Vivement le grand réveil des opprimés !
Par Sakho SOW CAMARA*
Effectivement, grâce aux médias et à Internet, les Sénégalais de la Diaspora s’informent au quotidien de l’actualité de notre cher Sunnugal
L’évènement qui m’a le plus marqué, c’est la restitution des Assises nationales. Les années 2007 et 2008 ont été des moments de prise de conscience que le Gaal va à la dérive. Analyser et restituer ce travail colossal de consultations citoyennes au niveau national et international mérite un grand salut. Bravo au doyen Amadou Makhtar Mbow et à tous ceux qui se sont mobilisés dans cet élan de «réveil», et de refus du fatalisme. Certes ce n’est qu’une étape mais c’est la première fois, en tout cas au Sénégal, qu’un peuple opprimé prend la parole pour dire que ça ne va pas et ose espérer un changement digne de ce nom.
Le décès de Mamadou Dia a été un moment émouvant et nous renvoie aux années 60 quand le Sénégal a raté un tournant qui aurait été positif. Combien de personnalités comme lui avons nous eues ou nous reste-t-il ? C’était un homme qui s’était attaché aux grandes valeurs essentielles comme l’honnêteté, l’amour de son pays, la citoyenneté et la politique «non politicienne» au service du peuple. De quelle démocratie parle-t-on aujourd’hui au Sénégal sans ces valeurs nourries de «joom», de goût du travail et du refus de l’argent facile ?
J’ai été outrée de la casse opérée dans les locaux du groupe Wal Fadjri et plus encore du «baillonnement» des médias qui n’ont pas eu le courage de réagir plus fortement pour défendre leur profession.
Que penser de ces inondations qui se répètent chaque année laissant des populations, déjà fragilisées, vivre et noyées dans la misère et l’insalubrité sinon un sentiment de colère contre ceux qui détiennent le pouvoir. Au Sénégal, on ne peut plus se soigner, ni désirer une bonne scolarité pour ses enfants si on n’a pas d’argent…
Comment peut-on mettre 20 millions d’euros dans un monument soi-disant de la Renaissance ? De la Renaissance de qui s’agit-t-il ? Il m’arrive dès fois d’avoir honte d’être Sénégalaise, de me sentir impuissante. S’agit-il vraiment de notre pays qui a énormément de potentiels pour réussir ? La gabegie et l’indifférence des hommes politiques sont intolérables.
Je ne voudrais pas me laisser envahir par le pessimisme, mais de me dire que c’est le moment où jamais de la conscientisation du peuple par le peuple, du «grand réveil» des opprimés à travers une mobilisation constructive. Les mentalités sont dures à changer mais c’est possible. Le pédagogue brésilien Paolo Freire disait : «Pour changer le monde, il faut en prendre conscience, l’élaborer par la parole et changer soi-même.»
* Née à la fin des années 50 dans le Sine Saloum plus précisément à Guinguinéo, Sakho SOW-CAMARA a émigré depuis 1970, après des études de Secrétariat au Centre Gambetta à Dakar.
Diplômée de l’Ecole des travailleurs sociaux (Defa à l’Irts de Canteleu 76), des Hautes études en pratiques sociales (Dheps à la Sorbonne Nouvelle à Paris), Sakho SOW-CAMARA est actuellement chef de Projet, Responsable pédagogique et coordonnatrice de plusieurs associations de femmes en Normandie.
Titulaire aussi d’un diplôme universitaire Santé, soins et cultures (Université Descartes Paris V), elle a été nominée en 2007 du Trophée humanitaire en Normandie. Et en 2009, elle a été élevée au rang de Chevalière de l’Ordre national du Mérite par le ministre de l’Immigration.
Celle qui se définit comme une militante se dit engagée dans l’aide au développement pour le Sénégal et dans les Assises nationales du Sénégal.