Rimka ROUGIT du tout rouge arboré
SENEGAL, de MAL EN PIS...
Rimka ROUGIT du tout rouge arboré
Campagne de Karim Wade - Ouf , on se reprend : Le Sénégal refuse la monarchie !
par , lundi 16 mars 2009
Le fils du Président Abdoulaye Wade, Karim de son prénom auquel ses thuriféraires ajoutent Meïssa depuis quelques temps pour le « sénégaliser », a finalement pris son « courage » à deux mains, pour descendre dans l’arène politique. La journée d’hier restera dans sa mémoire comme celle de la désillusion, celle au cours de laquelle le Sénégal des rues de Dakar aura apporté une réponse claire, nette et sans ambages : c’est non ! à son projet. Un non qui a sonné jusque dans des lieux de culte.
Le fils du président s’est fait huer dans l’enceinte de la mosquée omarienne où des fidèles ont expiré de leurs poitrines le sentiment de rejet contenu dans le tréfonds de la majorité de nos compatriotes. Quelle idée d’aller commencer une campagne électorale par la prière dans une mosquée, en l’inscrivant, insupportable blasphème et suprême manque de tact, dans le calendrier de campagne communiqué aux journaux !
Décidément, Karim Wade et ses affidés ne sont pas seulement bons à rien : ils sont aussi mauvais en tout. Ils voudraient irriter nos compatriotes qu’ils ne s’y prendraient pas autrement : commencer ainsi une campagne électorale le jour du premier anniversaire de la fin de mission de l’Agence nationale d’organisation de la conférence islamique (Aonci). Des adversaires comme ça, on en rêve : tout ce qu’ils font semble conçu pour les enfoncer un peu plus. Directeur de campagne officieux de son fils, Abdoulaye Wade en est le plus féroce déstabilisateur.
En s’opposant à son audition par l’Assemblée Nationale, en présentant cette demande d’audition comme une faute politique que Macky Sall doit expier, avec tout le charcutage des lois du pays qui s’en est ensuivi, Wade père a jeté de graves suspicions sur la gestion de cette agence. S’il fallait forcément commencer la campagne de Karim ce jour-là, la plus crédible des entames aurait consisté en la présentation d’un bilan crédible chiffré et circonstancié des comptes de cette agence-là.
A la place, encadré par son cousin Doudou (Par pudeur, n’aurait-il pas fallu trouver un autre ?), voilà qu’on traîne littéralement le fils Wade par la main : on en gardera l’image d’un garçon incapable de quoi que ce soit par lui-même, un « présidentiable » qui bat campagne sans piper un mot, un mineur politique ayant besoin d’une tutelle permanente. Un handicapé à plus d’un titre !
S’ils voulaient convaincre définitivement leurs compatriotes que Karim n’est pas un Sénégalais comme les autres, les concepteurs de sa campagne y ont réussi plus que de besoin : le trois-pièces de circonstance et les lunettes de soleil, Amadou Tidiane Wone lui montrant où se placer dans le mausolée, comment tendre ses mains, Doudou Wade lui indiquant la voie à suivre…tout cela a renvoyé à l’image connu chez nous d’un toubab converti de circonstance qui se fait présenter à ses beaux-parents auxquels il demande la main de leur fille. Factice, artificiel, caricatural !
Abdoulaye Wade qui se fait huer et s’oblige à passer la nuit à Kaolack pour régler les problèmes de son parti, Karim Wade qui se fait huer dans les rues de Dakar : il y a de quoi être fier des Sénégalais dont des conspirateurs à la petite semaine pensaient qu’ils sont du bétail électoral manipulable par l’intrigue. Il est des consciences, plus nombreuses que ne pensent les sorciers des officines nichées dans les sommets du pouvoir, que l’argent n’achète pas.
Cette vérité-là est apparue au grand jour hier. Le caractère référendaire accordé à ces élections locales a donné son verdict : le Sénégal, république pluri-centenaire, avec un peuple digne et fier, conscient de sa valeur, dit non à la dévolution monarchique du pouvoir conçue par des opportunistes.
Pour diriger l’Anoci, Karim Wade a eu besoin qu’on lui colle Abdoulaye Baldé, le responsable des comptes, aux yeux des lois, alors que lui en tire les avantages ; pour entrer en campagne électorale, il a eu besoin de chaperons qui parlent à sa place…Assurément, nul ne méprise plus les Sénégalais que ceux qui pensent que ce garçon-là est appelé à succéder à son père. Ouf ! Avec des journées comme celle d’hier, on se reprend, avec cette jubilatoire certitude : on ne désespère pas de notre pays.
Abou Abel THIAM
Ferloo.com : Dimanche 15 Mar 2009
Abdou Latif Coulibaly : « Je suis contre la dépénalisation du délit de presse »
« Je suis contre la dépénalisation du délit de presse » a indiqué le journaliste et écrivain, Abdou Latif Coulibaly, invité de la Rfm. Contrairement, à l’ensemble de sa corporation qui a applaudi dès l’annonce de la dépénalisation du délit de presse, par le Président de la République, Abdoulaye Wade, aux correspondants régionaux de Tambacounda, Abdou Latif qui est aussi "profondément choqué par l’arrestation d’El Malick Seck" est contre cette promesse de Wade.
Le Directeur de l’Issic estime que « la dépénalisation du délit de presse ressemble à une exonération et à un dédouanement des journalistes ». En fait, « je pars du principe que tout homme responsable qui pose des actes doit en répondre devant la justice », a précisé Abdou Latif Coulibaly. Selon lui, si la dépénalisation de la presse devient effective, d’autres arsenaux juridiques sur lesquels le pouvoir peut s’appuyer existent. Il s’appuiera là pour arrêter les journalistes. Toutefois, Abdou Latif Coulibaly « regrette » et se dit profondément « choqué » de l’incarcération d’El Malick Seck. D’ailleurs, pour lui c’est un problème de justice qui se pose au Sénégal, allusion faite au verdict rendu par la Cour d’Appel à l’affaire de forclusion des listes Sopi 2009 à Ndoulo et à Ndindy, malgré le constat d’huissier et le procès-verbal établi par la Cena. Abdou Latif Coulibaly a refusé de se prononcer sur la descente de Karim Wade dans l’arène politique. Cela au risque de donner raison à son père qui a déclaré que « c’est la presse sénégalaise qui a fait de Karim ce qu’il est aujourd’hui ». « Mais ce qu’il a vu à Sandaga, l’autre jour est un bon indice... », s’est contenté de dire Latif Coulibaly.
Et je reviens là dessus!
Amadou Gueye NGOM Lundi 16 Mar 2009
« Hypocrisie sociale, quand tu nous tiens… » Avais-je conclu dans une chronique, sans arrière pensée, qui invitait simplement à une réflexion linguistique. Un nombre inhabituel de lecteurs y a répondu, chacun selon son niveau d’entendement ou de susceptibilité. Il en est pourtant un dont le commentaire, quoi que, bref résume l’impossibilité à jamais d’un consensus culturel dans ce pays si fragile qui est le mien. Cet internaute écrit :
“grand amadou ya niaw khel.- grand amadou tu as l’esprit pointu
amadou mi khel mou niaw la yor- cet amadou a mauvais esprit
Rien qu’à l’hortographie, la confusion s’installe… S’agit-il de ñaw (pointu, acerbe) ou ñaaw (laid, mauvais)? L’un ou l’autre se dit. Un esprit peut en effet être qualifié d’acerbe pointu ou mauvais. Cette ambiguité de sens n’a pas lieu si la transcription wolof s’impose.
Revenons à l’hypocrisie sociale…
Si dans les années soixante être honnête était une infirmité- « Fii, jub laago lafi » comme Ousmane Sembene le fit dire au personnage principal de son film « Le Mandat », Force est de constater que, quarante ans plus tard, la mauvaise foi est devenue une véritable pandémie. Le virus était-il dans le corps ? Ce qui m’intrigue est que le mot « naféq » qui traduit hypocrite soit d’origine arabe.
Islam et christianisme bannissent les jeux de hasards. Aucun leader religieux n’ose cependant en condamner la pratique. La peur de contrarier l’Etat actionnaire et de perdre ce fonds de commerce que constituent les disciples l’emportent sur la morale du devoir. N’est-ce pas hypocrisie ?
L’existence des talibés mendiants dont la seule vue devrait nous torturer l’âme du soir au matin au point de nous empêcher de dormir, de manger, devient une « réalité culturelle » et non un fléau à éradiquer. Nous croyons en être quittes avec notre conscience après avoir rempli, avec nos restes contaminés de salive, la boite de conserve rouillée de ces pauvres hères. Aminata Sow Fall va plus loin en imaginant dans « La grève des Báttus » une dramatique situation de crise dans la relation d’intérêt entre mendiants et société.
Au quotidien, peu d’entre nous se préoccupent de la réalité des daras-écoles ni recensées ni inspectées au même titre que les écoles en langue française. Qu’une presse étrangère s’en émeuve, voilà que l’Etat feint la surprise. Les thuriféraires du régime crient hypocritement au racisme. Bien vite, on passe à autre chose…Ça urge, les élections locales ! Tout en sachant que le mécanisme de la majorité automatique ramènera les mêmes prédateurs qui s’empresseront d’enterrer leurs promesses électorales sur le deuil des anciennes.
Il arrive encore que des personnes soient victimes de discrimination par le fait d’appartenir à une caste jugée inférieure. Bien souvent, fortune, notoriété sociale viennent à bouts des velléités conservatrices. L’argent n’a pas d’odeur dit-on cyniquement. Il n’a surtout pas de sang. Hypocrisie ? Non, évolution des mentalités, estiment les décasteurs.
Derrière de respectables façades de maisons HLM ou SICAP se nichent, au su et au vu de des autorités judiciaires, de l’Imam du coin, des « clandos » où l’alcool et le sexe se vendent avec les réprobations toussotées du quartier. Certes, ce genre d’établissements n’est pas une exclusivité sénégalaise -on en trouve à Matongué du Zaïre- mais c’est chez nous qu’on se vante de compter 95% de musulmans. Hypocrisie sociale ? Non, tolérance et laïcité….
Le plus grave se situe ailleurs… A notre insu nous faisons les frais d’une logique de système qui se résume hypocritement à ceci : que chacun fasse ses petites affaires, vive comme il peut pendant que moi l’Etat fornique avec la Constitution dont vos députés voteront les lois.
Notre société déteste qu’on lui montre ses lacunes, faiblesses et tares. Même si l’on se dit d’un air convivial « ku la ne sanggul sa taar la bëgg »-recommander à quelqu’un de se laver c’est lui souhaiter une beauté, seule la pommade semble convenir à notre frilosité. Et gare à l’un des nôtres qui ose dire ou écrire ce qui n’est ni reluisant ni ne flatte l’ego senegalensis dont l’amour propre s’apparente parfois bien plus à l’orgueil qu’à la fierté.
L’allergie à la critique n’affecte pas seulement le bon peuple. L’écrivain, l’artiste plasticien ou musicien n’ont d’oreilles que pour le compliment. La moindre critique, même constructive, vaudra à son auteur la haine ad vitam aeternam de tout un clan.
Tant il est vrai que le nain suffoque de colère quand on lui rappelle qu’il est petit mais éclate de suffisance lorsqu’on lui assure être plus grand qu’un autre nain.
Récemment, il a été question d’exiger des autorités la publication de leurs biens et bulletin de santé. Pour faire bonne mesure, il eût été honnête de protester contre l’évacuation sanitaire en France ou Suisse de ministres patraques, au frais du contribuable.
Tous comptes faits, je suis moi-même bien hypocrite d’envier l’opulence des Concrets et ne pas me faire établir un jugement supplétif de naissance qui me donnera l’âge de leur génération dans laquelle, assurent les mauvaises langues, l’on devient milliardaire juste en rimant avec l’air du temps.
Amadou Gueye Ngom
Critique social
Seneweb.com : Lundi 16 Mar 2009
Après sa mésaventure à Podor : Wade se risque à Fatick, fief de Macky Sall
Les jeunes de la ville de Fatick se sont engagés dans des batailles rangées ce lundi matin à Fatick, quelques heures avant la visite annoncée du président de la République dans la localité. Les jeunes de l’opposition disent attendre le chef de l’Etat « de pied ferme » pour lui exprimer leur mécontentement. La visite est d’autant plus tendue qu’il s’agit du fief de l’ancien numéro deux du Pds Macky Sall, passé à l’opposition depuis son éviction du poste de président de l’Assemblée nationale.
Dans les bastions du président de l’Apr Yaakaar, le chef de l’Etat a eu du mal à rassembler des foules. A Podor, le déjeuner qui était prévu en l’honneur du secrétaire général du Pds a été annulé. Abdoulaye Wade n’est pas resté aussi longtemps que prévu. Partout où il est passé, les populations ont scandé « na dem, na dem » (qu’il parte en wolof), qu’il parte en wolof, brandissant des brassards rouges. Wade est parti comme il est venu, dans le mépris général, dans une localité connue pour son attachement aux partis au pouvoir.
L'OBSERVATEUR :
LATIF COULIBALY SUR LES LOCALES "C'est un impératif pour l'opposition de les gagner"
Article Par Makhaly Ndiack Ndoye ,
Paru le Lundi 16 Mar 2009
Le journaliste écrivain, est revenu sur les grandes lignes de l'actualité nationale, lors de l'émission Grand jury d'hier. Devant Mamoudou Ibra Kane, Abdou Latif s'est dit convaincu que la dépénalisation du délit de presse annoncé par Me Wade n'est pas une bonne chose pour les journalistes. Abordant la question des locales, le Directeur de l'ISSIC estime que l'opposition a le devoir impératif de les remporter.
Les déboires avec l’actuel régime ont commencé la publication de votre ouvrage «Wade, un opposant au pouvoir, l’alternance piégée ?» (avec un point d’interrogation). Ce décrochage-là que vous venez d’opérer ne pourrait-il pas être interprété comme une volonté de mettre tout le monde à l’aise ?
Vous savez, les gens ont interprété, quand vous (Mamoudou Ibra Kane) avez décroché votre diplôme, que c’était pour aller faire autre chose. Que vous prépariez votre départ de la structure que vous dirigez. Les gens interprètent tout. Laissez aux gens le droit et le choix d’interpréter ce qu’ils interprètent. Faites ce que vous avez à faire et laissez les gens le choix d’interpréter et, ayant la conscience tranquille par rapport à vous-même, le reste n’est pas important.
Vous ne risquez pas d’aller en prison, puisque le Président Abdoulaye Wade a fait part de sa volonté de dépénaliser les délits de presse, en déclarant ne plus vouloir voir un journaliste responsable en prison au Sénégal. Avez-vous envie d’applaudir ?
Non. Je suis contre la dépénalisation. Je pense que ce n’est pas une bonne chose. Vous êtes surpris ? Je le vois pourtant. Je l’ai soutenu pendant longtemps. Nous sommes le premier groupe à le soutenir en 1991, à avoir défendu l’idée de dépénaliser les délits de presse. C’est à l’époque où j’étais euphorique. Mais maintenant, je défends la position contraire et j’ai des arguments pour le défendre. Je pars du principe que tout homme dans la vie, qui exerce une responsabilité, doit répondre devant le juge des actes qu’il pose. Je ne vois pas pourquoi le médecin qui prend en charge votre vie, qui est là pour restaurer votre intégrité, est pénalement responsable des actes qu’il pose et nous, journalistes, qui sommes dans nos salles de rédaction, qu’on nous dédouane par rapport au travail que nous faisons. Pour moi, ce n’est pas acceptable.
Ce n’est pas une bonne nouvelle, la dépénalisation des délits de presse ?
C’est un piège à niveau. J’ai fait le bilan de toutes les arrestations intervenues ces dernières années concernant les journalistes. Ces arrestations ne sont pas fondées sur la base des délits de presse. Madiambal Diagne est allé en prison pour trouble à l’ordre public, Boubacar Diop l’a été. Il y a des délits à côté des délits de presse sur lesquels le gouvernement peut s’appuyer pour mettre un journaliste en prison tout en ayant la bonne conscience de dire que j’ai dépénalisé les délits de presse. Les délits de presse, tels qu’ils sont, ont la même connotation légale que les délits politiques. Si vous avez commis un délit politique, si vous êtes condamné, personne ne peut vous astreindre par des contraintes par corps pour vous envoyer en prison quand vous n’avez pas payé. C’est exactement la même chose pour les délits de presse. Par contre, si demain on enlève les délits de presse et qu’on maintienne les autres textes de Droit qui peuvent nous amener devant les tribunaux comme n’importe quel citoyen : violence, incitation à la violence, incitation de l’Armée à la désobéissance, les contraintes par corps peuvent nous être appliquées. Pour moi, c’est un piège dans lequel tous les journalistes s’y sont jetés. Je sais que mes confrères ne seront pas d’accord avec moi, mais j’ai l’habitude de défendre mes idées par rapport à mes propres convictions.
La dépénalisation est annoncée à un moment inattendu. Ne s’agit-il pas, pour le régime, de jeter un os à ronger à la presse pour le détourner de l’affaire Farba Senghor ?
On ne peut pas faire le reproche à Abdoulaye Wade, mais à la presse qui ne parvient pas à faire la différence entre ronger un os et faire son travail. C’est une insulte à la presse qu’on nous jette un os à ronger. Si on accepte ça, bravo à Abdoulaye Wade qui a réussi son rôle de politicien qui est de faire en sorte que les journalistes se détournent des problèmes importants des citoyens.
Il y a un journaliste Sénégalais qui est en prison au moment où on parle de dépénalisation du délit de presse, c’est El Malick Seck.
C’est regrettable et j’en suis profondément choqué. Ce qui me préoccupe, ce sont moins les délits tels qu’ils existent. C’est simplement l’indépendance de la Justice. C’est quel est le degré de liberté de la Justice ? Si nous avions une Justice complètement libre, capable de rendre la justice au nom des Sénégalais, on n’en serait pas là à discuter de la dépénalisation des délits de presse. En France, les délits de presse sont pénalisés. Mais aucun magistrat ne pense envoyer un journaliste qui pense mal, incorrectement ou qui s’est trompé volontairement ou involontairement, en prison. La question n’est pas de savoir quelle est la nature du délit. Ceci est un faux débat. Les journalistes français sont rarement condamnés. Imaginez-vous que les magistrats, qui ont rendu cette décision de justice sur l’affaire de Ndoulo et Ndindy, vont rendre une bonne justice. Eux qui ont dit qu’ils n’avaient pas suffisamment de preuve sur cette affaire. C’est le lieu de dire qu’on a chamboulé tous les principes de Droit et de fonctionnement de notre Justice. L’acte de l’huissier est une parfaite preuve et aucun magistrat ne peut l’écarter. En plus, la loi dit que le procès-verbal dressé par la Cena vaut une parfaite preuve. Si on écarte tous ces éléments-là, vous croyez qu’on va écarter un journaliste qui est attrait devant ces gens-là ? Il ira en prison. Nous, journalistes, devons être très vigilants par rapport à notre responsabilité. Si on enlève le caractère pénal du délit et qu’on retienne seulement la nature civile du délit, ainsi si vous diffamez quelqu’un, vous n’avez pas besoin d’être au tribunal, il suffit que notre avocat soit présent. Le procès civil est une technique qui ne concerne que les avocats et les juges. Ceci est anormal.
Le Président Wade a déclaré à Paris que c’est la presse sénégalaise qui a fait de son fils Karim un phénomène national. Etes-vous d’accord avec lui ?
Je ne suis pas souvent d’accord avec lui, mais dans cette affaire, oui d’une certaine manière. Moi, j’ai une certaine peine à me prononcer sur cette question, puisque, pour moi, c’est un faux débat, même si, au fait, il y a l’intention de faire réussir ce coup de jardin. Je vais vite clore ce débat pour ne pas accréditer ce que dit Abdoulaye Wade. Si l’accueil à Sadaga de son fils est un avant-goût de ce que les Sénégalais lui réservent, là je ne m’inquiète pas. Je suis très content et rassuré.
Voulez-vous dire que Karim Wade est rejeté ?
Pour cela, Karim sait, son père sait et les Sénégalais, eux-mêmes, savent.
Vous souteniez, en novembre dernier, que Karim n’a ni la compétence ni le profil, encore moins la rigueur d’un homme d’Etat. Maintenez-vous ces propos, au regard de sa descente dans l’arène politique ?
J’ai entendu un confrère, interrogé sur la question, dire qu’il ne connaît pas Karim Wade, donc il ne peut pas faire ce jugement. Mais ce jugement, on n’a pas besoin de connaître quelqu’un pour le faire. Il suffit de le voir à l’œuvre. Nous n’avons pas la preuve qu’il a cette compétence. Il y a des indicateurs qui montrent que tel peut diriger un Etat et permettre à quelqu’un de l’apprécier ; nous jugeons toujours les Présidents d’autres pays et nous ne les connaissons pas physiquement. Mais nos jugements se fondent sur les actes qu’ils posent. Débattre sur Karim Wade n’a aucun intérêt pour le pays.
La campagne déguisée du Président, en visites économiques ; cela ne vous gêne pas ?
Cela ne gêne pas et ne me surprend pas. Ce qui est important, c’est ce que les Sénégalais diront le 22 mars. Il peut penser qu’il est encore dans le cœur des Sénégalais et qu’il bat campagne, mais il ferait mieux, vu ce qui s’est passé en 2000, de rester dans son Palais. De mon point de vue, le peuple sénégalais s’est trompé en 2007.
L’opposition, regroupée autour de Benno Siggil Sénégal, peut-elle amener le pouvoir en minorité au vu de la campagne qu’elle est en train de mener ?
En tout cas, elle doit. C’est un impératif pour elle. Après la défaite de 2007 et le boycott des Législatives et une défaite le 22 mars, on dira que l’opposition ne convainc pas les Sénégalais. Et si elle invoque la fraude, elle se condamne davantage. Ça veut dire qu’ils n’ont pas rétabli les rapports de force nécessaires pour forcer le pouvoir actuel à organiser des élections libres et transparentes. Ce qui est arrivé en 2000, c’est le fruit de ce qui s’est passé en 1993 et 1988. L’opposition de l’époque avait su imposer les rapports de forces qui ont abouti à l’élaboration du Code électoral consensuel. Bien que Abdou Diouf et son pouvoir sont différents de ceux d’aujourd’hui. L’opposition de l’époque avait en face quelqu’un qui respectait le jeu. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr que ce soit le cas. L’opposition a le devoir de gagner, sinon les Sénégalais devraient lui demander des comptes. Elle ne peut pas cumuler deux défaites et un boycott intercalé et nous convaincre qu’elle est l’alternative pour le pouvoir actuel.
Est-elle bien partie, selon vous ?
Je dirai que l’opposition est très bien partie. On nous disait que l’opposition n’allait pas s’entendre. Aujourd’hui, elle est ensemble dans toutes les grandes villes.
BILLET Doutes
Article Par BOROM DËK BI,
Paru le Samedi 14 Mar 2009
Ne devrais-je pas revenir sur ma volonté de me faire succéder par mon fils ? Je crois que si, parce que nak ça commence mal. Malgré tous les moyens que j’ai mis à sa disposition (le tiers du budget de Dëk bi, les voitures de services et le comité des nervis), il n’est pas parvenu à effectuer une bonne entrée en matière. Des Wouh Wah et des insultes rek partout où il passe. Mais, je pense que ce n’est pas de sa faute. Ce sont ses incapables d’accompagnants qui n’ont pas pu convaincre les populations du bien fondé de mon choix et de bien préparer le terrain.
N’empêche, même si cela débute mal, il faut persévérer, car nak goor leu (c’est un homme). Du moins, c’est ce que je crois. Au fait, les années passent vite han, mon fils-là a déjà dépassé la trentaine et je ne lui connais aucune «bonne fréquentation». A son âge, je faisais des ravages dans Dëk bi et je n’avais pas tous les moyens dont il dispose. Il est beau, instruit et n’est pas pauvre, alors pourquoi toujours rien avec les nombreuses belles créatures qui défilent tous les jours, même sous les yeux des aveugles ? Mbaa dou ? Diok jotna nak (Que se passe-t-il ? Il est temps d’agir). Mais, comme la succession est plus urgente, procédons par élimination, si on ne nous élimine pas d’ici là.
SUD QUOTIDIEN :
Le fils du Président Abdoulaye Wade, Karim de son prénom auquel ses thuriféraires ajoutent Meïssa depuis quelques temps pour le « sénégaliser », a finalement pris son « courage » à deux mains, pour descendre dans l’arène politique. La journée d’hier restera dans sa mémoire comme celle de la désillusion, celle au cours de laquelle le Sénégal des rues de Dakar aura apporté une réponse claire, nette et sans ambages : c’est non ! à son projet. Un non qui a sonné jusque dans des lieux de culte.
Le fils du président s’est fait huer dans l’enceinte de la mosquée omarienne où des fidèles ont expiré de leurs poitrines le sentiment de rejet contenu dans le tréfonds de la majorité de nos compatriotes. Quelle idée d’aller commencer une campagne électorale par la prière dans une mosquée, en l’inscrivant, insupportable blasphème et suprême manque de tact, dans le calendrier de campagne communiqué aux journaux !
Décidément, Karim Wade et ses affidés ne sont pas seulement bons à rien : ils sont aussi mauvais en tout. Ils voudraient irriter nos compatriotes qu’ils ne s’y prendraient pas autrement : commencer ainsi une campagne électorale le jour du premier anniversaire de la fin de mission de l’Agence nationale d’organisation de la conférence islamique (Aonci). Des adversaires comme ça, on en rêve : tout ce qu’ils font semble conçu pour les enfoncer un peu plus. Directeur de campagne officieux de son fils, Abdoulaye Wade en est le plus féroce déstabilisateur.
En s’opposant à son audition par l’Assemblée Nationale, en présentant cette demande d’audition comme une faute politique que Macky Sall doit expier, avec tout le charcutage des lois du pays qui s’en est ensuivi, Wade père a jeté de graves suspicions sur la gestion de cette agence. S’il fallait forcément commencer la campagne de Karim ce jour-là, la plus crédible des entames aurait consisté en la présentation d’un bilan crédible chiffré et circonstancié des comptes de cette agence-là.
A la place, encadré par son cousin Doudou (Par pudeur, n’aurait-il pas fallu trouver un autre ?), voilà qu’on traîne littéralement le fils Wade par la main : on en gardera l’image d’un garçon incapable de quoi que ce soit par lui-même, un « présidentiable » qui bat campagne sans piper un mot, un mineur politique ayant besoin d’une tutelle permanente. Un handicapé à plus d’un titre !
S’ils voulaient convaincre définitivement leurs compatriotes que Karim n’est pas un Sénégalais comme les autres, les concepteurs de sa campagne y ont réussi plus que de besoin : le trois-pièces de circonstance et les lunettes de soleil, Amadou Tidiane Wone lui montrant où se placer dans le mausolée, comment tendre ses mains, Doudou Wade lui indiquant la voie à suivre…tout cela a renvoyé à l’image connu chez nous d’un toubab converti de circonstance qui se fait présenter à ses beaux-parents auxquels il demande la main de leur fille. Factice, artificiel, caricatural !
Abdoulaye Wade qui se fait huer et s’oblige à passer la nuit à Kaolack pour régler les problèmes de son parti, Karim Wade qui se fait huer dans les rues de Dakar : il y a de quoi être fier des Sénégalais dont des conspirateurs à la petite semaine pensaient qu’ils sont du bétail électoral manipulable par l’intrigue. Il est des consciences, plus nombreuses que ne pensent les sorciers des officines nichées dans les sommets du pouvoir, que l’argent n’achète pas.
Cette vérité-là est apparue au grand jour hier. Le caractère référendaire accordé à ces élections locales a donné son verdict : le Sénégal, république pluri-centenaire, avec un peuple digne et fier, conscient de sa valeur, dit non à la dévolution monarchique du pouvoir conçue par des opportunistes.
Pour diriger l’Anoci, Karim Wade a eu besoin qu’on lui colle Abdoulaye Baldé, le responsable des comptes, aux yeux des lois, alors que lui en tire les avantages ; pour entrer en campagne électorale, il a eu besoin de chaperons qui parlent à sa place…Assurément, nul ne méprise plus les Sénégalais que ceux qui pensent que ce garçon-là est appelé à succéder à son père. Ouf ! Avec des journées comme celle d’hier, on se reprend, avec cette jubilatoire certitude : on ne désespère pas de notre pays.
Abou Abel THIAM
Violence et violence électorale, il n’y a qu’un seul responsable, c’est l’Etat libéral !
par , samedi 14 mars 2009
Ceux qui parlent de violence ou l’évoquent dans les média d’une manière aussi vague et avec amalgame, laissent planer le doute dans l’esprit de certains citoyens. L’on fait comme si, dans le cas présent de notre pays sous la direction du pourvoir libéral, sa source pourrait être ailleurs qu’au sein de l’appareil d’Etat. Ceux qui parlent et agissent ainsi, ne rendent pas service aux populations car ils leurs donnent une information biaisée pour ne pas dire inexacte. Je dis bien, tout esprit sain et homme de bonne foi, sans exception, sait pertinemment que, les responsables qui ont intérêt à la violence pour les présentes élections, sont les partisans du pouvoir en place.
Pour la clarté du débat, nous sommes supposés au Sénégal, avoir ou être dans un Etat, c’est-à-dire précisément selon le dictionnaire : « Une personne morale de droit public qui personnifie la nation à l’intérieur et à l’extérieur du pays dont elle assure l’administration » autrement dit, c’est un appareil entre les mains d’un groupe d’individus (une classe) qui a, à sa disposition les moyens humains, matériels et financiers aux fins d’administrer l’Etat dans ses limites géographiques et à tout point de vue.
Ceci étant, l’Etat par son pouvoir, dispose des forces supposées de l’ordre, qui, à la moindre manifestation de protestation des populations pour une raison même valable, ordonne de les mater sans ménagement et pourtant, la constitution leur reconnaît parfaitement ce droit et cette liberté. C’est un secret de polichinelle que de voir en leur sein, entre tendances se disputer le gâteau, ils se tirent dessus ou, au-delà des invectives entre rivaux, ils en viennent tout bonnement aux mains.
Pour dire vrai, l’Etat a l’obligation absolue de maintenir l’ordre et la sécurité sur l’ensemble du territoire national de tous ceux qui y vivent ; mêmes les étrangers. Il dispose sinon, il doit chercher à disposer par tous les moyens nécessaires et adéquats afin de s’acquitter de cette charge régalienne qui lui incombe au premier degré. Ce devoir est permanent et doit s’appliquer tout le temps de façon ininterrompue, par conséquent y compris bien les périodes de campagne électorale.
C’est pourquoi, au lieu de crier à la violence, sans préciser de qui part-elle et vers qui, elle est dirigée, je pense qu’il faut désigner le responsable s’il est bien connu pour éviter de créer ainsi de l’amalgame ou de l’équivoque. En ne situant pas les responsabilités dans le cas d’espèce, on semble mettre tous les acteurs dans le même sac, ce qui équivaudrait à dire, qu’il n’y a pas de victimes ou que tout le monde est coupable, ce qui est tout à fait faux et impossible.
On devrait justement rappeler fermement à l’Etat, par ses tenants, son devoir de prendre toutes les dispositions utiles et nécessaires, pour sécuriser les populations et leurs biens, contre des nervis qui sont payés pour semer la violence et le désordre, dans le but d’empêcher les citoyens de faire librement leur choix, dans le calme, sur ceux qui devraient les administrer demain, comme le voudrait la loi.
La responsabilité de l’Etat est totale et entière dans cette violence en cours ou en gestation, ne pas le dire haut et fort est synonyme de mauvaise foi ou mieux de l’hypocrisie qui cache sans doute des intérêts inavoués.
A quoi servent d’autre les forces de l’ordre, notamment la Police, la Gendarmerie nationale et même l’Armée nationale, si ce n’est dans des situations de menace ou de troubles à l’ordre public, qu’elles soient mises à profit pour parer à toute éventualité ou le cas échéant maintenir l’ordre sans bavure et d’une manière impartiale et patriotique.
La vérité toute nue, c’est que le régime libéral est celui de la violence, il y est né, il vit de cela et sans elle, il n’existe plus.
Il est manifeste que, les cas de violence et de violation de la loi notés depuis 9 ans, dépassent largement, ceux des 40 ans de régime socialiste. Ainsi, de l’espoir que nous escomptions de l’alternance, c’est d’un monstre fait de violence qu’elle a malheureusement accouché. Alors oser le dire, c’est révélé la vérité au grand jour.
Les guides spirituels observent se développer les prémisses d’une violence, germes de graves dangers, qui pourraient engendrer des conséquences incalculables pour notre pays. Au lieu d’agir concrètement sur le cours des évènements à chaud, ils profitent d’une occasion offerte pour faire un appel. Ils n’ignorent pas cependant, les attaques qui sont perpétrées au vu et au su de tous, par le camp du pouvoir en direction des opposants, des militants PDS en rupture de ban ou des tendances dissidentes. Tout ceci ne fait ne plus l’ombre d’un doute pour toute personne de bonne foi dans notre pays. Il ne sert à rien d’être médecin après la mort. Il faut plutôt procéder comme le faisait le regretté feu Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh avec autorité et sans parti pris. Il avait l’habitude de prévenir les acteurs à temps et mettait chacun en ce qui le concerne devant ses responsabilités. Ce vide laissé par l’illustre disparu, ne parvient pas à être comblé par ceux qui sont présents aujourd’hui sur la scène. C’est bien dommage !
Faut-il le rappeler ? Oui, le pouvoir a la responsabilité d’assurer par tous les moyens à sa disposition, la sécurité des biens et des personnes, avant, pendant et après élections. Ce rôle cardinal ne revient à personne d’autre que lui. Au vu de ce qui se passe sur le terrain, l’Etat a failli à son devoir.
S’agissant des média privés libres qui sont très souvent témoins des faits à l’instant T, ils doivent assurer aussi leurs responsabilités comme, ils l’avaient fait à l’élection présidentielle de Février-Mars 2000, en relatant fidèlement les faits tels qu’ils se sont passés, et ne point se livrer à des commentaires tendancieux qui prêtent à confusion ou équivoques. Certes, ce n’est pas facile pour eux, car, ils ont déjà été catalogués comme des opposants ou un des éléments de l’opposition. Mais votre rôle de sentinelle pour votre peuple et la déontologie de votre profession, vous commandent d’informer juste et vrai, en âme et conscience selon les faits et sans amalgame.
Ce n’est qu’ainsi que vous répondrez à l’attente des populations qui sont à votre écoute et c’est ainsi aussi que vous leur rendrez service, en leur fournissant des informations crédibles moulées dans du béton. Ce dont on ne peut attendre de la part des médias d’Etat et leurs excroissances qui fonctionnent sur commande malheureusement. Votre tâche est rude mais, vous êtes bien à sa hauteur.
Les média privés libres sont aujourd’hui numériquement importants et, sont si outillés au plan des TIC, qu’il est pratiquement impossible de nier ou de mettre en doute leurs informations. Ils disposent de moyens tels que, les images et sons qu’ils captent en temps réels et lieux précis, pour apporter la preuve de leurs informations et confondre leurs accusateurs ou ceux qui auraient des doutes.
C’est pourquoi, le peuple sénégalais, devrait considérer ces élections comme un test majeur de grandeur nature ou plus exactement un référendum, malgré les violences, les menaces, les achats de conscience et autres tentatives d’intimidation des électeurs à s’abstenir de voter. Au contraire, il faut aller voter massivement comme en 2000 et se prononcer clairement sans équivoque par une sanction exemplaire, dans le calme et la dignité comme le requiert une attitude citoyenne dans de pareilles situations.
Déjà, les scènes de violence entre eux ne datent pas d’aujourd’hui, ce qui devrait nous édifier sur la nature de violence du régime libéral, particulièrement du Parti Démocratique Sénégalais. Alors, quand la peur de perdre ces élections locales s’y ajoute, c’est la débandade qui s’installe dans leurs rangs et ils perdent tout contrôle. C’est aussi, une des raisons de la violence qui leur colle à la peau.
C’est ce qui justifie d’ailleurs, l’implication directe du chef de l’Etat dans cette campagne électorale, pour voler au secours de ses partisans. Nous ne le dirons jamais assez et ne cesserons non plus de dénoncer cette attitude de non respect de nos lois et institutions de la part de Me Wade, chef de l’Etat. Le chef de l’Etat, en prenant part à ces élections locales, est en violation flagrante de la loi et c’est le premier signe de violence accompli par celui-là même qui devait tout faire pour assurer la sécurité de nous tous mais, surtout de tous les acteurs qui prennent part à ces compétitions. Malheureusement, ceci est au-dessus des forces de Me Wade car, il préfère voler au ras-de-sol que de prendre de la hauteur en s’écartant loin de ces consultations locales.
Cette attitude doit être dénoncée par nous tous, d’une façon nette et claire, à commencer par les magistrats qui brillent par leur silence, les guides spirituels qui sont préoccupés par la stabilité du pays, la communauté internationale qui n’ignore rien de ce qui se passe chez nous et en un mot, par tous les citoyens épris de paix et de justice sociale.
Voilà pourquoi, en parlant de violence, nous devons prendre la mesure exacte, de dire précisément d’où vient-elle, qui en sont les véritables initiateurs et à qui profite-t-elle ?
Mandiaye Gaye
Gaye_mandiaye@hotmail.com
CHEIKH BAMBA DIEYE, TETE DE LISTE DE BENNO SIGGIL SENEGAAL A SAINT-LOUIS “La venue de Wade à Saint-Louis symbolise le désarroi qui règne chez nos adversaires“
par Abdoulaye THIAM | SUD QUOTIDIEN , lundi 16 mars 2009
Cheikh Bamba Dièye, analyse de visite samedi 14 mars, du président de la République, à Saint-Louis, en pleine campagne pour les élections locales du 22 mars prochain, comme une sorte de “désarroi“ de la part de la Coalition Sopi. Toutefois, ironise la tête de liste de Benno Siggil Senegaal, les Libéraux et leurs alliés peuvent déplacer “tous les présidents d’Afrique ainsi que tous les généraux de leur armée“, leur défaite sera inéluctable au soir du 22 mars à Ndar.
(Saint-Louis) – La campagne bat son plein à Saint-Louis. Affiches, mégaphones, meetings, marches, l’ancienne capitale sénégalaise jadis calme, vibre depuis quelques temps au rythme d’une campagne qui a atteint sa dernière ligne droite. Le Président de la République qui est accusé de faire une campagne “déguisée“ a sillonné la ville samedi sans toutefois adresser la moindre parole aux militants. Quand d’aucuns parlent de “mépris“, d’autres de “snobisme“, Cheikh Bamba Dièye voit dans cette visite qualifiée d’“économique“ par les proches du président Abdoulaye Wade, un “désarroi“ de la part de ses adversaires dont il essaie de voler à leur secours. Et se dit par l’accueil que les populations ont réservé au président de la République.
“Nous déplorons l’achat des conscience et le transfert des électeurs“, déclare-t-il. “C’est malheureux de constater que ceux-là qui auraient du avoir comme sacerdoce la promotion de la démocratie, des libertés, sont les premiers à le fouler ; sont les premiers à crever notre démocratie. Chaque citoyen est interpellé“. Mais pour le cas de Saint-Louis, renchérit Cheikh Bamba Dièye, “les acteurs politiques peuvent dormir tranquilles. Il ne se passera absolument pas des cas de fraudes à Saint-Louis. Parce que nous déploierons les moyens qu’il faut et nous mettrons la pression qu’il faut, voire la force si cela est nécessaire pour que force reste à la loi. Et la loi ce n’est pas seulement ce qu’un X veut, mais c’est aussi ce qui est régulier. C’est ce qui est admissible. C’est ce qui va avec la paix sociale et la paix civile après les élections“.
Et d’enchaîner, “les mouvements d’humeur que nous sentons, ne sont que des signes évidents d’un désarroi“. “C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, les gens ont appelé le président de la République. Faudrait-il appeler tous les présidents de l’Afrique, tous les généraux de leur armée à Saint-Louis. Ça ne fera pas changer la donne, parce que les Saint-Louisiens ont déjà pris fait et cause pour Benno Siggil Senegaal. Le 22 mars, ils vont le concrétiser dans les urnes pour une victoire éclatante de notre coalition“, martèle-t-il.
Ensuite, il dresse la liste de ses ambitions pour l’ancienne capitale du Sénégal et de l’AOF. “Revoir Saint-Louis revivre, voire Saint-Louis réémerger“. “Après avoir été la première ville du Sénégal, elle est aujourd’hui tombée en désuétude“, regrette-t-il. “Notre ambition, c’est d’installer au cœur de l’activité municipale, le dynamisme, le management moderne et surtout réaliser des activités efficientes pour répondre les aspirations des populations de Saint-Louis“.
“Saint-Louis dit-il, est un bijou mais malheureusement, un bijou sur un tas d’ordures ; un bijou sur un nid d’insécurité, un bijou sur un lit où il n’y a pas d’assainissements, pas un cadre de vie décent“.
“Pour vendre la destination Saint-Louis Cheikh Bamba Dièye préconise, une ville absolument propre, sécure et éclairée“. “ Notre ambition, c’est de faire en sorte que chaque Saint-louisien où qu’il se situe, se sente impliquer et qu’il sente la Mairie à ces côtés ; que la Mairie réponde rapidement et efficacement aux sollicitations des Saint-louisiens.Nous voulons installer une Gouvernance de proximité.Une situation qui va permettre à chaque Saint-louisien d’être parfaitement informé sur l’état financier de la Mairie. Quelles sont les recettes ? Quelles sont leurs destinations ? Quel est le programme dans les deux, trois mois, cinq ans voire 15 ans à venir. Parce que gouverner, c’est prévoir. Gérer une ville c’est véritablement avoir un bijou entre ces mains“.
Par ailleurs, Cheikh Bamba Dièye dit réfléchir sur le mode d’élection des maires. “Avec le suffrage universel direct, il est possible que la volonté clairement exprimée par les populations soit dévoyée“. “Or, les Locales méritent une démocratie réelle. Il faut corriger les imperfections“, fait-il remarquer.
(Envoyé Spécial)
WALF FADJRI :
Ce Sénat-là est inutile
Le Parlement sénégalais est bicaméral : il se compose, depuis l’entrée en vigueur de la loi constitutionnelle n°2007-06 du 12 février 2007, de l'Assemblée nationale et du Sénat. Après plus d’un an de fonctionnement, et après analyse des textes, une conviction déjà profonde se confirme : ce Sénat-là est non seulement inutile, mais aussi il pose problème et prend même des libertés avec la volonté du constituant.
I- Ce Sénat-là est inutile
Le Sénégal est un Etat unitaire décentralisé. Or c’est dans un Etat fédéral où le bicaméralisme se justifie vraiment. La seconde chambre du Parlement, dans ce genre d’Etats, constitue l’instance de représentation des divers Etats composant la Fédération. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, le Sénat qui coexiste avec la Chambre des représentants au sein du congrès, exprime les intérêts des Etats fédérés. En Allemagne, à côté du Bundestag, il y a le Bundesrat, assemblée qui représente les différents lander ; il en va de même du Conseil des Etats en Suisse, etc. La deuxième chambre est, en règle générale, le cadre de participation des unités fédérées au pouvoir législatif dans ces Etats.
Le Sénégal est un Etat unitaire et, comme dans la plupart des Etats simples, la seconde chambre est considérée comme le lieu de la représentation territoriale (C’est le cas en France, en Espagne, etc.). Les arguments brandis pour justifier le bicaméralisme dans un Etat unitaire ne résistent pas à l’analyse dans le contexte sénégalais. Ce n’est pas au Sénégal où l’on défendra l’idée de devoir casser le Parlement en deux (comme ce fut le cas en 1795 en France, en réaction à la toute puissance de la Convention, ou sous le second Empire, après la parenthèse républicaine de 1848-1851) pour obtenir l’équilibre du régime parlementaire. Le Parlement, trop puissant, est à affaiblir car gênant considérablement l’Exécutif. Au Sénégal, on pratique un présidentialisme pur et le Parlement, sans états d’âme, met son pouvoir à la disposition du président de la République et exécute tous ses désirs.
Ce n’est pas non plus au Sénégal où l’idée de ‘chambre de réflexion’ pour éviter les mesures hâtives, bâclées, peut prospérer. Ce Sénat-là n’a ni les ressources humaines en nombre suffisant, ni les pouvoirs constitutionnels pour renforcer l’action de freinage qu’imprime par hypothèse la cassure du Parlement en deux fractions. Oui, le constituant ne le veut pas, lui qui estime que même dans la procédure de révision de la Constitution, le Sénat ne peut pas empêcher l’adoption d’un projet ou d’une proposition de loi constitutionnelle. Même s’il dit non, la loi est transmise à l’Assemblée nationale, aux termes de l’article 71 alinéa 2 de la Constitution, qui adopte définitivement. Restera alors l’approbation. En France, dans cette même matière, si le Sénat dit non, c’est terminé. Il n’y a aucune possibilité de contourner le Sénat s’il refuse de voter le projet ou la proposition dans les termes.
Même l’idée de présenter la deuxième chambre comme l’instance de représentation des collectivités décentralisées laisse sourire avec cette décentralisation plus institutionnelle que réelle, une décentralisation avec des collectivités locales sans moyens en rapport avec le volume des compétences transférées et sur qui pèse une épée de Damoclès : la dissolution en toute illégalité.
II- Ce Sénat-là pose problème
Comme dans la plupart des autres parlements composés de deux Chambres, le bicamérisme sénégalais fait la part belle à l'Assemblée nationale, chambre issue du suffrage universel direct. L’Assemblée dispose de pouvoirs plus étendus que ceux du Sénat. C’est la volonté du constituant sénégalais manifestée à travers plusieurs dispositions :
- Le Sénat ne peut pas demander la tenue d’une session extraordinaire - Le Sénat ne peut pas déclencher la procédure de révision de la Constitution
- Le dernier mot appartient à l’Assemblée nationale en cas de désaccord entre les deux chambres.
- Le Sénat ne peut pas mettre en jeu la responsabilité politique du gouvernement. Autrement dit, les Sénateurs ne peuvent pas, comme les députés, faire démissionner le Premier ministre.
- Tous les projets et propositions de lois (à l’exception des propositions initiées par les sénateurs) sont déposés et examinés en premier lieu par l’Assemblée nationale.
- La déclaration de politique générale est présentée devant l’Assemblée nationale.
- C’est l’Assemblée nationale qui fixe la date d’ouverture et la durée des sessions ordinaires (à l’exception de la date d’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale ou du Sénat)
- La déclaration de guerre est autorisée par l’Assemblée nationale. - Aucune fonction n’est reconnue au Sénat en période d’état de siège ou d’état d’urgence contrairement à l’Assemblée qui se réunit de plein droit et qui a la compétence d’autoriser la prorogation de la période d’exception. - Seule l’Assemblée nationale peut déclarer l’urgence pour réduire de moitié le délai de promulgation.
- Seul le Président de l’Assemblée nationale a la faculté de promulguer la loi en cas de carence du président de la République.
L’énumération est longue, mais elle est nécessaire pour comprendre que le constituant a bien donné la primauté à la chambre issue du suffrage universel. C’est normal. Nous sommes en démocratie et, dans une démocratie, tout pouvoir doit provenir du peuple. C’est dire donc que le débat soulevé, il y a quelque temps, sur la primauté du Sénat est incongru. Des raisons politiques sont certainement à la base de la décision du président de la République de faire présider le congrès par le président du Sénat. De la pure politique politicienne. Le fait que la Constitution française confie au président du Sénat l'exercice provisoire des fonctions du président de la République en cas de vacance du pouvoir ne s’explique que par sa ‘permanence’ (Le Sénat ne peut pas être dissout contrairement à l’Assemblée nationale). Malgré cela, c’est le président de l’Assemblée qui préside le congrès et c’est le bureau de l’Assemblée, le bureau du congrès.
Ce Sénat-là pose problème, avons-nous dit. Dans le préambule de la résolution portant règlement intérieur du Sénat, il est mentionné qu’il y a, avec la naissance du Sénat, ‘un vrai bicaméralisme’ au Sénégal. Eh bien, nous saurions gré aux sénateurs de bien vouloir éclairer notre lanterne par rapport à cette notion de ‘vrai bicaméralisme’. Un bicaméralisme inégalitaire, nous connaissons. Le bicaméralisme français est inégalitaire, l'Assemblée nationale disposant de pouvoirs plus étendus que ceux du Sénat. Un bicaméralisme égalitaire, nous connaissons également. Le bicaméralisme italien est égalitaire, les deux chambres du Parlement ont strictement les mêmes pouvoirs. Un vrai bicaméralisme, nous ne connaissions pas. S’il y a un vrai bicaméralisme, c’est qu’il y a quelque part un faux bicaméralisme. Notre conviction est profonde. Le système sénégalais est un faux bicamérisme.
III- Ce Sénat-là se paie même le luxe de… violer la Constitution
Alors que la Constitution, en son article 80 al 2, dispose que par dérogation aux dispositions de l’article 71, les propositions de lois initiées par les sénateurs sont examinés en premier lieu par le Sénat, l’article 52 al 2 du Règlement intérieur du Sénat indique que le président du Sénat transmet la proposition de loi accompagnée de l’avis du président de la République, au président de l’Assemblée nationale en vue de son examen par celle-ci en première lecture. Le Sénat contredit ainsi le constituant qui veut qu’en toute circonstance, l’Assemblée nationale ait le dernier mot. Simple erreur ou volonté de contourner une incongruité ? Allez savoir. Incongruité car voilà, par l’exemple, ce que dit la Constitution. Un sénateur initie une proposition de loi qui fixe une orientation bien déterminée. Cette proposition est examinée et adoptée à l’unanimité par le Sénat. Elle est transmise à l’Assemblée. Les députés ne voient aucune pertinence à cette proposition, la dénaturent complètement et l’adoptent. Le constituant dit que les sénateurs n’y peuvent rien. Espérons que ce n’est pas pour contourner ce problème que les sénateurs, dans leur Règlement intérieur, ont prévu, en violation de la Constitution, que s’ils initient une proposition de loi, c’est l’Assemblée qui examine d’abord et leur transmet ensuite pour adoption définitive.
IV- Ce Sénat-là est un mal né
Pour avoir annoncé l’idée de créer un Sénat dans sa réponse à la question sur les remous qui secouent le parti au pouvoir, le président de la République a confirmé dans leur conviction ceux qui pensent qu’il faut chercher ailleurs que dans la consolidation du système démocratique, les raisons de cette volonté de passer à un parlement bicaméral. Parce que c’est un mal né, il sera difficile de restaurer la confiance des citoyens envers cette institution très prompte à organiser des visites de terrain sans aucune suite législative. Sa seule raison d’exister est finalement de servir de lieu de promotion sociale et politique.
Abdoulaye DIEYE Docteur en Droit Fsjp, Ucad
‘Si tu n'as honte de rien…’
‘Certes, de tout ce que les gens retiennent des antiques paroles prophétiques, la première est : ‘Si tu n'as honte de rien, fais ce que tu veux’ (Hadith 20, Quarante hadiths d'En Nawawi)’
Les élections locales de mars 2009, sans doute les plus importantes de ces dernières années, s'annoncent à grands pas avec leur cortège de violences physiques, verbales et même morales… Elles sont cruciales en ce qu'elles pourraient marquer l'amorce d'une rupture avec une politique de ruine, d'impunité, d'arrogance et de mépris. Neuf ans seulement ont suffi pour ramener le pays à la situation d'avant alternance : changer à tout prix puisqu'on ne peut plus trouver pire. L'argent n'y pourra rien, le Ps était plus riche au moment de sa chute. On se demandait jusqu'où les autorités de l'alternance pourraient repousser les limites du ‘ma tey’. Les Sénégalais, en particulier les Dakarois du Plateau, sont maintenant édifiés après la publication des listes des candidats : la tête de liste de Dakar Plateau n'est personne d'autre que celui-là même dont le sort est encore pendant devant la justice après le saccage des sièges des quotidiens l'As et 24 h ; le commanditaire est honoré par la monarchie, la victime El Malick Seck croupit en prison ; mais il y a une justice immanente et la justice divine ne cesse de se manifester, alors que les coupables restent sourds, aveugles et impénitents.
Comment peut-on à ce point mépriser ses compatriotes et les institutions d'un pays, voire la morale politique ? Comment peut-on, sans sourciller, encourager une justice aussi sélective au gré de ses seuls intérêts ? Etre élu à la tête d'un pays par la seule volonté des électeurs et vouloir confier ce même pays à ceux qu'on aura choisis après son départ, n’est-ce pas manquer de respect à tout un peuple ? Ne cherchez pas loin, la réponse se trouve dans ce hadith cité plus haut. Faire fi de l'indignation des démocrates, violer sans aucun état d'âme la Constitution et le Code électoral, recourir à des actes de corruption au grand jour, c'est aussi tomber sous le coup du même hadith. ‘L'Envoyé de Dieu a appelé la malédiction divine sur le corrupteur et le corrompu’ (rapporté par Abû Dawud, authentifié par Tirmizzi). Ceux qui tirent profit de la générosité corruptrice des autorités mesurent-ils l'étendue de la malédiction de Dieu ? Le Coran est pourtant clair : ‘Et quiconque Allah maudit, jamais tu ne trouveras pour lui de sauveur.’ (Verset 52, sourate 4, les Femmes). Il ne manquera sans doute pas d'hommes de refus qui se diront qu'ils n'ont pas usé leur temps et leur abnégation sur les bancs des facultés de droit pour venir obéir au doigt et à l'œil à des politiciens qui ne savent même pas aligner deux phrases correctes.
L'avenir de ce pays passe principalement par la bataille de Dakar ; déjà, la panique s'est emparée du maire sortant qui fait de la presse son bouc émissaire, comme toujours d'ailleurs. Il ne faut pas que le sort de ce pays tombe entre les mains d'une génération de destructeurs, qui ont déjà détruit certaines valeurs, l'éthique, l'unité nationale et religieuse, tant de choses dont ce pays pouvait se prévaloir. Qu'ils dépensent sans compter, ils perdront les élections et leur argent, ou plutôt l'argent des contribuables qui retournera ainsi aux contribuables ; l'ère des ndigël et des promesses jamais tenues est révolue, les consciences sont maintenant éveillées. Les militants authentiques du Pds ne doivent pas accepter de tirer les marrons du feu pour les offrir au prince héritier sur un plateau d'argent après avoir tout enduré pendant les années de braise.
Il appartiendra à la justice de jouer son rôle jusqu'au bout pour la préservation de la paix sociale ; il faudra, avant de prononcer un quelconque verdict, méditer ce hadith : ‘Il existe trois catégories de juges, un seul va au Paradis, les deux autres vont en Enfer. Celui qui va au Paradis est le juge qui possède le savoir et rend un jugement équitable ; l'autre possède le savoir, mais est partial, il va en Enfer ; le troisième rend ses jugements sans discernement, faute de savoir, il va aussi en Enfer’ (Abû Dawud, Ibn Maja, Tirmizzi et Hakim).
Yatma DIEYE Professeur d'anglais, Rufisque yatmadieye@orange.sn
Les dérapages de la campagne électorale à Ziguinchor
Beaucoup de voix se sont déjà élevées pour dénoncer la stérilité des débats qui caractérise la campagne électorale en cours. A la place du débat d’idées et de programmes, on assiste à des invectives, à des attaques crypto-personnelles dont la résultante est la violence notée ça et là (…) Il n’y a rien à s’alarmer pour le moment, j’en conviens avec la plupart de nos compatriotes et amis de notre pays. Ce qui est plus inquiétant par contre - et c’est là une donne nouvelle dans notre pays - c’est l’irruption de l’argument ethnique dans une campagne électorale.
Depuis le début de cette campagne, l’instrumentalisation de l’ethnie a atteint son paroxysme à Ziguinchor. Le maire sortant, M. Robert Sagna, après des défaites cuisantes à la présidentielle et aux législative de 2007, joue son va-tout. Sa survie, en tant qu’homme politique crédible, tient à sa reconduction à la mairie au soir du 22 mars. Il est donc parfaitement compréhensible qu’il joue son va-tout. Mais ne dispose-t-il pas d’autres arguments à faire valoir que l’ethnie ?
C’est un secret de polichinelle que Robert Sagna est riche, immensément riche. Il dispose également de beaucoup d’autres atouts, dont sa solide formation académique, son expérience et ses relations au niveau international.En face, Abdoulaye Baldé n’a pas d’autres atouts que ceux-là. Mais le problème de Robert, c’est son bilan. Il n’a pas su profiter des vingt-deux années passées aux gouvernements de Senghor et de Diouf où il a occupé des ministères-clé comme ceux de l’Equipement et de l’Agriculture pour doter la ville de Ziguinchor d’infrastructures nécessaires pour son développement et sa modernisation. La ville de Ziguinchor n’est plus aujourd’hui qu’un gros village aux rues défoncées, dont la plupart des quartiers ne sont pas raccordés aux réseaux de distribution d’eau et d’électricité. Dans les quartiers de Tilène, Kandé, Halwar, Djibock, Lindiane, Soucoupapaye, etc., les charrettes tirées par des ânes constituent le seul moyen de transport pour évacuer les malades et les femmes enceintes vers les centres de santé. A cela, il faut ajouter la paupérisation ambiante qui frappe les jeunes notamment et qui a transformé Ziguinchor en un important point de départ des pirogues vers l’Espagne.
Disposant des mêmes atouts que son adversaire, mais traînant comme un boulet un bilan désastreux, Robert convoque à outrance l’argument ethnique. Un argument fallacieux du reste quand on sait que son adversaire possède dans ses veines plus de sang de l’ethnie à laquelle il se réclame que lui.
Un des atouts de Ziguinchor et de la Casamance, c’est le cosmopolitisme. De tout temps, toutes les ethnies du pays et de la sous-région ont cohabité de manière harmonieuse dans la ville et la région. Toutes les religions également, avec nos cimetières où sont inhumés des gens de toutes confessions. Les Casamançais de toutes ethnies ont élu des Badiane, Diatta, Seck, Cissé, Sy, Diallo, Dacosta, Carvalho, etc., comme maires et comme députés, sur la base de leur compétence et de leur charisme, non de leur appartenance ethnique et c’est ce qui a toujours fait la force et la singularité de notre région. Nous ne devons laisser aucun homme politique nous séparer, pire nous dresser les uns contre les autres. La déclaration malheureuse et regrettable d’un notable de Yoff à propos d’une éventuelle candidature de Pierre Goudiaby Atépa à la mairie de Dakar ne doit pas nous conduire à nous renier. Nous devons rester nous-mêmes et éviter de prendre chez les autres ce qu’ils ont de plus répugnant.
Il est donc temps de recentrer le débat sur les idées et les programmes. Sur la paix aussi, car, sans la paix, aucun programme ne pourra être mis en œuvre et donc pas de développement.
Djignabo BASSENE djignabo@gmail.com
Utilisation des moyens de l'Etat : Quand Wade s’en prenait à Abdou Diouf
Dans l'entre-deux tours de la présidentielle de 2000, Me Abdoulaye Wade, alors candidat de la Ca 2000, avait introduit une requête (voir fac-similé) aux fins de demander la disqualification de son adversaire, le président sortant, Abdou Diouf coupable, à ses yeux, d'avoir violé la loi. Aujourd’hui, fait-il mieux que son prédécesseur ?
On était dans l’entre-deux tours de la présidentielle de l’an 2000. Le candidat du Fal, Abdoulaye Wade demande que son adversaire, Abdou Diouf, soit disqualifié. Cette requête portée par ses avocats qu'étaient Mes Madické Niang, Amadou Sall, Moustapha Diop et Daouda Bâ, n'avait pas, malheureusement pour lui, convaincu les Sages du Conseil constitutionnel. Dans l'exposé des faits, Me Wade soutenait que ‘le candidat Abdou Diouf a mené sa campagne avec le véhicule de l'Etat pour lui-même et d'autres véhicules pour les personnes qui l'accompagnaient’ en soulignant que ‘ces véhicules ont consommé le carburant de l'Etat’. Plus loin, le célèbre candidat de l'opposition d'alors mentionnait, aussi, que son adversaire ‘a constamment utilisé les services de sécurité de l'Etat’ alors que, d'après lui, ‘selon la doctrine établie, si, de par son statut de chef d'Etat sortant, il a droit à une protection spéciale de l'Etat, cette protection ne s'applique pas lorsqu'il tient un meeting’.
Poursuivant les raisons qui fondent sa requête, en venant à l'exposé des motifs, le candidat de la Ca 2000 et du Fal convoque les dispositions de la loi. Celles-ci, rappelle-t-il, stipulent que ‘la loi No 2000-22 du 7 février 2000, constituant l'article L 58, dispose que ‘pendant la durée de la campagne électorale, sont interdites (...), l'utilisation des moyens de l'Etat aux fins de cette campagne sous peine de sanctions pénales prévues par le présent Code. En cas de rupture de l'égalité entre les candidats, du fait de l'utilisation des moyens publics, la Cour d'appel est tenue de délibérer dans les 48 heures suivant la saisine’. Autre fait rapporté par Me Wade dans sa requête, c'est le fait que le candidat Diouf ‘avait précédemment coopté dans son directoire, au titre du gouvernement, des ministres de la République, en violation des dispositions des Articles 5, 35 et suivants de la Constitution’. Au regard de ce qui précède, et partant du spectacle qu'offre le président Wade depuis la veille de la campagne jusqu'à présent, la justice avait là de la matière.
A défaut de prendre des sanctions à son encontre, en lui appliquant toute la rigueur de la loi, elle devait le rappeler à l'ordre. En effet, rien dans sa démarche actuelle, ne se distingue de ce que faisait le président Diouf et que tous fustigeaient. Dans sa campagne déguisée, il est incontestable que Me Wade verse dans les mêmes dérives que son ancien adversaire au point de heurter plus d'un citoyen. Il ne fait aucun doute, en effet, que le président de la République est en campagne. Dire que ses voyages dans certaines régions ciblées du pays sont à inscrire dans le cadre d'une tournée économique, est un argument fallacieux qui ne trompe personne. En attestent les discours tenus ça et-là par le patron du Pds. A Matam, par exemple, Wade a demandé à ses militants de rester unis et d'éviter d'aller aux élections en rangs dispersés. Si une telle déclaration n'est pas un discours de campagne, qu'est-ce qui peut bien l'être ? A Kaolack, aussi, avant-hier, c'était pareil !
D'ailleurs, rapportent nos confrères du Quotidien, un des responsables municipaux de cette ville y est allé de ses aveux en soutenant, sans sourciller, que l'objectif de la visite de Me Wade chez eux ‘était de voir les responsables mécontents de l'investiture pour les apaiser’. A chaque étape de sa tournée ‘économique’, Wade se fait le devoir de convoquer les responsables locaux de son parti, à la Gouvernance ou au niveau de la Préfecture (des symboles de la République), pour calmer les esprits et prôner l'unité. Or, avec quels moyens, le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais entreprend-il ce travail ? Nos sources renseignent que depuis que le président Wade a entamé ses mouvements à l'intérieur du pays, rarement, il y a eu un avion à la base militaire de Ouakam. Ces appareils de l''Etat sont tout le temps au service du numéro 1 du parti au pouvoir et de sa nombreuse suite. Sûrement que son fils qui va se rendre ce mercredi au Fouta, va lui emboîter le pas en prenant les airs aux frais du contribuable sénégalais, au lieu de prendre la route qui serait très exténuante. Que l'on sache, par ailleurs, sur le plan sécuritaire, ce ne sont pas les calots bleus qui officient. Ce sont bien des agents payés par le contribuable, fonctionnaires de l'Etat, qui assurent sa sécurité au moment de ses meetings. Et même au risque de leur vie. Les agents de la Bip décédés alors qu’ils revenaient de Matam en attestent. Et la voiture Mercedes immatriculée ‘PR’ qui l'a mené à la gouvernance de Thiès, hier, est-elle sa propriété privée ? Last but not least, le président Wade n'est-il pas tombé dans les mêmes travers que l'ex-président du Sénégal à qui il reprochait d'utiliser des ministres de la République à des fins politiques ? Qui avait composé le directoire de sa campagne à la présidentielle de 2007 ? Lui-même a fait pire puisqu'à la tête de celui-là, il y avait le chef du gouvernement Macky Sall, qui se retrouve, aujourd'hui, dans l'autre camp et devient l'un de ses plus grands détracteurs.
Aguibou KANE
Tournée mouvementée du président de la République : Humilié à Podor, le chef de l’Etat menace à Louga
Le président de la République n’oubliera pas de sitôt sa virée à Podor. Accueilli par des populations hostiles, Wade a écourté sa visite avant son terme normal, en reprenant son avion pour Diourbel, laissant au sol des responsables libéraux qui s’accusent mutuellement d’avoir entraîné leur patron dans un guêpier.
Il était attendu de pied ferme à Podor par des populations très remontées à cause de l’oubli et de l’ostracisme dont est victime leur terroir. Finalement, la virée politique - officiellement, tournée économique - dans la commune de Podor s’est muée en confusion générale. Arrivé aux environs de 14 h, le secrétaire général national du Pds et son cortège ont été caillassés par des populations tout en rouge, déterminées à exprimer leur colère. Même à la préfecture où le patron du Pds comptait rencontrer ses militants, les lieux étaient envahis par les contestataires. Au finish, Wade est reparti comme il était venu. Aucune déclaration n’a été faite par le président de la République qui a même boudé le déjeuner prévu en son honneur, à la satisfaction de l’opposition regroupée autour de la Coalition Benno Siggil Sénégal conduite par Me Aïssata Tall Sall et soutenue par le politicien-homme d’affaires, Mansour Sall.
Quant aux responsables libéraux locaux, tout honteux, ils s’accusent mutuellement d’avoir attiré dans un guêpier la tête de file du Pds. Pour l’heure, commentaires et supputations vont bon train sur ce quart d’heure mouvementé qu’a vécu le chef de l’Etat à Podor. Me Wade qui avait initié une ‘marche bleue’, a connu le pire des fiascos. Sa marche qui l’a mené de Laaw Demba à Biir Podor, en passant par Thiofi et Souyma, a été une vraie déception tellement les brassards et foulards rouges avaient submergé sa manifestation. Partout où il est passé, Me Wade a été copieusement hué par des populations mécontentes. N’eût été le peu de militants qui ont été transportés des villages environnants vers la commune de Podor, Me Wade n’aurait eu en face de lui que des manifestants hostiles.
Abou KANE
Wade à Thiès : Une visite plus politique qu'économique
Le président de la République était samedi dernier dans la cité du rail dans le cadre de sa tournée dite économique. Une visite qui, au finish, avait des allures plutôt politiques. En effet, bien que la gouvernance ait été choisie pour le recevoir, aucun chef de service, aucun opérateur économique n'a été visible sur les lieux. Et en l'espace d'une visite, la gouvernance a été littéralement transformée en une permanence du Pds. Tous les responsables politiques se sont donné rendez-vous sur les lieux où le maître recevait en audience les leaders locaux de son parti.
Toutefois, on retiendra que, peut-être pour donner le change, Me Wade a choisi de sortir de l'enceinte de ce domaine administratif qu'est la gouvernance pour livrer son message à ses militants et sympathisants. Un message des plus politiques, pour ne pas dire un message de campagne électorale. ‘Tout le monde est aujourd'hui mobilisé pour la récupération de Thiès. Je voudrais vous dire que les travaux que j'ai entamés à Thiès, je les poursuivrai. Je donnerai à cette ville le visage que je voulais lui donner en 1974-1975. Je ferai en sorte que quiconque se rendra à Dakar et soulignera sa beauté, ira à Thiès. Je veux que Thiès soit la deuxième ville du Sénégal. Mais c'est vous qui pouvez m'y aider’, leur a-t-il dit. Les choses prendront une autre tournure quand il ajoutera : ‘Je veux que vous preniez les communes d'arrondissement, celle urbaine et l'ensemble des communautés rurales et que vous mettiez tout entre mes mains afin que je travaille la ville.’
Cette dernière partie des propos de Me Wade fera tilt dans la tête de plus d'un Thiessois. Et à juste raison. Beaucoup se sont demandés qui du président de la République ou du secrétaire général du Pds s'adressait aux Thiessois. Car, s'il s'agit bien du président de la République, aucune des collectivités locales qu'il réclame, ne lui a jamais échappé. Aussi et poursuivant sa logique politique, le président de la République, pour ne pas dire le secrétaire général du Pds, de se réjouir d'avoir retrouvé ‘sa’ commune de Thiès telle qu'il l'avait connue au tout début de la création de son parti. Contrairement aux fois passées, la visite de Me Wade a connu une forte mobilisation.
BATAILLE DE LEADERSHIP DES LIBERAUX A THIES : Wade donne le coup de sifflet final
Les choses sont devenues claires dans les rangs du Pds à Thiès. Un parti qui, depuis le départ d’Idrissa Seck, a été en proie, au niveau local, à des batailles de positionnement sans fin avec comme conséquence une profonde léthargie qui l'a gangrené jusqu'à la veille des investitures pour les élections locales. Aussi le secrétaire général du Pds a-t-il mis à profit sa visite dans la cité du rail pour éclairer la lanterne des uns et des autres en donnant le coup de sifflet final à la bataille de leadership qui n'a que trop duré. ‘Je félicite tous les responsables du parti, du plus responsable au simple militant. Je ne citerai personne à part celui qui me représente à Thiès, Abdou Fall’. Le mot est ainsi lâché. Wade a consacré Abdou Fall patron du Pds dans la cité du rail.
Wade ne se limitera pas à cette consécration. Il déterminera la place de tous les autres qui se meuvent sur le terrain libéral à Thiès. ‘Il faudra que je souligne, cependant, la participation active des membres du gouvernement, comme le Premier ministre, Hadjibou Soumaré, le ministre Moustapha Sourang, Ablaye Diop de l'Economie et des Finances et Safiétou Thiam de la Santé ainsi que les hauts fonctionnaires et la société civile’, a-t-il ajouté. Ainsi la boucle semble bouclée. Politiquement Abdou Fall ‘représente’ le secrétaire général du Pds à Thiès. Ce sacre sera-t-il respecté par les adversaires d'Abdou Fall sur le terrain ? Difficile de répondre pour l'heure à une telle question.
Sidy DIENG
Tournée du président Wade dans le pays : Imam Mbaye Niang dénonce l'inélégance de la démarche
SAINT-LOUIS - A la suite de Macky Sall de l'Apr/Yakaar et Moustapha Niasse de l'Afp, Imam Mbaye Niang du Mrds est venu prêter main forte à la liste du Benno Siggil Sénégal de Saint-Louis. A l'occasion du point de presse qu'il a animé dans la capitale du Nord, en présence des ténors et autres investis de cette coalition de partis, le leader du Mrds a dénoncé la tournée du président de la République dans certaines localités du pays. Imam Mbaye est formel à ce propos. ‘Il s'agit bien d'une campagne électorale déguisée. Le chef de l'Etat utilise sa position et les moyens de l' Etat pour apporter son appui à ses responsables locaux en difficultés. Cela n'est pas normal. Même si la constitution ne l'interdit pas et l'autorise, c'est inélégant de sa part. C'est anti-démocratique’, a-t-il laissé entendre. Cependant, a précisé l'opposant au régime du président Abdoulaye Wade, ’le mal est tellement profond que le Pds et ses alliés vont tout droit au mur. Ils sont désavoués par les sénégalais qui ne souhaitent que leur départ’.
G. BARBIER
Karim Wade aux femmes au Cices : Pourquoi j’ai choisi de ne pas être bavard
Parce que certains dirigeants et hommes politiques ont perdu toute capacité d'écoute, le fils du président Wade a choisi d'être moins bavard, d'élever le sens de l'écoute avant d'agir. Ainsi s'adressait hier, au Cices, Karim Wade, aux différentes associations de femmes dévouées à sa cause.
Aux femmes qui ont réussi, hier, à lui ‘arracher’ des mots, pour la première fois, depuis son entrée officielle sur la scène politique (avant-hier), le leader de la Génération du concret a expliqué pourquoi il a choisi de ne pas être bavard. En effet, indique Karim Wade, debout devant une salle archi-comble, ‘depuis longtemps, je n'ai cessé d'analyser si nous avons des reproches à faire à certains dirigeants et hommes politiques. Et le seul reproche, c'est qu'ils ont perdu toute capacité d'écoute et d'action’. C'est pourquoi, ‘nous (Génération du concret : Ndlr) écoutons, analysons, avant d'agir’.
D'ailleurs, informe Karim Wade ‘nous avons décidé de lancer, à partir de demain (aujourd'hui) les forum locaux et municipaux de la Génération du concret’. Il s'agira, selon Wade-fils, de rétablir, à travers ces fora, ‘la capacité d'écoute que nous avons perdue’. Aussi invite-t-il les Sénégalais à se regrouper autour de ce forum afin ‘qu'ils prennent en charge les problèmes au niveau de leur quartier et de nous faire des propositions concrètes. Ce forum nous permettra d'établir des cahiers de charges par quartier et de prendre en charge tous les problèmes au niveau de ces quartiers. Certes, nous avons beaucoup fait mais, nous ne ferons jamais assez pour les femmes. Je demande aux femmes de se mobiliser de façon déterminée pour le succès de ce forum et celui de la coalition Sopi 2009 aux élections locales’, insiste le leader de la Génération du concret.
Karim Wade et ses camarades ont aussi annoncé le lancement, après les élections locales, d'une structure qui s'appellera ‘Génération finance’. Ses ambitions ? ‘Etre le fer de lance des institutions de micro finance’. Avec la mise en place de ‘micro crédit, d’aide, d’assistance aux femmes de Dakar et de l'intérieur du pays’, a dit Karim Wade aux femmes. Non sans demander à ces dernières de ‘se fédérer et montrer votre capacité de mobilisation pour démontrer qu'on est déterminé dans le combat pour la victoire finale’.
L'ancien ministre de la Culture, Amadou Tidiane Wone, qui a précédé son candidat à la mairie de Dakar, Karim Wade, a toutefois prévenu l'assistance : ‘Sachez que la route sera longue et difficile.’ Mais, rassure-t-il, ‘c'est au bout de l'effort que se trouvent l'essor et le triomphe’. A en croire M. Wone, les membres de la Génération du Concret ont choisi Karim Wade parce qu'il a posé des actes concrets allant dans le sens du développement du pays. Et non parce qu'il est le fils du chef de l'Etat. A ceux qui avancent de pareils arguments pour disqualifier son leader, Amadou Tidiane Wone répond : ‘C'est le pays qui choisit et nous demandons au pays de choisir Karim.’
Toutefois, si le leader de la Génération du concret a vécu un sale quart d'heure, vendredi dernier, à son entrée en campagne (avec des foulards rouges et des slogans hostiles des jeunes), il a eu droit, hier, à un accueil chaleureux de la part de ses militantes. Des femmes drapées dans des boubous traditionnels à la couleur ‘jaune bleu’ du Pds ont envahi le Cices, bien avant l'arrivée du fils du président. Sur les pancartes qu'elles brandissaient çà et là, on pouvait lire ‘Karim, grâce à vous, toutes les femmes sont Adj. Baba Wone nous a remis tous les billets. Nous irons toutes au Paradis’ ou encore ‘Karim ne parle pas, il agit’.
AWA NDIAYE ET INOCENCE NTAP NDIAYE TRANCHENT : On ne peut pas aimer le père et rejeter le fils
Le ministre de la Femme, Awa Ndiaye et Innocence Ntap Ndiaye ont lâché le morceau comme pour baliser la voie aux libéraux qui font encore de la résistance face à Karim Wade et à la Génération du concret. ‘Le Pds, c'est la Génération du concret et la Génération du concret, c'est le Pds. Nous n'accepterons pas qu'on nous divise. Allons ensemble et travaillons pour Karim. Car on ne peut pas aimer Abdoulaye Wade et rejeter Karim Wade’, lance Awa Ndiaye à l'assistance. Même son cloche chez Innocence Ntap pour qui, Karim Wade est le ‘prolongement’ de son père, un ‘bâtisseur à l'image de son père’. Et la logique, selon le ministre, c'est que ‘tous ceux qui aiment et se battent pour Abdoulaye Wade se rangent derrière Karim Wade dans la course au palais de la République’. C'est pourquoi, insiste-t-elle, à son tour, ‘nous disons que le Pds est égal à Génération du concret’. Aux femmes du Sénégal qui, ‘par leur engagement à la Génération du concret, constituent le fer de lance de notre mouvement’, Awa Ndiaye demande à maintenir le coup et à oser avancer. Car, ajoute le ministre, ‘rien ne sera facile, il y aura des obstacles devant nous’.
Yakhya MASSALY
LE QUOTIDIEN :
DECLARATIONS - Précédant le leader de la «Génération du concret» au micro
16-03-2009
La salle du Cices qui abritait le Forum organisé par la «Génération du concret» hier, vibre encore des propos ahurissants tenus par des responsables de ce mouvement. Si Awa Ndiaye s’est chargée de «découper» les enfants de Abdou Diouf et de Léopold Senghor, Amadou Tidiane Wone s’est chargé de «taillader» la classe politique. Mais, le comble est venu de Innocence Ntab Ndiaye qui a souhaité la mort à tous ces Sénégalais qui ne portent pas dans leur cœur le fils du président.
Baba Wone charge les politiques, Awa Ndiaye se fourvoie et Innocence Ntab souhaite la mort des contempteurs de Karim
Par Aly FALL
La «Génération du Concret» attaque. A l’occasion du forum organisé au Cices à l’intention des «femmes du Sénégal», des responsables de ce mouvement ont tenu des propos tonitruants et à la limite provocateurs à l’égard de la classe politique mais aussi des Sénégalais de manière générale. L’ancien ministre de la Culture, Amadou Tidiane Wone, qui a d’emblée annoncé des rendez-vous «multiples» de Karim Wade avec les Sénégalais ne s’est pas fait prier pour qualifier de perfides, ces personnes qui doutent encore de la «capacité managériale» du fils du président de la République. Il n’a pas tari d’éloges à l’endroit de Karim Wade et lui assure que c’est parce qu’il est un «leader» qu’ils ont choisi de se ranger derrière lui. A ces Sénégalais qui raillent encore Karim, Wone leur demande de se tenir à carreaux, car ils iront jusqu’au bout de leur combat : c’est-à-dire, remplacer le père par le fils à la tête du pays. Néanmoins, il avertit que le chemin sera long et sinueux et parfois même dangereux. Mais, rassure-t-il encore : «Personne ne nous fera peur !» Même pas ces «dinosaures» aux dents longues qui refusent de céder une toute petite parcelle de terrain politique au fils du président. «Le Sénégal n’appartient à personne, on va se battre et on va faire taire ces gens», tonne encore Baba Wone.
Quant à Awa Ndiaye qui s’est d’abord exprimée en Wolof à l’intention des femmes, elle, s’est adonnée à un mélange des genres dans son discours en s’en prenant vertement aux fils des précédents présidents du Sénégal. Ces «fils à papa», dit-elle, ont préféré aller «expatrier» leur billes en Europe et «gérer leur business». Durant tout le magistère de leurs pères, hurle le ministre de la Famille, «ils n’ont rien fait pour leur pays, ils mènent aujourd’hui une vie de pacha loin des yeux». Alors, ce n’est pas surprenant, pour elle, qu’on ne parle pas d’eux au Sénégal. Tout le contraire de Karim Meissa Wade «qui a montré son savoir faire aux Sénégalais» à travers les chantiers initiés dans le cadre de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci). Awa Ndiaye a véritablement cassé du sucre sur le dos des fils de Diouf et Senghor et casé le fils du Président Wade qui «va chercher de l’argent à l’étranger pour investir dans le pays». Désormais, dites «Karim le bâtisseur !» Le slogan lancé par une «sœur» très en verve qui affirme qu’ils viennent de «découvrir (leur) leader, (leur) Obama» à eux. Se tournant vers l’investi sur la liste proportionnelle de la ville de Dakar, Awa Ndiaye dit en français : «Karim, la route sera longue et difficile, on va nous insulter et personne ne nous fera de cadeaux, mais on ira jusqu’au bout parce que les femmes sont avec nous.»
Mais la palme des déclarations… malencontreuses est revenue à Inno-cence Ntab Ndiaye. Egalement responsable de la «Génération du Concret», le ministre d’Etat, ministre du Travail est formelle : Wade est «l’ami» des Sénégalais, par conséquent, son fils également «doit l’être». Celui qui rechigne encore à adouber Karim doit être «châtié». Cette femme qui voulait véritablement peser de son poids y est finalement allée de ses déclarations «insoutenables» pour certains. Elle a crié et répété à qui veut l’entendre que «celui qui n’aime pas Karim Wade passe de vie à trépas». Cents commentaires !
alyfal@lequotidien.sn
LOCALES 2009 - Promesse de financements de projets à Dakar : Karim joue argent sur table
16-03-2009
C’est clair maintenant ! Karim Wade veut succéder à son père. Cela a été martelé de manière limpide, hier, au Cices. Et lui à travers son discours, il a appelé les femmes à une massification autour de son mouvement pour lui permettre de réaliser ses ambitions pour le Sénégal. C’était l’occasion pour esquisser une stratégie de massification de son mouvement par le biais de financements de projets et annoncer une marche aujourd’hui aux Parcelles Assainies.
Par Aly FALL
Enfin ! Il a parlé ! Karim Wade a parlé hier. Le fils du président de la République et président de l’Anoci a réellement fait son entrée politique devant des milliers de femmes venues, pour la plupart, de la banlieue dakaroise. Après que ses lieutenants lui ont ouvert la voie avec des déclarations prononcées en wolof (Awa Ndiaye et Innocence Ntab) et français (Amadou Tidiane Wone dit Baba), Karim Wade a salué le public par un «Assalam maleikoum» avant d’entamer son discours en français. Le président de l’Anoci a remercié les «cinq cents associations de femmes et de jeunes qui se sont mobilisés» et a tenu à dire à l’assistance : «Depuis longtemps, je n’ai cessé d’écouter et d’analyser y compris ces derniers jours.» Et, la déduction qu’il fait de cette période d’observation, est que les hommes politiques d’aujourd’hui «ont perdu toute capacité d’écoute et d’action». Tout le contraire de son camp qui préfère «écouter, analyser, agir et enfin parler». Après un tour en ville vendredi dernier, marqué par des huées à tout rompre et des visites auprès de certains chefs religieux et dignitaires de la ville de Dakar, Karim Wade annonce, pour ce lundi, le démarrage d’un «vaste mouvement appelé : les forums locaux» initiés par son mouvement. Il demandera ainsi aux femmes de battre le rappel des troupes et de se mobiliser pour que ces rencontres soient un succès et qu’elles soient le lieu de faire des bilans et des «propositions concrètes» pour que les quartiers de la ville deviennent «des quartiers du futur».
Durant tout son discours, il n’a cessé d’appeler à la mobilisation des Dakarois pour le succès des forums et «le triomphe de la Coalition Sopi 2009» aux élections municipales et locales du 22 mars prochain. «Ces forums nous permettront d’établir un cahier des charges par quartier, de définir une politique de développement qui prendra en considération toutes les attentes des populations», indique Karim Wade. Il demande aux femmes de se donner de l’ambition, d’en donner à leurs enfants et de lui en donner également, en plus des moyens, afin qu’il réalise ses ambitions pour Dakar et le Sénégal.
Sur le chapitre des promesses, le fils du président de la République assure qu’au lendemain des élections, la «Génération du concret» a «décidé de lancer immédiatement une structure qui s’appellera «Génération finance» et qui ambitionne d’être le fer de lance des activités de microcrédit et d’assistance aux mutuelles d’épargne à travers Dakar et tout le pays». Ce qui veut dire qu’il se met déjà en marge des structures municipales, ce d’autant plus qu’un tel projet existe déjà au sein de la municipalité de Dakar. Le Crédit municipal dirigé par Yatma Diaw finance plusieurs activités de microcrédit. Mais avec la promesse de Karim Wade, il est clair que ce sera une activité qui se fera en dehors de toute tutelle municipale, comme actuellement la campagne des membres de la «Génération du concret» par rapport à celle menée par la Coalition Sopi 2009. Cette proposition a été accueillie favorablement par les femmes qui ont répondu par des applaudissements et des cris : «Vive Karim.» Comme quoi avec Karim, l’argent ne manquera jamais et coulera toujours à flot.
Ainsi le fils du président de la République a demandé aux femmes de massifier le mouvement et de renforcer les associations déjà existantes pour lui permettre de «gagner la victoire finale». Une victoire qui passe nécessairement par les urnes, semble dire Karim Wade, qui annonce une «campagne d’inscription sans précédent» pour leur permettre d’avoir un chiffre sur les membres de la «Génération du concret». A ces gens qui aspirent à un «Sénégal concret, ambitieux et développé», Karim Wade leur demande de rejoindre leur rang.
C’est finalement par une invite à la marche qui sera organisée aujourd’hui aux Parcelles assainies qu’il a bouclé son discours de campagne. Non sans scander en wolof : «Génération du concret ci Kanam» avec le fameux deux doigts en l’air.
Il n’écoute pas, il parle d’argent !
16-03-2009
A entendre (enfin !) le fils du président de la République se lâcher (mais en langue française seulement !) dans une salle à l’entrée puissamment filtrée dès l’accès à l’enceinte du Cices, on a cru écouter un tribun politique en démonstration face à une foule surchauffée, conditionnée. Diction claire, mots nets, voix de stentor à certains moments… Cet homme est un bon orateur. Malgré tout, ce n’était pas le plus difficile pour un apprenti politicien attendu au tournant eu égard à son statut particulier de Sénégalais, entièrement à part.
De toute évidence, il semble que Karim Wade n’ait pas encore compris le sens des messages que le pays dans sa diversité lui fait parvenir, sans se lasser. Cette posture volontairement «je m’en foutiste» qui choque jusqu’aux plus blasés de nos concitoyens a atteint son paroxysme, hier, lorsque le fils du chef de l’Etat, qui tente ces jours-ci de s’affranchir du cocon familial, s’est exercé à renverser le cours d’une vraie histoire dans laquelle la transparence financière, personnifiée par la force des choses, refuse d’être embrigadée. C’est pourquoi l’argent est son talon d’Achille. Il ne gère que cela depuis qu’il est aux affaires ! Or, cette vraie histoire dont raffolent les Sénégalais à propos de Karim Wade, c’est celle de l’Anoci, des comptes financiers qu’elle a drainés et gérés, des fortunes indues qu’elle a pu construire, des camouflages possibles qu’elle a pu bâtir. C’est en cela que l’audit indépendant de l’agence reste une revendication fondamentalement déterminante de l’avenir de celui qui en est (fut ?) le président du Conseil de surveillance, et des autres acteurs non moins importants de cette aventure unique dans l’histoire du Sénégal. De cela, Karim Wade veut s’en passer.
L’exercice d’infraction permanente auquel il se livre sur le chemin de la légitimité politique va de pair avec une malhonnêteté foncière un peu trop vite établie pour un débutant en politique qui ambitionne de faire un «long chemin» avec les populations de Dakar et du reste du Sénégal. En effet, dans son discours d’hier, l’escroquerie intellectuelle a consisté à transformer en refrain l’incompétence caractéristique dont il a fait montre dans le dossier global de l’Anoci, en une théorie de l’incapacité d’écoute dont seraient coupables des acteurs politiques et sociaux du pays. Si ce n’est une insulte publique à l’intelligence de millions de Sénégalais ayant accompagné les efforts de générations d’hommes politiques propres, c’est au moins une tentative de falsification de la réalité. Depuis un an exactement, cet homme refuse obstinément de présenter le bilan de ses activités à l’Anoci. C’est un sujet d’histoire ancienne dans son cursus. Sait-il écouter ? Il semble que non. Il a décidé de passer à une autre étape de sa vie. Celle où l’argent conditionne la conquête du pouvoir.
L’esquisse de projet politique triturée en une dizaine de minutes lors de son discours du Cices s’appuie fondamentalement sur un aspect : l’argent. Qui explique d’ailleurs la mise sur pied prochaine de «Génération finance». Prosaïquement, un club fermé destiné à étendre ses tentacules dans les méandres fragiles d’une société moralement affaiblie par la pauvreté et par une quête effrénée de bien-être à tout prix. Si c’est cela la nouveauté dans la «rupture» annoncée par le concept de «Génération du concret», le pire de l’éthique en politique est à venir. Gérer sans rendre compte, dépenser sans compter, ameuter de la clientèle par le fric, grâce à l’usage immodéré des moyens de la collectivité nationale au service d’un sectarisme de fond animé par des constructeurs dégénérés. Si Karim Wade n’a pas compris le sens des huées qui ont accueilli sa première sortie publique, alors cet homme incarne essentiellement le désespoir. A notre grand désespoir.
Par Momar DIENG /
momar@lequotidien.sn