Eau, électricité, riz,gaz butane…
Nettali : Lundi 7 Jui 2008
POUVOIR - SUCCESSION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Vers une loi d’empêchement des proches ?
NETTALI - Des députés non inscrits ont déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale une proposition visant à empêcher tout proche parent du président de la République en exercice et bénéficiant de cette proximité de se présenter aussitôt à une élection présidentielle. C’est Imam Mbaye Niang, secrétaire général du Mouvement pour la réforme et le développement social (MRDS) qui a fait la révélation lors d’un point de presse ce dimanche.
Selon le député, la proposition de loi vise à contrecarrer la tendance observée ces dernières années en Afrique de voir des fils de présidents remplacés leur père. C’est le cas au Togo avec Faure Gnassingbé et en République démocratique du Congo (RD Congo) avec Joseph Kabila, a-t-il indiqué.
La proposition viserait-elle Karim Wade ? L’Imam Mbaye Niang a répondu que le fils du chef de l’Etat nourrit l’ambition de succéder à son père, il tomberait sous le coup de la disposition. Mais encore faut-il que le bureau de l’assemblée nationale examine la proposition et la soumette à la plénière, a-t-il ajouté.
M. Niang a fait savoir cependant qu’il y a des députés de la majorité (PDS et alliés) qui s’opposent farouchement à l’éventualité d’une candidature de Karim Wade en 2012.
EMEUTES DE L’EAU / NORD FOIRE/UNITE 26 DES P.A - Restées quatre jours sans eau : Les populations affrontent la Police
Jusque là, on parlait de la pénurie du riz ou du gaz, mais les populations de l’axe Nord-Foire-Unité 26 des Parcelles assainies vivent, elles, une autre pénurie. Celle de l’eau. Elles sont restées quatre jours sans ce liquide précieux. Pour manifester leur courroux, les jeunes de ce quartier ont barré la route hier. Mais, c’était sans compter avec l’arrivée des forces de l’ordre qui ont repoussé les manifestants. Les jeunes de la zone menacent de récidiver, si rien n’est fait.
Sur la route qui longe l’axe Nord-Foire-Unité 26 des Parcelles Assainies, des pneus en cendres, des vitres cassées, des morceaux de pierres dispersés ça et là. Le décor montre, dès le début, qu’il y avait des affrontements. Des affrontements entre populations et forces de l’ordre. Las de rester pendant plus de quatre jours sans eau, les populations de ce quartier de la banlieue dakaroise ont barré hier matin, la route, pour manifester leur mécontentement.
4 H D’ACCROCHAGES AVEC LA POLICE
Devant la détermination des jeunes de ce quartier à se faire entendre, s’oppose la hargne des éléments de la Police à mater des manifestants. Ainsi, ils ont donc usé de grenades lacrymogènes pour repousser cette bande de jeunes qui, eux, pour contre-attaquer, vont recourir à des jets de pierres. Et, il s’en est suivi une course poursuite le long de cette artère. C’est ainsi, à en croire Ousseynou Diallo, le chef de file des manifestants, la Police a lancé même des bombes lacrymogènes dans les maisons environnantes. Le combat qui avait démarré à 10 heures du matin, a pris fin vers 14 heures. «Nous avons baissé les bras, puisque les autorités sont intervenues en nous envoyant des camions-citernes», soutient-il. Pour Ousseynou Diallo, il a fallu qu’ils descendent dans la rue pour que les autorités réagissent. Ce qui n’est pas, à ses yeux, normal. Puisque, ajoute-t-il, ils sont restés depuis jeudi sans eau. Donc, «c’était le comble et nous en tant que jeunes du quartier, c’était la seule solution pour nous de remédier à ça. Et vous voyez, ils nous ont envoyé de l’eau», se réjouit M. Diallo, avec un maillot blanc de l’équipe nationale du Sénégal taché de noir.
UN CAMION-CITERNE POUR LES POPULATIONS
Tout près, en empruntant une rue qui mène à l’intérieur de l’unité 26, un camion-citerne distribue de l’eau à une foule composée en majorité de jeunes filles. Ici, il y a une grande bousculade. Chacun essaye de bénéficier de ce liquide vital, tout cela dans un bruit confus. Deux jeunes garçons essayent, à leur tour, d’organiser la distribution.
A côté, une dame, la quarantaine révolue. Difficile pour elle de s’approcher du camion. De teint clair, Mame Fatou Guèye plus connue sous le nom de Peule Guèye, se désole de la situation. Elle «en a marre» de ce régime qui, dit-elle, va finir par tuer tout le monde. «On nous dit toujours que tout cela est dû à la hausse du prix du pétrole, mais qu’est-ce que l’eau a à voir avec cette histoire ?» lance-t-elle, toute rouge de colère. Le pire dans ça, précise-t-elle, ce n’est pas la hausse des prix, mais les denrées restent introuvables. «Où nous mène le régime de Wade», s’interroge-t-elle.
Mais, Peule Gueye prévient les autorités sur ce qui peut naître de cette situation. Car, pour elle, les jeunes sont aujourd’hui disponibles et ne reculent devant rien. Quatre jours sans eau. Comme débrouille, cette population se rabattait dans les boutiques. «Chaque matin, nous achetons des bouteilles d’eau minérale à 1000 francs l’unité, pour nous laver au moins la figure. Après, plus rien, car il n’y avait même pas d’eau dans les quartiers environnants», estime-t-elle.
Même son de cloche chez sa voisine, Mariama. Cette dame reste, elle, préoccupée par cette eau qui coule du camion-citerne. «Je suis vraiment fatiguée de cette situation. Depuis ce matin, mes enfants et moi avons fait le tour sans quartier sans rien obtenir. Il n’y a même pas une goutte d’eau chez moi», peste-t-elle. Quand l’eau va-t-elle donc recommencer à couler ? «Ils ne nous ont rien dit mais, les camions-citernes ne peuvent pas continuer ainsi. Nous demandons de l’eau à travers nos fontaines et non par le biais des camions. Cela ne peut pas continuer comme ça», ajoute Peule Guèye.
«NOUS NE BADINONS PAS AVEC LE MANQUE D’EAU»
Pour Ousseynou Diallo, la manifestation d’hier n’est qu’un avertissement lancé à l’endroit des autorités. Car, dit-il, le pire reste à venir. «Nous n’allons plus continuer à vivre ce désastre. Nous allons remettre ça si la situation perdure. Que les autorités le prennent comme un avertissement. Qu’ils font venir tous les éléments de la Police, nous n’allons pas reculer. Nous nous battons pour le bien-être de notre quartier», prévient-il. Pour les habitants de l’Unité 26, c’est inacceptable de rester pendant tout ce moment sans eau. «Nous pouvons rester sans riz, ni gaz, mais nous ne badinons pas avec le manque d’eau», lancent quelques jeunes garçons en chœur. «Avant-hier, il y avait eu un décès à côté, mais on avait tous les problèmes du monde pour avoir l’eau pour le bain du cadavre. Vous jugez cela normal ?» demande M. Diallo. En tout cas, l’appel est lancé par les jeunes de l’Unité 26 des Parcelles assainies. Ils ne vont plus «se laisser faire». «Demain (Ndlr : aujourd’hui lundi) est un jour ouvrable et les usagers empruntant cette voie risquent de rater leur boulot», menace Ousseynou Diallo.
Mamadou DIALLO
FILIGRANE - Eau, électricité, riz
Les coûts de l’électricité flambent alors que la Senelec, impitoyable dans le recouvrement des créances sur les citoyens abonnés, offre une qualité de service détestable. Le riz disparaît des étals et des marchés mais les prix atteignent des sommets faramineux, en déphasage complet avec le pouvoir d’achat réel des pauvres gens. Le gaz est introuvable qui jette des milliers de personnes sous le soleil, dans des rues cahoteuses, en quête d’une bouteille hypothétique. Quant aux transporteurs, ils augmentent, avec toute l’autorité des décideurs qu’ils ne sont pas, les prix sur certains tronçons. Ne parlons même pas des automobilistes inconsolables devant la fuite en avant des prix à la pompe. Et hier matin, ce sont les populations de Nord Foire, écœurées par la rupture de la consommation en eau, qui ont organisé une petite intifada pour dénoncer un droit fondamental à l’alimentation.
Il y a trois mois, les populations de Khar Yalla, dégoûtées par la vie chère, affrontaient la police en pleine rue. Quatre mois avant, ce sont les marchands ambulants qui revendiquaient, avec une rare violence, le «droit de vendre» en toute liberté face à des autorités incapables de trouver une solution durable à leurs préoccupations. Lentement mais sûrement, le pouvoir crée les conditions sectorielles d’une défiance généralisée à son encontre. Simplement, les populations n’en peuvent plus de devoir supporter les ratiocinations officielles infinies, qui tendent à expliquer les ruptures de stocks, les hausses de prix intempestives, les pénuries vraies ou artificielles, l’immobilisme face à la délinquance commerçante. En toute légitimité, elles sont en droit d’attendre du gouvernement, la satisfaction de besoins primaires indissociables de leur dignité.
Mais sur ces questions vitales au développement incertain, le gouvernement semble paralysé, brouillon. Il est difficile aujourd’hui de percevoir en clair, une politique publique pertinente en mesure de remédier aux difficultés des citoyens dont la moindre n’est pas le train de vie particulièrement grossier du Président Abdoulaye Wade, de sa cour, de ses obligés éparpillés dans l’appareil d’Etat et dans les interstices de la République. Les autorités n’en ont cure car le président de la République continue, lui, de tournoyer aux quatre coins de la planète à coup de centaines de millions de francs Cfa dépensées dans les locations d’avions privés. Les députés de la majorité libérale perçoivent leurs salaires et leurs privilèges en toute rigueur, pour un travail dont l’essentiel consiste à légaliser la totalité des projets politiques de l’Exécutif dans une Assemblée nationale mortelle.
Le gouvernement doit faire attention car la formation, dans les quartiers populaires et dans les zones suburbaines, de cercles concentriques de résistance aux pénuries, à des augmentations de prix injustifiées, prépare le lit des grandes révoltes. L’exaspération contre tous les déficits est devenue une réalité populaire, indiscutable. Cela, les thuriféraires hâbleurs du régime libéral le savent, mais n’osent certainement pas le clamer à qui de droit. C’est leur problème ! Les populations, elles, ont sans doute en tête des solutions pour y mettre fin, si rien ne change.
Aujourd’hui, comme le reconnaissent les experts du Fmi et de la Banque mondiale, le Sénégal est l’une des premières puissances mondiales en matière de collecte d’impôts. Mais nos autorités étalent chaque jour leur incompétence dans l’approvisionnement normal du marché en denrées de première nécessité. Ils sont gestionnaires, donc ils sont responsables. Contre le discours officiel, la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) a démontré en quoi l’inflation permanente sur le prix du pétrole n’exerce qu’un effet marginal sur la hausse des prix, alors qu’elle constitue le prétexte principal sur lequel s’appuie le gouvernement pour justifier tout et rien à la fois. L’eau qui disparaît des robinets pendant deux jours, l’électricité qui fait faux bond au milieu des repas de nuit pour ne revenir qu’à une heure…inconnue le lendemain, le sac de riz de 50 kilos qui s’échange à plus de 20 000 francs… Il y en a déjà assez pour un été chaud. Mais ils sont si impitoyables pour le peuple ! A moins que le premier des Sénégalais n’ait une claire conscience de ce qui se passe dans le pays qu’il gouverne. Ce qui serait encore plus grave !
Momar DIENG
En finir avec le calvaire des populations
Vendredi 13 juin 2008, c’était les mêmes scènes d’occupation de la route qui se déroulaient sur l’axe Cité Keur Damel-Complexe Yengoulène. La cause : six mois de pénurie d’eau sur ledit axe. Ce jour-là, les populations ont envahi, dès 17 heures, la route pour exprimer leur ras-le-bol d’une situation qu’elles ne voulaient plus voir perdurer. Pendant une demi-heure, elles ont bloqué la circulation sur cet axe routier.
De plus en plus, ce type de scène a tendance à meubler le décor des quartiers de cette zone. Et, il est déplorable qu’à chaque fois que pareille situation se produise, la Sde envoie aux populations, pour apaiser leur colère, un ou des camions-citernes.
Il y a presque un mois, jour pour jour, devant la même situation, la Sde avait envoyé un ou des camions-citernes aux populations en colère qui avaient buté sur la répression des forces de l’ordre. Comme la dernière fois, la société de distribution de l’eau avait annoncé le retour à la normale dans les heures qui suivaient. Jusqu’ici, rien. Qu’attend-on pour en finir avec le calvaire des populations ?
DOCUMENT / LETTRE OUVERTE - Bara Tall s’adresse aux Sénégalais : Pourquoi j’ai assigné l’Etat en Justice et pourquoi mes entreprises quittent le Sénégal, mon pays
… L’entreprise Jean Lefebvre est installée au Sénégal depuis 56 ans, donc avant ma naissance. Bien que de droit français, son agence fut confiée en 1987 à des cadres sénégalais qui avaient fini d’y faire leurs preuves et j’eus la chance d’en être le premier Directeur non français.
Moins de dix ans plus tard, en 1996, cette agence de droit français fut transformée en filiale de droit sénégalais avec ma prise de participation dans le capital, et, quatre ans plus tard, après en avoir fait un des leaders du Btp dans la sous-région, j’en deviens l’unique propriétaire, avec la bénédiction et le soutien de mon ancien employeur français, le Groupe Vinci, N°1 mondial du Btp.
Ce statut de major entièrement sénégalais a renforcé le rôle citoyen de mon entreprise, qu’elle n’a du reste jamais cessé de jouer. Ce qui m’a souvent conduit à m’engager corps et âme dans la concrétisation de projets majeurs, sans que les moyens financiers de l’Etat ne suivent.
Ceci m’a valu à plusieurs reprises d’être encouragé, félicité et cité en exemple, publiquement, par les plus hautes autorités de cet Etat.
Du jour au lendemain, cet engagement citoyen a été retourné contre moi, pour des raisons que l’Histoire jugera. Pensait-on que je ne pouvais rien refuser à cet Etat ? Croyait-on que j’étais le plus malléable, car n’étant plus sous la tutelle d’une puissante multinationale étrangère ?
Je fus accusé, harcelé, puis jeté en prison pendant soixante-douze (72) jours.
J’ai été alors contraint de me défendre avec mes arguments et aujourd’hui, si cela s’avérait encore nécessaire, je continuerais de me défendre avec beaucoup plus d’arguments.
Je suis sorti de prison sans réellement savoir pourquoi j’y étais entré et, sans récrimination aucune, je suis retourné à mon travail et j’ai essayé de panser mes blessures et celles des miens, de recoller les fissures infligées à toutes mes activités qui vont au-delà du Btp, décidé que j’étais à ne pas me retourner, car ayant la conscience tranquille d’avoir fait exactement ce que j’avais à faire, si j’en jugeais par le soutien populaire dont j’ai bénéficié. J’en profite pour dire, encore une fois, Merci à tous.
Ce regard tourné vers l’avenir, dans le cadre strict de mes activités professionnelles, fut partagé, je dois à la vérité de le dire, par le président de la République, lors de l’audience fortement médiatisée qu’il m’a accordée à ma sortie de prison.
Malheureusement, comme du reste on me l’avait fait comprendre sans que j’y accorde un crédit quelconque, d’autres avaient décidé, au nom d’un supposé règlement de comptes (?), qu’il n’en serait rien. Mon avenir et celui de mes entreprises devraient forcément en pâtir.
J’ai entendu dire, sans y croire, qu’on allait me détruire, moi et mes entreprises. Pour cela, la consigne aurait été la paralysie totale de l’activité, accompagnée d’une asphyxie financière. Traduction concrète : Que je ne gagne plus de marché et que l’on bloque mes paiements des travaux déjà exécutés qui me permettraient de survivre. J’ai beau ne pas avoir cru à pareille chose, mais, un an et demi plus tard, force est de constater que je dois me résoudre à cette réalité :
Nous avons été systématiquement écartés de tous les appels d’offres sur lesquels nous étions les moins-disants – et qui devraient normalement nous revenir – pour des raisons diverses et variées, parfois complètement farfelues.
Les paiements de travaux exécutés et réceptionnés depuis deux ans ont été bloqués, utilisés à d’autres fins, bien qu’étant inscrits dans les budgets successifs de 2007 et 2008.
Ayant été privés d’un chiffre d’affaires d’une centaine de milliards, équivalent à plus de trois années d’activités, nous allions nous retrouver dans quelques mois avec une activité zéro dans notre propre pays où, pendant la même période, les entreprises étrangères qui étaient derrière nous se vantent aujourd’hui d’avoir triplé leur chiffre d’affaires.
Cette situation de privation délibérée d’activité et de rétention abusive de paiements nous a causé des préjudices énormes qui vont jusqu’à menacer la survie de nos entreprises.
C’est pourquoi, nous avons procédé à une estimation de ces préjudices et en demandons réparation à l’État qui, à l’origine et en dernier ressort, en est responsable. Il est très important de préciser que nous n’avons pas fixé le montant de la réparation demandée. Nous avons simplement tenu à évaluer le préjudice que nous estimons avoir subi, pour que ceux qui certainement n’auront pas la possibilité de tout réparer, compte tenu de la situation où le pays est plongé, sachent néanmoins ce qu’ils ont détruit.
En effet, en intentant cette action, notre priorité réside d’abord dans les principes et la morale de l’Histoire. Après la procédure administrative infructueuse, nous avons épuisé toutes les voies de négociation et de conciliation possibles et nous nous sommes toujours heurtés à un mur d’indifférence. Nous sommes donc aujourd’hui conduits à introduire, au nom de ces principes, une procédure contentieuse en assignant l’État sénégalais en Justice pour avoir le droit élémentaire de travailler honnêtement dans notre pays et de pouvoir jouir du fruit de ce travail. Tout simplement. Nous ne renoncerons jamais à ce droit. Nous ferons face. Judiciairement, médiatiquement.
En attendant, nul n’étant apparemment prophète en son pays, nous avions décidé par anticipation de nous délocaliser pour survivre, en attendant de revenir. Nous organisons notre émigration en renforçant notre installation en Gambie et dans les pays de l’Uemoa où nos investissements seront transférés. Nous remercions très sincèrement les autorités gambiennes de nous avoir grandement facilité la tâche en respectant, parfois même à l’avance, tous leurs engagements financiers.
Notre siège reste et demeure néanmoins au Sénégal car, comme il en a été ainsi jusqu’à ce jour, tout ce que nous aurons reviendra dans notre pays qui nous a tout donné.
Ceci pour dire, contrairement à ce que pensent certains, que nous ne déposons pas le bilan, nous ne disparaissons pas. Notre activité continue. Elle ne fait que se déplacer. En attendant des jours meilleurs.
Bara TALL - Ingénieur Polytechnique de Thiès - Chef d’entreprises sénégalais
DEMARRAGE DES TRAVAUX / ASSISES NATIONALES - Collecte de fonds pour financer les travaux : 20 millions déjà mobilisés, selon Me Mame Adama Guèye
Certains Sénégalais n’ont pas attendu trop longtemps pour réagir favorablement à la suite du lancement de la campagne de mobilisation de fonds pour le démarrage effectifs des travaux des Assises nationales. Déjà, la moisson est partie pour être prometteuse.
20 millions de francs Cfa sur 65 sollicités ont été déjà collectés, selon Me Mame Adama Guèye, candidat aux élections présidentielles, qui a participé à l’Assemblée générale du Comité de pilotage (Cnp) organisé, avant-hier. Une Assemblée générale qui a adopté, selon Me Guèye joint au téléphone, le projet de budget présenté à la Commission des finances et organisation. Un budget estimé, d’après lui, à 103 millions en quatre rubriques : «Les consultations citoyennes ; les frais de fonctionnement des Assises ; les frais de fonctionnement des commissions thématiques, et les séances plénières.» Sur les moyens de mobilisation de ces ressources, l’ancien patron du Forum civil indique qu’il s’agit du lancement de bons de souscription populaire (35 000 se situant entre 1000 et 5000 francs) permettant «à chaque citoyen de s’impliquer et de participer à la réussite des Assises». Le tout estimé à 65 millions. Mais, il y a aussi la participation des parties prenantes aux Assises qui devrait atteindre, selon Me Guèye, 38 millions.
Le budget, une fois bouclé, permettra le démarrage effectif des commissions thématiques et des consultations citoyennes. A ce sujet, une réunion est d’ailleurs prévue la semaine prochaine, informe Me Guèye, entre le président de ladite commission et la comité ad hoc pour finaliser la constitution des commissions thématiques et faire les derniers réglages en vue du lancement de consultations citoyennes qui se dérouleront au niveau de toutes départements du Sénégal et au niveau des Sénégalais de l’Extérieur.
Le Cnp a, également, abordé la question relative au projet règlement intérieur qui, apprend Me Guèye, a été adopté «à la suite d’une discussion et de certains amendement, qui y étaient apportés». Ce règlement intérieur comprend trois chapitres : les objectifs, les parties prenantes qui composent les Assises et les organes.
Cependant, la question relative au remplacement de Babacar Ndiaye, au poste de vice-présidence des Assises nationale a été renvoyée à une date ultérieure, mais «on a évoqué ce problème», a dit Me Mame Adama Guèye.
Daouda GBAYA
FRANCE - Installation du Bureau des Assises : Le Comité dévoile son programme à l’endroit des émigrés
Samedi à Paris, les plénipotentiaires des Assises nationales ont procédé d’abord à l’installation des cinq commissions techniques proposées lors des réunions préparatoires. Chacune de ces commissions est composée d’un président qui doit en même temps être membre du bureau exécutif, d’un secrétaire, d’un rapporteur et d’un nombre illimité de membres simples. Comme au Sénégal, la diaspora se penchera sur tous les thèmes qui intéressent les Sénégalais. Ainsi, dans la première commission (Institutions- Liberté-Citoyenneté) les intéressés réfléchiront sur les questions sociétales, à savoir les valeurs, l’éthique, la solidarité ou encore la laïcité. La Commission (n°2) «Orientations budgétaires, Politique économique, Environnement des affaires» débattra notamment sur les droits économiques et sociaux et la valorisation des ressources humaines. Tandis que les animateurs de la troisième Commission («Aménagement du territoire, Environnement et développement durable, Energie et transports») vont pénétrer au cœur des questions relatives au monde rural et au secteur primaire. La commission n°4, elle, est réservée à la «Politique extérieure et l’Intégration africaine». Enfin, la cinquième est entièrement dédiée à tout ce qui a trait à l’immigration : «Migrations, Accords bilatéraux entre la France et le Sénégal, Sécurité sociale, Allocations familiales, Retraites, conditions de retour des immigrés, les sans-papiers, la relation avec les consulats, la féminisation de l’immigration». Jusque-là, un consensus total a été observé. Les volontaires se sont inscrits dans leur commission de choix. Et les cinq différents présidents de commission ont été choisis à l’unanimité. Mais les débats deviendront houleux lorsque sera abordée le deuxième point de l’ordre du jour, à savoir l’adoption du budget fonctionnel. Certains participants sont carrément sortis de l’ordre du jour en confondant ce point à la «contribution financière» demandée par le président Amadou Makhtar Mbow, le 13 juin, lors de sa rencontre avec la diaspora à Paris. En effet, d’aucuns ont profité pour dire qu’il n’est pas question de «cotiser pour Dakar». Il a fallu plusieurs dizaines de minutes pour arrondir les angles et revenir dans l’ordre du jour. Le budget de trois mille (3 000) euros a été approuvé. Chaque membre doit cotiser 30 euros. Tout en sachant que les personnes qui le désirent peuvent donner plus, et celles qui n’ont pas assez de moyens peuvent donner moins. «Cette somme nous paraît raisonnable, vu l’expérience qu’on a eue après un mois de fonctionnement. On sait combien coûtent les salles pour les réunions, et on a estimé aussi les déplacements qu’on a à faire. En Île-de-France, chacun a un moyen pour se mouvoir. Les finances qu’on aura à supporter, ce sont les déplacements en province. Et nous pensons qu’avec la solidarité qu’il va y avoir, ces déplacements seront effectués convenablement. Nous pensons que ce budget couvrirait largement les cinq mois que l’on se fixe pour rédiger la contribution de la diaspora France», explique Mansour Guèye, membre du Comité préparatoire et un des responsables de Forum Res Publica. Néanmoins, une autre question a été soulevée par des participants soucieux de la transparence dans la gestion des fonds : que faire du trop-plein ? Sur ce point, les avis sont partagés. Mais la plupart veulent que l’argent non utilisé soit envoyé à Dakar. «Ce que l’on a voulu distinguer, c’est le budget de fonctionnement de la section France et celui des Assises nationales au Sénégal qui ont sollicité la diaspora», fait remarquer Mansour Guèye. Mais une fausse note résidera dans l’échec de la mise en place du Comité France. Celui-ci doit être composé de quatre membres de partis politiques, quatre de la société civile et quatre représentants d’associations. Alors qu’on s’apprêtait à aborder ce point, les représentants du Front Siggil Senegaal ont demandé à se voir d’abord entre eux (Lire ailleurs). Concernant le programme, les mois de juillet et d’août seront consacrés aux «Forums Foyers immigrés, Résidence Universitaires, Villes, Forum Internet», afin de recueillir les doléances et propositions des émigrés. Les commissions techniques rendront ensuite leur rapport en septembre. Juste avant le début de la rédaction du «Mémorandum Diaspora France pour les Assises nationales» qui durera jusqu’en octobre. En novembre, il sera procédé à l’harmonisation des documents Europe, Afrique, Amérique du Nord, en vue de présenter un document unique pour la diaspora.
Par Thierno DIALLO - Correspondant permanent - en France
SUD QUOTIDIEN :
LETTRE OUVERTE
Pourquoi j’ai assigné l’État en Justice et pourquoi mes entreprises quittent le Sénégal, mon pays
Par | | lundi 7 juillet 2008
Tous d’abord, je sollicite la compréhension de tous ceux qui me liront ce jour et certainement m’entendront parler les jours à venir à la première personne du singulier, dérogeant ainsi au principe de silence médiatique que je me suis toujours imposé. C’est la situation qui l’exige car beaucoup doivent savoir à partir de maintenant.
De ma propre plume, de ma propre bouche.
L’entreprise Jean Lefebvre est installée au Sénégal depuis 56 ans, donc avant ma naissance.
Bien que de droit français, son agence fut confiée en 1987 à des cadres sénégalais qui avaient fini d’y faire leurs preuves et j’eus la chance d’en être le premier Directeur non français.
Moins de dix ans plus tard, en 1996, cette agence de droit français fut transformée en filiale de droit sénégalais avec ma prise de participation dans le capital, et, quatre ans plus tard, après en avoir fait un des leaders du Btp dans la sous-région, j’en deviens l’unique propriétaire, avec la bénédiction et le soutien de mon ancien employeur français, le Groupe Vinci, N°1 mondial du Btp. Ce statut de major entièrement sénégalais a renforcé le rôle citoyen de mon entreprise, qu’elle n’a du reste jamais cessé de jouer. Ce qui m’a souvent conduit à m’engager corps et âme dans la concrétisation de projets majeurs, sans que les moyens financiers de l’État ne suivent.
Ceci m’a valu à plusieurs reprises d’être encouragé, félicité et cité en exemple, publiquement, par les plus hautes autorités de cet État.
Du jour au lendemain, cet engagement citoyen a été retourné contre moi, pour des raisons que l’Histoire jugera. Pensait-on que je ne pouvais rien refuser à cet État ? Croyait-on que j’étais le plus malléable, car n’étant plus sous la tutelle d’une puissante multinationale étrangère ?
Je fus accusé, harcelé, puis jeté en prison pendant soixante-douze (72) jours. J’ai été alors contraint de me défendre avec mes arguments et aujourd’hui, si cela s’avérait encore nécessaire, je continuerais de me défendre avec beaucoup plus d’arguments.
Je suis sorti de prison sans réellement savoir pourquoi j’y étais entré et, sans récrimination aucune, je suis retourné à mon travail et j’ai essayé de panser mes blessures et celles des miens, de recoller les fissures infligées à toutes mes activités qui vont au-delà du Btp, décidé que j’étais à ne pas me retourner, car ayant la conscience tranquille d’avoir fait exactement ce que j’avais à faire, si j’en jugeais par le soutien populaire dont j’ai bénéficié. J’en profite pour dire, encore une fois, MERCI à tous.
Ce regard tourné vers l’avenir, dans le cadre strict de mes activités professionnelles, fut partagé, je dois à la vérité de le dire, par le président de la République, lors de l’audience fortement médiatisée qu’il m’a accordée à ma sortie de prison.
Malheureusement, comme du reste on me l’avait fait comprendre sans que j’y accorde un crédit quelconque, d’autres avaient décidé, au nom d’un supposé règlement de comptes ( ?), qu’il n’en serait rien. Mon avenir et celui de mes entreprises devraient forcément en pâtir.
J’ai entendu dire, sans y croire, qu’on allait me détruire, moi et mes entreprises. Pour cela, la consigne aurait été la paralysie totale de l’activité, accompagnée d’une asphyxie financière. Traduction concrète : Que je ne gagne plus de marché et que l’on bloque mes paiements des travaux déjà exécutés qui me permettraient de survivre. J’ai beau ne pas avoir cru à pareille chose, mais, un an et demi plus tard, force est de constater que je dois me résoudre à cette réalité :
• Nous avons été systématiquement écartés de tous les appels d’offres sur lesquels nous étions les moins-disants
• et qui devraient normalement nous revenir – pour des raisons diverses et variées, parfois complètement farfelues.
Les paiements de travaux exécutés et réceptionnés depuis deux ans ont été bloqués, utilisés à d’autres fins, bien qu’étant inscrits dans les budgets successifs de 2007 et 2008.
Ayant été privés d’un chiffre d’affaires d’une centaine de milliards, équivalent à plus de trois années d’activités, nous allions nous retrouver dans quelques mois avec une activité zéro dans notre propre pays où, pendant la même période, les entreprises étrangères qui étaient derrière nous se vantent aujourd’hui d’avoir triplé leur chiffre d’affaires.
Cette situation de privation délibérée d’activité et de rétention abusive de paiements nous a causé des préjudices énormes qui vont jusqu’à menacer la survie de nos entreprises.
C’est pourquoi nous avons procédé à une estimation de ces préjudices et en demandons réparation à l’État qui, à l’origine et en dernier ressort, en est responsable. Il est très important de préciser que nous n’avons pas fixé le montant de la réparation demandée. Nous avons simplement tenu à évaluer le préjudice que nous estimons avoir subi, pour que ceux qui certainement n’auront pas la possibilité de tout réparer, compte tenu de la situation où le pays est plongé, sachent néanmoins ce qu’ils ont détruit.
En effet, en intentant cette action, notre priorité réside d’abord dans les principes et la morale de l’Histoire.
Après la procédure administrative infructueuse, nous avons épuisé toutes les voies de négociation et de conciliation possibles et nous nous sommes toujours heurtés à un mur d’indifférence. Nous sommes donc aujourd’hui conduits à introduire, au nom de ces principes, une procédure contentieuse en assignant l’État sénégalais en Justice pour avoir le droit élémentaire de travailler honnêtement dans notre pays et de pouvoir jouir du fruit de ce travail. Tout simplement. Nous ne renoncerons jamais à ce droit. Nous ferons face.
Judiciairement, médiatiquement.
En attendant, nul n’étant apparemment prophète en son pays, nous avions décidé par anticipation de nous délocaliser pour survivre, en attendant de revenir. Nous organisons notre émigration en renforçant notre installation en Gambie et dans les pays de l’Uemoa où nos investissements seront transférés. Nous remercions très sincèrement les autorités gambiennes de nous avoir grandement facilité la tâche en respectant, parfois même à l’avance, tous leurs engagements financiers.
Notre siège reste et demeure néanmoins au Sénégal car, comme il en a été ainsi jusqu’à ce jour, tout ce que nous aurons reviendra dans notre pays qui nous a tout donné.
Ceci pour dire, contrairement à ce que pensent certains, que nous ne déposons pas le bilan, nous ne disparaissons pas. Notre activité continue. Elle ne fait que se déplacer.
En attendant des jours meilleurs.
• Bara TALL
• Ingénieur Polytechnique de Thiès
• Chef d’entreprises sénégalais
FINANCEMENT DES ASSISES NATIONALES
Populations et organisations mettent la main à la poche
Par Ibrahima Lissa FAYE | SUD QUOTIDIEN | lundi 7 juillet 2008
Le nerf de la guerre a occupé l’essentiel des discussions du Comité national de pilotage des assises nationales lors de sa réunion du samedi 5 juillet à Dakar. Il a, ainsi été déterminé les recettes et les dépenses de l’ensemble des travaux et activités qui devront se tenir dans ce cadre dans une période de trois à six mois. Le budget des assises nationales est estimé en dépenses et recettes à 103 millions de francs Cfa dont les 65 millions devront provenir de souscriptions citoyennes. A côté du budget, un règlement intérieur a été adopté par les membres du comité national de pilotage.
Le budget des assises nationales s’élève à 103 millions en recettes et dépenses. Il a été annoncé samedi 5 juillet dernier à l’issue de la réunion du comité national de pilotage des assises nationales dans un hôtel de la place à Dakar. Les 65 millions de ce montant devront provenir de souscriptions citoyennes, a déclaré le porte-parole du jour et ancien coordonnateur du Forum civil, Me Mame Adama Gueye. « Nous espérons collecter la somme de 103 millions de francs », a-t-il confirmé avant de préciser : « On a discuté du projet de budget en dépenses et recettes. En ce qui concerne les dépenses, il y a quatre rubriques. Les consultations citoyennes qui vont nécessiter la somme de 35 millions de francs Cfa. Le financement du fonctionnement des équipements a été évalué à 18 325 000 F Cfa. Le financement des commissions pratiques et des commissions transversales nécessitera la mobilisation de 27 400 000 de francs Cfa. Et pour le dernier poste de dépense du budget, il concerne le coût des séances plénières qui a été estimé à 22 millions de francs Cfa. Donc, on a un total de dépenses de 102 725 000 de francs Cfa ».
Me Mame Adama Gueye a, dans la même veine, décliner la stratégie qu’il (le comité) compte mettre en œuvre pour mobiliser ces fonds. « On prévoit de se financer par deux principaux moyens. Le premier, c’est un dispositif consistant à lancer des bons de souscription, 35 000 bons de souscription à raison d’une valeur entre 1000, 2000 et 5000 F Cfa, destinés aux citoyens.
C’est très important symboliquement. Nous voulons impliquer les citoyens, permettre à chaque citoyen, selon ses moyens, de participer, de contribuer au succès des Assises nationales ». Cela s’inscrit, selon lui, dans le cadre participatif et inclusif des Assises nationales. « Donc sur ces contributions, nous escomptons la collecte de la somme de 65 millions de francs Cfa », a-t-il fait savoir. Le porte-parole du jour du Comité de révéler que « d’ores et déjà, les Sénégalais se sont spontanément proposés et ont mis à la disposition des Assises de l’argent. C’est ainsi que nous avons pu collecter la somme approximative de 20 millions venant de Sénégalais qui ont décidé volontairement et spontanément de contribuer au financement des Assises ».
En plus des souscriptions citoyennes et volontaires, les organisations et partis politiques membres vont devoir mettre la main à la poche. Il leur revient d’ailleurs de donner l’exemple.
L’ancien coordonnateur du Forum Civil a estimé qu’au-delà des contributions individuelles, les organisateurs des Assises misent sur les contributions volontaires des organisations parties prenantes des assises nationales. Selon lui, « Cela se fera sur la base d’une fourchette qui va de 150 000 à 3 millions de francs et aussi du volontariat. Ce qui devrait permettre de collecter la somme de 30 autres millions de F Cfa ».
Me Mame Adama Gueye ne se fait pas de souci à propos de la mobilisation de ces ressources. Pour lui, « tout va se jouer sur la crédibilité des Assises. Personne ne peut discuter qu’il s’agit d’une démarche appréciée, approuvée par la grande majorité des Sénégalais ». Le porte-parole du comité de pilotage est convaincu qu’avec « ces gages de crédibilité, de transparence, les Sénégalais feront un peu d’effort ». Ce qui l’a incité à dire avec confiance : « je crois que ce qui est demandé n’est pas particulièrement lourd et l’on demande aux Sénégalais de le faire en une seule fois. Je pense que donner 1000 francs pour cette initiative si importante, ou 2000 francs ou 5000 francs, nous pensons sérieusement qu’il sera possible de mobiliser ce montant-là ».
Outre le mode de financement de ces assises, les membres du comité de pilotage ont abordé d’autres points relatifs aux modalités de démarrage effectif des travaux notamment ceux des commissions thématiques mais aussi des consultations citoyennes. Ils ont, de l’avis de Me Mame Adama Gueye, convenu qu’au courant des semaines à venir, la commission scientifique va se réunir avec les présidents de commissions thématiques et le Comité ad hoc, pour procéder aux derniers réglages qui permettront de commencer effectivement le travail des commissions thématiques, de créer les conditions pour que le travail de consultations citoyennes puisse démarrer le plus rapidement possible.
Une question d’ordre préjudicielle et non moins important a été évoqué lors de cette réunion. Il s’agit du règlement intérieur. Le porte-parole du jour a souligné que « le deuxième point important à signaler dans le cadre de la réunion du Comité de pilotage, c’est la présentation du projet de règlement intérieur, sa discussion et son adoption. Il y a un règlement intérieur qui a été adopté après un certain nombre d’amendements ».
QUESTION D’ACTUALITE
Bamba Ndiaye exige toute la vérité sur la Goana
Par Madior FALL | SUD QUOTIDIEN | lundi 7 juillet 2008
Bamba Nidaye, Secrétaire général du Mouvement populaire socialiste/Sélal (Mps/S) ex Msu, député membre du groupe Liberal et démocratique (Ld) désire interpeller l’Exécutif quant à la mise en œuvre de la Grande offensive pour l’agriculture, la nourriture et l’abondance (Goana) du président de la République. Le député « allié » aimerait savoir ainsi « la situation exacte des affectations de terres agricoles dans le cadre de la Goana, département par par département ».
Bamba Ndiaye l’ancien socialiste unitaire devenu socialiste « populiste « sélal » (rendre propre : traduction approximative de l’auteur) député « libéral » aimerait cependant être tranquilisé par l’Exécutif quant là mise en œuvre de la Gona. Des superficies importantes de terres agricoles sont en effet affectées à des particuliers, et notamment à des agents de l’Etat, en vue de leur exploitation, constate-t-il pour s’en inquiéter. Et comme écrit-il le 4 juillet dernier à son président d’Assemblée nationale, pour inviter le gouvernement, notamment ses ministres compétents à venir s’en expliquer à l’hémicycle, « cela suscite des inquiétudes et des protestations auprès de certaines populations rurales », il, au nom de ses mandants, désire être rassuré.
L’allié aux libéraux au pouvoir, aimerait ainsi obtenir du gouvernement réponses à : « La situation exacte des affectations de terres agricoles dans le cadre de la Goana, département par département ». « Quels bénéfices les populations rurales vont-elles retirer de l’exploitation de ces terres ? » « Existent-ils des mécanismes de vérification de l’effectivité de l’exploitation de ces superficies ? Quelles sont les sanctions prévues en cas de non exploitation effective et dans quels délais ? » Et enfin, « les terres ainsi affectées sont-elles susceptibles d’être immatriculées comme titre foncier privé, sont-elles susceptibles d’être louées ou vendues par les bénéficiaires de l’affectation ? » Toutes questions qui taraudent les Sénégalais soucieux de la cohésion nationale ainsi que de la justice.
Après Kalidou Dieng, le député du Parti de la Réforme (Rp), un autre allié libéral qui avait sur les ondes mis en garde contre toute spoliation des paysans et autres ayant droit dans le cadre de la Goana, voilà que Bamba Ndiaye convie à une séance d’explication le gouvernement à l’hémicycle de la place Soweto. Perçoit-on ainsi de plus en plus les dangers d’une mauvaise application d’un projet qui semble avoir été conçu dans la hâte et la précipitation ?
COMMENT RECONCILIER LE CITOYEN AVEC LA POLITIQUE
Macky Sall pour de nouvelles pédagogies parlementaires
Par | | lundi 7 juillet 2008
Les coïncidences sont nombreuses : depuis quelques jours, battent le plein, les festivités de commémoration des 400 ans du Canada, du Québec (la région), de Québec (la ville) et de la présence francophone en Amérique. Quatre siècles d’histoire politique et linguistique à ponctuer, étape privilégiée pour évaluer et ouvrir des perspectives.
(QUEBEC)- Correspondance particulière - L’occasion était donc belle, que ne pouvaient rater les présidents des parlements des pays de l’espace francophone, de se retrouver dans cette région qui s’appelait à l’origine la Nouvelle France, pour réfléchir sur des sujets brûlants de l’heure, tels les problèmes auxquels se confronte la démocratie parlementaire. Comme ses pairs de nombreux pays de l’espace francophone qui en compte 70, le président Macky Sall, à la tête d’une délégation parlementaire composée de députés et de sénateurs, a contribué à la réflexion autour du thème « les présidents des assemblées législatives et le renforcement de la démocratie parlementaire ».
Le constat général, fait par les présidents d’assemblées, est qu’on assiste à une désaffection des citoyens vis-à-vis de la chose politique, et partant de l’activité parlementaire qui en est l’expression la plus achevée. « Il est évident aujourd’hui que la foi ardente au système de la représentation parlementaire s’est refroidie au point d’en noyer les vertus » dira ainsi le président Macky Sall qui a clôturé, dans la matinée d’hier, les interventions de ses homologues, notamment gabonais, français, malgache, polonais et monégasque.
Illustrations de ce refroidissement partout constaté : les taux d’abstention aux élections, devenus de plus en plus importants dans presque tous les pays, mais aussi, les taux d’absentéisme aux activités parlementaires de ceux qui sont élus pour en être les animateurs, la méfiance envers les personnalités politiques, la perte de confiance dans la représentation, le désintérêt pour les affaires publiques etc.
C’est en des lieux construits à l’origine pour servir de fortification dans la lutte contre l’envahisseur anglais, dans une région réputée pour la résistance de la langue française, sur la colline parlementaire surplombant le fleuve Saint-Laurent que se sont menées ces réflexions. Elles font dire au président de l’Assemblée nationale du Sénégal : » Nous persistons à nous prévaloir d’un lien politique et sociologique avec nos peuples, alors que nos concitoyens , de plus en plus ne se sentent plus représentés et ressentent l’incapacité de se faire entendre ».
Une assertion qui amènera un des homologues africains à témoigner, dans les allées du jardin, sous forme de boutade : « M. le président Macky, vous avez exprimé ce que nous pensons tous ». C’est que les Parlements, mot qui signifiait à ses débuts l’action de parler , lorsqu’il ne s’écrivait pas avec une majuscule, sont des assemblées dépositaires du bien précieux qu’est la parole libre, l’échange et la discussion.
Titulaire de la chaire de Recherches sur la démocratie et les institutions parlementaires à l’université de Laval, le conférencier du jour, Louis Massicotte, fera chorus avec le représentant du Sénégal, en faisant la précision que ce n’est pas la première fois dans l’histoire de la science politique qu’on assiste à un hiatus entre les préoccupations des citoyens et les activités politiques. Le premier facteur de la situation actuelle, selon Macky Sall, est à rechercher dans la composition des parlements qui donnent souvent « l’image d’une homogénéisation élitiste ou d’un particularisme intellectuel que nos concitoyens dénomment péjorativement caste ou classe politique ».
L’autre facteur, ajoutera-t-il, serait à rechercher dans l’inflation des textes législatifs, alors que, convoquant pour cela la jurisprudence du Conseil d’Etat français, « lorsque le droit bavarde, le citoyen ne lui prête qu’une oreille discrète ». Que faut-il faire alors, pour le solutionnement (comme on dit ici) ? Macky Sall reviendra pour préconiser de refonder le contrat démocratique entre élus et citoyens, par la biais de nouvelles pédagogies parlementaires susceptibles de reconsidérer les méthodes du débat démocratique, mais également aptes à encourager les parlementaires à s’approprier, non seulement l’essence démocratique, mais surtout à mesurer consciencieusement le sacerdoce du poids de l’intérêt général. Il conclura en soutenant que c’est de là que résultera notre chance de donner naissance à de nouvelles citoyennetés réconciliées avec leurs représentations parlementaires.
Les préoccupations des populations ne sont pas que politiques, loin s’en faut. Aussi, après sa communication à Madagascar, en mai dernier, la régionale Afrique de l’APF, séduite par sa communication, avait demandé au président Sall de reprendre ce thème devant l’Assemblée générale à Québec. Ce qui fait qu’il est très attendu sur le discours qu’il doit prononcer, ce lundi, sur la crise alimentaire mondiale et la cherté de la vie qui agite l’actualité. Macky sall sera d’ailleurs aujourd’hui l’invité spécial de Radio canada internationale, dans son émission la semaine verte, la plus vieille émission radiophonique sur l’agriculture et l’environnement, commencée dans les années 60.
DJIBRIL ABDOUL AZIZ BADIANE, SG DE L’ONDH
« Près de 70 % des sénégalais ignorent les droits humains »
Par APS | | lundi 7 juillet 2008 |
(Aps) – Le secrétaire général de l’Organisation nationale des droits humains (Ondh), Djibril Abdoul Aziz Badiane, a affirmé, samedi à Diourbel que ’’près de 70% des populations sénégalaises ne connaissent pas les doits humains’’.
’’Selon notre entendement, nous ne pouvons pas dire que la majorité des Sénégalais s’approprient les droits humains. Il y a 70% de la population qui ont le droit de savoir et d’exécuter les droits humains’’, a notamment déclaré à la presse M. Badiane.
Il s’exprimait à l’issue de l’atelier organisé dans le cadre du programme de l’ONDH intitulé : l’observatoire des groupes vulnérables, des acteurs non étatiques pour la promotion des droits humains, la démocratie et de la bonne gouvernance.
Djibril Abdoul Aziz Badiane a ajouté qu’il est du devoir de l’Etat, des ONG, associations et de la presse ’’d’agir dans le sens du respect des droits humains car leur présence sur le terrain, en y menant des activités de lobbying auprès des populations, devrait permettre d’inverser la tendance’’.
Selon lui, la marche pacifique de protestation des journalistes contre les bavures policières, le 28 juin à Dakar, a permis de faire comprendre à l’Etat que ’’les gens sont civilisés et sont en mesure de défendre leurs causes’’.
A ce propos, M. Badiane a dit : ’’il faut que la loi soit dite, que la vérité soit connue de tout le monde et que justice soit faite quelque soit l’auteur’’.
La marche des journalistes, suivie d’autres manifestations dans des villes de l’intérieur, a été organisée après l’agression dont été victimes, le 21 jui, les reporters Boubacar Kambel Dieng et Karamokho Thioune après le match Sénégal-Liberia.
WALFAJRI :
A peine retourné au Pds : Fada invite Karim Wade à descendre dans l’arène politique
Invité à une Assemblée générale politique ce week-end à Kébémer sur initiative du maire de la ville Alioune Kébé, Modou Diagne Fada a demandé à Karim Wade de clarifier sa position actuelle ou, mieux, de rejoindre l’arène politique.
Venu à Kébémer, pour, dit-il, rentrer au Pds ‘par la base’, Modou Diagne Fada a déclaré qu’il veut voir Karim Wade descendre dans l’arène politique. Et c’est par un appel du pied sans fioritures que l’ancien porte-parole du Pds a interpellé le fils du président de la République : ‘Je fais partie des Sénégalais qui aiment les situations claires, pas les situations ambiguës’, déclare-t-il à l’endroit du leader de la Génération du concret (Gc). Ainsi pour Fada, ’le débat s’est posé (mais) moi je préfère qu’il descende dans l’arène politique, qu’il fasse de la politique parce qu’encore une fois, faire de la politique, c’est créer les conditions d’un développement de son pays, c’est travailler à l’épanouissement des populations…’. Parlant toujours de Karim Wade, Fada pense que ‘du fait qu’il a des compétences reconnues par les uns et les autres, je lui lance un appel pour qu’il descende dans l’arène politique à Kebemer, à Sedhiou, à Dakar ou ailleurs ; l’essentiel est qu’il participe à l’épanouissement des populations’. Et l’enfant de Darou Mousty d’ajouter que ‘dans les semaines à venir, c’est à lui (Karim Wade) de mettre fin à ce débat-là et rentrer dans la bataille politique’.
Longtemps attendu par ses partisans de Kébémer, Modou Diagne Fada, l’ex-leader de la coalition War-wi a averti ses partisans en ces termes : ‘Nous nous sommes assez chamaillés et je pense qu'il est venu le moment de faire la paix. Chacun de nous a pu mesurer la force de l'autre et nous n'avons plus besoin de nous battre pour un quelconque leadership ou pour un quelconque poste’. C’est pourquoi, ajoutera-t-il, ‘bientôt, ce sera la vente des cartes et des renouvellements qui détermineront qui est qui et qui représente quoi. Mais avant cela, unissons nous et parlons le même langage afin de travailler pour l'intérêt du parti (…)’. Pourtant, selon toujours Modou Diagne Fada, ce parti qui est le Pds devra changer certains de ses aspects : ‘je ne change pas de positions sur le Pds car notre parti doit être réorganisé, réformé, restructuré, adapté, rajeuni, massifié, pour pouvoir porter les ambitions du peuple sénégalais (…)’. Fada milite pour cela et croit qu'il est plus pertinent de militer en faveur de cela en étant à l'intérieur du parti que de le faire en étant dehors. Raison pour laquelle ‘nous n'avons posé aucune condition pour retrouver notre famille libérale et notre père spirituel Me Wade’.
Réaction des responsables de la Gc de Louga sur la sortie de Fada : ‘Malheureuse et inopportune’
Juste après la déclaration de l’ancien leader de la coalition War-wi invitant Karim Wade à descendre dans le champ politique, le secrétaire général de la Génération du Concret à Louga, parlant au nom de ses camarades, dit avoir regretté la sortie de Modou Diagne. Une sortie qu’il a qualifiée de ‘malheureuse et inopportune’. Pour Pape Cissé, ‘Karim Wade est un citoyen majeur et libre. Il n’a à recevoir d’injonction de qui que ce soit’.
Ama DIENG
Gaz butane, riz… : Les ‘bonnes nouvelles’ du ministre du Commerce
Depuis près de deux semaines, les populations souffrent - excusez du peu - de pénuries de toutes sortes : gaz, riz, etc. Laissées à elles-mêmes et à la merci des spéculateurs de tout poil, elles ne savent plus où donner de la tête. Avec les ‘bonnes nouvelles’ que le ministre du Commerce a annoncées hier, il est permis au consommateur de sourire. Si et seulement si…
Un butanier de 4 000 tonnes attendu hier dans la soirée. Un autre de 5 000 tonnes devrait lui emboîter le pas jeudi prochain. Ce sont là les ‘bonnes nouvelles’ du ministre du Commerce Mamadou Diop ‘Decroix’ qui était, hier, l’invité d’Oumar Gningue dans son émission dominicale ‘Opinion’. Ainsi, ce sont 9 000 tonnes de gaz butane qui devraient êtres livrées aux grands distributeurs. Mais, convient-il, il s’agit d’une solution de court terme, en attendant que des investissements structurels soient réalisés dans le sens d’augmenter les capacités de stockage actuelles de notre pays. En effet, avec une consommation annuelle évaluée à 150 000 tonnes, le Sénégal peine, selon le ministre du Commerce, à faire face à la demande, compte tenu des faiblesses actuelles de ses capacités de stockage. Pour y remédier, les privés vont construire une plate-forme d’une capacité de 12 000 tonnes. Une infrastructure de même nature financée par l’Etat pour une capacité de 10 000 tonnes est, également, dans le pipeline des projets du gouvernement. Ajouté à l’existant (plate-forme de 10 000 tonnes), cela fait un total de 32 000 tonnes. Par ailleurs, pour boucler la boucle, un projet de ‘sea liner’ est dans les cartons.
Autre ‘bonne nouvelle’ annoncée par le camarade de Landing Savané : la poursuite de la subvention sur le prix du riz qui était prévue pour s’arrêter au mois de juin. Une petite prolongation qui a été rendue possible grâce à ‘une bonne gestion des derniers (5 milliards 100 millions, Ndlr)’. Jusqu’à quand ? ‘Decroix’ ne saurait le dire. Ce qu’il peut, en revanche, avancer avec certitude, c’est que plus de 54 000 tonnes de riz sont, actuellement, sur le marché. Un souffle de 45 jours que l’Etat compte pérenniser si tout le monde joue le jeu : importateurs, détaillants et consommateurs. A ces derniers, le ministre du Commerce reproche la trop forte tendance à stocker ce qui, ailleurs, pourrait servir. Occasionnant des moins-values et des dysfonctionnements dans le circuit de la distribution. Diop ‘Decroix’ n’a pas raté l’occasion pour jeter des pierres dans le jardin de certains commerçants qui profitent de la subvention et spéculent sur le prix du riz ou d’autres qui profitent de la porosité des frontières pour revendre chez nos voisins de la sous-région des produits subventionnés par le Trésor public au profit des citoyens sénégalais.
Quant au prix du pain qui est menacé de flambée, Diop ‘Decroix’ rassure et annonce pour cette semaine la tenue d’une commission interministérielle dont l’ordre du jour sera d’étudier la structure des prix. Avec la baisse tendancielle de 100 dollars sur le prix du blé au niveau du marché international et la hausse annoncée des prix de l’électricité, la courbe évolutive de ceux du gas-oil et du diesel-oil, il s’agira, pour les différents membres de cette commission, de se livrer à des calculs d’épicier pour évaluer, au détail près, l’impact réel des prix des intrants, pour ensuite discuter sur l’opportunité d’augmenter le prix de la baguette ou en maintenir le prix dans ses proportions actuelles.
Ibrahima ANNE
Agression de Kambel Dieng et de Karamoko Thioune : Mais où est le procureur ?
Qu’il y ait eu tentative avérée d’assassinat contre les journalistes Boubacar Kambel Dieng et Karamoko Thioune ne se discute pas tant les sons disponibles et diffusés à grande échelle par les radios sont parlants. Il est certes difficile de faire appel aux flagrants délits, mais les faits sont avérés et les délits certifiés, et le tout de notoriété publique de surcroît. Qu’il y ait eu également association de malfaiteurs (douze personnes), tortures et traitements inhumains et dégradants relèvent tout autant de faits établis bien prévus et punis par la loi aussi bien au niveau national, que par les conventions et traités internationaux relatifs aux droits humains que le Sénégal a signés ou ratifiés en s’en prévalant avec beaucoup de tintamarres et de tapages médiatiques pour la quête de prix et de décorations internationaux. Il revient, maintenant, au procureur de la République et au juge d’instruction d’établir s’il s’agit d’actes prémédités ou d’actes survenus de manière impromptue (…)
Or depuis une quinzaine que les évènements se sont déroulés et les preuves largement rapportées par des sons authentiques, l’Etat central s‘est emmuré dans un silence. Le procureur dont le rôle est de défendre et de préserver les droits et la sécurité surtout physique des citoyennes et citoyens, traîne les pieds comme si de rien n’était et que les actes graves vécus dans leur chair par deux journalistes et dans leur psychose par toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais, ne valaient le plus petit frémissement.
Ironie de l’histoire, en février 1996, lors des fameux évènements des Allées du Centenaire où les présumés acteurs désignés par le pouvoir Pd de l’époque étaient Me Abdoulaye Wade, Landing Savané (qui parle d’accident pour banaliser, voire néantiser la barbarie) et consorts qui tous avaient été arrêtés par un artifice du procureur de la République, en l’occurrence Abdoulaye Gaye, qui n’avait pas hésité à enrichir le droit positif sénégalais du délit de ‘flagrant délit continu’, l’actuel ministre de l’Intérieur, bien que malade et absent des lieux, avait fait partie du lot des ‘criminels désignés’. Aucun fait n’était avéré, et la suite des évènements avait plutôt suggéré un complot ourdi par l’Etat de l’époque pour éliminer systématiquement et définitivement de la scène politique Me Abdoulaye Wade avec la complicité de quelques-uns de ses alliés actuels (…)
Or pour ce qui en est de la barbarie des derniers jours, tous les faits sont avérés et flagrants. La question : ‘Mais où est le Procureur ?’ mérite bel et bien une réponse. D’habitude si prompt quand il s’agit de casser et d’intimider l’opposition et/ou la société civile, il se terre en profondeur la plus insondable ou dans les nuages les plus lointains et les plus fumeux, s’il s’agit de responsabilités flagrantes de l’Etat ? Ainsi en est-il depuis. Ainsi, Idrissa Sagna (balle perdue selon le président de la République de l’époque), les Balla Gaye, Talla Sylla, Dominique Lopy, Djoutala Mané, etc., sont passés par pertes et profits comme dans les comptabilités douteuses.
L’Etat, quant à lui, avec son incarnation de justice et d’équité sociale la plus couronnée par les textes constitutionnels et législatifs : le président de la République, se révèle par des actes qui relèvent de la complicité établie (ce que le Procureur doit fouiner). En effet, le ministre de l’Intérieur (…), interpellé au premier chef, parle de et appelle au ‘savoir raison garder’, pour protéger ses tontons macoutes, comme si l’acte d’informer et de rechercher les informations est devenu un crime exécrable et pénalement sanctionné dans le Sénégal d’aujourd’hui. Le ministre de l’information, lui, dit : ‘Nous allons défendre nos agents, l’Etat va défendre ses agents.’ (…) Il va ainsi jusqu’à oublier que l’un des rôles majeurs de l’Etat, c’est la défense des citoyennes et citoyens, de leurs libertés et droits, de leur intégrité physique, et qu’en cas de violation de l’un de ces droits, l’Etat normal doit toujours être du côté de ceux et celles dont les droits ont été violés ? En l’occurrence le droit au travail pour les journalistes et le droit à l’information pour tout le peuple sénégalais dont lui y compris.
Ceci amène à la légitimité de se demander si l’Etat central, son gouvernement surtout n’est pas à la base de tous les actes barbares notés depuis quelques temps après les premières années d’euphorie de l’alternance (une victoire de tout un peuple). En effet, aucune des grandes promesses de l’alternance n’a été respectée : régime parlementaire, non domestication de la justice, liberté d’exerce et de pensée, liberté de l’information et de la presse, libéralisation du domaine de la production et de la diffusion de l’information, droit de grève et à la marche, emploi massif pour les jeunes, l’avènement des femmes en tant qu’être à part entière jouissant de tous leurs droits et ne subissant aucune discrimination, formation professionnelle continue, augmentation des capacités de création et création de richesses, réhabilitation de l’agriculture et du développement rural, planification du développement et progrès social réel pour toutes les franges du peuple sénégalais, et que sais-je encore, etc*.
Face à cette situation et du fait que l’alternance est plus l’œuvre du peuple sénégalais, les jeunes et les femmes en premier, l’Etat s’inquiète de sa survie et de la préservation des intérêts stricto personnels de ses membres et partisans très liquides subitement comme par enchantement et arrogants comme pas possible. En conséquence, il se met à chercher à étouffer tout ce qu’il voit comme pouvant informer, indigner et susciter indignation et riposte. Son objectif ultime, son agenda caché étant de signifier au peuple que tout mouvement, voire même tout frémissement contre l’appauvrissement continué, la misère sociale, l’enrichissement rapide, arrogante et ostentatoire des nouveaux gouvernants vécus dans le tréfonds des multiples déchirures de sa chair, sera réprimés sans quartier et sans état d’âme, même si c’est au prix de mille morts d’hommes et de femmes.
Ainsi, des armes apparemment dissuasives sont commandées pour tyranniser les journalistes, premier maillon de diffusion massive des ignominies et de la photographie hideuse de la vie au quotidien du peuple dans toute sa misère et déchéance sociales (….) Et ces armes constamment administrées sur la chair humaine sur des parties savamment choisies et visées provoquent des déchirures, des ruptures pour des contorsions toujours plus prononcées et des cris toujours plus désespérés et toujours plus affolants par diffusion irradiée dans le corps social. Le journaliste n’est que la porte d’entrée pour une psychose généralisée à propager partout où l’idée de protestation peut survenir.
Evidemment, la préméditation y est. Au-delà des journalistes, les cibles sont bien repérées et répertoriées : elles sont des syndicalistes professionnels, des étudiants, des élèves, des travailleurs individuels, des entrepreneurs récalcitrants (genre Bara Tall, Mansour Kama, comme naguère Sow de la défunte Senlait, etc.), mères de familles révoltées, en vrac tout homme, toute femme pas du camp du régime.
La démission du ministre de l’Intérieur n’y aura aucun effet ; c’est tout un appareil politique, toute une police politique qui est en action et rien en dehors d’une riposte résolue et organisée ne pourra le faire reculer, voire abdiquer. D’ailleurs, il est très peu probable que ça soit l’actuel ministre de l’Intérieur qui en ait passé les commandes. La rumeur publique d’alors veut que déjà, du temps du Ps, un ancien ministre de l’Intérieur actuellement ministre dans le gouvernement de l’alternance en ait commandé pour mater celui qui, aujourd’hui, préside aux destinées du Sénégal (…) Ces armes sont des armes criminelles (…) Et tout le peuple sénégalais dans toutes ses composantes, doit se mobiliser pour leur retrait autour des points suivants : l’arrestation immédiate de tous ceux qui ont dansé leur concert macabre autour de Boubacar Kambel Dieng et de Karamoko Thioune en les torturant, en les humiliant avec des traitements inhumains et atroces ; l’instruction rapide du dossier et l’organisation, immédiatement après l’instruction du dossier, du procès des bourreaux de Boubacar Kambel Dieng et de Karamoko Thioune ; retrait immédiat et sans délais des matraques électriques (…)
Daouda DIOP Citoyen et Patriote
Tenue des assises nationales : Le Comité France table sur un budget de 1,9 million de francs Cfa…
Le compte à rebours a commencé pour le Comité France des Assises nationales qui s’est réuni samedi dernier pour mettre en place les 5 commissions en charge de débattre sur les problèmes du pays et apporter des solutions à verser dans la corbeille de l’équipe dirigée par Amadou Moctar Mbow. Le Comité se donne cinq mois pour sillonner une partie de la France à la rencontre des compatriotes. Pour cela, il faut un budget d’un million neuf cent mille francs Cfa, soit 3 000 euros. Un budget qui sera alimenté par la cotisation des immigrés impliqués dans les assises nationales ou toute bonne volonté.
(Correspondant permanent à Paris) - Depuis samedi dernier, l’on connaît le budget et l’organigramme des travaux des assises nationales qui doivent se tenir à travers la France. Un budget de 3 000 euros a été retenu. Soit 1 million 967 mille 871 francs Cfa. Les déplacements dans les dix villes françaises où l’on retrouve une forte concentration des Sénégalais coûteront 1 200 euros (787 mille 148 francs Cfa). Cela semble dérisoire, mais le Comité France des assises nationales souligne que beaucoup de personnes se déplaceront avec leur véhicule personnel. Il suffit d’acheter du carburant.
Donc, peu utiliseront le transport en commun, notamment les trains. Pour la location des salles où se dérouleront les débats, il faudra débourser 1 300 euros (852 mille 744 francs Cfa). Quant aux documents et courriers nécessaires pour une bonne organisation des rencontres, les responsables des assises nationales en France ont prévu 500 euros (196 mille 787 francs Cfa). Ce qui fait au total 3 000 euros de budget. Comment réunir cette somme ? Les responsables misent sur les cotisations. Le comité France des Assises propose à chaque immigré sénégalais de participer à hauteur de 30 euros (19 678 francs Cfa). Tout en laissant ouverte la possibilité financière de chacun. En d’autres termes, celui qui veut donner plus peut le faire et celui qui n’en peut pas peut débourser moins de 30 euros.
Mais déjà, les responsables simulent les sommes qu’ils attendent. C’est ainsi qu’ils projettent qu’auprès des associations des immigrés sénégalais, ils peuvent recueillir 1 000 euros (655 957 000 francs). C’est la même somme qu’ils attendent respectivement des partis politiques et des cotisations individuelles. Ce qui leur permet de boucler leur budget.
C’est en s’appuyant sur ce budget que le programme des rencontres a été défini. C’est ainsi que des débats seront organisés à Paris et sa banlieue (Cergy, Corbeille-Essonne), au Havre, à Rouen, à Mantes-la-Jolie), à Lille, à Lyon, à Bordeaux, à Marseille. Les foyers des immigrés sénégalais sont également visés. C’est ainsi que le Comité France des assises nationales se rendra aux foyers du Quai de la Gare, de Charonne, Pierrefitte, Montreuil, tous situés dans la région parisienne. Mais la liste n’est pas exhaustive. Les étudiants recevront également la visite du comité France des assises. C’est ainsi que les résidences de la cité internationale de Paris, d’Antony, de Créteil, de Saint-Denis, de Nanterre, de Marne-la-Vallée, de Cergy – pour ne citer que celles-là - seront des lieux de débats et de rencontre avec les étudiants sénégalais. Sans compter le forum Internet.
… et investit l’Europe
En rapport avec les Comités d’Italie, d’Espagne et d’Angleterre et Europe du Nord, le Comité France ira à Milan, Londres, Madrid, etc. pour rencontrer des immigrés sénégalais. Tout le programme du comité doit se dérouler entre juillet et août 2008, considérant que les assises nationales prendront fin en novembre. Les rapports techniques doivent être bouclés en septembre et le mémorandum du Comité France des assises nationales rédigé entre septembre et octobre. Puisque la diaspora sénégalaise est divisée en trois comités des assises nationales comprenant les comités Afrique, Europe et Amérique du Nord, il est envisagé qu’un seul document de la diaspora soit déposé auprès d’Amadou Moctar Mbow qui préside les Assises nationales. Cette harmonisation des trois textes est prévue courant octobre-novembre.
Mais en attendant, pour bien mener les travaux en France, cinq comités ont été mis en place samedi dernier. C’est ainsi que la première commission s’occupera des questions d’institutions, de liberté, de citoyenneté, de valeurs, d’éthique, de solidarité et de laïcité. La deuxième se penchera sur l’orientation budgétaire du Sénégal, les politiques économiques, l’environnement des affaires, les droits économiques et sociaux, la valorisation des ressources humaines. La troisième s’intéressera à l’aménagement du territoire, à l’environnement et au développement durable, au monde rural, au secteur primaire. La quatrième réfléchira sur la politique extérieure du pays et l’intégration africaine. La cinquième qui a intéressé tous les participants, est la commission sur l’immigration. Cette commission a la lourde charge de débattre sur les accords bilatéraux entre la France et le Sénégal, voire le Sénégal et l’Europe, sur la sécurité sociale des immigrés sénégalais, leurs allocations familiales, sur les conditions de leur retour (logement, investissement, douanes, etc.), sur les sans-papiers, sur leurs relations avec les consulats, sur la féminisation de l’immigration sénégalaise. Toutes ces commissions ont été pourvues de membres, mais restent ouvertes à toute personne susceptible d’apporter sa contribution. Le débat a été passionnant, intense et par moments houleux. Témoignant, peut-être, l’intérêt que les uns et les autres accordent à ces joutes inédites au Sénégal.
M. BARRY
Nettali : Dimanche 6 Jui 2008
MANIFESTATIONS CONTRE LE COUT DE LA VIE ET LES PENURIES : Les populations des Parcelles assainies investissent la rue.
NETTALI - La fermeture des robinets depuis plusieurs jours, l’absence de gaz et de la raréfaction du riz ont poussé les populations des parcelles Assainies à organiser leur première émeute contre la faim. En effet, des jeunes et des femmes ont bruyamment manifesté leur raz-le-bol en défilant dans la rue et scandant des slogans Wade Abalgnu « Nous avons assez « .
Cela s est passe ce dimanche aux Parcelles assainies. Au fil des heures, une véritable marée humaine s’est déversée aux alentours du stade Leopold Sedar Senghor bousculant tout sur son passage. Pneus brulés en tout coins de rue, chahuts et fortes gesticulations pour manifester leur colère. Rien n’a été oublié par les populations pour exprimer leur mécontentement. Il aura fallu un détachement des forces de l’ordre pour contenir, difficilement, cette manifestation qui inaugure des manifestations d’émeutes au sein de la population.
Le riz est introuvable, selon les femmes qui ont squatté les marchés environnant. Impossible de trouver du riz au prix indiqué par le gouvernement, se sont plaint les manifestants. L’absence du riz n’en finit pas de tourmenter les familles dont la plupart ont investi les différentes quartier de Dakar pour débusquer une bouteille remplie.
Mais ce qui semble déborder le vase c’est…le manque d’eau. En effet, de la Cité Damel en passant les parcelles Assainies Unités 25 et 26, Diamalaye et le reste de la banlieue le liquide précieux est inexistant.
La SDE a fini par promettre le retour à la normale dans l’après midi de ce dimanche. De quoi contribuer largement à l’apaisement d’une foule en colere.
Ferloo.com : Dimanche 6 Jui 2008
Abdoulaye Wilane : « Si je me fais agresser, mes bourreaux seront à chercher du côté de la Pharmacie Yacine des Parcelles Assainies… »
Alors qu’au Jëf-jël, Talla Sylla chantait récemment "sa mort imminente", au Ps, c’est un Abdoulaye Wilane qui prend très au sérieux "des menaces proférées à son endroit par des hommes supposés appartenir à une milice proche du pouvoir" qui a saisi Ferloo.com « pour prendre l’opinion à témoin et accuser des mains invisibles, recouvertes de sang... »
Selon le chargé de communication du Ps qui n’avait pas encore fini de savourer le retour de son patron de la Grèce « où celui-ci a été auréolé de gloire après sa reconduction à son poste de vice-président de l’Internationale Socialiste, hier », la joie de Wilane cédera aussitôt place à la tristesse. Selon lui : « Je viens d’apprendre par une des mes connaissances qui a surpris une discussion de proches du pouvoir, la menace à la bouche, préparant une bonne correction à moi-même et à Barthélemy Dias ». A en croire, le jeune responsable socialiste de Kaffrine rapportant les confidences qui lui ont été faites au sujet de cette rencontre qui eu lieu non loin de la pharmacie Yacine des Parcelles : « Au cours de cette discussion qui a eu lieu dans la banlieue proche de Dakar, précisément, aux Parcelles Assainies où des gens supposés appartenir à une milice du pouvoir qui s’était déjà attaquée à Talla Sylla ont dit : « Ces deux gosses (Wilane et Barthélemy) ne sont que deux grandes gueules, poltrons de surcroît. Il suffit de les intimider pour qu’ils se taisent pour de bon. Au cas où ils ne le feraient pas, une bonne correction ne serait pas de trop pour leur imposer le silence ». Et Wilane de s’écrier : « Personne ne peut prouver que je suis poltron. Je ne connais pas la peur. Et cela, dans toute ma lignée. Je ne me tairai pas pour laisser des gens « voler et détourner en rond ». Je les dénoncerai jusqu’à mon dernier souffle ». Avez-vous porté plainte contre X ? « Pourquoi faire. N’est-ce pas que les agresseurs de Talla Sylla continuent à vaquer tranquillement à leur besoin sans être inquiétés une seule fois ? Non, je ne chercherai pas de protection de la part de l’Etat, je ne porterai pas plainte. Je prendrai simplement à témoin le peuple en informant l’opinion de ces basses manoeuvres qui sont en train d’être. Je dis au peuple que si un jour je me faisais agresser, mes bourreaux seraient ceux qui s’étaient réunis non loin de la pharmacie Yacine, avec leurs bolides volés ou empruntés à l’Etat pour servir des criminels à la solde de qui vous savez... Ils devraient être recherchés de ce côté-là ». Quant à Berthélemy Dias, nous avons tenté de le joindre, mais en vain.
AD/FC-
Auteur: Ferloo.com
Ferloo.com : Dimanche 6 Jui 2008
Pénurie d’eau : Dakar a la gorge sèche
Les robinets, dans certains quartiers - ce, depuis bientôt vingt quatre heures -, ne débitent plus. Cette interruption de service est due à des travaux entrepris par la Sénégalaise des Eaux (Sde) « pour l’amélioration de la qualité de l’eau », selon un opérateur du numéro vert de ladite entreprise joint par Ferloo.
Selon notre source, ces travaux devaient prendre fin hier à 17 H, mais ont dû être prolongés par souci d’efficacité. A l’en croire, la distribution de l’eau reviendra à la normale dans l’après-midi. Sur un ton courtois et déférent, l’opérateur fait savoir que la Sde fait du mieux qu’elle peut pour que l’eau coule à flots dans les foyers.
Les usagers n’en sont pas pour autant rassurés, ils débitent leur colère sur l’Etat, responsable selon eux de toutes les pénuries observées ces derniers temps. « Le pouvoir veut-il nous asphyxier, après les coupures d’électricité, les pénuries de riz et de gaz, où va-t-il nous amener ? », se demande une femme en sueur portant une bassine d’eau. Derrière elle, un jeune homme, avec sous les bras deux bouteilles d’eau de source, fait chorus sur le ton que voici : « Ce gouvernement est incompétent ! ».
A Grand Yoff, les habitants ont traversé le paisible quartier semi résidentiel à la recherche du liquide précieux qui coulait des robinets de la Foire. Sur leur chemin, ils rencontraient des charretiers assis, fièrement, à califourchon sur des barils d’eau qu’ils revendaient à 3500 F Cfa. Soit sept fois le prix en temps normal ! Pendant que les ménages à revenus moyens parcouraient des kilomètres pour trouver de l’eau gratuitement, les plus nantis s’arrachaient la marchandise des « boroom sarett ».
Le malheur des « goorgoorlu » (débrouillards) faisant le bonheur des charretiers, ceux-ci se permettaient de faire monter les enchères.
AS/FC
Auteur: Ferloo.com
L’injustice au Sénégal : Quelles explications ?
De plus en plus, au Sénégal, des comportements d’une révoltante injustice en recrudescence, se manifestant sous diverses formes dans tous les secteurs et domaines d’activités, sont condamnés avec hargne et énergie, fustigés avec dédain par presque tout le monde. Par des agressions physiques, des violences verbales, l’injustice se manifeste, s’éternise et installe une situation de crise sociale dont les explications ne découlent que de plusieurs facteurs d’ordre économique et socioculturel.
La hausse du baril du pétrole n’est pas sans conséquences graves sur les économies des pays africains, dont les populations semblent plus que jamais aspirées dans une spirale de pauvreté croissante. A l’instar des autres pays sous-développés, le nôtre dont les politiques souffrent d’incohérences et de failles compromettantes, n’échappe pas à cette situation de carences généralisées. Résultat : partout, le manque de quelque chose ou du minimum nécessaire se signale avec acuité et pousse ainsi les populations à de subites réactions comportementales en guise de réponse et en désespoir de cause. Tout comme un animal en proie à la faim pour la satisfaction de laquelle il suit son instinct, les gens, vivant des minima sociaux et se sentant pousser jusqu’à leurs derniers retranchements, moments où la nécessité n’a pas de loi et pousse même le citoyen le plus poli à des barbarismes de conduites, s’en viennent pour un rien aux mains. C’est le spectacle quotidien auquel on assiste à bord des transports en commun, dans les maisons, dans les lieux de travail, bref partout où le cosmos social se réunit. Une telle conjoncture génère des troubles sociaux traduisibles en actes qui, pour la plupart, laissent voir une iniquité en toile de fond dans la manière de les poser.
Du point de vue social, il est digne d’intérêt, pour une meilleure compréhension de l’ampleur de l’injustice, de convoquer Bourdieu qui interprète les relations sociales en termes de conflits perpétuels entre dominant et dominé. En effet, dans l’espace social, nous dit-il, les individus se diffèrent de par la position occupée. Ceux qui sont de niveau inférieur, cherchent toujours à atteindre le pinacle sur lequel se sont juchés ceux de niveau supérieur, pendant que ces derniers s’emploient à s’y maintenir via le capital dont ils disposent (moyens financiers, matériels, charisme…). D’où le rapport de force qu’on observe souvent au sein des instances politiques ou autres.
Par ailleurs, la peur éternelle de se voir porter ombrage par manque de confiance en soi eu égard à l’arrivée de l’autre, fait que certains sont facilement pris d’affolements toutes les fois qu’il est question de parler des postes qu’ils occupent. C’est pourquoi, en mauvaise posture éthique parce que ce dont ils disposent ne répond pas au dogme du méritoire, les gens n’aiment pas que quelqu’un taille à coups de serpe leur œuvre. Est ennemi tout homme auquel ils ne se sentent pas d’affinités profondes. Sont capables de tels comportements insensés les personnes qui passent le gros de leur temps à faire une contemplation euphorique de leur puissance et de leur importance. Lit-on sous la plume d’Albert Memmi dans Portrait du colonisé que ‘toutes les fois quelqu’un est vaincu par la ruse ou étourdi par la démagogie, il prend de subites colères’. L’injustice est fonction de troubles psychiques et reste la loi qui régit la conduite de bien des hommes qui se déshumanisent à travers l’agression physique ou verbale qu’ils perpétuent contre la personne d’honnêtes gens. Pour porter remède à cette iniquité, il y a alors lieu de s’interroger sur le mode d’accès aux postes prisés, nœud de la guerre.
Souleymane LO
Doctorant en Sociologie à l’Ugb
Email : julessouleymanelo@yahoo.fr
Auteur: Souleymane