Wade a-t-il du courage politique ?
L’indiscipline, un mal bien sénégalais
Sommes-nous condamnés à cohabiter avec les eaux en cette saison particulièrement pluvieuse ? Nous ne pourrons certes pas arrêter les torrents du ciel avec nos bras, mais il faut reconnaître que le fait de déverser sur la voie publique les eaux qui stagnent dans nos maisons en rajoute à notre lot quotidien de désolation. Le panorama n’en est que plus alarmant avec le problème de santé publique que posent ces eaux devenues, pour les citadins, plus que destructrices. Des eaux qui devraient pourtant être salvatrices pour les Sahéliens que nous sommes. Les conséquences de ce réflexe de survie des populations inondées sont incalculables : détérioration de ce qui reste des rares routes praticables, prolifération des moustiques, réduction de la mobilité, exiguïté de nos espaces...
Si d’immenses efforts ont été consentis par les autorités, avec notamment la remise à neuf de certains axes routiers pour une meilleure mobilité, il faut reconnaître que d’autres voies datant de l’époque coloniale souffrent d’une vétusté et sont remplis de... cratères qui donnent le tournis aux automobilistes. Même des véhicules presque neufs verront leur espérance de vie substantiellement réduite. Les efforts englobent également le projet de relogement dit « Jaxaay » devenu insuffisant pour recaser tous les sinistrés. Les eaux prennent possession d’habitations jadis épargnées.
Que faire alors devant la modicité de moyens dont disposent les mairies d’arrondissement incapables de soulager les maux des administrés ? Faudrait-il revoir le plan d’urbanisation ou transférer certains quartiers de la capitale et leurs occupants plus que « ghettoïsés » vers d’autres cieux plus cléments, dans les vastes terres de l’intérieur du Sénégal ? D’autant plus que l’exode rural demeure toujours, aux yeux de certains, la réalisation de ce rêve de faire fortune. Ou faut-il purement et simplement punir ceux qui déversent les eaux sur l’espace public ? Difficile de répondre à ces interrogations. Il est néanmoins fondamental de se pencher sur cet instinct de survie de certains qui empeste la vie des autres.
Ce phénomène observé ça et là dans la capitale sénégalaise dénote d’abord d’un manque de discipline, fondement de tous nos maux. Une indiscipline partout présente et qui semble être un dénominateur commun. Du comportement de l’automobiliste qui se croit en terrain conquis car appliquant son propre « code de la route », au citoyen qui se comporte dans l’espace public comme s’il était dans un domaine privé. Ou encore de l’implantation de ces fameux « loumas » (marchés hebdomadaires) sur des axes bien fréquentés et qui gênent terriblement la mobilité urbaine. Le déficit d’éducation et l’absence de sanction de l’autorité étatique fondent-ils cette indiscipline bien sénégalaise ? Le jour où l’on se rendra compte des méfaits de ce fléau, on pourra aisément mesurer le gap à combler pour atteindre un réel développement.
BAYIL SA YARAM
Wade a-t-il du courage politique ?
Le moins que l’on puisse dire de Wade est qu’il a du génie politique inégalé. Il sait marier l’alacrité juvénile, l’expérience de l’âge et l’intelligence politique. Nul n’en disconvient. Senghor était un poète qui donnait plus la primauté au banquet du Verbe qu’au progrès économique intégral. Abdou Diouf était un grand commis de l’Etat qui administrait plus le Sénégal qu’il ne le l’installait sur la voie de l’émergence. Et Wade est, dirait Alain Peyrefitte, « un mécanicien chevronné de l’outil politique » qui consacre plus son action à la politique qu’à la bonne gouvernance économique, gage de développement.
Il sait, en sociologue politique de l’action publique, déchiffrer la géographie secrète de la société sénégalaise pour la soumettre à volonté. Charismatique, fin et doué dans le maniement des consciences, il a réussi, dans son parti comme face à l’opposition, à créer un vide après une décennie de gouvernance qui aura connu le meilleur et commis le pire. Et pourtant…
Et pourtant, pour son aventure d’autrefois et pour son apport considérable à la mystique de la circulation démocratique des élites, il aurait pu trouver très tôt une voie de sortie honorable qui ferait de lui le monument national et le symbole africain de la démocratie, de la Bonne gouvernance et de la liberté par le respect absolu des normes et de la Loi fondamentale. Nelson Mandela l’a fait et l’a bien réussi. De Gaulle également. Il en est ainsi de Mahamat Gandhi. De même que Konrad Adenaur et Abraham Lincoln.
C’est que malheureusement, en remportant l’historique élection présidentielle de 2000, Wade a découvert concomitamment le Pouvoir et l’Avoir à un niveau si inédit qu’il en conclut, selon Idrissa Seck, que ses « soucis d’argent étaient enfin terminés. ». Le sacerdoce se retrouvait alors à la morgue. L’éthique de Bonne gouvernance s’éteignait. Son confort personnel devenait ainsi son unique priorité.
Aujourd’hui après une décennie, il découvre, dans le silence de son cabinet, l’énormité des dégâts qui ont accompagné son action politique. Grâce à son esprit alerte, il comprit vite que les Sénégalais sont exaspérés par la gestion monarchiste, prédatrice, nébuleuse, politico familiale et clanique non seulement des trois pouvoirs de la République, mais aussi de l’Etat lui-même. Il sait mieux que quiconque l’état d’esprit des Sénégalais qui, dans leur immense majorité, rêvent d’une contre révolution qui changerait le changement qui s’est plus accommodé des vices de la mal gouvernance aussi bien dans la gestion des affaires publiques que dans celle de l’option démocratique nationale.
Son véritable adversaire est le peuple sénégalais. Ni l’opposition, ni son parti et ses alliés, ni lui, ne détiennent la majorité. Un certain nombre de choix essentiels rassemblent aujourd’hui quelque trois quart des citoyens. Voilà la véritable majorité nationale. Elle va au delà des foules que l’un ou l’autre camp est capable de réunir. Cette majorité est l’ensemble des citoyens anonymes, éloignés des partis et des mouvements citoyens, détenteurs de cartes d’électeurs et de la souveraineté.
Mais Wade dont la possible 3ème candidature est très controversée, a-t-il vraiment le courage politique de les affronter en faisant face en même temps à d’autres challengers ? La réponse est certainement non et pour cause.
S’il avait le courage politique de les affronter, il accepterait, sans état d’âme, comme Abdou Diouf eut le courage de le faire avec le Général Cissé et le Général Niang, la présence d’un Ministre de l’Intérieur qui ne serait d’aucune tendance partisane et qui serait d’une neutralité totale devant les contradictions politiques. Celui-ci, dans le respect absolu du calendrier électoral, organiserait alors les élections dans une transparence sans reproche et une soumission totale à l’éthique et à la souveraineté nationale. Mais Wade n’a pas encore cette audace. Il a certainement peur de la neutralité et dans le cas d’espèce, ce n’est point une question de ruse politique mais d’un manque de courage politique.
C’est pourquoi, pour conserver le Pouvoir et l’Avoir, il a « son » Ministre de la Justice et « son » Président du Conseil Constitutionnel. Et aujourd’hui, en choisissant Ousmane Ngom comme Ministre de l’Intérieur, organisateur des élections, il utilise un homme qui, pour l’avoir trahi et combattu avec une violence inouïe, est prêt à tout pour se racheter. Avec Ousmane Ngom, il pourrait ainsi, échapper à la neutralité, à la transparence et à la sanction populaire. Mais Pierre Corneille enseigne : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Si triomphe il y a aura…
( Par Jupiter Ndiaye TAMSIR )
Monsieur le Président, la région de Tambacounda ne fait-elle pas partie du Sénégal ?
Monsieur le Président,
Grâce à ses potentialités agricoles, minières, touristiques et sa situation de carrefour (mitoyenne avec quatre pays de la sous région), la région de Tambacounda est appelée à devenir un futur pôle économique et de développement du pays voire de la sous région. Les trois départements qui la composent présentent des potentialités énormes qui sont vecteurs d’un développement économique et social durable.
La région la plus vaste du Sénégal (malgré l’amputation du département de Kédougou) qu’est Tambacounda possède d’énormes atouts sur le plan agricole : région assez pluvieuse par rapport au reste du pays, disponibilité de terres arables ; les terres à cultiver, les espaces à défricher ne manquent pas. Et les sols de la région sont très fertiles. La région naturelle de Tambacounda est une exception géologique singulière dans le pays. Son sous-sol regorge d’importantes ressources minières. La région de Tambacounda, possède également des atouts touristiques énormes : le parc Niokolo Koba, ses monts, ses cascades, sa verdure…
Cependant, malgré tous ses atouts et potentialités, Monsieur le Président, la région de Tambacounda apparaît et demeure une région périphérique, sous développée et excentrée des centres de décisions du pays ; une région livrée à elle-même, désœuvrée et qui voit s’envoler tous ses espoirs de développement.
Certes, depuis quelques années, le réseau routier de Tambacounda a été amélioré. Avec la mise en œuvre de la nouvelle route bitumée venant de l’axe Kaolack-Tambacounda, cette amélioration de qualité a fait de Tambacounda un nœud routier. Cette route qui continue vers la ville frontière de Kidira, facilite la liaison avec le Mali et permet le désenclavement de Bakel. L’embrassement routier vers le sud-ouest ouvre largement Tambacounda au trafic routier vers la Casamance et la Guinée. Le radial sud-est relie la ville à la nouvelle région de Kédougou qui peut ainsi s’inscrire dans une économie d’échanges active.
Cependant, malgré cette amélioration, le réseau routier reste l’un des plus faibles du pays. En effet, au Sénégal, les infrastructures et équipements divers se font rares au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la capitale. Avec 6,4 Km de route classées pour 100 Km², la région de Tambacounda est la deuxième plus faible densité routière du pays .Mais c’est la plus démunie concernant les routes revêtues (1,2 Km pour 100 Km) ». Et une bonne partie reste impraticable ou difficilement praticable.
A cela s’ajoute l’état d’un réseau très défectueux à l’intérieur de la région. S’il est vrai que le réseau routier intra urbain reliant la ville aux autres centres urbains a été amélioré, celui qui relie la ville de Tambacounda à ses espaces ruraux plus ou moins éloignés en revanche reste très défectueux. Hormis les zones rurales telles Maka, Missirah, Koussanar, Koupemtoum, Sinthiou Malème qui sont situées en bordure de route (situation qui explique d’ailleurs le dynamisme isolé de ces zones), la majeure partie des villages se trouvent très éloignés de ces axes ou sont situés en bordure de piste très difficilement praticables, alors qu’une grande partie des producteurs sont situés dans ces espaces.
Monsieur le Président,
La région de Tambacounda a un besoin urgent d’être désenclavée. Les infrastructures de communications sont les plus faibles du pays, les activités industrielles sont quasi inexistantes, les entités administratives sont faibles et insuffisantes, les populations sont très pauvres et le chômage est endémique.
La région a besoin de son université, de plus de collèges, de lycées, de centres de formations professionnelles, de centre de santé donc plus d’investissements venant de l’Etat. Quand est ce que la région de Tambacounda bénéficiera réellement des fruits de l’alternance ? Tambacounda n’est elle pas partie intégrante du Sénégal ? Sommes-nous condamnés à rester dans l’exclusion, l’enclavement et la pauvreté ?
Je pense que la solution est politique. En votre qualité du premier aménageur du pays vous saurez prendre la décision idoine pour nous faire sortir de notre « misère ». La région de Tambacounda ne parvient à survivre, en partie, que grâce à l’envoi des capitaux issus de l’immigration. Tous les indicateurs socio-économiques du pays la placent en queue de peloton.
Monsieur le président, à l’instar des autres régions du pays, la région de Tambacounda a plus que besoin d’attention et d’investissements immédiats.
Cette situation entrave le développement économique et social de la région (approvisionnement en denrées alimentaires, contacts entre les villages ou l’administration, évacuation sanitaire) et facilite peu l’intégration régionale. Et pourtant, la région possède des potentialités géographiques conséquentes qui devront être mises en valeurs pour faire de Tambacounda, une région phare, désenclavée et développée.
Le manque de dynamisme économique découlant de la sous exploitation des potentialités, limite les capacités d’accroître le processus d’intégration et de favoriser un développement durable de la région. L’agriculture était et demeure la principale activité économique. Mais à cause d’une absence d’investissement et d’orientation agricoles importants, ce secteur est aujourd’hui des plus précaires à Tambacounda. Nul besoin de consulter les livres pour savoir que cette région souffre énormément de ses difficultés économiques, financières entre autres. Il suffit de faire un tour dans nos quartiers à des heures régulièrement de travail pour éprouver le désarroi de notre jeunesse en proie au fléau du chômage et du désespoir. Le contraste frappant entre l’énorme potentialité de cette région et le niveau de vie de ses populations fait encore poser- à juste raison- la question de la volonté politique des autorités pour cette région. Qu’en-t-il de l’intégration des cadre de la région dans les hautes sphères de l’Etat ? Je prends l’exemple du Dr Chérif Sidy KANE, enseignant chercheur à la FASEG de l’UCAD, expert auprès des Nations Unies et militant actif et responsable du PDS !
Pour coller à une actualité brûlante, je voudrais dire également que nous ne comprenons point et déplorons que Tambacounda n’ait pas été choisie parmi les régions devant être un pôle pour le FESMAN. Or ma région semble réunir toutes les conditions nécessaires sous lesquelles le choix des régions-pôle a été opéré. En plus d’être le lieu d’une longue tradition de rendez-culturels internationaux, et d’être d’une harmonieuse diversité culturelle et ethnique, celle-ci justifie celle-là, Tambacounda, à travers la qualité exceptionnelle du savoir-faire artistique de ses enfants (l’image de Ousmane DIA, artiste, peintre, sculpteur et professeur d’arts visuels à Genève et initiateur du Festival Tambacounda-Genève-Dakar), rayonne encore par sa culture, bien au-delà des frontières du Sénégal et du continent, à travers les contrées les plus lointaines du monde. Ce que ces éminents artistes qu’elle a vu naître traduisent dans leurs œuvres c’est la passion, ce feu ardent qui irradie les grands desseins et trempe les énergies, de contribuer aux efforts pour la construction d’une Afrique renaissante, marchant ainsi dans vos pas, Monsieur le président, votre regard fièrement et courageusement tourné vers la renaissance africaine que symbolise la statue du même nom. N’est-ce pas là magnifier l’esprit et la lettre du FESMAN et donc y être déjà avant son démarrage officiel? A voir la dimension internationale de nos artistes et leur engagement pour la promotion de la culture comme chemin de développement, on s’autorise de répondre que oui. A cet égard on ne peut justifier que Tambacounda ne fasse pas partie des pôles du FESMAN. C’est pourquoi nous exigeons que Tambacounda retrouve, dans cette rencontre culturelle internationale, la place qui sied à sa dimension culturelle. Ne pas associer Tambacounda aux régions-pôle c’est réduire les chances de succès de ce festival.
Au regard de tout ce qui précède, il me semble urgent que des mesures soient prises en toute urgence pour faire de Tambacounda une région émergente aux bénéfices de ses populations et du reste du Sénégal. Nous autres tambacoundois avons le sentiment de n’avoir comptés aux yeux des chefs d’état passés que comme base électorale, et nous vous soupçonnons, le premier avocat des sénégalais, de vouloir introduire la rupture dans ce fâcheux rapport que les pouvoirs précédents ont eu avec nous, mais c’est la réalisation de toutes ces choses que nous vous avons proposées qui le confirmera.
Monsieur le Président, en vous souhaitant un bon séjour à Tambacounda, veuillez recevoir mes plus hautes considérations.
Mr Seydou KANTE
Président de l’association « Tamba Initiatives »
Président du secteur PDS de Paris 20ème
E-mail : seydoo@hotmail.com