Les limites de l'action parlementaire
Reussir - magazine : Mardi 23 Juin 2009
ALEX SEGURA « Nous pouvons dire aujourd’hui que le système budgétaire sénégalais est revenu à l’orthodoxie, à l’intégrité et à la crédibilité »
REUSSIR- Quelles recommandations faites vous au Sénégal, dans le cadre de cette reconduction à l’ISPE ?
ALEX SEGURA- Mettre l’accent sur les secteurs sociaux. Nous ne voulons pas être associé à des coupes sur les secteurs sociaux tels que la santé, l’éducation et qui sont aussi sensibles. Ce sont des secteurs clés pour avancer vers les objectifs du millénaire. Le gouvernement a fait un effort remarquable dans le payement de la dette intérieure et l’assainissement des finances publiques mais beaucoup de travail reste à faire. Il y a certaines structures comme la santé ou il faut voir comment régler le problème des hôpitaux. Avec une dette importante des fournisseurs d’oxygène, de médicaments qui ne sont pas aujourd’hui apportés. Donc, voilà un peu ce que nous avons essayé de faire. D’un coté augmenter l’assistance financière au Sénégal et essayer aussi de continuer à mettre l’accent sur les réformes publiques afin de les rendre plus efficaces et plus transparentes. J’ai cité quelques exemples de réformes des finances publiques qui ont été accompli récemment et qui nous permettent de dire aujourd’hui que le système budgétaire sénégalais est revenu à l’orthodoxie, l’intégrité et la crédibilité du système budgétaire, ont été rétabli après le grave dérapage budgétaire de 2008.
Parmi les recommandations du FMI il y avait aussi cette possibilité pour le Sénégal de diminuer les subventions sur le gaz, qu’est ce qui a favorisé ces recommandations ?
Ce n’est pas une nouvelle question. Le Sénégal a dépensé énormément de ressources sur les subventions pour les produits énergétiques et les produits alimentaires. Notre constat est que ces subventions ont été largement inefficaces et elles n’ont pas été ciblées sur les couches les plus défavorisées. Donc, si vous voyez les problèmes budgétaires de 2008, elles ont été créées largement par les politiques de subventions et par les avances du trésor. Ce sont ces deux mécanismes qui ont conduit au dérapage budgétaire et qui ont été contrôlé finalement. Sur les subventions ce qu’il faut expliquer aussi, c’est que nous avons mis l’accent, j insiste sur cela, sur la nécessité de trouver un programme alternatif ciblé sur les couches défavorisées de la population. Maintenant, même sur la subvention sur le gaz, on a fait des analyses qui montraient que ce n’était pas les couches défavorisées qui en bénéficiaient. A un moment donné, vous allez vous souvenir, on avait même parlé de la nécessité d’augmenter les ressources sur les cantines scolaires qui ont un impact crucial sur la santé, sur le taux de scolarisation des enfants en milieu rural. Donc, il y a beaucoup d’autres programmes sociales qui pourrait être mise en place pour aider les couches défavorisées qui coûtent beaucoup plus moins chères et qui sont beaucoup plus efficaces. Donc, voilà sur la subvention de produit comme le gaz. C’est un peu la même situation qu’on avait avec les autres subventions. C’est un problème de coût et de ciblage.
Vous avez évoqués la question des transferts de fonds des émigrés qu’en est -il exactement ?
Les effets de la crise financière internationale sur l’Afrique se traduisent par plusieurs canaux de transmissions. Il y a la baisse de transferts des étrangers, il y a la baisse des exportations, il y a la baisse de l’investissement étranger direct et finalement la possible baisse de l’aide au développement. Malheureusement, la baisse de transfert des étrangers, on commence à la voir pas seulement au Sénégal. Je travaille également avec la Gambie. C’est une conséquence qui n’est pas particulière au Sénégal. C‘est la conséquence de la baisse de l’activité économique dans les pays développés, les travailleurs qui perdent un peu leur pouvoir d’achat, qui parviennent pas à envoyer le même niveau d’assistance financière à leur pays d’origine. Maintenant, dans le cas du Sénégal on a estimé que la baisse du transfert pourrait tourner autour de 20% en 2009. C’est beaucoup car c’est presque 100 Milliards. Si vous regardez la baisse des transferts des étrangers et la baisse des exportations du Sénégal, c’est un très fort choc sur l’économie nationale. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place cette facilité pour lutter contre le choc exogène si on peut l’appeler ainsi et qui explique cette assistance additionnelle que le Fonds Monétaire Internationale accorde au Sénégal.
Auteur: Abdou FALL (Stagiaire) & B. SOW
LE QUOTIDIEN :
DIALOGUE POLITIQUE - Réponse de l’opposition à l’invitation du chef de l’Etat.
Si le dialogue politique s’avère indispensable, une confrontation des agendas du pouvoir et de l’opposition sera inévitable. En effet, la coalition victorieuse des dernières élections locales, Bennoo Siggil Senegaal, entend discuter avec le président de la République, sur la base d’une démarche inclusive, des conclusions des Assises nationales dont elle était à l’initiative.
Bennoo va imposer les conclusions des Assises nationales à Wade
Le président de la République, Abdoulaye Wade, devra tenir compte de la «Charte de bonne gouvernance» qui a résulté des Assises nationales. En tous les cas, dans la lettre qui lui sera adressée demain par la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, à l’issue de la conférence des leaders, Wade sera appelé à noter dans son ordre du jour les conclusions des Assises nationales. Selon Madièye Mbodj, responsable à Yoonu Askan wi et membre du groupe de contact chargé de réfléchir sur l’invitation au dialogue lancé par le Président Wade à l’endroit de l’opposition, il n’est pas possible de faire l’impasse sur les conclusions des Assises nationales. Mieux, il faudra que la société civile, les organisations non gouvernementales prennent part au dialogue, comme ce fut le cas lors des consultations citoyennes. Une telle proposition sera mentionnée dans le projet de lettre à proposer demain à la conférence des leaders.
Pour un dialogue sans anicroches, la Coalition Bennoo Siggil Senegaal va convier le président de la République à préciser le format, les acteurs civils devant y prendre part et les termes de référence. Tous ces éléments devront englober les différentes recommandations de la coalition et qui seront formulées dans la lettre-réponse. Face à Wade, il ne serait pas admissible pour la coalition de l’opposition de faire le vide sur le fichier électoral encore moins sur la question des droits de l’homme au Sénégal. Des problèmes par rapport auxquels la «Charte de bonne gouvernance» suggère des alternatives. En effet, malgré leur éclatante victoire lors des dernières élections locales, Bennoo persiste à décrier le manque de fiabilité du fichier électoral, de même que les nombreuses atteintes à la liberté d’expression. Cela mérite, selon les parties politiques prenantes aux Assises, une réflexion poussée de la part des différents acteurs politiques et socio-économiques du pays.
Selon le leader du Mouvement pour l’alternance générationnelle (Mac), par ailleurs membre de la coalition Bennoo, Cheikh Sarr, l’opposition ne saurait accepter des restrictions dictées par le Président Wade. La dernière sortie du Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye faisant de Wade le seul maître, le détenteur exclusif des prérogatives de définir l’ordre du jour, est sans intérêt pour les camarades de Amath Dansokho. D’ailleurs, le groupe de contact a dû rencontrer le président des Assises nationales, Amadou Makhtar Mbow, pour discuter du contenu du projet de lettre à proposer à la conférence des leaders.
Par Birame FAYE
Pour freiner la vitesse des déviances sociales au Sénégal.
Hier, lors d’une conférence de presse, Yoonu Askan Wi a exposé les résultats d’un diagnostic général de la situation du Sénégal. Rien de bon ne ressort de leurs observations et l’unique problème à la source des maux qu’ils ont listés n’est personne d’autre que Wade et son régime.
Par Rudolph KARL
Madièye Mbodj et ses camarades paraissent très amers contre la manière dont le Sénégal est actuellement géré. Ils sont écœurés par l’ampleur que prennent les contre-valeurs dans la société sénégalaise. «Les violences de toutes sortes, les meurtres, les viols, la pédophilie, l’inceste, l’homosexualité, la circulation de la drogue et des armes se multiplie à une vitesse vertigineuse dans notre pays», a alerté M. Mbodj. Il soutient que ces perversions sociales sont le résultat d’un grand désarroi provoqué par une pauvreté galopante et une crise des valeurs. Selon ses propos, la première solution à cette situation serait d’en finir au plus tôt avec le régime en place pour reconstruire un «Sénégal capable de porter un vrai projet de transformation sociale». De l’avis de Madièye Mbodj et ses camarades, c’est la crise économique qui a poussé les populations dans la désolation au point de ne plus rien respecter des normes sociales.
En ce moment où il y a de vifs débats sur l’augmentation annoncée du prix de l’électricité, Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’autonomie populaire n’est pas passé outre. Il appelle le peuple à résister à toute nouvelle hausse du prix de l’électricité. Les anciens militants de And-Jëf ne comprennent pas comment le pouvoir peut envisager cette hausse, au lieu de chercher des solutions aux coupures intempestives qui ont repris en force.
Revenant sur la polémique entre le pouvoir central et certains élus locaux de l’opposition à propos de la gestion des inondations, Madièye Mbodj pense que tout cela intervient parce que les gouvernants ont du mal à accepter leur défaite aux dernières élections locales. Selon M. Mbodj, la mouvance présidentielle tient là une occasion pour rendre le coup aux électeurs qui auraient boycotté les listes du Sopi.
Sur le dialogue politique, Yoonu Askan Wi, tout en partageant la position de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal dont il est par ailleurs membre, pense que Me Wade doit donner des signaux forts de sa bonne volonté. «(…) Commencer par exemple par supprimer le Sénat et le poste de vice-président qu’il a instaurés de façon tout à fait unilatérale», suggère Madièye Mbodj au Président, comme preuve de la franchise de son appel au dialogue. Après quoi, Me Wade pourra s’inspirer des conclusions des Assises nationales.
Les membres de Yoonu Askan Wi, étant tous des dissidents de Aj/Pads, ils ne pouvaient passer sous silence la crise qui secoue leur formation d’origine. Ils ont mis les deux protagonistes de Aj, Landing Savané et Mamadou Diop «Decroix», dans un même sac. Se revendiquant de l’héritage d’Aj, ils ont rappelé que le parti reste «un patrimoine commun, construit des décennies durant, par des militants et militantes, qui n’accepteront jamais de sacrifier tant de luttes contre le néolibéralisme mondialisé».
Questions ouvertes.
Aux dirigeants des entreprises d’électricité, des institutions de microfinance,
des banques, des hopitaux, des universités, des écoles privées et des boulangeries
Mesdames et Messieurs les dirigeants des entreprises et institutions évoquées ci-dessus, ma famille, mes amis, mes collègues et une très grande majorité de la population du Sénégal et moi sommes de façon plus contrainte que volontaire vos clients. Certaines d’entre elles sont financées par l’argent public, donc l’argent des contribuables que nous sommes, ou par l’épargne des uns et des autres.
En conséquence, de façon directe ou indirecte et, ce, que vous ayez une vocation lucrative, sociale ou de développement, les entreprises et institutions que vous «dirigez» existent exclusivement pour nous «servir» et satisfaire nos différents besoins. Donc, sans nous, vous n’avez aucune raison d’être, et les «dirigeants, directeurs et administrateurs» que vous êtes seraient des chômeurs ou se confondraient, au mieux, dans la masse du commun des Sénégalais. En plus, pour la plupart d’entre vous, nonobstant les éventuels mérites ou compétences individuelles en gestion de la minorité d’entre vous, vous avez été nommés de façon discrétionnaire, politique ou par défaut.
Par conséquent, parce que vous vivez de et à cause de l’argent public, de l’épargne du peuple sénégalais, vous devez leur rendre compte de vos actes ou absences d’actes de gestion, de vos résultats et, s’il y a lieu, expliquer vos échecs et faire amende honorable en corrigeant vos erreurs ou insuffisances.
C’est donc au nom du peuple sénégalais, vos mandants et vos juges, que je vous pose les questions suivantes, questions auxquelles, par devoir, courtoisie et sens des responsabilités vous donnerez, je l’espère, des réponses honnêtes et dignes de foi. Ces questions concernent le coût des biens et services vitaux ou nécessaires à notre bien-être minimum, et que nous n’avons d’autre choix que de les acheter ou de nous les procurer auprès des entreprises et institutions que vous avez la charge de diriger de façon efficace et transparente, et aussi de faire prospérer dans l’intérêt général.
Ces questions sont non seulement pertinentes au regard de l’influence insidieuse et permanente de la qualité de votre gestion dans le niveau de notre bien-être social et économique, mais elles sont d’une brûlante actualité en raison de la ponction actuelle plus que démesurée sur les budgets des familles sénégalaises, que constitue le coût des biens et services que nous achetons à vos entreprises et institutions. Ces questions s’imposent de façon encore plus radicale, puisque dans leur quasi-totalité, le prix des biens et services que vos entreprises et institutions nous vendent est égal à la somme du coût unitaire encouru + un pourcentage de marge.
Cela est important à rappeler, car le coût unitaire encouru est la véritable mesure de l’efficacité de votre gestion et des performances opérationnelles des entreprises et institutions que vous dirigez. En effet, c’est de votre connaissance précise de ce coût unitaire et de votre capacité à le contrôler et à l’améliorer que dépendent la qualité de notre bien-être, le budget des dépenses familiales, notre capacité à offrir une éducation de qualité à nos enfants et la possibilité de créer ou développer nos affaires. Votre responsabilité au regard de ce coût unitaire est donc capitale pour le niveau de vie actuel et futur de tous les Sénégalais. Le comprenez-vous, Mesdames et Messieurs les directeurs et administrateurs généraux? Comprenez-vous, à la lumière de ce qui précède l’importance des questions ci-dessous, votre obligation morale d’y répondre ne fut-ce que pour vous même ou pour la prise de conscience qu’elles doivent éveiller, là, ici et maintenant au sein de votre entreprise.
Ces questions, au nombre de cinq, les voici, et elles s’adressent plus précisément aux entreprises d’électricité, à chacun des hôpitaux du Sénégal, à toutes les universités et écoles privées (catholiques ou laïques, du primaire, du secondaire ou de l’enseignement supérieur), aux institutions de microfinance, aux banques et autres établissements financiers, ainsi qu’à toutes les boulangeries industrielles.
Pourquoi, dans votre très grande majorité, n’êtes-vous pas en mesure, en l’an 2009, d’établir le coût unitaire des biens et services essentiels que vous nous vendez ?
Pourquoi ne disposez-vous pas des moyens appropriés vous permettant d’identifier et de supprimer les innombrables surcoûts et frais généraux exagérés que vous nous chargez en les intégrant dans vos prix ?
Pourquoi les qualifications de votre personnel en matière de gestion et de contrôle de ces coûts unitaires sont-elles structurellement faibles, alors que les solutions sont disponibles et à portée de main ?
A défaut d’une connaissance appropriée de vos coûts unitaires, comment pouvez-vous moralement justifier la tarification arbitraire et appauvrissante actuellement utilisée, qui aboutit à des profits illégitimes, notamment dans les banques et autres institutions financières et de microfinance ?
Cette lettre ouverte s’adresse aussi aux autorités qui contrôlent ces entreprises et institutions, qu’elles relèvent de l’Administration ou des Conseils d’administration. C’est à elles de donner le ton ou de légiférer en la matière, et au besoin de sanctionner. Un Directeur général ou administrateur général dont l’entreprise ou l’institution est confrontée aux carences associées à l’une ou l’autre des cinq questions ci-dessus ne mérite pas la confiance des autorités précitées, moins encore celle du peuple sénégalais. Il ou elle doit rendre compte.
Ndèye A. Sèye - Agent commercial - Dakar/Fann
POINT DE VUE - Anoci, le coup de poignard des «experts».
Le bilan des comptes définitifs présenté par l’Agence nationale pour l’organisation de la Conférence islamique sécrète un scandale parallèle que des experts ou lobbyistes subitement transformés en laudateurs couvrent de leurs voix. Il y a une chose importante qu’il nous semble essentiel de mettre en exergue : c’est le caractère très ordinaire des ouvrages réalisés par l’Anoci en rapport avec la masse financière mobilisée à cet effet. L’on est en mesure de soutenir un pari : le plus crétin des ingénieurs de la planète est capable de faire au moins aussi bien que ce qui nous a été servi comme modèle africain d’infrastructures routières avec les moyens colossaux dont les patrons de l’agence ont pu disposer pour leur mission. A partir de ce postulat, c’est moins sur la qualité des ouvrages qu’il faut s’appesantir -encore que cela reste important- que sur la gouvernance financière à la base de l’exécution du projet. En cela, une simple appréciation parcellaire devient dérisoire pour ne pas dire sujette à soupçons. A quel type de pertinence donc peut bien renvoyer une phrase du genre : «Le bilan de l’Anoci est plutôt positif ? »
En réalité, l’Anoci n’a eu de crédibilité que celle portée par un chef tout-puissant et durablement marquée par l’épisode sulfureux des passations des marchés de l’agence. Bara Tall en a rapportées les modalités et particularités même si la presse en avait été informée depuis longtemps. Ces pratiques sont restées impunies ! Aujourd’hui, l’Anoci est un monstre enterré dans la douleur, ainsi qu’elle était d’ailleurs née, avec ses mystères. Au moment où tous les observateurs sérieux et honnêtes réclament un audit externe indépendant en tant qu’exigence élémentaire, tresser des lauriers à messieurs Abdoulaye Baldé et Karim Wade ressemble à un appel du pied qui ne dit pas son nom. Fermer les yeux et les oreilles sur les surcoûts occasionnés par les études chaotiques sur le tunnel de Soumbédioune, sur le choix totalement irrationnel porté sur les entreprises ayant proposé les tarifs les plus élevés, sur les grosses imperfections notables partout sur le périmètre des chantiers livrés, relève d’une complicité intellectuelle et morale inavouée. Reconnaître le «bilan positif de l’Anoci» n’est pas, dans le cas présent, l’expression d’une quelconque honnêteté, mais davantage un coup de poignard dans le dos de ceux qui jugent incontournable l’audit technique et financier des 432 milliards de francs Cfa censés avoir été mobilisés. Partout dans le monde, c’est plus ou moins ainsi que l’on déstabilise les mouvements tendant à la vérité et à la transparence.
Aujourd’hui, pour se débarrasser de cette épine qui leur colle aux pieds, les principaux soupçonnés pourraient bien se tourner vers un cabinet complaisant qui se ferait un plaisir de «travailler» les comptes mis à l’index. Dans l’absolu, cela reste une perspective très probable, car ce serait un jeu d’enfant pour des génies de l’audit. Mais lorsque cette solution «honorable» n’est même pas envisagée de manière officielle, c’est sans doute que le mal est profond et incurable. Mon dieu, est-ce si pénible de rendre compte en toute transparence ?
DEPASSEMENTS - Dépenses hors budgets : Le rapport chiffre déjà 34 milliards.
Ce n’est que provisoire, mais le rapport d’audit sur les dépenses hors budget parle de 34 milliards de francs cfa. Ce n’est que provisoire, mais le rapport d’audit sur les dépenses hors budget parle de 34 milliards de francs cfa. Le ministre d’Etat ministre de l’Economie et des Finances Abdoulaye Diop, l’a fait savoir hier. A cela, s’ajoutent les sommes impayées des hôpitaux, qui s’élèvent à 14 milliards de francs cfa dus à «des prévisions inexactes dans le budget, des engagements des dépenses sur le budget, qui n’existent pas. Mais tout est provisoire en attendant d’être validé», tempère-t-il.
Un audit a été commandité à un cabinet établi à Dakar, pour avoir une idée sur l’ampleur des dépenses hors budget, et M. Diop, qui attend le rapport définitif, souligne quand même que si «les dépenses ont été faites de bonne foi, on reviendra ici à l’Assemblée pour faire voter, et le ministère paiera. Ce sont des engagements que des gens ont faits sans avertir personne. Comment voulez-vous les payer ? Je ne peux pas payer sans autorisation parlementaire. Je n’ai aucune décision à prendre».
sakane@lequotidien.sn
LAT DIOP, LEADER DU FEP SUR LES MILLIARDS DE L’ANOCI « Si j’avais un arbitrage à faire… »
par Bakary DABO | SUD QUOTIDIEN , mardi 23 juin 2009
Récemment porté sur les fonts baptismaux, le Front pour l’Emergence et le Progrès (Fep) ne compte pas rester muet sur certaines questions d’ordre national. Analysant l’actualité politico-économique, le leader Lat Diop de ce parti politique pense que les milliards de l’Anoci auraient mieux servi dans le secteur agricole.
Si certains continuent à commenter les résultats du Conseil de surveillance sur la gestion de l’Anoci, d’autre retournent à la source pour décrier le choix même sur l’opportunité d’attribuer des centaine de milliards à l’agence que dirige Karim Wade, leader de la Génération du Concret (Gc). C’est à l’image de Lat Diop, président du Front pour l’Emergence et le Progrès (Fep).
Ayant pour ambition de « restaurer la dignité du citoyen sénégalais sous ses aspects politique, économique et social, d’élever son statut où qu’il se trouve dans le monde », le Président du Front pour l’Emergence et le Progrès, a retracé la voix à suivre pour atteindre ses objectifs. Selon lui, son ambition pour le Sénégal « doit bien entendu passer par des étapes que la classe politique n’a pas su franchir, d’où la nécessité de la renouveler et de rehausser le débat politique qui est très stérile au Sénégal ».
De l’avis de M. Lat Diop, « Si on ne critique pas le Président de la République qui manipule et oriente le débat politique, c’est son fils qui fait l’actualité, cela n’intéresse plus le commun des sénégalais et je refuse de tomber dans ce travers ». Selon lui, les débats et les orientations des hommes politiques doivent être ailleurs, en s’interrogeant par exemple, sur la semaine des 40 heures qu’il trouve « insuffisant » pour un pays sous-développé comme le Sénégal. « Je le dis solennellement, il faut augmenter les heures de travail, j’ouvre le débat et je dirai pourquoi ».
Sur cette lancée, M. Diop fait savoir que sa plus grande ambition pour le pays « c’est de faire disparaître la paysannerie et la remplacer par des professionnels et salariés de l’agriculture et cela ne sera jamais possible tant que le problème de la maîtrise de l’eau n’est pas résolu ». C’est ainsi qu’il défend : « Si j’avais un arbitrage à faire, les milliards de l’ANOCI iraient dans ce secteur qui doit être le principal domaine de concentration en plus du relèvement du plateau technique des hôpitaux et centres de santé, de la couverture médicale sur toute l’étendu du territoire, de l’éducation des jeunes et surtout de l’indépendance de la justice qui est à mon avis une condition essentielle de l’attractivité de l’investissement privé ». A travers ce postulat du leader du Fep rejaillit le problème de priorité auquel sont confrontés les autorités. Selon lui, « un investisseur réfléchira toujours avant de venir dans un pays où l’Exécutif est soupçonné d’influencer les décisions de justice ».
M. Diop affirme également nourrir une grande ambition pour la jeunesse du pays. « Je considère qu’au Sénégal être jeune est un handicap qu’on essai de corriger sous le prétexte de la patience. Rien n’est fait pour promouvoir les jeunes et les responsabiliser réellement. Je combattrai cette conception restrictive qui confine la jeunesse dans des activités sportives ou de loisirs pour qu’elle n’ait aucune autre ambition parce que nos dirigeants savent que l’éveil de la force vive d’une nation est toujours une menace pour leur confort qui n’a rien à voir celui du peuple, il faut donc l’endormir. Notre souhait est de montrer qu’un jeune peut être plus qu’un ministre des sports et des loisirs ».
WALF FADJRI :
Problématique du textile au Sénégal
L’essence migratoire de l’industrie du textile, plus particulièrement celle de la confection de l’habillement, a toujours été liée à sa demande intensive de main-d’œuvre. L’industrialisation du textile a vu sa naissance en Grande-Bretagne, motivée par l’invention de la machine pour le nettoyage du coton.
L’amélioration précédente des machines à tisser le coton en tissu et une abondante population européenne fournissant une forte main-d’œuvre nécessaire pour supporter le développement de l’industrie. Plus tard la migration massive d’Européens vers le nouveau continent devient alors la cause principale de la délocalisation de l’industrie du textile vers les Usa (1910-1990). Durant les deux dernières décennies, certaines nations, principalement asiatiques, ont eu à profiter de la répétition de l’aspect nomadique de l’industrie du textile. Une fois de plus, elle était à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil plus adéquate ; cependant la nouvelle raison de l’exil de l’industrie des Usa vers l’Asie diffère, car cette fois-ci, elle est plutôt due à un aspect socio-économique contrairement à un paramètre démographique.
Le taux élevé des salaires aux Usa est la raison pour laquelle la société américaine est restée plus compétitive et plus orientée dans le domaine de la technologie et du service qu’à celle de la production industrielle. Cette industrie qui, il y a juste dix ans, était massive aux Usa devient alors un fardeau pour les industriels américains du textile, mais surtout pour son gouvernement qui a eu à subventionner la production de son textile à des pays de leur choix, tant qu’ils ont pu. Avec un intérêt de plus de 35 % de la consommation mondiale d’habillement, l’Amérique se trouve alors concernée par les héritiers de l’industrie en exode : soit principalement la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Turquie et d’autres pays de l’Est qui n’avaient pas toutes les meilleures relations d’échange avec les Usa.
La plupart des pays bénéficiaires de la nouvelle transition avaient déjà établi l’existence d’usine de production du tissu, mais ils ont réussi finalement à intégrer verticalement ce secteur à celle de la confection industrielle de vêtements. Ce qui a donné des avantages essentiels à ces pays, comme l’exportation de produits à valeur ajoutée. Un choix qui leur a permis de percevoir une marge de profit plus grande sur le marché international ; mais aussi une diminution considérable du taux de chômage dû à la demande intensive de main-d’œuvre requise par l’industrie du textile. Quant aux Usa, pour contenir leur approvisionnement de vêtements, ils ont réagi par la mise en place de programmes d’échange en vue de mieux équilibrer et diversifier leurs fournisseurs d’habillement. On assiste d’abord à la naissance de Nafta qui a favorisé leurs voisins frontaliers (Mexico et Canada) à des avantages d’exportation vers les Usa.
En 2000 la création de l’Agoa (African Growth Opportunity Act) visait sans aucun doute à initier une politique d’alliance économique, mais aussi à développer une alliance stratégique avec les pays de l’Afrique sub-saharienne qui dispose d’une situation géographique favorable pour l’exportation vers les Usa. Ce programme de partenariat (Agoa) loin d’être parfait est certainement une opportunité considérable pour finalement intégrer l’industrie du textile africain qui est en déclin, à cause de son existence partiale. Le but de l’Agoa serait d’ouvrir une ‘pipeline’ sur le marché américain aux exportateurs Africains ; mais depuis l’annulation du free quota system en 2005 l’Afrique se doit d’être plus agressive pour pénétrer le marché international et participer à l’échange mondial. Nos gouvernements africains doivent faire de l’Agoa un programme bilatéral et opérationnel, car ses avantages ne viennent pas sous forme d’aide monétaire ; mais plutôt d’un cadre d’échange économique pour développer nos industries de production.
Presque 10 ans depuis le démarrage de l’Agoa, on constate quelques rares succès pour les pays africains sélectionnés. Nos gouvernements doivent appuyer la culture et la transformation locales du coton ; multiplier les centres de formation et les unités de production vestimentaire. Ceci est nécessaire pour soutenir les producteurs de tissu local reliant sur l’exportation incertaine de produit semi-fini (le tissu). La majorité des producteurs de tissu en Afrique est confrontée à de nombreuses difficultés pour exporter leurs produits pour la simple raison qu’il y a moins d’acheteurs de tissu. Le manque d’acheteurs est lié à l’accumulation de l’industrie du textile partout ailleurs pour exporter du prêt-à-porter (full packaging). La demande exigeante des acheteurs de vêtements exige que les fabricants doivent pouvoir répondre rapidement à la demande. Il est donc préférable aux producteurs de vêtements de collaborer avec un fournisseur local pour sa matière première (le tissu) enfin d’écourter les délais de production.
Alors que tout le monde pointe la Chine du doigt ; peut-être que l’Afrique devrait plutôt s’inspirer du modèle chinois et le parfaire pour le développement de la production industrielle. Le taux de la monnaie chinoise est certes resté bas (certains estiment même qu’elle est dépréciée de 40 % de ce que devrait être sa valeur réelle), mais d’autres forces politiques émergeantes supportent le textile en Chine. La moitié de cette industrie appartient ou est subventionnée par l’Etat chinois ; leur gouvernement accorde des bonifications d’intérêt aux exportateurs de 50 % sur les prêts concernant ce secteur en particulier. Les banquiers chinois par subvention du gouvernement attribuent des prêts pour la construction constante d’usine de textile. La Chine a investi plus de 30 milliards de dollars en 2003 sur le textile pour dominer le marché mondial après la dérégulation des tarifs en 2005. Ceci est une motivation pour l’Afrique d’investir davantage dans le textile et rester ferme à notre volonté de bâtir une usine de textile par jour plutôt que d’accepter la fermeture d’une usine par jour.
L’engagement doit être pris par nos gouvernements à appuyer les opérateurs économiques du textile et de la mode à faire valoir le label ‘Made in Africa’ sur le marché international ; la volonté des opérateurs s’arrête là ou commence le pouvoir de nos Etats. L’incertitude que ressentent les acheteurs américains vis-à-vis du fournisseur africain peut être renversée si nos gouvernements font pression pour une nouvelle régulation du libre tarif, mais surtout forcent la Chine à réduire ses pratiques irrégulières de production et renforcent notre capacité de production locale. Les pays africains ont besoin de réaliser leur ‘pouvoir volontaire de restriction’ à savoir que nous avons une meilleure chance de sensibiliser la Chine que le gouvernement américain ; sans doute pour des raisons géopolitiques. Les gouvernements africains se doivent de faciliter les échanges entre les investisseurs, la bureaucratie locale, mais surtout avec les institutions financières pour établir des bonifications sur les taux d’emprunt pour la production.
Une formation adéquate est vitale pour préparer les banquiers africains à s’adapter aux nouveaux défis de l’échange mondial ; quand le prêt ne peut pas aboutir localement, alors les banquiers devraient être en mesure de mettre en synergie les opérateurs industriels à percevoir l’accès aux capitaux internationaux. Mais aussi voir les autorités renforcer les sanctions punitives relatives aux entrepreneurs peu scrupuleux qui font preuve de mauvaise gestion financière rendant l’accès au financement étranger difficile pour la génération future. Nos pays bénéficiant des avantages de l’Agoa doivent motiver les systèmes d’aide international à augmenter la part allouée à la production pas seulement en aide monétaire, mais par le transfert de technologies, l’assistance technique et la promotion de la formation sur le terrain.
Ces engagements de la part de nos leaders sont primordiaux pour développer la production vestimentaire et intégrer les différents secteurs de l’industrie pour réduire les délais de production. Ceci nous permettra d’être plus compétitifs sur le marché international, basé sur la qualité. Mais il faudra faire preuve de rapidité dans la livraison et renforcer notre capacité de production pour la création de nouveaux emplois, et surtout protéger les millions de travailleurs menacés par une industrie en extinction. Nous bénéficions d’infrastructures nécessaires pour la production, comme l’accès à l’électricité, l’eau, la communication électronique et la compétence technique, mais la réduction de ces coûts de production est une nécessité. L’exemple de certains pays africains, à citer comme étant émergents pour le développement du textile, sont le Nigeria (l’un des rares pays africains à s’inspirer de la Chine) est en train de soutenir le textile par des programmes de subventions gouvernementales.
Ces aides de plus en plus courants sont motivés par l’intention de soutenir et de relancer les producteurs comme en témoigne le projet nigérian pour l’expansion de leur importation du textile (Export expansion grant). Sous le programme de l’Eeg, les exportateurs de produits à valeur ajoutée, tel que le vêtement, reçoivent une rémunération de 40 % de leur revenu annuel sur l’exportation. D’autres exemples à citer sont l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Madagascar et les Iles Maurice. Rappelons nous lors du conseil présidentiel pour l’investissement en 2004, le gouvernement sénégalais avait misé sur l’urgence pour ‘l’accélération de la croissance économique et la création d’emplois pour sortir le pays de la pauvreté’.
Cette urgence demeure toujours, mais aujourd’hui plus que jamais la solution réside dans nos avantages de production spécialement dans le domaine du textile qui a une longue histoire au Sénégal. Bien que la compétition asiatique n’ait cessé de croître, nos avantages compétitifs demeurent avec une position géographique et un climat qui sont stratégiques pour la culture du coton et l’accès rapide aux marchés extérieurs ; une ressource démographique qualifiée avec la présence locale de stylistes qualifiés dotés d’une forte intensité de main-d’œuvre et à qualification élevée.
Papa Mayelad FALL BoGa Global Fashion www.bogafashion.com
Face à la probable hausse du prix de l'électricité : Les Imams de Guédiawaye préparent un nouveau de plan de riposte
On ne change pas une méthode qui vaut des satisfactions. Tel semble être le credo des Imams de Guédiawaye qui, face aux rumeurs de plus en plus persistantes d’une hausse de 8 % du prix de l’électricité, se penchent sur un plan d’actions pour, encore une fois, faire reculer l’Etat. Ils demandent aux autres localités du pays de sonner la mobilisation.
Leur détermination avait contraint l’Etat du Sénégal à revenir sur l’augmentation du prix de l’électricité au mois de novembre dernier. Et comme on ne change pas une méthode qui gagne, les Imams de Guédiawaye comptent se remettre en première ligne pour mener les contestations, face aux rumeurs de plus en plus persistantes d’une augmentation de 8 % sur les factures d’électricité à partir du 1er juillet 2009. Sur les ondes de Radio futurs médias, l’Imam Yousssoupha Sarr appelle déjà les populations à la riposte. Une riposte qu’il espère beaucoup plus rigoureuse que la première pour pousser les pouvoirs publics à abandonner cette piste. ‘L’année dernière, nous étions très mesurés sur certaines choses, mais pour cette fois, et sans sortir du cadre légal et réglementaire, nous serons plus rigoureux, car nous nous sommes donnés une capacité de mobilisation beaucoup plus importante. Ce qui va nous permettre de mobiliser toute la banlieue dakaroise’, fait savoir l’Imam Sarr. Il invite ainsi toutes les localités du Sénégal à en faire autant pour faire reculer l’Etat du Sénégal dans sa décision d’augmenter le prix de l’électricité.
L’Imam de Guédiawaye exhorte ainsi les pouvoirs publics à réfléchir sur les conséquences que pourrait avoir une telle décision sur les ménages sénégalais déjà éprouvés par un contexte de crise généralisée. Aussi, ces ménages sortent-ils d’un contexte où les discussions étaient entamées pour enlever les 5 % qui restaient des 17 % précédemment annoncés. Et où il était également question d’élargir la tranche sociale pour passer de 50 à 250 kilowatt. ‘Ainsi, on risque de tout remettre en cause’, fulmine-t-il, tout en précisant que les discussions étaient bien avancées pour arrondir les angles.
C’est pourquoi, l’Imam Sarr exhorte les autres localités à épouser leur combat en rejetant les nouvelles factures de la Société nationale d’électricité (Senelec). Et de l’avis de Yousssoupha Sarr, cette volonté des Imams de Guédiawaye d’étendre leur lutte au plan national, n’est pas une simple déclaration d’intention. Une déclaration que semble approuver l’Union régionale des consommateurs de Thiès qui sera, vendredi prochain, dans les rues de la Capitale du Rail pour dénoncer, entre autres préoccupations, cette probable hausse du prix de l’électricité.
Ibrahima DIAW
Budget : La sincérité des prévisions bientôt érigée en principe
Le mode de fonctionnement des finances publiques va connaître un bouleversement sous peu de temps. En effet, des innovations qualifiées de ‘majeures’ sont en cours d’introduction dans la perspective de la révision du cadre harmonisé des finances publiques de l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). L'annonce a été faite hier par l'adjointe au Directeur du Budget du ministère de l'Economie et des finances au cours des journées de réflexion consacrées à cet effet. ‘La révision du cadre harmonisé des finances publiques prévoit des innovations majeures parmi lesquelles nous pouvons noter l'introduction du principe de sincérité des prévisions budgétaires’, a déclaré Mme Khady Ndao Diagne.
Elle ne s'est pas limitée là. Elle en a cité d'autres comme l'élaboration d'un document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle, la déclinaison du budget en programme et la déconcentration du pouvoir d'ordonnateur principal.
Mme Diagne a aussi évoqué le classement des tirages et remboursements des emprunts à moyen et long termes en opération de trésorerie, le renforcement de l'information du Parlement et de son contrôle de l'exécution des lois de finances et la mise en cohérence des soldes de la loi de finance avec le Pacte de convergence de l'Uemoa.
L'extension des missions de la Cour des comptes dans le contrôle et le suivi de l'exécution du budget, la réduction du délai de la période complémentaire à un mois, l'application du principe des droits constatés dans la comptabilisation des dépenses et des recettes de l'Etat, la suppression de la notion d'administrateur de crédits, etc. font également partie de la liste des principales innovations. Celle-ci n'étant pas exhaustive.
Il s'agit là de la modernisation des Directives de l'Uemoa qui doivent être adoptées par le Conseil des ministres de cette organisation d'intégration régionale avant la fin du mois de juin 2009, selon Khady Ndao Diagne.
Nd. M. GAYE
Examen de la loi de finances rectificative : Les députés diagnostiquent les maux de la politique économique du gouvernement
Ils étaient convoqués pour examiner la Loi de finances rectificative 2009 mais les députés ont fait de l'occasion un exutoire de leur analyse de la politique économique du Sénégal. Plaidant chacun pour son terroir, les parlementaires ont rappelé à l'argentier de l'Etat que développer le Sénégal ne signifie pas concentrer les investissements dans Dakar.
Après l'exposé des motifs devant la représentation, le député Mamour Cissé a reproché au ministre des Finances de n'avoir pas proposé un plan de relance économique pour le Sénégal. Avec un taux de croissance de 3,1 % prévu contre 5,2 % initialement annoncé, une perte de recettes de 135 milliards, une baisse de 20 % du transfert des émigrés, etc., l'année 2009 sera dure pour le Sénégal. Le secrétaire général du Psd/Jant bi a demandé au ministre les autres investissements productifs, en dehors de l'autoroute à péage, que l'Etat va engager. Le projet ‘Cœur de Kaolack’ visant à développer la capitale du bassin arachidier va coûter trois milliards aux finances publiques. Ce que Mamour Cissé trouve ‘impertinent’. Dans la même veine, Me El Hadj Diouf soutient que l'urgence pour Kaolack c'est la réhabilitation de la voie ferroviaire, la réfection du port, principalement. Relativement à la question du leader du Psd/Jant bi, le ministre des Finances estime que ‘le paiement de la dette intérieure est un investissement pour la relance de l'économie’, les entreprises étant le principal moteur de cette économie. Non sans ajouter que le gouvernement ne peut pas répondre à toutes les sollicitations, ‘faute de moyens’. Imam Mbaye, pour sa part, s’est dit outré par la cession des terrains jouxtant l'aéroport à un particulier, lequel l'a revendu pour 27 milliards à l'Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres). Me Ndèye Fatou Touré a trouvé ‘illégale’ l'affection de 587 millions au poste de vice-présidence alors qu'il a été rejeté par une partie des députés. Elle s'est vue, cependant, rectifier par le ministre qui a expliqué qu’’une proposition soumise à l'appréciation de l'Assemblée nationale ne saurait être illégale’. D'autres parlementaires ont relevé le retard de développement de certaines villes du pays et l'absence d'infrastructures routières de qualité à l'intérieur du pays. La question de l'énergie, la floraison de banques et d'établissements financiers dans Dakar ouvrant une porte au blanchiment d'argent ont été soulevées. Les parlementaires n'ont pas été tendres avec la politique agricole du pays. Pour le député-maire de Bambey, Aida Mbodj, si la Goana sensée apporter de la valeur ajoutée aux productions connaît un déficit, comparé aux 60 milliards de francs investis, elle doit être abandonnée. Les députés ont, en outre, abordé le projet de la Banque verte pour rappeler que l'Office national de coopération d'assistance (Oncad) créé en 1966 et la Banque nationale de développement (Bnds) devaient servir aux paysans alors que ces derniers n'en profitaient pas.Le ministre indique que la ‘stratégie’ sera changée parce que la ‘création d'une banque va prendre beaucoup de temps’. Ainsi, dans un premier temps, Abdoulaye Diop annonce que la Caisse nationale de crédit agricole (Cncas) va être renforcée financièrement et l'actionnariat revu.
Kh. BAKHOUM
Contrôle du budget de l'Etat : Les limites de l'action parlementaire mises à nu
L'efficacité de l'intervention du Parlement dans le contrôle du budget de l'Etat est entravée par de nombreuses limites. Le constat est d’un député membre de la Commission de l'économie et des finances de l'Assemblée nationale.
Un membre de la Commission de l'économie et des finances de l'Assemblée nationale a dressé hier les limites à l'efficacité de l'action parlementaire en matière de contrôle du budget de l'Etat. Et elles datent du lendemain de l'accession du Sénégal à la souveraineté internationale. ‘Le Parlement sénégalais, depuis les incidents du 14 décembre 1962 où les députés ont retiré leur soutien au gouvernement, a vu sa marge de manœuvre fortement diminuer au profit de l'exécutif’, a relevé Serigne Mbaye dit Khalifa Dia lors des journées de réflexion sur la réforme de la gestion des finances publiques organisées par l'Ecole nationale d'administration (Ena) . ‘La loi, dans le même temps où elle octroie au Parlement des prérogatives en matière de contrôle de l'activité gouvernementale, institue simultanément des limites à l'exercice effectif de ce droit’, a-t-il fait remarquer. A titre d'exemple, le député a évoqué l'analphabétisme de la grande majorité des représentants du peuple. ‘La plupart des parlementaires ne sont ni initiés, ni préparés à la maîtrise des techniques de rédaction d'un texte juridique’, a-t-il expliqué. ‘De surcroît, la pratique consistant à déléguer des assistants aux parlementaires n'est pas encore adoptée au Sénégal’, a-t-il ajouté.
Dans le même registre, M. Dia a aussi relevé comme limite l'insuffisance des moyens financiers et logistiques mis à la disposition des parlementaires. Il a estimé que celle-ci ne leur permet pas d'assurer une présence régulière au sein des diverses catégories de la population de façon à pouvoir prendre en compte leurs préoccupations et leurs attentes légitimes.
Ce n'est pas tout. Le député a relevé dans le même ordre d'idées l'impossibilité dans laquelle se trouvent les parlementaires de rejeter les budgets de tel ou tel ministère, sans rejeter en même temps l'ensemble de la loi de finances. Pour lui, cela constitue une autre contrainte majeure dans l'exercice du contrôle de l'exécutif.
En faisant ainsi état de ces limites qui ne permettent pas aux parlementaires de jouer pleinement leur rôle dans l'initiative de réformes de la gestion des finances publiques, Serigne Mbaye dit Khalifa Dia a voulu montrer les nombreux chantiers qui restent à faire si l'on veut faire prévaloir au sein du Parlement des pratiques démocratiques, respectueuses des différences et des sensibilités politiques. Aussi, le député a-t-il exprimé son souhait de voir l'autorité compétente procéder à des réformes pouvant permettre aux parlementaires de mieux exercer le contrôle du budget. Et parmi les réformes souhaitables, il a cité notamment le droit d'amendement et la mise en place d'un vrai système d'informations budgétaires en temps réel. ‘Il nous faut disposer d'un vrai système d'informations budgétaires. Et cela suppose que les acteurs sectoriels acceptent de perdre des prérogatives. Le ministère de l'Economie et des finances doit faire des efforts pour aller dans ce sens-là’, a-t-il indiqué. Ce qui permettrait de rendre plus performante la gestion du budget, selon lui.
En outre, M. Dia a rappelé les moyens de contrôle dont dispose le Parlement sur l'exécutif en matière budgétaire. Il a souligné ainsi le passage en commission, la discussion en séance plénière, la loi de règlement, les commissions d'enquête parlementaires et les questions (écrites ou orales) au gouvernement.
Ndakhté M. GAYE