Appel au président de la République
Par conviction
Bientôt, dans moins de deux mois, les citoyens sénégalais arpenteront le chemin bien balisé des urnes pour choisir démocratiquement, un Président de la République. Avant ce rendez vous, la nation Sénégalaise doit dépasser et surmonter l’épreuve fatidique de la validation des candidatures à l’élection présidentielle du 26 février 2012. Les enjeux liés à la fonction de Président de la République ont fait susciter beaucoup de polémiques et de débats scientifiques sur la recevabilité de la candidature de l’un des candidats déclarés. Ce qui a permis d’assister au Sénégal aux moins à deux tendances contradictoires : une, totalement contre ladite candidature sous les éclairages de constitutionnalistes avertis, et l’autre approuvant avec véhémence sa recevabilité sur la base de thèses émises par des professeurs émérites venus d’ici et d’ailleurs. Cette « scène » observée dans un petit pays, sous développé et de tradition francophone, dénote sans ambages, la vitalité de la démocratie sénégalaise. Cela prouve, quoi que « déconsolidée souvent», que notre modèle de démocratie rassure et augure des lendemains meilleurs pour tout observateur sérieux. C’est une démocratie respectée et respectable à tout point de vue.
C’est justement parce que le SENEGAL est connu pour sa longue tradition démocratique que, nous sommes convaincus, quelque soit les menaces et craintes qui planent sur la période préélectorale, le peuple triomphera sur ceux qui veulent que le « chaos » s’empare du SENEGAL. A ceux qui théorisent, préparent et concoctent des schémas, stratégies et Plan Marshall pour installer le pays dans une situation comparable et regrettable qu’a connu la Cote d- Ivoire, se déchantent.
Le citoyen sénégalais est suffisamment imbu de valeur et de sens civique pour empêcher qu’une pareille catastrophe ne se produise chez le peuple de Cheikh Ahmadou Bamba, d’Oumar FOUTIYOU TALL, de Mame Seydina Limamoulaye, de Baye NIASSE, de Yacinth Thiandoum et de tant d’autres érudits. Les acquis conquis sous la chaleur et la sueur par d’éminents hommes d’Etat : Blaise DIAGNE, Lamine GUEYE, SENGHOR, Mamadou DIA, Valdiodio NDIAYE… etc., ne resterons pas vains. Non ! Se ne sera pas un eternel recommencement. Le peuple est vigilent.
Le 29 janvier 2012, conformément aux missions qui lui sont conférées par la constitution et les lois républicaines, le Conseil constitutionnel, organe suprême, garant de l’organisation et du déroulement équitable des élections, dira le droit. Le verdict tombera ; et nous devons tous en tant que citoyen, le respecté. C’est un acte sacré. Une décision irrévocable. L’acceptée et avancer droit aux choses sérieuses : les élections. Là, devant l’urne, le vote triomphera.
La justice des hommes n’étant pas parfaite, nous prédisons, avant même que la sentence ne tombe, que les contestations fuseront de partout, quelque soit la « couleur » de la décision prise. Il y aura toujours des insatisfaits. Seule la justice de DIEU est irréprochable. Ce qui est fondamental, est que, les cinq sages, choisis en fonction de leurs personnalités de leurs compétences et de leurs professionnalismes, prennent en toute conscience, une décision juste adossée sur l’esprit et à la lettre de notre Charte fondamentale. Le peuple appréciera et l’histoire retiendra le jugement rendu.
Cela dit, sans pour autant essayer de moraliser ou de tenter de verser dans un langage d’apaisement ou de conciliation, nous pensons franchement qu’un peuple qui se dit attaché aux valeurs démocratiques , ne doit jamais franchir le rubicond en installant le désordre et l’anarchie parce que simplement une candidature à la présidence a été validée ou invalidée. De toutes les façons, le droit est essentiellement, une matière à interprétation. Les positions des uns et des autres sont connues de tous. Pour nous, c’est un détail ; ce qui importe et précieux pour notre peuple, c’est d’avoir, à l’issu des élections transparentes, libres et équitables , un PRESIDENT apte à conduire les destinées du pays vers des lendemains enchanteurs. Un Président qui saura respecter sa parole et qui veillera aux respects scrupuleux du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs . Montesquieu ne disait-il pas, d’ailleurs, ceci : « tout serait perdu si le même homme ou le même corps. (…) exerçait ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques et celui de juger les crimes » .
Il s’agira, en effet, d’instaurer un Etat fort, orientant ses actions uniquement dans la satisfaction de l’intérêt supérieur de la nation. Un Etat dans lequel, l’exécutif est cantonné dans le sillage de la définition et de l’exécution de la politique de la nation, le législatif, proposant des lois dont le seul intérêt est de propulser le développement économique et social, et le judiciaire faisant respecter la loi dans toute sa rigueur.
Nous n’avons pas besoin de Président providentiel. Les mérites d’un Président, ne se décrètent pas ; ils se découvrent chaque jour que le Soleil se lève. Nous avons la forte conviction qu’un pays ne peut se développer s’il n’a pas d’institutions fortes mais aussi d’un Homme fort . C’est d’ailleurs pourquoi, la pluralité des candidatures annoncées ou déclarées, tant décriées à tort ou à raison, ne fait que nous réjouir. L’Homme - Président peut être « chanteur », horticulteur, artisan, juriste, économiste, ingénieur, administrateur, et même commis. Peut importe. Il s’agit d’être guidé d’une seule et unique ambition : servir le peuple et non pas assouvir sa faim sur la sueur des bras valides du peuple. Il est certes difficile de connaitre ce personnage, de le reconnaitre et de l’identifier à priori. La campagne électorale qui s’ouvrira à partir du 05 février prochain, est une occasion à saisir pour écouter, analyser, critiquer, disséquer pour enfin, jauger, parmi nos différents leaders, celui qui est capable de conduire le bateau à bon port.
De ce point de vue, seul l’axe programmatique et la manière dont il est articulé et décliné par le candidat permettront de déceler la sincérité et l’aptitude du futur dirigeant. Le choix se fera sur la base de la pertinence du programme.
Le Sénégal ne mérite pas d’un bain de sang mais d’une paix durable pour espérer faire partie dans les dix prochaines années parmi les pays développés où les enfants en âge d’aller à l’école trouveront des infrastructures adaptées et adéquates pour suivre des études de qualités, où les jeunes formés auront sans difficultés le travail, où les femmes ne rendront pas la vie en la donnant, où les agriculteurs, les commerçants, les artisans, les éleveurs feront prospérer leurs activités dans la plus grande quiétude.
Le Sénégal, nous sommes convaincu, vaincra les craintes liées à l’insurrection tant décriée, et peut être même, planifiée dans de luxurieux salons de personnes dont le seul souci immédiat est de renverser l’ordre normal établi pendant des siècles par nos braves aïeux pour installer leur propre ordre. Nous disons non. Non aux troubles à l’ordre public. Non aux saccages des bus de Dakar Dem Dikk, patrimoine commun. Non aux sabotages de quelques bords qu’ils puissent provenir. Le peuple civilisé n’est pas celui qui crie à l’apocalypse.
Notre nation a connu des élections bien avant la naissance de presque tous les potentiels aspirant à la gouvernance du pays. Le chemin des élections au Sénégal ne s’arrêtera pas en 2012 ; ce n’est qu’une étape. La longue marche de la démocratie sénégalaise va continuer et continuera encore pour illuminer la vie du citoyen lambda.
QUE TRIOMPHE LA DEMOCRATIE SENEGALAISE.
Bocar Abdoulaye LY,
Militant du Sénégal.
Le dernier discours
J’ai eu du mal à écrire ces lignes après le message du Nouvel An du président de la République. Pourtant, dès dix-neuf heures trente, j’avais pris mon stylo et un bloc-notes dans lequel je n’ai, en définitive, écrit que l’heure de démarrage du discours et l’heure à laquelle le président a clôturé son message.
Mon premier choc fut la lecture des titres du journal télévisé : il n’y eut aucune référence au message ! Etait-ce un oubli coupable ? Il n’en fut rien car Madame Bineta Wagué commença à dérouler son journal comme elle le faisait les jours ordinaires. Ma confusion et mon trouble s’amplifièrent lorsqu’elle annonça que la diffusion du discours était différée à vingt-et-une heure. J’ai failli craquer, éclater en sanglots ! J’étais triste et je le suis resté jusqu’au bout, à la fin du discours.
Ai-je entendu les mots dits ? Ai-je saisi le message dilué dans des détails et des faits anecdotiques ? Me suis-je indigné de la manière dont la crise casamançaise fut abordée ? Enfin, je n’ai même pas pu rire de la confusion entre bulletin unique et scrutin de liste ! J’ai vu les yeux exorbités du président, tournés vers le tableau imaginaire, placé en face de lui, tandis que ses mains maladroites jouaient à tenir des feuilles qu’il ne lisait pas ! J’ai observé un visage plastique d’où ne sortait aucun sourire encore moins de la chaleur, ce goût de la vie que le président avait la magie de communiquer à son auditoire ! J’avais un sentiment fou que le président n’éprouvait aucun plaisir à lire ce discours, il s’acquittait d’un devoir pour lequel, il assurait la présentation, je dirai la représentation.
Le rideau est tombé, un dernier symbole s’est affalé, le Discours à la Nation banalisé, désacralisé et la RTS1 y a rajouté sa touche, en le traitant comme un évènement ludique, en diffusant des clips pour faire patienter les téléspectateurs comme elle a l’habitude de le faire, lors des matchs de l’équipe nationale de football ! Je me suis senti mal dans ma peau, j’ai senti quelques frissons traverser mon corps. Ai-je pleuré ? Je ne sais plus !
J’ai voulu écrire, les mots furent introuvables et les idées impossibles à saisir. Ce trente-et-un décembre 2011, un ressort semble s’être cassé entre le président et son peuple. Désormais, sa crédibilité intellectuelle et sa capacité physique sont en doute.
Au lieu d’écrire, dans mon esprit, trois choses différentes sans rapport se sont entrechoquées. Je ne sais pas d’ailleurs pourquoi ?
‘Nguur kenn du ko ñedd !’
C’est bien la fin, la tragédie prend le chemin d’une farce ! D’acteur lorsqu’on est réduit à jouer un rôle, fut-il le plus prestigieux, il est difficile de le réussir surtout lorsque le démenti d’une démission d’un ministre prend la place du message solennel alors que les partisans de ce dernier exprimaient leur colère dans les médias. Il n’y a que l’entourage médiocre et transfuge du président qui continue à croire à une étoile en phase d’extinction. L’homme a des limites naturelles !
‘Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai.’
Ces vers, d’un poème des Contemplations que Victor Hugo dédia à sa fille Léopoldine décédée, me sont aussi venus à l’esprit. J’ai eu de la compassion très forte pour Abdoulaye Wade, j’ai senti le sursaut de désespoir d’un père de famille qui se noie et qui veut sauver sa famille en danger de mort. J’ai vu des mains affaiblies s’agripper désespérément à la queue d’un caïman qui, saisi d’une première surprise, s’en prit aux premières pirogues sur son chemin. Les mots n’ont plus de sens, ils ne sont dits que pour attirer l’attention, les actes qu’ils soient choquants ou même ridicules vont paradoxalement dans le même sens. Les esprits sont braqués, les yeux ont des œillères, les sangs chauds, l’opposition veut en découdre car les signaux visibles appellent à la lutte sans merci.
Pourtant pour sauver le Sénégal, il faut comprendre qu’il faut sauver Abdoulaye Wade et sa famille ! Le M23 qui est le regroupement le plus large de l’opposition devrait aller le rencontrer, lui faire trois propositions. La première, contre le retrait de sa candidature, qu’aucune poursuite ne sera intentée contre lui et les membres de sa famille : son épouse, Sindiély et Karim. Je sais que certains lecteurs non avertis des risques que court ce pays pourraient ne pas comprendre mais, à mon humble avis, c’est la solution la plus économique pour le Sénégal.
La seconde, reculer les élections au mois de juin pour permettre au Pds de trouver un candidat. Et, enfin, la troisième, mettre en place un gouvernement de large union pour conduire cette transition dont l’objectif unique est l’organisation d’élections législatives et présidentielle pacifiques et transparentes. Dans ce gouvernement, les ministères de l’Intérieur, de la Justice et des Forces armées seront confiés à des personnalités civiles ou militaires reconnues pour leur indépendance.
Ces vers du poème, la mort du Loup, du poète Alfred de Vigny, me viennent à l’esprit :
‘Le Père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa Louve reposait comme celle de marbre
Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velus
Couvaient les Demi-Dieux Rémus et Romulus. ’
Et je me suis dit que nous devons méditer la strophe suivante du même poème :
‘Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé. ’
Le pays est à un tournant de son histoire. Si le président de la République semble avoir perdu le sens de la raison, le M23 ne devrait pas le suivre dans cette course vers le chaos. Le M23 devrait, encore, pour une ultime fois tendre la main au président de la République. Il ne reste guère que quelques petites semaines. J’ose espérer que les Khalifes, les bonnes consciences, l’Union africaine et les amis du Sénégal joueront leur rôle.
Que Dieu protège notre cher Sénégal !
Abdoulaye COULIBALY
Les masques tombent sur les mystificateurs de la Nation : ma carte mon vote !
Nous étions une société bien organisée : les politiques faisaient de la politique, la société civile faisait du développement, les syndicalistes, la défense des travailleurs, les sportifs du sport, les danseurs, la danse, les lutteurs, la lutte. Les enseignants enseignaient, les étudiants étudiaient et les religieux s’occupaient de nos âmes.
Puis vint l’ère des pauvres hères, individus sans foi ni loi, qui envahissent et corrompent tous les secteurs. Encagoulés, au nom de la Nation et de la défense des intérêts du peuple martyrisé par le politique, ils promettent monts et merveilles à ces crève-la-faim en contrepartie de leur adhésion à leurs mouvements ‘sociaux’.
Ils sont de tous les côtés des barrières
Ils ‘représentent’ la société internationale et nos partenaires au développement en leur soutirant des sommes énormes qu’ils sont censés reverser aux pauvres citoyens affamés et incultes.
Ils sont membres des ligues internationales de syndicats sans qu’ils n’aient jamais adhéré à un syndicat national.
Ils transforment sportifs, lutteurs, danseurs et talibés, en bétail électoral, taillable et corvéable par le politicien le plus offrant.
Ils sont journalistes engagés qui se rendent compte sur le tard, que la candidature n’est pas un jeu et que le Saloum se refuse à jeter sa contribution par la fenêtre. Alors, toute honte bue, ils font face à ce peuple qu’ils ont tenté de flouer, pour lui dire : ‘amouma khaliss’.
Le mot est lâché, l’élection est une question d’argent.
N’en ayant pas soi-même suffisamment, alors, il faut vite se rabattre sur un candidat pigeon en mal de supporteurs, pour lui faire les poches.
D’autres, conjoncture oblige, ont senti avec l’âge et le périclitement de leurs affaires, la nécessité d’une conversion rapide en homme politique émérite, parce que Fecc Mo Ma Ci Boole au lieu de Fekke Mo Ma Ci Boole !
Blâme parfait pour toutes ces vieilles dames que la galanterie m’empêche de qualifier, mais dont la voix criarde et nazillarde déformée par l’âge et les vicissitudes de leur sombre existence, fait désordre dans nos écoutilles. Chassées par les portes, elles s’incrustent par les fenêtres !
Que dire alors de tous ces ‘patriotes’ qui ont ‘honorablement servi notre peuple’ pendant 20 ans et plus dans des organismes internationaux, sans jamais rien faire pour notre peuple, droit de réserve oblige. Mis à la porte ou à la retraite, ils se découvrent brusquement une fibre patriotique exceptionnelle qui les pousse à venir au chevet de notre peuple moribond. Certains d’entre eux, après avoir remué la boue des partis politiques, vont s’y lover sans honte, pour disent-ils, accéder aux organes de décision d’où ils pourront aider notre pauvre peuple.
Chapeau bas pour ce grand démocrate, grand défenseur des droits humains, depuis 20 ans, sans partage, à la tête de son organisation. Il crie plus fort que les loups et, à la tête de la meute, ne discerne pas son combat de celui de ses acolytes.
Comment peut-on ne pas parler de tous ces défenseurs du peuple qui, depuis 10 ans et même plus pour d’autres, ont servi mielleusement tous les pouvoirs en place en avalant à la queue leu leu toutes les couleuvres qui leur ont été présentées. Mis à la porte sans ménagement, ils se découvrent brusquement une âme de protecteur du peuple. Avec l’argent douteux accumulé sur le dos du peuple, ils se lancent à la conquête du pouvoir pour mieux asservir ce peuple qu’ils ont vocation à servir.
Nous ne pouvons terminer notre propos s’en parler de ces politiques politiciens, les plus dangereux de la République, qui naviguent en dessous de la barre des 2 %, depuis 20 ans qu’ils sont, oh les grands démocrates, à la tête de leur cabine de résonnance. Comme des mouches, ils tournent inlassablement autour des leaders, pour les saouler de conseils qui éloignent ceux-ci de leurs militants. Ce sont des sangsues qui surfent au-dessus de tout le monde, s’incrustant dans les organes de décisions de leurs alliés en les phagocytant et les faisant pourrir par la tête. Ils grouillent dans les états-majors des candidats, confortablement installés dans les présidiums, mais incapables d’amener à leur mentor, ni épouses ni enfants, encore moins des militants.
Les masques sont tombés sur les mystificateurs de la Nation et les faces hideuses d’avidité en pièces résonnantes apparaissent. Les grandes idées jadis prônées avec force conviction ont fait place à une plate servitude devant leur nouvelle idole à la bourse pleine. Une seule attitude prône désormais sur la place électorale devenue pour deux ou trois mois, un marché électoral : ramasser le maximum d’argent auprès du candidat et procéder à de grandes retentions pour en distribuer le moins possible.
Dans cette attitude machiavélique, le plus à craindre est cet ‘allié’ proche du pouvoir, qui aide le président Wade à retrouver la porte de sortie tout en s’enrichissant sur son dos. Partout, il place ses hommes et attend son heure !
En plus de ces ressources financières, les escrocs politiques cherchent une proximité auprès du candidat, pour se faire une bonne place aux législatives, si un poste de ministre, ou de président de conseil d’administration, ou de directeur général ou d’ambassadeur n’est pas disponible.
Mais, un certain dimanche de février et, pour bientôt, dans le secret de l’urne, ‘ma carte, mon vote’ dira la vérité à tous. Et, ce jour, ça fera très mal.
En conclusion, quand un dirigeant, pour ne pas voir de concurrent à son pouvoir, s’entoure de médiocres, il court le risque de ne point avoir d’héritier politique. Quand un chef se contente de la rumeur qui dit : ’c’est un bon chef, mais son entourage est mauvais’, c’est que ce chef est à l’image de son entourage.
Le Sénégal est ainsi devenu, du fait de nos principaux leaders, la république de l’incompétence.
Que c’est triste pour ce pays qui regorge de ressources humaines !
Que DIEU protège notre pays !
El Hadj Hamidou DIALLO, Secrétaire général du Brds
Appel au président de la République
Après avoir différé plusieurs fois cette prise de parole, il m’est aujourd’hui apparu indispensable, ne serait-ce que par devoir citoyen, de participer à la réflexion sur la situation de notre pays. Cela me paraît d’autant plus impérieux que, en vérité, ce ne sont plus seulement les esprits pessimistes qui avertissent des graves dangers qui guettent la démocratie sénégalaise. Au contraire, les Sénégalais de souche comme d’adoption, ainsi que les Amis du Sénégal et les institutions internationales, savent parfaitement lire les signes évidents d’un chaos dont il ne suffit plus, désormais, de dédramatiser ironiquement la probabilité, d’un simple revers de la main. L’irréversibilité, l’étendue et la profondeur des dommages, directs comme collatéraux, l’interdisent à chacun d’entre nous.Ces situations prévisibles et lourdes de dangers peuvent être évitées et c’est tout le sens qu’il faudrait donner à ma présente intervention.
Ayant accompagné le président Wade depuis son accession à la magistrature suprême, après avoir participé à l’alternance survenue en 2000, nous avions tous loué ses efforts inlassables et son combat pour l’accomplissement des desseins qu’il a toujours nourris pour le destin de notre continent.
Chantre de la démocratie et du panafricanisme, Maître Abdoulaye Wade est entré dans l’Histoire et y restera. En effet, depuis 2000, il a, en tant que chef de l’Etat du Sénégal, réalisé bon nombre de programmes qui resteront pour la postérité.
Pour ma part, le problème de bilan ne se posera pas à lui tant il a ouvert de chantiers aussi divers que variés dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de la diplomatie, de la réduction des fossés et fractures entre le Nord et le Sud en termes numérique et scientifique et dans bien d’autres domaines encore. Sans compter son attachement obstiné à la souveraineté de l’Afrique et à la gouvernance mondiale, une posture qui s’imposait dans un contexte de mondialisation où notre continent risquait d’être laissé en rade.
C’est donc le lieu de m’adresser au Président de Tous les Sénégalais : Après tout ce que vous avez fait pour notre pays et pour le destin de l’Afrique, Monsieur le président, vous êtes aujourd’hui face à votre destin. Je le dis d’autant plus sincèrement que Dieu vous a donné un grand destin. Au soir de ce destin, vous avez encore des décisions capitales à prendre. Celles-ci sont, naturellement, graves et déterminantes pour notre pays et pour l’Afrique qui a toujours été au cœur de votre inlassable combat.
Monsieur le président, même si je peux me tromper, je suis de ceux qui pensent que cette belle et noble page que vous avez su écrire si magistralement devrait être jalousement et héroïquement fermée par vous et par vous seul.
C’est donc sur la manière que je voudrais particulièrement insister. En effet, pour toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais, sans exception aucune, votre geste doit être impérativement et exceptionnellement beau, inoubliable. Vous le méritez !
Puissiez-vous voir que, autant vos partisans dont nous sommes et qui vous appelaient affectueusement ‘Le Sauveur’ en 2000 comme le commun des Sénégalais, partisans et opposants confondus, aspirent tous, sincèrement et définitivement, à ce que vous entriez dans l’Histoire des Grands hommes et femmes ayant sauvé leur peuple.Monsieur le président, vous avez déjà Tout gagné avec le Peuple. Restez alors avec le Peuple !
C’est mon vœu le plus ardent, pour vous et pour mon pays.
Papa Ibra SAMB Professeur Titulaire de Biologie Végétale de Classe Exceptionnelle Chevalier des Palmes Académiques du Cames
Le scrutin présidentiel de 2012 face aux défis de la paix, de la stabilité et de la sécurité en Afrique de l’Ouest
Le Sénégal a rendez-vous avec l’histoire. L’élection présidentielle du 26 février 2012 va sans nul doute marquer son développement politique et institutionnel. Jamais, en effet dans ce pays, élection n’aura soulevé autant de passions, intéressé le citoyen, cristallisé les énergies et suscité la réaction voire la préoccupation d’acteurs politiques de pays étrangers.Jamais également un scrutin n’aura créé autant de tensions pré-électorales, annonciatrices d’une issue pas évidente et peu certaine pour la stabilité politique, la paix et la sécurité dans ce pays.
La base de toute cette passion, de cette adrénaline montante repose sur la question de la recevabilité de la candidature du président sortant, Me Abdoulaye Wade. La réponse est négative et en même temps positive selon que l’on se situe dans le camp de l’opposition ou de celui de la mouvance présidentielle. La question divise également les techniciens de l’interprétation de la règle de droit.
Ce débat pré-électoral sur la recevabilité de la candidature de Wade, du fait de l’interprétation par les uns et les autres de la Constitution dont l’esprit certain est de limiter le nombre de mandats présidentiels à deux, annonce un contentieux électoral avant terme. Dans cette perspective, la décision du Conseil constitutionnel en faveur ou en défaveur de la candidature sujette à interprétation risque d’être contestée plus ou moins violemment par les deux camps. Des leaders politiques ont déjà annoncé leur volonté de descendre dans la rue au cas où le Conseil constitutionnel validerait la candidature d’Abdoulaye Wade.Le contexte pré-électoral déjà marqué par la violence, la tension béante pourrait continuer à rythmer tout le déroulement du scrutin présidentiel inédit.
Les batailles politico-juridiques et judiciaires que mènent mouvance présidentielle et acteurs politiques et civils réunis au sein du Mouvement du 23 juin ‘Touche pas à ma Constitution’, sont révélatrices de ce qui pourrait résulter des opérations de vote du 26 février 2012, au Sénégal.
Toutefois, une issue incertaine de ce scrutin au point de vue sécuritaire et de la stabilité politique interne, pourrait avoir des conséquences fâcheuses au-delà des frontières nationales. C’est dire qu’il faudrait tenir compte, dans le monitoring de la situation pré-électorale, électorale et post-électorale, du double déterminant politique interne et externe de l’élection présidentielle du 26 février 2012 au Sénégal.
Le Déterminant politique interne de l’élection présidentielle de février : la stabilité politique et institutionnelle du Sénégal
L’élection présidentielle mettra en lice une dizaine de candidats dont certains sont entre autres portés par des mouvements citoyens en plein essor. C’est cet essor d’ailleurs des mouvements citoyens dont la neutralité politique n’est certainement pas le trait caractéristique, qui fait l’originalité du contexte actuel.
Les différentes coalitions politiques, notamment celles de l’opposition, déclarent toutes fonder leur projet de société sur les conclusions des Assises nationales (elles ont rassemblé, entre le 1er juin 2008 et le 24 mai 2009, plus de 140 acteurs de la vie publique sénégalaise, représentants de partis politiques, de la société civile et personnalités diverses). Ces coalitions s’engagent également à soutenir le candidat de l’opposition le mieux placé en cas de second tour contre le candidat du parti au pouvoir.
Cependant, l’élection présidentielle du 26 février 2012 va, d’une manière ou d’une autre, sonner le renouvellement du personnel politique avec la fin de carrière de certains leaders. C’est dire qu’il est quasi certain que l’on va vers une recomposition du paysage politique au Sénégal.
Sous ce rapport, la perspective d’une fin de carrière pour certains acteurs politiques peut être un motif de crispation du processus électoral. En ce sens qu’avec l’instinct de survie, des candidats peuvent être tentés de mobiliser tous les moyens possibles pour continuer d’exister. Il faut s’accorder avec Daniel Poliquin, que, ‘l'instinct de survie est plus fort que n'importe quoi, plus fort que l'amour même quoi qu'en disent les bonnes âmes. C'est la nature.’ Cette peur de la mort politique subite pourrait être source de préoccupation sur l’issue du scrutin du 26 février 2012.
A cela s’ajoute que l’âge avancé du candidat sortant Me Wade vaudra son pesant d’or dans la portée des suites que réservera le scrutin présidentiel de février 2012. A 86 ans, même si sa candidature était régulièrement validée et qu’il gagnait les élections de façon transparente, le candidat Wade n’aurait pas pour autant les moyens humains nécessaires d’assumer correctement les charges de président de la République. Dans un tel scénario, l’Etat pourrait être à la merci de l’accaparement de forces rivales soucieuses de leur survie et non de l’intérêt général.
Cela présente le risque de faire basculer le Sénégal dans une bonne période de turbulence politique, institutionnelle et sociale. Une telle instabilité dans un contexte de récession économique pour un pays comme le Sénégal qui ne tire une bonne partie de ses richesses que de l’aide au développement, peut être lourde de conséquences pour les ménages.
Par ailleurs, l’élection présidentielle de 2012 coïncide avec la résurgence, l’intensification de la violence en Casamance où les combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) ne cessent d’agresser les positions de l’armée nationale avec de nouveaux et sérieux arguments. Ce qui ne milite pas sûrement en faveur de l’apaisement du climat politique.
Et, toute instabilité politique, institutionnelle et sociale au Sénégal, accentuerait la défaillance sécuritaire non seulement dans la région sud mais également au niveau des frontières voisines voire dans la sous- région.
Le déterminant politique externe de l’élection présidentielle de février : la paix et la sécurité dans la sous-région ouest-africaine
Une issue incertaine de l’élection présidentielle de février 2012 au Sénégal ne manquerait pas d’affecter et d’enfoncer la région ouest-africaine déjà fragile et en convalescence suite à plusieurs crises politiques coûteuses en vies humaines.
Le Sénégal est, en Afrique, un exemple de stabilité politique, institutionnelle et sociale malgré l’existence d’un foyer de tension dans sa région méridionale. C’est l’un des rares pays à n’avoir pas connu jusqu’ici un coup d’Etat. Ce pays a une tradition électorale depuis son accession à la souveraineté internationale voire bien avant. L’alternance survenue en 2000 à la faveur d’élections libres, transparentes et sans violence est l’illustration d’une maturité politique certaine. Sa stabilité politique a fait du Sénégal une terre de refuge des ressortissants des pays de la sous-région affectés par des guerres civiles et des conflits armés.
Au plan diplomatique, le Sénégal joue un rôle non négligeable en Afrique d’une façon générale et dans la sous-région en particulier. Sous ce registre, ce pays a joué et continue de jouer un rôle de premier plan dans les processus de paix en Afrique de l’Ouest et dans les opérations de maintien de la paix à travers le monde entier.
Ce qui précède illustre éloquemment le rôle du Sénégal dans la stabilisation, la construction de la paix et de la sécurité en Afrique et notamment dans la sous-région. Vu sous cet angle, le scrutin présidentiel sénégalais du 26 février 2012 ne peut générer une issue heureuse que s’il est tenu dans une perspective de consolidation de la paix, de la stabilité politique et sociale et de la sécurité en Afrique de l’Ouest.
La préservation et le renforcement des acquis politiques, institutionnels et démocratiques tant internes qu’externes engrangés par ce pays et qui sont fondamentaux dans la préservation d’un climat de paix et de sécurité en Afrique, doivent en ce moment précis, être des priorités en matière de stratégie de prévention des conflits en Afrique de l’ouest.
La plus grande partition doit être d’abord jouée par les Sénégalais eux-mêmes et ensuite par la communauté internationale. La classe politique sénégalaise, dans sa globalité, doit mesurer pleinement ses responsabilités dans la préservation des opportunités de paix et de stabilité politique légendaire de ce pays.
Au rang de cette classe politique, les tenants actuels du pouvoir ne devraient pas faire moins que leurs prédécesseurs qui ont su se comporter en véritables hommes d’Etat soucieux de l’intérêt général, dans l’organisation du scrutin présidentiel de 2000, qui a vu l’avènement de l’alternance politique au Sénégal, dans un climat de paix et de stabilité.
Les acteurs de la société civile doivent également prendre suffisamment de recul afin de rééditer le rôle qu’ils ont joué notamment dans la survenance de l’alternance en 2000 et qu’ils ont toujours joué en faveur d’une démocratie apaisée au Sénégal.
Les organisations régionales et sous-régionales et les institutions internationales en charge de la prévention et de la résolution des conflits en Afrique doivent garder à l’esprit l’impératif de consolidation du processus de paix. Ainsi, face à la tension politique génératrice de violence qui ne cesse de monter, la Communauté internationale doit éviter de jouer au médecin après la mort, éviter d’être coupable de non-assistance à un pays en danger et peser de tout son poids afin que l’élection présidentielle de février 2012 puisse se dérouler dans de bonnes conditions.
L’escalade de la violence qui a pris une dimension incroyable (pour qui connaît le Sénégal) avec l’échange de tirs d’arme à feu, en plein jour, à la Mairie de Sicap-Mermoz, la veille de l’investiture du candidat Abdoulaye Wade, suivie de l’ouverture d’une information judiciaire, est un indicateur suffisant de ce que serait l’élection présidentielle de février.
Alors, continuer à faire du Sénégal un pays exemplaire en termes de stabilité politique, de démocratie et de leader africain dans la construction de la paix durable, doit rester le credo de tout homme politique, de tout citoyen, et de tout acteur institutionnel national et international.Les enjeux électoraux ne doivent pas l’emporter sur les défis de la stabilité au niveau interne et de la paix et de la sécurité au niveau sous-régional.
Malamine TAMBA, Juriste- Politologue malamine@yahoo.com
La Fonction de président de la République : fiction ou fantasme ?
L’élection présidentielle sénégalaise qui profile à l’horizon avec le ballet incessant des candidats, donne assurément le prétexte pour réfléchir sur les motivations de ceux qui aspirent à assumer la fonction de président de la République. Bien évidemment, tout citoyen, s’il remplit les conditions définies par la Constitution et le Code électoral, a le droit de présenter sa candidature à une élection présidentielle dans un pays qui se veut démocratique.
Vouloir prendre en charge le destin d’une communauté nationale est une noble ambition. Du reste, c’est l’ambition tout court qui guide inexorablement la vie de toute personne. Ce n’est pas pour rien que le sociologue allemand, Norbert Elias, affirmait de façon lapidaire que pour connaitre un individu, il faut connaître les ambitions auxquelles il tend à réaliser et sa vie n’aura de sens que s’il parvient à les réaliser. Ainsi, les amis d’enfance ou les voisins des candidats déclarés pourraient témoigner, dans une certaine mesure, du caractère logique et cohérent de leur candidature.
Mais il faut reconnaitre que, pour la prochaine élection présidentielle, il existe des candidats fantaisistes et fantasques qui n’ont qu’une simple vision sommaire et parcellaire des responsabilités de président de la République. Ne sont-ils pas téléguidés par une sorte de prédiction mystique ou astrale traduite en ces termes : ‘Mon enfant, tu seras, un jour, président dans ce pays’ ? Un tel fait ne peut que les projeter résolument dans une fiction présidentielle qui pourrait être assimilée à un simple fantasme. En tout état de cause, nul ne doit être candidat pour des motifs narcissiques et nombrilistes, surtout pas pour ‘plaire à sa femme’ ou pour ‘faire plaisir à sa famille’.
La fonction de président de la République est trop sérieuse. Elle exclut tout caprice et toute comédie. Et l’élection présidentielle, c’est la rencontre d’une femme ou d’un homme avec son peuple, pour paraphraser le Général De Gaulle.
Ce qui est inquiétant, c’est de voir des candidats déclarés se retirer subitement après avoir suscité soit de l’espoir chez certains, soit de la moquerie chez d’autres. Quelles que soient les raisons avancées, cela prouve qu’ils n’ont pas bien pris la mesure, la gravité et la sacralité de la fonction. On ne s’improvise pas président de la République, on le devient à la suite d’un parcours ‘politique’ honorable ponctué par une volonté ferme de servir honnêtement sa Nation tout en ayant comme sacerdoce de veiller au respect de la dignité des populations qui la composent. Et au bout, la récompense sera forcément une consécration par le sacre électoral du suffrage universel.
Autant dire que les rêves ne suffisent pas pour être candidat à une élection présidentielle. Il faut des dispositions certaines, une bonne organisation soutenue par une équipe dévouée. Demandez à Jacques Chirac (1995) et à Sarkozy (2007) qui ont fait respectivement en deux ans (bien avant les campagnes électorales) le tour de la France des profondeurs. Ou encore à Mitterrand (1981) qui disait sans ambages : ‘J’ai besoin de cent personnes fidèles et loyales pour conquérir le pouvoir.’ Loin de nous, toute comparaison forcenée. A la limite peu importe ! Y-a-t-il du mal à reconnaitre les talents et les compétences de femmes et d’hommes qui ont réussi des choses formidables chez eux ?
Au fond, c’est seul un travail minutieux, bien orchestré et sans amateurisme qui peut créer facilement une adhésion et une sympathie autour d’un candidat. Les citoyens sénégalais ne sont pas du troupeau qu’on peut orienter à tout moment, à l’aide d’un bâton. Donc il faut de la rigueur dans le discours et dans les actes avec une forte conviction éthique empreinte d’humilité (une qualité rare en politique). Surtout ne pas oublier qu’en politique, dire, c’est faire.
Candidats à l’élection présidentielle, méfiez-vous de la flatterie. C’est un piège redoutable qui n’épargne personne. Par consolation ou par mégarde, on tombe facilement dans ce piège. Même ceux qui vous flattent, aujourd’hui, tomberont, demain, eux aussi, dans ce même piège. Tous ceux qui vous applaudissent dans les manifestations ne voteront pas forcément pour vous. Evitez tout ce qui pourrait alimenter un culte de la personnalité et débarrassez-vous du ‘je, je, je’ ou du ‘moi, moi, moi’ abusif et hypertrophié. Pascal avait bien tiré sur la sonnette d’alarme : ‘Le Moi est haïssable’. Alors, le ‘Nous’ collectif ne nuit jamais. Au contraire ! ‘Ensemble tout devient possible !’ (Slogan de Sarkozy 2007) ou ‘Yes we can !’ (Obama en 2008). En effet, on voit nettement qu’un slogan doit être une idée-force qui fonctionne comme force de mobilisation.
Quelques affiches de nos ‘supposés’ candidats sont pleines d’enseignements. Au hasard et à tout Seigneur, tout Honneur ! Regardons l’affiche du candidat Wade ‘Gorgui doli nu’ (Conception alimentaire du pouvoir ou le Bal des Affamés). Idy4 Président (Une obsession d’être le quatrième président : Désir ardent de pouvoir ou la passion aveugle). Macky 2012 (Une personnalisation rampante. Et après 2012, on fait quoi ?). La stature de président de la République, dans une société démocratique, est un combat permanent contre toute tentation autoritaire et messianique.
Alors, Candidats, il vous faut apprendre aussi à sourire davantage. Quel est le leader politique sénégalais qui sourit vraiment en public ? Les Sénégalais ont besoin aussi de vos sourires radieux qui les rassurent de votre nature humaine, trop humaine d’ailleurs.
Et si l’on sait que les batailles politiques se gagnent dans l’imaginaire social, il faut alors penser à des slogans de campagne qui parlent concrètement aux Sénégalais, plus particulièrement aux ‘souffrants’, aux ‘désespérés’, aux ‘veuves’ et aux ‘orphelins’. Voilà des catégories sociales et psychologiques qui constituent la majorité silencieuse et qui rêvent tout simplement qu’on leur allège leurs souffrances, au-delà des discours pompeux et assourdissants d’un ‘Sénégal émergent’ ou d’une ‘Vision pour le Sénégal’. La majorité des Sénégalais a un vœu sacré : Vivre Dignement sous le manteau d’un Désir d’Avenir.
Lamine SOUANE lamine.souane@laposte.net
Sur la déclaration de candidature de Youssou Ndour
La déclaration de monsieur Youssou Ndour, qui s’est découvert l’inconvenant plaisir de nous interpeller à travers son écran par une adresse du style présidentiel faite de solennité, interruption de programmes et autre téléprompteur, pour un exercice de présentation de candidature, a fini de nous convaincre d’une chose : le Sénégal est à la croisée des chemins.
Non pas parce qu’elle nous a surpris, les observateurs avertis l’ont vu s’amener depuis qu’il s’est plaint après avoir eu son Doctorat honoris causa, de n’avoir pas été accueilli par les autorités comme il pensait le mériter, mais en raison du fait qu’elle pousse simplement tous ceux qui sont soucieux du devenir de notre pays à une introspection légitime.
L’œuvre acharnée et irresponsable de déconstruction de nos institutions voire de notre tissu social ou sociopolitique, du Président Abdoulaye Wade, au service de son ambition farouche de rester au pouvoir, a abouti à susciter les vocations les plus incongrues et à semer la confusion dans les esprits.
Que monsieur Ndour soit devenu une star planétaire à force de travail, comme se plaisent à le souligner ses inconditionnels qui en même temps, mettent sous le coude les nombreux Sénégalais qui en ont fait les frais en y laissant fortune et carrière (Assurance Malick Diop, Samba La Fayette…) ; car il n’y a guère longtemps, monsieur était plutôt versé dans la pratique laudative, personne ne le conteste.
Tout Sénégalais en est du reste fier. Les Sénégalais seraient davantage fiers si plutôt que de réussir à imposer son nom sur la scène internationale, il s’employait à faire rayonner le mbalax à l’image de ce qu’un Bob Marley, pour ne citer que lui, a su faire du reggae, à savoir un puissant et efficace instrument de promotion d’une culture, d’un «way of life». Le mbalax continue à ce jour et comme dit un ami, «à s’écouter par les pieds plus que par la tête». Si monsieur Ndour sait chanter, il y a un domaine où il excelle encore plus, l’activisme. Un activisme opportuniste qu’il a su utiliser en s’adossant à des artistes reconnus (Peter Gabriel, Neneh Cherry...), à des causes porteuses (droits de l’homme) ou à des styles établis (égyptien…) pour promouvoir un nom, et non une musique. C’est ce savoir-faire qui lui a conféré une notoriété qu’il confond à une représentativité, qu’il vient de transférer sur le champ politique. Et au vu de ce qu’il en a fait jusqu’ici, les politiques peuvent se faire du souci.
Qu’il ait réussi dans le management des entreprises au point de l’invoquer comme argument majeur au soutien de sa candidature, nous semble par contre moins évident. Au regard de la jeunesse de son Groupe de presse, qui a encore une bonne marge de progression pour être confirmé et dont l’embellie est beaucoup plus à attribuer à des professionnels recrutés par des procédés pas souvent politiquement corrects, mais surtout, et faudrait-il s’en souvenir, par rapport à toutes ces sociétés tombées en faillite qui jalonnent son parcours. Si la logique du droit qui régit les sociétés avait été, d’ailleurs, épuisée à son encontre, il n’aurait pas eu l’opportunité de recommencer au risque de récidiver avec Birima et autres, parce que les règles qui s’imposent au failli lui auraient été déjà appliquées.
Encore que réussir dans les affaires ou dans l’entrepreneuriat n’est pas un critère substantiel pour pouvoir diriger un pays.
Sinon combien seraient-ils de leaders du secteur privé à la réussite avérée et indiscutable à pouvoir sous ce rapport, plus que monsieur Ndour, prétendre à cela ? Un grand nombre certainement, ont apporté au quotidien et dans une exemplaire discrétion, une valeur ajoutée à notre société, et qui n’en ont pas moins compris qu’ils peuvent continuer à lui être utiles en restant et prospérant dans leur domaine de compétences, dans ce qu’ils savent faire le mieux.
Avoir feuilleté le grand livre qu’est l’école de la vie en sillonnant le monde ne nous semble pas non plus d’une pertinence décisive. Encore qu’il faille là également relativiser.
Non seulement monsieur Youssou Ndour est encore jeune pour se réclamer de cette sagesse dont peuvent s’enorgueillir ceux qui sont au crépuscule d’une vie - il lui reste assurément beaucoup de choses à apprendre -, mais qui plus est cette qualité n’est pas de sa réputation à considérer ses relations avec ses collègues artistes.
Avoir été à la table de certains grands de ce monde a, apparemment, perturbé l’esprit qui en a mal assimilé le sens, pour en oublier qu’il y était invité en tant qu’artiste consacré et non associé comme homologue. Ce n’est pas parce que le bouffon du roi est un habitué de la table du roi qu’il peut le tutoyer, a fortiori lui être successible.
Gouverner un pays est certes une «fonction», il s’agit toutefois d’une fonction éminemment sérieuse et exigeante. La Présidence est à notre sens la seule station qui exige de son occupant qu’il soit rompu à tous les modes de gouvernance (politique, économique, sociale etc.) Cette compétence transversale est jusqu’ici et selon une tradition républicaine bien établie, la résultante d’une solide connaissance, expérience de l’Ad¬mi¬nis¬tration de l’Etat et/ou du parcours d’un cadre politique rigoureusement préparé à assumer la charge suprême. Cette tradition n’a certes pas besoin d’être immuable, mais elle a le mérite de nous assurer une démarche pourvoyeuse de repères collectifs clairs, objectifs, aptes à nous préserver de l’incursion par inadvertance au sommet de l’Etat, d’individus soudainement illuminés par la conviction d’avoir la capacité de présider aux destinées de toute une Nation.
A cela, avoir fait ses humanités, qui ne se résume pas à avoir appris à s’exprimer laborieusement dans une langue, et avoir un minimum de formation académique, sont indispensables.
Les hautes études quant à elles forgent et structurent l’esprit en lui donnant cette exquise faculté d’analyser, de comprendre l’interconnexion des phénomènes qui agitent le monde. Ceux qui ont eu le privilège d’y parvenir à force «d’user leur fond de pantalon sur les bancs», le comprennent aisément et ont dû peu goûter le propos désinvolte de monsieur Ndour, balayant d’un revers de la main l’importance des hautes études. Il ne suffit pas de feuilleter le livre du monde, il faut savoir le lire.
S’il est vrai qu’ailleurs des personnages au profil singulier se sont essayé avec plus ou moins de bonheur à l’accès à la plus haute charge, il convient de noter que cela a été souvent favorisé soit par la prévalence d’un contexte de chaos (Haïti, Liberia ...), soit par l’existence d’un cadre démocratique achevé où l’Administration est suffisamment rodée et performante pour être indifférente, et en mesure d’absorber un tel dysfonctionnement.
Nous avons plus que jamais besoin d’institutions fortes avec un leadership affirmé, incarné par des hommes et des femmes cristallisant en leur personne nos aspirations les plus profondes. Plus le Sénégal est empêtré dans une crise, plus l’identification fusionnelle à une figure qui rassure, rassemble, sécurise, est nécessaire.
Un président de la République est la synthèse de l’identité d’une Nation. Et le Sénégal n’est pas le pays de Cocagne !
• Mbaye DIOUF - e-mail : juufnioxobaay@gmail.com
Pauvres Sénégalais de l’extérieur !!!
Un, deux, trois, quatre… En l’es¬pace de deux mois, des Sé¬né¬galais de l’extérieur ont été victimes d’une série de tueries en Eu¬rope, mais pas uniquement sur ce continent, parce qu’un pays africain s’est également illustré dans ce bilan macabre. Après Florence en Italie et Barcelone en Espagne, le Sénégal a enregistré la mort d’un de ses ressortissants froidement abattu, ce 4 janvier 2012, par la Police sud-africaine à Johannes¬burg. L’on peut dès lors se demander ce qui peut bien arriver à nos concitoyens de la diaspora. Sont-ils des Sénégalais au même titre que nous qui sommes sur notre territoire ? Tout laisse à penser que les autorités du Sénégal en veulent à ces citoyens de la diaspora. Aucune considération à leur égard, sinon des tracasseries et des injustices qui viennent s’ajouter à leur situation déjà désastreuse dans les pays de résidence.
L’on se souvient de la restriction apportée par l’Etat sur les importations de véhicules, alors que tout le monde sait que ce créneau était une véritable bouffée d’oxygène pour cette frange de la population sénégalaise et les familles qu’elle entretient. L’on se souvient également des taxes aéroportuaires inventées pour financer l’Aéroport international Blaise Diagne et de la récente surtaxe que l’Etat sénégalais vient d’imposer sur les appels internationaux en¬trants. Et comme si tout cela ne suffisait pas, voilà que les autorités opposent un mépris total et un silence dérangeant voire complice à la situation inquiétante des Séné¬galais de l’extérieur. Tout porte à croire qu’on cherche à les humilier ou tout simplement les dépouiller de leur humanité. Pauvre Séné¬galais de l’extérieur !!!
On les tue, loin de chez eux, mais on ne les déshonorera point !
Pendant que les Sénégalais se font massacrer à l’étranger, les autorités étatiques qui devraient leur assurer protection, assistance et réconfort, sont plus préoccupées par des festivités. En lieu et place d’une Semaine des migrants, le ministère des Sénégalais de l’extérieur ferait mieux de s’intéresser à cette situation calamiteuse qui ne peut plus durer. Je me demande, d’ailleurs, si ceux qui sont censés s’occuper des migrants sénégalais savent ce qu’ils ont à faire. Sinon, comment comprendre qu’une Semaine dédiée aux migrants soit organisée dans le pays d’origine, ici au Sénégal. Quelle est la cible du ministère des Sénégalais de l’extérieur ? Les migrants en vacances ou les Sénégalais de la diaspora ? Je pense que si on veut atteindre une cible, la meilleure des façons est de la trouver sur son espace naturel qui est, non le Sénégal, mais plutôt les lieux de destination. Je préfère parler de lieux de destination parce que beaucoup de Sénégalais sont dans des pays où ils sont tout sauf bien accueillis. Une approche plus prudente et plus pertinente recommanderait donc de ne point réfléchir à la place des principaux concernés.
Cette attention serait plus que méritée, parce que les émigrés sont de véritables régulateurs sociaux pour le Sénégal. Imaginez un jour sans envoi de fonds vers le Sénégal. Imaginez une semaine sans ces précieux transferts d’argent des «modou-modou» et des «fatou-fatou». Imaginez un mois sans «Western Union» ou «Money Express» ou encore «Ria» vers le Sénégal, je demeure convaincu que ces autorités qui les négligent tant auraient tous les problèmes du monde. Quand est-ce que les autorités sénégalaises vont enfin comprendre que ceux-là qu’on tue à tort à l’extérieur sont les gardiens du climat social ?
D’autre part, les Sénégalais de l’extérieur sont également l’un des principaux contribuables de l’économie sénégalaise. Sinon qui d’autre peut se targuer de faire mieux. Qui est capable de faire bénéficier plus de 600 milliards de francs Cfa/an au Sénégal. On peut donc continuer de fermer les yeux sur ces incidents macabres, mais on ne pourra jamais les déshonorer. Alors debout et protégeons ces vaillants «soldats de l’économie» !
Compte tenu de l’importance des flux financiers générés par les migrants sénégalais et leur rôle dans le tissu social et économique de leur pays, je pense qu’il est temps que les autorités sénégalaises prennent les citoyens de la diaspora au sérieux. Il est inadmissible que ces Sénégalais continuent de subir ce genre d’actes de violence. J’estime que la mort de ces Sénégalais, loin des leurs, est non moins importante que celle enregistrée dans notre propre pays. Au¬trement dit, les questions migratoires doivent impérativement s’inviter dans le débat politique actuel. Elles devraient constituer une préoccupation centrale, pour ne pas dire la préoccupation ma¬jeure de tous ceux ou de toutes celles qui aspirent à diriger le Sénégal. Que tous les candidats à la prochaine élection présidentielle s’expriment franchement sur la manière dont ils comptent améliorer le vécu quotidien des Séné¬ga¬lais de l’extérieur. Qu’ils se prononcent clairement sur les con¬tours et les pourtours de la politique qu’ils comptent mettre en œuvre s’ils sont élus.
• Khadim MBOUP - Sociologue / xabamba79@yahoo.fr