Pour la survie de Benno…
Pour la survie de Benno…
‘Tout, sauf le retour du Parti socialiste…!’, voilà la phrase que certains de nos ‘amis’ du Benno n’hésitent plus à prononcer depuis quelques temps, si l’on se fait l’écho de certaines sorties malencontreuses dans les médias. Suffisant pour fournir, à nos adversaires découverts et bien identifiés du côté du pouvoir, matière à jaser sur la ‘prétendue’ cohésion de la coalition Benno Siggil Senegaal et même d’entrevoir son imminente dislocation. Quoi de plus normal, venant d’un pouvoir qui trouve du mal à se dépêtrer d’une cote de popularité de jour en jour piétinée et en régression sévère, voire de plusieurs points en dessous de zéro ! Bien sûr que les ratés résultant de la gabegie malvenue et malheureuse d’Abdoulaye Wade qui ont comme nom corruption, mensonge, détournement, vol en réunion familiale, népotisme, dérives autocratiques, agressions, crimes, concussion, déprédation des biens publics… sont passés par là.
De quel crime le Parti socialiste s’est-il rendu coupable, sinon d’avoir accepté de perdre dignement et démocratiquement le pouvoir avec l’avènement de l’alternance voulu par les Sénégalais en 2000 ? Et d’être parvenu, alors qu’il était donné pour mort et fini, à se redynamiser et à se hisser aux premières loges des partis de masses en moins d’une demi-décennie avec une foultitude de jeunes convaincus venus renforcer les rangs pour lui donner un ‘nouvel élan’. A tort ou à raison, les Sénégalais sont seuls juges ! Mais l’on ne saurait sanctionner deux fois de suite, l’autorité de la chose jugée serait passée par là, pour la même faute : les ‘40 ans du régime socialiste’. Si le Parti socialiste peut être dédouané par ce principe général du droit, doit-il en être autrement du régime socialiste qu’on accuse de tous les pêchés d’Israël ?
Du Benno authentique, survivance du Front Siggil Sénégal, aucun des leaders et membres influents de ces partis ne peut s’exclure du bilan du régime socialiste, du Ps à l’Afp, en passant par la Ld, le Pit pour n’en citer que les plus en vue. En quoi un Tanor serait-il plus impliqué et seul désigné pour défendre ce bilan, si tant est qu’il y a des regrets à faire au vu de la situation de loin moins enviable dans laquelle se trouve le pays depuis neuf ans, qu’un Niasse, un Bathily ou un Dansokho, tous plusieurs fois ministres sous Diouf si ce n’est sous Senghor ? Ils se gardent bien, au moins, de faire l’écho d’un tel débat. Ce benno était une véritable réalité vécue !
Les néo-opposants, comme Maky Sall et ses ‘frères’ de l’Apr, se croient certainement investis d’une mission purificatrice pour diluer toute tare atavique originelle du Benno. Sinon comment comprendre leurs prétentions de faiseur de roi autoproclamé aspirant à devenir roi, pour s’adjuger la prérogative d’apposer un veto sur le vote futur de Sénégalais libres de faire confiance ou non au Parti socialiste, ou tout autre candidat aux joutes électoraux à venir ? Leur mémoire est vraiment bien courte, sinon qu’ils prennent nos chers concitoyens pour ce qu’ils ne sont pas, c’est-à-dire des demeurés, loin de là. Ne dit-on pas sous nos cieux que ‘bour ayyoul, ay daggam nio aay’.
Eh bien, on se souvient encore d’un Macky Sall, premier flic de Wade, tout puissant ministre de l’Intérieur chargé d’organiser les élections qu’il était, bouffi et très arrogant, contraindre sous la menace de ‘gros bras’ et autres sbires, un président de bureau de vote à le laisser voter sans présentation de sa carte d’identité nationale en toute illégalité. Pire encore, il a fait prolonger le vote jusqu’au lendemain du jour légal du vote, en d’autres termes les gens ont voté dans son bureau de Fatick jusqu’à 2 h du matin, le lundi. De mémoire de Sénégalais, ce fut une première ! Cette arrogance n’a pas épargné non plus les braves jeunes fatickois qui ont cheminé à ses côtés, écrasés et anéantis qu’ils étaient. Et pour la plupart chômeurs, ils l’ont accompagné et chômeurs, ils sont restés, accrochés aux promesses jusqu’à sa descente aux enfers. Bien entendu, sauf une petite poignée d’entre eux qu’il a ‘casés’ de justesse à ses dernières heures de gloire afin de sauver sa réputation ternie dans la commune.
Le Benno n’a été perçu à l’Apr que comme un marchepied ou plutôt un compagnon d’infortune destiné à déblayer le chemin dès lors que celui-ci devenait incertain et obscur quant à l’issue. Les dernières élections locales sont là pour le prouver. Figurez-vous qu’on avait déroulé le tapis rouge à Macky Sall en l’investissant à Fatick comme tête de liste autant sur la liste communale que sur la régionale. Cela n’était certainement pas sans intérêt pour la coalition, espérant bénéficier du regain d’intérêt qu’auraient pu susciter pour les électeurs, l’ostracisme et les attaques de la part de ses ex-frères libéraux. Les peuples aiment les martyrs ! Peut-être se disait-il, pour sa part, qu’à demi-malin malin et demi ! Dans les communautés rurales qu’il pensait remporter, il a refusé catégoriquement de s’allier au Benno. En dehors de la commune, sur les seize collectivités locales (quinze communautés rurales et la commune de Diofior) que compte le département de Fatick, il y avait une liste Apr en solo sur les huit. Résultat des courses, elle n’en a remporté que trois et Benno le reste ! C’était encore pire dans les départements de Foundiougne et Gossas. Cela confirme à plus d’un titre, contrairement à ce que beaucoup semblent croire, que l’Apr est de loin minoritaire dans la région de Fatick. D’ailleurs, Macky Sall n’a pas manqué d’en faire amèrement le reproche à ses lieutenants, s’estimant être leurré, alors que dans la coalition, sa réputation aurait été préservée.
Les campagnes de communication à outrance n’y feront rien et le troisième pôle qui va se former autour de l’Apr ne fera jamais mieux que le Rewmi d’Idrissa Seck qui disposait, en la région de Thiès, un bastion acquis lors de l’élection présidentielle de 2007. Les sorties intempestives des seconds couteaux que sont le tonitruant Alioune Badara Cissé et Mbaye Ndiaye n’y feront rien. Si l’on devait se conformer à cet adage politique qui veut que ‘chacun gagne chez lui et le parti gagne partout’, on serait loin du compte avec pareils perdants indignes d’intérêt.
Qu’est-ce qui peut pousser l’Apr à vouloir déstabiliser, puis saborder le Benno, en y semant les germes de la division et annonçant même son départ imminent pour un troisième pôle qu’il compte contrôler ? N’étant pas né de la dernière pluie, Macky sait que les cas de Djibo et de Idy, quant à leur espoir déçu de rêve présidentiel s’ils ne devaient compter que sur leurs partis respectifs, font bien jurisprudence. La seule réponse plausible, aussi vraisemblable qu’elle puisse paraître, est son retour prochain au Pds. Malgré son refus catégorique déclaré de retourner au bercail, les Sénégalais ne sont pas dupes et bien habitués aux revirements spectaculaires des ‘fils d’emprunt’ de Wade, conséquences de leur désir immodéré pour les honneurs et le pouvoir. Il a été à la bonne école ! Il ne serait d’ailleurs pas le premier dans cette perspective d’autant plus que ses proches collaborateurs commencent à le lâcher un à un…Le navire commence à prendre eau de toute part !
Même Wade l'Ancien, ancien socialiste devenu ‘libéral de contribution’, a cessé de s'épancher sur cette critique bidon d'un autre temps que seuls des esprits attardés et limités continuent à galvauder. On a tous une part de ‘socialiste’, car repus et abreuvés à la même mamelle.
Il est grand temps que la principale coalition de l’opposition dite significative revoit sa copie. L’heure n’est pas à la guerre de positionnement et elle ne doit pas se laisser gagner par la diversion que cherche à installer le pouvoir. Les germes de la division essaimée par certains esprits mal intentionnés de tout bord, à dessein, ne doivent éclore et semer le doute quant à l’atteinte du seul but qui mérite d’être laissé à la postérité. Plus que tout, le départ d’Abdoulaye Wade et de sa sphère maléfique d’ici 2012 constitue le seul gage de survie de notre nation. L’on ne doit pas se tromper d’adversaire encore moins d’objectif. Les stratégies pour y parvenir, que ce soit une candidature unique, plurielle ou toute autre alternative concertée, ne constituent qu’un moyen et nullement une fin en soi. Toutefois, il faut avoir à l’esprit que la gangrène, dès lors qu’elle atteint un corps organique, conduit à une nécessaire ablation du membre infecté pour circonscrire le mal. Le courage s'assume ! Idy avait sabordé la coalition Jaam et l'histoire se répète !
Mamadou Mbodji DIOUF Secrétaire général national adjoint du Mouvement national des jeunesses socialistes Secrétaire général de l’Union régionale des jeunesses socialistes de Fatick Membre du Bureau politique e-mail : mbodjdiouf@live.fr