Cris du cœur
Mame ! la patrie fonce tout droit vers le crépuscule,
Sous le règne du vice et de ses tenants sans scrupule.
Le proxénétisme étend chaque jour ses tentacules
Sur nos âmes, devenues subitement trop incrédules.
Le Sénégal se veut toujours chantre de la Oumma,
En foulant du pied les préceptes de la Sounna.
Que ta voix autorisée nous rappelle la Charia,
Pour faire face aux assauts de la perverse mafia.
Mame ! Parles à ce pays, berceau des illustres soufis,
En lui rappelant la triste fin des peuples travestis.
Le tsunami lui aurait certes suffi comme réel sursis
S’il était un peu attentif aux signaux des Saints Ecrits.
Mame ! Mon pays est l’otage de lobbies d’envergure
Qui veulent nous ramener dans l’état de nature.
Rappelle-nous la préséance de l’état de culture,
Qui vaut à l’humanité d’être la plus belle créature.
Mame ! Reviens-nous un moment avec ta lucidité,
Pour guider cette jeunesse éblouie par la futilité.
Elle a grandement soif d’une cure de spiritualité
Qu’elle ne peut trouver dans la quête de matérialité.
Mame ! Ne nous laisse pas dans cette pénombre,
Qui couvre ce monde empêtré dans les décombres.
Parles à tes petits enfants aux visages sombres,
Désertant par milliers un pays où ils s’encombrent.
Mame ! Je ne reconnais plus cette terre de noblesse,
Qui a produit tant d’érudits et d’hommes de sagesse.
Ces complaintes traduisent inquiétudes et tristesse,
Elles constituent sans nul doute notre cri de détresse.
Mame ! La société a perdu son âme et ses repères,
Faisant de l’argent son seul et unique critère.
Le socle familial ne justifie plus sa raison d’être,
S’il devient le lieu par excellence de l’adultère.
Mame ! Écoutes nos cris et réponds à notre appel,
Car la barque tangue vers des rivages virtuels.
Reviens et rappelles-nous notre statut de mortel,
Indique-nous encore la voix du paradis éternel.
Abdoul Aziz NDIOUCK / azizndiouck@gmail.com