Le Sénégal dessine la carte de ses priorités
les Assises nationales :la ‘’Charte de gouvernance’’
APS : Vendredi 22 Mai 2009
Les ’’ Assises nationales ’’ pour une traduction de la Constitution en langues nationales
Dakar, 22 mai (APS) - La ‘’Charte de gouvernance’’ rendue publique vendredi par les Assises nationales liste une série de propositions destinées à un meilleur fonctionnement des institutions, dont la traduction de la Constitution en langues nationales.
’’Pour sa nécessaire stabilité’’, le texte fondamental doit en même temps contenir des dispositions indiquant ‘’clairement les domaines qui ne peuvent pas faire l’objet de révision’’, à côté des ‘’domaines de révision soumis obligatoirement au référendum’’.
’’Les différents pouvoirs doivent être bien équilibrés, et jouer leur rôle avec l’autonomie suffisante pour exercer leurs missions’’, stipule le document lu et signé par l’ensemble des parties prenantes des Assises nationales au cours d’une rencontre avec la presse.
De même, le document arrête que ‘’le président de la République sera dorénavant passible de poursuites judiciaires pour des crimes et délits caractérisés commis durant l’exercice de ses fonctions’’.
Le président de la République ne peut aussi être ’’ni chef de parti politique ni membre d’une association quelconque durant l’exercice de ses fonctions’’.
S’y ajoute qu’à la fin de son mandat, aucun membre de sa famille (ascendant, descendant, collatéraux, au premier degré, conjoint) ‘’ne pourra pas lui succéder immédiatement’’.
Le document stipule, dans le même sens, que ‘’le cumul des mandats et le nombre de mandats successifs sont strictement limités pour toutes les fonctions électives’’.
La ‘’Charte de gouvernance’’ qui ne constitue qu’une partie des propositions et publications à venir des Assises nationales, propose une ‘’vision’’ pour le Sénégal, des ‘’valeurs’’ et un ‘’modèle de gouvernance’’.
Lue et signée par l’ensemble des parties prenantes, cette ‘’Charte de gouvernance démocratique’’ énumère un ensemble de propositions destinées à améliorer le fonctionnement des institutions et de la gouvernance politique, économique et sociale.
A travers ce document, les acteurs des Assises nationales se sont engagés dans l’action citoyenne de tous les jours et ‘’dans l’exercice de tout mandat et de toute responsabilité, à mettre en œuvre et à veiller au respect’’ de ses dispositions.
Commentant ces différentes propositions, le président du bureau des Assises nationales, Amadou Makhtar Mbow a dit qu’elles constituent ‘’un cadre’’ qui permettra de refonder l’Etat sénégalais et son système économique et social, tout en impulsant le développement du pays.
‘’Un comité de suivi sera mis en place pour permettre à chacune des parties prenantes, aux citoyens et citoyennes de manière générale, de suivre et d’apprécier le respect de la Charte par les personnes, organisations ou institutions qui se sont engagées dans ce sens’’, selon le document.
‘’Chaque partie prenante, à quel que niveau de responsabilité où elle se trouve impliquée, devra faire montre d’attitudes et de comportements compatibles avec les principes, valeurs, règles et mesures contenus dans la présente charte’’, ajoute la même source.
Auteur: BK/AD
APS : Vendredi 22 Mai 2009
Le gouvernement invité à faire baisser le prix de l’huile
Dakar, 22 mai (APS) – Le Réseau des jeunes parlementaires du Sénégal a dénoncé vendredi à Dakar la hausse sur le prix de l’huile et demandé au gouvernement de tout faire pour le diminuer.
‘’Nous dénonçons la hausse déclarée du prix de l’huile et demandons au gouvernement de tout faire pour le diminuer’’, a notamment indiqué Tafsir Thioye, coordonnateur du Réseau au cours d’un point de presse.
‘’Nous demandons au nouveau gouvernement de prendre à bras le corps la question de l’emploi des jeunes qui demeure toujours au cœur des préoccupations des populations dans ce contexte de crise, malgré les efforts consentis sur la question depuis 2000’’, a-t-il encore dit.
‘’Nous demandons (aux ministres) en attendant la déclaration de politique générale du Premier ministre, de travailler à faire baisser les prix des denrées de première nécessité’’, a-t-il souligné.
LE QUOTIDIEN :
SITUATION NATIONALE - A propos de la récente modification de la Constitution.
22-05-2009
L’Afp dénonce la loi créant le poste de vice-président
Par Elise KERGAL
Le Bureau politique de l’Alliance des forces du progrès (Afp), opposition, s’est réuni mardi 19 mai, sous la présidence l’ambassadeur Falilou Kane, Secrétaire national chargé des relations extérieures, en l’absence de Moustapha Niasse, Secrétaire général. Cette réunion avait deux objectifs : des discussions sur la situation nationale et sur la vie du parti. Le bureau de l’Afp a examiné la situation créée par Me Wade en demandant à ses élus, contre la volonté de l’écrasante majorité des Sénégalais, de voter la loi scélérate créant un poste de vice-président. Ce vote a donné l’occasion à tous les membres du bureau de se prononcer sur cette incongruité et à la dénoncer avec vigueur.
Le Bp a salué avec force le courage et la clairvoyance de tous les députés, qui ont manifesté leur opposition par leur vote et leurs propos, tous les hommes politiques et tous les citoyens qui se sont spontanément inscrits dans le front du rejet.
Le bureau de l’Afp s’est également réjoui du choix du principal sujet à l’ordre du jour, lors de la tenue de la 44e session des Assemblées du groupe de la Banque africaine de développement (Bad) à Dakar (14 et 15 mai 2009). Le thème majeur traitait les répercussions de la crise économique et financière sur les économies des pays africains. Après la tenue en avril du sommet du G20 à Londres, où d’importantes décisions avaient été prises pour juguler les effets de la crise dans le monde, la réunion de la Bad à Dakar a donné l’occasion à cette institution d’en examiner les effets dans les pays africains, tout en explorant les différentes pistes qui nous permettraient d’en amortir les conséquences sur nos exportations et la croissance de nos économies.
Stagiaire
COMITE DE PILOTAGE - Après la signature d’une charte, aujourd’hui.
22-05-2009
La restitution publique des Assises nationales prévue dimanche prochain Une signature de la charte par les organisations parties prenantes aux Assises nationales aura lieu aujourd’hui au siège des Assises au Point E. Cette cérémonie à laquelle est conviée la presse entre dans le cadre des con-clusions des Assises nationales.
Quant à la restitution publique des conclusions de ces Assises, elle se déroulera dimanche prochain dans la matinée au Méridien-Président.
PERSPECTIVE - Engagement mol pour une transparence juste : Bennoo et la tentation du vice de fond.
22-05-2009
On ne peut présager de rien, mais à travers l’absence d’engouement manifestée par la Coalition Bennoo Siggil Senegaal pour un principe pratique de transparence, on perçoit aisément les signes d’une reproduction des tares de la gouvernance libérale. Par rapport aux résultats des Locales du 22 mars, ce serait un dangereux vice de fond dont les Sénégalais ne veulent pas. Le principe de la déclaration de patrimoine n’attire pas trop les nouveaux maîtres des Collectivités locales issus des élections régionales, municipales et rurales du 22 mars dernier. Entre ceux qui s’astreignent courageusement à cet exercice de transparence, ceux qui demandent un temps de réflexion, ceux qui y voient une fumisterie, et ceux qui s’y refusent de manière catégorique, se joue déjà un enjeu sociétal. Aujourd’hui, il est en effet question de rupture dans l’identification et l’application de principes fondateurs de bonne gouvernance au Sénégal. Les scandales infinis qui ont jalonné les neuf dernières années ont paradoxalement cet avantage insoupçonné d’avoir rendu incontournables une approche et un exercice différents des responsabilités publiques en matière de gestion.
Car, et il ne faut jamais l’oublier, les listes de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal ont été plébiscitées sur les décombres de la gabegie financière et foncière érigée en gouvernance locale par des élus libéraux en permanence placés sous la protection du pouvoir central. C’est parce qu’ils ont, ensemble, articulé un discours de rupture pour un renouveau global que Ps, Afp, Mrds, Ld, Pit, Mag/Nd et autres alliés ont réussi à déboulonner la Coalition Sopi des positions fortes qu’elle détenait depuis sept ans. Ils commettraient donc une grossière erreur d’appréciation en pensant pouvoir impunément reproduire les errements catastrophiques qui ont ulcéré et conduit les populations à la révolte politique et citoyenne. En réalité, si les élections du 22 mars ne sont pas le commencement de l’Histoire, elles constituent néanmoins un repère pertinent pour scruter l’avenir politique du Sénégal. C’est une entame d’histoire. A l’unisson et au-delà des discours simplistes et communs sur la transparence, les leaders de Bennoo Siggil Senegaal avaient le devoir moral de favoriser la pratique d’une démarche novatrice en matière de gestion locale en prouvant leur différence fondamentale avec les libéraux sur ce créneau là. Mais, ils ne semblent pas en mesure, pour l’instant, de rassurer leurs mandants, tout heureux déjà de revenir aux affaires après avoir été sevrés de pouvoir depuis 2000.
Les circonvolutions usagées des nouveaux édiles Bennoo n’aident pas à baliser le chemin d’une rupture tant attendue (voir article ci-contre). Depuis une dizaine d’années, ils ont si sévèrement critiqué, fustigé et vilipendé Wade et les siens qu’ils auraient dû être les premiers à comprendre que leur légitimité acquise a pour contrepartie une nécessité de rupture dans les méthodes de gestion et d’administration des Collectivités locales. Paradoxalement, c’est au moment où il faut faire mieux et plus que Wade que certains d’entre eux allèguent soit des tares du régime soit de l’absence d’une loi régissant la déclaration de patrimoine pour faire comme si de rien n’était ! De fait, on se retrouve aujourd’hui, à notre corps défendant, face à des leaders politiques exclusivement élus sur un projet de rupture dont ils refusent d’appliquer un pilier essentiel : la traçabilité de leur patrimoine personnel. N’est-ce pas grave et décourageant ?
C’est vrai, on peut reprocher à Me Wade d’avoir été un facteur puissant de blocage dans l’assainissement des mœurs qui entourent la gestion des affaires locales alors qu’il aurait pu être ce moteur de la transparence attendu par tous les Sénégalais après le 19 mars 2000. C’est vrai, il a déçu une bonne frange du peuple quand, après avoir fait état de ses biens, il n’en a plus jamais reparlé, effrayé par les contraintes politiques, juridiques et morales que lui aurait imposé une déclaration légale de patrimoine certifiée conforme. Mais, le mérite lui revient d’avoir inscrit dans la Constitution de janvier 2001 le principe de cette déclaration de patrimoine. Ce qui a manqué ? L’audace et le courage de faire voter une loi, plus utile au pays que cette mystérieuse vice-présidence aux contours déjà césaristes.
Au milieu de ce négativisme ambiant qui précarise le principe de transparence au sein de la classe politique, la déclaration de patrimoine qu’effectue aujourd’hui Khalifa Ababacar Sall devant un jury d’honneur que l’on peut supposer crédible, quoique symbolique en l’absence de l’Etat et de la loi, constitue malgré tout une grande première au Sénégal. Plus que l’acte en lui-même, plus que la solennité qui entoure l’exercice réalisé en collaboration avec le Forum civil, et plus même que le crédit politique que l’intéressé peut raisonnablement en attendre pour le futur, c’est le volontarisme dont fait preuve le maire de Dakar qu’il faut saluer à sa valeur juste. Pourquoi Khalifa Sall est-il aujourd’hui l’unique élu de Bennoo Siggil Senegaal (et de la classe politique) qui ose affronter des investigations publiques indépendantes sur ses biens, aujourd’hui et, surtout, demain quand il aura quitté ses fonctions de premier magistrat de la capitale ? La démarche peut être gênante et désagréable pour ses camarades de parti, pour ses adversaires d’ailleurs, tous élus dans les mêmes conditions d’exigence de changement que lui. Mais, n’est-ce pas simplement le signe d’une ambition saine, qualité qui éclaire un tant soit peu les ruelles trop souvent lugubres du landernau politique sénégalais !
Aujourd’hui, les Sénégalais sont en droit de demander aux leaders et responsables de Bennoo Siggil Senegaal des gages d’honnêteté et de transparence dans l’administration des Collectivités locales. S’ils ne changent pas les règles corrompues du jeu, s’ils se complaisent dans la reconduction d’un système qu’ils ont officiellement combattu, et si, in fine, ils sont incapables de dépasser Me Wade et son régime sur le terrain de la transparence et de la vision, quelle alternative crédible seraient-ils alors en mesure de proposer ici et maintenant ? N’y a-t-il pas déjà un vice de fond en ce qui concerne l’engagement à faire mieux que les libéraux ? Un élément apparaît clair : si sa déclaration de patrimoine est avalisée par le jury d’honneur, Khalifa Ababacar Sall, politique sobre et avisé, aura toute latitude de se présenter comme un leader moral naturel en perspective tant au Parti socialiste que dans l’opposition. Un investissement vertueux pour demain.
En cela, il pourrait bien être combattu.
Déclaration de patrimoine devant un jury d'honneur : Khalifa Sall viole la loi du silence.
22-05-2009
Il l’avait promis lors de la campagne électorale pour les élections locales du 22 mars. C’est aujourd’hui que le maire de Dakar procède à une déclaration publique de ses biens. Cette opération qui entre dans le cadre d’une option affirmée pour un nouveau type de gouvernance locale dans tous les domaines, est réalisée en intelligence avec le Forum civil qui la considère comme un acte majeur de refondation de la gouvernance politique au Sénégal.
C’est ce matin à l’Hôtel de ville que le maire élu de la capitale livre à l’opinion publique nationale et internationale le contenu de sa déclaration officielle de patrimoine. Devant un «jury d’honneur» dont les membres ont été triés sur le volet, cette opération, inédite au Sénégal, est coordonnée par le Forum civil, branche sénégalaise de l’organisation Transparency international. Selon nos informations, c’est le nouveau premier magistrat de Dakar qui a, de lui-même, engagé la démarche dans le cadre du système dit du Mécanisme volontaire. En l’absence d’une loi qui organiserait le principe constitutionnel de la déclaration de biens des personnes dépositaires de charges publiques, ce mécanisme laisse l’initiative de la démarche à tout élu intéressé par l’exercice.
Devant Amadou Matar Mbow et Cheikh Hamidou Kane, président et vice-président des Assises nationales, l’islamologue Abdoul Aziz Kébé, l’abbé Jacques Seck et d’autres personnalités de la société civile, Khalifa Sall remplira un formulaire dans lequel il signalera la totalité de ses avoirs : meubles et immeubles, comptes bancaires, actions ou équivalents dans des sociétés commerciales, financières… Sur pla-ce, un notaire recueillera toutes ces informations. Ensuite, avec les moyens que le jury se sera donnés, des investigations poussées seront menées en collaboration avec le Forum civil afin de vérifier l’exactitude de toutes les données. Ce n’est que plus tard que le «jury d’honneur» décidera de l’opportunité de donner acte ou non au candidat Sall. Le responsable socialiste avait été le seul candidat de Bennoo Siggil Senegaal à s’être engagé à divulguer son patrimoine. Mais le travail de fond consistera en la surveillance de l’évolution du patrimoine, facilité par une traçabilité systématique des biens.
Dans le même registre, mais sur un style plus cavalier, le maire de Point E avait précédé tout le monde en exposant dans la presse les éléments de son patrimoine. C’était le 21 avril passé. Mais le Dr Pape Malick Diop, responsable de l’Alliance des forces de progrès (Afp), n’avait pas jugé utile d’impliquer des organisations de la société civile. Conséquence : beaucoup d’observateurs l’avaient accusé d’être juge et partie en même temps. Par exemple, aucun détail n’est accessible sur les 5 comptes bancaires qu’il dit posséder au Sénégal (4) et au Maroc.
La loi de l’omerta
Le Quotidien a pris le soin d’interroger d’autres responsables politiques, notamment du Parti socialiste. Chez Aminata Mbengue Ndiaye, redevenue maire de Louga, le refus de la déclaration de patrimoine est net. «Qu’est-ce que la transparence a à voir avec une déclaration de biens ? Moi, ça ne me dérange pas, mais le faire ne me dit absolument rien. Si c’était une obligation, je m’y serais pliée, car je n’ai rien à cacher.»
Pour sa part, Abdoulaye Wilane qui dit appartenir à la «génération de la transparence et de la bonne gouvernance», dénonce le populisme du principe. «Je m’accorde la présomption de bonne foi et de probité morale. Les gens peuvent être corrompus sans qu’on ne le sache jamais.» Le chargé de communication du Parti socialiste qui dit se suffire de son salaire de 700 000 francs Cfa comme maire de Kaffrine, annonce d’ores et déjà la couleur : «je ne ferai aucun gré à gré dans la passation des marchés», dit-il. Une résolution qu’il soumet cependant à deux conditions : «Sauf en cas d’urgence, et que la loi me le permette.»
Mamadou Mbaye, le maire de Grand-Yoff, avoue humblement ne pas savoir comment les choses doivent se passer. «Enseignant de métier» ne disposant que d’une maison dans sa circonscription électorale et d’un terrain à Sébikotane, l’édile socialiste dit se «satisfaire de (mon) salaire et est quitte avec (ma) conscience» tout en restant «ouvert au principe (de la déclaration de patrimoine)».
De son côté, le maire du Plateau (dont l’élection est sujette à contestation devant la Cour d’appel), estime que «ce n’est pas dans le voyeurisme que l’on peut régler la question de la transparence». Joint par téléphone en début de semaine, Alioune Ndoye dit sa préférence pour une démarche commune qui engagerait toute la Coalition Bennoo Siggil Senegaal. Par rapport à l’expérimentation d’un «jury d’honneur» auquel Khalifa Sall se soumet aujourd’hui, le responsable socialiste dit en attendre la conclusion. «Je serai partant en fonction des formes retenues», dit-il. Pour lui, la réflexion s’impose d’autant plus que le Président Abdoulaye Wade, après son arrivée au pouvoir, avait procédé à une tapageuse déclaration de biens. Mais, se demande-t-il, «depuis, qui sait ce qu’il a et ce qu’il n’a pas aujourd’hui ?»
SUD QUOTIDIEN :
SIGNATURE DE LA CHARTE DES ASSISES NATIONALES Sous le signe d’une rupture en faveur de la bonne gouvernance
par Youssouph BADJI | SUD QUOTIDIEN , samedi 23 mai 2009
Les parties prenantes de la charte des assises nationales ont procédé hier, vendredi 22 mai à leur siège au Point E, à la signature de la charte des Assises. Un document dans lequel il a été proposé des mécanismes « utiles »pour la sauvegarde de la bonne gouvernance
Les parties prenantes aux Assises nationales, les partis politiques, la société civile, citoyennes, citoyens, ont procédé hier, vendredi 22 mai, à la signature, à l’unanimité, de la charte des Assises nationales. Un document de plus d’une dizaine de pages résumant les actes importants visant à faire établir une gouvernance démocratique au Sénégal.
En ce qui concerne les institutions, les parties prenantes ont réaffirmé leur engagement de préserver les acquis de la démocratie Sénégalaise. Par conséquent, la constitution doit être connue du peuple et pour garantir sa stabilité, la loi fondamentale doit indiquer clairement les domaines qui ne peuvent pas faire l’objet d’une révision.
Elle doit avouer les domaines de révision, définir le domaine de compétence des institutions avec une séparation et un équilibre entre les différents pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire.
Les parties signataires de la charte sont de l’avis que le pouvoir exécutif, dans son ensemble, doit se priver de toute interférence dans le fonctionnement normal de la justice. Par ailleurs, le Président de la République sera dorénavant passible de poursuites judiciaires pour des crimes et délits caractérisés, commis dans l’exercice de ses fonctions. Il ne peut être ni chef de parti de parti politique, ni membre d’une quelconque association durant son mandat.
Sur le mode de dévolution du pouvoir, la charte de préciser clairement qu’à la fin de son mandat, le Président de la République (ascendant, descendant, collatéraux, au premier degré le conjoint) ne pourra pas lui succéder immédiatement.
Dans ces opérations, les signataires ont reconnu l’importance des questions relevant des préoccupations de la nation Sénégalaise comme la bonne gouvernance, le droit au peuple, au pouvoir des Sénégalais d’user de la pétition pour provoquer un référendum sur des questions d’intérêt national.
Sur la même voie et en ce qui concerne le système électoral, les animateurs des Assises d’admettre comme « crucial », l’organisation sur des bases claires solides, d’élections libres, transparentes. A cet effet, ils ont jugé nécessaire la mise sur pieds d’un organe « sans pression aucune », disposant des prérogatives et moyens voulus pour conduire le processus électoral comme il se doit.
Pour cela, le Ministère de l’intérieur sera redéfini dans le système électoral et dans la gestion au quotidien des partis politiques. L’essentiel de ce volet sera accentué sur la fiabilité de l’Etat civil, notamment par sa numérisation, la fiabilité et la transparence du fichier électoral, la généralisation de la candidature indépendante à tout type d’élection et enfin un mode de scrutin équitable.
Sur les partis politiques, les acteurs des Assises nationales ont reconnu l’importance de la rationalisation des critères de leurs créations, sur la base d’une double exigence de viabilité et de seuil de représentativité. Il a été question dans la charte de la bonne gouvernance économique et environnementale, des valeurs, de la gouvernance sociale, de la diaspora sénégalaise, de la politique extérieure et de l’intégration africaine etc.
(stagiaire)
RESTITUTION DES TRAVAUX DES ASSISES NATIONALES DIMANCHE AU MÉRIDIEN Le Sénégal dessine la carte de ses priorités
par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN , vendredi 22 mai 2009
Le bout du tunnel ou la fin pour les Assises nationales, après douze mois de travaux instance. La restitution publique des travaux se déroulera dans la matinée ce dimanche 24 mai au Méridien Président. Une rencontre qui enregistrera la présence de hautes autorités politiques, civiles, religieuses et militaires ainsi que des membres du corps diplomatique, des représentants des organisations internationales et de la presse nationale et étrangère.
La cérémonie de restitution publique des travaux des Assises Nationales aura lieu le dimanche 24 mai 2009, de 09 heures à 12 heures au « Méridien Président », renseigne un communiqué de presse.
Cette cérémonie de restitution du 24 mai sera précédée de celle de la signature officielle de la Charte, dite « Charte de gouvernance démocratique », par les parties prenantes, le vendredi 22 mai, à 16 heures, au siège des Assises, Point E, Immeuble Jean Lefèbvre.
En effet la cérémonie de restitution se déroulera en présence notamment de hautes autorités politiques, civiles, religieuses et militaires ainsi que des membres du corps diplomatique, des représentants des organisations internationales et de la presse nationale et étrangère. La mise en place doit être terminée à 08 heures 45.
Au cours de cette cérémonie, présidée par M. Amadou Mahtar Mbow, président des Assises Nationales, il sera procédé à la présentation du rapport des travaux des Assises, qui ont duré une année, de la Charte engageant toutes les parties prenantes à « la respecter, la mettre en oeuvre et à la faire respecter » et du du bilan financier des travaux, souligne la même source.
Ces documents font état des résultas de l’ensemble des travaux issus des « consultations citoyennes » au niveau de tous les départements administratifs à la base et des sénégalais de l’extérieur ainsi que des commissions thématiques nationales et de contributions de multiples techniciens extérieurs de divers horizons.
Les Assises prendront ainsi fin, après douze mois de travaux intenses sur l’ensemble du territoire national et au niveau de la diaspora sénégalaise, en Europe et en Amérique notamment, suite à une ouverture officielle le 1er Juin 2009.
Les consultations citoyennes départementales des Assises Nationales ont pris fin le week-end du 22/23 Novembre 2009 sur l’ensemble du territoire sénégalais.
Rappelons que c’est le week-end du 15/16 novembre que les départements de Fatick, Thiès, Mbacké, Tambacounda et Podor, ont tenu leurs consultations citoyennes suivies de la ise en place des comités locaux de pilotage des trois dernières localités citées.
Les départements de Kédougou, Tivaouane, Oussouye et Bignona ont clôturé le week-end suivant, c’est-à-dire celui du 22/23 novembre, Signalons que l’ensemble des mises en place des comités de pilotage locaux et des consultations citoyennes au niveau de la base, sur le territoire national, ont démarré durant le week-end du 17/18 août 2008 dans les départements de Rufisque et Mbour.
Les résultats des travaux des consultations citoyennes de tous les départements et de celles de la diaspora ont été transmis à la Commission scientifique qui a élaboré le document de synthèse.
Il faut rappeler que les restitutions des consultations citoyennes ont démarré le 6 janvier 2009.
DROITS D’AUTEUR Les artistes menacent
par Aïssatou Diop NDIAYE | SUD QUOTIDIEN , samedi 23 mai 2009 |
Mme Diabé Siby, directrice du Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda) et ses sociétaires (les artistes musiciens, plasticiens, comédiens…) ont cherché hier, vendredi 22 mai à l’occasion d’un point de presse tenu à Dakar, à sensibiliser les mauvais payeurs et crié au secours. Ils n’écartent pas d’ester en justice contre les mauvais payeurs.
Qui paie les droits d’auteur au Sénégal ? Avec quoi pense-t-on qu’ils vivent, ces artistes, quand on sait que tout le monde rechigne au Sénégal à s’acquitter des droits d’auteurs, tout en usant et abusant des œuvres d’autrui ? Toutes ces questions ont été soulevées hier, vendredi 22 mai à l’occasion d’un point de presse du Bureau sénégalais des droits d’auteurs (Bsda) qui attirait l’attention de l’opinion sur le sujet.
Les créateurs réclament leurs droits. Ils ont décidé de s’unir pour défendre leur gagne-pain : leurs oeuvres. Les radios ainsi que les télévisions doivent payer des droits d’auteurs. Le Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda) qui se veut leur avocat, menace même de porter plainte contre les radios et les télévisions qui refusent de payer les droits d’auteurs. Le montant des redevances est estimé à des milliards de FCfa.
La Directrice du Bsda, Mme Diabé Siby a affirmé hier, vendredi 22 mai à l’occasion d’un point de presse que : « nous sommes décidées à aller jusqu’au bout. Soit on respecte les droits d’auteur ; soit c’est la catastrophe. Nous allons porter plainte contre ceux qui ne payent pas ».
Selon elle, « certaines radios préfèrent aller en justice au lieu de payer les droits d’auteur. Elles contestent, alors qu’elles devaient donner le bon exemple… » Présente à la rencontre, Ngoné Ndour a invité à la révolution des mentalités : « ce sont les artistes qui font la promotion des télévisions donc avant de faire une émission, il faut demander un cachet parce que, sans la musique, personne ne regarde la télé. Faire une cassette coûte très cher. C’est la raison pour laquelle beaucoup se contentent de singles ».
Mme Siby et ses artistes, créateurs et autres qui vivent de l’art, de prier les organismes de radiodiffusion, de télévision, les hôtels, bars, restaurants, discothèques, magasins sonorisés, stations d’essence, dibiteries, fast-food, de payer.
Tout comme les salons de couture et de coiffure, véhicules de transport public de voyageurs, compagnies de transport aérien au titre de la distraction à bord, secteur du transport maritime, promoteurs de lutte (au titre de l’animation), clinique, cabinet médical. Ils invitent tous à respecter la propriété intellectuelle, bref tous ceux qui exploitent les créations doivent s’acquitter des droits d’auteur, estiment-ils.
Toute chose que partage le doyen Samba Diabaré Samb qui trouve néanmoins que « si l’état des artistes est critique, c’est parce que le musicien d’aujourd’hui n’apprend plus à cause des mixages qu’on fait maintenant. Par exemple, je continue jusqu’ici d’apprendre le xalam.
Aujourd’hui les jeunes ne connaissent pas leur culture. La musique est très importante. Cela ne sert à rien cependant d’être célèbre avec les poches vides ».
(Stagiaire)
WALF FADJRI :
Lutte contre les incendies dans les lieux de travail : Beaucoup d'entreprises ne respectent pas les normes de sécurité
Au Sénégal, de manière générale, des actes d'après-sinistre ont été le plus souvent posés pour faire face aux drames. D'où les dégâts énormes constatés çà et là. Pour renverser cette tendance en matière de ‘sécurité incendie’, une dizaine de sociétés nationales ou privées ont jugé nécessaire de prendre part à une session de formation dans ce sens, à Dakar.
Les conséquences de l'incendie sur la santé des travailleurs, les équipements industriels, l'environnement et sur la survie de l'entreprise sont négatives. Or, au Sénégal, il se trouve qu'il existe très peu de spécialistes en incendie dans les entreprises. C'est la raison pour laquelle, une dizaine d'entreprises sénégalaises a suivi dans la période du 4 au 15 mai dernier une session de formation en ‘sécurité incendie’. La formation qui s'est tenue dans les locaux du Syndicat des professionnels de l'industrie et des mines du Sénégal (Spids), a été initiée par le Cabinet d'expertise conseil d'ingénierie et de contrôle (Ceic), en collaboration avec le Centre national de prévention et de protection de Paris (Cnpp). Elle a pour objectif de combler les insuffisances dans le domaine de la sécurité incendie. Il s'agit concrètement pour les acteurs en formation d'être capables d'identifier les risques liés à l'incendie dans l'entreprise, de connaître les mesures de prévention et les moyens de protection, tout en respectant la réglementation incendie.
Selon le directeur général du Ceic, Mamadou Kane qui a initié ce programme de formation, ‘l'expérience montre au Sénégal que seul un tiers des entreprises incendiées arrive à survivre dans les trois ans à venir’. Il s'y ajoute, selon lui, que beaucoup de sociétés publiques et/ou privées ne respectent pas les normes de sécurité en incendie requises.
De leur côté, les participants ont tous reconnu la nécessité de l'accroissement de capacité du personnel des entreprises en matière de prévention et de maîtrise des outils de protection dans le domaine de la sécurité incendie. C'est ainsi que Youssoupha Faye, chargé des installations classiques au ministère de l'Environnement, est d'avis que l'apport de cette formation est ‘inestimable’. Mieux, préconise-t-il, ‘il faut mettre l'accent sur le respect des normes de l'hygiène et de sécurité des travailleurs qui est de la responsabilité de l'employeur’. Pour l'instant, dit-il, le ministère de l'Environnement favorise le dialogue et la sensibilisation. Il n'empêche, selon M. Faye, que des mesures coercitives sont prévues par la loi et sont modulées en fonction de la gravité du sinistre.
Pour sa part, Ibrahima Ndoye de la société d'assurance Nsia/Sénégal apprécie la qualité de la formation qui leur a permis d'approfondir certaines notions en sécurité incendie. Toute chose qui fera dire à Ousseynou Pouye de la Sococim, à Papa Serigne Ndaw de la Suneor de Ziguinchor, à Dominique Bassène, Yaya Diémé et Babacar Sambou de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css), tous responsables de la sécurité dans leurs entreprises respectives, qu’’il y aura sans nul doute beaucoup de choses à parfaire au plan de la sécurité, notamment dans les installations classiques en général’, lors de la cérémonie de clôture de la session de formation le 15 mai dernier au siège du Spids sis à Ben Tally.
En effet, conformément aux dispositions du Code du travail et en son titre 11 et particulièrement en son article 179, l'employeur est tenu de contrôler régulièrement le respect des normes réglementaires de sécurité et d'hygiène, et de faire procéder périodiquement aux mesures, analyses et évaluations des conditions d'ambiance et, le cas échéant, entreprendre des mesures de protection collective ou individuelle afin de prévenir les atteintes à la sécurité et à la santé des travailleurs. A signaler que cette formation a été ponctuée par un examen final sanctionné par un diplôme d'expert en sécurité incendie certifié par le Cnpp de Paris.
Abdoulaye SIDY
Rendez-nous les deux millions de spécialités pharmaceutiques gratuites qui ont été supprimées
Le Sénégal vient de connaître sa première pluie à l’intérieur du pays et nous remercions Allah le Tout-Puissant pour nos agriculteurs. Il s’agit d’un signe d’abondance future certes, mais aussi source d’inquiétude, voire d’angoisse pour les populations dakaroises. Au vu des ordures qui jonchent Dakar et de l’état de nos canalisations, nous nous attendons au pire cette année. Pour nous, médecins des hôpitaux, commence aussi le marathon sans merci de la lutte contre la souffrance des indigents : paludismes, diarrhées, intoxication alimentaire, etc. La population déjà à genoux connaîtra sous peu (si l’on n’y prend garde) une situation plus alarmante ; nous avons donc tenu à attirer l’attention des autorités sur ces quelques points.
Résoudre rapidement le problème des ordures avant les premières pluies pour nous éviter, en plus des maux courants, le choléra.
Assurer en quantité suffisante, au niveau de la Pharmacie nationale d’approvisionnement, des médicaments de première nécessité.
Déclencher désormais, avant chaque hivernage, des cellules de crise dans toutes les structures sanitaires des zones inondables et inondées afin de faciliter rapidement la prise en charge de populations enclavées, victimes des épidémies accompagnant l’hivernage.
Procéder au niveau des zones encore inondées au pompage des eaux stagnantes par les services d’hygiène.
L’entretien et le curage de nos canalisations pour une meilleure évacuation des eaux de pluies.
Prévoir une éventuelle gestion des zones en travaux (autoroute à péage qui pourrait, si l’on n’y prend garde, renvoyer les eaux de pluies aux habitations alentours… - que les spécialistes excusent notre intrusion, ce dernier point n’est qu’une légitime inquiétude car les lits et autres fauteuils flottants sont très peu attrayants, surtout au milieu de la nuit !)
A situation de crise démarche de crise
Nous nous permettrons donc de faire un appel pathétique à tous nos collègues médecins et pharmaciens, du public comme du privé, pour un élan de solidarité général à l’endroit de la population de ce pays. La population souffre et cela ne saurait être de la seule responsabilité de l’Etat. Les consultations gratuites de proximité, initiées par nos soins dans les hameaux, les villages, doivent être l’affaire de tous, même de nos collègues du privé. Que ceux dont le déplacement pose problème nous contactent dans les hôpitaux. Opérer une cataracte gratuitement deux fois par mois afin que les pauvres goûtent aussi aux soins douillets d’une clinique est aussi possible dans ce bas monde, et surtout salutaire pour nos âmes fragiles de pécheurs. (Le Rotary et autres Lions club, c’est bien, mais nous demandons un peu plus…).
Quant à nos collègues pharmaciens, nous ne les sentons pas. Leurs puissants syndicats, avec la complicité de Pape Diop, actuel directeur de la pharmacie, ont réussi à nous priver des spécialités pharmaceutiques gratuites au grand bonheur des fabricants occidentaux qui engloutissent des milliards chaque mois sans investir le moindre sou dans notre pays. Ces échantillons nous étaient fort utiles dans nos consultations au niveau des villages et même lors des gamou et du magal. Il serait donc temps que nos amis, les pharmaciens, lâchent, de temps à autre, leurs caisses enregistreuses et autres activités lucratives pour se joindre à l’humanitaire. Prompts à réagir sur tous les médias pour défendre leurs gâteaux, les pharmaciens gardent un mutisme total face aux catastrophes qui ont frappé ce pays : les sinistrés des inondations et du bateau Le Joola, etc. (…) Rien ne réussit donc à les émouvoir, sauf… les médicaments de la rue. Certes, ils sont dangereux, mais l’absence des pharmaciens de leurs officines l’est tout autant. Laisser les malades au seul contact des vendeurs, à peine mieux formés que ceux de la rue, pour ne réapparaître qu’au moment de faire la caisse, ne se justifie pas. En cas d’absence prolongée, Messieurs, embauchez des pharmaciens au chômage, car chaque officine devrait avoir à toute heure un pharmacien disponible. Ceci nous éviterait les innombrables produits conseillés injustement…
Chers confrères musulmans et de toutes autres confessions religieuses : la population souffre et dans sa chair et dans sa dignité humaine. Si les politiques ne le voient pas, nous, nous le vivons à chaque instant de l’exercice de nos fonctions de médecins. Le seul appât du gain ne saurait justifier nos précaires existences. Laissons donc de côté nos vieilles habitudes sénégalaises que sont le nombrilisme et la langue de bois.
Imams, curés des campagnes et des villes, sensibilisez dans vos prêches. Que chacun à son niveau tende, ne serait-ce que le doigt et non la main à son prochain et l’existence que ne nous ne voyons même plus, serait meilleure. Que Pape Diop, (pourtant ancien pharmacien de l’hôpital Aristide Le Dantec) revoie sa copie. Qu’il prenne l’attache des autorités répressives pour aller à l’encontre des vendeurs illicites, mais surtout qu’il coupe la poire en deux. Oui aux puissants syndicats des pharmaciens qui défendent leurs caisses, mais qu’ils sachent qu’ils ont aussi des obligations. Non à l’élimination systématique des échantillons. Le même mal existe dans tous les autres pays africains et doit être combattu avec plus d’attention. Dans ces pays-là, entre les intérêts de la population et ceux des pharmaciens (qui veulent le beurre et l’argent du beurre), on a choisi la population.
Vous ne pouvez pas faire que la part belle aux firmes pharmaceutiques et leurs valets locaux et aux pharmaciens qui ne se donnent même plus la peine d’être présents. Etre directeur de la pharmacie, c’est réguler les intérêts du vendeur et de l’acheteur sans parti-pris, mais c’est aussi veiller à ce que les indigents ne meurent pas faute de médicaments accessibles, au profit des seuls nantis. A votre décharge M. Diop, nous comprenons que vous ne puissiez pas comprendre nos préoccupations du moment, car de votre bureau climatisé à Dakar et de vos grosses voitures climatisées, vous ne pouvez pas voir le paysan qui, laborieusement, par ces temps de canicule, amène sa femme, son fils ou sa mère au dispensaire, avec un âne pour tout moyen de locomotion, sur des pistes simplement hors d’usage. Vous ne le voyez pas non plus sous un abri de fortune, attendant pendant des heures son tour, débarrassant laborieusement son malade des mouches qui l’assaillent même vivant. Vous ne le voyez pas au moment fatidique où le diagnostic le libère ou l’assassine avec en prime une ordonnance qu’il n’achètera jamais entièrement. C’est pour cela que nous réclamons les échantillons, car figurez-vous que tout le monde ne les revend pas. C’est aussi pour ceux-là que nous appelons tous les médecins et pharmaciens pour des consultations gratuites de temps à autre. Je parle bien de ceux-là qui, il n’y a pas si longtemps, vêtus de leurs plus beaux haillons ont vu passer d’énormes 4x4 dont ils ignoraient jusqu'à l’existence et du ventre desquels sortaient des hommes d’une autre planète, le visage barré d’épaisses lunettes noires qui vomissaient des promesses. Ils ont tous disparu au soir des résultats électoraux.
Nous comprenons aussi que, sous les coups de boutoir médiatiques des pharmaciens qui risquaient à la longue de vous priver de votre siège confortable, vous ayez choisi de privilégier vos ouailles. Ainsi donc, vous pensez que tout va bien dans le meilleur des mondes. Plus personne ne parle de ceux-là qui meurent presque en cachette faute de moyens. Le Sénégal, ce n’est pas que Dakar, ce n’est pas que ‘Keur Serigne bi’. C’est à vous de vous défaire des affres qui pénalisent les caisses enregistreuses de vos collègues. Débrouillez-vous pour le faire, mais laissez-nous les maigres atouts qui nous permettent de soulager ceux qui, selon votre logique, doivent mourir parce que nés au mauvais endroit, au mauvais moment.
N’oubliez pas, Monsieur, que nous avons en commun la manipulation du médicament. La suppression des échantillons nécessitait au moins une petite enquête au niveau de zones fragilisées afin de prendre nos humbles avis.
N’oubliez pas aussi que nous sommes vos principaux pourvoyeurs d’ordonnances et que nous avons aussi des familles. Aujourd’hui, nous remplissons vos caisses et, au besoin, achetons désormais pour nous et nos familles ; certains d’entre vous ne se donnent même plus la peine de nous accorder les fameux 10 % que nous faisaient généreusement les vieux pharmaciens : sortez de votre bureau M. Diop et faites une petite tournée dans les bourgs et les faubourgs du Sénégal et vous aurez bien du mal à supprimer deux millions de spécialités gratuites.
Docteur M. T. K.
Nouvelles trouvailles pour une ‘révolution agricole’ ou aveu d’impuissance ?
Aux nouvelles trouvailles du régime libéral pour cette présente campagne hivernale consistant à révolutionner l’agriculture (le mot n’est pas trop fort), après presque une décennie d’entreprenariat dans ce domaine stratégique de l’économie sénégalaise, s’ajoutent de multiples annonces antérieures aussi singulières et différentes les unes que les autres. Le constat amer reste que nous nous trouvons devant une profusion d’étranges mesures, non durables, sans liaison aucune, avec un net recul de la croissance des productions agricoles et, souvent même, une régression du niveau de certaines spéculations. Si bien que l’accroissement de la pauvreté dans le monde rural, au vu de la croissance démographique qui croit plus que proportionnellement, devient la constante. A chaque période de l’année, au moment même où les pluies commencent à s’installer dans la partie méridionale et orientale du Sénégal, nous entendons le même refrain d’un éternel recommencement, sous la trame de nouvelles promesses sans un début d’exécution, comme si le secteur rural devrait se contenter pour son développement révolutionnaire de promesses sur promesses.
Or dans ce domaine stratégique du secteur rural, ainsi que dans tous les autres domaines de la vie économique, seules les options durables, dans les filières viables, peuvent produire à terme des résultats probants pour un développement réel et l’amélioration des conditions de vie et d’existence des populations immergées dans une extrême précarité, ne sachant que faire de leur seul moyen de production, dès lors que la terre ne puisse même pas leur procurer le minimum vital.
La réalité demeure que le secteur rural, occupant plus de 60 % de la population sénégalaise, devrait constituer une sur priorité dans un contexte d’une crise alimentaire mondiale qui ira crescendo avec l’amenuisement des terres arables et l’augmentation de la population mondiale. En lieu et place, mous assistons à un dépérissement du monde rural au profit d’infrastructures de prestige dans la capitale, entraînant le niveau faible de la contribution de ce secteur stratégique au ib autour de 15 % (agriculture, forêts, élevage, pêche).
A cet égard, nous voudrions faire observer que si le taux de croissance dans le secteur rural connaissait une progression annuelle régulière, la contribution du secteur rural au Pib qui était de 23,8 % en 2000 pouvait atteindre l’objectif de 30 % qui nous aurait permis, avant terme, en 2009, d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement de réduction de moitié de la pauvreté au Sénégal. Atteindre 30 % du Pib pour la contribution du secteur rural, c’est injecter une masse monétaire d’environ 1 200 milliards de francs Cfa contre, de nos jours, la moitié seulement, autour de 600 milliards pour l’agriculture, l’élevage, la pêche et les produits forestiers. Il y a lieu de faire observer le peu d’importance accordé au secteur rural, durant tout leur magistère, des libéraux qui décrètent subitement, sans en prendre les mesures idoines, une révolution agricole, comme si la révolution nous tomberait du ciel, après les mirages de la Goana 1 et de la Goana 2. La révolution, c’est sur la durée et non sur l’événementiel. Comment révolutionner l’agriculture sans évoquer le relèvement de la productivité du travail, l’amélioration des capacités humaines, l’augmentation des surfaces arables, la maîtrise de l’eau, la pratique de prix incitatifs et la réduction du coût de l’argent pour favoriser l’investissement, la réorganisation et l’extension des circuits de commercialisation, la valorisation des produits agricoles, etc. Comment parler de révolution, sans la constitution d’un capital semencier et le développement de la recherche, si l’on sait que seulement 50 000 tonnes de semences non sélectionnées vont de nouveau, tardivement, être distribuées dans le monde rural, cette présente campagne hivernale.
Lors du conseil présidentiel sur l’agriculture tenue le 19 mai 2009, le président de la République venait de reconnaître qu’il n’y a pas de changement dans le monde rural en dépit des multiples plans et programmes et s’empresse de déclarer une nouvelle trouvaille, la révolution verte. Nous nous souvenons de la Goana 1, de la Goana 2, du plan Reva, des programmes maïs, niébé, manioc, sésame, nous faisant penser à une panoplie d’initiatives théoriques, dans un univers présidentiel théorique, en déphasage avec le réel. Le domaine de l’agriculture est le domaine le plus malmené de tous les secteurs économiques du Sénégal. Si l’inflation de projets agricoles pour le Sénégal des inventeurs de la roue pourrait se limiter sur des schémas théoriques sans toucher aux structures existantes, entraînant des dysfonctionnements et des pertes énormes d’argent, nous pourrions affirmer qu’il ne s’agit que d’un amusement de la galerie d’un régime dépassé par les événements et développant un empirisme tatillon ; toutefois, force est de constater qu’il s’agit bien, ici, d’une tragi-comédie, au regard de la souffrance des paysans et de l’accentuation de la pauvreté. Gouverner, c’est prévoir, c’est également être responsable pour ne pas toujours vendre du vent aux citoyens sénégalais et de ce monde, en faisant semblant de prendre le taureau par les cornes afin de se donner bonne conscience, devant l’ampleur des dégâts et des périls. L’enfer, c’est toujours les autres, point d’autocritiques.
La particularité de l’exercice de cette année du Conseil présidentiel sur l’agriculture, en dehors des promesses sans fin, s’articule sur les dissolutions : dissolution de la Cnca pour une banque verte, dissolution des structures de regroupement des paysans et acteurs du monde rural, comme si les libéraux avaient la manie de détruire pour détruire, sans alternative crédible. Souvenons-nous encore de la dissolution de la Sonagraine tout au début de l’alternance et de celle de la Sonacos qui faisaient les beaux jours de bonnes campagnes agricoles. En effet, nous avons connu les affres du système carreau usine avec les bons impayés, la fixation tardive des prix après récolte, l’absence de semences sélectionnées, le contingentement de la production arachidière, les débuts tardifs de la préparation des campagnes hivernales, la diminution per capita du revenu des paysans, pasteurs et pêcheurs.
Le moins qu’on puise dire est que le régime libéral a sérieusement affecté la vie économique globale et le monde rural en particulier par la provocation d’une baisse sensible des revenus des paysans dans un contexte inflationniste, par l’introduction d’un affairisme commercial avec la dissolution de la Sonagraine et son cortège de désagréments sur l’organisation des campagnes de commercialisation et la reconstitution du capital semencier, par le contingentement des productions agricoles et l’absence de financement et, de nos jours, par l’annonce de la dissolution de la Cnca et des structures de regroupement des paysans et acteurs du monde rural. Il est temps que cessent les diversions, atermoiements et tâtonnements afin d’éviter que notre sunugaal se retrouve au fond des océans à l’instar du bateau Le Joola. Il se fait tard.
Kadialy GASSAMA Economiste Rue Faidherbe X Pierre Verger Rufisque
Notes de lecture
Les régimes politiques sénégalais de l'indépendance à l'alternance politique 1960-2008, par Seydou Madani Sy, Iroko-Karthala-Crépos 2009 369 pages
L’évolution politique et constitutionnelle du Sénégal de 1960 à 2008
Le livre de Seydou Madani Sy, ancien recteur et ancien ministre de la Justice, est le témoignage d’un spécialiste de droit constitutionnel qui donne un éclairage personnel sur la vie politique du Sénégal des années de l’indépendance à l’Alternance des années 2000. Ayant vécu la période à travers des fonctions successives, qui l’ont placé au cœur de la vie trépidante du Sénégal, Seydou Madani Sy exprime ici des opinions qu’il croit fondées sur une observation attentive de la vie politique de son pays.
Universitaire et observateur politique, mêlé un moment à l’action politique par accident, l’auteur croit pouvoir, sans polémiquer, susciter un débat fructueux avec le lecteur. Sa contribution s’adresse à la fois aux spécialistes et à ‘l’honnête homme’ au sens du XVIIe siècle français, qu’ils soient sénégalais ou étrangers, auxquels l’avenir de l’Afrique n’est pas indifférent.
Pour étudier l’évolution politique et constitutionnelle du Sénégal de 1960 à 2008, on ne peut pas ignorer l’immédiat ‘avant indépendance’. 1960 est une année charnière, mais tout de même peut-on passer sous silence 1958, 1959 ? 1958, c’est la Constitution de la Ve République ; 1959, c’est la Fédération du Mali. Ces deux événements ont donné naissance à l’Etat de la Communauté, puis à l’Etat fédéré qui obtient l’indépendance dans la Communauté, pour aboutir en 1960. La Fédération du Mali disparaît le 20 août 1960.
Après son éclatement, le Sénégal indépendant se dote d’une nouvelle Constitution, qui remplace celle du 24 janvier 1959. La nouvelle Constitution est promulguée le 29 août 1960. Le 5 septembre 1969, L. S. Senghor est élu président de la République. Le Président du Conseil, Mamadou Dia, est confirmé dans ses fonctions.
Les institutions découlant de la nouvelle constitution (président de la République, gouvernement, Assemblée nationale, etc.) sont passées en revue. L.S. Senghor, président de la République est devenu secrétaire général de l’Union progressiste sénégalaise (Ups) depuis février 1959. On retient deux principes de base pour expliquer le régime constitutionnel sénégalais : la négritude et le socialisme africain. A cet égard, il s’est développé au Sénégal une sorte d’idéologie officielle du parti et du gouvernement.
Si Senghor était la figure emblématique de l’ancien Bloc démocratique sénégalais (Bds), Mamadou Dia en était le promoteur de pointe sur le terrain et l’animateur. Senghor laisse à M. Dia le soin de diriger le chantier de construction du nouvel Etat et la politique de développement.
En décembre 1962, l’équipe qui avait mené le Sénégal à l’indépendance politique dans l’harmonie se disloqua. L’auteur donne des explications. Le Président du Conseil inquiétait un certain nombre de personnes ou de groupe d’intérêt. Le monde des grands opérateurs économiques soutenus par la Chambre de commerce de Dakar s’inquiétait de la politique du gouvernement. Certains grands marchands, que l’on désignait sous le nom de ‘seigneurs de l’arachide’, prenant ombrage des nouvelles coopératives autogérées par les paysans.
L’animation rurale créait une nouvelle catégorie de leaders communautaires, perçus comme les adversaires naturels des notables qui servaient d’agents électoraux au personnel politique installé de longue date dans le système hérité de l’époque coloniale. M. Seydou Sy aurait dû ajouter que Dia s’était privé de ses alliés naturels : les fonctionnaires qu’il a très sévèrement réprimés en 1959, les militants du Parti africain de l’indépendance (PAI) qu’il avait dissous en 1960, etc. Il a payé le prix du soutien qu’il a apporté aux artisans sénégalais grâce aux crédits que leur avait octroyés le Crédit du Sénégal. En refusant aux députés l’augmentation de leurs traitements et les sommant de renoncer aux actions qu’ils détenaient dans des sociétés privées et en poursuivant certains marabouts traitants, M. Dia s’était aliéné les membres de l’Assemblée nationale et certains guides religieux. Son sort était scellé. Le conseil d’un juriste n’aurait servi à rien, comme le suggère M.S. Sy lorsqu’il écrit : ’Finalement, on peut se demander si le Président Dia n’a pas la chance d’avoir à ses côtés un juriste au sang-froid pour le dissuader d’employer la force contre les députés.’ (P39).
Déconcentrer le pouvoir exécutif pour lutter contre le poncepilatisme
De longs développements ont été consacrés aux institutions découlant de la Constitution du 7 Mars 1963 qui institue un régime présidentiel.
Les événements de mai 1968 eurent une influence indirecte sur la réforme constitutionnelle. La Constitution du 26 février 1970 apparaît comme une réaction contre ce que l’on a appelé la centralisation excessive du pouvoir entre les mains du président de la République et de ses collaborateurs immédiats. Senghor lui-même parlait de ‘déconcentrer’ le pouvoir exécutif pour lutter contre le ‘poncepilatisme’ qu’il reprochait et secrétaires d’Etat, qui avaient tendance à se décharger sur lui de leurs responsabilités ministérielles. L’auteur aborde les révisions constitutionnelles survenues après 1970 jusqu’au départ de Senghor en décembre 1980.
La première réforme de la Constitution de 1970 a été instituée par la loi du 19 mars 1976. Elle apporte plusieurs innovations : limitation des courants de pensée, le texte du serment présidentiel, etc.
La deuxième réforme de la Constitution de 1970 a été mise en œuvre par la loi du 6 avril 1976. Elle porte sur les conditions de la réélection du président de la République, et sur la nouvelle situation du Premier ministre.
La loi du 28 décembre 1978 modifiant la Constitution a pour objet l’introduction des dispositions suivantes : l’introduction des langues nationales, le nombre et le statut des partis politiques, les conditions d’élection du président de la République et l’ouverture du contrôle de la constitutionnalité des lois aux députés.
A la suite de la démission de Senghor, Abdou Diouf devient président la République. L’auteur examine les différentes réformes constitutionnelles. S’appuyant sur le legs ’senghorien’ du socialisme démocratique et de la négritude, Abdou Diouf entendait apporter sa pierre à l’édifice de la construction nationale. Pour répondre efficacement aux grands défis d’ordre social, économique, culturel, éducatif et scientifique, il élaborera un projet de société inspiré de l’idéologie du sursaut national.
Après avoir examiné le processus électoral de 1988 à 2000, l’auteur évoque les élections présidentielles de février-mars 2000 et le départ d’Abdou Diouf. La nouvelle Constitution du 22 janvier 2001 proposée par Abdoulaye Wade apporte un certain nombre d’innovations par rapport au texte du 7 mars 1963, plusieurs fois modifié, pendant les mandats des Présidents Senghor puis Diouf. Certains milieux dits ‘islamistes’ demandent que l’Etat revienne sur le Code de la famille actuel et reconnaisse que les Sénégalais sont dans leur majorité des musulmans.
L’article 37 modifie le texte de l’ancien article qui commence par la formule : ’Devant la nation sénégalaise… ’ et ajoute l’expression ‘Devant Dieu et… ’ Lors de la cérémonie de la prestation de serment du nouveau président élu devant le Conseil constitutionnel, la musique militaire joua non pas l’hymne national mais un hymne qu’il a lui-même composé.
L’article 107 de la Constitution de 2001 avait supprimé le Sénat, créé par Abdou Diouf. Mais l’Assemblée nationale dans sa séance du 10 mai 2007 vote sans état d’âme la création d’un nouveau Sénat.
Madani Seydou Sy consacre de longs développements aux partis politiques de 1960 à 2008. Il examine les organes régulateurs de la vie publique. Il commence par les organismes régulateurs des élections : Le Haut Conseil de l’audiovisuel, l’Observateur national des élections (Onel), la Commission électorale nationale autonome (Cena), le Conseil de régulation de l’audiovisuel (Cnra).
L’étude de La Cour suprême et du Conseil constitutionnel dans le même chapitre peut se justifier par le fait qu’il s’agit de mettre l’accent sur les compétences des deux juridictions en matière politique. Et aussi par le fait que le Conseil constitutionnel est un démembrement de la Cour suprême, qui hérite des attributions de la Cour en matière constitutionnelle. L’auteur n’oublie pas de traiter des attributions d’une autorité administrative indépendante : le Médiateur de la République, poste qu’il a eu à occuper.
Le dernier chapitre est consacré à l’étude de la société civile. Les relations entre les syndicats et le pouvoir politique et notamment les relations entre l’Union nationale des travailleurs sénégalais (Unts) et l’Union progressiste sénégalais (Ups) et entre l’Ups et les syndicats indépendants.
L’auteur a examiné les relations entre les confréries et le pouvoir politique. Senghor disait : ’Ce sont les marabouts les plus influents, Ababacar Sy, Falilou Mbacké, pour ne citer que ceux-là, qui m’ont apporté leur soutien et leur caution.’
A l’occasion de la crise de décembre 1962, aucun marabout ne se déclara pour Mamadou Dia. Le Kalife des Tidianes, Abdoul Aziz, se retrancha dans le silence. En revanche, El Hadj Ibrahima Niasse de Kaolack, El Hadj Seydou Nourou Tall de la famille omarienne et le Kalife général des Mourides manifestèrent publiquement leur soutien à Senghor. (cf. Christian Coulon, Le Marabout et le prince : Islam et pouvoir au Sénégal Paris Pedone, 1981) Ce livre bien documenté mérite de figurer dans la bibliothèque des chercheurs africains en sciences sociales. Son auteur a eu la générosité de transmettre son expérience et son savoir aux jeunes générations. Il a eu le grand mérite de s’arracher aux pesanteurs sociales en écrivant cet ouvrage. Il donne un exemple aux universitaires africains qui se refusent à écrire après leur retraite. Nous aurions aimé discuter le choix de l’auteur qui est favorable au régime présidentialiste et l’institution d’une Assemblée nationale et d’un Sénat au Sénégal.
Amady Aly DIENG
Conjoncture économique : Baisse progressive de l'agriculture dans le Pib
Le poids de l’agriculture dans le Produit intérieur brut (Pib) du Sénégal ne cesse de baisser. Les raisons sont à chercher dans la combinaison de plusieurs facteurs. Peut-être que la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) va renverser la tendance.
Les déficits pluviométriques et les difficultés rencontrées dans la distribution des semences et d’engrais, combinées aux problèmes de commercialisation de l’arachide, font replier d’année en année la valeur ajoutée du secteur de l'agriculture en volume. C'est ce que révèle l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Dans son bulletin annuel d’analyse de la situation économique et sociale du Sénégal, cette entité du ministère en charge de l'Economie et des finances révèle que cette situation s'est traduite par une baisse progressive du poids de l’agriculture dans le Produit intérieur brut (Pib). ‘L’Agriculture a contribué négativement d’un point à la croissance du Produit intérieur brut (Pib) du Sénégal en 2007, et de 1,3 point en 2006. Cette situation se traduit par une baisse du poids de l’agriculture dans l’économie, qui a représenté 5,2 % du Pib en 2007, contre 6,6 en 2006 et 8,1 en 2005’, lit-on dans le document qui précise que ces contre-performances ont entraîné une baisse de 5 % de la valeur ajoutée en volume du secteur primaire et la diminution de son poids dans l’économie en général. Aussi, la valeur ajoutée par actif du secteur agricole, estimée à 253 445 francs, est largement inférieure au Pib par tête d'habitant estimé à 469 398 francs. Et la campagne 2007-2008 n'a pas dérogé à la règle.
Ses résultats, d'après l'Ansd, ont été caractérisés par une forte régression de la production de la plupart des spéculations au Sénégal. Cette situation qui résulte de la baisse généralisée des rendements a affecté le mil, le sorgho, le maïs, l'arachide, le coton, le niébé, la pastèque, la canne à sucre, le sésame et les fruits, estime l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Dans sa note d’analyse annuelle de la situation économique et sociale du pays, ce démembrement du ministère de l'Economie et des Finances impute cette contre-performance au retard enregistré dans le démarrage de l’hivernage et à son arrêt précoce, malgré une situation phytosanitaire relativement calme. Aussi, l’Ansd a-t-elle fini de lier cette diminution aux baisses constatées principalement sur le mil, le sorgho et le riz, à l’installation tardive des premières pluies utiles, dont les conséquences directes ont été les pertes des premiers semis. Ce qui s'est aussi traduit par un déficit céréalier si l'on sait que la production de ces spéculations lors de la campagne hivernale 2007-2008, estimée à 772 239 tonnes, a chuté de 24 % par rapport à la précédente campagne. Soit une baisse de 32 % sur les cinq dernières années. Les superficies céréalières, estimées à 1 068 876 hectares, ont également enregistré une baisse de 53 797 hectares en valeur absolue et de 5 % en valeur relative par apport à la précédente campagne. Des surfaces qui traduisent une chute de 10 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes agricoles du Sénégal. Concrètement, celles du mil se sont ainsi établies à 686 882 hectares en 2007-2008, soit une baisse de 8 % par rapport à l’année précédente. Alors que les superficies consacrées au sorgho se sont repliées de 2 % pour s’établir à 155 919 hectares. La même tendance est de rigueur dans la riziculture où les superficies emblavées ont diminué de 4 % pour s’établir à 80 312 ha. En revanche, note le document de l'Ansd, d'autres spéculations ont enregistré des performances plus intéressantes. Il s'agit notamment du maïs dont les emblavures se sont accrues de 10 %, ressortant à 143 769 ha par rapport au niveau de la campagne précédente.La production de légumes de la campagne hivernale 2008, estimée à 248 300 tonnes, a aussi connu une hausse de 46 %. Tandis que la production de légumes, en dehors de la tomate et de la patate douce, est estimée à 248 300 tonnes contre 170 160 tonnes la saison précédente, soit une progression de 46 %.
L'Ansd lie ce résultat aux bonnes performances de l’oignon et des choux qui ont respectivement progressé de 137 et 41 %. La production de manioc, estimée à 308 312 tonnes, a quant à elle enregistré une progression de 155 %. Une performance liée à la hausse de 215 % des superficies, qui sont ressorties à 61 248 hectares grâce au bon suivi dont bénéficie le programme manioc. Même si le rendement s’est replié de 19 % en passant de 6 208 kg par hectare en 2006, à 5 034 en 2007. Contrairement à cette spéculation, la production de fruits s'est repliée de 27 %. Conséquence de la forte régression de 48 % des récoltes de pastèques consécutive à une chute de 27 % des superficies, due à l’arrêt précoce des pluies. De même que le niébé qui a enregistré une baisse de 24 % dans le sillage du repli de 13 % des superficies, et de 12 % du rendement, s’établissant à 40 392 tonnes, contre 52 931 tonnes en 2006-2007.
Ibrahima DIAW