être capable de gagner ou de faire gagner une région au moins, de préférence une parmi les ‘’Big Seven’’, que sont Dakar (31%), Thiès (13%) Kaolack (09%), Diourbel (08%), St Louis (07%), Louga (06%), Fatick (05%). . Enfin, puisque sa parole pèsera lourdement sur la gestion des affaires publiques, son éthique, son intégrité et sa moralité publique, devront être attestées par ses pairs et par des sources reconnues et dignes de foi.
En outre, il devra disposer de certains critères personnels classiques nécessaires à un bon leader comme la crédibilité, le bon jugement, la capacité d’initiative, la capacité d’innovation, le sens de l’organisation, la capacité à imposer une décision d’intérêt général, la capacité à faire adhérer à des valeurs, la capacité à créer et entretenir des réseaux nationaux et internationaux, en particulier une faculté à rediscuter nos accords et engagements avec les bailleurs de fond et les partenaires au développement.
Le leader devra être un rassembleur, un homme de dialogue et de consensus et un animateur d’équipe. Il devra être capable de mobiliser autour de lui toutes les forces vives de la Nation, en particulier les parties prenantes aux assises nationales, qui ont eu à élaborer la charte de gouvernance démocratique, socle du futur projet de société.
A l’évidence, un tel profil existe bien au sein de la coalition Benno Siggil Sénégal. S’il en existe plusieurs, alors il va falloir les mettre en conclave dans une salle. Alors là, tous les patriotes seront suspendus en prière au balcon de l’infatigable travailleur de la démocratie Amath Dansokho, en attendant impatiemment qu’il nous annonce : Annuntio vobis gaudium magnum : Habemus princeps cipis * « Je vous annonce une grande joie : nous avons un chef d’Etat. »
En définitive, Benno Siggil Sénégal, dispose assurément des atouts pour gagner en 2012, s’il maintient de ses principales composantes. Ceux parmi ses leaders qui prendront la responsabilité de « casser la dynamique unitaire Benno », assumeront devant l’histoire et devant le peuple sénégalais, une lourde responsabilité qui restera gravée dans la mémoire collective.
Alioune SARR
Coordonnateur National de l’ANCP
Annuntio vobis gaudium magnum : Habemus princeps cipis * Empruntée à la célèbre locution latine : Annuntio vobis gaudium magnum : Habemus Papam,