Le problème des mathématiques au Sénégal
CONTRIBUTION
Article Par Maimouna Wagane DIOUF, Bachelière S1 ,
Paru le Samedi 22 Aoû 2009
Ceci n’est point une révélation : l’école sénégalaise traverse une crise dans le domaine des mathématiques. Les résultats du concours général sénégalais dans les classes de terminales en attestent si besoin est. Il est inutile d’insister sur l’importance des mathématiques pour le développement d’un pays. Nous nous proposons de présenter notre humble réflexion sur cette question qui préoccupe, à juste raison, tout citoyen sénégalais soucieux du développement de notre pays.
Les problèmes que nous avons crus identifier sont les suivants : le statut de l’enseignant de nos jours, la sorte de mythe que constituent les mathématiques pour beaucoup d’élèves, la difficulté liée à la non maîtrise de la langue d’enseignement et enfin la façon dont est géré le programme d’enseignement.
Lors de son discours à la cérémonie solennelle de remise des prix aux lauréats du concours général sénégalais, M. le président Me Abdoulaye WADE, en invitant à la réflexion sur le statut de l’enseignant, a posé le doigt sur un problème important. En effet, l’importance associée à ce statut a un double impact. D’abord, en revalorisant cette profession, qui est des plus dignes d’être honorées, on parviendrait dans une large mesure à combler le déficit de professeurs de mathématiques déploré par M. le Ministre Kalidou DIALLO lors d’une conférence de presse. En effet, les nombreux débouchés offerts par la filière permettent de s’orienter vers d’autres professions plus considérées, à tort. Par ailleurs, cela rendrait les relations entre l’enseignant et l’élève plus propices à créer de favorables conditions de transmission du savoir. Nous ne notons plus dans nos classes le climat de quasi vénération du professeur jadis présent, bien au contraire. Or cela est d’une grande importance pour la réceptivité de l’élève. Un élève ayant beaucoup d’estime pour son professeur accordera plus d’intérêt à sa matière et fournira par conséquent plus d’effort pour la maîtriser ne serait-ce que pour avoir en retour l’estime du professeur. Il va sans dire que cela s’applique d’une manière générale à toutes les matières.
Nous en venons à un point plus particulier aux mathématiques : la crainte inspirée par cette matière. «C’est trop difficile», voilà la réponse fréquemment donnée par les élèves interrogés sur les difficultés éventuelles qu’ils rencontraient dans l’étude des mathématiques. Cette opinion souvent préconçue et rarement contredite par les professeurs de mathématiques fait que nombre d’élèves baissent les armes sans lutte à la première difficulté qui survient. Certes il ne faudrait pas entraîner un effet pervers en présentant les mathématiques comme une matière facile d’accès mais il ne convient pas non plus de dresser tout un mythe autour des «sacro-saintes mathématiques» qui ne seraient à la portée que de quelques rares privilégiés. Des actions doivent donc être menées pour rendre les mathématiques plus attrayantes ; ce qui contribuerait à susciter l’intérêt et l’envie de les comprendre. Les médias pourraient être d’une grande utilité.
Le problème de la langue d’enseignement
Le troisième point que nous traiterons est un vieux problème : celui de la langue d’enseignement. La maîtrise de la langue française dans laquelle se fait l’essentiel des études sénégalaises pose un problème non moins important que celui des mathématiques. En effet, une bonne maîtrise de cette langue est une condition sine qua non à la bonne compréhension des autres matières. Il n’est pas rare de voir des élèves buter sur des exercices voire des notions faute de comprendre l’énoncé. En attendant donc que nos langues nationales deviennent langues d’enseignement (l’espoir est permis mais ceci est un autre débat), il est indispensable d’apporter des solutions à ce problème afin de pouvoir résoudre celui des mathématiques.
Le dernier point que nous aborderons concerne une tare dont souffre l’ensemble de l’enseignement moyen-secondaire, principalement dans le public. Il s’agit du fait que tout au long du cursus de la 6ème à la terminale, le programme de chaque classe n’est qu’exceptionnellement enseigné dans son intégralité. Cela est particulièrement déplorable lorsqu’il s’agit des mathématiques du fait de la fréquente complémentarité entre les différentes parties qui la composent : une notion non vue dans une classe peut s’avérer indispensable à la compréhension de nouvelles notions. Le professeur déjà en charge d’un vaste programme se trouve alors contraint à compléter celui des classes précédentes. Certains professeurs ne se donnent point cette peine (peut-on le leur reprocher ?). Ainsi, de classe en classe, l’élève traîne des lacunes de plus en plus importantes. Une profonde révision du programme d’enseignement sénégalais à tous les niveaux est donc nécessaire mais ne saurait suffire si des solutions durables ne sont pas apportées aux fréquentes crises qui secouent l’école publique sénégalaise.
Nous voudrions enfin attirer l’attention sur la nécessité d’inclure les élèves dans la recherche de solutions au problème qui nous intéresse : principaux concernés, leur point de vue est indispensable pour en saisir tous les aspects. Nous espérons avoir apporté une contribution, aussi modeste qu’elle soit, à la réflexion faite sur le sujet.