Adeptes du Génie Civil maçonique...
Seneweb.com : Samedi 14 Mar 2009
Une Génération concrètement dépassée
« Ce qui arrive au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ». René Char
Une « sortie » navrante (Abdoulaye Baldé), un leader muet et conspué (Karim Wade), une équipe à la traîne… ceux qui nous ont martelés que la Génération du Concret était une « nouvelle génération » porteuse de pratiques politiques originales nous doivent des explications. Nous attendions de voir leur première participation à une campagne électorale. Après plusieurs jours d’activités, nous cherchons vainement les ruptures que ses leaders ont instituées en termes de propositions, d’action et de communication dans le champ politique sénégalais.
Alors que nous étions nombreux à décrier le leader de la Génération du Concret, et ses suivants immédiats, en mettant en avant des questions liées à la légitimité, la compétence, la transparence, etc. voilà que leur véritable talon d’Achille se fait jour. Il s’agit d’un déficit indéniable d’imagination et d’innovation politiques.
Nous pensons tous que notre pays a besoin d’une profonde mutation. Mais celle-ci, peut-elle être l’œuvre d’une formation dont le seul génie est de compter sur la magie de l’argent ? Peut-on même parler de « génie » à propos d’une action politique surannée qui se résume en quelques slogans, des manifestations ludiques et le clientélisme ? C’est dire donc, qu’en réalité, les initiateurs de la Génération du Concret confondent « nouvelle génération » et « génération nouvelle ».
Le débarquement brusque sur la scène publique sénégalaise d’une bande d’individus plutôt jeunes, novices en politique, proches du pouvoir et qui aspirent à le conserver... voilà qui doit faire parler de « génération nouvelle ». Et voilà qui sied parfaitement à la Génération du Concret. Quant à l’émergence d’une « nouvelle génération », c’est-à-dire d’individus jeunes et moins jeunes, issus du pouvoir, de l’opposition et de tous les autres segments de la société, dont les particularités seraient d’avoir tirés ensemble les leçons du passé, de porter des idées neuves, d’être les dépositaires de pratiques politiques rigoureuses, et qui n’aspirent qu’à servir le Sénégal, nous attendons encore. Les pas importants accomplis ces derniers temps par le camp du pencoo (consultation en wolof) et les objections montantes dans celui du régime nous donnent bon espoir.
En tous les cas, on ne peut transformer sérieusement et positivement le Sénégal sans être des « gens du dialogue ». On ne peut y arriver en étant enfermés dans une tour d’ivoire à l’année. On ne peut réussir cette entreprise sans rompre avec les pratiques du passé : le clientélisme, l’absence de transparence dans la gestion des deniers de l’Etat… On ne peut le faire sans rendre le pouvoir au peuple. Ou encore, en piétinant constamment les institutions. On ne peut non plus y arriver avec une diplomatie qui soutient des régimes illégitimes.
La mutation que nous attendons, de la « nouvelle génération », sera actionnée par des milliers de citoyens qui auront compris que le monde a changé, que l’Afrique évolue et que le Sénégal n’a plus le choix. Mais ils sauront surtout, que dans cette globalisation en mouvement et cette ère des nouvelles technologies en bouillonnement, chaque nation à une carte à jouer. C’est pourquoi, la « nouvelle génération » comptera sur ses propres forces. Pourquoi devrions-nous nous suffire des oboles variables d’« amis » Arabes ? La « nouvelle génération » préférera s’allier à tous les démocrates et républicains africains, qui croient en eux, pour bâtir une Afrique libre, démocratique et prospère.
La « nouvelle génération » marchera sur ses deux jambes. Loin d’opposer la pensée et l’action, le réel et l’idéal, elle les confondra dans une relation dynamique qui produira, non pas le parfait, il n’est pas de ce monde, mais le juste et le viable. Et ce sera déjà pas mal.
En matière de religion, nous espérerons de la « nouvelle génération » des ruptures. Nous attendons d’elle un égal respect envers toutes les obédiences religieuses. Nous osons croire qu’elle cherchera la « lumière » dans des débats citoyens contradictoires, démocratiques et pacifiques et non pas dans des inclinations intéressées vers des réseaux opaques.
La « nouvelle génération » saura mettre fin à la caporalisation des institutions et des médiats d’Etat, bref, nous ne serons pas les otages de ses ambitions.
La « nouvelle génération » sera résolument moderne en ce sens qu’elle saura s’émanciper des racines inertes et s’inventer un avenir à partir des enseignements du présent. Cela veut dire, en finir avec le présidentialisme. Cela veut dire qu’elle saura renouveler et approfondir les consultations nationales, qui réinterrogeront celles parmi nos normes politiques, sociales et familiales qui méritent des remises en cause, au moins partielles. C’est là un mal nécessaire. Si le legs était parfait, nous n’en serions pas là.
Cette « nouvelle génération » aura le courage de renverser des idoles. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, qu’elle ne sera pas condamnée, comme la Génération du Concret, à faire du neuf avec du vieux. Le raccommodage (dëb daxe), ça va pour un moment mais pas tout le temps.
Peut-on se targuer d’être une « nouvelle génération » en ne versant dans le débat public rien d’innovant ? Quelles propositions originales la Génération du Concret a adressé aux populations en termes d’assainissement, d’environnement, de sécurité, de gouvernance locale, etc. dans le cadre des ces consultations municipales ? A y voir de près, l’on constate que l’on nous demande juste de croire en son Chef, de croire à son expertise, de croire à sa phénoménale capacité de travail, de croire à ses relations, de croire à son ambition pour le Sénégal. Mais réunir autant de compétences et de talents sans être en mesure de produire le moindre feuillet programmatique n’est-il pas suspect ? L’on pourrait même trouver cela « coupable » au regard des âpres difficultés vécues par les Sénégalais. Croire, sans voir, dans une telle situation serait un acte aveugle. Avant de ruiner tous les espoirs des Malgaches, le slogan de Ravalomanana, était \"minoa fotsiny\" -\"croyez seulement\"- ! Ec!
rasés par une indigence abominable, ces derniers ont été crédules. Cela leur a coûté cher. Très cher. Tout n’est-il pas déjà trop cher chez nous pour tenter un scenario malgache ?
Au vu de telles insuffisances, il faudrait vraiment atteindre le sommet du découragement, ne plus croire en soi, ne plus croire aux autres… pour attendre le nécessaire aggiornamento de notre société d’une formation qui a fait preuve d’autant de faiblesses.
Cela dit, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La Génération du Concret n’est pas totalement dénuée de mérites. Je lui en reconnaitrais deux.
Premièrement. Son chef, Karim Wade a su être, en quelques années, un « point d’interrogation » qui questionne chacun de nous, et au-delà, ce qui nous rassemble et nous ressemble tous, le Sénégal. Une bonne fois pour toute, notre jeune république (pas encore quinquagénaire) devra déterminer sans ambages si elle penche vers la modernité ou les archaïsmes, si elle opte pour la démocratie ou la monarchie, si elle choisit la souveraineté ou la vassalité, si elle compte ou pas se défaire des chaines de la féodalité, du colonialisme intérieur. Elle doit dire si à l’avenir elle comptera sur ses propres forces ou s’appuiera encore sur une canne… Le positionnement des Sénégalais à l’issue de ces élections municipales, sans être irrévocable, sera sans doute un moment édifiant.
Deuxièmement. Malgré des ratés, la Génération du Concret demeure une remarquable fabrique de slogans. Aussi, ses responsables qui ont participé à la préparation de l’Organisation de la Conférence Islamique, Karim Wade en tête, ont acquis une expérience incontestable dans le domaine de l’événementiel. A vrai dire, ils ont tous les atouts pour créer l’une des meilleures agences africaines de conseils en publicité, marketing et événementiel politiques. Celle-ci pourrait même, dans le long terme, rivaliser avec les dix meilleurs cabinets mondiaux. Lorsqu’on sait que des mastodontes comme Havas, Publicis, MacCann Erickson, etc. règnent dans ce secteur qui représente près de 500 milliards d’euros par an, l’on perçoit qu’une telle performance serait saluée par tous les Sénégalais. Pourquoi ne relèvent-ils pas ce challenge exaltant au lieu de s’entêter à vouloir porter un si large « grand boubou » ? Les lambris dorés des palais rendraient-ils fou ?
De grâce, que les « concrétistes » nous épargnent les accusations de « ressentiment », « d’acharnement » et de « tentative de conditionnement »... Ce sont leurs limites politiques qui plaident contre eux au vu et au su de tous. Et puis, entre la « génération malsaine » qui a porté le chef de l’Etat au pouvoir et la « génération du concret », n’y aurait-il pas un autre positionnement qui nous soit autorisé que celui d’adorer ou de haïr ? Jadis, comme des milliers de jeunes sénégalais, nous courûmes des kilomètres derrière la voiture de maître Wade, le majeur et l’index en signe de « V », comme « victoire », criant à tue-tête sopi ! Mais pendant que les errements du wadisme sont béants, croire de nouveau à un autre messie, Wade fils, ne relèverait-il pas de la Wadolâtrie ?
Auteur: Mouhamed A. LY. Sociolinguiste
Comment Karim pourrait accéder au pouvoir ? Le scénario fou !
Le nouveau come-back de Idrissa Seck au sein de la famille libérale a beaucoup fait jaser et suscité de la part de la presse et des politologues une floraison de commentaires les uns aussi intéressants que les autres. Les commentaires faits dans la presse n’ont pas pour autant insinué le scénario fou que Abdoulaye Wade préparerait à l’opinion pour sa succession. Jusqu’ici, la peur de se voir reprocher du tripatouillage constitutionnel a forcé le président de la république à être moins absolu dans son idée de vouloir se faire remplacer par son fils.
Les récentes vraies ou fausses retrouvailles avec son ancien premier ministre donnent l’impression naïve de chercher la reconstitution des fibres libérales assez profondément défaites avec la vague de démissions et de renvois orchestrés pour des raisons stratégiques et égoïstes. Dans ce nouveau rebondissement, disons ce nouvel imbroglio, il y a plus de clair-obscur que de lumière vive. Rien ne présage ou ne laisse apparaître les signes d’une réconciliation sincère. A preuve, à peine a-t-on fini de médiatiser le non-événement que des deux parties les chiens de garde s’agitent et se mettent à manifester leur désaccord, en rase campagne. Y a-t-il un profond désaccord ou simplement un désaccord de façade dans un objectif de bluff ? Mais qui bluffe qui vraiment ?
Certains analystes présument que le président de « Rewmi » veut jouer toutes ses cartes de conquête du pouvoir, à l’intérieur du « Pds » et non hors de ce parti, et d’autres d’ajouter que le président Wade et Idrissa Seck sont compère et compagnon, donc inséparables. Et pourtant il existe un vrai danger pour Idrissa Seck d’asseoir sa démarche sur cette base ; car le vrai mobile du camp d’en face semble bien loin de cet alibi. Cette réconciliation de façade n’est que l’arbre qui cache la forêt des ambitions réelles du président Wade.
Nous avons été servis de multiples supputations qui ont une hypothèse commune : le fils du président travaille à son accession à la magistrature suprême. Les récentes déclarations et manifestations de ses lieutenants confortent cette hypothèse. Seulement, toute l’opinion y compris son père de président sait que la tâche ne sera pas facile à entreprendre dans les circonstances de contestation et d’expression d’antipathie massive.
Wade père a beau soutenir que cela n’a jamais été son ambition que de se faire succéder par son fils, pour autant il n’a jamais convaincu y compris dans son propre camp. Les derniers développements de l’actualité politique en disent plus clair. Les mouvements d’élagage qu’entreprend le président de la république au sein de « son parti » serviraient à quoi d’autre si ce n’est de baliser la voie pour son fils ! Il semble même s’asseoir sur notre bon sens en affirmant récemment depuis Addis Abeba sur RFI (sommet de l’Union africaine) ne pas promouvoir et n’avoir rien à dire sur les activités politiques de son fils. Toute la panoplie de projets repris à des ministères de tutelle et confiés au présumé « plus intelligent et plus diplômé des Sénégalais », s’inscrit dans une logique promotionnelle et propagandiste de ses qualités de pragmatique. « …Pas de fumée sans feu ». Le président veut absolument se faire remplacer par son fils ! Et la manière surprendra d’autant qu’elle sera incontestable ! Il y a des hypothèses et même des faits qui ne trompent pas dans cette mise en scène préparatoire. A quoi sert la récente visite à Touba, après l’investiture de Karim sur une liste proportionnelle pour convoiter la ville de Dakar à côté de Pape DIOP, l’actuel maire qui devrait s’effacer en sa faveur ?
« Lorsque je quitterai le pouvoir, s’il m’appartient d’organiser la transmission du pouvoir, ce sera par des élections libres et démocratiques. Tout le monde pourra se présenter. J’espère que le prochain président qui me remplacera sera issu d’un vote populaire sans aucune contestation même avec les observateurs étrangers ». Ces récentes déclarations du chef de l’Etat sur RFI ne sont pas à ingurgiter même par le militant ou l’électeur de son propre camp. Combien de fois l’homme nous a-t-il tenu des propos pour finalement les traduire par tout leur contraire ? On n’en est pas à lui refuser la moindre touche de sincérité. Tant s’en faut ! C’est dire que même si à l’avenir Abdoulaye Wade changeait d’avis ou variait dans son raisonnement, on ne devrait lui en tenir rigueur ; d’autant que d’un point de vue communicationnel, ses déclarations seront toujours à considérer dans leur contexte de production ; car la parole politique par essence reste contextuelle. C’est plutôt les prochaines échéances locales qui vont considérablement influer sur la manière dont le président en fin de règne va organiser sa succession. Un scénario fou se prépare. Du moins il est très probable.
Karim qui est bien placé sur une liste proportionnelle va certainement décrocher le poste de premier magistrat de la ville de Dakar, au détriment de Pape Diop qui a fini de s’accommoder du coup fourré. Ce nouveau galon politique du fils du président de la république sous la bannière de la « Génération du Concret » amènera les ouailles de Karim à s’autoproclamer nouvelle force politique, peut-être la deuxième après le PDS. C’est l’acte I.
Sans doute, vont-elles en profiter pour alimenter un débat sur la nécessité d’une reconsidération du paysage politique, bien évidemment avec la complicité du président en fin de règne qui va saisir l’occasion pour provoquer des législatives anticipées. L’assemblée nationale passe à la trappe de la dissolution, à la faveur d’un putsch constitutionnel. S’il en faut ! Ou alors le président, pour une fois, joue la carte de la transparence et donc attend que les deux premières années de législature soient consommées, au plus tard en 2010, au motif d’une nouvelle configuration de la scène politique. C’est l’acte II.
Comme dans l’acte premier, Karim dans une position très confortable s’aligne sur une liste de députation. On ne peut lui imaginer moins ! C’est dans la charnière du complot. Tel sur des patins à roulette, le futur successeur choisi de son père se fait élire député.
C’est l’acte III.
Quand on sait comment et qui décide du choix et de la nomination de l’occupant du perchoir, il n’est point besoin de se faire mille et une idées sur l’identité du prochain président de l’assemblée nationale. Les pratiques coutumières du propriétaire de la « Maison Sopi » ne varieront pas d’un iota. Ses injonctions seront strictement observées. Et l’on ne peut s’imaginer que son choix soit porté sur un personnage autre que Karim Wade. C’est l’acte IV.
Evidemment dans ses disposition actuelles, la constitution ne permet pas au président de l’assemblée nationale de suppléer directement le président de la république en cas de démission ou d’empêchement définitif. L’article 39, accorde cette prérogative au président du sénat. Par conséquent, pour parfaire le complot, il faudra absolument que le président de la république soumette un projet de loi constitutionnelle au référendum. Seulement, la voie référendaire, pour deux raisons, n’aura jamais les faveurs de sa Majesté. D’abord, elle va nécessiter des dépenses lourdes dans un contexte de crise financière nationale très profonde. Ensuite, elle n’a aucune chance de connaître une adhésion populaire. Que faudra-t-il alors faire, si de plus, l’article 52 de la constitution dispose que le président de la république, même en vertu de ses pouvoirs exceptionnels, ne peut procéder à une révision constitutionnelle dans ces circonstances ? La seule alternative, du reste anticonstitutionnelle, demeure le coup de l’arbitraire auquel on a été habitué durant le premier mandat. Il pourrait ainsi supprimer le sénat. Il l’a déjà procédé à pareil acte avec le défunt Craes. D’aucuns parleront de tripatouillage, mais sans tort, puisque c’est le terme exact. Le seul but étant d’obtenir que désormais la suppléance soit assurée par le président de l’assemblée nationale, en l’occurrence le patron de la « Génération du Concret », Karim Wade. C’est l’acte V.
L’épilogue du scénario s’apparente quelque peu à la succession Senghor – Diouf, en décembre 1980. Senghor avait démissionné à deux ans du terme de son mandat pour introniser son dauphin par des arrangements politico-constitutionnels. Certes, les contextes différent, mais les manœuvres restent les mêmes, et l’actuel président n’en pense peut-être pas moins. Karim Wade pourrait bien se substituer à son père par ce biais et sans contestation.
Daniel DIOUF
Consultant / Communication des organisations
Grenoble (France)
danieldiouf@hotmail.com
Auteur: Daniel DIOUF
WALF FADJRI:
Baba Wone aux dignitaires de la famille omarienne : ‘Nous voulons le pouvoir’
Mosquée de la famille Tall, 14 heures. Une foule immense a accompagné le fils du président venu y effectuer la prière du vendredi. Accompagné d’Ahmed Tidiane Wone et de Doudou Wade, Karim Wade n’a pas tenu de discours. Il s’est juste contenté de lever la main pour saluer la foule venue, soit pour l’acclamer, soit pour le huer. Ahmed Tidiane Wone a déclaré : ‘C’est Dieu qui donne le pouvoir, nous sommes venus recueillir des prières car nous voulons le pouvoir.’
(D’après Nettali)
Entre huées et foulards rouges : Sandaga hostile à Karim Wade
L’entrée en campagne du leader de la Génération du concret n’a pas été qu’une simple promenade de santé, pour dire le moins. A Sandaga où il était, hier, Karim Wade et sa suite ont essuyé une bordée de huées.
Karim Wade n’oubliera pas de sitôt sa première sortie politique, effectuée, hier, dans le cadre de la campagne en vue des élections locales du 22 mars prochain. Au marché Sandaga d’où le cortège de la Génération du concret est partie en direction du domicile du Diaraf de Dakar, Karim Wade a passé un sale quart d’heure. Debout dans son véhicule, au rond-point Sandaga, à un jet de pierre de la pharmacie Guigon, le leader de la Génération du concret est accueilli par des foulards rouges et des slogans hostiles. ‘Vous êtes un voleur, nous ne voulons pas de vous. Ton père (Abdoulaye Wade, Ndlr) n’a pas tenu ses promesses’, scandent avec entrain les jeunes marchands ambulants. Ces derniers sortent de partout et brandissent dans l’air des pancartes frappées de l’effigie de Macky Sall ou de candidats de la coalition Benno Siggil Sénégal. Plus les minutes s’écoulent, plus la foule s’accroît. Les jeunes manifestants, insultes et huées à la bouche, encerclent le cortège du leader de la Génération du concret. La réplique des militants Pds de Dakar-Plateau n’y change rien. Les jeunes, déterminés, poursuivent Karim Wade et sa suite qui se frayent difficilement le chemin. Comme pour venir au secours de Karim Wade, le président du groupe parlementaire libéral à l’Assemblée nationale, Doudou Wade se tient debout du véhicule et lève, à son tour, sa main vers le ciel en signe de victoire. En vain. La foule surexcitée persiste dans ses positions hostiles. ‘Vous êtes des voleurs et nous ne voulons pas de voleurs’, scandent-ils. Ou encore, ‘on n’en a marre des voleurs’. ‘Nous sommes fatigués et avons marre de ces voleurs. Nous savons très bien qui fait quoi dans ce pays. Ce n’est pas parce qu’on est fils du président de la République qu’on doit tout se permettre et profiter de ce privilège pour s’enrichir’, accuse un jeune manifestant qui a préféré garder l’anonymat.
A quelques mètres de là, Alioune Badara Seck, foulard rouge à la main, explique : ‘Nous suivons l’information comme tous les Sénégalais et désormais, aucun homme politique ne peut nous avoir. Le père de Karim nous fait voir de toutes les couleurs. La preuve par la cherté du coût de la vie. Aujourd’hui, il veut nous imposer son fils. Nous disons non et sommes prêts à tout pour lui barrer la route. Et heureusement qu’il s’est engouffré vite dans son véhicul. ’
Le cortège de la Génération du concret est, ainsi, couvert de huées jusqu’à la rue Fleurus, au domicile du dignitaire lébou, le Diaraf de Dakar. Là, Karim est accueilli par les fidèles du sénateur-maire de Dakar-Plateau, Fadel Gaye. Ces derniers, habillés de t-shirts, assortis de casquettes sur lesquelles on peut lire ‘Avec Fadel, votez la Coalition Sopi ’, ont pu tenir tête aux jeunes manifestants. Du moins juste le temps de la visite de Karim à Diaraf. Le convoi fort à peu près d’une vingtaine de véhicules, essuie les mêmes huées et les mêmes slogans jusqu’à sa sortie de Sandaga. ‘Ces jeunes ambulants qui crient au voleur n’habitent pas le quartier. C’est nous, habitants de Dakar-Plateau qui avons décidé d’élire le 22 mars prochain, Karim Wade et tous les investis de la liste de la coalition Sopi 2009 de la commune de Dakar’, se défend un des militants de Fadel Gaye.
Yakhya MASSALY
Après les brassards rouges du centre-ville : La Collectivité léboue bénit Karim Wade
Karim Wade a sollicité et obtenu hier des prières pour son entrée en politique. C’est ce qui l’a amené au Mausolée Thierno Saïdou Nourou Tall et au siège de la Collectivité léboue. Et contrairement au centre-ville où il a été accueilli par des brassards rouges, Karim Wade accompagné de Doudou Wade, a reçu tous les honneurs chez les lébous.
Le leader de la Génération du concret qui a entamé hier sa campagne électorale a rendu visite à la collectivité léboue de Dakar. En provenance d’une tournée au centre-ville Karim Wade a été accueilli en grande pompe au siège de la Collectivité léboue dans la Médina. Rien n’a été laissé au hasard pour manifester le soutien de la Collectivité léboue à Karim Wade.
Et c’est dans une salle archicomble que Doudou Wade, le porte-parole de Karim a délivré le message. ‘Je suis venu ici accompagner mon jeune frère qui veut entrer en politique’, déclare d’emblée Doudou Wade qui s’adresse à l’assistance en Wolof. ‘J’ai commencé avec lui ce matin en l’accompagnant au Mausolée de la famille Omarienne où la famille Tall a prié pour lui’, ajoute Doudou Wade. Et si Karim Wade est venu à la Médina, poursuit le président du groupe parlementaire ‘Libéral et démocratique’, ‘c’est parce que rien ne peut se faire à Dakar si on n’y associe pas la Collectivité léboue. C’est pourquoi j’ai amené mon jeune frère ici pour que vous priiez pour lui. Je voudrais que vous le protégiez comme vous l’aviez fait avec Lamine Guèye, avec Abass Guèye’. Puis Doudou Wade de révéler des relations qui unissent la famille Wade à certains dignitaires lébous.
Prenant la parole, le Jaraaf Ibra Paye souhaite d’abord la bienvenue à Karim Wade. ‘On a accepté de prier pour toi et on le fera. Si on ne voulait pas prier pour toi, nous ne t’aurions pas accueilli ici’. Même son de cloche chez Alioune Diagne Mbor, le Ndèy Ji Reew : ‘Rien que le fait de se déplacer jusqu’à nous, de passer devant ce baobab, cela suffit comme bénédiction. Que Dieu bénisse tes pas ’. A son tour, le Grand Serigne de Dakar, Massamba Diop Cocki, remercie Karim Wade pour la considération et le respect traduits par sa visite à la Médina. ‘La collectivité léboue, c’est l’ensemble des douze Pinthie. Et par ma voix, elle vous souhaite bonne réussite’.
Après ces prières, le leader de la Génération du concret flanqué de la ministre de la Famille Awa Ndiaye, de Amadou Tidiane Wone dit Baba, de Cheikh Diallo, Madior Sylla, bref, tout le staff de l’Anoci à l’exception de Abdoulaye Baldé.
KARIM N’A PAS CREE LA SURPRISE LINGUISTIQUE : Doudou Wade s’est fait son porte-parole
Karim Wade a drainé beaucoup de monde hier à la Médina. Il est vrai. Mais force est de reconnaître que beaucoup de gens avaient fait le déplacement pour entendre le fils métissé du président Wade parler pour la première fois le Wolof. Même dans la salle où il a été reçu par les dignitaires de la collectivité léboue, certains avaient joué des coudes rien que pour entendre Karim parler le wolof. ‘C’est tout ce qui m’intéresse. S’il ne parle pas, je sors de la salle’, nous confie un homme debout à côté de votre serviteur. Et les dignitaires lébous s’attendaient aussi à entendre Karim Wade leur parler. Puisque le préposé au micro central l’a bien souligné. ‘Nous souhaitons la bienvenue à Karim Wade. Mais puisqu’on ne sait pas ce qu’il est venu faire chez nous, nous allons lui donner la parole et l’écouter’. Il sera certainement déçu. Puisqu’en lieu et place du leader de la Génération du concret, c’est Doudou Wade qui se lève et prend le micro. ‘Je suis venu accompagner mon jeune frère’, dira Doudou Wade (voir par ailleurs). Au terme de son discours, la salle avait fini de se faire une religion sur les aptitudes linguistiques de Karim Wade.
Mais cela n’a pas découragé le préposé au micro central puisqu’il invitera de nouveau Karim Wade à prendre la parole. Et c’est là que Amadou Tidiane Wone intervient dans l’ombre pour signifier au Mc que Doudou Wade a parlé au nom de Karim. ‘Karim n’a plus rien à dire, son supérieur a déjà parlé. Quand on est bien éduqué, on se contente de la parole de son aîné’, clame un thuriféraire à l’endroit du leader de la Génération du concret visiblement soulagé.
Georges Nesta DIOP
Afin que l’arbre ne cache pas la forêt !
A l’occasion des prochaines élections locales, dans presque toutes les localités du pays, les politiciens, comme à l’accoutumée, dans une fièvre souvent émouvante et énervante, sont à l’assaut des populations. Pauvres populations ! Courtisées le temps d’une campagne électorale, elles sont laissées pour compte au lendemain des victoires ou des défaites ! Si parmi ces politiciens certains sont mus par des intentions nobles, louables (l’amélioration des conditions de vie des populations), d’autres, hélas, fortement majoritaires, ne sont guidés que par leur propre sort (occuper des postes de responsabilité afin de se remplir les poches ou celles de leurs proches). Donc les pratiques, depuis des décennies, n’ont pas changé.
Malheureusement ce qui a changé, c’est bien le décor : des conditions de vie de plus en plus dures, dans un environnement international de plus en plus hostile, prédisant alors un avenir incertain ! Tout cela nous impose, si nous sommes intelligents à revoir nos mœurs politiques qui ne répondent pas, il faut bien le reconnaître et le dénoncer, au contexte de crise généralisée que nous vivons. Les adeptes du Marxisme se sont bien raréfiés mais la dialectique est bien une loi intangible de la vie ! Encore une fois, réveillons-nous, abandonnons nos illusions et levons-nous pour relever le défi qui est essentiellement… politique, culturel et…religieux ! Religion ! Terme galvaudé dans ce pays !
La confusion, le flou, la ‘passion’ malsaine qui sont très souvent volontairement entretenus à son sujet est à l’origine de beaucoup des ‘obstacles’ qui retardent notre marche vers le développement ! Quel paradoxe ! Alors que toutes les personnes de bonne foi reconnaissent aujourd’hui que l’Islam par essence crée les conditions d’un développement intégral de l’homme ! Mais l’Islam bien compris, dans lequel le savoir lucide, et l’éthique sont indispensables. Hélas, dans ce pays, il faut le dire, on est à ses antipodes ! A ce propos, certains intellectuels ont une part énorme de responsabilité dans cette situation. Sur des questions graves, des déviances inacceptables, ils se taisent au lieu de clarifier, comme le leur imposent les principes bien compris de l’Islam. Il faut quand bien même se demander pourquoi, en parlant comme la célèbre Axelle Kabou, la plupart de nos sociétés ‘refusent’ encore le développement.
Dans ce pays, il faut le reconnaître, il y a une véritable crise de la citoyenneté. Citoyenneté comprise au sens de prise de conscience de la nécessité de s’impliquer activement dans les processus de mise en place des structures de décision et aussi de leur bon fonctionnement.Aujourd’hui, tout concourt à montrer que la bonne gouvernance est forcément en corrélation étroite avec la pratique d’une politique saine fondée sur l’éthique. Il faut alors refonder la politique afin qu’elle cesse d’être politicienne et soit l’affaire de tous ou tout au moins de la majorité. C’est triste que dans notre pays, elle soit généralement laissée aux mains de ‘médiocres’ intellectuellement et moralement parlant. Nos guides religieux et les hommes politiques devront alors fonctionner autrement. Personne n’est né pour accéder au pouvoir. Celui-ci, après Dieu, appartient à tout le peuple qui le délègue souverainement, en toute responsabilité à des institutions incarnées par des personnes. Loo lu, na leer ! Na nu yee nit ni, wax ni falu, ni, fac sox la nit ni la nu leen fi tege ! kese ! Du laneen ! Nous sommes tous égaux devant Dieu ! Kuy raw na doon ci ngem gu set, deggu, and ak xam ak xammee. Comme le disait Mame Dabakh ‘na nu and ci degg!’ Les prières et les Sarakh ne serviront à rien tant que nos pratiques, dans tous les domaines, ne seront fondées sur le Jom et le Ngor.
Après cette invitation à nos intellectuels et aussi à nos marabouts à assainir nos comportements politiques, revenons au problème crucial des prochaines élections locales. Il s’agit de la nécessité de les placer dans leur véritable contexte ! Il ne faut pas que l’arbre des enjeux locaux nous cache la forêt de la conjoncture nationale ! Il faut bien savoir, qu’élections locales ou pas, notre pays, nul ne peut le contester, traverse une situation sans précédent dans son histoire ! Cette situation se caractérise par une crise multiforme et pluri sectorielle.
1) La vie devient de plus en plus chère, la paupérisation des masses s’accentue à un rythme incroyable,
2) Nos valeurs religieuses et morales foutent le camp, notre système éducatif va à la dérive (grèves perpétuelles, baisse inquiétante du niveau aussi bien des élèves que des enseignants etc.)
3) On parle de démocratie et on réprime sauvagement la moindre petite marche de protestation ! On casse et emprisonne des journalistes pour des délits d’opinion !
4) Les institutions sont banalisées manipulées à volonté.
5) Il faut avoir de l’argent pour pouvoir se soigner correctement.
La liste serait bien longue, s’il fallait énumérer tous les maux dont souffrent nos populations. Seuls sont épargnés les alliés du régime, qu’ils soient de la classe politique ou maraboutique !Les populations sont dans l’ensemble découragées, déçues par une pseudo alternance et aussi par le comportement de vils politiciens vivant sans honte des subsides de la transhumance. L’opposition véritable qui tente des solutions de sortie de crise (Assises nationales) a en face de lui un pouvoir arrogant, sourd à tout dialogue et prompt à utiliser la violence. Alors il y a dans ce pays une véritable impasse politique et l’avenir est lourd de tous les dangers en dépit des apparences trompeuses !Tous nos maux viennent de la Mal gouvernance généralisée qui est le fait d’un régime incompétent et déprédateur.
Dans ce contexte, la bonne gouvernance locale est une gageure ! Quelle commune dans ce pays est bien gérée ? La véritable bataille dans ces locales est de signifier à ce régime que les populations veulent le véritable changement qui est le Sopi du Sopi ! Aujourd’hui, aucun alibi local ne peut justifier l’alliance avec le camp de la majorité présidentielle. Et il est bon de savoir que ce camp comprend aussi ces structures à la position floue qui sont des alliés objectifs de celui qui a toujours le dernier mot. Il faut donner à ces locales un parfum de référendum et savoir que battre les listes du Sopi 2009 dans tout le pays, c’est, incontestablement, accélérer le processus de la mise en place de la véritable alternance dans ce pays !
M. Babacar BARRY babacar_barry@yahoo.fr
24h chrono :
ACCUSE DE VOLEUR A DAKAR- PLATEAU : Karim panique et balbutie… « je suis avec vous »
Le degré zéro de la politique! Cette belle métaphore d’un sage de la pensée n’a cessé de cogner notre esprit au terme de la petite randonnée du fils du président, hier, au Plateau ou plus précisément à l’entrée du centre d’affaires dit «Petersen». Une place qui a refusé du monde, hier, avec l’affluence des cellules de la génération du concret venues réserver un accueil solennel à leur leader. Et pour cette fois, les masques sont tombé et les amarres rompues. Jusque là tapis sous des pseudos associations, les concrétistes sont apparus au grand jour, clamant en chœur leur engagement ferme à confier leur destinée à leur leader et «surhomme», par sa naissance. Et pendant cinq tours d’horloge, les femmes ont sublimé l’angoisse du quotidien et bravé les rayons de l’astre du jour, pour esquisser le Ndawrabine. Une ambiance qui a prévalu jusqu’à l’arrivée de la chargée de la destinée des femmes du Sénégal. Toutes gencives dehors, madame le ministre s’est tellement réjouie de l’accueil qu’elle n’a pu s’empêcher une petite balade jusque dans l’enceinte de Keur Serigne, histoire de s’enquérir de l’Etat d’âme des locataires. Il faudrait tout de même noter que ses sbires se sont bien acquittés de leur tâche. Et pour preuve, il a été clairement énoncé au micro qu’il était formellement interdit aux porteurs de pancartes estampillées Ndeye Ndiaye Tyson ou toutes autres, exceptées celles portant l’effigie d’Awa Ndiaye, de baisser les bras et d’aller voir ailleurs. Dix huit heures avaient sonné quand, enfin, le cortège du fils héritier arpenta enfin la rue Emile Badiane où il buta net sur une salve de huées. «Sath bi» (voleur)… «audition de l’Anoci» entre autres ont été scandé par des grappes d’individus. Echarpes, casquette, tee shirt et même des ustensiles servaient à illustrer la colère pourvu qu’ils soient de couleur rouge. Paniqué, le cortège a vite fait de franchir ce cap pour s’arrimer quelques secondes après à l’entrée de Petersen. Flanqué de part et d’autres de ses partisans en furie, Karim Meissa s’est juste contenté de brandir les bras, balbutiant juste quelques syllabes…« je suis avec vous» avant de lever l’encre. Ce fut là le seul propos du prince et les militants s’en sont allés, repus d’avoir sacrifié à leur devoir de «citoyen aguerri et décomplexé»
Auteur: El Bachir THIAM