karim ok
GUERRE DE SUCCESSION
Le seuil du soutenable
dimanche 19 août 2007, par El hadj Kasse
Depuis février 2007, soit sept mois, le Président réélu donne l’impression qu’il peine à savoir ce qu’il faut faire de sa victoire. Pendant ce temps, le malaise social et la sinistrose dans le secteur de l’industrie et le monde rural s’accentue. L’enjeu pour Sénégal et les Sénégalais est noyé par une guerre de succesion qui n’a d’ailleurs rien d’héroïque.
Le Sénégal bruit de ses antiques démons. A nouveau, la clameur porte des noms. Des noms qui circulent avec en bandoulière la double arme de la violence et de l’argent, des noms qui s’entredéchirent, se font peur et se détruisent. Au point que la logique actuelle de ceux-là qui animent le pouvoir oblitère les mots : crise énergétique, malaise dans le monde rural, sinistrose en matière d’emploi, flambée exceptionnelle des prix des denrées de première nécessités, crispation du secteur industriel.
Oui, aux grands enjeux dont le centre est la quête de grandeur du Sénégal et d’émancipation de son magnifique et endurant peuple, se substitue une vilaine guerre de succession qui n’a même plus rien d’héroïque. Depuis sept mois, le Président a été réélu. Une assemblée nationale quasi-monocolore a été installée. Mais on attend encore ne serait-ce qu’un petit geste indicatif d’une direction.
Le Sénégal est devenu une vaste scène où un théâtre d’ombres impose des acteurs ombrageux qui gèrent un mélodrame qui n’enchante plus même les plus spectateurs sans souci. Et bien évidemment, la politique s’absente tandis que les noms (des prétendants à la succession et du metteur en scène) se déploient frénétiquement dans la seule logique de l’accaparement et du petit intérêt individuel.
Les gouvernants, savent-ils seulement lire les signes de l’impatience populaire et les bégaiements significatifs de l’histoire ? Je suis tenté de répondre par la négative tant ce qui se passe actuellement surpasse la surdité au moment même où des bruits de fond laissent entrevoir que la patience et l’endurance des Sénégalais sont à la lisière du soutenable. Le Président et son parti semblent n’entendre que leur propre voix et restent dans une voie qui n’est nullement celle de la patrie.
Où et quand a-t-on accueilli une initiative ou une mesure hardie pour faire face à l’inflation, pour redonner un coup de fouet à l’industrie, pour impulser une nouvelle dynamique dans le secteur de l’énergie, pour rendre visible et lisible un nouveau cap après sept ans de gestion et sept mois de réélection, pour inspirer espoir à la jeunesse désemparée ?
L’opinion générale est au défaitisme, et on le sent un peu partout. Les gens ont tendance à dire que « de toutes les manières on ne peut rien attendre des Sénégalais quant à l’action et le président et son parti feront ce qu’ils veulent ». Erreur : la conjoncture actuelle est comme un triangle et on sait que la base de tout triangle n’a jamais été que l’énergie dont la tendance est à une forte poussée qui outrepasse le sommet. Les Sénégalais sont comme tous les peuples du monde : ils connaissent ce qu’on appelle le seuil indépassable. Ce sont en général ceux qui sont aux commandes qui ne savent pas lire les signes lorsque ce seuil est en passe d’être atteint. Car tout théâtre n’a de sens que s’il promet un dénouement quelconque : s’il promet une fin. Hélas, le mélodrame libéral ne promet rien !
Pierre Goudiaby Atépa
« Karim Wade a toutes les qualités pour être chef d’un Etat comme le Sénégal »
mardi 28 août 2007, par Nettali /
NETTALI - Karim Wade président ? En tout cas, ce n’est pas ce qui déplairait à Pierre Goudiaby Atépa. Dans une interview accordée à Weekend magazine, l’architecte, homme d’affaires apporte son grain de sel dans ce débat agité de plus en plus au Sénégal. Pierre Goudiaby Atépa qui pense que Karim Wade a toutes les qualités pour être chef d’un Etat comme le Sénégal, soutient cependant que celui-ci doit d’abord faire ses preuves avant de briguer le suffrage des Sénégalais.
« Karim Wade est un garçon extrêmement intelligent. Il a beaucoup de compétence et je lui ai dit que je ne vois pas pourquoi, s’il fait ses preuves, tout comme les autres Sénégalais, il ne pourrait pas briguer le suffrage des Sénégalais après-demain. Mais qu’il fasse ses preuves d’abord. Parce que ma génération à moi, est celle de l’excellence », déclare Pierre Goudiaby Atépa, ex-architecte - conseiller spécial du président de la République , Me Abdoulaye Wade. Pierre Goudiaby Atépa prétend ne pas réfléchir pour Karim Wade. Seulement, s’il lui demande des conseils, parmi les conseils qu’il lui donnera, c’est de faire d’abord ses preuves. « Je crois qu’il a toutes les qualités pour être chef d’un Etat comme le Sénégal. Par contre, ce que je ne souhaiterais pas qu’on lui colle à la peau, c’est qu’il profite d’une situation pour le faire », ajoute Pierre Goudiaby Atépa. En attendant, Pierre Goudiaby Atépa ne veut pas entendre parler de l’après-Wade. Pour lui, que l’on colle la paix au président de la République « pendant trois ans pour qu’il finisse les projets qu’il a commencés. Que toutes les compétences viennent autour de lui pendant trois ans ». L’architecte est convaincu que le président de la République est victime de son entourage. S’il reconnaît qu’autour du président de la République , il y a des gens compétents qui font du bon boulot, par contre, il y en a d’autres qui ne font rien. « J’ai pitié de lui (Me Wade), car il ne dort pas. Il travaille nuit et jour, parce que beaucoup de ses collaborateurs ne font pas leur boulot », déclare Pierre Goudiaby Atépa qui est revenu dans l’interview sur les raisons qui l’ont poussé à démissionner de ses fonctions d’architecte – conseiller spécial du chef de l’Etat. Pierre Goudiaby Atépa s’est prononcé sur les travaux de l’Anoci et sur les manquements décelés par le syndicat des architectes. Pierre Goudiaby Atépa, sur le plan de l’architecture émet sur la même longueur d’onde que ses collègues. « Effectivement, il y a des dangers et je pense que ce n’est pas la peine que je revienne là-dessus. L’Ordre des architectes est revenu là-dessus. Ousseynou Faye et ses collègues en ont parlé, etc. Le fameux béton qui est au milieu de la chaussée est disgracieux et j’ai relevé ces choses avant qu’ils ne le fassent ». Pierre Goudiaby Atépa pense que l’Anoci qui a elle-même reconnu qu’il y a des problèmes, va essayer de les corriger.