TRES ROUGE PROMENADE ELECTORALE
L'OBSERVATEUR :
Bouquet de plaintes pour Karim «Les asiles d’aliénés sont remplis de personnes qui se prenaient pour Jésus !»
Article Par Alassane K. Kitane, professeur au Lycée Ahmadou Ndack S,
Paru le Jeudi 19 Mar 2009
Si les asiles de fous sont pleins de personnes qui croyaient être investies de sainteté, c’est parce que le bon sens ne garantit pas toujours le discernement entre le Messie et l’imposteur ; et ce, même chez la personne qui revendique un tel privilège. La faiblesse et la décrépitude du genre humain sont, en effet, telles que nous ne pouvons qu’imparfaitement avoir une idée juste de nous-mêmes ; d’où la nécessité de croiser l’opinion et l’action des autres. Le grand problème de ce mouvement qu’on appelle la «Génération du concret» est justement d’être resté longtemps cloisonné et prisonnier dans une sorte d’îlot fait d’assurances dogmatiques sur la valeur intrinsèque de ses propres initiateurs. Karim et son mouvement ont tellement séjourné dans l’abstrait et l’informel (politiquement parlant) qu’ils sont tombés dans l’illusion d’être invertis de capacités et de vertus inhabituelles, voire simplement inexistantes au Sénégal. Le privilège d’être fils du Président peut s’avérer être un lourd handicap dans la formation et la maturation de la personnalité politique d’un homme à cause des multiples facilités qui pavent sa trajectoire en tant qu’humain et son cursus en tant que politique. Que l’on ne s’y trompe guère ! L’une des raisons du génie politique de Wade est, en effet, à chercher dans les différents écueils qui ont jalonné sa vie de jeune étudiant (pas du tout nanti) et son long et périlleux parcours politique dans un univers où tout travaillait précisément à sa perte. On ne peut pas forger sa personnalité entre des avions, des bureaux et des demeures climatisés et «sentir» le désarroi actuel qui habite un jeune étudiant ressortissant de Fongolémi. On ne peut pas connaître Paris, Londres et Genève mieux que Dakar et Kaolack et prétendre qu’on est suffisamment imprégné des réalités du pays. On ne peut pas connaître la Bretagne et la Normandie mieux que le Blouf et le Cassa et prétendre que l’on comprend ou partage les complaintes du jeune de Kabrousse. Ceux qui, de façon malencontreusement prétentieuse, s’aventurent dans une comparaison entre Karim et Obama ne se trompent pas seulement : ils sont des mystificateurs de génie médiocre. La génération de nouveaux leaders nous apprend que le leadership, aujourd’hui, est précisément perceptible d’abord à travers la faculté à se faire un destin en partant de rien ou du minimum, la force de se forger une personnalité dans l’adversité des choses et des hommes. Obama est parti de rien, Sarkozy a rencontré toutes sortes d’embûches, mais qu’on l’aime ou pas, on est obligé de reconnaître son opiniâtreté, son courage et sa patience. Tous les deux ont prouvé qu’ils savaient braver la nature récalcitrante du monde réel des hommes, ils ont bâti leur «monde» en façonnant, à la manière des artisans, le monde dur et sans pitié par lequel la chose politique est faite.
L’épreuve forge la grandeur
C’est dans le dénuement que la plupart des grands hommes ont forgé leur destin : on ne naît pas héros, on le devient par une résistance significative face à l’épreuve. Or, le constat est que la trajectoire que la Génération du concret et son leader sont en train de prendre est à l’opposé de celle des Présidents Sarkozy et Obama : ceux-ci ont conquis le cœur des hommes avant et sans les moyens, tandis que ceux-là veulent le faire avec les moyens. Si on fait le monde avec les moyens, le jour où ces derniers feront défaut, ce sera l’apocalypse, mais quand on bâtit son monde avec les idées et les valeurs, on a toujours de la substance disponible. Les temps sont révolus, où le charisme et l’héroïsme pouvaient se léguer de père en fils par on ne sait quelle magie ; nous sommes à l’ère de la citoyenneté universelle qui libère les potentialités, abolit ou réduit l’inégalité des chances et dispose les hommes à la saine émulation. C’est vrai que, comme disait Kant : «Le royaume des ombres est le Paradis des esprits à chimères», mais le désappointement de certains de nos compatriotes ne devrait pas servir à bâtir les funestes mythes d’un homme providence ou homme de la situation. Les concepts creux de «ville du futur», de «génération finance», etc. n’ont rien à voir avec le désir irrévocable des Sénégalais à connaître ce qu’on appelle un développement humain qui passe moins par des mesures ponctuelles que par des visions politiques planifiées dans le temps et dans l’espace. Face à cette mégalomanie qui se manifeste par un faux gigantisme, les Sénégalais se demandent : «La tête réclamera-t-elle des fleurs, lorsque le ventre réclame du riz ?» Il faut que les défenseurs de Karim cessent de penser que ceux qui sont contre les ambitions politiques de ce dernier sont simplement mus par la jalousie et son corollaire : la méchanceté. Tant qu’ils répondront aux critiques par les arguments primaires de la haine et de l’invective, ils prouveront à leurs concitoyens leur manque de maturité. Ce que les Sénégalais reprochent à leur leader est que tous ceux qui ont, ces derniers temps, rompu les amarres avec Wade se sont sentis sacrifiés pour une sorte de culte politique de Karim. Que ce dernier écrase ses adversaires par ses moyens propres ne gène pas les Sénégalais, c’est même politiquement louable ! Mais que de pauvres citoyens, malgré leur compétence et les services rendus à leur pays, soient congédiés vers les profondeurs de l’abîme parce que simplement on les accuse de constituer une entrave à l’ambition politique de Karim, voilà ce qui est moralement insupportable et politiquement peu rassurant. Il est temps que les théoriciens de la Génération du concret sachent que les leaders, distants des citoyens, sont révolus et la première forme de proximité au peuple est l’adoption de sa culture. Or, ce que les Sénégalais reprochent au leader de la Génération du concret est de s’adresser à eux exclusivement et toujours en français. Psychologiquement, cela crée une rupture de communication au sens profondément humain du terme. Ce n’est pas acceptable qu’au moment où les Africains se battent pour remplacer les langues étrangères par les langues locales, on s’emploie au Sénégal à faire la promotion d’un leader que personne n’a jamais entendu parler à ses compatriotes dans une langue nationale. «Pour persuader, souvent la parole a plus de poids que l'or», disait Démocrite. C’est là un sujet de réflexion pour les partisans de Karim. La parole est souvent plus concrète que l’argent et il suffit d’imaginer l’impact d’une adresse solennelle à la Nation d’un chef de l’État en temps de crise pour comprendre l’enjeu de cette sagesse de Démocrite. Ce que les Sénégalais reprochent à Karim, c’est qu’il est bien obligé, pour s’introduire dans les familles maraboutiques, de passer par son père, là où les autres hommes politiques prouvent leur talent, d’abord, dans leur aptitude à conquérir le respect et, ensuite, la considération des chefs religieux. Abdoulaye Diop, Gadio, etc. sont des ministres réputés sérieux et pourtant personne n’a jamais vu Wade aller faire leur promotion chez les chefs religieux ; s’il le fait pour Karim, ce n’est vraiment pas gratuit et c’est suffisamment éloquent. Le grand souci politique des Sénégalais, aujourd’hui, est qu’ils ne savent pas par où donner de la tête, et comme dit le proverbe : «Un chien qui se remue vaut mieux qu'un lion accroupi !» Cela suggère que les Sénégalais ne se retrouvent pas suffisamment encore dans l’élan d’un leader crédible pour apporter une alternative féconde et mobilisatrice face au régime actuel ; d’où ces bégaiements politiques vers lesquels ils sont attirés par des marchands d’illusion. Le cas Karim n’aurait jamais pris la proportion qu’il a prise actuellement : cette percée témoigne à la fois d’un déficit d’alternative et d’une atrophie politique. Si avec autant d’atouts et de facilités, Karim se démène avec tant de labeur et de maladresse, il y a lieu de se demander ce qui sera vraiment sa réponse lorsqu’il sera totalement pris au dépourvu par des situations inattendues. Nietzsche a estimé que «la fortune ne devrait être possédée que par les gens d'esprit ; autrement, elle représente un danger public». Au regard de ce qui se passe actuellement sur la scène politique, il doit certainement avoir raison.
Sémou Pathé, mon ami, mon camarade
Article Par Serigne Mansour SY Jamil,
Paru le Mercredi 18 Mar 2009
Nous avons besoin, maintenant plus que jamais, de son optimisme irrépressible, dans les moments si pleins de doute, de misère intellectuelle, de trahison, pour renforcer les convictions. Oui ! Nous avons besoin de sa confiance en la capacité du peuple à triompher : un jour. Il y eut tant de vies dans la vie de Sémou, tant de personnages dans ce roman que fut sa vie. Les vieux copains et compagnons, amis et camarades, venus des lointains coins de ce pays l’accompagner à sa dernière demeure, sont un témoignage de toutes ses vies. Sémou, auprès de qui, tant de ’’grands’’ de ce pays et de ce monde faisaient provision de sagesse, de mémoire, de volonté, de dignité et de lumière ! C’est si étrange, si irréel, subitement, d’avoir à le pleurer.
En ce cimetière de Yoff où Sémou Pathé vient, le 08 Mars, d’être mis en terre, je suis frappé par le spectacle de tant de peine béante, exposée sans retenue par des proches et des camarades, et même des adversaires politiques, pourtant connus pour leur maitrise, leur tempérance et leur sérénité, mais qui se voient soudain envahis par l’insigne chagrin de cette perte subite. Gémissements et pleurs, regard fuyant, comme pour éviter la contagion. De tous les métiers à la croisée desquels la vie l’avait placé, il me semble que c’est le métier des livres dont il était secrètement le plus fier. Avec cette intelligence supérieure et cette capacité d’écoute et de restitution qui le caractérisait, je discutais avec lui des heures durant, du Karl Marx, d’Attali, Le siècle de Sartre, de Bernard-Henry Lévy, de l’Homme de Lucien Sève. Je chatouillais ses oreilles par des phrases provocantes : «Marx était le dernier philosophe chrétien» ou «le marxisme était l’ensemble des contre-sens sur la pensée de Marx» ou encore «la critique de Marx sur la religion était idéaliste, parce qu’empruntée au matérialisme de Feuerbach (l’essence du christianisme) mais surdéterminée par l’idéalisme de Bruno Bauer» et que «les textes historico-politiques de Marx : le Manifeste du parti communiste, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, la lutte des classes, la Guerre civile en France, etc. ne portent pas leur principe d’intelligibilité en eux-mêmes et qu’ils avaient besoin d’un apport extérieur pour être compris. D’une manière plus profonde, l’intelligibilité de la pensée de Marx en général, suppose la mise hors-jeu du marxisme officiel constitué en doctrine achevée et immuable, en l’absence de toute connaissance des écrits philosophiques fondamentaux de Marx, notamment l’idéologie allemande publiée en 1932. Il repose sur des textes qui ont besoin d’une fécondation extérieure et d’une incandescence spirituelle.
Je donnais pour exemple le fameux texte de Marx sur la religion : «La détresse religieuse est pour une part l’expression de la détresse réelle, et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, la chaleur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple» pour montrer que cette citation est interprétée comme une condamnation de la religion. «Mais le contexte suffit à montrer que c’est à l’inverse, une appréciation plutôt laudative. Au XIXème siècle l’opium était un médicament couramment utilisé dans les officines comme analgésique. Comparer la religion à l’opium, c’était simplement évoquer les vertus apaisantes et les consolations apportées par les représentations religieuses aux peines humaines, argument dont l’apologétique chrétienne a largement usé pour son propre compte» comme l’explique Mireille Bertrand dans le statut de la religion chez Marx et Engels.
A ajouter que cette expression n’est pas une invention de Marx, mais de Kant (dont la foi religieuse ne fait mystère pour personne) la religion dans les limites de la simple raison où ce terme désigne les consolations que les prêtres apportent au chevet des mourants. On voit bien que pour comprendre cette citation qui ne porte pas en elle-même le principe de son intelligibilité, il faut revenir sur le sens du mot «opium» dans le contexte du XIXe siècle et interpeller l’auteur de l’expression «opium du peuple», le chrétien Emmanuel Kant. Sémou et moi discutions de tout cela, et je puis dire presque quotidiennement. Je le provoquais souvent pour le faire sortir de ses gongs, mais il ne cédait jamais à la provocation. Il connaissait mon statut et mon rôle de leader religieux ; mais connaissant autant ma trajectoire intellectuelle et politique, il n’ignorait pas qu’en matière de théorie politique en général, et marxiste en particulier, j’étais formé à bonne école. Il prêtait attention à ce que j’avançais et on trouvait réel plaisir à échanger et, quelques fois même, à nous ’’chamailler’’ au point d’inquiéter Ndéye Awa, son épouse. Mais tout cela dans l’estime et le respect réciproques. Partageant avec lui l’esprit dialectique, je m’efforçais de le sensibiliser sur la dimension spirituelle qui a tragiquement fait défaut au marxisme. N’étant pas moi-même philosophe, Sémou m’a beaucoup aidé à comprendre l’ensemble de ces questions soulevées qui sont d’une extrême complexité.
Fort de tout cela, de cette capacité d’écoute, de synthèse qui repose sur une bonne formation de base, une profonde assimilation des humanités gréco-latines, une maîtrise de la philosophie et de son évolution récente, une pratique politique et théorique dans l’une des directions les plus prestigieuses du mouvement démocratique sénégalais, Sémou était un véritable homme de synthèse : synthèse des cultures, synthèse des doctrines, synthèse des philosophies, synthèse des hommes, synthèse de l’homme. Quand je l’ai connu, Sémou réfléchissait sur les théories de la civilisation de l’Universel, encore sous l’influence de son professeur de philosophie de Kaolack, monsieur Eliot. Mais comme le disait Senghor, pour réaliser cette civilisation : «La seule raison discursive ne peut pas en assurer le succès. Il faut à l’entreprise le concours de la raison intuitive qui est le propre de la Religion.» Singularité du destin, on m’a annoncé son décès, alors que j’étais en train d’expliquer cette pensée de Senghor à un séminaire à quelques kilomètres de New York, à Marry Knoll : une retraite regroupant quarante chefs religieux sélectionnés à travers le monde et toutes les institutions des Nations Unies, en vue de créer une coalition pour la paix, grâce au dialogue des religions.
Le Sémou jeune adhérait à cette pensée philosophique de Senghor. Je la partageais également. Je la partage encore aujourd’hui. Je veux dire : l’unité dialectique entre la ’’raison discursive’’ et la ’’raison intuitive’’. Sémou a, par la suite, énormément évolué vers un marxisme très structuré qui interpelle sur la meilleure façon de penser Marx aujourd’hui, tout en tirant les leçons et le bilan de l’expérience soviétique à l’instar de la réflexion que mène actuellement Lucien Sève (son véritable mentor) sur la refondation de la Gauche. Mais comme on ne quitte jamais sa jeunesse, il a continué à lire et à approfondir les mêmes idées. On peut établir une symétrie entre la radicalité de son engagement politique et l’intensité de sa curiosité spirituelle. Il a beaucoup lu et écrit sur la religion, participé à des débats ici et par le monde. C’est le marxiste (mais un marxisme repensé à la lumière des interpellations de Lucien Sève) qui était l’invité vedette sur tous les plateaux où la religion se discutait. Le représentant des Moustarchidines que j’ai rencontré aux obsèques m’a révélé que Sémou était celui qui avait le plus donné de conférences à l’Université du Ramadan. Ce qui prouve, de la part de Sémou, une grande profondeur de travail et de pensée, l’aboutissement d’une aventure philosophique unique et incroyablement exigeante et féconde. C’était l’un des rares politiques à être conscient de l’importance du fait religieux et prêt à en débattre.
Seul un romancier pourrait réconcilier, un jour, l’extraordinaire ascendant qu’avait exercé, sur deux générations, ce petit jeune homme de 61 ans qui vient de nous quitter.
Pour tout dire, Sémou était un mélange de savoir et de bonté, de talent et de loyauté, avec le don de faire rire, ce bon rire sonore, généreux que je n’oublierai jamais du fond de son bureau de l’Université Cheikh Anta Diop qui était d’une sobriété quasi monacale.
Tant d’hommes de ce pays lui doivent un segment dans leurs différents parcours, y compris le Président Wade qui reconnait lui-même que Sémou a théorisé l’alternance bien avant le 19 Mars. C’est signe de grandeur du Président Wade de l’avoir reconnu, malgré l’adversité. En fait, Sémou et son parti, le Parti de l’Indépendance et du Travail, Pit Sénégal, héritier du PAI historique, donnaient du sens à l’alternance, au double sens du mot sens : signification et orientation. Mais la théorie remonte au journal And Sopi où il côtoyait et discutait avec le Grand Maodo, récemment disparu, sur ses «lettres d’un vieux militant», avec Mody Diagne et Magatte Thiam, son camarade de combat, infatigable, lucide et concret, Samba Diouldé Thiam et tant d’autres patriotes. Sémou est le produit du Pai/Pit et de son orientation.
En fait des partis comme le Pit peuvent paraître négligeables au regard de leur taille ou de leurs résultats électoraux, mais ils sont dépositaires d’expériences en matière de stratégie et de tactiques, de propagande et d’agitation, de conceptions et d’organisations, de vision et de perception qu’on ne peut sous-estimer que si l’on ignore les traditions qui les fondent. Sémou Pathé s’inscrit dans la tradition du Pai de 1957 ou de ses démembrements actuels (Pit, Ld/Mpt et PAI Maj) qui, malgré une répression implacable du pouvoir au cours de plusieurs décennies de confrontations politiques tumultueuses, n’a pas failli à son activité permanente au service des masses populaires et de la Nation. Sans doute a-t-il commis des erreurs, des fautes d’orientations très graves, mais le PAI a toujours trouvé en lui-même les ressources nécessaires à leur correction. Cette fermeté et cette endurance révolutionnaires ont contribué, pour beaucoup, à la paix civile, à la liberté et la démocratie relatives dont jouit le peuple sénégalais.
Le Mouvement des étudiants du Parti africain de l’indépendance, Mepai, a été le creuset où la future élite du mouvement démocratique a fait ses premières armes. Véritable académie des sciences politiques, il a traduit dans les faits son ambition de «former des cadres techniquement compétents et politiquement conscients». Il y a eu beaucoup de défections, mais des hommes comme Sémou en sont l’incarnation la plus achevée. L’extraordinaire trajectoire de Sémou nous donne à comprendre comment notre présent s’est édifié sur ces hommes rares qui choisissent de vivre presque en marginaux démunis pour préserver leur dignité et assumer leurs fonctions tribunitiennes (de tribun de la plèbe) et leur droit de rêver à un monde meilleur, alors que les allées du pouvoir leur étaient ouvertes. Nous avons à leur égard un devoir de gratitude. Le peuple sénégalais l’a compris qui a tenu à accompagner massivement Sémou pour son dernier voyage. Majhmout Diop, fondateur du PAI a dédié son livre : «Mémoires de luttes» à El Hadj Malick Sy et Serigne Bamba Mbacké qui surent gérer et pérenniser nos valeurs culturelles et religieuses dans une époque difficile». De la même manière, je voudrais ici, en tant que leader religieux, rendre un vibrant hommage à la qualité des militants et des politiques formés par les différentes structures issues du PAI historique, et en premier lieu aux militants du PIT pour leur constance, leur intégrité morale, leur courage et leur abnégation. Amath Dansokho et Magatte Thiam, agrégé en mathématiques, ancien de la Feanf, et d’autres, en toute honnêteté, sont des hommes magnifiques. Sémou était de ceux-là. Il incarnait au plus haut niveau, avec la direction du Pit, l’image qu’on se fait de l’homme politique. Mais le Pit partage cette éthique avec d’autres. Bien des patriotes incarnent les mêmes valeurs. Et les plus illustres d’entre eux ne sont autres que Cheikh Anta Diop, Babacar Niang, Mamadou Dia, Charles Guèye, Moctar Diack, Abdoulaye Bathily, Dialo Diop Blondin, Ahmadou Moctar Mbow, El Hadj Malick Sy, interprète, ancien président de l’Aesf, Issa Faye, Mbar et bien d’autres. Je me reconnais à travers les valeurs de cette mouvance, son histoire, ses combats. Oui j’assume cette histoire, sans avoir à faire un tri sélectif intellectuellement confortable, mais moralement discutable. La jeunesse sénégalaise gagnerait, à une époque où éthique et politique semblent de plus en plus antinomiques, à revisiter cette histoire et ces valeurs et méditer l’exemple d’un homme - monument comme Sémou Pathé Guèye.
Habité par la noirceur du siècle, il était batailleur, gai et rêveur, lucide, généreux et inclément, doué et sévèrement incisif, féroce contre l’adversaire dans les moments où l’essentiel était en jeu. Enfin libre, prodigieusement libre avec cette utopie concrète qui allie goût du savoir et action, amour de la sagesse et celui de la volupté et cette irrépressible volonté de porter très haut le flambeau des causes justes auxquelles il s’est voué sa vie durant. De cet homme, je suis ému de me savoir l’ami et le camarade, de cette vie exemplaire de me savoir le contemporain et le témoin.
Jeunesse de notre pays ! Souviens-toi de son fameux discours de Concours général censuré à l’époque et intégralement publié dans And Sopi, sous le titre «Discours parallèle au discours du Concours général». Sa contribution aux Etats généraux de l’éducation de 1980, aux côtés du Sudes, a été magistrale. Sa réponse est dans un livre encore actuel sur l’Ecole nouvelle.
Sémou et moi, nous nous sommes connus dans le militantisme étudiant. Nous ne nous sommes jamais quittés. J’ai été membre du Mepai à un niveau très élevé. Je n’ai pas eu la chance de militer organiquement au PIT parce qu’au moment de sa création, j’étais déjà fonctionnaire à la Banque islamique de développement (Bid) à Djeddah (Arabie Saoudite). Le Sénégal étant membre de cette organisation, le devoir de réserve m’interdisait toute intervention dans la politique du pays. C’était la seule raison. Je n’en partageais pas moins son orientation politique de large rassemblement des forces démocratiques. Sauf sur les questions d’alliance en l’an 2000 et 2007 par exemple. Sémou servait de passerelle, bien que non officielle, entre le Parti et moi pour m’informer et recueillir mon point de vue sur une base purement personnelle.
Entre parenthèses, grâce à mon séjour à Djeddah, entre La Mecque et Médine, j’ai pu m’imprégner quotidiennement de la lumière «Mohamadienne». Récemment, un journaliste qui travaille sur mon portrait m’a demandé le nom d’un proche ou d’un ami pour avoir son point de vue. Je lui avais donné, entre autres, le nom de Sémou Pathé. Il n’a jamais eu le temps de l’interviewer. Sémou emporte avec lui tout un pan de ma propre vie. Ayant eu la même trajectoire militante et politique, nous avons tout appris ensemble. Sauf à ne plus vivre ensemble.
A sa maman, ses frères et sœurs si dignes,
A Ndèye Awa, sa complice de toujours, témoin privilégié de la geste de Sémou Pathé, éblouissante dans son couple. Couple magnifique qui baignait dans une grâce exquise par l’art avec lequel ils ont su éternellement être les mêmes. A ses enfants adorables que Sémou aimait tant, signe de cette douceur secrète qui émanait de sa personne,
A Amath Dansokho et à Magatte Thiam, à Maguèye Kassé et à Ndèye Amy Faye Kassé, à Ibrahima Sène aussi,
A tant d’autres dans le Pit, ce parti de la démocratie, de liberté et de la dignité ; où tant de générations ont appris la démocratie, la liberté, la dignité et la passion de la justice sociale et qui peut être fier d’avoir compté parmi ses dirigeants…Sémou Pathé Guèye.
A tous les démocrates de ce pays, aux intellectuels patriotes, à la jeunesse du monde entier, je présente mes condoléances les plus attristées. ------- J’implore Allah dans sa Sagesse infinie pour qu’il l’accueille dans son Paradis ’’Al Janata Ana Im’’. Amine.
Majhmout Diop, fondateur du PAI a dédié son livre : «Mémoires de luttes» à El Hadj Malick Sy et Serigne Bamba Mbacké qui surent gérer et pérenniser nos valeurs culturelles et religieuses dans une époque difficile». De la même manière, je voudrais ici, en tant que leader religieux, rendre un vibrant hommage à la qualité des militants et des politiques formés par les différentes structures issues du PAI historique, et en premier lieu aux militants du PIT pour leur constance, leur intégrité morale, leur courage et leur abnégation. Amath Dansokho et Magatte Thiam, et d’autres, en toute honnêteté, sont des hommes magnifiques. Sémou était de ceux-là. Il incarnait au plus haut niveau, avec la direction du PIT, l’image qu’on se fait de l’homme politique. Mais le PIT partage cette éthique avec d’autres. Bien des patriotes incarnent les mêmes valeurs. Et les plus illustres d’entres eux ne sont autres que Cheikh Anta Diop, Babacar Niang, Mamadou Dia, Charles Guéye, Moctar Diack, Abdoulaye Bathily, Dialo Diop Blondin, Ahmadou Moctar Mbow et bien d’autres. Je me reconnais à travers les valeurs de cette mouvance, son histoire, ses combats. Oui j’assume cette histoire, sans avoir à faire un tri sélectif intellectuellement confortable mais moralement discutable. La jeunesse sénégalaise gagnerait, à une époque où éthique et politique semblent de plus en plus antinomiques, à revisiter cette histoire et ces valeurs et méditer l’exemple d’un homme - monument comme Sémou Pathé Guéye. Jeunesse de notre pays ! Souviens-toi de son fameux discours de Concours général censuré à l’époque et intégralement publié dans And Sopi, sous le titre « Discours parallèle au discours du concours général ». Sa contribution aux Etats Généraux de l’Education de 1980 au côté du SUDES a été magistrale. Sa réponse est dans un livre encore actuel sur l’Ecole nouvelle. Sémou et moi, nous nous sommes connus dans le militantisme étudiant. Nous ne nous sommes jamais quittés. J’ai été membre du MEPAI à un niveau très élevé. Je n’ai pas eu la chance de militer organiquement au PIT parce qu’au moment de sa création, j’étais déjà fonctionnaire international. Mon statut et le devoir de réserve qui en découle ne me permettait pas d’intervenir dans la politique des pays membres dont le Sénégal. C’était la seule raison. Je n’en partageais pas moins son orientation politique de large rassemblement des forces démocratiques. Sauf sur les questions d’alliance en l’an 2000 et 2007 par exemple. Sémou servait de passerelle bien que non officielle entre le Parti et moi pour m’informer et recueillir mon point de vue sur une base purement personnelle.
Récemment, un journaliste qui travaille sur mon portrait m’a demandé le nom d’un proche ou d’un ami pour avoir son point de vue. C’est le nom de Sémou Pathé que je lui ai donné. Il n’a jamais eu le temps de l’interviewer. Sémou emporte avec lui tout un pan de ma propre vie. Ayant eu la même trajectoire militante et politique, nous avons tout appris ensemble. Sauf à ne plus vivre ensemble.
A sa maman, ses frères et sœurs si dignes,
A Ndéye Awa sa complice de toujours, témoin privilégié de la geste de Sémou Pathé, éblouissante dans son couple. Couple magnifique qui baignait dans une grâce exquise par l’art avec lequel ils ont su éternellement être les-mêmes. A ses enfants adorables que Sémou aimait tant, signe de cette douceur secrète qui émanait de sa personne,
A Amath Dansokho et à Magatte Thiam, à Maguèye Kassé et à Ndéye Amy Faye Kassé, à Ibrahima Sène aussi,
A tant d’autres dans le PIT, ce parti de la démocratie, de liberté et de la dignité ; où tant de générations ont appris la démocratie, la liberté, la dignité et la passion de la justice sociale et qui peut être fier d’avoir compté parmi ses dirigeants…Sémou Pathé Guéye.
A tous les démocrates de ce pays, aux intellectuels patriotes, à la jeunesse du monde entier, je présente mes condoléances les plus attristées. ------- J’implore Allah dans sa Sagesse infinie pour qu’il l’accueille dans son Paradis ’’Al Janata Ana Im’’. Amin.
Entre deux feux
Article Par BOROM DÊK BI ,
Paru le Jeudi 19 Mar 2009
Je crois que j’ai trop accepté de mes compatriotes. C’est vrai qu’ils m’ont porté à la tête de la mairie. Mais, en retour, je règle tous les jours leurs problèmes. Du marabout aux jeunes de mon quartier sans compter les femmes, tous me sollicitent quand ils organisent des cérémonies. Et à chaque fois, je mets la main à la poche. J’ai même prévu une ligne budgétaire pour le social. Et bilahi, ce ne sont pas mes proches qui sont toujours les premiers servis.
Mais, ces ingrats que j’ai toujours aidés se permettent maintenant de traîner mon honneur dans la boue. Ils écrivent sur les murs pour me traiter de Gordjiguène. D’autres vont même fouiller dans les tombes de mes aïeux pour chercher la petite bête. Mais, si ce n’était que cela, j’allais passer l’éponge. Vous savez ce qui m’a le plus fait mal ? C’est mon secrétaire général qui m’a fait l’honneur de me rendre visite dans mon quartier, dans la banlieue. Ces ingrats l’ont tellement hué qu’il m’a pris la main pour me demander ce qui se passe. Ndeyssan, il fallait le voir, écarquillant de gros yeux. Puis subitement, il a pensé que j’étais derrière tout cela. Et vous savez comment il a réagi ? Il m’a craché au visage. «Khakh Touf».
Didier Awadi, rappeur, à la jeunesse sénégalaise «Prenez l’argent du régime, mais ne votez pas pour eux»
Article Par FATOU BINTOU K. NDIAYE,
Paru le Jeudi 19 Mar 2009
Né en 1969 à Dakar, Didier Awadi est parmi les fondateurs du groupe Positive Black Soul, en 1989, avec Amadou Barry alias Doug E-Tee. Figure de proue du Hip-hop sénégalais, Awadi demeure un musicien engagé. Ses textes interpellent régulièrement le pouvoir et les institutions. Pour ce talentueux rappeur au parcours sans faute, un autre monde est possible. Awadi reste un modèle pour la jeune génération des rappeurs africains, symbole d'un rap engagé et sans concession qui pousse le peuple à prendre en charge son propre destin. Interview.
Vous êtes hors du pays, mais vous suivez l’actualité. Le chef de l’Etat, Me Wade, est hué partout où il passe. Ne pensez-vous pas que les Sénégalais en ont assez de son règne ?
Si le peuple hue le Président, c’est qu’il ne veut plus de lui. Le peuple n’est pas content par rapport à des choses que le Président a faites, des actes qu’il a posés. La sagesse voudrait que le Président regarde de plus près cette situation. Et qu’il remette en question certains actes qu’il pose.
Les maires ont-ils joués leur rôle durant tout ce septennat ?
Les maires, au Sénégal, n’ont aucune proximité avec les populations et sont en déphasage complet avec les aspirations des populations. Souvent un maire est un chef de partis et ne réside pas dans la localité où il est l’édile. Imagine que le maire de Thiès est à Dakar, le maire de Saint-Louis idem. On peut comprendre qu’une ville va mal, sans eau, ni électricité. Et se permettre de construire une belle Corniche. Alors qu’on a besoin d’un hôpital dans la banlieue. C’est la même chose dans les petits quartiers. Les maires changent, mais le quartier ne change pas. Il ne change absolument pas. Alors qu’on dit que le maire a beaucoup d’argent. Mais ce n’est pas dans sa qualité de maire qu’il détient tout cet argent. On doit se demander à quoi ils servent, ces maires.
Il y a un ras-le-bol général. Et beaucoup de gens, qui n’avaient pas envie de faire de la politique, s’y lancent actuellement, et ils ont envie de prendre la mairie de leur quartier. Les Sénégalais ont envie de voir des gens qui travaillent et non des gens qui font de la politique à longueur de journée. Et de la très mauvaise politique.
Ne pensez-vous pas que les collectivités locales étaient mieux gérées au temps des socialistes ?
Je ne vais pas faire de comparaison entre le Parti socialiste et le Parti démocratique sénégalais. Mais aujourd’hui, il faut remarquer qu’il y a une crise de responsabilité, de dignité et de leadership. Ce n’est de comparer le Ps et le Pds, mais c’est de voir des gens qui ne sont pas intéressés par la vie de la cité. C’est plutôt comment monter et se faire mousser auprès du chef suprême du parti. C’est tout simplement ce qui les intéresse. Ce n’est pas la vie de la cité en elle-même qui demeure leur préoccupation. C’est vraiment dommage. Il faut que ces gens aient le courage de se regarder dans un miroir pour dire, est-ce que, depuis qu’on est là, le quartier a évolué et si les gens vivent mieux dans le quartier ? Des espaces sont-ils fait ? Le quartier est-il salubre. Il y a beaucoup de questions que l’on peut se poser.
Karim Wade vient d’entrer dans l’arène politique, quel est votre point de vue ?
Sortir de l’histoire en laissant son fils y entrer. Il est arrivé des situations où les fils sont venus et cela n’a rien apporté de bon. Même le fils de Bush, qui est venu bien après son père, n’a fait que des gaffes. Au Togo, cela ne donne rien de bon. Pour vous dire que partout où cela existe, rien de bon ne se fait. Et le Sénégal est un pays où la démocratie n’est pas un mot cru. Ce n’est pas par des galipettes qu’il faut tromper le peuple. Si le peuple ne veut pas de cette candidature, qu’il le fasse savoir. En tout cas, tous les amoureux sincères de la démocratie ne peuvent pas soutenir le fils du Président. Et surtout dans ses conditions, aidé qu’il est par l’appareil d’Etat à se propulser. Quelle que soit la structure où il appartient, nous ne pouvons pas accepter, en tant que patriote, que notre démocratie soit, à ce point, insultée.
Quels conseils donnez-vous à la jeunesse sénégalaise pour ces élections ?
Je leur demande de ne pas se laisser acheter. Il faut savoir refuser dans la vie. Si alors, le cas se présente, prenez l’argent des gens du régime. Mais ne votez pas pour eux. Car, ils ne feront rien pour vous demain. C’est le même schéma qui va continuer.
Les textes très engagés d'Awadi ne sont-il pas parfois source d'ennuis ?
Non, je n'ai jamais eu d'ennui par rapport à mes textes. Seulement, comme je mets à nu certains travers des autorités, forcément ils ne vont pas apprécier. Mais, je pense qu’une société est une société. Objectivement, si nous voulons qu’elle change, il faut la critiquer. Et quand on dit critique, c’est dans le sens positif. En tout cas, c’est le sens de ma démarche. Tout en voulant que notre société évolue dans le meilleur sens. Ne pas critiquer une société qui n’évolue pas, c’est être lâche. Malheureusement, beaucoup de frères baissent les bras, préférant se taire. La pire des choses, ce n’est pas la méchanceté des gens mauvais. Mais le silence des gens biens.
C'est donc l'autocensure qui empêche les gens d'écrire...
Je n'ai pas dit que les gens n'ont pas d'ennuis. Je dis que, moi, je n'en ai jamais eu.
Quel regard portez-vous sur le mouvement Hip-hop aujourd'hui ?
Le mouvement Hip-hop sénégalais, c’est aujourd’hui le mouvement musical le plus fort, qui compte le plus d’adepte, le mieux organisé et le plus structuré. De tous les genres musicaux, le mouvement rap est le plus structuré. Et qui est le plus porteur de réponse par rapport à la société sénégalaise. Ses aspirations et son développement.
Envisagez-vous un projet musical cette année avec d’autres rappeurs sénégalais ?
Actuellement, le projet jusque-là présent, c’est le Festival Sénérap. Sinon j’ai d’autres projets avec pleins d’artistes, essentiellement Sénégalais, mais dans le monde aussi. Mais, c’est dans le long terme.
Certains estiment que le rap sénégalais se renferme, parce qu'il est majoritairement chanté en wolof...
C’est très bien que le rap sénégalais soit chanté en wolof. Mais, il y a des rappeurs qui ne chantent pas en wolof. La majorité s’exprime en wolof et c’est l’image du Sénégal qui est en jeu dans le rap sénégalais. Il ne doit pas être autre chose que d’être à l’image du pays.
Ne pensez-vous pas que le wolof soit une source de blocage au niveau international ?
Non, je ne pense pas. Loin de là. Les gens parlent d’autres langues et on le consomme. Je pense que c’est pareil pour notre wolof. La musique est une question d’émotion.
Le rap s'adresse en majorité aux jeunes qui n'ont pas les moyens d'acheter le Cd et les cassettes. Cela ne contribue-t-il pas à renforcer la piraterie ?
Les jeunes n’ont rien à voir là dedans. Sincèrement, les jeunes ne nous piratent pas. C’est l’Etat sénégalais qui ne protège pas les artistes.
D’où tirez-vous votre inspiration ?
Mon inspiration me vient de partout : de la vie de tous les jours, des discussions, des lectures ; de la vie dans sa globalité, et de tout ce qui se passe autour de moi.
Le gigot de Podor
Souleymane Jules Diop Jeudi 19 Mar 2009
« Les avocats d’un malfaiteur sont
rarement assez artistes pour tourner à l’avantage
de leur client la belle horreur de son acte »
NIETZSCHE
Abdoulaye Wade avait vu la situation du pays se dégrader. Du Palais de la République, il avait quelques fois humé l’odeur fumante qui lui parvenait des gargotes. Il y avait un air de roussi et de brûlé. De l’huile qui partait au feu tous les jours pour cuire le riz et les petits harengs ramassés à Soumbédioune. La rue grouillait de ce petit monde sans espoir. Au seuil du palais s’étaient établis des sans domicile d’un nouveau genre : les enfants de la misère sociale. Ce n’était pas un secret. Un d’eux est venu un jour s’échouer sur les grilles du palais, complètement rôti. Un autre, moins chanceux, s’était arraché la peau avec du combustible, avant d’être sauvé par les gardes en faction. Ca n’a jamais dérangé son occupant. Son maître -pardon son maître d’hôtel- lui posait à ce moment-là dans l’assiette le plus tendre des gigots que l’on puisse trouver sur le marché. Avec sa denture fêlée, il s’assurait que le morceau emprisonné entre ses canines traverse son palais. Quelques fois seulement, sa fourchette argentée se promenait sous la mayonnaise de qualité supérieure, pour y tremper un morceau de morue farcie.
Son tête-à-tête avec son gigot pouvait durer des heures, comme si sa prochaine élection en dépendait. Le maître d’hôtel se tenait là, toujours là, à côté du majordome, prêt à anticiper chaque geste du président, à prolonger sa main vers une cuillère, une fourchette, un panier de pain égaré. Les nappes blanches sont faites très épaisses pour amortir tous les chocs. On ne pouvait entendre que les ricanements du président ou les hochements de tête appuyés de ses larbins, contents de profiter du festin. Ses meilleures anecdotes étaient réservées à ses prédécesseurs, à leur manque de civisme. Le président prenait son déjeuner à 14 heures avec ceux de sa famille qui pouvaient se soumettre à cette précision horlogère. A l’heure même où le muezzin appelait au Tisbar, il avait la fourchette plantée dans son assiette, prêt à en découdre avec son gigot. C’était plus important que tout le reste.
Cette quiétude, personne ne pouvait la déranger. A des journalistes français qui évoquaient la misère généralisée et les coupures d’électricité, il répondait que « même si nous retournions à l’ère de la bougie, les Sénégalais ne bougeraient pas, parce qu’ils m’aiment. Vous ne verrez personne sortir dans la rue ». Il avait corrompu les juges, amadoué les marabouts, domestiqué les journalistes. Il croyait s’être garanti la soumission du « peuple ».
Sur l’élite de ce pays, il avait tout à fait raison. Mais sur les Sénégalais, Abdoulaye Wade s’était lamentablement trompé. Ils ne bougeaient pas, ce n’est pas parce qu’ils l’aimaient. Ils ne bougeaient pas parce qu’ils étaient effrayés par son extravagance. Un homme de son âge n’avait jamais été aussi loin dans la clownerie. Les Sénégalais attendaient de voir jusqu’où ce vilain trapéziste pouvait monter.
Finalement, rien ne le répugne. Il y a quelques jours, il était en pleine séance de commérages à Mbour, dans une campagne qui ne le regarde pas. Mais l’engagement du président de la République dans cette campagne nous sera très utile. Si ses lieutenants s’étaient engagés seuls, il les aurait traités d’incapables. Il n’aurait jamais su, de lui-même, à quel point il est détesté par ses administrés. Qu’il prenne les cailloux à la place des responsables de la coalition Sopi n’est que l’expression d’une bonne répartition de la justice. Il est à la fois le responsable de leurs divisions et la première cause de la misère des populations. Il voulait, en s’impliquant dans la campagne, les sauver du naufrage et prouver à la face du monde qu’il restait le maître du jeu. Il sait maintenant qu’il n’est maître de rien. Mais ce qu’il découvre le plus amèrement, c’est qu’il n’est pas respecté. A son âge, prendre ses jambes à son cou à chaque arrêt à l’intérieur du pays est une humiliation. Les gigots qu’il prenait le temps de bien déguster, il est obligé de les abandonner pour prendre la fuite. C’est ce que les populations de Podor lui avaient fait. Un gigot ! Son tour du Sénégal en huit jours est sans doute un fait qui restera dans l’histoire, mais il n’y a là rien d’honorable. Le tour du pays en huit jours dans une grosse blindée suivi d’un véhicule médicalisé est à la portée de tous. Même une limace aurait réussi un tel pari. Ce qu’il a été la plupart du temps, obligé de ramper pour éviter de prendre du gravier dans le crane.
C’est une triste fin pour quelqu’un qui est arrivé au pouvoir par acclamation, il y a neuf ans. Pendant toutes ces années, il a nargué les populations avec une incroyable arrogance, comme s’il se vengeait de quelque chose. Ce que les Sénégalais ne peuvent pas pardonner à Abdoulaye Wade, c’est de les prendre pour des benêts, au point de vouloir leur imposer son fils. Personne n’a mieux incarné l’arrogance de ce régime que Karim Wade lui-même. Sans aucune gêne, il a déclaré que le délinquant Bernard Madoff était son ami, que des Etats « amis » mettaient à sa disposition des Jets privés pour voyager. Mais ce que cet homme « qui s’est sacrifié pour travailler pour son pays » a coûté au Sénégal ces dernières années, nous ne l’avons découvert que récemment. Nous savons maintenant qu’il a fallu près d’un milliard de francs Cfa pour réaménager le 10ème étage de l’immeuble Tamarro où il trône, entouré de ses obligés. Avec le même montant, il était possible de construire un immeuble de 14 étages clés en main. Mais ce qui est plus choquant, c’est de découvrir que ces chantiers mirobolants qui nous ont été imposés ont été à la base de tous les dérapages budgétaires constatés ces dernières années. Les ministères ont été sommés d’honorer des engagements qui n’étaient pas prévus dans leurs budgets. Le ministère des Forces armées a payé du matériel de surveillance pour plus de deux milliards, du « câblage informatique » pour plus de deux cents millions. Le ministère de l’Urbanisme a payé des cocotiers pour près d’un milliard et demi, figurez-vous, et même habillé des chauffeurs pour le sommet à hauteur plus de trois cents millions. Puisque ces ministères n’avaient pas prévu ces dépenses, ils ont fait du « dépassement budgétaire ». Parmi les dépenses incompréhensibles engagées dans le cadre du sommet de l’Oci, on trouve des « dépenses de communication dans le Golfe » pour plus de 400 millions. Des appareils photo ont été achetés pour plus de 20 millions de francs Cfa. Ce qui rend ces pratiques scandaleuses et même criminelles, c’est qu’au même moment, des sénégalais mouraient dans les hôpitaux parce que les blocs opératoires manquaient d’oxygène. La bouteille coûte 45 000 francs Cfa ! On comprend pourquoi Abdoulaye Wade et son fils refusent toute idée de commission d’enquête ou même d’audit indépendant de l’Anoci. Comme si cela ne suffisait pas, le Conseiller technique à la présidence fait étalage de moyens jamais investis à ce jour dans une campagne électorale. Même les enfants de Mobutu avaient un peu plus de retenue. Les cailloux et les brassards rouges que le père et le fils reçoivent sont un minimum, qu’ils se le tiennent pour dit. C’est notre moyen de leur dire que nous sommes dégoûtés par autant de flagornerie.
SJD
Auteur: Souleymane Jules Diop
Nettali : Jeudi 19 Mar 2009
A 72 HEURES DE LA TENUE DU SCRUTIN : Escade de la violence à Sédhiou et Vélingara.
NETTALI.NET- Après Linguère, Vélingara et Sédhiou se signalent par la recrudescence de la violence électorale. Les domiciles des deux maires de ces localités respectives ont été saccagés par une foule en furie. Des personnes ont été blessées durant ces affrontements. Parmi elles, la femme du maire de Vélingara.
A Sédhiou, une foule de militants de Benno Siggil Senegaal a pris d’assaut la maison de la tête de liste de la coalition Sopi 2009 au scrutin majoritaire Balla Moussa Daffé. Ils voulaient ainsi se venger après leur passage à tabac lors de la visite de Me Wade dans la ville. Armés de gourdins et de pierres, ils ont saccagé le domicile du maire. De violents affrontements ont ensuite opposé les deux camps. Les forces de l’ordre sont alors intervenues pour ramener le calme.
A Vélingara, c’est le domicile du maire Mamadou Baila Diallo qui a été mis à sac au moment où il tenait un meeting. Les assaillants se sont introduits dans sa maison et ont violenté son épouse. Membre du parti Rewmi, Mamadou Bailo Diallo est très contesté par ses anciens frères du Parti démocratique sénégalais (Pds). C’est ainsi que les militants de la Coalition Sopi 2009 ont attaqué sa maison occasionnant des blessés. Comme à Sédhiou, les forces de l’ordre sont intervenues pour rétablir la paix.
Nettali : Jeudi 19 Mar 2009
CRISE SCOLAIRE : Affrontements entre élèves des lycées de Dakar et policiers
NETTALI.NET- Les élèves du lycée Blaise Diagne ont organisé une manifestation en collaboration avec ceux d’autres lycées de Dakar. Des affrontements contre les forces de l’ordre s’en sont suivis. Dakar Dem Dikk a interrompu son trafic. Des bus de cette société ont subi des jets de pierres. Les élèves crient à qui veut l’entendre, qu’ils en ont marre des grèves répétitives de leurs enseignants et qu’ils veulent étudier.
Il y’a eu des affrontements entre policiers et élèves. Des manifestants ont été arrêtés et plusieurs autres ont été blessés. Ils scandaient : « Nous voulons étudier ».
Suite à la non-satisfaction de la plate-forme revendicative de l’Intersyndicale enseignante et au non respect par le gouvernement de ses engagements pris à l’endroit du Cusems, les enseignants de l’élémentaire, du moyen et du secondaire ont décidé encore de paralyser le système. Ainsi, ils prévoient d’observer une grève totale dans l’ensemble des collèges et lycées et un débrayage suivi d’assemblées générales dans toutes les écoles élémentaires.
A quelques trois mois des premiers examens de fin d’année, les cycles de grèves ne sont pas prés de s’estomper. Tantôt décidés par les enseignants, tantôt par les élèves eux-mêmes.
Nettali : Jeudi 19 Mar 2009
PROMENADE ELECTORALE : Wade renonce à l’étape de Pikine
NETTALI.NET- Le président Abdoulaye Wade était annoncé ce jeudi à Pikine pour une tournée qui entre dans le cadre de la campagne électorale pour les locales de dimanche prochain. Seulement, aux dernières nouvelles, la visite de Wade a été annulée. Et les populations de Pikine n’auront pas la chance de communier avec le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds).
Officiellement, les responsables libéraux de Pikine et Guédiawaye expliquent que la visite de Wade a été annulée pour permettre aux militants de se concentrer au meeting de clôture de la campagne de la coalition Sopi2009. Meeting de clôture prévue vendredi.
Seulement, il sera difficile d’enlever de la tête de certains observateurs le lien entre cette annulation et les difficiles moments que Wade a passés, mardi, dans le département de Pikine alors qu’il était en partance pour Sangalkam, Tivaouane Peul, Keur Massar…
Wade a-t-il eu écho de velléités de militants de l’opposition qui voudraient l’accueillir avec des huées et des brassards rouges ? La question ne manque pas de pertinence. D’autant que, dans son édition du mercredi, le journal Walf Grand-Place informe que Pape Diop, maire sortant de Dakar et tête de liste de la coalition Sopi2009, avait averti Wade sur les risques de faire « une promenade électorale » dans la capitale. Wade a-t-il fini par écouter les conseils de Pape Diop ? Difficile à dire.
Il s’y ajoute que, pour certains, le fait d’annoncer l’annulation de la visite de Wade à Pikine n’est qu’une tactique pour pousser les militants de l’opposer à baisser la garde. Histoire de les surprendre par une… une visite-surprise. Les prochaines heures nous édifierons.
Seneweb.com : Jeudi 19 Mar 2009
Fermeture des écoles lors de la visite de Karim Wade au Fouta : Kalidou Diallo nie avoir donné l'ordre.
La polémique enfle entre le ministre de l’enseignement élémentaire et les syndicalistes du Sels, au sujet de la dernière visite de Karim Meissa Wade au Fouta. Lors du meeting du fils du président de la République à Boynadji, des enseignants auraient libéré leurs élèves pour aller à l’accueil du président de la Génération du concret. Alors que les enseignants dénoncent cette « politisation de l’enseignement et l’humiliation des enseignants », le ministre Kalidou Diallo nie avoir donné l’ordre de libérer les élèves.
« Je ne vais pas polémiquer. Mon histoire et mon passé très connus dans le monde enseignant au Sénégal font que je ne peux pas donner un tel ordre », a déclaré M. Diallo au correspondant de la radio RFM à Matam. Malgré cette implication de l’école dans l’accueil du fils du président Abdoulaye Wade, Karim Wade a subi dans le village de son collaborateur Hassan Bâ ce que beaucoup d’observateurs considèrent comme une humiliation. De son arrivée à Boynadji à son départ, Karim Wade a été soumis aux brassards rouges et aux huées des populations.
Ferloo.com : Jeudi 19 Mar 2009
19 mars 2000-19 mars 2009 : Wade, 9 ans à la tête du Sénégal !
Neuf ans déjà que le "pape du Sopi" tient le gouvernail "Sénégal". C’est juste une image, car, par moments, la pirogue a tangué, l’étarve et l’étambot pris par de violents mouvements de tempête. Au sortir du second tour de l’élection présidentielle sénégalaise, le 19 mars 2000, Abdoulaye Wade bat le président sortant Abdou Diouf. Parmi les malheureux candidats, il y avait aussi Moustapha Niasse (Alliance des forces de progrès avec 16,8% des voix) ; Djibo Leyti Kâ (Union pour le renouveau démocratique avec 7,1%) ; Iba Der Thiam (Convention des démocrates et des patriotes/Garap-Gui avec 1,2%) ; Serigne Ousseynou Fall avec 1,1% ; Cheikh Abdoulaye Dièye avec 1,0% et Mademba Sock avec 0,6% des voix. Accueilli par la joie de foules hystériques qui voyaient "la fin de leurs ennuis financiers", celui qui décrétait jadis la mort de "la gestion solitaire du pouvoir", est aujourd’hui hanté par "le rouge de la contestation" qui rythme sa "tournée économique". Que d’espoirs placés sur les vieilles épaules de l’homme fort du Sénégal ont été déçus !
Eh oui, c’était la fin de quarante ans de régime socialiste ! Porté au pouvoir par la volonté populaire, Me Abdoulaye Wade promettait à son peuple. Aujourd’hui encore, il promet. Et encore et toujours ! D’abord, la mise en œuvre de réformes institutionnelles jugées nécessaires pour une meilleure gestion des affaires publiques et la recherche d’une solution durable à la rébellion indépendantiste déclenchée au début des années 80 dans la partie sud du pays, la Casamance.
Il ne put résoudre "l’équation" du conflit casamançais en 100 jours. Pourtant, il en avait pris l’engagement devant des électeurs dont la crédulité avait été forgée par l’incapacité du pouvoir d’alors de mettre le "pays des rivières" sur la voie d’une paix définitive.
Sa campagne électorale était marquée par une marche bleue et ponctuée de promesses de trouver du travail à tous les jeunes - à qui il n’hésita pas à demander de lever le bras pour les recenser. Hélas, la jeunesse oisive est restée, depuis 2000, dans cette posture de demandeurs d’emplois. Voilà une façon polie - déférente et diplomatiquement correcte - de dire que le leader du Pds n’a pas encore eu raison de l’autre Pds (le parti de la demande sociale). C’est donc clair que les autres objectifs prioritaires du Gouvernement qui figuraient notamment dans son programme, à savoir la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, la formation des jeunes et l’élargissement de l’accès à l’emploi et aux soins de santé, est encore un mirage. Et tout cela, "à cause de la méchante crise qui assaille le monde entier", dira-t-il, certainement, pour se dédouaner.
Jadis pays phare de la démocratie, l’image de notre pays s’est dégradée à cause des nombreux remaniements ministériels assimilant les gouvernements à des équipes de football. 5 Premiers ministres, 4 présidents de l’Assemblée nationale, la reconduction du Sénat, la création du Conseil de la République sur les cendres du Conseil économique et social, avant que cette institution ne meure de sa belle mort..., le projet monarchique de se faire remplacer par son fils...
Cependant, disons aussi que le bilan de Wade n’est pas que les querelles avec ses anciens Premiers ministres. C’est aussi la réalisation de grands projets qui ont noms péle-mèle, Plans Sésame (au profit des personnes du 3ème âge) et Reva (Retour vers l’Agriculture qui, disons-le, nettement, n’a pas beaucoup fait rêver les jeunes qui lui ont préféré le grand bleu en route pour l’Eldorado européen et vers un "ailleurs meilleur"), la construction d’universités régionales, de lycées et de collèges de proximité à travers le pays, la bourse à l’ensemble des étudiants, l’augmentation des salaires des fonctionnaires surtout ceux de la Justice, les députés, les Sénateurs, la construction d’hôpitaux et de dispensaires, de cases des Tout-petits, Plan Jaxaay, Apix, Aibd, Porte du Millénaire...
Ferloo
LE QUOTIDIEN :
Brassards rouges, huées, jets de pierres,… à Boynadji : Le village de Hassan Bâ humilie Karim Wade.
19-03-2009 Karim Wade poursuit sa route. Et, il peut constater au fil des jours que les écueils ne cessent de se dresser contre lui. Mais, cette déconvenue était inattendue par ce dernier, dans la localité de son principal conseiller Hassan Bâ.
Arrivé à 13 heures à l’aéroport de Ouorosssogui, avec 5 heures de retard sur le moment annoncé, Karim Wade s’est retrouvé face à une foule bigarrée, habillée aux couleurs du Parti démocratique sénégalais (Pds). Les responsables de la localité s’empressèrent de le saluer car l’homme, accompagné de Hassan Bâ, qui avait déjà accusé du retard sur le programme, ne s’attarda point sur les lieux.
Sans cérémonial, il s’engouffra dans un véhicule pour une caravane bleue à travers la grande artère principale de Ouorossogui. Mal lui en prit car les responsables politiques du Pds locaux que sont Djibril Basse et Abdoulaye Thiam n’ont pas eu le temps de masser des troupes le long de cette voie principale. Finalement, ce sont les badauds, composés en majeure partie de talibés, qui vont se mettre à scander «toubab» (Blanc) durant son passage. En guise de remerciements, Karim Wade ne cesse de lancer des «a diarama» (merci). Les seuls mots d’ailleurs qu’il prononcera tout au long du parcours.
Une fois à hauteur du carrefour de Ouorossogui, le cortège va observer une halte pendant une dizaine de minutes. Ensuite, direction Boynadji, une localité située à pratiquement cinq kilomètres de Ouorossogui. Une localité très symbolique car étant celle de Hassan Bâ, une des chevilles ouvrières de la «Génération du Concret» et principal conseiller de Karim Wade. Ce village de Boynadji, Hassan Bâ le partage avec Abdoulaye Sally Sall, représentant de Macky Sall, et qui a fait récemment l’objet d’une interpellation par les services du ministère de l’Intérieur dans une supposée affaire de blanchiment d’argent.
De loin, au fur et à mesure que l’on s’approche de Boynadji, l’imposant «palais» flambant neuf de Abdoulaye Sall affiche ses belles formes. Aux alentours, ses partisans, brassards rouges, qui sur le front, qui sur le bras, qui sur l’épaule, qui autour du bassin, tenaient à manifester leur colère et rappeler à Hassan Bâ qu’on ne se débarrasse point, de cette manière, d’un adversaire politique, fut-il gênant. Durant tout ce parcours, pas un seul instant, Karim Wade n’a daigné sortir du capot ouvrant de son véhicule pour les saluer. «C’est une bonne attitude car cela permet de minimiser les risques», confie un membre de la sécurité par rapport à l’attitude du fils du Président. Il ne croyait pas si bien dire car la suite des événements va lui donner raison. Deux minutes plus tard, un chauffeur, sans doute énervé par les cris de la population, fonce sur la foule. Heureusement, il y a plus de peur que de mal car les gens avaient eu le temps de prendre la poudre d’escampette et de dégager des lieux.Il n’en fallait pas plus pour rajouter à la tension qui avait atteint son extrême.
Alors que fusent des cris et des menaces de toutes parts, les forces de l’ordre qui veillaient au grain, ne se sont, à aucun moment, départis de leur calme olympien. Une prouesse, auraient soutenu certains. Elles observaient, plutôt, avec un certain amusement le déroulement de scène.
Une fois sorti de la zone de Sinthiou, Hassan Bâ sort du capot ouvrant du véhicule et invite Karim Wade à en faire de même. Ensemble, ils lèvent les bras, faisant avec leurs doigts le signe V de la victoire, avant de s’éclipser à l’intérieur de la maison familiale de Hassan Bâ. A l’intérieur, ils seront reçus par le père de Hassan Bâ, loin des yeux et des oreilles des éléments de la presse privée. Et les nombreuses protestations n’y changeront rien.
Dans l’enceinte de la cour, les troubadours jouent leur partition en chantant les louanges de la famille dont les aïeuls auraient fondé, selon certaines informations, le village, il y a de cela quelques centaines d’années.
Par la suite, le reste du trajet va se dérouler sans anicroche majeur, mis à part l’état chaotique de la route obligeant les conducteurs à rouler à pas de tortue. A Agnam, Amadou Djribril Diallo qui a déployé de gros moyens pour réserver au fils du Président un accueil à sa dimension a vu tous ses efforts annihilés. Un de ses partisans qui s’en est ouvert au ministre Kalidou Diallo a eu comme seule réponse : «Ce n’est pas prévu dans le programme.» Karim Wade se contentera juste de son éternel «a diarama».
On se rappelle que les «Concrétistes» s’étaient plaints de l’absence de Amadou Djibril Diallo lors du forum tenu, en fin de semaine dernière, pour savoir quel rôle la «Génération du concret» pouvait jouer dans la région de Matam. D’aucuns ne manquent pas de lier cette absence au faux bond de Karim Wade au meeting que Amadou Djibril Diallo voulait organiser.
Quant à l’étape de Podor, c’est dans une désorganisation monstre que s’est tenu le meeting de Galoya, en dépit de la mobilisation monstre. Les populations qui s’étaient rassemblées, dès les premières heures de la matinée, ont dû patienter une bonne dizaine d’heures sous le chaud soleil. A l’arrivée du cortège, c’est le rush vers le véhicule de Karim Wade pour lui serrer la main. Mais en une fraction de seconde, ils vont tous déchanter. La sécurité va leur faire barrage et les repousser à coups de crosse. Il va s’ensuivre une bousculade énorme, les faibles à terre, piétinés. Finalement, c’est le sauve qui peut général et tout ce monde va se disperser dans ces conditions.
Par Oumar Seydou BA
19 mars 2000 – 19 mars 2009 : De l’espoir au désenchantement cauchemardesque !
19-03-2009 Le 19 mars 2000, le peuple sénégalais venait de confier son destin à une coalition de partis politiques sous la direction de Maître Abdoulaye Wade.
Ce 19 mars 2000 constituait une date et un jour historiques pour le Sénégal et pour son histoire politique. L’espoir naissait après 40 ans de règne socialiste avec tout ce qu’on y rattache comme positif ou surtout négatif. Mais, il faut reconnaître que c’est d’une République que Wade avait héritée, une République avec ses qualités et ses défauts.
Neuf ans après cet évènement historique, nous pouvons élaborer une évaluation, chemin faisant, de la situation. Cette évaluation peut s’articuler sur trois points essentiels notamment sur le plan institutionnel (politique), économique et social. Je pense que même un livre ne permettrait pas d’énumérer tous les éléments, mais il me semble que nous pouvons nous appuyer sur quelques éléments objectifs pour apporter un jugement aux neuf ans de gestion «wadésienne».
Sur le plan institutionnel, le Sénégal sous Wade a totalement ignoré le principe «sacro saint» de séparation des pouvoirs. Au Sénégal «le pouvoir n’arrête pas le pouvoir» car, celui-ci étant concentré entre les mains d’un seul homme, je défie quiconque de me démontrer que la Justice sénégalaise est indépendante, et que le Parlement sénégalais est un contre-pouvoir à l’Exécutif. La preuve, à entendre nos «chers députés» parler, on a le tournis. Quand des députés dits du «peuple» affirment sans sourciller qu’ils doivent leur poste à la seule volonté de Wade on ne peut pas s’empêcher de pleurer.
Les nombreux coups portés au pouvoir du Parlement ont discrédité notre République. L’affaire «Macky Sall» est une illustration parfaite du discrédit institutionnel. Comment, par une simple manipulation législative peut-on débarquer le président de l’Assemblée nationale, institution aussi «légitime» que l’Exécutif ? Le Pds et ses alliés n’ont pas hésité à violer un principe fondamental du droit à savoir, la non rétroactivité de la loi (sauf dans une affaire pénale et ceci est strictement encadré par le Droit).
Sur le plan institutionnel on peut conclure que le droit c’est Wade et Wade tout seul, et ça c’est un des traits de caractères du despote.
Dans le domaine économique, on ne peut pas faire table rase de quelques réalisations d’infrastructures qui, à long terme, peuvent booster et favoriser la croissance économique. Mais, le problème est que toutes les réalisations ont été faites dans une opacité totale et sans précédent, en ce qui concerne, les règles qui régissent le marché public. Le fait de concentrer tout à Dakar démontre à quel point Wade manque de vision car, même un étudiant en première année d’économie est capable de comprendre qu’on ne peut pas développer un pays et faire de la croissance économique avec une vision unipolaire. L’intérieur de notre pays est dans le désœuvrement total, cela se résume à la phrase suivante : Dakar et le désert sénégalais.
L’état de santé du peu d’entreprises que compte le Sénégal est déplorable. L’Etat «wadésien» a fait le choix de ruiner ces entreprises et de créer un clientélisme économique qui a ouvert la porte à toutes formes de corruption et de magouilles (Cf. Lonase, chronique d’un pillage organisé). Les entreprises de presse sont étranglées par le chantage de l’Etat, même l’aide que le peuple a décidé d’octroyer à la presse est détournée. Du coup, certains patrons de presse sont obligés d’ignorer toutes les règles déontologiques et faire allégeance à sa majesté Maître «wax». Tout ceci est accompagné d’une entreprise étatique de persécution envers quelques journalistes encore libres et consciencieux de leur rôle dans une Nation démocratique ; de toutes les façons, la liberté ne s’use que si on ne s’en sert pas.
Sur le plan social, on vit l’apocalypse, et ce dans tous les sens. Le régime de Wade a choisi la division et le mensonge d’Etat comme mode de gouvernement. L’enseignement est en profonde crise à tous les niveaux car, le choix gouvernemental est basé sur la division des syndicats, la ruse, le mensonge et la provocation. Par là même, c’est l’avenir de milliers de sénégalais qui se trouve bradé et sacrifié. Ce régime n’a toujours pas compris que la grandeur d’une Nation se mesure aussi par ce qu’elle fait de l’éducation de ses enfants, par la place qu’elle donne à l’instruction.
Le mal vivre de nos compatriotes a fait que plus rien ne choque. On ne s’indigne plus, même quand l’Etat décide, par l’intermédiaire d’une entreprise publique, d’imposer un mode de facturation ou de taxation injuste. La majorité des Sénégalais a oublié la notion des trois repas, elle se nourrit de promesses du magicien «père-noelique» qui ne fait même plus rêver les enfants.Ce même magicien a envoyé des centaines de jeunes sénégalais vers l’océan affrontant la faim, l’humiliation, le mépris et la mort. On peut tout interdire à un peuple sauf l’espoir, un peuple sans espoir est un peuple susceptible de perdre son identité et sa dignité. Aujourd’hui, le Sénégal est une vaste foire à la perversion, les mœurs sont inexistantes dans notre chère mère Patrie car, ceux qui sont sensés les protéger sont les premiers à les vilipender par leur comportement et leur pratique. Ce régime tente de faire croire aux Sénégalais que seul l’argent compte, que l’on n’a pas besoin de travailler dur pour réussir, que la trahison n’est que chose banale, que le mensonge et la prostitution politique sont des valeurs de courage et d’abnégation.
Ce Sénégal, neuf ans après l’alternance, est pire que l’on pouvait imaginer.
Mais l’espoir existe, qu’on le veuille ou pas, cet espoir est entretenu par certains journalistes de la presse privée, de par leur résistance aux bâillonnements, aux intimidations, persécutions, et au musellement. Le jour où la presse privée se taira ou arrêtera d’écrire, le Sénégal sombrera dans une léthargie que la génération future ne leur pardonnera jamais. Ce sera une prime à la pensé unique.
L’espoir est entretenu aussi par certains intellectuels qui ont mesuré leur rôle et devoir dans la société.
Les neuf ans du régime «alternocique» sont un cauchemar pour le peuple sénégalais et vivement la libération, le 19 mars 2009 doit être un jour de «deuil» national.
Pape Bocar DIALLO - Etudiant en Droit, Sciences politiques et sociales - Université Paris 13
Affaire Ndindy et Ndoulo : Interprétation et Interpellations de la décision de la Cour suprême
19-03-2009
Si l’arrêt de la Cour suprême est bien compris, il signifie, postule et, en langage humain, souligne :
Que la Céna, qui semble ressortir elle-même comme une juridiction pour tout ce qui concerne le processus électoral de toutes ses étapes, jusqu’à son terme ;
Que la Céna, au lieu de prendre ses responsabilités, a voulu se cacher derrière d’autres juridictions, pour que ces dernières prennent sa responsabilité et l’exécutent à sa propre place.
Que la Céna, pour tout processus électoral interpellant les Présidentielles, Législatives et Sénatoriales et Lo-cales voire d’autres où la loi lui confère des responsabilités, n’a pas à interpeller les autres juridictions, sauf dans les cas où ; après avoir pris ses responsabilités et engagé sa décision, celle-ci n’est pas respectée et exécutée par l’autorité qui doit la mettre en oeuvre.
Que ce genre de décisions est toujours attendu d’une juridiction suprême, car elle balise les chemins et éclaire l’avenir en devenant par elle-même la loi jusqu’à ce qu’une autre disposition vienne l’abroger, la compléter ou la renforcer.
En cela, je remercie et nous devons toutes et tous remercier la Cour suprême. D’autant plus que, au Sénégal, presque en cas de situation délicate, personne ne veut prendre et assumer ses responsabilités, tout le monde préfère diluer ses responsabilités derrières des ergotages, juridiques voire «juridistes» parfois, le plus souvent ou toujours. Le flou absolu, pour ne pas avoir à se confronter, dans la plupart des cas avec le «régent atténué» des temps modernes comme à la Sarkozy. Le temps des empereurs et de sa Majesté Bokassa Premier, voire des Idy Amin Dada étant dépassé depuis l’époque à jamais révolue. Dieu merci !
Qu’il reste maintenant à la Céna de prendre ses responsabilités, toutes ses nobles responsabilités et par là, prendre date avec l’histoire.
Aussi, la Céna se doit tout simplement de déclarer forcloses les listes du Pds de Ndindy et Ndoulo et de faire parvenir soit directement par voie d’huissier de justice, soit par lettre recommandée et/ou par le biais du ministère de l’Intérieur, une lettre aux autorités concernées de ces deux localités, pour leur demander voire leur «sommer» de retirer les listes des incriminées de celles devant concourir aux suffrages, lors des élections locales du 22 mars 2009 et de prendre toutes les dispositions appropriées pour que cela soit effectif le jour du scrutin.
Elle doit aussi informer par écrit référencé, le Conseil constitutionnel de sa décision avec ampliation desdites lettres aux autorités de Ndindy et Ndoulo et surtout, leur «ordonnancer» de les éliminer lors du comptage des voix, si d’extraordinaire, elles leur parvenaient pour ne point les intégrer dans les décomptes pour la proclamation des résultats définitifs des scrutins pour les Locales du 22 mars 2009.
L’invalidation de ses deux listes ne peut en aucun cas servir d’argument pour le renvoi des élections que de toutes les façons, le peuple réfutera de toutes ses énergies, comme la campagne électorale de Wade en augure des formes et intensité.
Céna, nous sommes toutes et tous à ton écoute.
Daouda DIOP
Ce Sénat là….
Le Parlement sénégalais est bicaméral : il se compose, depuis l’entrée en vigueur de la loi constitutionnelle n° 2007-06 du 12 février 2007, de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Le Parlement sénégalais est bicaméral : il se compose, depuis l’entrée en vigueur de la loi constitutionnelle n° 2007-06 du 12 février 2007, de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Après plus d’un an de fonctionnement, et après analyse des textes, une conviction déjà profonde se confirme : ce Sénat là est non seulement inutile, mais aussi il pose problème et prend même des libertés avec la volonté du constituant.
I- Ce Sénat là est inutile
Le Sénégal est un Etat unitaire décentralisé. Or, c’est dans un Etat fédéral que le bicaméralisme se justifie vraiment. La seconde chambre du Parlement, dans ce genre d’Etats, constitue l’instance de représentation des divers Etats composant la Fédération. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, le Sénat qui coexiste avec la Chambre des représentants au sein du congrès, exprime les intérêts des Etats fédérés. En Allemagne, à coté du Bundestag, il y a le Bundesrat, assemblée qui représente les différents Lander ; il en va de même du Conseil des Etats en Suisse etc. La deuxième Chambre est, en règle générale, le cadre de participation des unités fédérées au pouvoir législatif dans ces Etats.
Le Sénégal est un Etat unitaire et comme dans la plupart des Etats simples, la seconde Chambre est considérée comme le lieu de la représentation territoriale (C’est le cas en France, en Espagne, etc.). Les arguments brandis pour justifier le bicaméralisme dans un Etat unitaire ne résistent pas à l’analyse dans le contexte sénégalais. Ce n’est pas au Sénégal où l’on défendra l’idée de devoir casser le Parlement en deux (comme ce fut le cas en 1795 en France, en réaction à la toute puissance de la Convention, ou sous le second Empire, après la parenthèse républicaine de 1848-1851) pour obtenir l’équilibre du régime parlementaire. Le Parlement, trop puissant, est à affaiblir car gênant considérablement l’Exécutif. Au Sénégal, on pratique un présidentialisme pur et le Parlement, sans états d’âme, met son pouvoir à la disposition du président de la République et exécute tous ses désirs.
Ce n’est pas non plus au Sénégal où, l’idée de «chambre de réflexion» pour éviter les mesures hâtives, bâclées peut prospérer. Ce Sénat là n’a ni les ressources humaines en nombre suffisant, ni les pouvoirs constitutionnels pour renforcer l’action de freinage qu’imprime, par hypothèse, la cassure du Parlement en deux fractions. Oui, le constituant ne le veut pas, lui qui estime que même dans la procédure de révision de la Constitution, le Sénat ne peut pas empêcher l’adoption d’un projet ou d’une proposition de loi constitutionnelle. Même s’il dit non, la loi est transmise à l’Assemblée nationale, aux termes de l’article 71 al 2 de la Constitution, qui adopte définitivement. Restera alors l’approbation. En France, dans cette même matière, si le Sénat dit non, c’est terminé. Il n’y a aucune possibilité de contourner le Sénat s’il refuse de voter le projet ou la proposition dans les termes.
Même l’idée de présenter la deuxième chambre comme l’instance de représentation des collectivités décentralisées laisse sourire avec cette décentralisation plus institutionnelle que réelle. Une décentralisation avec des Collectivités locales sans moyens en rapport avec le volume des compétences transférées et sur qui pèse une épée de Damoclès : la dissolution en toute illégalité.
II- Ce Sénat là pose problème
Comme dans la plupart des autres parlements composés de deux Chambres, le bicaméralisme sénégalais fait la part belle à l’Assemblée nationale, Chambre issue du suffrage universel direct. L’Assemblée dispose de pouvoirs plus étendus que ceux du Sénat. C’est la volonté du constituant sénégalais manifestée à travers plusieurs dispositions :
Le Sénat ne peut pas demander la tenue d’une session extraordinaire
Le Sénat ne peut pas déclencher la procédure de révision de la Constitution
Le dernier mot appartient à l’Assemblée nationale en cas de désaccord entre les deux Chambres.
Le Sénat ne peut pas mettre en jeu la responsabilité politique du gouvernement. Autrement dit, les Sénateurs ne peuvent pas, comme les députés, faire démissionner le Premier ministre.
Tous les projets et propositions de lois (à l’exception des propositions initiées par les sénateurs) sont déposés et examinés en premier lieu par l’Assemblée nationale.
La déclaration de politique générale est présentée devant l’Assemblée nationale.
- C’est l’Assemblée nationale qui fixe la date d’ouverture et la durée des sessions ordinaires (à l’exception de la date d’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale ou du Sénat)
La déclaration de guerre est autorisée par l’Assemblée nationale.
Aucune fonction n’est reconnue au Sénat en période d’état de siège ou d’état d’urgence contrairement à l’Assemblée qui se réunit de plein droit et qui a la compétence d’autoriser la prorogation de la période d’exception.
Seule l’Assemblée nationale peut déclarer l’urgence pour réduire de moitié le délai de promulgation
Seul le président de l’Assemblée nationale a la faculté de promulguer la loi en cas de carence du président de la République.
L’énumération est longue mais elle est nécessaire pour comprendre que le constituant a bien donné la primauté à la Chambre issue du suffrage universel. C’est normal. Nous sommes en démocratie et dans une démocratie, tout pouvoir doit provenir du peuple. C’est dire donc que le débat soulevé, il y a quelques temps sur la primauté du Sénat, est incongru. Des raisons politiques sont certainement à la base de la décision du président de la République de faire présider le congrès par le président du Sénat. De la pure politique politicienne. Le fait que la Constitution française confie au président du Sénat l’exercice provisoire des fonctions de président de la République en cas de vacance du pouvoir ne s’explique que par sa «permanence» (Le Sénat ne peut pas être dissout contrairement à l’Assemblée nationale). Malgré cela, c’est le président de l’Assemblée qui préside le congrès et c’est le bureau de l’Assemblée, le bureau du congrès.
Ce Sénat là pose problème, avons-nous dit. Dans le préambule de la résolution portant règlement intérieur du Sénat, il est mentionné qu’il y a, avec la naissance du Sénat, «un vrai bicaméralisme» au Sénégal. Eh bien, nous saurions gré aux sénateurs de bien vouloir éclairer notre lanterne par rapport à cette notion de «vrai bicaméralisme». Un bicaméralisme inégalitaire, nous connaissons. Le bicaméralisme français est inégalitaire, l’Assemblée nationale disposant de pouvoirs plus étendus que ceux du Sénat. Un bicaméralisme égalitaire, nous connaissons également. Le bicaméralisme italien est égalitaire, les deux chambres du Parlement ont strictement les mêmes pouvoirs. Un vrai bicaméralisme, nous ne connaissions pas. S’il y a un vrai bicaméralisme, c’est qu’il y a quelque part un faux bicaméralisme. Notre conviction est profonde. Le système sénégalais est un faux bicaméralisme.
III- Ce Sénat se paie même le luxe de… violer la Constitution.
Alors que la Constitution, en son article 80 al 2 dispose que, par dérogation aux dispositions de l’article 71, les propositions de lois initiées par les sénateurs sont examinées en premier lieu par le Sénat, l’article 52 al 2 du Règlement intérieur du Sénat indique que le président du Sénat transmet la proposition de loi accompagnée de l’avis du président de la République, au président de l’Assemblée nationale en vue de son examen par celle-ci en première lecture. Le Sénat contredit ainsi le constituant qui veut qu’en toute circonstance, l’Assemblée nationale ait le dernier mot. Simple erreur ou volonté de contourner une incongruité ? Allez savoir. Incongruité car voilà, par l’exemple, ce que dit la Constitution. Un sénateur initie une proposition de loi qui fixe une orientation bien déterminée. Cette proposition est examinée et adoptée à l’unanimité par le Sénat. Elle est transmise à l’Assemblée. Les députés ne voient aucune pertinence à cette proposition, la dénaturent complètement et l’adoptent. Le constituant dit que les sénateurs n’y peuvent rien. Espérons que ce n’est pas pour contourner ce problème que les sénateurs, dans leur Règlement intérieur, ont prévu, en violation de la Constitution, que s’ils initient une proposition de loi, c’est l’Assemblée qui examine d’abord et leur transmet ensuite pour adoption définitive.
Ce Sénat là est un mal né. Pour avoir annoncé l’idée de créer un Sénat dans sa réponse à la question sur les remous qui secouent le parti au pouvoir, le président de la République a confirmé dans leur conviction ceux qui pensent qu’il faut chercher ailleurs que dans la consolidation du système démocratique, les raisons de cette volonté de passer à un parlement bicaméral.
Parce que c’est un mal né, il sera difficile de restaurer la confiance des citoyens envers cette institution très prompte à organiser des visites de terrain sans aucune suite législative.
Sa seule raison d’exister est, finalement, de servir de lieu de promotion social et politique.
Abdoulaye DIEYE - Docteur en droit - Fsjp - Ucad
ENTREPRISES- Pour une gestion performante : Les Administrateurs initient un Code de gouvernance
19-03-2009 Un ensemble de bonnes pratiques de gestion d’entreprises, sans caractère contraignant, rassemblées sous forme de Code de gouvernance, permettrait d’améliorer les performances des entreprises sénégalaises. C’est la conviction des membres de l’Institut sénégalais des administrateurs.
Par Mohamed GUEYE
La mode est à la gouvernance publique et privée. Dans les pays développés où plusieurs observateurs tendent à considérer que la crise financière est la conséquence de défauts dans les systèmes de régulation, on commence à penser, de plus en plus, qu’il faut mettre en place des mécanismes qui imposent aux entreprises de se soumettre à des modes de fonctionnement qui mettent en avant la transparence et les bonnes pratiques de gestion. Le Sénégal, jamais en retard d’une bonne idée, a précédé plusieurs pays dans ce domaine.
Depuis quelques semaines, l’Institut sénégalais des administrateurs (Isa) travaille à la mise en place d’un Code de gouvernance d’entreprises. Hier, certains de ses membres ont annoncé avoir mis en place un groupe de travail qui doit élaborer ledit Code et le présenter d’ici l’année prochaine. Le groupe de travail en question, est piloté conjointement, par le professeur d’Université Abdoulaye Sakho et par un expert français en gouvernance, M. Emmanuel du Boullay.
M. Mamour Fall, expert comptable, et membre de l’Isa, a indiqué que l’initiative du Code de gouvernance vient de tous les secteurs financiers du Sénégal. Les grandes structures patronales, Cnp et Cnes, y sont associées, ainsi que la Chambre de commerce et d’industrie de Dakar. Le président de l’Isa, le banquier Abdoul Mbaye, a ajouté que le futur Code de gouvernance est un moyen d’améliorer les performances de l’entreprise. Il a souligné que la mise en œuvre de bonnes pratiques de gestion par les dirigeants d’une entreprise, est une marque de confiance pour les partenaires de ladite entreprise.
Les banquiers ou les futurs investisseurs d’une société, sont plus enclins à travailler avec une société qui a un Conseil d’administration, qui respecte des règles de gestion transparente et qui a mis en place, en son sein, un comité d’audit, qu’avec une structure qui appartient à une seule personne, qui en est le seul propriétaire, et qui prend toutes les décisions, et ne possède pas de mécanismes de contre-pouvoir.
Le professeur Abdoulaye Sakho, qui a introduit l’enseignement de la régulation dans le cursus de la Faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop Dakar, a tenu à rappeler que la notion de gouvernance d’entreprises est enseignée au Sénégal depuis les années 1990, et n’est pas totalement inconnue dans le monde de l’entreprise, dont certaines la pratiquent, même à petite échelle. Maintenant pour l’Isa, l’idée est de faire que ce qui est déjà enseigné à l’Université, puisse profiter à l’entreprise. C’est là, selon le développement de Abdoulaye Sakho, qu’intervient l’Isa.
Le futur Code devrait, dans un premier temps, comprendre plusieurs règles générales de gestion de l’entreprise, pour entraîner l’adhésion de plusieurs chefs d’entreprises. Abdoul Mbaye déclare que, bien que l’adhésion y est libre et ouverte à tous, sont d’abord visées, les plus grandes sociétés, les banques, les sociétés d’assurances, et celles qui sont cotées en bourse. Le Code accepte également l’adhésion de grandes entreprises à participation publique, ainsi que des concessions de service public.
Cette initiative d’élaboration d’un Code de gouvernance d’entreprises au Sénégal, est une première dans la région de l’Uemoa. Et, elle a reçu le soutien de la Société financière internationale (Sfi), la filiale de la Banque mondiale, qui finance les initiatives du secteur privé.
mgueye@lequotidien.
APPUI - Assainissement des systèmes financiers
La France appuie les administrations financières et économiques du Sénégal
L’ambassadeur de France indique que l’assainissement des administrations financières du Sénégal, contribuerait à renforcer le civisme fiscal.
Par Safiétou KANE
Le ministre délégué chargé du Budget, M. Mamadou Abdoulaye Sow, a présidé la réunion du Comité de pilotage du Projet d’appui aux administrations financières et économiques du Sénégal (Pafies II). Une réunion tenue en présence de Monsieur Jean Christophe Rufin, ambassadeur de France au Sénégal. Durant la cérémonie protocolaire, l’ambassadeur de France qui a salué la campagne de communication «fort pertinente sur le civisme fiscal», a quand même souligné lors de cette rencontre que «des résultats ne peuvent être obtenus en la matière qu’avec le déploiement d’efforts conjugués des deux parties». Mais aussi que, l’administration ne pourra «obtenir une meilleure adhésion à l’impôt que si elle sait faire la preuve que l’argent public qu’elle collecte sera géré dans la transparence, l’efficacité et la rigueur». Il est d’avis que «le contribuable doit, en effet, avoir confiance dans le fonctionnement du système qui est chargé de prélever, de répartir ou d’utiliser le produit de l’impôt». C’est là tout le sens des réformes à mener «et c’est dans cet objectif que la coopération française entend vous appuyer, à travers ce projet Pafies notamment».
Le Pafies qui en est à sa deuxième phase, permettra de parachever la mise en œuvre des programmes de réforme au sein des administrations économiques et financières du ministère de l’Economie et des Finances, notamment au niveau des Directions générales des impôts et domaines, des Douanes et celle de la Comptabilité publique et du Trésor.
Il permettra également, de renforcer les capacités d’analyse de la Direction de la prévision et des études économiques et de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, pour la réalisation d’études et de statistiques économiques et financières. La Cour des Comptes ne sera pas en reste, dans le prolongement des appuis apportés par la coopération française, notamment par la Cour des comptes française.
Le Pafies apporte des ressources de 850 millions de francs Cfa, auxquels il faut ajouter une équipe d’assistance technique à la mise en œuvre de ces réformes. Et, ce premier comité de pilotage va décider des prochaines stratégies opérationnelles qui seront prises dans les prochaines semaines. Pour rappel, le Pafies se fixe comme objectif de contribuer au renforcement des capacités des administrations économiques et financières sénégalaises, ainsi que de la Cour des comptes, pour une gestion plus efficace et plus transparente des finances publiques dans l’exécution des recettes comme des dépenses. Et le projet s’articule sur trois composantes, dont la première vise à contribuer à la sécurisation et au renforcement des recettes publiques, ainsi qu’à l’amélioration de la transparence de la dépense publique.
La seconde vise à accompagner l’amélioration de la qualité de l’information statistique et économique et de contribuer au renforcement du contrôle externe, à travers un appui à la cour des comptes. Selon Rufin, d’importantes réformes doivent être menées dans ces domaines. Qu’elles concernent la mobilisation des recettes avec un renforcement du contrôle fiscal, la transparence de la dépense avec le déploiement et l’exploitation du progiciel de comptabilité publique, la mise en œuvre du schéma directeur de la statistique et notamment la formation des statisticiens, ou encore le renforcement du contrôle externe des finances publiques. «Une conduite efficace de toutes ces réformes nécessite une implication forte de l’ensemble des acteurs, du plus haut niveau à l’ensemble des agents du ministère et des agences ou institutions concernés.»
sakane@lequotidien.
REDECOUPAGE ADMINISTRATIF - Les nouvelles entités dans les scrutins locaux de dimanche
19-03-2009
Un enjeu électoral de 380 000 cartes à négocier
Dans les régions nouvelles de Kaffrine, Kédougou et Sédhiou, et à Thiès morcelée en communes d’arrondissements, la bataille des élections locales de dimanche aura un cachet particulier. A l’exception de Sédhiou et Kédougou, le Président Abdoulaye Wade avait en effet été laminé ou mis en minorité lors de l’élection présidentielle de février 2007 à Thiès et Kaffrine. Avec le redéploiement des électeurs imposé par le redécoupage administratif, c’est d’un référendum dont il sera question le 22 mars.
Par Momar DIENG
Mercredi 11 mars, Cheikh Hadjibou Soumaré s’est présenté à son centre de vote habituel situé au dispensaire de Grand Thiès pour retirer sa nouvelle carte d’électeur. Cette démarche, normale, du chef du Gouvernement a, néanmoins, suscité des interrogations et surtout des inquiétudes chez beaucoup d’électeurs peu décidés à rater les scrutins locaux du 22 mars, à l’occasion des élections régionales, municipales et rurales. Pourquoi le Premier ministre n’entre-t-il en possession de sa carte d’électeur «que» maintenant ? De supputations peu crédibles en tentatives d’explications plus ou moins valables, il fallait bien s’approcher de l’organisateur des élections. A cet effet, le directeur de la Formation et de la Communication du ministère de l’Intérieur a éclairé notre lanterne. Selon Macoumba Coumé que Le Quotidien a joint au téléphone en fin de semaine dernière, l’acte de Cheikh Hadjibou Soumaré est en parfaite adéquation avec les dispositions nouvelles imposées par le redécoupage administratif survenu en 2008.
Après la création de nouvelles Collectivités locales comme les régions de Sédhiou, Kaffrine et Kédougou, tous les électeurs potentiels résidant dans lesdites zones concernées par le redécoupage administratif doivent se procurer une nouvelle carte d’électeur. Selon Macoumba Coumé, c’est ce changement territorial qui explique le déplacement du Premier ministre à son centre de vote où, en échange de son ancienne carte, celle avec laquelle il avait voté à l’élection présidentielle de février 2007 et aux législatives de juin de la même année, une nouvelle carte d’électeur lui a été remise. En effet, Thiès fait partie des Collectivités locales morcelées : il y a trois communes d’arrondissements (Zone Est, Zone Nord, Zone Ouest) en plus de Thiès-ville.
Très critiqué par l’opposition et par de nombreux secteurs de la société civile, le redécoupage administratif d’une partie du Sénégal pourrait avoir des incidences certaines sur l’organisation des élections régionales, municipales et rurales de dimanche prochain. Outre le coût financier induit par la destruction des cartes numérisées utilisées lors des scrutins de 2007 et par la fabrication de nouvelles pour les populations concernées par le redécoupage, ce remembrement administratif assimilé, ailleurs, à une volonté délibérée du président de la République de se prémunir de désillusions annoncées possibles, comporte aussi des risques politiques énormes pour les listes en compétition car le stock de nouvelles cartes en jeu est lourd.
Idrissa Seck,
le plus menacé
D’après nos investigations, ce total est d’environ 380 000 unités réparties entre Kaffrine (160 000 cartes environ), Kédougou (34 000 environ), Sédhiou (à peu près 27 000) et Thiès (160 000 environ). Pour cette dernière Collectivité locale, ce chiffre ne concerne que les quatre zones citées plus haut (Est, Nord, Ouest et Thiès-ville), ainsi que les localités de Ngaparou, Popenguine, Saly Portudal et Somone.
Le noyau dur du fichier électoral est, sans doute encore en place, mais le redécoupage administratif accompagné d’un processus de redistribution des cartes pourrait affaiblir l’influence de Idrissa Seck. Dans son bastion du département de Thiès, le leader de Rewmi avait laminé ses adversaires de façon impitoyable en obtenant 95 833 suffrages à la présidentielle du 25 février 2007. Arrivé deuxième, Me Wade en était quasiment à moitié moins (49 319 voix) ! Le remembrement de Thiès en communes d’arrondissements autorise-t-il encore un tel écart ?
A Kaffrine qui était alors un département, le président de la République était certes arrivé en tête des candidats avec près de 46,38% des suffrages. En théorie, cela signifie que l’opposition qui présentait des candidatures multiples pouvait y revendiquer le statut d’entité majoritaire au total des voix.
Cependant, dans une autre Collectivité locale concernée par le redécoupage administratif, l’argument du «coup politique» orchestré par le président de la République est loin d’être pertinent. En effet, Me Wade était très largement arrivé en tête du scrutin dans l’ex-département de Sédhiou (67 694 voix), larguant son dauphin Robert Sagna à 9 332 suffrages.
Aujourd’hui, la situation de crise généralisée qui touche autant les ménages que les entreprises a installé un certain climat de défiance contre le chef de l’Etat. Son implication personnelle dans la campagne électorale donne une dimension nationale incontestable aux scrutins locaux de dimanche. A cet effet, les 380 000 nouvelles cartes d’électeur pour les zones réformées pèseront de leur poids dans ce qui est considéré comme un référendum.
momar@lequotidien.sn
SUD QUOTIDIEN :
ELECTIONS LOCALES DU 22 MARS 2009 : UN MOMENT PROPICE POUR REPENSER LA DECENTRALISATION.
par , jeudi 19 mars 2009
Après avoir fait l’objet d’un report fort controversé, les consultations locales vont avoir lieu dans quelques jours.
Ce scrutin qui va permettre de renouveler les organes de direction des collectivités décentralisées, devrait fournir l’occasion pour s’interroger sur ce qui pourrait être le vrai enjeu de la décentralisation au Sénégal et sur les nouvelles avancées qu’’appelle son approfondissement.
Par la création de collectivités correspondant aux ressorts régionaux et de la communauté rurale, après les municipalités, l’Etat du Sénégal s’est engagé à décentraliser le pouvoir dans plusieurs domaines en le confiant à ces nouvelles personnes morales de droit public.
Mais la préoccupation majeure, au-delà de la promotion de la démocratie à la base en restituant aux populations certains pouvoirs de décision, devrait être de favoriser la déconcentration des activités économiques pour rééquilibrer le développement du pays. Voilà pourquoi, en plus des compétences qui ont été transférées aux collectivités locales, il conviendrait de s’interroger sur les voies qui peuvent conduire, en s’appuyant sur les régions, à la création de nouveaux pôles de développement, dans différents secteurs de l’économie.
Promotion de la démocratie à la base
Le premier intérêt d’une décentralisation, c’est de permettre aux populations d’administrer elles – mêmes (ou par le biais de représentants directement choisis par elles) les affaires qui les concernent, dans l’espace où elles vivent et exercent leurs activités.
En 1996, une loi a institué le code des collectivités locales. Ce code détermine les règles d’organisation et de fonctionnement des régions, communes et communautés rurales.
Mais en ce qui concerne ces règles, un nouveau progrès pourrait être obtenu grâce aux mesures suivantes :
• de manière à amener les élus à se consacrer exclusivement à leur mission et donc rendre leur action la plus efficace possible, instituer une incompatibilité entre les fonctions de maire et de président de conseil rural avec le mandat de parlementaire (ce qui s’applique déjà au président de conseil régional).
• exclure les partis politiques formés sur une base nationale, des élections locales, au profit des listes de candidatures indépendantes, de sorte que les élus locaux n’aient aucune allégeance vis-à-vis des grands partis, et n’aient de comptes à rendre qu’aux populations qui les ont investis de leur mission.
• instituer des élections primaires dans les quartiers, dans les villages et dans les arrondissements, pour désigner les candidats, respectivement, aux conseils municipaux, ruraux et régionaux, afin d’établir un lien encore plus étroit entre les élus et les populations.
L’avantage que présentent ces dispositions est qu’elles peuvent faire que les élus soient des mandataires de proximité, vivant de manière permanente au milieu de leurs mandants, offrant une accessibilité immédiate et ayant une connaissance parfaite des besoins, difficultés et préoccupations des populations.
En effet il est grand temps que l’élu soit le vrai représentant de la population et cesse d’être celui du parti auquel il appartient et surtout de l’appareil de ce dernier.
Ce réajustement est d’ailleurs devenu une urgence nationale, car les risques que font courir à la démocratie les majorités mécaniques sont d’une réelle gravité, dans la mesure où la forme de l’Etat pourrait elle même un jour être remise en cause : en effet tout ce qu’interdit la constitution, peut se trouver autorisé, au terme d’une modification de cette dernière opérée par une majorité.
Une réflexion doit donc être menée concernant le statut des partis politiques, ainsi que celui du parlementaire, pour prévenir ce type de dérives dont la survenance serait grosse de dangers pour la paix civile. Une telle démarche n’est nullement liée à quelque conjoncture que ce soit ; son but est simplement de sauvegarder les fondements de notre république et de rendre pérenne et stable notre démocratie.
Mais, d’un autre côté, et pour revenir à la décentralisation, un frein véritable à la réussite de celle-ci et qui a été unanimement déploré, c’est le niveau d’instruction insuffisant des élus, en particulier concernant les conseils ruraux et régionaux. Pour faire face à cette difficulté, il serait temps d’imposer un critère de niveau de formation pour prétendre à tous ces mandats, notamment celui de président de conseil rural et de membre du bureau de conseil régional. De plus, un système de formation permanente, à travers une école des élus locaux, devrait être institué, assorti de programmes spécifiques, en rapport direct avec la nature des compétences et aptitudes que requiert le caractère de plus en plus complexe des tâches d’administration du développement.
L’article 28 de la loi portant code des collectivités locales (alinéa 3) prévoit bien que « les membres du bureau du conseil régional, en raisons des responsabilités qui leur sont dévolues, doivent savoir lire et écrire », mais, de toute évidence, cela n’est pas suffisant.
Par ailleurs, l’article 9 de la même loi stipule dans sa deuxième partie, que « les élus des collectivités locales ont droit à une formation adaptée à leur fonction », mais, comme chacun a pu le constater, cela est loin d’avoir été le cas.
Et c’est sans aucun doute la disponibilité de ressources humaines de qualité qui est le préalable de tout nouvel approfondissement de la décentralisation. En attendant donc que les dirigeants des collectivités locales parviennent à ces niveaux de compétence, l’on peut envisager la mise en place auprès d’eux, de cabinets d’étude et de conseil pour leur apporter l’assistance nécessaire dans les différents secteurs d’activité. Il faudrait néanmoins se fixer un délai, par exemple 5 ans, c’est-à-dire la durée du prochain mandat, pour mettre en vigueur le critère de niveau adéquat de formation comme condition d’éligibilité.
Une plus grande participation des collectivités locales dans le développement économique
C’est aussi une loi de mars 1996, modifiée en 2002 et en 2004 qui fixe les compétences transférées aux collectivités locales par l’Etat. Elles concernent pour l’essentiel l’environnement et la gestion des ressources naturelles, l’hygiène, l’urbanisme et l’habitat, l’éducation et l’alphabétisation, la jeunesse et les sports, la santé, la culture et les loisirs.
Mais force est de constater que ces transferts sont loin d’être parfaits. Les mesures suivantes devraient intervenir pour réaliser des progrès substantiels et faire des collectivités décentralisées de véritables acteurs du développement :
• pour les domaines que sont l’environnement, la jeunesse et les sports, l’urbanisme et l’habitat, l’hygiène, à quoi l’on ajouterait la micro finance et l’entreprenariat féminin, transférer la totalité des compétences et des services de l’Etat ; à cette effet, expérimenter dans un premier temps, la suppression des départements ministériels correspondants et transférer les budgets qui leur étaient dédiés ; ensuite, si les résultats sont probants, étendre la mesure au tourisme et à la culture.
Le Sénégal n’est certes pas un Etat fédéral, mais songeons à la Suisse dont le territoire ne s’étend que sur 41 000Km2 (soit un peu plus du cinquième de la superficie de notre pays), et qui compte 23 cantons tous dotés de la souveraineté interne, et cela fonctionne !
• pour l’hydraulique rurale, confier aux régions la supervision de la gestion des forages et de la distribution de l’eau, les comités de gestion de ces ouvrages ayant révélé leurs limites : insuffisances notées dans l’entretien préventif, non prise en compte de la nécessité d’assurer la continuité du service public, tarification souvent inadaptée, etc (tout cela découlant du manque d’instruction de la plupart des responsables des dits comités)
• concernant l’énergie, attribuer aux régions de nouvelles responsabilités dans l’édification et la gestion de centrales solaires destinées à alimenter les localités situées dans leur ressort et contribuer ainsi à réduire les difficultés observées dans ce secteur
• pour le réseau routier, reconnaître aux régions les compétences dans l’édification et l’entretien des axes reliant entre eux les chefs lieux :
de département,
d’arrondissement
de communauté rurale
• doter le ministère des collectivités locales de moyens additionnels rendus nécessaires par l’extension de sa fonction de coordination entre les collectivités locales
• au plan organique, instituer dans le bureau du conseil régional, autant de postes de vice président que de secteurs de compétence transférée, de manière à assurer une spécialisation, gage d’une meilleure efficacité
• concernant les ressources, maintenir les fonds existants, mais relever fortement leur niveau et les exprimer en proportion des ressources du budget national tant pour l’investissement que pour le fonctionnement courant : par exemple, on pourrait imaginer que 25% des ressources du budget national (et non seulement 25% de la tva, comme cela avait été prévu et jamais appliqué) soient affectés aux collectivités décentralisées.
• concevoir, par les soins de l’Etat, un programme spécifique tendant à développer des métropoles d’équilibre autour d’activités pour lesquelles ces dernières présentent le plus grand nombre d’atouts : par exemple, Thiès pour les industries mécaniques, les cultures de légumes et fruits pour l’exportation en plus des phosphates, Louga pour l’artisanat, les produits d’élevage et l’industrie artistique produisant pour l’exportation (musique, théâtre, chorégraphie, etc…), Diourbel et Touba pour une déconcentration des services (banques, télécommunications, assurances), Ziguinchor pour la transformation des matières agricoles et alimentaires, Saint Louis et Matam pour assurer rapidement l’autosuffisance en riz et la production des légumes de grande consommation (oignons, tomate et patate douce), auxquelles s’ajouterait la culture à grande échelle de bananes pour l’exportation, etc…
Un tel programme devrait s’articuler autour d’objectifs ambitieux de production, ciblant à la fois le marché intérieur et l’exportation et être assorti d’importants investissements dans les infrastructures et les équipements. Les régions seront associées à la conception de ce programme et conviées à participer à son exécution ; surtout les petites et moyennes entreprises installées dans chaque région devront bénéficier d’une préférence dans l’attribution des marchés relatifs à la réalisation du programme, et intéressant leur ressort territorial, la densification du tissu économique régional pouvant dépendre d’une telle option.
Pour conclure, notre pays doit s’appuyer sur la décentralisation pour activer son développement qui souffre de déséquilibres entre une capitale hypertrophiée et des régions réduites à la portion congrue ; entre un secteur primaire où l’on retrouve 65% de la population et auquel revient seulement 15% du produit intérieur, et les autres secteurs se partageant 85% de la richesse nationale, alors qu’’à peine 1/3 des habitants y sont occupés. D’autre part il est indispensable que les partis politiques se mettent réellement au service des populations et non l’inverse, et à cette fin, les intellectuels et politologues devraient s’efforcer d’élaborer de nouveaux schémas et concepts dont la mise en œuvre renforcera la démocratie et éloignera notre pays des sentiers qui finissent dans l’impasse.
Sidy DIOP ancien DG de la SOTEXKA (et auparavant conseiller technique au Ministère de l’Economie et des Finances)
Email sidyamadouyella@hotmail.com
Tragique déconsidération !
par Madior FALL | SUD QUOTIDIEN
Que diable fait-il dans cette galère, Me Wade ? À Podor, Diourbel, Fatick, Kaolack, partout où le président de la République passe avec sa caravane « électoralement bleue », pardon, « économiquement cramoisi ». Le rouge qu’il avait lui-même conseillé pour signifier tout mécontentement, toute colère à l’encontre de ceux qui gouvernent ou qui aspirent à gouverner la chose publique, coléreuses les populations l’ont étalé ; arborant ainsi mouchoirs et foulards rouges si elles ne sont pas tout bonnement habillées en rouge des pieds au cap.
Comme si on s’était donné le ton d’en rougir à travers le pays, la randonnée du chef de l’Etat et de la coalition Sopi 2009, en l’occasion plus chef de la coalition Sopi 2009 que de la Nation.
Cependant dans un monde qui va si vite, dans un monde si changeant, si évolutif quel bonheur de trouver un homme qui ne change pas. Me Wade est constant, il est le patron du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de la coalition Sopi, alors il descend prêter main forte à ses « frères » de parti et à ses compagnons de gouvernance pour conserver les places fortes bleues et/ou en engranger d’autres. Quand on veut conserver le pouvoir au moins pendant cinquante ans, on se doit d’amasser capital politique important.
Tant pis si entre temps l’équilibre institutionnel et la paix sociale en accusent les contrecoups. Un président qui bat campagne pour des élections locales, avouez qu’il n’y a pas beaucoup de grandeur et d’élévation là-dessus en plus du fait que cela viole, selon plusieurs juristes interrogés, allègrement la Constitution dont on est le gardien « élu ». Me Wade a toujours été, toujours ?,-pas si toujours que ça, il y avait un temps pendant les années de braise, l’opposant Wade fustigeait quand même la position de juge et partie de son éternel adversaire de l’époque, Abdou Diouf, Secrétaire général du Parti socialiste (Ps). Toujours est-il que sa posture de chef de parti, il a toujours refusé de la négocier.
Il est néanmoins de bonne intelligence de gouverner sur du raisonnable et raisonnablement. Pour autant que le raisonnable ait la cote ... au Sénégal depuis 2000 !
Alors que les problèmes prioritaires se nomment diète populaire, paupérisation croissante, nivellement des couches moyennes et pauvres, un nivellement inversement proportionnel à la fracture sociale qui s’accentue davantage entre immensément riches et extrêmement pauvres, décroissance, dette intérieure, situation sociale tendue marquée par des grèves répétitives dans tous les secteurs, la République se balade, elle, sur les routes caillouteuses du pays qu’elle aurait dû construire pour prêcher et pêcher de pauvres électeurs dont on peut acheter la carte à… 1500 Fcfa.
Elle les nargue ainsi lovée dans ses rutilantes et puissantes 8X8 qui vrombissent. À force de manipulation et désinformation harcelantes dont elles, ces populations, ont fait l’objet depuis 2000, elles en sont arrivées à la déconfiance.
Chose terrible ! éconsidérer en effet, la République et ses institutions à la tête desquelles, le président de la République en personne est tragique (le fou de Diourbel). Me Wade en porte cependant l’entière responsabilité, lui, qui s’est toujours défié du fait que la République est un mythe et des rites à sanctifier. Banalisant institutions républicaines et animateurs de celles-ci même s’ils tirent comme lui du suffrage universel leur légitimité. En dehors de lui personne d’autre n’existe. Revers : c’est lui qui paraît de plus en plus inexister pour ceux-là qui l’avaient porté en triomphe le 19 mars 2000. Le peuple du 19 mars est en colère. Son irascibilité semble avoir raison de son esprit critique beaucoup admettraient l’irraisonnable, pour autant qu’on en finisse, et vite !
C’est pourquoi le dimanche 22 mars est porteur de tous les clashs possibles. Déjà la campagne transformée en campagne référendaire par la présence du « Pa » et de son fils avec ce que d’aucuns même au sein de leurs propres cercles considèrent comme le schéma le plus irréalisable jamais conçu au Sénégal est heurtée. La violence y a fait son lit. Ce qui, tous, nous oblige - quelle que soit notre couleur raisonnable - de monter sur le pont pour tenter que la pirogue Sénégal passe les bourrasques annoncées. L’heure n’est plus à être de gauche ou de droite, social ou entrepreneur, riche et moins nanti, ...
Le véritable enjeu est la montée en puissance de la violence sociale enfantée par la pauvreté, la gabegie et le népotisme de gouvernants qui vivent dans leur bulle d’aisance. Depuis l’élection présidentielle de février 2007, agressions, incidents et incendies se multiplient, au point que la situation est devenue les sujets de conversations les plus prisés. Les populations terrorisées se terrent le soir venu.
De cette violence cependant à laquelle, ils semblent, parce que frappés de cécité aiguë laisser sa chance, naîtra grandi et plus fort des décombres un plus « grand » écrasement. Que Dieu nous en préserve, mais nous ne sommes nullement sortis de la cuisse de Jupiter ainsi que l’on veut naïvement l’accréditer. Les Sénégalais portent en eux, les mêmes germes de violence que les autres peuples de la Terre. Ils sont aussi fous que tout le monde.
Qui y crut que Kédougou s’embraserait un jour ? Il faut donc se convaincre que nous sommes comme les autres et cesser de jouer à l’Autriche, s’enterrant la tête pour ne pas voir ou développant notre habilité légendaire de différer les crises en des séances de salamalecs interminables où tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil, mais où la société et son devenir harmonieux et judicieusement réparti est bien absente.
Je crois pour ma part qu’il y a démocratie tant qu’il y a ni vainqueurs ni vaincus, ni gagnants ni perdants. Puisque tous y trouvent et n’y trouvent pas leur compte dans ce creuset de notre commun vouloir de vivre en commun qu’est l’Etat. Il nous revient donc d’en perserver les fondamentaux. Nous avons l’obligation de le faire pour les générations, non pas concrètes, ce qui ne veut rien dire du tout, mais bien pour les futures générations qui ne nous auraient même pas demandé de venir au monde mais dont nous avons pris la responsabilité de convoquer sur terre.
Que diable fait Me Wade dans cette galère électorale au point de se déconsidérer auprès d’un peuple, qui, en majorité, il y a seulement neuf ans en arrière l’a adulé comme jamais un chef d’Etat sénégalais ne l’a été ? Tragique déconsidération !
WALF FADJRI :
Rentrée politique de Karim Wade : Erreur de coaching ou stratégie délibérée ?
Il est un secret de polichinelle que la rentrée politique du leader de la Génération du concret n'a pas été des meilleures même si, par ailleurs, aucune œuvre humaine n'est parfaite. L'idée que Karim Wade a des conseillers politiques laisse sceptiques les observateurs de la scène politique. En effet, un conseiller en communication peut exceller dans son domaine professionnel, cependant la politique est une autre réalité. Les professionnels ‘politiciens’ ont l'habitude d'employer le terme de ‘cadre politique’ non pas pour désigner les spécialistes des questions politiques idéologiquement parlant, mais pour caractériser ceux qui sont rompus à la chose politique, c'est-à-dire cette catégorie d'individus à avoir le flair et les ficelles et tuyaux, bref qui font preuve de réal politique. Et à y voir de près, ce genre de personnel manque à la Génération du concret qui a pourtant un potentiel politique à déployer, à optimiser et capitaliser.
C'est à se demander si Karim n'a pas été victime de cette insuffisance. Car des conseillers en communication, il en a certes, mais fallait-il qu'il comblât cette lacune pour réussir sa rentrée politique pourtant tant attendue par les Sénégalais et des journalistes à la recherche d'un scoop des plus chers que le contexte politique ait jamais révélés. Cette absence de technostructure politique est d'autant plus manifeste que, dans bien des localités du Sénégal, les membres de la Génération du concret ont été laissés en rade malgré la position stratégique de Karim, position sur laquelle bien des membres de cette structure comptaient pourtant.
Les huées de Sandaga où gît le Sénégalais goorgorlu (débrouillard) et de la grande mosquée Thierno Seydou Nourou Tall où les frustrations des habitants de Reubeuss et Médina opposés au projet Kawsara Cbd étaient attendues, participent-elles d'objectifs stratégiques visés ? Voulait-on tester la popularité de Karim ou alors lui donner une carapace politique en conformité avec la célèbre formule politique de De Gaulle que ‘l'homme politique s'accomplit dans la traversée du désert’. Est-ce pour permettre à Karim de tâter le pouls des Sénégalais et s’enquérir du sentiment et de l’opinion qu’ils se font de lui ? Une telle stratégie n’a pas, en tout cas, été opératoire au regard de la salve de huées qui a ponctué la caravane du patron de la Génération du concret à ces deux passages. Et ces incidents étaient d’autant plus probables que la veille, le tracé de première journée de campagne de Karim a été dévoilé, donnant à ses adversaires la latitude de s’organiser et donc pouvoir prendre part à l’opération puisque certains révélateurs du rouge ne sauraient relever du hasard et de la spontanéité.
Les conseillers en communication de Karim, à n’en plus douter, ont de l’autocritique et des reproches à se faire puisqu’un tel scénario était prévisible : la mobilisation devait être le gage pour engloutir ou diluer les agissements et huées des adversaires. Pour les adversaires de Karim, c’est là la bonne affaire : une bataille gagnée mais sans doute pas toute la guerre puisque rien n’est encore joué, rien n’est encore gagné tant que le verdict des urnes n’est pas encore proclamé.
Pour Karim Wade, il s’agira de positiver cette épreuve et prendre conscience de l’énormité du défi à enjeux multiples : convaincre les sceptique, conquérir les suffrages des Sénégalais et réussir le cap d’un potentiel challenger de l’opposition dans la bataille pour la succession au fauteuil présidentiel au cas où Wade venait à partir. Mais pour réussir ce cap, Karim doit impérativement édifier l’opinion sur ses vraies ambitions pour gagner du temps et rassurer en même temps ses sympathisants et les électeurs flottant entre le pouvoir et l’opposition, encore indécis. Rassurer, c’est se faire un appareil politique véritable de conquête des électeurs, car, comme le dit l’adage : ‘Qui veut aller loin aménage sa monture.’ Les ratés dans les investitures doivent servir de leçon pour qu’un tel impératif soit envisagé dans les meilleurs délais.
Rassurer, c’est surtout communiquer, s’adresser aux Sénégalais par des messages forts et clairs sur son avenir politique, ses ambitions pour le Sénégal de demain, une obligation qui incombe du reste à toute la classe politique, en particulier aux prétendants à la magistrature suprême. Rassurer, c’est aussi affronter ses adversaires politiques par les débats, son programme et son projet de société. Rassurer, c’est se socialiser davantage avec les Sénégalais par des visites inopinées dans les lieux publics, dans les campagnes, dans tous endroits polarisant les Sénégalais quels que soient par ailleurs leur statut, leur niveau de vie.
Karim peut se prévaloir de ses atouts du reste très nombreux. Son expérience acquise par sa participation à la gestion des affaires à travers l’Anoci, dont la lourdeur de la charge et l’ampleur des infrastructures ont fini de montrer la facette d’homme courageux et ambitieux pour son pays. Cette ambition pour son pays transparaît aussi dans son implication active dans des dossiers porteurs de lendemains pour le Sénégal. En effet, outre les chantiers de l’Anoci, il a influé dans la venue de Dubaï Ports World, quatrième opérateur portuaire mondial, et sa filiale Dubaï qui ont été choisis pour développer et exploiter le port de Dakar pour un investissement de l'ordre de 500 millions d'euros. Ce projet a été consolidé par la conclusion d'un accord avec Jafza, une autre filiale de Dubaï World, visant la construction et le droit d'exploitation d'une Zone économique spéciale proche du nouvel aéroport international de Diass. Pour un coût de 800 millions de dollars. Enfin il y a le secteur des télécommunications pour lequel le groupe soudanais Sudatel est déjà opérationnel avec le réseau Expresso.
Mais le leader de la Génération du concret a beau avoir ces acquis par-devers lui, il aura davantage besoin d’un bon appareil de communication politique pour accélérer la cadence de son ascension vers le sommet si une telle ambition figure encore dans son agenda. Il doit impérativement donner des gages de sécurité en parlant davantage aux Sénégalais, en étant à leur côté, car les gens ne le sentent pas encore dans l'arène et c'est sans doute pourquoi ils sont encore sceptiques.
Maïssa GOUDIABY Lycée Lamine Guèye de Dakar goudiam2001@yahoo.fr