Sauvons la République !!!
LETTRE OUVERTE Landing écrit au Président Abdoulaye Wade
Article Par Landing SAVANE, Secrétaire Général de And Jëf,
Paru le Vendredi 12 Juin 2009
Monsieur le Président de la République,
Les décennies que nous avons passées dans l’opposition restent encore intactes dans nos cœurs et dans nos esprits. Les tentatives avortées de neutralisation, de déstabilisation voire de destruction du Parti Démocratique Sénégalais (P.D.S) avaient en son temps obtenu le soutien sans faille de And-Jëf, sur la base de principes et de valeurs politiques et morales auxquels nous croyions même, si nous avions des lignes idéologiques divergentes.
Alors que dans vos propres rangs, le débauchage des militants et le lynchage médiatique du Secrétaire Général du PDS était de rigueur, et que certains des alliés avaient rejoint le PS au gouvernement, And-Jëf vous a soutenu stoïquement jusqu’à votre emprisonnement en compagnie de son Secrétaire Général, Landing SAVANE.
Toujours par principe, nous étions à vos cotés lors de l’affaire Maître Sèye, exigeant des preuves de votre implication vous et votre épouse. La solitude était immense autour de vous. Personne n’aurait parié alors sur votre avenir politique. De 18 députes, vous étiez descendu à 9.
Beaucoup de ceux, autour de vous aujourd’hui, s’étaient éloignés de vous avec fracas avant toute prise de positions.
Pour mémoire feu Jean Collin disait de manière péremptoire que vous ne serez jamais président du Sénégal.
And Jef n’a jamais failli dans le soutien de principes à toute la classe politique. Et en 1998, après les élections législatives, nous avons pris la décision historique de vous proposer comme candidat unique de l’opposition pour les élections présidentielles de l’an 2000.
Ce compagnonnage s’est maintenu dans la douleur, les sacrifices et les quolibets de tous ceux qui prédisaient que nous n’aurions pas de retour d’ascenseur.
Quel est donc notre étonnement de constater que depuis quelques mois, notre parti dont les racines remontent à la clandestinité des années 1970, fait face à des tentatives du même ordre et qui semblent avoir été initiées par ceux là même que nous avions soutenus envers et contre tous et tout.
Car il serait difficile de comprendre les agissements ostentatoires de l’exclu de notre parti qui, par l’on ne sait quel miracle, affiche subitement une certaine richesse qui le porte à distribuer des millions de francs CFA à tout bout de champ en cette période de crise financière aiguë pour corrompre des militants et créer des structures fictives.
Comment interpréter l’attitude de Monsieur le Ministre de l’intérieur qui s’arroge le droit d’interpréter nos dispositions statutaires en faveur de Mamadou Diop Decroix qui a usé des mêmes textes en février 2008, pour faire exclure 4 membres de notre bureau Politique.
Comment, Monsieur le Gouverneur de la région de Dakar peut se permettre de prendre un arrêté n° 0187 /GRD à la date du 02 Juin 2009, prescrivant la fermeture provisoire de notre siège en invoquant des risques de troubles à l’ordre public, alors que régulièrement s’y tiennent les réunions hebdomadaires du secrétariat permanent, du bureau politique, du SP des femmes, des jeunes, des cadres, du BEF de Dakar. Même le secrétaire Général Landing Savane tient ses audiences dans cette permanence matin et après-midi. Cette décision vise à empêcher le vrai And Jef de s’exprimer par ses activités régulières alors que Mamadou Diop Decroix, exclu du parti, utilise les moyens de l Etat, la télévision et la radio d’Etat pour conspuer et détruire le parti.
Monsieur le Président de la République, il semble établi aujourd’hui qu’un plan machiavélique visant à déstabiliser voire disloquer notre parti est en cours d’exécution avec comme bras armé Mamadou Diop Decroix. Tous les Sénégalais sont aujourd’hui édifiés.
Comment comprendre qu’au nom de notre parti, un congrès, à tous points de vue illégal est prévu, et homologué par les autorités administratives.
Comment se fait-il que ces tentatives et manœuvres ne soient pas interdites par Messieurs les Préfets et le Gouverneur de Dakar alors quelles sont grosses de violence pouvant troubler l’ordre public.
Pourtant vous devez savoir par vos services de renseignements que ces 37 fédérations sont fictives, que les vrais secrétaires généraux sont dans le parti. Mais tout est fait pour permettre à des exclus d’un parti de parler au nom de ce parti. A quelles fins ?
Monsieur le Président de la République,
Des mois durant, j’ai demandé aux militants d’éviter toutes provocations. Nous avons tempéré l’ardeur des jeunes et des femmes qui voulaient en découdre.
Aujourd’hui devant tant d’évidences, d’attaques frontales contre notre parti, nous décidons d’être des hommes et des femmes debout, des militants qui ont connu des années de braise, des Sénégalais conscients prêts à relever tous les défis.
J’en appelle à l’opinion nationale et internationale, à tous les démocrates, les partis politiques, les chefs religieux, les organisations de la société civile, pour leur signifier que And-Jëf a décidé de prendre ses responsabilités historiques.
LOI DES FINANCES RECTIFICATIVE 2009 124 MILLIARDS À KARIM WADE
Article Par NDIAGA NDIAYE ,
Paru le Vendredi 12 Juin 2009
Le projet de loi des finances rectificatives 2009 est dans les couloirs de l’Assemblée nationale depuis hier. Le texte fixe les nouvelles affectations budgétaires des institutions et ministères dont les plus lotis sont ceux de Karim Wade et de Moustapha Sourang. La Présidence de la République et l’Assemblée nationale ont aussi leur part de rallonge, contrairement au Sénat.
La formation du gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye a occasionné le transfert de beaucoup de compétences de certains ministères à d’autres, de même qu’il a été à l’origine de la création de nouveaux départements. Cette situation n’est pas sans bouleverser le projet de budget national qui a été voté par l’Assemblée nationale pour valider la dernière loi des finances. D’où l’urgence d’une loi des finances rectificative, pour une redistribution des ressources en fonction des nouvelles attributions. Dans le texte de loi des finances rectificative dont nous détenons une copie, l’affectation des crédits a suivi l’importance des ministères. Une situation qui permet de comprendre la masse financière taillée pour les dépenses d’investissement et de fonctionnement du ministère de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures dirigé par Karim Wade, fils du chef de l’Etat. Les prévisions budgétaires que cumulent les ressources internes et externes de ce ministère sont évaluées à plus de 124 milliards de francs Cfa.
Ce qui place le département de Karim Wade en seconde position du ministère le plus loti financièrement, loin derrière celui de l’Enseignement supérieur, des Universités et des Centres universitaires dont les nouvelles affectations sont de l’ordre de 654 milliards de francs Cfa. Ce budget mis entre les mains de Moustapha Sourang s’explique par le choix fait par le gouvernement d’allouer 40% du budget national à l’Education. Parallèlement au balèze département de Karim Wade qui a versé dans sa besace nombre de directions et services qui dépendaient d’autres ministères. D’où les transferts en capital évalués à 63 milliards de francs Cfa dont la majeure partie provient des ressources internes. Au titre des ressources extérieures dont les emprunts et les subventions, le ministère de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures est à près de 60 milliards de francs Cfa. Par ailleurs, cette loi des finances rectificative place, compte tenu des nouvelles affectations, le ministère de l’Agriculture et de la pisciculture au troisième rang avec plus de 72 milliards de francs Cfa.
Autres changements intervenus à la suite de la loi soumise à l’Assemblée nationale, c’est une rallonge du budget de la Présidence de la République dont les affectations nouvelles sont chiffrées à 75 milliards de francs Cfa avec des emprunts programmés à hauteur de 7 milliards et des subventions évaluées à 1 milliard de francs Cfa. Il en est de même pour l’Assemblée nationale qui bénéficie d’un transfert en capital de 500 millions, contrairement au Sénat qui reste à son budget initial.
LE QUOTIDIEN :
PLUS LOIN AVEC…Me Ndèye Fatou TOURE, député, responsable au mouvement Tekki.
«Le peuple est en avance sur ses dirigeants»
Depuis la fin des élections locales et les querelles qui traversent la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, Me Ndèye Fatou Touré, député et responsable au mouvement Tekki, a plutôt consacré son énergie à combattre le projet de loi portant création du poste de vice-président. Il en a révélé les enjeux dans certains journaux de la place. Sur les conflits qui apparaissent entre certains au sein de Bennoo, Mme Touré, député Tekki, qui livre ici ses impressions, n’en pense pas moins que le peuple fait plus preuve de maturité que ses leaders politiques.
Vous faites partie de Bennoo Siggil Senegaal, mais on ne vous entend pas sur les tensions qu’il y a depuis un certain temps au sein de cette coalition. Ne vous sentez-vous pas concernée ?
Nous estimons que le peuple est en avance sur ses dirigeants. Les leaders doivent regarder dans la même direction que le peuple. Le 22 mars dernier, les populations ont fait un premier signe pour nous montrer la voie à suivre d’ici 2012. Donc, il appartient aux dirigeants de se mettre autour de l’essentiel. Aujourd’hui, au lieu de nous battre, pas de nous crêper le chignon pour des querelles et des batailles de positionnement, nous devons plutôt nous unir afin que le peuple puisse trouver son salut d’ici 2012. C’est pour cela que vous ne nous entendez pas.
Dans le cadre de Bennoo, nous avons la mairie des Hlm. Nous sommes les fondateurs de Bennoo. Nous avions créé un pôle qui s’appelait Icr, (Initiatives citoyennes pour la République), Bennoo Wolu Askan Wi et nous avions mandaté le Jëf-Jël pour négocier avec le front Siggil Senegaal. En fait, l’idée de Bennoo vient de nous. Nous pouvons dire tout haut que cette idée vient de Tekki, du Jëf-Jël, de Yoonu Askan Wi et du Rnd (Rassemblement national démocratique) de Diallo Diop.
Donc, si des acteurs politiques se croient aujourd’hui investis de la volonté populaire, ils se trompent. C’est la raison pour laquelle nous laissons faire, tout en restant collés au peuple. Nous sommes très sereins et nous avons une claire compréhension et une claire vision de ce que le Sénégal doit être. Nous savons ce que les dirigeants doivent faire pour que le peuple qui a voulu s’accrocher à ce bateau qui s’appelle Bennoo ne s’y détourne pas.
Vous revendiquez le concept Bennoo, mais vous aviez laissé les grands partis vous ravir la vedette. Maintenant qu’ils se battent entre eux et que vous n’intervenez pas, ne craignez-vous pas que la coalition finisse par imploser ?
Je dois vous dire, qu’en plus de diriger la commune des Hlm, l’une des principales mairies de Dakar, le Tekki a 122 conseillers à travers le pays. C’est pour vous dire que nous travaillons lentement, mais sûrement. Je pense qu’il y a une sélection/élimination qui va s’opérer.
Donc vous préférez laisser les autres se battre entre eux pour rependre la main ?
Nous estimons qu’une sélection/élimination s’opère, parce que le peuple sénégalais aspire à mieux que les divisions que les gens entretiennent à Bennoo.
Là, vous refusez carrément de porter assistance à la coalition…
Ecoutez, je vous dis que nous sommes les principaux fondateurs de la coalition. Mais, si des acteurs qui sont là depuis des décennies, pensent maintenant que le vote du 22 mars a été fait en leur faveur, ils se trompent. Et nous sommes là, très sereins, à côté du peuple avec qui nous cheminons dans la bonne direction en cette période de crise financière mondiale.
Sauvons la République !!!
Les «Assises nationales» viennent de prendre fin ce dimanche 24 mai 2009. A cette occasion, il importe de saluer tous nos compatriotes qui se sont donnés à cœur et qui n’ont ménagé ni leur temps ni leurs moyens, dans le but de contribuer à préserver, voire sauver le statut de la République. Les «Assises nationales» viennent de prendre fin ce dimanche 24 mai 2009. A cette occasion, il importe de saluer tous nos compatriotes qui se sont donnés à cœur et qui n’ont ménagé ni leur temps ni leurs moyens, dans le but de contribuer à préserver, voire sauver le statut de la République. A ce propos, il convient de rendre un hommage spécial, à notre doyen et ami Amadou Moctar Mbow, qui, malgré le poids de l’âge, a été en première ligne. Les tirs de barrage de «l’ennemi», ne lui ont pas empêché d’avancer et conduire la troupe au Front. En parlant de ces Assises, certains les ont assimilées à une pratique médicale en comparant le Sénégal à un malade mal en point, à traiter. Disons que si le diagnostique à été bien mené, force est de constater que quelque part, il nous semble qu’un corps étranger a été oublié dans le corps de celui-ci, après opération. C’est pourquoi, il urge d’alerter notre ami le Dr Dialo Diop, avant toute complication. Le corps étranger me semble être le manque de précision quant à la désignation d’une structure chargée de l’application des conclusions des Assises qui concentrent les desiderata de la grande majorité des populations sénégalaises. Il nous semble curieux, comme l’ont fait, récemment, certains patrons de presse qui en ont eu pour leur grade, de chercher, ou même penser au Roi du Sénégal, pour qu’il «s’inspire de quelques points de ces conclusions pour gouverner». Comme l’a fait remarquer un leader d’un parti politique, Ousmane Tanor Dieng, pour ne pas le nommer. Notre ami, le regretté Djiadji Mody, disait que «Palaat ka xam péén ba nga koy jox» (il faut servir un plat bien fait, à celui qui connaît la peine qui sous-tend sa préparation).
Au risque d’être taxé par des politiciens farfelus (ces courtiers ou coursiers du Roi, qui nous tympanisent avec leurs «dialogues creux», de radical, nous nous demandons, pourquoi certains animateurs de partis, continuent à faire confiance à un homme qui à eu à faire état de son mépris à tout ce qui concerne les Assises et qui a fini d’introduire toutes sortes de virus dans le corps du malade, (le Sénégal) ? Pourquoi demander à des gens qui ont tourné le dos aux intérêts du peuple, de «s’approprier» les conclusions des Assisses nationales ? Pourquoi ces «explications» et autres litanies intempestives, genre : «Les Assises ne sont dirigées contre personne, elles ne sont pas une conférence nationale, etc. ?» Tous propos, qui, à la limite apparaissent comme un gage de bonne «conduite républicaine» adressés au Roi. Non ! Ceux d’en face ne sont ni des républicains, ni des démocrates, ni des patriotes, encore moins des hommes modernes. C’est pourquoi, autant nous étions très critiques envers l’ancien Premier ministre, actuel Secrétaire général de l’Apr, pour sa démarche envers Bongo, autant nous sommes en phase avec lui à propos de son discours de Kaolack, «sur l’état de la Nation». «Na nu fippu té bayyi ni Yacc» (organisons la résistance et cessons d’être passifs, amorphes). D’ailleurs, il a été rejoint en cela par le Pit . Nous l’avons dit, seules des élections anticipées devraient être la préoccupation de tout patriote. Le Sénégal n’est pas mieux loti que la Mauritanie, que des «Waané diplomates» (diplomates capricieux), cherchent à aider à sortir des turbulences politiques. Le «Dialogue» qu’agitent des «pacifistes» çà et là, n’entre que dans le cadre de «soins palliatifs» pour sauver le régime. Point barre ! Nous croyons que nous devrions imposer à ceux d’en face, ces élections anticipées, en mettant sur pied un Front républicain. L’histoire d’autres pays et Nations nous enseigne que des patriotes l’ont fait dans des conditions historiques déterminées, similaires, ou moins pires, que celles que nous vivons à l’heure actuelle. Aussi, à nos «pacifistes», nous demandons si cette exigence d’élections anticipées, ne participe pas à une recherche d’une paix pour notre paix ? Donc, le seul «dialogue» qui vaille avec ceux qui ne croient pas d’ailleurs à ce terme, devrait tourner autour de ce point. Il serait dommage qu’après avoir réfléchi pendant près d’un an, mobilisé tant d’agent et d’énergie, que l’on se contente «d’actions de maintien» vers 2012, ou de visites diplomatiques. A cet égard, les visites du fils du Roi auprès de MM. Amadou Moctar Mbow et Moustapha Niasse, ne visent qu’un seul objectif : dévoyer les conclusions des Assises nationales par la ruse en faisant croire que, lui et son père, sont animés de bonnes intentions pour le Sénégal.
Le régime de l’Alternance a parachevé l’ignominie, l’inacceptable, en matière de mal gouvernance d’une République démocratique digne de ce nom : Tripatouillage à l’infini de la Constitution à des fins politiciennes, lois scélérates telle que la loi Ezan, plusieurs sociétés phares parties en fumée ; conséquences, l’aggravation du chômage, et la misère et de la pauvreté. Que dire de ce protocole de Rëbëss, et de ces «remaniements-tous les jours», du gouvernement ? Aujourd’hui, notre pays n’est pas en passe, mais est en réalité, une plaque tournante du blanchiment d’argent sale et du trafic de drogue, au même titre que certains pays de la sous-région, cités dans ce domaine par la presse. La corruption a fini de gangrener les appareils législatif, administratif et judiciaire de notre pays au point de rendre rétifs les investisseurs nationaux comme internationaux. L’agriculture, la santé, l’éducation, les infrastructures routières sont des secteurs, soit à terre, soit en lambeaux.* Quels sont les témoins du traitement de la destination du millier de tonnes de drogue saisies par la douane sur la Petite-côte ? Pierre Aiim, a avoué (voir Walfadjri, Quotidien), que l’argent des fonds taiwanais n’est pas dans son compte mais dans celui de son fils.
Mais comment constituer un «Front républicain», sans appeler les «généraux de l’armée du peuple», à plus de sérieux dans leurs comportements, en mettant fin à leur querelle de clochers, tant au niveau de leur état-major qu’à la base de leurs structures ? Aujourd’hui, 2012, a tourné la tête à tous les «futurs» Présidents, qui, cherchent à se positionner par tous les moyens. Aucune occasion n’est ratée pour vendre sa camelote : apparition dans les cérémonies familiales, gamou, Lamb (séance de luttes), anniversaire de… Même les obsèques sont courues par nos charlatans et contrebandiers politiciens. Pour se rapprocher de l’opposition, nous avons vu, dans la période, un de leur représentant se démener comme un beau diable, après avoir avoué en 2007, face au peuple sénégalais, sa duplicité avec des voleurs, bien qu’ayant «les mains propres». Pour ne pas se faire oublier, lui, et son ex-Sg/a, cherchent à médiatiser leur querelle de «siboorukat» (courtisans), congédiés par le Roi.
Nous rappelons à ceux qui proclament partout que : «Askan wi moo nu nor» (notre préoccupation, c’est le peuple) que : «Le temps n’est plus à l’éloquence verbeuse liée, à un opportunisme viscéral, prêt à servir l’exploiteur de son peuple (…) Le temps est à la formation d’une conscience politique d’homme exploité», comme le soulignait notre ami Nougbonowé, dans son poème célèbre Intellectuel d’Afrique. Le peuple a assez écouté les tirades des communiqués issus des réunions des Bureaux politiques. Le peuple des villes et campagnes, des paysans, pêcheurs et pasteurs, le peuple des étudiants, élèves, des femmes ménagères et au foyer, de travailleurs des villes, veut avoir des dirigeants à leurs cotés et non le temps d’une campagne électorale de 21 jours.
Le peuple exige un code de conduite de l’éthique politique qui devrait contribuer à en finir avec ces politiciens véreux, qui ne dénoncent les dérives du régime que lorsqu’on leur enlève le pain de la bouche.
Ababacar Fall-Barros - Grila-Sénégal – Dakar
WALF FADJRI :
La crise alimentaire mondiale et la Goana : Quelle politique économique agricole pour le Sénégal ?
Au Sénégal, la Goana lancée par le président Abdoulaye Wade ne devrait pas être perçue comme un simple programme, mais comme une politique. Elle ne devrait pas être réduite en un programme de campagne agricole. Elle devrait s’inscrire plutôt dans le court, le moyen et le long terme et se définir comme une Nouvelle politique économique agricole (Npea) pour le Sénégal en réponse à la crise mondiale de l’alimentation et de l’agriculture qui est loin d’être terminée. La Goana, comme le Plan Reva (Retour Vers l’Agriculture) du reste, s’inscrit logiquement dans le cadre des priorités du Nepad. Celui-ci avait placé l’agriculture comme secteur prioritaire pour le redressement et le développement économique et social de l’Afrique.
Il faut souligner cependant que le Plan Reva que l’on peut placer également dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et le chômage ne constitue pas en soit une nouvelle politique économique agricole mais un programme sectoriel de lutte contre l’émigration des jeunes en essayant de les fixer dans leur terroir. Il a donc un but spécifique et une cible précise. La preuve en est que le Plan Reva n’a pas pu faire face à la crise alimentaire et céréalière qui a secoué le pays en 2008. Néanmoins, le Plan Reva, à moyen et long terme, fera partie intégralement des instruments de toute nouvelle politique économique agricole.
La question qu’il faut se poser est pourquoi la Goana a tardé à naître ? Elle constitue, en effet, la volonté politique la plus manifeste du président et de son gouvernement d’attaquer le mal à la racine. Cette volonté s’est illustrée par le fait de mettre à la disposition des agriculteurs des intrants et du matériel fortement subventionnés, un encadrement de proximité et des financements. Jamais, depuis l’accession du pays à l’indépendance, une politique ou un programme de développement national ou sectoriel, n’a reçu une adhésion aussi forte et spontanée des populations. Jamais les populations rurales ne se sont approprié une politique ou un programme agricole comme elles l’ont fait en 2008 avec la Goana.
L’enthousiasme des populations, notamment des agriculteurs qui s’étaient approprié la Goana, et les bons résultats de la campagne agricole 2007/08 obtenus grâce aux efforts du gouvernement et à une bonne pluviométrie ne constituent pas une fin en soi mais un début et un test grandeur nature de cette Nouvelle politique économique agricole qu’il faudra, comme nous l’avons dit, mieux élaborer, viabiliser et pérenniser par une approche globale et systémique. Une politique économique agricole viable et pérenne, doit relever plusieurs défis dont les deux principaux sont : le défi de la production et le défi de la commercialisation.
On ne peut pas parler de sécurité alimentaire et encore moins d’abondance sans une production abondante, pour couvrir les besoins des populations en nourriture et procurer des revenus aux agriculteurs. L’accroissement substantiel de la production agricole dépend de plusieurs facteurs liés les uns aux autres dont les principaux sont la terre, l’eau et les intrants. Examinant la terre comme premier facteur de production agricole nous distinguerons les cultures irriguées et les cultures sous pluies.
Nous avions souligné que la zone nord, constituée par le delta, et la Vallée du Fleuve Sénégal, est caractérisée par le faible rythme des aménagements. Le potentiel irrigable de la rive gauche du Fleuve au Sénégal est estimé à 245 mille hectares Cependant, si on tient compte des différents facteurs liés à la protection de l’environnement, aux établissements humains, aux autres activités socioéconomiques et aux infrastructures qui les sous-tendent, tout ce potentiel n’est pas exploitable pour les seules cultures.
En effet, les superficies en question incluent bien les forêts classées, les bois de village, les aires de pâturage, les lacs et bassins de rétention et autres écosystèmes protégés. Le Plan directeur de développement intégré de la rive gauche de la vallée du Fleuve Sénégal (Prdg), élaboré en 1991 et adopté par le gouvernement en 1994, avait mis l’accent sur l’aspect durabilité de tout programme de développement de cette zone. Il avait montré que sur les 245 mille hectares potentiels seuls environ 164 mille hectares sont exploitables pour l’agriculture sans porter préjudice à l’environnement et aux autres secteurs tels que l’élevage, la foresterie, l’habitat social, le tourisme etc., malgré tout, ce potentiel réel peut permettre au Sénégal d’être autosuffisant et être en sécurité sur le plan alimentaire, sans oublier les possibilités offertes dans les régions sud du pays.
Le total des terres aménagées et réhabilitées par la Saed est passé de 31 005 hectares en 1990 à 45 690 hectares en 2000 et 49 323 hectares en 2007 , soit des taux d’accroissement respectifs de 47 % et 8 %. C'est-à-dire un rythme moyen d’aménagement de 1 468 ha/an de 1990 à 2000 et seulement 519 ha/an de 2000 à 2007. La Sodagri n’a aménagé que 5 000 ha en 25 ans dont 1 500 ha en double culture de riz de 1982/83 à 2007/2008 soit une moyenne de 200 ha/an sur un potentiel total de 10 000 ha. Ceci montre la faiblesse des investissements publics dans l’agriculture et la nécessité de renforcer les capacités techniques financières et humaines de ces sociétés, la Saed et la Sodagri. Il en est de même pour le Commissariat Après-Barrages qui doit être doté de moyens suffisants pour le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des programmes de développement et jouer efficacement son rôle de veille et d’alerte des impacts négatifs sur l’environnement. Pour résorber en 2015 le gap de 600 mille tonnes de riz importé chaque année il faudra un rythme d’aménagement de plus de 5 000 ha/an. Si cet objectif d’autosuffisance est fixé pour 2012 il faudra alors aménager au moins 10 000 ha/an toutes zones confondues, en double culture, compte tenu des rendements actuels.
Dans son rapport sur le développement dans le monde, intitulé l’Agriculture au service du développement, de 2009, la Banque mondiale souligne qu’en Afrique subsaharienne seulement 4 % de la superficie en production est sous irrigation, contre 39 % en Asie du Sud et 29 % en Asie de l’Est. Au Sénégal ce ratio est estimé à 4 % en 2005 et les objectifs projetés sont de 10 % en 2010 et 20 % en 2015 (Dsrp-II).
Le retard accusé par l’agriculture sénégalaise, sa non performance, et son incapacité à assurer l’autosuffisance et la sécurité alimentaire du pays est surtout dû à la négligence des différents gouvernements, des années 60 à la crise alimentaire actuelle, de cette région éco-géographique du nord qui va de Saint-Louis à Bakel. Cette région naturelle du nord, avec l’île amorphile d’environ 200 km de long et 20 km de large, est une mésopotamie qui porte bien son nom. En effet, l’île amorphile est bien appelée en langue Pulhar ‘Hakkoundé maadje’, qui signifie en grecque mésopotamie (entre les fleuves), en référence au Tigre et à l’Euphrate ; mais ici il s’agit du fleuve Sénégal et du marigot de Doué. Comme tous les deltas et toutes les vallées à travers le monde et l’histoire, cette région du nord a été le berceau de royaumes prospères et de cultures rayonnantes, rythmés par le flux et (le) reflux des eaux du fleuve permettant des cultures abondantes. L’avènement des barrages de Manantali et de Diama et le retour progressif des pluies devrait permettre désormais de réguler le fleuve et de développer des programmes d’aménagements des terres pour une agriculture moderne. L’accroissement démographique, la nécessité absolue d’accroître la production céréalière, exigent un accroissement important des superficies cultivées, donc des aménagements hydro agricoles.
L’eau est le deuxième facteur de production que doit prendre en charge la Goana. Quand on parle d’aménagements hydro-agricoles modernes, il s’agit bien d’aménagements avec maîtrise complète de l’eau, c'est-à-dire des systèmes d’irrigation et de drainage permettant une régulation correcte de l’eau. Le premier principe pour la maîtrise de l’eau dans le contexte étudié, consiste à capter et stocker l’eau que l’on veut utiliser. Il s’agit des eaux de ruissellement, des eaux souterraines ou des eaux des fleuves et marigots qui s’écoulent vers les bas-fonds et la mer.
- l’eau restera certainement le facteur le plus déterminant dans toute agriculture. Si pour les cultures sous pluies, on n’a pratiquement aucune emprise sur la quantité d’eau nécessaire aux cultures, par contre pour les cultures irriguées une maîtrise complète de l’eau est possible avec les types d’aménagements appropriés. C’est donc dans cette voie, plus qu’ailleurs, que l’Etat doit s’engager, de façon résolue et volontariste, pour améliorer les rendements et augmenter les productions. Le défi de la production nationale en céréales, notamment en riz, ne sera donc relevé qu’avec l’accroissement important et accéléré des aménagements hydro-agricoles avec maîtrise complète de l’eau. Cela suppose qu’après les barrages de Diama, de Manantali et de l’Anambé, des investissements massifs soient réalisés en direction de micro-barrages sur les affluents et défluents des différents fleuves et des cours d’eau qui arrosent le pays ; la construction de canaux pour revitaliser les terres arides au bénéfice de l’agriculture dans le sens large du terme, et de l’environnement.
- Pour les zones de cultures sous pluies, les sols sont fatigués par la combinaison de plusieurs facteurs dont l’érosion hydrique, l’érosion éolienne, l’exportation par les plantes, les piétinements d’animaux (pâturages, transhumances) etc.
Pour redevenir aptes à donner de bons rendements, ces sols ont besoin d’être régénérés par des amendements organiques, des phosphatages de fond et des pratiques culturales plus adaptées pour leur bonne conservation. Ces zones sont plus aptes pour le système d’association agriculture - élevage avec l’utilisation de la traction animale à la place des gros engins mécaniques, l’utilisation du compost comme fumure organique, la stabulation des animaux et la culture de plantes fourragères comme principale source d’alimentation des animaux. *(A Suivre)
Amadou Dickel NIANE Agro-économiste e-mail : adnkomy@yahoo.fr 1)Base de données de la Saed - 2008
2)Base de données Sodagri 2008.
Fesman : ils n’ont toujours pas compris
Les créatures du président Wade commettent tous le même péché : ils croient avoir affaire à un vieux naïf qui radote et manque de suite dans les idées. Le Conseil ministériel sur le Fesman vient de leur infliger une cinglante humiliation. Si Gorgui ne donne pas toujours l’impression de savoir ce qu’il veut, il sait, assurément ce qu’il ne veut pas : un Fesman de têtes d’affiches. Il n’en a cure que Stevie Wonder soit présent si le peuple qui l’a élu en mars 2000 ne tressaille pas aux tremolos du musicien Outre Atlantique. A la place de Danny Glover, il aimerait que le peuple soit à la fête avec les Baye Peuhl, Sa Neex et autres amuseurs du terroir.
- Un match de foot à mon festival ? De qui se moque-t-on ?
‘Parsidan’ veut entendre le chant païen du pays profond. Il veut s’assurer que soient entendus Yandé Codou et les tambours royaux du Sine, les ritis et danseurs de calebasse du Fouta, les percussions de la verte Casamance. Que mes enfants et amis se rassurent… Mon allergie aux connivences ou compromissions demeure irréversible et ce n’est demain que je vais faire trempette dans la mare aux crocodiles.
La démarche claudicante du Fesman s’explique en trois points : 1) ‘Clanisation’ du projet par un groupuscule d’intrigants plus soucieux de poires pour la soif que des enjeux et de la philosophie d’un festival que leur indigence intellectuelle assimile à une kermesse
2) Manque de crédibilité et d’expertise urbi et orbi des pilotes qui croient donner le change avec un carnet d’adresses internationales et des recommandations.
3) Mise à l’écart systématique de personnalités libellées ‘ingérables’ ou hostiles au régime, de ceux ou celles dont la seule présence risque de mettre en évidence les limites et insuffisances des timoniers ; quand bien même la participation de ces personnalités serait utile au pays. C’est en mettant l’intérêt du Sénégal avant ses ressentiments personnels qu’un leader fait preuve de dépassement patriotique. Si M. Wade, lui-même, avale parfois des couleuvres qui le répugnent, ses créatures devraient pouvoir dévorer des iguanes, sans état d’âme.
Il ne faut pas être plus royaliste que le roi.
A la lumière de ces trois points, il n’y a aucune déloyauté vis-à-vis du président de la République à consulter, associer des écrivains dits de gauche, d’anciens ministres de culture. Chez ces Occidentaux que nous imitons si mal, certains personnages, quelle que soit leur sensibilité politique du moment, demeurent incontournables chaque fois que l’exige l’intérêt supérieur de la nation. On le voit avec Jacques Lang en France, Hillary Clinton aux US, pour ne citer que ceux-là.
Il devrait en être ainsi lorsqu’on songe à des hommes du sérail comme Moustapha Kâ, Makhily Gassama ayant laissé une marque indélébile dans les annales du département. Bien entendu les fats ne se plaisent que parmi les sots, contrairement aux gens intelligents qui recherchent toujours la compagnie de plus intelligents qu’eux. C’est chez les nains que survient la querelle de savoir lequel est le plus grand. Tant que les pileurs d’eau croiront moudre du grain, tout le monde sera éclaboussé, à commencer par Gorgui.
Amadou Guèye NGOM Critique d’art Florida
Babacar Sall, directeur de publication aux éditions l'Harmattan : «Le président Mamadou Dia est un homme de rectitude avec ses points forts et ses nœuds de fragilité»
Un colloque sur l'œuvre du président Mamadou Dia, disparu il y a quelques mois, va réunir des universitaires, ses proches pour ‘analyser ses points forts et ses nœuds de fragilité’. Le colloque se tient, ce samedi, à la célèbre école de Sciences politiques, communément appelé Sciences Po, où sortent des cadres de l'administration française. Tout un symbole. A la veille de cette rencontre scientifique, Babacar Sall, coordonnateur de la journée d'hommage, revient ici sur quelques aspects de la trajectoire du défunt. Non seulement en tant qu'universitaire enseignant à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, mais aussi en tant que fils putatif du président Dia.
Wal Fadjri : Vous allez organiser un colloque sur l'œuvre du Président Mamadou Dia, samedi, à Sciences Po de Paris. Pourquoi ?
Babacar SALL : D'abord parce qu'il fut un grand homme, qu'il a joué un rôle extrêmement important dans l’histoire politique du Sénégal d'avant, pendant et d’après l'indépendance. C'est parce qu’aussi, les réformes les plus significatives de l'Etat sénégalais ont été entreprises sous son égide, notamment dans le domaine rural. Voilà pourquoi il était normal, à partir de Paris, c'est-à-dire là où nous vivons, que nous puissions, en souvenir de sa mémoire, rassembler à la fois ses premiers compagnons, le cercle des intimes, la communauté sénégalaise, africaine et ses amis du monde pour célébrer son œuvre multidimensionnelle et en tirer aussi les enseignements pour construire une alternative de progrès, de justice et de développement.
Wal Fadjri : Sur quoi allez-vous insister ?
Babacar SALL : Nous allons particulièrement insister sur sa philosophie politique, sur la centralité qu'il donnait à la question de l'éthique dans la fonction politique, sur l'articulation qu'il faisait entre la foi et la politique, c'est-à-dire l'éthique religieuse et la gestion des affaires publiques, la moralisation des institutions, la question de la laïcité, la qualité des rapports entre le citoyen et l'administration. Voilà, en somme, quelques éléments clefs autour desquels tourneront les communications.
Wal Fadjri : Quand on jette un coup d'œil sur la liste des invités, on remarque la présence des proches du président Mamadou Dia. Est-ce que vous avez invité ses critiques ?
Babacar SALL : Je viens de sortir un film sur lui, qui s'intitule : ‘Les dernières confidences de Mamadou Dia’, où lui-même montrait l'aspect imparfait de l'homme dans l'exercice du pouvoir. Il cherchait en permanence la perfection au point qu’on pouvait se demander parfois si c’était le temps humain qui lui servait de référence ou le temps divin. Je pense qu’il était rempli par la puissance divine et vivait chaque instant comme un prompt départ pour l’éternité. Il avait conscience des limites de l’homme et cherchait à les pousser le plus près de la perfection et de Dieu par conséquent : c’était le sens de sa politique et de sa conduite humaine. Lui-même le reconnaissait. Les hommages mettront l'accent sur les aspects les plus significatifs de son œuvre. Maintenant, c'est aux intervenants de voir par quel angle ils devront l'aborder. C'était un homme de rectitude avec des points forts et certainement aussi avec des nœuds de fragilité ; mais la fragilité peut être une force. On est là pour parler de lui tel qu'il fut en respectant ses lignes de vérité, son inscription sur la terre de vérité qu’est la foi et à partir de laquelle il construisait tout son engagement public.
Wal Fadjri : Qui (viendront) pour analyser ces points forts et ces nœuds de fragilité du président Dia ?
Babacar SALL : Les gens viendront de partout des Etats-Unis, de toutes les diasporas sénégalaises. Des citoyens sénégalais ont décidé de venir par leurs propres moyens pour assister à l’événement. Nous sommes inondés d'appels, de courriers électroniques de gens qui nous demandent comment faire pour venir. Au Sénégal, il y aura Amadou Makhtar Mbow, ancien directeur général de l'Unesco et président des Assises nationales. Il y aura Oulimata Dia, son épouse, Moustapha Niasse, Roland Colin, l'homme d'affaires Alioune Sow, le philosophe Souleymane Bachir Diagne, le sociologue Mamadou Diouf, l’universitaire Pathé Diagne, entre autres. Sans oublier le corps diplomatique et bien d’autres personnalités françaises. Nous attendons cinq cents personnes. C'est à la fois des universitaires, des compagnons de la première heure, mais aussi le cercle des intimes. On aura vraiment des points des vues tout à fait différents, variés, riches qui nous permettront de regarder l'homme dans toutes ses dimensions.
Wal Fadjri : Vous avez connu le président Dia et l'on va plancher sur son œuvre ce samedi. S'il faut retenir quelque chose de lui, ce sera quoi ?
Babacar SALL : C'était un patriote, un homme extrêmement doux, d'une très grande tendresse, d'une très grande humanité, mais aussi d'une très grande exigence. Je crois qu'il a vécu pour son pays, pour l'Afrique, pour l'amour qu'il a de l'humanité en général. Mais il a aussi vécu comme un soldat du développement, comme un éclaireur, comme un père et comme une haute autorité morale du continent et du monde. Je retiendrai l'image d'un patriote et d'un grand humaniste. Je l'ai connu depuis 1959-1960. J'habitai près de chez lui. J'ai assisté aux événements de 1962, même si j'étais enfant. Ensuite, j'ai eu l'honneur d'avoir publié ses différents ouvrages, notamment ses mémoires, d'être avec lui, de l'accompagner à Paris à raison de deux mois l’an pendant près d’une dizaine d’années. Il habitait à l'hôtel, mais partout où il allait, on était ensemble. J'étais avec lui de façon quasi permanente. C'était un père et un très un grand ami.
Wal Fadjri : Vous avez dit que c'était un grand homme de foi. Est-ce que c'est la foi religieuse ?
Babacar SALL : C'était un grand soufi. Il considérait même la politique comme une forme de Jihad, une forme de sacerdoce, c'est-à-dire le don absolu de soi à la cause publique. Il avait vraiment une grande vocation des autres. La foi, pour lui, était indissociable de la politique. On ne peut pas faire de la politique si on n'a pas cette qualité de conviction majeure qu’on ne retrouve que dans l’éthique religieuse.
Wal Fadjri : Peut-on le qualifier d'intégriste ?
Babacar SALL : Ah non ! Pas du tout ! C'était un homme extrêmement tolérant. C'est lui l'instituteur de la laïcité au Sénégal. C'est lui qui défendait la communauté catholique du Sénégal dans son droit à être différente. Il a toujours considéré que le Sénégal était un pays multiconfessionnel et qu'il fallait défendre les confessions, surtout les plus fragiles. Car c’est cet ensemble hétéroclite qui constitue le socle de la Nation sénégalaise. Mgr Thiandoum était son grand ami.
Wal Fadjri : Certains Sénégalais retiennent de lui le mariage forcé qu'il a eu à organiser entre des femmes et des hommes...
Babacar SALL : J'ai vécu cette période-là, mais j'étais jeune. Mais il faut le resituer dans le contexte historique d’alors. Jusqu'à la fin des années 1950, c’était très rare de rencontrer une fille-mère. La fille-mère était considérée comme la honte de la famille, du quartier et même de la ville. C’était une société très morale. Et l’action politique du président Dia s’inscrivait dans ce contexte historique d’une société de valeurs et d’interdits. Donc on ne peut pas juger un homme sans contextualiser son action.
Wal Fadjri : Vous étiez proche du président Mamadou Dia. Avez-vous parlé de cette affaire. Qu'est-ce qu'il pensait de cela avec le recul ?
Babacar SALL : Ce n'était pas ça le plus important. On dit souvent que le diable est dans le détail ; mais j'ajoute que le Bon Dieu est aussi dans le détail. Ce qu'il faut voir, c'est l’impact durable de son action sur le devenir de notre société.
Wal Fadjri : Qu'est-ce que Mamadou Dia retenait des évènements de 1962 ?
Babacar SALL : Aucune amertume ! Il trouvait qu'il avait fait son devoir et avait raison d’avoir agi de la sorte. Mais il est parti en homme apaisé. Vous allez le voir à travers le film. Après avoir fait douze ans de prison dans des conditions inhumaines, il en était sorti sans rancœur. Il n'avait aucune rancune, ni contre Senghor ni contre qui que ce soit. Il pensait qu'il avait fait son devoir et que ce devoir avait un coût. Quand le président Senghor avait dit qu'il allait le libérer à condition qu'il renonçât à la politique, il avait répondu que l'‘on peut renoncer à son droit, mais on ne peut pas renoncer à son devoir’. C'était un homme de devoir et c'est l'image, enfin, que je retiens de lui.
Wal Fadjri : Vous avez parlé de ses points forts avant de dire que puisque l'homme est imparfait, il y aurait des points de fragilité chez le président Dia. Quels sont ces points de fragilité ?
Babacar SALL : C'est un paradoxe de le dire, mais son point de fragilité tel que je l'ai connu, c'était qu’il croyait beaucoup aux gens. Il croyait en l'amitié. Quand il se donnait, il le faisait à cent pour cent, intégralement. Or, le jeu humain est complexe : les gens calculent, rusent et jouent avec la vérité. Le président Mamadou Dia ne pouvait pas comprendre de telles attitudes. C’était ni dans sa culture personnelle, ni dans son schéma mental. Entre Senghor et lui, il y avait ce type de problème. C'est la croyance en l'amitié qui l'a perdu. C'était sa force, mais aussi sa faiblesse en politique. Mais dans une société où les gens cherchent des opportunités, il est bien entendu que l'homme de conviction et de rectitude est souvent en danger. Et puisqu'il inscrivait son action dans des invariants historiques, naturellement il avait plus de difficultés dans ce sens. Si l'on devait lui trouver une faiblesse ce serait celle-là.
Wal Fadjri : Parlons du film qui va être projeté samedi lors du colloque. Quel est son essence ?
Babacar SALL : Le film que j'ai fait sur le président Mamadou Dia a été tourné le 13 septembre dernier. Il revient sur sa vie. Il se livre en tant qu'être humain et parle de lui, de ses moments de fortes convictions, mais aussi de fragilité. Il fait aussi des confidences sur le Sénégal d'aujourd'hui et de demain. C'est son rêve d'avenir qu'il décrit en somme à travers ce film. Ce sont des images bouleversantes. Je n'ai jamais vu un homme aussi doux que le président Mamadou Dia. Tout ce qui est dit dans la périphérie de cet homme est totalement en dehors de la vérité. Ce n'était pas un homme dur, mais tendre… Il y a même des moments où il chante. C'était un homme très joyeux, mais aussi très exigeant par rapport au respect des engagements. Au Sénégal, quand on est exigeant, on trouve qu'on est dur. Non ! Quand un homme s'engage, il doit respecter sa parole donnée. Le président Mamadou Dia ne pouvait pas supporter qu'un homme, surtout politique, ne respecte pas sa parole. La parole a de la valeur et elle est engageante. Il était impitoyable avec les gens qui jouaient avec la vérité. C'était un être de vérité et ce n'est pas étonnant que les gens qui jouent avec la vérité fussent en difficulté avec lui.
Wal Fadjri : Dans quelles conditions avez-vous réalisé le film ?
Babacar SALL : Le président Dia est un intime. Pour moi, ce n'était pas le président que j’avais en face. D'ailleurs, il m'a toujours dit, devant son épouse, Mme Oulimata Dia, de ne jamais l'appeler Président. Il me disait : ‘Toi, tu peux m'appeler tonton’. Donc je l'appelais toujours tonton. Entre nous, on pouvait tout se dire. On riait, on débattait ; parfois on n'était pas d'accord. C'était un grand ami. Il n'y avait plus de différence d'âge entre nous. Avec moi, il était sans âge. On discutait de tout.
Wal Fadjri : Aviez-vous eu des difficultés pour obtenir son accord pour réaliser le film ?
Babacar SALL : Vous savez qu'il n’accordait plus d'interview. Combien de journalistes avaient voulu l'interviewer, le filmer, et à qui il disait toujours non ? Mais il m'avait dit : ‘Toi, Babacar (Sall), je ne peux rien te refuser’. Alors que cela faisait près de dix ans qu’on se voyait à Paris, sans que l’idée ne me vînt de prendre mon caméscope. Il se trouve que ce jour-là, par hasard, j'avais dit à Mme Dia (épouse du président Mamadou Dia, Ndlr) que j'allais venir pour prendre des images. Ensuite, on s'est installés dans une forme de dialogue et j’avais le caméscope à la main en même temps. Ce n’était pas confortable. On a échangé et à la fin, j'ai gardé le film que je n'ai plus regardé jusqu'à sa disparition. Deux jours après, j'ai visionné les images et je me suis rendu compte que les propos avaient une grande valeur symbolique. C'est à la suite de cela que j'ai décidé de le partager avec le grand nombre. Le film dure 22 minutes.
Wal Fadjri : Avez-vous discuté, débattu sur tous les sujets ?
Babacar SALL : Nous avons discuté sur tous les sujets et ce n'était pas préparé. Ce sont des images fortuites. C'est le président Mamadou Dia à l'état pur dans sa nature intime, tel qu'il est en privé, tel que les Sénégalais ne l'ont jamais vu. Ce film va surprendre beaucoup de gens. Il interpelle tout le monde. C'était un homme apaisé. C'était ses dernières confidences. C'est une parole de réconciliation, une parole de pardon, d'espérance, mais une parole qui appelle à l'effort, à la solidarité, à l'éthique et à la foi. Ce film est disponible dans sa version Dvd, mais aussi sous un format plus professionnel. Il n’est pas destiné à la commercialisation. Je le confierai volontiers à la fondation qui portera son nom et qui devra gérer à son compte les droits. Il devrait en être de même pour les autres œuvres faites sur lui.
Wal Fadjri : Comment l'avez-vous connu ?
Babacar SALL : J'habitais près de chez lui, à la Médina, non loin de ce qu'on appelait ‘Keur Mamadou Dia’ qui est devenue la résidence de la Médina, puis la Maison ‘Douta Seck’. Je l'avais vu, la dernière fois, à l'occasion des évènements de 1962, mais il ne me connaissait pas naturellement. J'étais parmi ces centaines d'enfants curieux. Je l'ai retrouvé plus tard ici à Paris, trois mois après l'alternance. Depuis lors, on s'appelait souvent. Et je peux même dire qu’il m’appelait plus je ne l’appelais. Surtout lorsque je traversai des moments difficiles avec l’édition des ouvrages sur le Sénégal. Tous les deux ou trois jours, il m'appelait après la prière du soir pour me dire : ‘Ne t'inquiète pas, je prie pour toi’. Et quand j'ai perdu ma mère et que je ne pouvais pas aller au Sénégal pour des raisons liées à mon engagement, ces prières quotidiennes m'avaient beaucoup aidé moralement. Il a été pour moi un père et surtout un grand ami comme je vous l’ai déjà dit.
Wal Fadjri : Comment expliquez-vous que l'Etat n'ait pas été représenté aux obsèques de Mamadou Dia ?
Babacar SALL : Il y a une rumeur qui véhicule l’idée que le président Mamadou Dia ne voulait pas de funérailles nationales. A ma connaissance et celle de ses proches, il ne s’exprimait jamais sur les initiatives qui visaient à le célébrer. Il n’a jamais rien dit à ce propos. J’étais dans son intimité close et je vous certifie que cette rumeur n’a aucun lien avec la vérité. Un homme d’Etat de la stature du président Mamadou Dia, l’artisan de notre indépendance nationale, devait être honoré par l’Etat lors de sa disparition : beaucoup de Sénégalais furent choqués par le fait qu’il n’y eût pas à l’occasion de funérailles nationales et que le drapeau national ne fût pas mis en berne. Le sens et la continuité de l’Etat doivent être conservés en toutes circonstances.
Propos recueillis à Paris par Moustapha BARRY
Insolite - Vol Dakar-Lisbonne : Il s'était caché sous les roues de l'avion
Aujourd’hui, le constat de nombre de compatriotes est que l'envie de voyager a fini de séduire les jeunes de la région de Dakar. Et on se soucie peu des moyens parfois à haut risque de déplacement. Le cas du sieur Ass Kanté, âgé de 24 ans et employé dans une entreprise de la place, laisse bien perplexe. Ce jeune a fait le voyage de Dakar à Lisbonne en se cachant sous les roues de l'avion qui assurait la liaison.
Lors de son interrogatoire devant le parquet, il n'a trouvé mieux pour justifier sa pratique que de dire qu'il est ‘soutien de famille’ et qu’il voulait subvenir aux besoins de sa famille. Son témoignage a intrigué plus d’un. Heureusement que le sieur Ass Kanté va bénéficier de la clémence du juge qui l'a relaxé purement et simplement. Il l’a condamné à une peine d’un mois, assorti de sursis. Pourvu qu'il ne s'évertuera plus à de tels actes suicidaires.
M. B. FALL
Univers des coxeurs : Entre racket, vandalisme et violences
En principe, ils sont pour les chauffeurs et apprentis des partenaires. Mais, en réalité, ils ne leur facilitent pas du tout la tâche. Les Coxeurs, ces ‘régulateurs de garages’ pour les cars rapides et autres véhicules Ndiaga Ndiaye passent le plus clair de leur temps à rançonner et à proférer des menaces à l’encontre des transporteurs qui refusent de se soumettre à leur diktat. Ils renvoient ainsi l’image de véritables gangsters
Dans l’univers du transport en commun à Dakar, il y a les passagers, les chauffeurs et apprentis. Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi les Coxeurs qui, eux, n’ont pas une bonne réputation dans l’exercice de leur métier de régulation du transport. Il est 18 heures passées de quelques minutes à l’arrêt de cars à Castor. Ici, tout le monde s’affaire au remplissage des véhicules en partance pour le centre ville. Le tout dans un cadre bruyant de vrombissement de moteurs et de coups de klaxon. Difficile de distinguer le Coxeur de l’apprenti car. Mais, c’est surtout l’erreur qu’il ne faudrait pas commettre. ‘Nous ne sommes pas pareils. Eux, ce sont des Coxeurs et nous des apprentis cars’, précise Cheikh Mbaye Mbacké. Cet apprenti, suspendu au-dessus du marche-pied de son véhicule, jette un regard critique sur les Coxeurs. ‘On croirait à première vue que ce sont seulement les policiers de la circulation qui font passer à la caisse les transporteurs. Mais force est de constater qu’en dehors des policiers, gendarmes …, les Coxeurs des gares routières eux aussi, à la limite, rançonnent les transporteurs’. Selon lui, ‘les Coxeurs et les chauffeurs ont toujours travaillé ensemble et ils se considèrent à juste titre comme des partenaires. On pourrait même avancer sans risque de se tromper qu’on est dans le même bateau. Puisque le problème des chauffeurs et des apprentis concerne les Coxeurs’. Malgré cette alliance, on remarque que les Coxeurs n’hésitent pas à utiliser n’importe quel moyen pour soutirer de l’argent aux transporteurs. Acte de vandalisme ou volonté de nuire ? Jules Diallo, un chauffeur trouvé l’arrêt du grand portail de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar répond : ‘Face aux transporteurs, les Coxeurs sont sans état d’âme. Pour tout voyage, les chauffeurs ou les apprentis de Ndiaga Ndiaye, de clandos doivent verser une certaine somme.
Le montant peut varier de 150 à 250 Fcfa, voire plus’. Mais, regrette Jules Diallo, ‘aujourd’hui, on ne nous fait plus confiance, tellement les cas de vols sont récurrents dans les cars ; alors que cela a toujours été l’œuvre de Coxeurs qui viennent se mêler aux clients sous prétexte qu’ils les aident à monter à bord’, accuse le quadragénaire dépité par de tels comportements.
Une incursion dans le milieu du transport révèle que, si par malheur, le chauffeur ou l’apprenti rechigne à verser la ‘somme due’, le Coxeur qui causait bien avec lui l’instant d’avant, devient méconnaissable. Il rentre dans une colère noire et commence à proférer des menaces. ‘Si tu ne payes pas, tu ne bouges pas’, entend-t-on souvent de la part des Coxeurs. Quelles que soient les explications du chauffeur ou de l’apprenti, il se heurtera à un ‘mur’.
Et si le transporteur campe sur sa position, soit on fait descendre les passagers, soit on arrache l’un de ses rétroviseurs, ou on dégonfle ses pneus. Telles sont, entre autres tracasseries, celles que les Coxeurs font subir aux chauffeurs. Non seulement les transporteurs sont contraints de contenter les Coxeurs à chaque voyage, mais le comble, est que les agents de la circulation réclament eux aussi leur part ‘du gâteau’, fulmine Lamine Ndiaye, chauffeur de Ndiaga Ndiaye qui arpente l’axe Pikine - Dakar.
Ainsi, les Coxeurs loin de constituer pour les transporteurs des partenaires sont plutôt perçus comme des bourreaux. C’est pourquoi, les transporteurs sont unanimes dans leurs convictions : ‘Coxeurs et mafieux, c’est blanc bonnet - bonnet blanc’. ‘Au vu des agissements et à l’analyse de tout ce qui se passe dans le milieu du transport, on se rend compte que les Coxeurs agissent comme des mafieux, c’est-à-dire comme une bande ou une association secrète de malfaiteurs’, dénonce un célèbre transporteur connu dans le mouvement syndical des transporteurs du Sénégal.
Abdoulaye SIDY
Nettoiement des arrêts de véhicules, régulation du secteur, etc. : Ce que les Coxeurs offrent comme services
Elève en deuxième année à l’Ecole nationale d’administration (Ena) Moutarou Diallo, qui soutient être ‘allergique aux cars rapides et Ndiaga Ndiaye’, note que les Coxeurs sont aussi comparables à ‘un groupe occulte de personnes qui sont solidaires dans leurs intérêts par toutes sortes de moyens’. ‘Ils font croire qu’ils défendent les intérêts des transporteurs. Mais, en réalité, il n’en est rien. Ils se sucrent plutôt sur leur dos’, confie Diallo. Selon lui, c’est la somme de tous ces agissements qui fait dire à plusieurs personnes que ‘les Coxeurs sont comparables à des sociétés secrètes, à la mafia’. De leur côté, les Coxeurs ne manquent pas d’arguments pour se défendre. ‘C’est grâce à nous que les arrêts sont propres. Nous les nettoyons tôt le matin avant de (re)prendre service, et tard dans la nuit avant de descendre.
C’est grâce à nous également que l’ordre des départs des véhicules au niveau des arrêts et gares est respecté. C’est un métier comme les autres pour lequel nous avons opté. Si nous n’existions pas, il n’y aurait que de l’anarchie aux arrêts et gares routiers’, se défend Baye Fall, croisé au garage ‘Guédiawaye’ à Grand Dakar. Dans sa réponse, ce Coxeur d’une trentaine d’années nie les accusations, ‘même si on nous a toujours taxés de voleurs et de bandits’. Il sera interrompu net dans son argumentaire par un de ses compères, Mor Samb. Ce dernier semble être dérangé par la présence de votre serviteur. ‘C’est avec le métier de Coxeurs que nous entretenons nos femmes et nos enfants, qu’on nous f… O.K’, ameute-t-il.
A. SIDY
Selon les révélations de la police : La drogue est dans le circuit
Plusieurs sources policières confirment l’arrestation récurrente de Coxeurs et autres apprentis de cars rapides. Et la plupart d’entre eux sont poursuivis pour ‘le délit de détention et trafic de chanvre indien, d’association de malfaiteurs, de vol en réunion avec usage d’armes blanches’, souligne-t-on.
Les mêmes sources de révéler : ‘ils ont tellement compris que la police est à leur trousse qu’ils ne se cachent plus pour exercer leur sale besogne. On les retrouve aux arrêts cars, bien assis, en train d’enrôler la feuille de tabac dans du papier-filtre qu’ils revendent à 10 francs le cornet. A chaque fois, que vous voyez cela, sachez que c’est du bluff, car dans cette opération, ils en profitent pour écouler leur marchandise’.
Les éléments des Brigades de recherche avouent eux-mêmes s’étonner de certains cas de récidive. ‘Le problème qui se pose avec les soi-disant apprentis et Coxeurs est qu’ils vous reviennent le plus souvent trois ou six mois après leur dernière arrestation… Cela est grave dans la mesure où ce sont des cas de flagrant délit’, regrettent les sources policières.
ENTRE NOUS : Un bien mal acquis ne profite jamais !
Au moment où les chauffeurs font des pieds et des mains à bord de leurs véhicules pour chercher leur pain quotidien, les Coxeurs attendent le chargement d’un car Ndiaga Ndiaye ou d’un véhicule clando pour tendre la main et demander de l’argent. Et parlent de noblesse d’un travail qui consiste à faciliter l’orientation des passagers dans les véhicules. Autre raison invoquée pour convaincre plus d’un de leur utilité dans le circuit routier : les Coxeurs auraient dû verser dans le banditisme. Vrai ou faux ?
Mis à part la théorie, du point de vue pratique, le métier de Coxeur, tel qu’exercé au niveau de nos différents arrêts de cars, relève de la pure escroquerie, parce que pour nombre d’observateurs, ces acteurs ne fournissent aucun effort pour gagner cet argent. Selon eux, les Coxeurs optent pour la facilité. Ils préfèrent vivre sur le dos des transporteurs ; qu’ils n’hésitent pas à violenter pour obtenir ce qu’ils veulent.
Or, du point de vue théologique, il est recommandé, selon les saintes écritures, à l’homme de gagner son pain à la sueur de son front. Et de ces enseignements, on retient également qu’un bien mal acquis ne profite jamais ! Dans le cas d’espèce, on remarque que les Coxeurs gagnent beaucoup d’argent. Mais, cet argent est dépensé aussi rapidement qu’il a été obtenu, le plus souvent dans les bars et autres bistrots.
Aujourd’hui encore, les Coxeurs récusent toujours cette vérité piquante. Quoi qu’il en soit, on ne saurait faire son bonheur sur les lamentations, les mécontentements et autres malheurs de tierces personnes. Ce bonheur risque de s’effondrer comme un château de cartes.
A. SIDY