La Wadynastie versus la République !
Scrutin du 26 février : enseignements et perspectives pour le second tour
Dans une tribune antérieure je soulignais, à l’exemple de bon nombre Sénégalais, que l’entêtement du président sortant à briguer un troisième mandat - alors que notre Loi fondamentale, aux dires des experts sénégalais en matière de droit constitutionnel, ne le lui permettait pas - portait en germe les risques de voir le pays basculer dans la chienlit d’où il pourrait mettre du temps à s’extirper. Cette grille de lecture ne participait point, de ma part, d’un cynique dessein de vouloir jouer les cassandres. Loin s’en faut. Elle relevait plutôt d’une observation lucide de la lame de fond contestataire quant à la validation par le Conseil constitutionnel de la candidature de Me Wade et de la violente répression policière qui l’a accompagnée. Je ne sache qu’il y ait eu dans l’histoire politique du Sénégal depuis l’indépendance une échéance électorale qui aura été aussi tragique en termes de perte en vies humaines. En effet, au moins dix personnes sont passées de vie à trépas en se cabrant vaillamment contre ce qu’une grande majorité de mes compatriotes ont perçu comme la forfaiture constitutionnelle de trop de la part de l’homme qui tient le gouvernail du Sénégal depuis mars 2000. Qu’il me soit permis, dans ces lignes, d’adresser mes plus sincères condoléances à leurs familles et de souhaiter que la terre leur soit légère.
Le fâcheux pressentiment que le chaos s’installerait s’est révélé être, au grand bonheur des fils de ce pays, une vue de l’esprit. Nonobstant l’absence de certitude des conditions d’un scrutin paisible et transparent, les Sénégalais, le courage chevillé au corps et la foi dans la valeur civique et démocratique de leur carte d’électeur en bandoulière, sont allés massivement au vote le 26 février. L’issue du scrutin du premier tour indique leur tropisme autant que leur détermination tenace pour le changement. Sous ce rapport, c’est un cinglant camouflet pour le président sortant et son régime. En fait, la gifle dont l’insuccès de Wade revêt la livrée est expressive d’un profond rejet d’une certaine forme de gouvernance, caractérisée principalement par le sans-gêne, l’étalage ostentatoire de luxe, les fortunes subites, l’impression d’une justice à deux vitesses et d’une dévolution monarchique du pouvoir, la promotion d’hommes à la conscience large, la prime à la reptation politique, le sybaritisme, les forfanteries langagières, la démonétisation des étançons institutionnels, etc. A croire qu’au moment où les Sénégalais, dans leur grande majorité, tirent le diable par la queue, d’autres mènent grand train. Dès lors, Wade ne doit pas se méprendre sur le sens du vote de ses compatriotes le 26 février. Par le truchement des urnes, ils lui ont transmis un message de désespérance, de désirs inassouvis, en un mot de rêves brisés ; ils lui ont fait savoir que son bilan, pour bon qu’il soit à bien des égards, est du menu fretin par rapport au malaise social doublé d’une angoisse existentielle qu’ils vivent.
De là, il suit qu’il y a chez les Sénégalais une envie psychologique irrésistible de changement que rien, à mon avis, ne peut désactiver, même les promesses les plus mirobolantes. Cela étant, il faut reconnaître objectivement que Wade a abattu de la besogne ; ou, pour mieux dire, il a un bilan acceptable : le réseau routier a été étoffé, les fonctionnaires et autres agents de l’Etat ont été augmentés à plusieurs reprises (encore que le coût de la vie soit très cher), de nouvelles infrastructures aéroportuaires et culturelles ont été construites ou sont en chantier, des progrès ont été réalisés dans le secteur de la santé. Tout président sortant qui brigue un nouveau mandat, auréolé d’un bilan pareil, est fondé à nourrir l’espoir d’être réélu dans un fauteuil. Seulement, les Sénégalais sont gênés aux entournures par les difficultés de survie quotidiennes et ont besoin de la justice.
Or, le régime Wade ne leur en offre pas. Les infrastructures, c’est bon, mais ça ne se mange pas, comme on dit prosaïquement. Donc, si le président candidat est tombé dans l’estime de ses compatriotes, c’est parce que justement, outre les tares précitées, ils en ont par-dessus la tête d’un pouvoir qui donne l’impression de gouverner à la petite semaine, n’ayant aucun sens des priorités. Ce qui, me semble-t-il, fait partie de ce qui a le plus perdu Me Wade est qu’il a toujours regardé les Sénégalais comme des gens vénaux que l’on peut mener à la baguette et à l’œil ; et comme des chiffes-molles. Par ce biais, il ignore que, en politique, il arrive que les électeurs se dissimulent sous des dehors d’ataraxie pour mieux zapper. Le score qu’il a obtenu au premier tour en est un bel exemple. Je suis convaincu d’une chose : jamais dans ses cauchemars les plus fous, Wade n’a rêvé à la possibilité qu’il pût être mis en ballottage.
Dans ce contexte, la question n’est pas tant de savoir ce que Wade doit faire pour reconquérir le cœur des Sénégalais dans l’objectif de battre Macky Sall, que de savoir la posture qu’il doit adopter pour sortir de la scène politique la tête haute. Car, à mon sens, quatre écueils majeurs plombent ses chances de pouvoir reprendre du poil de la bête : sa volonté de se faire succéder par son fils, son âge, la cherté de la vie et les morts qu’il y a eu durant la période de contestation de la validation de sa candidature. L’intention qu’on lui prête depuis plusieurs années de vouloir gouverner au-delà du tombeau (pour me servir d’une expression de Thomas Paine) en mettant son fils sur orbite présidentielle tarabuste à juste titre les Sénégalais, voire blesse leur conscience. Le Sénégal n’a pas d’avenir sur une dévolution monarchique du pouvoir. Un pamphlétaire et révolutionnaire américain souligne, en substance, que la ligne de démarcation entre le despotisme et ce qu’il appelle ‘la succession héréditaire’ forcée est très ténue, au motif qu’elle se fait sans le consentement de la nation. Davantage : elle prive les générations futures du droit de choisir celui dont elles veulent qu’il les gouverne. Et puis, sur le plan de l’inconscient une succession monarchique se donne à être interprétée comme faisant valoir l’idée que la valeur sociale de l’individu est fixée dès la naissance.
Or, ainsi que le fait remarquer Albert Camus avec un bel à-propos, ‘On n’a pas le mérite de sa naissance. On a plutôt celui de ses actions. Mais il faut savoir se taire sur elles pour que le mérite soit entier.’ De toute évidence, c’est insulter la capacité de discernement des Sénégalais et à leur intelligence que de croire pouvoir leur imposer d’autorité un président qu’ils n’auront pas choisi. Même dans l’hypothèse très basse où Me Wade serait réélu, le voudrait-il qu’il ne parviendrait pas à installer son fils au pouvoir. Les ressorts de l’opinion ont changé, notamment depuis le 23 juin 2011. La marée humaine qui a pris d’assaut l’Assemblée nationale dès les premières heures de cette mémorable journée a eu l’effet d’écraser dans l’œuf un projet de loi rocambolesque visant à la suppression du quart bloquant et à l’adoption d’un colistier dans la perspective de la présidentielle et de restaurer la souveraineté du peuple.
A l’annonce du retrait du projet incriminé, ces mots d’un contemporain de Freud me sont revenus en mémoire : ‘C’est dans l’âme des foules que se préparent les destinées des grandes nations. […] Quand l’édifice d’une civilisation est vermoulu, ce sont toujours les foules qui en amènent l’écroulement.’ Le printemps arable en administre la preuve, s’il en était encore besoin. C’est pourquoi je ne suis pas d’avis qu’il faille critiquer le M23 et son coordonnateur, Alioune Tine. Même s’il a commis une erreur en proposant un plan de sortie de crise au président Obasango sans l’aval des leaders politiques composant le M23, ce dévot des droits de l’homme est à la pointe de la contestation contre le pouvoir libéral. Il a failli être mis en taule pour son engagement, toutes griffes dehors, en faveur de la démocratie. C’est une lapalissade de dire que s’il n’y avait pas eu le 23 juin, Wade ne se ferait pas de la mousse aujourd’hui. (A suivre)
Mamadou Abdou Babou NGOM, Professeur d’anglais
Quel défi pour Macky Sall ?
Une élection présidentielle donne souvent l’impression d’être un tournant décisif dans la vie d’une nation. Celle du Sénégal ne déroge pas à cette règle. Les résultats du premier tour de cette élection laissent Abdoulaye Wade et Macky Sall en compétition pour un second tour. Les enjeux sont considérables à plus d’un titre pour un électorat composé en majorité de jeunes frappés par un chômage endémique. En tout premier lieu, il s’agit de faire preuve de maturité politique en évitant le piège des violences qui pourraient découler des passions et des ressentiments que suscite la candidature d’Abdoulaye Wade qui brigue un troisième mandat que d’aucuns jugent illégitime, la constitution limitant à deux les mandats présidentiels. En second lieu, le ralliement à Macky Sall de l’ensemble des partis de l’opposition, du Comité national de pilotage des Assises nationales, des mouvements ‘Y en a marre’ et du M23 est de bonne augure. Si Macky Sall sortait vainqueur de ce contexte, il aurait besoin de s’appuyer sur toutes les forces vives de la nation pour résoudre les problèmes auxquels les populations sont confrontées, et se saisir en même temps des nouvelles opportunités économiques qui se présentent aux portes du pays.
Il n’est pas inapproprié d’user du conditionnel pour sonder l’avenir du Sénégal si l’on s’en remet à la manière dont les débats de la campagne électorale ont été menés jusqu’à présent. Les protagonistes ne semblent pas mesurer l’immensité des possibilités que l’environnement globalisé de l’économie mondiale offre au Sénégal. Le monde est aux prises avec la boulimie de ressources des puissances économiques émergentes telles que la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie ou la Turquie. Les riches économies des Etats-Unis, du Japon, de la Corée du Sud et de l’Europe ne sont pas en reste. Cette faim de ressources focalise l’attention des protagonistes sur notre région. Ce surcroit d’intérêt devrait conduire les dirigeants de notre pays à s’interroger sur les voies et moyens pour le Sénégal d’engranger les bénéfices de cette ruée vers les matières premières, le pétrole et les minerais du continent.
Pour tirer le maximum de profits de cette configuration mondiale, il conviendrait que le Sénégal fasse bon usage de sa géographie étant donné que sans notre port et nos infrastructures, les ressources de nombre de pays d’Afrique de l’ouest ne peuvent faire l’objet d’une exploitation optimale. Le Sénégal pourrait leur servir de porte de sortie et de relais de développement et de création de richesse, particulièrement pour les pays enclavés et pour ceux ne disposant que d’infrastructures embryonnaires. Le Sénégal détient les atouts pour libérer non seulement ses propres potentialités qui sont énormes et ne sont pas suffisamment valorisées, mais aussi celles des pays voisins dont la vétusté des infrastructures constitue un frein à l’exploitation et à la mise en valeur de leurs ressources.
Basé moi-même à Londres et étant porteur d’un projet d’investissement de plusieurs milliards de dollars à proposer au Sénégal, je sais que l’intérêt stratégique grandissant que notre pays suscite aux yeux des Chinois, des Américains, des Indiens et des autres investisseurs potentiels tient en grande partie à l’exploitation des ressources minérales ouest-africaines. Le port de Dakar par exemple, s’il était relié à un vaste réseau d’infrastructures connectant la capitale au Mali, à la Mauritanie, au Burkina Faso, au Niger et à la Guinée-Bissau pourrait devenir un centre logistique de traitement et de transformation des ressources de ces pays.
Le potentiel des bénéfices économiques d’un tel investissement serait considérable pour le Sénégal : nouvelles industries de transformation minière et de transport générant des emplois à valeur ajoutée supérieure, revenus budgétaires provenant des taxes de transit sur les exportations de minerais, etc. La vocation du Sénégal doit être d’appartenir à une région prospère dans laquelle la prospérité de nos voisins façonne la nôtre, et notre propre prospérité aide à bâtir la leur.
En dépit des privilèges dont la nature a gratifié notre pays, particulièrement en matière d’abris portuaires, les dirigeants actuels et passés du Sénégal s’en sont si peu souciés que le rôle que pourrait jouer notre pays dans l’essor économique de l’Afrique de l’Ouest en a été sévèrement amoindri. Pire, les dérapages verbaux et les partis pris d’Abdoulaye Wade nous ont aliénés plusieurs dirigeants de la région. Il reste à espérer que Macky Sall, s’il était élu, se révèlerait d’une autre stature et s’appuierait sur l’avantage stratégique du Sénégal pour impulser des politiques de renouveau et d’expansion économique régionale.
Il n’existe aucun autre lieu en Afrique de l’ouest qui puisse offrir la combinaison de facilités portuaires en eau profonde associée à la stabilité politique que le Sénégal offre. La géographie et les vieilles traditions démocratiques de notre pays nous donnent l’unique opportunité de changer les destinées économiques de tous les Sénégalais si nous nous décidons d’agir à temps.
Bien sûr, nous avons des rivaux potentiels, ce qui constitue une raison majeure pour inciter le prochain gouvernement à s’attacher à agir avec rapidité et détermination. Le monde ne restera pas immobile à nous attendre. En effet, la Chine a déjà investi un peu moins de 300 millions de dollars pour le réaménagement du port de Nouakchott, et a signé un accord pour construire une voie ferrée de 630 millions de dollars reliant Nouakchott aux mines de phosphate de Bofal distantes de 430 kilomètres. Mais l'inefficacité des installations portuaires à Nouakchott, en dépit de l'investissement chinois, a entrainé une stagnation du volume des exportations au cours des quatre dernières années. Ce qui laisse au Sénégal la voie libre pour s’engouffrer dans la brèche. Des fonds chinois sont ainsi prêts à se substituer à Arcelor Mittal pour la reprise du projet d’exploitation du minerai de fer du Falémé ainsi que la construction d’un port à Bargny et d’une voie de chemin de fer de 311 km reliant la mine au port.
La volonté des bailleurs de fonds d’investir dans notre région est patente. Le train de la croissance économique mondiale passe désormais sur le continent africain. En effet, de 2011 à 2015, en dehors de la Chine (9,5 � de l’Inde (8,2 �et du Vietnam (7,2 � sept des dix pays qui afficheront les taux de croissance les plus élevés du monde se situeront en Afrique subsaharienne : Ethiopie : 8,1 � Mozambique : 7,7 � Tanzanie : 7,2 � Congo : 7,0 �Ghana : 7,0 � Zambie ; 6,9 �t Nigeria : 6,8 �Comme nous le voyons, seuls deux pays d’Afrique de l’ouest : le Ghana et le Nigeria figurent dans ce peloton de tête. L’exemple du Ghana, une démocratie plus récente que le Sénégal, est éclairant. A son indépendance, les ressources humaines et les infrastructures du Sénégal étaient les meilleures de l’Afrique de l’ouest. Mais cinq décennies de mauvaise gestion (d'abord par le Parti socialiste puis par le régime libéral) ont érodé ce patrimoine. Du fait d’infrastructures supérieures à celle du Sénégal, le Ghana a attiré des milliards de dollars en investissements étrangers, et le montant de ses échanges commerciaux est largement supérieur à celui du Sénégal.
Il devient donc vital et extrêmement urgent pour le Sénégal de rattraper son retard en sécurisant les investissements nécessaires à la construction des infrastructures qui feront du pays la plaque tournante à partir de laquelle toutes les économies de la région se développeront. C’est la condition sine qua non pour assurer un avenir meilleur à nos populations. Toutefois, il ne sied pas de nous nourrir d’illusions en attendant sagement que les investisseurs chinois, américains, indiens, brésiliens et les autres partenaires stratégiques du pays viennent frapper à notre porte. La concurrence pour attirer les investisseurs est féroce en ces temps de mondialisation, de crise de la dette souveraine européenne et des menaces de contraction des activités économiques mondiales qui en découle. Il nous revient d’adopter la bonne stratégie en mettant en place, aux lendemains des élections présidentielles, un gouvernement compétent, déterminé à saisir la chance de façonner son propre destin et de hisser notre pays au rang d’une puissance économique régionale. Faisons de notre vote une profession de foi en un tel avenir. Le choix est soit d’élire Wade, de cautionner sa prise en otage de nos institutions et de demeurer à la traîne, soit de témoigner notre foi en l’avenir en élisant Macky Sall qui, s’appuyant sur le large consensus dont il jouit, mettra en place les politiques qui permettront au Sénégal de s’arrimer au train de la croissance qui passe sur le continent Africain.
Sanou MBAYE, Economiste et écrivain, auteur de L’Afrique au secours de l’Afrique, Edition de l’Atelier
Evaluation des résultats du 1er tour : les perspectives d’évolution des rapports de force vers le 2e tour
Les résultats que la Commission nationale de recensement des votes vient de rendre publics sont sans équivoque sur le rejet de la candidature de Wade à un troisième mandat, et sur la désignation de Macky comme le candidat qui devrait l’affronter au 2e tour, les 18 et 25 Mars 2012.Les résultats de ce 1er tour ont illustré l’évolution des rapports de forces entre la deuxième et la troisième semaine de la campagne électorale.
En effet, l’opposition face à Wade s’est reconfigurée en deux sous camps, composés respectivement de ceux pour qui, la ‘non participation de Wade aux élections’ était un objectif politique à atteindre avant la tenue du scrutin du 26 février, et ceux pour qui, sous ‘l’effet Macky’, elle n’était qu’un slogan de campagne devant contribuer à affaiblir et à isoler Wade pour le battre par les urnes. C’est cette seconde alternative, ou ‘effet Macky’, qui a fini par s’imposer à toute l’opposition durant la troisième semaine de campagne, et lui a permis d’en tirer le maximum de profit.
Pendant ce temps, le camp de Wade continuait à se discréditer, à cause des effets collatéraux négatifs de ses tentatives de corruption de dignitaires religieux, et de l’excès de zèle de son ministre de l’Intérieur dont le limogeage était réclamé, non plus seulement par l’opposition, mais aussi par d’importantes Autorités religieuses.
Cependant, ces résultats ont été obtenus grâce au concours de plusieurs facteurs, dont :
- La détermination des candidats de l’opposition et de leurs coalitions à s’opposer aux diverses tentatives du camp de Wade de bourrer les urnes lors du scrutin du 26 Février. A cet effet, dans la plus part des villes du pays, les tentatives de transfert d’électeurs, le jour du vote, ont été stoppées efficacement, malgré le déploiement de plusieurs brigades de nervis par les partisans de Wade. La présence nombreuse d’observateurs étrangers a aussi facilité cette tâche à l’opposition ;
- La volonté des populations d’en découdre avec Wade et son régime ;
- La division de Benno en deux grandes coalitions qui ont essuyé un véritable vote - sanction au profit de Macky ;
- Le rejet, au sein du Pds même, du projet de Wade de dévolution du pouvoir à son fils, qui a entrainé des vote- sanctions au profit de Macky, au détriment de Idy, qui a eu du mal à solder son ‘contentieux’ avec le Pds, dans lequel, il s’est longtemps considéré comme l’ ’actionnaire majoritaire’.
Ainsi Wade n’a obtenu que 34,97 �u suffrage exprimé, loin derrière Diouf, qui, en 2000, avait obtenu 41 �Ce fut donc une véritable humiliation, malgré l’existence dans le fichier électoral de plus de ‘130 000 morts’, découverts par la Mission d’Observation de l’Union européenne. Pourtant, le Président du Comité de veille, celui de la Cena, et le ministre chargé des Elections, s’étaient évertués, publiquement, à convaincre l’opinion nationale et internationale de la fiabilité de ce fichier, suite aux craintes grandissantes des Sénégalais, alertés par l’existence d’un projet de fraude électronique, via la manipulation du fichier. Leur silence devant cette révélation les disqualifie, pour complicité, à participer à l’organisation du 2ème tour.
Macky, avec 26,21 �rrive en deuxième place pour mettre Wade en ballotage, sans pour autant obtenir le score de 31 �ue celui-ci avait engrangé en 2000. Niasse et Tnaor, deux candidats issus de Bennoo, ont obtenu ensemble 24,73 �u suffrage exprimé, montrant ainsi le coût électoral de leur séparation. Bennoo aurait pu être au 2ème tour, si ces deux candidats avaient évité de se discréditer en se séparant, après avoir longtemps fait croire aux Sénégalais leur volonté d’aller ensemble aux Présidentielles.
Idy, avec 7,94 �oit son rêve d’être le 4ème Président du Sénégal s’effondrer, pour n’avoir pas pu solder ses contentieux avec le peuple et avec le Pds.Cette configuration des forces politiques, issues du 1er tour des élections du 26 février, balise, en direction du second tour, les perspectives d’évolution des rapports de force au tour des deux coalitions sorties victorieuses : le camp de Wade et celui de Macky.
Compte tenu du fait que les enjeux des Présidentielles de 2012 ne mettent pas en compétition une Droite contre une gauche, mais bien, des forces républicaines, démocratiques et citoyennes contre un régime despotique en voie de monarchisation, le second tour des élections perpétue ces enjeux, et ne présente pas aux Sénégalais un choix entre deux représentants de la Droite, avec des variantes de programmes de Droite. Ce contenu est conforté par le choix public de Macky à appliquer les conclusions des Assises nationales, qui ont codifié le consensus des forces vives de notre Nation pour refonder notre Etat sur des bases républicaines, démocratiques et citoyennes, et la Gouvernance du pays.
Le second tour revêt ainsi un aspect référendaire qui pose la question du choix entre la perpétuation du régime de Wade, et la ‘Nouvelle République des Assises nationales’ que l’histoire a donné à Macky le lourd fardeau d’incarner.
C’est pour cet objectif que Bennoo devrait rapidement se reconstituer autour de ses 24,73 �et entrer en négociation avec Macky avec ses 26,21 � ce qui donnerait mathématiquement au Bennoo originel, une majorité de 50,94 �En alliance avec les parties prenantes du M23, dont Idrissa Seck , il se dégagerait ainsi une majorité politique confortable pour faire partir Wade et son régime.
De telles retrouvailles sont indispensables pour assurer la victoire, du fait de la ‘non destruction’ de l’appareil de fraude électorale de Wade, qui n’a été que paralysé au 1er tour. Mieux, même vaincu, il n’est pas sûr qu’il accepte sa défaite et qu’il ne tente pas de réaliser le coup de force auquel il aurait renoncé, à cause de menaces de destitution que la France lui aurait adressées après la connaissance des tendances issues des urnes.
Plus que jamais, le scénario de Côte d’Ivoire guette notre pays, qui aurait pu l’éviter, si Wade se retirait du second tour pour organiser des élections transparentes entre Macky et Niasse, et partir avec les honneurs, malgré les horreurs qu’il a fait subir aux Sénégalais.Tant que Wade restera en course, le Sénégal vivra une campagne électorale et un scrutin du second tour de tous les dangers.
Ibrahima SENE, Pit Sénégal
Poème du 8 mars 2012
Terrienne céleste !
Mère tu es à coté de la mer
Par la confiance du maitre des mers
Qui mit en toi la naissance
Qui mise en toi sur la naissance
Mère fière tu es
Par le lait
Source vitale
Et par le régal du cordon ombilical
Mère femme tu es espoir
Dans un monde assommoir
Dans une terre en guerre
Une terre terre-à-terre
Oui céleste
Tu es la terrienne céleste
A qui Dieu remit l’intime essence
De la source-secrète des naissances
Terrienne céleste
C’est vrai qu’un jour ne suffit en rose
Pour chanter en vers et en prose
Ta terrestre mission céleste
Mamadou NDIONE, 778110233 Mamadou.ndione@bollore.com Mandione15@gmail.com
Faire une place sincère à la femme
Extrait du dernier livre de l’auteur «Un autre Sénégal est possible»
«La vraie République : aux hommes leurs droits et rien de plus, aux femmes leurs droits et rien de moins»
écrivait Susan Anthony dans Révolution.
Au Sénégal l’article premier de la constitution dispose en son alinéa 1 « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
Récemment par une disposition légale, le Parlement a voté une loi sur la parité absolue homme-femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives,
Ecrire dans les lois et règlements des dispositions pour aller vers la parité absolue dans les institutions électives n’est pas une mauvaise chose en soit. Cela pourrait même être une façon très symbolique et pédagogique de dire que la femme est égale à l’homme en droits et devoirs. Mais il faut rendre cette loi conforme au texte constitutionnel d’abord. Le promoteur de la loi sur la parité avait sans doute des raisons plus calculées qu’irréversibles.
D’ailleurs, fallait-il réduire l’approche genre (par essence transversale) à la simple fonction élective ?
Il faut dépasser le symbolisme des actions d’éclat et oser aller dans une démarche planifiée vers une véritable politique de promotion de la femme pour régler au moins les questions de fond comme :
la scolarisation des filles et des femmes en général,
l’accès de la femme rurale à la terre avec les mêmes droits que les hommes,
la promotion de l’accès de la femme au secteur de l’emploi moderne,
l’égalité avec les hommes dans le traitement des salaires et autres émoluments,
la promotion sanitaire de la femme notamment la lutte contre la mortalité maternelle,
l’instauration au besoin de quotas de promotion des femmes dans les secteurs à trop forte prédominance masculine.
Ce que nous devons savoir c’est que la loi sur la parité n’est pas un sésame. Elle semble révolutionnaire mais loin est la fin du combat légitime pour une véritable promotion de la gente féminine. La révolution est d’abord dans les mentalités qu’il faut façonner pour faire accepter l’égalité en droits et la complémentarité en actions entre les inséparables que nous sommes. Cette révolution ne doit pas se faire dans une sorte de confrontation sociologique qui fera prendre la couronne pour le pouvoir véritable et réel d’autodétermination libre et citoyenne des femmes.
L’approche genre doit être transversale dans les prises de décisions sans toutefois tomber dans le simple vernis électoraliste. Libérer la femme signifie combattre les pires formes de son exploitation sur des bases strictement charnelles comme la prostitution et le harcèlement sexuel. L’approche genre n’est pas antagonique de nos valeurs culturelles et spirituelles.
Nous devons savoir que nous ne développerons jamais ce pays en laissant la femme dans un statut de simple spectatrice accompagnante. Elle est et doit être pleinement une actrice d’égal rôle et de même part sur le chemin du développement national. Pour y arriver, il nous faut corriger les discriminations de droit et de fait qui sont trop nombreuses. Cependant, il faut explique et s’entendre sur l’approche genre dans sa globalité pour éviter une sorte de cristallisation sur des débats de simple représentation des femmes.
L’approche genre n’est pas une coquetterie intellectuelle. C’est une nécessité dans ce Sénégal où les femmes qui se lèvent tôt et se couchent tard sont souvent plus nombreuses que les hommes. Cette vision genre doit traverser toute la politique globale. Elle doit être sincère en corrigeant tout de suite les inégalités de droit et de perception collective. Elle doit être globale et non partielle de simple promotion d’un leadership féminin électif.
Par Mamadou NDIONE - Economiste-Ecrivain-Logisticien
Email: Mandione15@gmail.com
SECOND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE 2012
La Wadynastie versus la République !
«Tout fonctionne au sommet de l’Etat sous un extraordinaire registre de démagogie, d’autant plus insupportable que personne n’est responsable de rien. Le chef de l’Etat en premier entretient, alimente et organise ce système ubuesque. Il semble en éprouver un besoin insatiable et il lui arrive d’ailleurs de concevoir tout seul un cérémonial pour célébrer ce système dans lequel il se sent bien à l’aise… ».
Abdou Latif Coulibaly,
In La République abîmée,
page60, Avril 2011, Editions Sentinelles
Le 26 Février 2012, le peuple sénégalais s’est rendu aux urnes pour élire son Président. Au sortir du premier tour de ce scrutin, la Dame victoire n’a pu choisir son camp. Les électeurs sont alors reconvoqués pour départager les deux principaux challengers, à savoir le Président sortant, Me Abdoulaye Wade et son ancien Premier Ministre, M.Macky Sall. Depuis, bon nombre d’observateurs de notre scène politique parlent d’un début de réoxygénation de la Démocratie sénégalaise déjà asphyxiée par les actes républiquicides de «Wax Waxétt Wade». L’homme, jadis, considéré comme un Ange né de la démocratie s’est, subitement, transformé en un Démon terrible de l’autocratie. Il pense être le second de Dieu sur la terre de Sunugaal !
Après douze (12) ans passé à la tête du Sénégal, Ablaye Wade intègre la galerie des chefs d’Etat à qui tout est permis. Notre Zabanga national est mu, non pas par la satisfaction des préoccupations du peuple souverain, mais par celle de sa propre famille (si pétrodollardée!), ses courtisans louangeurs (si bien servis !), ses sbires (grassement salariés !).Pour perpétuer leurs noces dignes de l’époque louis-quatorziennes, tous refusent de lui faire entendre raison. Dans son parti dont il ne reste que l’appellation il demeure la seule «constante».
Les dérives du Vieux décati n’épargnent aucun segment de la République. Chaque jour qui passe, ce patrimoine commun subit les coups de sabot de cet homme. Le Palais de la République a vu sa sacralité violée par ce que transformée en permanence politique, en un simple boxon; l’Assemblée nationale est semblable en un repaire pour les dialis des Wade; le très mal famé Sénat et l’inutile et futile Conseil économique et social des lieux de recasement d’une clientèle politique. Ajoutons à ce bréviaire de niaiseries, la création d’agences vaines et onéreuses, la justice sous commande des alternoceurs- suceurs du sang du peuple. Il est grand temps de dire basta !!!
Le Président Wade qui devrait être le premier protecteur, tuteur de la constitution la viole allégrement. Tous les hommes de Droit et du Droit sérieux ont décrié sa candidature entachée du sceau d’illégalité, inconstitutionnalité et d’immoralité. N’empêche, il s’entête à se présente à cette élection au prix même de nombreuses vies humaines. Maintenant, les dés sont jetés ! Le deuxième tour est conçu comme un vote référendaire: la Wadynastie (avec comme candidat Me Abdoulaye Wade) versus la République (avec comme candidat Macky Sall).
Concitoyens, ne nous trompons pas de choix !
Ibrahima Ngom Damel,
Journaliste -
E-mail : yboupenda@yahoo.fr
Clap de fin ?
Les Sénégalais se sont prononcés le 26 Février au premier tour de l'élection présidentielle et tout porte à croire que les urnes ont fidèlement rapporté leur parole. Pour ce qui est du calme et de la sérénité dont on se félicite, nous préférons réserver notre jugement à l'issue du second tour.
En l'attendant, les analystes décrivent divers scénari sur la conduite future que le candidat-président se voit prêtée ou suggérée.
D'aucuns prédisent qu'il vendra chèrement sa peau et s'accrochera à son fauteuil, en employant tous les artifices possibles et imaginables, même ceux que réprouve la morale républicaine pour remporter ou plutôt conserver jalousement le morceau. Afin de satisfaire sa soif inextinguible du pouvoir et de ses avantages, quitte à ensuite tenter de gouverner un Sénégal et des Sénégalais réduits en lambeaux sanguinolents.
D'autres avancent au contraire, que parfaitement conscient de l'imminence du clap de fin, il n'acceptera, pour rien au monde, de rater sa sortie devant l'histoire: par son sens de la manœuvre façonné au terme de décennies de pratique politique et politicienne, l'artiste à d'innombrables tours dans le sac, va se surpasser et donner toute la mesure de son talent ; en brouillant les pistes, il reprendra la main et les cartes pour surprendre par un ultime coup de bluff lui permettant de ramasser la mise.
Il se trouvera enfin des qui lui suggèrent d'arrêter immédiatement le jeu et les frais pendant que le temps s'y prête encore, afin de soustraire aux plus zélés de ses partisans l'administration d'une claque retentissante de fin de partie récréative.
Nous ne pouvons croire à la politique de la terre brûlée pouvant découler de la première hypothèse, ayant eu l'occasion de rappeler dans ces colonnes que Wade ne saurait être comparé à un dictateur, même si nous n'avons jamais saisi les motifs profonds de ses soutiens à ceux de ses pairs qui ne passent pas pour de farouches défenseurs de la chose démocratique.
La solidarité constante affichée à l'endroit de despotes, tel un Mugabé au nationalisme ombrageux, sa longue complicité avec un Khaddafi au panafricanisme fumeux, son indulgence à l'égard d'un Président soudanais honteux, massacreur des pauvres hères du Darfour et devant l'Eternel, de ses chrétiens d'ex-compatriotes qui survivent plutôt mal que bien sur un territoire gorgé de pétrole qu'il convoite, ne suffisent pas à l'identifier à l'un de leurs clones.
Nous pensons qu'il faut attribuer de tels errements à la « realpolitik », cette vilaine coiffe parée des horribles oripeaux du cynisme, avec laquelle sont pudiquement recouverts de prétendues raisons d'Etat et ou d'inavouables intérêts personnels.
Pour autant, ces mauvaises fréquentations n'autorisent pas à soupçonner notre encore Président de préparer une reconversion tardive dans une carrière de pyromane patenté. Et quand bien même serait il tenté par un coup de force aux conséquences incalculables, la détermination de son peuple à la longue tradition de liberté politique, de bon sens critique et de libre arbitre dans le choix de ses dirigeants, son passé de militant progressiste, la souvenance des leçons naguère dispensées à ses pairs autistes et, peut être, les idéaux de sa profession, constitueront un barrage à une telle folie.
Aussi, refusons-nous de croire qu'il puisse ou même ose emprunter la voie étroite d'une confrontation brutale, meilleur moyen d'abréger sa vie politique et de sonner le glas de celle de ses soutiens irresponsables poussant vers une telle extrémité. C'est pourquoi tiendrons-nous le pari raisonnable du non avènement d'une entreprise aussi périlleuse :
Même s'il a été noté que le candidat-président s'est laissé aller à une bien lourde et dangereuse allusion aux origines ethniques de celui qu'il considérait, à juste raison, comme son plus redoutable adversaire, accusé à tort et taxé à dessein, de jouer de la douteuse fibre identitaire. En occultant naturellement et au passage, ses propres turpitudes ou actes d'allégeance et de préférence confrériques nettement marquées, que le devoir de réserve attaché à sa haute fonction lui dictait de s'abstenir de poser de manière si ostentatoire.
Ces si peu innocents reproches, au surplus infondés, mais aux relents et à l'arrière pensée insupportables pour qui connaît l'harmonie, l'interpénétration sanguine et religieuse de nos communautés, lui ont fait perdre l'occasion de méditer le mot selon lequel, quand le silence est plus beau que ce que l'on a à dire, on lui cède la parole.
Même si, par ailleurs, l'on est bien contraint de reconnaître le profond malaise provoqué par de condamnables décisions couvrant des actes attentatoires à l'intégrité physique de personnes : le vote d'une loi scélérate d'impunité amnistiant des infractions pénales à connotation politique, l'élargissement des plus troublants des seconds couteaux, bourreaux d'un Haut Magistrat.
Même si donc, il ne peut être oublié l'atmosphère imprégnée de violence réelle ou diffuse dans laquelle a baigné son régime : un opposant, miraculé d'une sauvage tentative de meurtre, le passage à tabac et l'intimidation de journalistes, le saccage de locaux de presse, l'existence et l'utilisation de nervis de tout acabit chargés de l'exécution de basses besognes, l'embastillement, sur fond de restitution ou de partage de butin, d'un ancien Premier Ministre et toujours, sur celui de querelle de gros sous, d'un Entrepreneur, peu ou prou innocentés par la suite.
Même si encore, il n'est guère possible d'occulter le nombre record de victimes ainsi que le sentiment général de haut degré d'insécurité et de désolation jamais égalés pendant une campagne électorale dans l'histoire politique de notre pays.
Et justement c'est pour toutes ces raisons dont la liste n'est pas exhaustive, lorsque viennent à l'esprit les dérives financières, les colossales surfacturations et autres rétro-commissions régulièrement rapportées par la presse et assimilables à d'incontestables crimes économiques, compte tenu de l'état de parfait et complet dénuement du pays et du peuple, que ces derniers considèrent maintenant la coupe suffisamment pleine, pour ne plus tolérer à l'avenir, de la part des détenteurs du pouvoir, des écarts pareils dans la conduite des affaires de l'Etat.
A fortiori de la part du Président en exercice, une quelconque velléité de coup d'état électoral, lui qui faisait état d'apaisement lors de sa déclaration au lendemain du premier tour et qui prodiguait des éloges appuyés à l'endroit de ses compatriotes, pour l'exemple de civisme et de maturité politique administré au monde et dont il ne semblait pas si peu (auto)satisfait.
Par conséquent, le moins que ces derniers, en retour, puissent attendre et même exiger, c'est de se voir fournir des motifs de respect de la part de celui qui ne dédaignerait pas de passer pour un parangon de vertu démocratique. Aspirant à marquer l'histoire du Sénégal autant que Senghor, il ne saurait moins bien faire que ses prédécesseurs, en termes d'image laissée à la postérité
Ainsi, autant nous écartons l'hypothèse de sa capitulation en rase campagne avant le second tour, autant nous imaginons mal celle d'un scénario catastrophe. Aussi, privilégions-nous une âpre et même féroce compétition que Wade, piqué au vif et au plus profond de son orgueil, s'efforcera de remporter en usant de tout son pouvoir et de toute l'étendue de sa science politique.
Il jettera dans sa dernière mêlée électorale la hargne de ce qui lui reste de troupes fidèles et de forces réelles ; il tendra ses pièges et étalera ses grosses ficelles ; il exécutera de fines manœuvres et briquera pour les faire mieux scintiller ses attrape-gogos, en direction des électeurs et des abstentionnistes hésitants, des opposants ambitieux et des traîtres en puissance, des débauchés potentiels et des opportunistes embusqués, tous guettant l'appel de ses deux pieds virevoltant d'agilité et qui s'agitent déjà frénétiquement et sans répit dans l'ombre.
A n'en pas douter il jouera tous les coups à fond et sans état d'âme, mettra en œuvre des moyens immenses, dont essentiellement et sans scrupules, ceux de l'Etat, dans l'espoir de briser la logique non nécessairement mécanique des lois de l'arithmétique électorale ayant érigé le favori autoproclamé d'hier en outsider du jour, d'autant plus sérieux qu'on l'estime dépossédé de l'essentiel des cartes maîtresses de son jeu.
Son adversaire de demain et ancien proche collaborateur paraît le mieux placé pour le jauger à sa juste mesure et tous deux seraient à leur tour bien inspirés de ne point sous estimer leur peuple, en appréciant sans se tromper, le haut degré de son attachement, pendant le déroulement du vote et après la proclamation des résultats, aux règles du « fair play ».
A défaut, ce ne sera certes pas le cri « mort au tricheur », comme naguère proféré à l'encontre des vaincus par les peuplades primitives, mais celui de « honni soit le tricheur» de ses compatriotes à l'adresse du transgresseur outrancier des codes d'honneur, qui aura commis les fautes de goût impardonnables et misérables que le temps n'efface jamais des mémoires.
Il reste aux Sénégalais à espérer voir les compétiteurs, pour l'un, rentrer peut être bientôt dans l'histoire et pour l'autre, éventuellement en sortir à court ou moyen terme, par la grande porte.
Ils n'en attendent pas moins, ni plus des prétendants à la magistrature suprême de leur pays.
Par Daïrou Dialloh dit Affo Safra, Diourbel, Sénégal.
Email : affosafra@dmail.com