PROBLEMATIQUE
Un vote problématique
Par Madior FALL | SUD QUOTIDIEN | mardi 29 mai 2007 | 663 lectures Commenter cet article Lire l
Les hommes en tenue proposés à la défense de l’ordre et de la sécurité du pays ont voté pendant le week-end du 26 et 27 mai , précédant ainsi, comme ce fut le cas à la présidentielle d’une semaine les « civils ». Personne n’a jusqu’ici motivé un tel phénomène. Pourquoi ces « nouveaux » citoyens devaient-ils voter avant les autres et en civil s’il vous plait ? Cette question est encore en l’état. Mais passons. Le Sénégal est une démocratie dans laquelle les élections se déroulent à bulletin secret depuis l’instauration du code consensuel de 1992, dit Code Kéba Mbaye du nom du regretté Juge. Dans ces conditions, il n’est théoriquement pas possible de dire pour qui vote telle ou telle catégorie de personnes. Pourtant, depuis la présidentielle de 2007, il est beaucoup question du vote militaire. Pourquoi ? Cette question mérite de trouver réponse et vite pour que nos fragiles institutions ne pâtissent « d’une démocratie à pas de charge » que l’on a assurément cherché à instaurer.
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Existe-il en effet, la possibilité de créer un « vote militaire » de sorte à modifier sensiblement le cours politique ? La mise en place de ce « vote » est-elle si complexe ? S’oppose-t-elle au devoir de réserve ? La hiérarchie peut-elle donner de façon implicite des consignes de vote ? Le scrutin étalé sur deux jours, une exception déjà, du week-end dernier, marqué par un désintérêt manifeste de la part des militaires et paramilitaires, pose problème. D’autant plus que, quelles que soient les raisons que l’on peut invoquer, la défection militaire à l’endroit de la deuxième institution du pays, en dépit du retour annoncé du Sénat, fragilise assurément l’autorité parlementaire. Moins ou tout juste 40 �n moyenne des militaires et paramilitaires sur l’ensemble du territoire national ont daigné accomplir leur devoir civique. La majorité quant à elle, sans forcément suivre le mot d’ordre de boycott actif de l’opposition, s’est détournée des urnes, partant de la première chambre de l’institution parlementaire. Non pas par ignorance, car la troupe n’est nullement analphabète. Il faut au minimum disposer d’un certificat d’étude élémentaire pour en faire partie. C’est donc en toute connaissance de cause, qu’elle a décidé de voter autrement.
Le vote des militaires est libre, il n’est pas « embrigadé » et la hiérarchie, conformément au principe de neutralité et au devoir de réserve, ne donne pas ou n’est pas en mesure de donner des consignes de vote à son personnel. Autrement, il serait même à craindre pour le sacro-saint principe de discipline militaire qui fonde le fonctionnement et l’efficacité des corps militaires et paramilitaires. Dès lors, se posent plusieurs questions sur le comportement « militaire » du week-end. A-t-on voulu signifier au politique qu’il s’est trompé sur l’attitude du 25 février dernier des hommes en tenue ? Est-ce à dire que la garante, (l’armée) des institutions ne croit pas au Parlement ? L’a-t-on abusée, ou a-t-elle servi d’alibi ? Ou devrait-on se contenter de l’explication assurément simpliste du ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom qui s’est essayé, hier lundi 28 mai depuis Poponguine, à fournir interprétation de la désertion électorale militaire en laissant entendre que ces derniers n’avaient plus à élire le chef d’Etat major suprême. Ou se suffire des propos de Amath Dansokho, le leader du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) pour qui, « les militaires et paramilitaires ont voté dans la dignité et la manière dont ils se sont détournés des urnes n’est que la réaffirmation de leur attachement aux valeurs républicaines de refus de la misère ». Explications partisanes pour l’un et l’autre, mais qui n’en traduisent pas moins l’inquiétude de la classe politique face au phénomène qu’une campagne électorale mièvre, l’image écornée d’une classe politique, les multiples querelles politiciennes n’ont fait qu’accentuer. Que dire maintenant de l’ambiance morose actuelle ?
4 Réactions
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29 mai 2007 12:57, par anna
Ce faible taux conforte tout simplement l’idée selon laquelle les résultats du vote des millitaires ont été truqués le 25 février. En l’espace de 3 mois, il peut y avoir revirement à 180 °. Cette fois, ils ont préférés ne pas aller aux urnes pour monter que les résultats n’avaient pas refléter leur choix. Moi, en tant que citoyenne, j’étais contre le boycott, mais maintenant j’ adhère à cette option de l’opposition significative. Parce que le taux de participation nous édifiera sur les résultats du 25 février.
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29 mai 2007 13:30
Pour le comportement des militaires et parmilitaires ne fait que reflèter le rejet de la classe politique qui nous dirige actuellement ainsi que son Président. A entendre parler certains c’est comme si les militaires ne sont pas des sénégalais. Il vivent les mêmes difficultés que tous les autres sénégalais telque la chéreté de la vie depuis l’arrivée du ROI Abdoulaye Wade I, l’école qui est entrain d’être sacrifier, les incompétents qui nous dirigent en commençant par le président. Mais il faut qu’il sache qu’il a une responsabilité devant l’histoire en mettant notre pays dans cette situation ou les plus mauvais tards d’une sociéte font référence au sénégal. Monsieur le président nous vous avons élu démocratiquement mais vous nous le rendez pas.Mais il y a rein de plus térible d’être juger par sa concience et dans votre fort intérieur vous savez que vous entrain l’âme du sénégal à travers les actes que vous poser chaque jour.
MILITAIRES AUX URNES / VOTE - Les hommes de tenue désertent les urnes : Fiasco à l’ouverture du le bal législatif»
Samedi et dimanche derniers, les militaires ont ouvert «le bal législatif», une semaine avant les hommes politiques. Peu d’hommes appartenant aux corps militaires et paramilitaires ont répondu à l’appel des urnes. Dans la plupart des bureaux de vote, ouverts pour la circonstance, les militaires ont comme déserté les urnes, au vudu faible taux de participation enregistré ce week-end. Pour l’heure, quelles que soient les justifications données à cette «désertion» des bureaux de vote, la faible participation des corps militaires et paramilitaires met du grain à moudre dans la machine des partisans du boycott. Si les militaires connus pour leur discipline et leur sens du devoir se sont ainsi comportés par rapport au scrutin législatif, à quoi devrait-on s’attendre de la part des citoyens qui, eux aussi, ne semblent vraiment, pas manifester de l’enthousiasme vis-à-vis d’une campagne qui aura battu le record de la morosité et du manque d’engouement. De quoi donner déjà des urticaires au pouvoir qui mesure l’enjeu que constitue le taux de participation. Avec les militaires, c’est une première manche de perdue pour la Coalition Sopi.
DAKAR - Au centre Bibi Ndiaye et à la cité Asecna de Yoff : Aucun bureau n’a atteint un taux de 30% de votants
Les militaires et paramilitaires ont accompli, ce week-end, à Dakar, leur devoir civique pour l’élection des députés à l’Assemblée. Cependant, ils étaient très peu nombreux à l’accomplir, contrairement à l’affluence constatée, lors du scrutin présidentiel. En effet, au centre vote Bibi Ndiaye, l’un des plus grands centre de Dakar avec 4394 électeurs inscrits, l’on a enregistré, à la fermeture des bureaux, un taux de participation tournant autour de 28,5%. Le décor était tout particulier dans la grande cour de l’école primaire Bibi Ndiaye. Aucune file d’attente devant les 6 bureaux de vote (Bureau1 : 798 ; B2 : 798 ; B3 : 798; B4 : 800; B5 : 798 ; B6 : 402) . Les quelques électeurs en tenue civile qui s’étaient déplacés sont repartis, aussitôt après qu’ils ont voté dans une discipline habituelle. Devant la porte d’entrée, des éléments de la Brigade d’intervention polyvalente (Bip) étaient postés pour assurer la sécurité des hauts gradés de l’Armée, en l’occurrence Abdoulaye Fall, Chef d’Etat major général des armées (Cemga) qui a voté au bureau 5, aux environs de 10 h. Léopold Diouf, le directeur de la Sûreté publique est arrivé vers 11 h et a voté au bureau 3.
Même constat au centre de vote de l’école primaire de l’Asecna. Sur les 2280 électeurs inscrits, le taux de participation était de 21,8%. Les électeurs se faisaient désirer dans les 3 bureaux de vote (B n°1 : 800 ; B2 : 800 ; B3 : 680) que comptaient ce centre. Si aucun couac n’a été relevé par les représentants du Cena, l’on peut noter, néanmoins, la non représentation de certains partis ou coalitions de partis dans les bureaux de vote. Seules les Coalitions Sopi, And Défaar Sénégal,Takku defaar Sénégal et l’Alliance Jëf-Jël et étaient quasi présentes dans tous les bureaux de vote. Sur le faible taux de participation qui a surpris plus d’un, certains hommes de tenue interpellés soutiennent n’avoir pas été, suffisamment informés sur le jour du vote. Mais, d’autres, plus critiques, analysent ce faible engouement par le fait qu’aucun parmi les candidats à la députation ne prendra en compte l’aspiration des corps militaires et paramilitaires, une fois élus.
Le président de la Cena, Moustapha Touré est venu s’enquérir du déroulement du vote qu’il a jugé «satisfaisant».