Désespérant !
Délivre-nous des mollahs, amen
Souleymane Jules Diop Jeudi 18 Déc 2008
« L’homme de qualité exige tout de soi.
C’est un souverain. L’homme sans qualité
exige tout des autres. C’est un despote »
Louis PAUWELS
Il faudra une plus grande hauteur à nos historiens du futur, pour comprendre dans quelles circonstances des imams dévoués à la prière ont été poussés hors des mosquées, pour adhérer au parti de la révolte. Mais on ne peut pas ne pas y percevoir, dans l’immédiat, ce que tout le monde s’imaginait déjà, l’effondrement de notre classe politique. Tout le monde craignait le « mouvement ». Le pouvoir parce qu’il n’en voulait pas du tout. Il croyait garder la haute main sur les mosquées. L’opposition craignait plus que tout, un déchaînement incontrôlé. C’est le cas avec ce mouvement de révolte : pas d’armes, pas de programme, pas d’intérêt partisan. Une révolution aux mains nues. Même le Coran a été rangé dans les placards. Le discours programmatique se limite à dire non au « Shah » sur l’électricité.
Ce sont pourtant tous ces défauts qui font la force de ce nouvel activisme populaire. Personne ne pourra le récupérer. Le pouvoir ne pourra surtout pas accuser ces septuagénaires d’être à la solde de l’opposition. Ce serait la pire des insultes et le meilleur moyen d’ajouter à leur chapelet de revendications, la tentation de la radicalisation. Je ne dis pas qu’il n’y en aura pas qui ne vont pas échanger leur rigorisme affiché contre quelques liasses de billets. Mais il serait illusoire pour le pouvoir de penser qu’en corrompant quelques uns, il peut corrompre tout le monde. Ce serait prendre les conséquences pour la cause.
Depuis le lancement de la lutte, la waderie est prise entre la tentation d’amadouer les leaders du mouvement et l’obligation de punir ceux qui leur obéissent. Contre la vie chère et les repas « sautés », Hassan Bâ et ses ouailles avaient imposé les tapis de prière, en s’assurant la génuflexion des esprits dociles. Leur travail n’a pas été vain. Il y en a qui font encore l’impossible pour s’accrocher à leurs illusions.
Mais les plus âgés ne peuvent plus se nourrir de promesses, parce qu’ils ne peuvent pas attendre. Ils ont vécu, la plupart d’entre nous enfants, les promesses d’un kilogramme de riz à soixante francs. Ils ont à leur charge les enfants perdus du Sopi, ceux qui ont porté le vent du changement dans leurs ventres vides. Abdoulaye Wade leur promet un avenir, mais c’est d’un présent qu’ils veulent. C’est ce qui fait la différence entre les jeunes qui manifestaient il y a trois mois et les aînés qui marchent aujourd’hui. Les premiers n’ont pas d’avenir, alors que les seconds manquent de présent. Le président de la République leur promet un futur plus acceptable, mais il ne leur dit pas ce qu’ils doivent faire de leur présent insupportable.
Les mollahs de Guédiawaye ont investi les rues parce que la misère les a chassés des mosquées. Ils n’ont pas un programme politique, leurs revendications ne sont pas articulées, mais gardons-nous des préjugés et des stéréotypes. Ce sont pour la plupart de grands commis qui ont connu la fonction étatique quand elle avait encore quelque chose de valorisant. Ils ne sont pas l’Etat, mais ils connaissent la structure des prix. Ils ne sont pas la Senelec, mais ils connaissent le prix de revient du kilowatt/heure. C’est pourquoi leur colère se justifie. Nous sommes le port d’entrée de nombreux pays d’Afrique de l’ouest, mais nous sommes les plus chers en tout. Il est devenu insupportable qu’à chaque fois que l’économie nationale est affectée, les plus pauvres supportent les caprices des plus riches. Malgré la crise économique, les pontes du régime rivalisent de belles villas tout le long de la bordure maritime qui va des Almadines au Cap Manuel. Tandis qu’à l’autre extrémité de la péninsule, des millions de personnes croupissent dans la misère absolue. Cet enrichissement éhonté est une insulte à tous ceux qui font face à la précarité quotidienne. La colère que ces guides religieux expriment est la supplique intime de chaque sénégalais. S’ils brandissent les factures de courant, c’est que ces bouts de papier sont devenus le symbole d’un acharnement financier aveugle. Mais ils pouvaient ajouter à leur liste l’huile, la viande et même le poisson, hors de portée des ménages. La mer en face, à force d’être sollicitée, ne rejette plus que les cadavres de ceux qui tentent d’échapper à la misère terrestre.
C’est une malédiction qui s’abat sur Abdoulaye Wade. Après avoir théorisé, célébré, magnifié les vertus de la résistance populaire, le voilà qui se débat pour ne pas en être la victime. Il n’y a que la cupidité qui peut expliquer cette déroute monumentale. Cette terrifiante phrase lâchée en présence de Me Sidiki Kaba et de Me Madické Niang, « nos ennuis d’argent sont terminés ». C’est à ce moment précis qu’il s’est obstiné, pour ne jamais s’arrêter. Si Iba Der Thiam veut avoir une idée exacte des injustices subies en huit ans de wadisme, qu’il se rappelle à quoi se limitaient ses possessions en 2000, près de vingt ans après sa première collaboration avec le gouvernement Diouf. Et qu’il nous révèle l’étendue de sa fortune d’aujourd’hui. Il n’y a pas meilleur instrument de mesure que la Peugeot rouillée qui gisait au devant de son domicile de la Liberté 4, investie par les souris et les rats. Il doit se rendre compte que les 400 000 francs mensuels et les sacs de riz alloués aux membres de la « Cap 21 » avaient de meilleurs destinataires. Malgré les nombreux signaux d’alerte, le pouvoir a persévéré dans la provocation, avec un président de la République que rien n’arrête. Les Sénégalais vont boucler une année d’intenses déceptions avec l’impression, la quasi certitude dois-je dire, que le pire les attend pour 2009. Et bien, nous ne ferons pas le procès du Duché sans faire celui de ses suppôts. J’ai connu la plupart de ces hommes. Leur reddition sans condition face à la puissance de l’argent est effrayante. Personne d’entre eux n’ignorait que le je-m’en-foutisme érigé en système de gouvernement conduirait à la catastrophe. Ils sont les complices de cette grande entreprise de prévarication, avec un degré de frivolité jamais atteint par le passé. L’Etat, nous l’avons vu, a engagé les agriculteurs dans une fête de la moisson digne des kolkhozes et des sovkhozes russes. Maintenant que les paysans ont assuré leur part de récolte, l’Etat n’a rien prévu pour leur acheter leur production. Un véritable suicide assisté. En plus de refuser les soins au monde paysan malade, il lui retire la perfusion qui le maintenait en vie.
La situation est si grave qu’après les mollahs, le pays entier doit trouver les moyens de faire face. Si nous laissons les religieux faire la loi, ils se croiront obligés de nous imposer leurs lois.
Mais nous vivons dans un pays étrange. Pendant que les imams s’opposent dans la rue, la classe politique s’en remet à Dieu, l’éternel coupable. J’en trouve, même dans l’opposition, qui se soumettent à la sémantique de compromis : le peuple doit savoir qu’il doit en faire son affaire ». Ils ne parlent pas de la misère sociale, ils parlent des prochaines modifications de la loi électorale ! C’est comme si tous les politiciens avaient comploté ensemble contre le pays. Abdoulaye Wade est sans doute inexcusable, et seul responsable de ce qui nous arrive. Mais ses adversaires lui ont rendu la tâche trop facile, il faut avouer. A bien des égards, les politiciens pourraient, comme les avocats, s’appeler des « confrères ». Quand ils plaident leurs causes, ils peuvent devenir les pires ennemis. Dès qu’ils finissent leurs plaidoiries, ils deviennent les meilleurs amis. Les députés connaissent cette forme de dépravation sous une autre forme. Après s’être insultés devant les caméras de la télévision nationale, ils se retrouvent à la buvette de l’Assemblée nationale pour se congratuler. Ils ont fait de nous des athées de la politique. C’est pourquoi les mollahs font recette, pardi !
SJD
Auteur: Souleymane Jules Diop
FERLOO.COM
El hadj Hamidou Diallo, Sg du Brds : « Garder le pouvoir est une question de vie ou de mort pour les Wade »
Le Secrétaire général du Bloc pour le renforcement de la démocratie au Sénégal (Brds), parti créé en 2004, a rompu le silence. Dans un entretien qu’il nous a accordé, le Pr El Hadj Hamidou Diallo a, sans langue de bois, parlé de l’après-Wade. Pour M. Diallo, si Karim veut se présenter pour la succession de son père, c’est parce qu’il est obligé de défendre un système dont il est question de rendre pérenne pour se mettre à l’abri des poursuites judiciaires. Par rapport aux activités du Front siggil Senegaal, le leader du Brds a soufflé le chaud et le froid sur Niasse et compagnie.
Le Matin : M. EL Hadj Hamidou Diallo, vous-êtes le secrétaire général du Brds. Depuis les dernières élections législatives, les Sénégalais n’entendent plus votre formation sur la scène politique. Qu’est ce qui explique ce mutisme ?
Nous avons été à l’élection présidentielle dans une coalition avec Idrissa Seck. Après l’élection présidentielle, nous sommes partis aux élections législatives dans le cadre de la coalition Takku Defaraat Sénégal avec Robert Sagna.
Et, ce sont ces deux expériences qui ont été malheureuses pour nous,qui nous ont fait comprendre qu’un parti, dans le cadre d’une coalition, subissait toujours l’oppression de ce qu’on appelle"grand parti". Donc, il y a toujours un phénomène de chantage, de chantage financier, quand on n’a pas beaucoup de moyens financiers, c’est dur d’être dans le champ politique et de s’y maintenir. Un parti politique, c’est une agence sociale. Le chef de parti ne résout pas des problèmes politiques dans son parti mais des problèmes sociaux. Ça fait qu’en dehors des élections, il n’est pas judicieux d’entretenir son parti. C’est pour ça que notre parti ne reste pas entièrement dans le champ politique. Nous faisons beaucoup du social et nous créons des emplois. C’est dans l’éducation que nous créons le plus de choses. Donc, nous avons pensé que pour faire de la politique, il fallait que je crée des écoles. Nous donnons des emplois à nos militants et nous formons la jeunesse. Ce qui fait qu’en attendant qu’on arrive aux joutes électorales, nous sommes sur le terrain pour travailler. Nous ne faisons pas de la politique, nous travaillons.
Quelle lecture faites-vous de la marche de protestation des Imams de Guédiawaye contre le coût élevé de facture d’électricité ?
C’est une substitution. Le front social est en train de se substituer à la société civile et aux partis politiques. La société civile est une société civile de ballon. Ils se réunissent, ils font du bruit. Ils ont des partenaires étrangers. Ils ont des sommes immenses qu’on leur donne. Ils travaillent avec cet argent au nom du peuple. Mais s’ils (les membres de la société civile) se regardent, ils n’auront même pas cinquante personnes. S’il s’agit des partis politiques, chaque militant qui se déplace demande le transport. Donc, gérer un parti politique, c’est gérer aussi une organisation de la société. C’est dur. Conclusion : le peuple lui-même est arrivé à un moment où il n’a plus de repère. Il s’est rendu compte que personne ne peut plus le défendre. C’est pourquoi, le front social s’est substitué à la société civile et aux partis politiques. Il s’est rendu compte chaque fois qu’il marchait, il trouvait une solution à ses problèmes. Quand les jeunes de Niary-Tally ont fait du bruit, on a eu pendant deux ou trois mois le courant sans problème.
Et ça, c’est un danger parce que les partis politiques et la société civile constituent pour le pouvoir un terrain de discussion où l’on peut apaiser le front social. Mais ce front social va vers une ébullition. Et d’ébullition en ébullition, il tend vers une révolte. Et les révoltes ne sont pas bon pour un pays, ça détruit tout et on recommence à zéro. Dix ou quinze de construction pour un pays qu’on a péniblement mis en œuvre. Donc, c’est très dangereux et pour le pouvoir et pour tous les partis politiques et pour la société civile que de laisser des gens aller dans des marches. Un illuminé peut se lever et dire qu’il veut faire une marche. C’est dire que n’importe qui va se lever pour faire une marche. Mieux vaut qu’il n’y ait pas des marches, discuter avant que les marches ne se préparent. Donc, il faut prévenir. Il faut reconnaître qu’il y a une absence institutionnelle totale. L’État est absent partout.
Les tripatouillages de la constitution par le régime en place font dire à beaucoup d’observateurs de la scène politique que le Sénégal n’est plus un modèle en matière de démocratie. Votre commentaire ?
Notre parti, il s’appelle le bloc pour le renforcement de la démocratie au Sénégal (Brds). Nous n’avons pas voté la Constitution de 2001 parce que nous avons très tôt su qu’on allait vers des dérives monarchiques, dictatoriales. Et c’est à ce stade que nous en sommes. Wade dirige tout seul au sommet. Et il a toute une équipe de gens qui ont compris qu’il faut s’enrichir vite parce que ce pouvoir va disparaître. Donc, il n’a pas de gestionnaires autour de lui. Ce sont des gens qui cherchent à s’enrichir, des gens qui lui disent n’importe quoi, et lui-même, il croit à tout ce qu’on lui dit. Mais ils vont tous payer. Un franc qu’ils auront pris ils le rembourseront.
Comment vont-ils le rembourser ? Je ne sais pas. Mais je sais que tôt ou tard ils rembourseront. Un bien mal acquis dessert toujours le voleur. Il n’y a plus de démocratie dans notre pays. Alors qu’avec Senghor il y avait de la démocratie. Abdou Diouf a suivi la voie et a transmis cette démocratie à Wade. Ce dernier devait grandir cette démocratie. Où est-ce que nous en sommes ? Ce n’est pas parce que le droit de marcher est reconnu constitutionnellement qu’il y a de la démocratie. Non. C’est triste ce qui se passe dans notre pays. Maintenant on est la risée non seulement continentale mais universelle. Tout le monde se moque du Sénégalais. On ne dit plus rien. C’est pourquoi, nous tous nous nous croisons les bras et comptons sur les marches pour régler nos problèmes. La démocratie n’a pas évolué au Sénégal, elle régresse.
Êtes-vous du côté de ceux qui pensent qu’il faut un dialogue politique entre pouvoir et opposition pour sortir notre pays des crises multisectorielles ?
Absolument. C’est pourquoi, je dis que je ne suis pas contre le Front siggil Senegaal. Je suis pour des Assises nationales mais pas dirigées par ceux qui sont derrière ce Front siggil Senegaal. C’est parce que c’est obscur pour moi. Le Brds a été le premier parti à dire que le Sénégal ne pouvait sortir de ses problèmes que si l’on s’asseyait pour discuter. Le Sénégal est une terre de dialogue. On doit discuter entre nous. Que ça soit dans nos familles, dans la rue, on nous a appris à dialoguer. Tant qu’on n’a pas dialogué, on ira de problème en problème. Et c’est là qu’interviennent les entourages des chefs de parti. Tous les entourages en général ne veulent pas le dialogue. Parce que dans ce dialogue, eux, ils perdent leurs avantages. Et c’est aux chefs de partis de se rendre compte qu’on est en train d’hypothéquer l’avenir de nos enfants.
Notre force au Sénégal, c’est parce qu’on dialogue qu’on évite beaucoup de conflits. Même quand il y a des conflits, ils se terminent autour d’une table. Au lieu de terminer par un dialogue autour d’une table, commençons par un dialogue. Ça va nous épargner d’un conflit. Donc, il faut qu’on dialogue.
Que pensez-vous des intentions prêtées à Karim Wade de vouloir succéder à son père à la Magistrature suprême ?
Ce n’est pas pour succéder. Non. Il ne cherche même pas à succéder. Pour lui (Karim, ndlr), il est obligé de se présenter parce qu’il s’agit de défendre un système. Le parti libéral, depuis 2000, a installé un système qui doit mettre énormément de personnes en prison. Ce système doit perdurer jusqu’à leur mort. Ils sont obligés de rester au pouvoir jusqu’à leur mort. Dès qu’ils perdront le pouvoir le nouveau régime va les traîner devant les tribunaux. Donc, ce n’est pas un problème de succession. C’est une question de vie ou de mort. Pour eux, il doit y avoir de succession en succession pour rester cinquante ans au pouvoir. Jusqu’à ce que nous tous nous nous éteignions et eux également qu’ils meurent au pouvoir. Si jamais ils perdent le pouvoir, tous y compris leurs alliés et peut-être même moi qui vous parle, on devra répondre de chaque franc que nous avons eu du système libéral, et comment expliquer tout l’argent qui a été dilapidé par ce système.
À votre avis, vu l’âge avancé du président Wade, est-il opportun de poser le débat sur sa succession au pouvoir ?
On ne doit pas parler de succession. On n’est pas en royaume. Non. On doit aller aux élections et le meilleur va gagner. Quand tout le monde parle de succession, c’est quoi si c’est un roi qui doit disparaître ou laisser le pouvoir et il y aura une succession. On doit aller vers des élections libres et démocratiques. Il ne s’agit même pas de parler de succession. La Constitution dit que chaque cinq ans on doit tenir des élections. Donc, on doit aller aux élections. Lui, (Wade,ndlr) c’est au sein de son parti maintenant qu’ils vont voir est-ce qu’il doit être remplacé ou pas ? Ça ne m’intéresse pas de savoir si Wade restera secrétaire général du Pds ou pas. Mais je sais que c’est urgent pour le peuple sénégalais de remplacer et Wade et son système. C’est urgent. C’est vital pour nous.
Donc, là vous vous retrouvez dans le combat que mène le Front siggil Senegaal ?
Le Front siggil Senegaal, c’est un front constitué de hautains. La plupart des chefs de partis de cette coalition de l’opposition sont hautains. Je ne suis pas devin pour dire qu’ils font du bruit mais ils vont casser bientôt. Dès qu’on arrivera aux élections, ils ont donné cette habitude, tout le monde veut être devant. Si c’était un Front avec quelqu’un devant, il ferait beaucoup mal, il serait beaucoup plus contondant. Mais puisque c’est une façade, elle ne peut rien pénétrer. Ils auraient dû mettre devant quelqu’un que tout le monde accepterait de suivre. Comme disent les Gauchistes, les Socialistes, on va taire nos contradictions secondaires pour aller vers la contradiction primaire pour descendre le régime de Wade. Mais un front où tout le monde veut être devant ne peut pas faire ce travail. Parce que nous allons combattre en face un front dirigé par Wade, qui va faire mal. Wade, c’est un pic. Un front contre un pic, c’est toujours le pic qui va pénétrer dans le front. Donc, le Front siggil Senegaal doit pouvoir dire dès maintenant au peuple sénégalais qui il va mettre devant. Ils vont atteindre jusqu’à la veille des élections, et Moustapha Niasse ira d’un côté et Tanor de l’autre. Non. Le peuple veut savoir derrière qui il sera. Le peuple sénégalais est un peuple qui n’a pas de rétroviseur. Nous ne regardons pas dans notre passé. Le peuple sénégalais est généreux, il pardonne. Donc, vous faites des choses ignobles, vous revenez pour vous présenter, il n’y a pas de problème, vous avez des gens qui vont voter pour vous. Puisque le peuple sénégalais ne veut pas regarder dans le rétroviseur, ne veut pas de leçon historique, l’histoire va donc nous donner sa leçon.
Le Front siggil Senegaal est constitué de chefs de parti qui sont prétentieux. Ils ne reçoivent même pas le peuple et ils veulent diriger un pays. Il faut d’abord pouvoir recevoir les gens. Quand vous voulez voir un chef du Fss, il est plus facile de rencontrer Abdoulaye Wade qu’un secrétaire général du Fss. Il y a tellement de patrons dans leur parti. Pour voir un secrétaire général de parti, c’est tout un circuit. Il vous faut au moins trente personnes pour trente jours. Donc, je ne suis pas avec le Front siggil Senegaal, mais je ne suis pas contre lui.
Donc, je ne suis pas avec le Front siggil Senegaal, mais je ne suis pas contre lui.
Source : Le Matin
Sourd-muet
Le baril du pétrole a atteint son plus bas niveau depuis des années. Il se monnaie à moins de 40 dollars. Et pourtant, le régime libéral fait le sourd-muet, concernant la diminution des denrées de première nécessité, les factures de l’électricité, de l’eau…Il nous pompe toujours l’air avec leur disque rayée, la crise mondiale, autant dire leur « crise mondiale ». Qui bénéficie de cette vie chère ? Les tenants du pouvoir, car ils ont presque cannibalisé toutes les structures de l’Etat, au point de gagner des fortunes sur le dos des pauvres gorgorlous. Désespérant!
( Mor Todjangué )
LE QUOTIDIEN:
Comprendre la fronde des Imams de la banlieue dakaroise contre le racket énergétique
18-12-2008 Pour comprendre la révolte des populations de la banlieue admirablement guidées par certains chefs religieux, ceux là même qui ont compris que leur intérêt se confond avec celui des populations et pas ceux qui ne pensent qu’à leur jouissance personnelle, il faut commencer par rappeler que, sans électricité en offre suffisante et de qualité, point de développement économique ou de bien-être des populations.
Si en plus d’être privés d’électricité la majeure partie de la journée, les foyers reçoivent des factures identiques ou le plus souvent plus élevées que d’habitude, grevant ainsi des budgets presque entièrement dédiés à l’alimentation, il y a de quoi être révolté.
Sans être spécialiste en la matière, une rapide lecture des études et rapports de la Bceao et autres institutions ayant travaillé sur le thème des facteurs de production dans la zone Uemoa, permet de tirer des constats alarmants sur cet élément indispensable à toute politique de développement que constitue l’électricité, à l’instar de l’eau.
D’abord, le prix de l’électricité sous le régime de Abdoulaye Wade n’a cessé d’augmenter. De 2002 à 2008, soit en 6 ans, le prix de l’électricité a doublé au Sénégal. En effet, de 73 francs Cfa le Kwh en 2002 (soit le 3e plus cher de l’Uemoa), le prix de l’électricité moyenne tension est passé au Sénégal à 82 francs Cfa/Kwh en 2006 avant de culminer à 120 francs Cfa/Kwh pour le domestique et 160 francs Cfa/Kwh pour l’usage professionnel sous la nouvelle grille tarifaire (voir pièce jointe) imaginée par Samuel Sarr. On connaît les dégâts sur le secteur de l’énergie au Sénégal notamment lorsqu’il était à la tête de la Senelec (lire par ailleurs un article de juillet 2008 publié sur notre site : “Humeur : Samuel “Doe” Sarr, : apprenti électricien mais pas sapeur-pompier du tout” - http://www.socialisme republiquesn.org/humeurs/humeur-samuel-doe-sarr-apprenti-electricien-mais-pas-sapeur-pompier-du-tout.html).
Ensuite, force est de souligner que l’Etat libéral n’a jamais esquissé une réelle politique d’offre énergétique à même d’assurer des services de santé, d’éducation et de communication d’un coût et d’une qualité acceptable à la population. En témoigne la recrudescence des délestages et autres coupures ayant atteint un niveau jamais connu avant l’accession de Abdoulaye Wade à la Magistrature suprême.
La production énergétique au Sénégal est largement de source thermique donc, dépendante du pétrole. Lorsque les prix du brut ont augmenté, de manière du reste conjoncturelle, l’Etat en a profité pour justifier la mise en place d’une nouvelle grille tarifaire structurelle accompagnée d’une hausse drastique du prix de l’électricité. Alors on ne peut pas comprendre que lorsque le prix du pétrole baisse, l’Etat ne répercute pas cette baisse sur les factures des populations.
Si l’énergie hydroélectrique constitue une part substantielle dans certains Etats comme le Mali (79.9 %), la Côte d’Ivoire (25,7 %), le Burkina Faso (19 %), c’est tout le contraire au Sénégal, où malgré les barrages de Diama et de Manantali érigés sous le régime socialiste, la part de cette source d’énergie est quasi insignifiante. Le Sénégal, le Mali et la Mauritanie se partagent 800 GWh produits par Manantali. Le 1er mégawatt produit par Manantali a alimenté le Mali en 2001 – quid du Sénégal ? Quelle est la part exploitée par le Sénégal ? Que dire de la tourbe et de la biomasse en quantité suffisante au Sénégal et non exploitée ?
C’est dire que l’Etat libéral n’a jamais su ou voulu mettre en place une politique d’autosuffisance énergétique efficiente. Au lieu de cela, Samuel Sarr et compagnie nous renvoient à des échéances de plus en plus lointaines de résolution des problèmes énergétiques du Sénégal laissant ainsi le développement du pays être tributaire des cours mondiaux du baril et des lobbys du pétrole.
Et comme l’avait souligné Koffi Annan l’ancien Secrétaire Général de l’Onu, en s’adressant à Abdoulaye Wade et Obasanjo, ce qu’un gouvernement n’a pas su faire en 8 ans, il ne le fera pas en plus de temps.
En réalité, Samuel Sarr et le gouvernement libéral sont tout simplement en train de se livrer à une politique de racket sur les populations, les industries, les services et autres agents économiques. Mais cette politique d’asphyxie a ses limites. A trop traire la vache, il n y aura bientôt plus de lait.
Il est alors urgent, comme l’ont démontré les Imams, que les populations sénégalaises se dressent contre ce racket d’Etat et refusent de payer ces factures exorbitantes que le prix des intrants de la Senelec ne justifie pas. Il est hors de question que les conséquences désastreuses de la gabegie et de la mauvaise gestion de nos sociétés nationales par les libéraux soient prises en charge par des populations déjà au bord de l’asphyxie.
Oumar NDIAYE - Socialisme et République Sénégal / http://www.socialisme-republiquesn.org
Campagne de Leeral Askan wi contre le paiement des factures d’électricité
18-12-2008
Les Rufisquois exigent le départ immédiat de Samuel Sarr
N’en pouvant plus de cette situation plus qu’alarmante, les populations de Rufisque ont décidé de ne plus payer les factures d’électricité et demandent à l’ensemble des populations de se joindre à leur mouvement. Mais ce qu’ils exigent fermement, c’est le départ immédiat du ministre de l’Energie, Samuel Ahmet Sarr. C’est du moins ce que révèle Leeral Askan wi.
Par Astou Winnie BEYE
A Rufisque, il doit y régner un climat morose. Les brassards noirs que le mouvement Leeral Askan wi incite les populations à arborer sont la preuve qu’elles sont toutes affligées par la situation du pays. Leeral Askan wi, qui mène une campagne de sensibilisation depuis quelque temps, démontre, à travers ces brassards noirs, que les Sénégalais portent des deuils, financier, matériel, électrique, sanitaire, politique, etc. «Au cours de ces tournées, la principale revendication des populations est le départ immédiat de Samuel Ahmet Sarr de la tête du ministère de l’Energie, non sans rappeler que, lors des récents dépassements budgétaires, le ministre du Budget a fait les frais de cette turpitude, sans délais, par un limogeage retentissant», a fait savoir Omar Faye, président dudit mouvement.
De plus, «les factures d’électricité exorbitantes pour les ménages et les coupures intempestives d’électricité ont achevé les chefs de famille qui ne savent plus où donner de la tête, avec leurs provisions qui pourrissent tous les mois», lit-on dans un communiqué rendu public par Leeral Askan wi. Et M. Faye d’ajouter que «s’il existe un deal secret entre Samuel Sarr et le président Abdoulaye Wade, il faudrait que les Sénégalais le sachent. Il faudrait aussi, que le Président Abdoulaye Wade cesse de faire diversion pour régler certains problèmes». En guise d’analyse prémonitoire, Omar Faye et ses camarades écrivaient : «Le Conseil Interministériel tenu, ce matin (le lundi 15 décembre 2008) ne résoudra aucun des problèmes des Sénégalais ; il sert tout juste à tempérer l’ardeur débordante des populations et émousser les tensions sociales».
Pour «refuser le vol et l’arbitraire», Leeral Askan wi demande à l’ensemble des populations de ne plus payer les factures d’électricité de la Senelec. Il les invite également à «intégrer les organisations sociales, les organisations religieuses, surtout, pour régler leurs problèmes à la place des partis politiques qui ont, depuis très longtemps, montré leurs limites objectives quant à la prise en charge des difficultés auxquels ceux qui les ont élus, sont quotidiennement confrontés».
Le mouvement basé à Rufisque considère qu’«aujourd’hui, il est clair que ce sont les populations elles-mêmes qui peuvent régler, leurs problèmes en barrant la route à ceux qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts». Ainsi, Leeral Askan wi de Rufisque promet, à travers son président Omar Faye, d’être «toujours à la pointe du combat pour que la vérité puisse triompher au bonheur de nos concitoyens».
Stagiaire