Un peu d’humilité monsieur le ministre
Encore un ministre de la République qui monte au créneau pour tenter de justifier l’insoutenable.
Ce ne serait encore une fois pas la faute de l’orateur le plus diplômé de notre cher pays, mais plutôt celle des malentendants que nous sommes. Encore un ministre de la République qui monte au créneau pour tenter de justifier l’insoutenable.
Ce ne serait encore une fois pas la faute de l’orateur le plus diplômé de notre cher pays, mais plutôt celle des malentendants que nous sommes.
Il est vrai que quand le sage montre la lune, les demeurés regardent le doigt.
Dieu sait pourtant qu’il n’est pas si difficile pour un universitaire avocat de se faire comprendre sans ambiguïté.
Non monsieur le ministre, la communauté catholique du Sénégal n’est pas une espèce en voie de disparition qui aurait besoin de la protection du chef de l’Etat ou de qui que ce soit pour assurer sa survie, et cela vous le savez parfaitement.
Les exemples foisonnent, qui attestent de la parfaite symbiose qui existe entre notre communauté et les autres familles religieuses du Sénégal et le peuple lui-même en est témoin.
C’est pourquoi il ne sera pas nécessaire d’en faire ici l’inventaire.
Il faut simplement avoir l’honnêteté de reconnaître que la protection des chrétiens que nous sommes n’était ni à l’ordre du jour de la rencontre des enseignants libéraux du Cices, ni même l’objet de l’allocution du chef de l’Etat.
Au contraire les agressions contre les catholiques du Sénégal, leur Eglise ainsi que leurs pasteurs ont vu le jour et se sont multipliées depuis l’avènement de l’Alternance, et même si notre éducation et notre catéchèse nous ont jusque-là empêchés de répondre au coup de pied de l’âne, cela ne vous autorise pas à nous prendre pour des idiots.
En effet l’histoire du pays de la téranga retiendra à jamais que c’est à l’Alternance que nous devons la tentative avortée de remettre en cause le principe de la laïcité consacré par la Constitution et qui constitue le fondement de notre Nation.
Elle retiendra également que c’est sous le règne de Wade que pour la première fois les évêques du Sénégal ont reçu des menaces de mort jusque-là non élucidées, pour avoir simplement osé attirer l’attention sur l’extrême indigence qui commençait à se généraliser et à atteindre la plupart de nos compatriotes, surtout en milieu rural.
La profanation de la cathédrale du Souvenir africain par les forces de l’ordre, venues interpeler un de nos frères en pleine cérémonie religieuse restera à jamais gravée dans nos mémoires.
Mercredi dernier encore, nous avons eu droit à des bombes lacrymogènes à l’intérieur de la cathédrale et même jusque dans la résidence privée de l’archevêque. Cela est tout simplement inadmissible.
Alors monsieur le ministre, vous faites peut-être partie, vous et votre collègue de l’Information et de la Communication, des rares privilégiés suffisamment doués d’intelligence pour percevoir à chaque fois les subtilités du discours wadien, inaccessible au commun des Sé-négalais, mais de grâce «enlevez nos noms dans votre business car on a tout compris».
Vous ne pourrez jamais nous faire croire qu’il existe au monde un seul chrétien qui puisse applaudir pendant que le Christ Jésus qui l’a racheté à grand prix est publiquement blasphémé par la plus haute autorité de son pays.
Votre mentor qui n’a jamais mis les pieds dans une église et qui a déclaré publiquement ne pas s’intéresser du tout à ce qui se fait dans nos lieux de prières n’est pas et ne sera jamais notre protecteur. Nous en sommes définitivement convaincus.
Car j’ai l’assurance que ni la vie, ni la mort, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre sauveur».
Me Emmanuel PADONOU - Avocat à la Cour