Électricité et délestage au Sénégal : Pour qu
Appel aux citoyens qui ont un sou du Peuple dans leurs bourses
Mon bien cher concitoyen
Toi qui depuis Senghor, après lui ou récemment a amassé, par je ne sais quelle sortilège, un seul sou du peuple dans ta bourse; que tu l’aies placé dans une Banque suisse ou ailleurs ou que tu l’aies converti en château ici ou autre part, ou que tu l’aies fructifié par quelque ruse ou par ton génie; Je me réfère à ta conscience de citoyen, pour réfléchir avec moi sur les raisons qui doivent t’inspirer à rendre le bien du peuple, que par ignorance tu as détourné de son objectif collectiviste et utile. Bien sûr pour mystifier le peuple tu as exercé la fonction de ministre ou de député en bénévolat qui désiste de son salaire; mais le Peuple qu’on ne peut pas tromper comprend ton stratagème, et sait que tu n’avais été auparavant qu’un fonctionnaire interdit de commerce et que tu ne pourras jamais lui expliquer par quelles manipulations tu as mué un pauvre salaire de cadre supérieur sénégalais en millions d’euros. Aurais-tu hérité les mines du roi Salamon ou de Kanka Moussa? Bien sûr tu as offert à des milliers de Mayacine de Dial de,Gorgolou de marabouts et d’ amis des milliers de billets d’avion et de pécules pour visiter Mekka lourdes ou Jérusalem. Bien sûr tu as construit dans des quartiers, dans des villages et même au fin fond de la brousse quelque mosquée digne des pays producteurs de pétrole. Bien sûr tu donnes les sous plus vite que Birima, aux gueux, aux griots et aux mendiants à tes proches. Bien sûr tu as envoyé ton enfant dans les grandes écoles du monde où ne peut être admis que le fils du millionnaire en dollars. Bien sûr ton enfant a placé deux cent millions de caution pour participer au rallye Paris Dakar. Bien sûr tu as loué des centaines de luxueux pied-à-terre pour forniquer avec ta jolie dévergondée de lycéenne, la femme de l’émigré, ta secrétaire, ou simplement la jolie amie de ta femme. Tu as même bien d’autres et d’autres actions plus mirobolantes plus enjolivées, que je ne sais pas. Mais mon bien cher concitoyen, le Pèlerinage à Popenguine, Lourdes, la Mecque ou Jérusalem, L’Eglise, la mosquée ou la synagogue sont une affaire personnelle; à laquelle participent de par leur cotisation gagnée honnêtement à la sueur de leur travail, de probes hommes de foi. Ne sais tu pas que la grande chapelle est le cœur immaculé de l’homme ? Ne le sais tu seulement pas ? Quand la maladie chronique et pernicieuse, qui a terrassé plus fortuné que toi t’envahira avec son escorte l’insuffisance mentale et physiologique, tu ne trouveras nul refuge que ce cœur tranquillisé. Mon bien cher compatriote, n’était-ce pas assez d’avoir eu tous les honneurs qu’un homme puisse avoir ? N’était-ce pas assez ces regards admiratifs qu’élèves et étudiant émerveillés posaient sur toi qui les éveillais à la vie ? N’était ce pas assez d’avoir assez bien vécu à l’abri de la faim de la soif de la maladie sous un toit comme il faut? Ton enfant qui prend les quatre repas et le dessert, cet enfant que tu envoies dans les grandes écoles du monde n’est pas le seul tien .Oublies tu ou simplement ne sais tu pas que celui de Gorgolou de Mayacine ou du berger de Fongolémi est aussi le tien ? A quoi servirait pour le développement du pays, que ce seul fils s’émancipe ? Toi qui t’accroupis comme un porc-épic sous les pieds d’êtres comme toi de peur qu’ils te désavouent ; sais-tu seulement ce que tu dois faire pour que ton peuple t’approuve ? Mon bien cher concitoyen Ne sait tu pas que tu dois strictement payer tes impôts pour ces châteaux et ces buildings que tu loues et que tu n’as ni hérités ni gagnés par quelque commerce qui soit ? Et toi aussi ingénieur chez Dassault Aviation ou Renault, qui enseigne les mathématiques à Harvard ou chimiste dans les pipelines de Saudia, mécanicien chez Ford. Ne sais tu pas que ta bourse ton instruction ont été payées par les impôts prélevés sur l’ouvrier de Kédougou, le bana bana de Dakar, le cultivateur de Koumpentoum et le planton au Smig qui peine à joindre les deux bouts, j’en passe? Ne connais-tu pas le devoir de solidarité ? Ne sais tu pas que tu dois à douze millions de sénégalais, que tu dois à ta Nation qui t’a fait confiance, et ne t’a pas fait signé d’engagement quinquennal comme il se faisait à l’époque coloniale et qui ne te traque pas pour que tu rembourses au moins si tu ne veux pas revenir construire ton pays ? Ne sais tu pas que c’est ici seulement que tu es chez toi ? Mon cher compatriote sais-tu que l’espérance de vie chez nous et de soixante ans. A supposer que nous mourrons à cent ans, A quoi d’utile peut servir un milliard en un si peu de vie ? Ne sais tu pas que des centaines de tes concitoyens, meurent et sont entrain de mourir faute d’appareil d’hémodialyse qui coûte dix misérables millions de frs CFA ? Ne sais-tu pas que des milliers de sénégalaises meurent en couche et d’autre du cancer du sein ? Sais- tu combien de jeunes enfants qui viennent de sortir des langes sont dans les rues livrés à eux même, et à la merci de brigands qui abusent d’eux sous les formes les plus viles et les plus indignes ? Combien de bras valides passent leur journée et le plus clair de leur temps à prendre du thé devant les maisons, par manque de boulot. ‘‘Travailleurs sans salaire, souverain sans labeur’’, notre pays ne te fait-il pas peur ? Es-tu fier de ta nation ? A quoi te sert cet argent que tu as ailleurs dans d’autres banques et qui ne profite qu’aux dépositaires et à leurs clients qui développent leur pays à notre détriment ? A quoi te servent ses buildings ? Connais-tu le plus haut de Dakar sur l’avenue Péytavain ? Son propriétaire continuait de construire quand la mort par surprise l’envoya visiter sa tombe. Tu sais dans ton for intérieur que ta fortune malgré son étendue est issue de la détresse et de la misère du peuple. Aujourd’hui tu as la responsabilité de la déchéance de tous ces gueux de nos enfants dans la rue, de toutes nos femmes mortes en couche, de cancer du col ou du sein, de notre village sans lumière, de notre incapacité d’atteindre l’auto suffisance alimentaire et de bien d’autres calamités qui sont entrain de nous handicaper et de nous imposer un sale destin que nous risquons de jamais pouvoir vaincre. Si tu crois en un monde meilleur, si tu crois à une vie après la mort et bien plus, si tu n n’y crois pas, je veux que tu saches que tu seras seul dans ton cercueil et que la mort surprend toujours. Je t’invite à faire de si peu de chose périssable, quelque chose qui dure après toi; en rendant au Peuple qui a cru en toi qui t’a investi, qui t’a éduqué ; ses sous que tu thésaurises. En le faisant, tu auras fait plus que Senghor et sa poésie qui ne nourrit pas le Peuple. Vive la citoyenneté Vive le Sénégal
Papa Amadou Ndiaye
leconsulteursa@yahoo.fr
www.Yakotey.populus.ch
Électricité et délestage au Sénégal : Pour que la lumière soit…
La crise du secteur de l’énergie que traverse le Sénégal est à ce point grave qu’elle devrait transcender les divergences d’opinions politiques. Il est du devoir de tout homme politique de proposer des solutions.
Tout a été dit sur la gravité et les causes de cette crise du secteur, devenue structurelle. Nous en subissons chaque jour les conséquences. Nous avons tous entendu des histoires de délestage qui empêchent d’opérer des malades. Nous connaissons tous des foyers obligés de jeter le contenu du congélateur. Nous avons croisé le tailleur dont les jambes soudain se sont mises à pédaler dans le vide, faute d’électricité. Nous avons entendu la plainte des industriels obligés d’arrêter des usines. Nous savons comme il est difficile pour eux de continuer à y croire, à se battre pour gagner des contrats sans être certains de pouvoir les exécuter. Nous n’ignorons rien de l’angoisse de parents dont les enfants le soir doivent se résoudre à réviser les leçons à la maigre lueur des bougies.
Devant cette situation, le gouvernement a annoncé des projets (centrales nucléaires et autres) qui laissent sceptiques nos concitoyens lassés des promesses sans lendemain. Les réactions de plus en plus violentes aux coupures d’électricité sont la preuve d’un sentiment d’exaspération grandissant. Si nous n’y prenons garde, ce sont les fondements même de notre nation qui seront ébranlés et l’autorité de l’Etat qui s’en trouvera affaiblie. Il n’est de l’intérêt de personne que nous en arrivions à cette situation. Nous devons au peuple sénégalais des solutions rapides.
J’en propose une. Elle comporte deux volets. Elle règlera très rapidement le problème de la fourniture de courant. Elle pose les bases d’une refonte du secteur. Elle a fait ses preuves dans des pays aussi différents que le Kenya ou le Bengladesh. Elle a permis à l’Afrique du Sud d’organiser sa coupe du monde et de faire face à une demande d’électricité qui a augmenté de manière significative pendant cette période.
Dans l’urgence, je propose les solutions suivantes :
A) - Faire appel à des professionnels qui louent des centrales de production d’électricité qui peuvent être installées dans des délais très courts en tout point du territoire national pour être reliées au réseau Senelec.
Pendant la grande sécheresse de 2000 qui a vu la production d’électricité du Kenya baisser de plus des deux tiers, plus de 100 MW de capacités temporaires ont été installées. Les rapports de la Banque mondiale indiquent que sans ces installations provisoires, ce pays aurait perdu en neuf mois 200 milliards de francs Cfa ! Le coût des coupures intempestives se chiffre pour notre économie à des centaines de milliards de francs Cfa par an.
B) - Créer à côté de la Commission de régulation du secteur de l’électricité, un Comité national de l’énergie dirigé par un expert qualifié issu du secteur privé et comprenant des représentants des consommateurs, de la société civile, des entreprises et de la Senelec. Il sera chargé de lancer les appels d’offres, d’attribuer les marchés et d’effectuer les règlements nécessaires dans la transparence. Les financements viendront d’une part d’un prélèvement de 15 à 20 francs Cfa par litre de carburant vendu et de contributions des bailleurs de fonds qui voudront certainement nous accompagner dans notre effort. Ces fonds versés dans un compte séquestre ouvert dans une banque de la place serviront à payer les fournisseurs et permettront de lisser la différence entre le prix de l’énergie produite par les centrales d’urgence et le prix facturé aujourd’hui par la Senelec. Il convient en effet de veiller à ce que l’usager ne paie pas son courant plus cher, tout en s’assurant qu’il bénéficie d’un service de meilleure qualité.
Pour mémoire, nous rappellerons que ce ne sera pas la première fois que des mesures fiscales exceptionnelles seraient prises pour faire face à une crise dans le secteur de l’énergie. Entre 2006 et 2009, le consommateur sénégalais a payé un surcoût de 35 francs Cfa par litre de carburant pour alimenter un fonds qui a servi à éponger une dette de 85 milliards de la Sar envers ses fournisseurs et les banques.
Certes, on pourrait augmenter simplement le prix de l’électricité.Cela me paraîtrait particulièrement injuste envers les ménages les plus modestes qui, en proportion de leurs revenus disponibles, seraient plus pénalisés.
C) - Acheter les excédents de fuel disponible dans la sous-région. Notre pays a toujours été à l’avant-garde dans la construction de l’Uemoa. Nous autres leaders politiques sénégalais de quelque bord que nous soyons, avons toujours entretenu d’excellentes relations avec nos homologues ivoiriens. De part et d’autre existe, parmi les hommes politiques, une réelle volonté de renforcer la coopération entre les deux pays. Il se trouve précisément que, d’après mes informations, la raffinerie de Côte d’Ivoire est excédentaire en produits pétroliers et exporte son surplus ; il se trouve que la production de la Sar, en attendant la réalisation de son programme d’expansion, ne suffit pas à satisfaire la demande nationale en diesel. Il se trouve enfin que l’Etat sénégalais et l’Etat ivoirien sont majoritaires dans le capital de chacune des raffineries installées dans son pays. Je suis convaincu que, sous l’impulsion des gouvernements, les deux unités industrielles peuvent se mettre autour d’une table, optimiser leurs productions et avoir des accords d’achat et de vente de leur produit pour le plus grand bien des consommateurs. La transparence dans les contrats d’approvisionnement de la Senelec sera ainsi garantie et les coûts baisseront de manière significative.
Sur un plan plus structurel, cette crise est d’une telle ampleur que nous devons explorer toutes les voies qui peuvent s’offrir à nous pour en sortir de manière durable. Je ne reviendrai pas sur l’urgence qu’il y a à améliorer la gestion de la Senelec, ni sur l’impératif d’une meilleure planification des investissements. Qu’il me suffise simplement d’indiquer que, parmi les problèmes de nature structurelle, celui d’encourager la production privée, notamment celle des énergies renouvelables, me semble le plus important, tout en laissant à l’Etat le monopole du transport. Cela ouvrira la porte du secteur à des investisseurs qui, demain, essaimeront dans la région. Cela fera entrer la partie production de Senelec dans un cercle vertueux, car elle sera en concurrence avec des producteurs indépendants. Nous tenons là les moyens de créer, comme dans le domaine des télécommunications, un champion régional dans le secteur.
Beaucoup a déjà été dit sur la nécessité d’instaurer un climat de confiance avec les bailleurs de fonds, seuls capables de nous accompagner sur des investissements à long terme et qui mobilisent des montants importants. C’est à ce prix que les financements nécessaires seront mis en place pour permettre, par exemple, l’interconnexion des réseaux en Afrique de l’Ouest et du Centre. Cette interconnexion est indispensable pour que nous puissions recevoir, le cas échéant, l’excédent de production hydroélectrique de la zone Omvs, Omvg. Les 100 Mw de Gouina (en cours de discussions), les 60 Mw de Félou (en cours de construction), à la suite des 205 Mw de Manantali (déjà disponibles), seront un soulagement pour nos populations, en termes de quantité et de prix, l’hydroélectricité étant largement moins chère que l’électricité thermique actuellement produite.
Mais c’est aussi le moment d’être audacieux dans notre approche et d’oser aller vers d’autres voies moins conventionnelles.
1) - Le développement de la production privée d’électricité est certainement un des domaines qui pourraient être explorés avec les industriels. En effet, un certain nombre d’unités industrielles de taille importante à l’échelle du pays, Suneor, la Sococim, les Ciments du Sahel, la Css, les Ics, disposent aujourd’hui de capacités de production propres qui leur permettent de s’affranchir du réseau Senelec et de ne pas connaître d’interruptions dans leur activité en cas de délestage. Je propose de mettre en place les incitations fiscales nécessaires pour les amener à augmenter leurs capacités et à vendre le surplus de production à Senelec.
Je propose également d’encourager ces producteurs à céder une partie de la production à Senelec, notamment dans les zones non desservies et aux heures pour lesquelles ces usines ne sont pas en plein régime. Cela devra se faire naturellement en concertation avec les investisseurs, car il s’agira pour eux d’être assurés qu’ils seront payés ou qu’ils pourront déduire de leurs impôts le prix du courant vendu à la société nationale d’électricité. Si la Css augmentait ses capacités de manière à fournir une partie de l’électricité nécessaire à la région de Saint Louis, si la Sococim en faisait de même pour servir Rufisque, il y a fort à parier que tout le monde s’y retrouverait. Ce serait par ailleurs une manière de résoudre pour partie le problème des pertes importantes liées au transport et de faire baisser les coûts.
Parmi les unités industrielles dont nous avons parlé plus haut, nous n’avons pas à dessein inclus la Sar. Je m’étais laissé dire il y a quelques années que notre raffinerie était excédentaire en essence et en naphta et qu’au lieu d’exporter ce dernier produit à des prix bas, il y aurait quelque sens à le garder chez nous et à l’utiliser pour produire de l’électricité. Cela améliorerait la situation financière de la Sar. Je ne sais pas où en est ce projet. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il m’a été donné de voir tourner il y a quelques années des centrales naphta dans d’autres pays du continent. Là aussi, il me semble qu’il y a une réflexion à mener lorsque l’on sait la qualité des ingénieurs que nous avons dans les deux entreprises.
2) - Comme maire de Thiès, j’ai mis en place un éclairage des rues en partie solaire. Pape Diop, maire de Dakar à l’époque, a signé en 2008 une convention de dix millions d’euros avec l’Afd pour développer l’éclairage public au solaire dans Dakar. Je vois cette source d’énergie comme un puissant moyen à utiliser dans le cadre de programmes d’économies d’énergie. Cela passe par un travail étroit avec les collectivités locales du pays pour ce qui est de l’éclairage public, mais aussi par le lancement de grandes campagnes d’économies d’énergie. Je propose dans ce cadre qu’il y ait davantage d’incitations fiscales pour tous les équipements solaires. Cette mesure fera baisser les prix d’accès à cette énergie et incitera les ménages à envisager plus facilement le remplacement de tout ce qui est éclairage extérieur dans nos maisons par du solaire.
Nous avons les compétences techniques dans le pays. Nous pouvons avec l’aide de partenaires étrangers investir massivement dans le secteur. Créer au Sénégal un pôle d’excellence dans le solaire en Afrique subsaharienne est à notre portée. S’y ajoute qu’une telle politique soulagera le réseau Senelec, supprimera une partie des groupes électrogènes dont le ronflement trouble de plus en plus le sommeil de paisibles citoyens dans nos quartiers et libérera de la capacité de production pour les autres usages.
Voilà quelques-unes des réflexions que m’inspire la situation du secteur de l’énergie.
Les joueurs de la Linguère et de la Ja, ceux du Djaraf, du Casa-Sport et de l’Us Rail, et tous les autres, savent se fondre dans l’équipe nationale, pour honorer le drapeau du Sénégal dans les compétitions internationales. Cela devrait inspirer le Ps et le Pds, la Ld et l’Afp, Aj et le Pit ainsi que toutes les formations politiques de notre pays. Et les inciter à s’unir quand l’intérêt suprême de la nation le commande : la paix en Casamance et le rayonnement du Sénégal en Afrique et dans le monde, la défense de la démocratie dans notre pays et la solution au problème vital de l’énergie.
L’heure est venue sur ce dernier sujet pour tous les hommes de bonne volonté de notre pays de se mettre ensemble pour trouver les solutions.
Idrissa SECK Ancien Premier ministre du Sénégal Maire de Thiès Membre du Comité directeur du Pds
Plus on s’approche des présidentielles de 2012, plus le dialogue sera difficile à instaurer
A moins de seize mois de l’élection présidentielle de janvier 2012, force m’est de constater pour le regretter qu’il n’y a pas le moindre dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Et pourtant, ce ne sont pas les sujets autour desquels ce dialogue devrait se nouer, qui manquent : fichier électoral, carte d’identité nationale, décompte des bureaux de vote, couplage des élections, etc. Lors du Maouloud de l’année dernière, le khalife général des Tidianes avait, d’emblée, désigné comme médiateur le porte-parole de la famille Sy. Depuis, la désignation de cet homme de Dieu semble rangée dans le tiroir des oubliettes.
Il importe que les Sénégalais, sur des bases dépouillées de tout calcul politicien, se parlent entre eux. Les nations civilisées, y compris celles dont nous nous inspirons de l’exemple, se créent des cadres de concertation pour se sortir des crises qui sont le lot de chaque pays quel que soit son niveau de développement. Le Sénégal ne saurait échapper à la règle, surtout que ce pays a réussi la prouesse de faire l’économie, pendant 50 ans, d’un coup d’Etat militaire. Que Dieu nous en garde pour le présent et le futur.
Alors, j’invite le président Wade à relancer le dialogue tant attendu par les Sénégalaises et les Sénégalais. L’appel au dialogue n’est jamais de trop. Mieux, cela participe de la fonction républicaine qu’il tient du peuple. Le prophète de l’Islam, sitôt arrivé à Médine, ne tarda pas à lancer un appel au dialogue, notamment en direction des Juifs pourtant considérés comme les pires ennemis de la dernière religion monothéiste. J’invite, dans le même élan, l’opposition à répondre à l’appel de Me Wade pour un dialogue sincère, républicain et loyal, car on ne saurait vivre dans l’ignorance des uns et des autres. C’est en s’ignorant mutuellement que se bâtissent les haines les plus tenaces. C’est la meilleure manière de plonger notre pays dans le chaos. Que Dieu (Swt) nous en garde. Je ne demanderai pas pour autant des droits d’auteur. Les prières me suffisant largement.
Yalla rek mo xam
Babacar KEBE
Monsieur le Président de la République, il est temps d’arrêter l’hémorragie causée par les délestages
Par devoir de vérité, je tiens à vous adresser solennellement cette lettre publique pour attitrer votre attention sur les menaces qui pèsent sur votre régime. Aimer quelqu’un, c’est lui dire la vérité. Les Sénégalais sont fatigués de supporter les coupures intempestives de l’électricité. Les pertes sont immenses. L’insécurité s’installe partout. Il est inconcevable qu’au troisième millénaire, l’une des causes de mortalité au Sénégal soit liée au déficit de courant. Pourtant, notre pays est gouverné, depuis 10 ans, par un homme qui a la chance d’être à la fois, un avocat, un économiste, un mathématicien…, un intellectuel averti.
‘C’est vraiment malheureux. On a eu des délestages et celui qui est survenu entre lundi et mardi a fait des dégâts sérieux chez nous. Parce que 24 heures sans courant, c’est vraiment grave et les conséquences sont là. Trois enfants sont décédés à cause du manque de courant et d’autres sont en instance de mourir parce qu’ils sont dans la crèche et doivent être réanimés. Si leur état s’aggrave et qu’on n’ait pas d’électricité pour les réanimer, ils vont mourir. Il y a des enfants qui vont naître, souhaitons qu’il n’y ait pas de problème à leur niveau. Si on doit les réanimer, ils vont mourir’, a expliqué à la presse le secrétaire général de la sous-section Sutsas du Centre hospitalier régional de Ziguinchor, Abba Diatta. Ces mots sont pathétiques, Monsieur le Président de la République.
Il y a quelques jours, vous avez été honoré aux Etats-Unis d’Amérique pour avoir révolutionné l’éducation de la petite enfance au Sénégal. Toutefois, au rythme des décès d’enfants dans les crèches, dans quelques années, toutes vos Cases des tout-petits risquent de mettre la clé sous le paillasson. Il est temps de dire la vérité et toute la vérité sur la question énergétique afin d’arrêter l’hémorragie.
Aujourd’hui, tous les secteurs d’activités sont paralysés. Une situation qui accentue la pauvreté et la misère. Les Sénégalais sont fatigués. Où sont passés les 700 milliards de francs Cfa injectés dans le secteur de l’électricité depuis votre accession à la magistrature suprême de ce pays ?
Monsieur le Président de la République, je fais partie de cette jeunesse qui a bravé tous les obstacles pour vous porter à la tête de ce pays en 2000. Mais, force est de reconnaître que l’heure est grave. Le bout du tunnel s’assombrit. La pirogue tangue. L’espoir fond comme de la glace sous le soleil.
Les clignotants sont au rouge. L’inquiétude gagne du terrain. Les populations sont désespérées : coupures d’électricité, cherté de la vie avec l’augmentation des prix des denrées de première nécessité, boulimie foncière, inondations (695 familles sinistrées et 155 écoles envahies par les eaux), impunité ambiante au sommet de l’Etat, chômage des jeunes, crise des valeurs… Pis, l’amateurisme et le dilatoire semblent être érigés en mode de gestion dans ce pays. Monsieur le Président de la République, ce tableau du Sénégal est peu reluisant. Aimer une personne, c’est aussi avoir le courage de lui dire ce que l’on pense.
Veuillez recevoir, monsieur le Président de la République, mes sentiments respectueux. Que Dieu vous apporte son soutien…
Maké DANGNOKHO Journaliste
Par devoir de mémoire
La hantise de l’écrivain devant la page blanche ; le même sentiment m’étreint ce matin et pourtant, il faut bien parler de cette tragédie que nous avons tous vécus dans le tréfonds de notre être, dans notre chair. En nous inclinant devant la mémoire de nos morts (repose en paix Khady Diouf), on ne peut ne pas faire une introspection. A-t-on tiré les conséquences de cette catastrophe ? Sommes-nous plus civiques ? Plus respectueux de l’autre ? Plus conscients que notre liberté s’arrête là où commence celle de l’autre ? Plus patriotes ? Ne nous voilons pas la face et osons au moins le pari des réponses.
Il faut le souligner pour s’en attrister : on est toujours prompt à décrier les nombreux accidents de la circulation alors que l’on ne réfléchit jamais à deux lorsque la date de la visite technique de notre véhicule est largement dépassée : ‘On n’a pas le temps, ce matin, une réunion urgente nous attend’ (la réunionite, faut aussi qu’on en parle bien un jour !). On ne rechigne pas à entrer dans un bus hyper bondé de monde alors qu’on a la possibilité d’attendre le prochain, idem pour le ‘car rapide ou Ndiaga Ndiaye’, les marchepieds sont aussi prisés que le ‘salon’, alors que l’autoroute ressemble à un marché tellement les piétons l’empruntent au risque de leur vie, en ignorant royalement les passerelles aménagées à leur effet, pour plus de confort à la circulation des personnes et des biens.
Face à cette situation de totale ignorance ou de mépris des règles édictées par le législateur, il faut se demander si l’instruction civique fait encore partie des programmes scolaires, le cas échéant, un appel solennel est lancé aux conseillers avisés du ministère de l’Education pour enrichir les curricula dans cette discipline fort importante, pour ne pas dire la plus importante. Balayer en classe, c’est par exemple montrer à l’enfant, dès le bas âge, que la propreté est un élément vital pour toute vie humaine. Cela nous amène à poser, de manière évidente, la problématique de cet article, en nous gardant bien sûr de donner des leçons ; le but étant juste de contribuer à une réflexion sur le changement de comportement : Nous aimons notre cher pays le Sénégal ? Alors, donnons-nous les moyens de le montrer au quotidien.
Lors de débats, souvent passionnants, jamais passionnés, avec des collègues, amis ou parents, de vive voix ou dans le cadre de réseaux sociaux, nous abordons souvent cette problématique, en nous émouvant de la dégradation du sentiment national, de ce patriotisme que nous chantons si bien dans notre hymne national ; et il me revient cette douloureuse expression : ‘mbédou bour’ (traduction intelligente : on fait ce qu’on veut dans la rue, elle n’appartient à personne !) Souvent, ces mots ne viennent pas toujours d’analphabètes (c’est-à-dire des gens qui n’ont fait ni les bancs de l’école française, arabe, encore moins les daaras) mais bien de citoyens (?) qui se targuent de la pompeuse épithète ‘intellectuel’ (!) et qui, mélangeant liberté et licence, et abusant de leur prérogative de porteurs de voix, entraînent la masse vers les cimes de l’incivisme.
Cela se traduit d’abord par une pollution visuelle (où est cet architecte qui, en faisant une boutade, disait qu’il allait organiser un concours des horreurs architecturaux, puisque, au nom de la lourde bourse qu’ils détiennent, certains citoyens changent les façades de leurs maisons en défiant les règles les plus élémentaires de construction !). Pire que l’attristement des adeptes de la norme, cela se traduit, souvent, hélas, par des situations tragiques comme l’affaissement de bâtiments dont les fondements ne peuvent plus supporter la construction en hauteur ; il est temps que l’on fasse appliquer, dans sa stricte rigueur, le code de l’urbanisme et, par ricochet, réfléchir de manière profonde à l’harmonisation des constructions dans nos capitales régionales et villes et arriver, un jour, à ce que, parlant de Dakar, Saint-Louis ou Rufisque, l’on dise la ville rose, bleue ou blanche tellement l’architecture et les tons y sont maîtrisés.
En attendant une politique hardie sur la question, la rue, notre rue est devenue bien laide. Elle croule sous le poids de l’inconscience de ses usagers et il est bien loin le temps où nos grand-mères nous disaient que balayer devant sa porte attirait à la personne qui le faisait, un bonheur éternel puisque soucieuse du bien-être de tous.
La Constitution, qui s’est substituée depuis longtemps aux propos bienveillants de grand-mère, garantie pourtant à tous le droit de vivre dans un environnement sain et demande aux Sénégalais, bénéficiaires de ce texte fondamental, de s’en donner les moyens. Le premier moyen, le plus important dont nous disposons dis-je, c’est bien la volonté, qu’attendons-nous pour la mettre au service de la propreté ? L’autre ne disait-il pas que la rue reflète l’intérieur de nos demeures ? Je veux bien croire que nous nous aimons et aspirons à notre bien-être !
Ensuite, la pollution sonore. Combien de fois n’a-t-on pas été obligée de passer une nuit blanche, faute de ne pouvoir dormir pour une manifestation X ou Y organisée en pleine rue, et dès fois, sous notre propre fenêtre s’il vous plaît. Or, ces évènements culturels, sportifs, cultuels ou religieux auraient tout simplement pu être circonscris dans les endroits aménagés à cet effet. A quoi servent nos Centres socio-culturels et nos Cedeps (Centres départementaux de l’éducation populaire et sportive) par exemple ? Si des politiques sont dessinées dans presque tous les secteurs, le citoyen a le devoir de participer à leur essor. Tout en gardant à l’esprit nos droits, engageons-nous un peu plus à exercer nos devoirs ! J’invite nos sociologues à réfléchir sur les motifs d’abandon, par nos populations, de ces lieux dédiés.
A croire que l’occupation anarchique de l’espace public est devenu une mode… indémodable sous nos cieux ; sinon, comment expliquer que les propriétaires d’immeuble prennent sur eux de louer de facto les rez-de-chaussée à des commerçants (le pire, c’est une boutique de tailleur qui travaille toute la nuit. Si vous êtes juste au-dessus, c’est insomnie garantie tous les jours parce que rares sont les immeubles bénéficiant d’un système d’isolation). En cas d’incendie, c’est tout frais pour les pauvres locataires !
Tout ceci doit enfin nous emmener à revoir notre liberté, la manière dont nous la vivons et ce vers quoi elle nous engage ; car, finalement, et pour paraphrase Jean –Paul Sartre, la prospérité de notre Nation en dépend.
Nafissatou DIOUF Journaliste Doctorante en Lettres