La mort de l’Etat républicain au Sénégal
« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui les regardent sans rien faire » Albert Einstein
LE QUOTIDIEN :
La mort de l’Etat républicain au Sénégal.
03-03-2009
Depuis l’avènement des libéraux au pouvoir en 2000, tous les actes de gouvernance politique et économique posés, concourent à l’expression d’un nihilisme de l’Etat républicain et de l’Etat de droit au Sénégal. Combien de fois notre charte fondamentale a été modifiée dans ses piliers sans consultation du peuple souverain ? Combien de fois les mandats des députés et des élus locaux ont été prorogés au grès du bon vouloir du chef nous faisant penser à Néron qui désirait faire de son cheval un député du peuple ? Combien de fois des rendez-vous électoraux ont été changés selon le vent des contingences pour des intérêts partisans ? Combien de fois Me Wade a battu campagne pour des élections supposées ne pas le concerner, législatives ou locales bafouant les fondements de la République notamment sur la séparation des pouvoirs ? Combien de fois la durée du mandat présidentiel à été retouchée, accréditant la volonté d’instaurer une présidence à vie comme le suggérait le Président Kadhafi en terre Sénégalaise ? Combien de fois les allocations des ressources rares ont travesti l’ordonnancement de la loi des finances pour dépendre de la seule volonté du chef ? Combien de fois les libertés ont été foulées aux pieds dans ce pays ? Combien de fois ? Combien de fois ? Combien de fois ?
Les Sénégalais se souviennent de la présence de l’effigie de Me Wade sur le bulletin de vote de ses partisans à travers son ombre, en dépit de l’interdiction du Conseil constitutionnel d’alors et de la fameuse ordonnance contredisant l’arrêt de la juridiction politique, lors des législatives anticipées de 2001. L’histoire se répète aujourd’hui avec cette présente campagne pour les Locales qui voit Me Wade donner le coup d’envoi des empoignades derrière de supposées visites économiques dans les régions périphériques extrêmement pauvres, comme s’il s’agissait d’élections présidentielles.
Tous ces actes posés participent à la réelle volonté d’instaurer au Sénégal un système censitaire (désignation des sénateurs et généralisation des délégations spéciales) dans lequel les partis politiques constitués n’existent que pour orner un décorum caractérisé par la prééminence d’un seul chef qui incarne tous les pouvoirs. Dans un tel environnement ne permettant pas la désignation par le peuple de ses vrais représentants, les élections sont organisées que pour la forme, en ce qu’elles ne sont jamais sincères, garantissant la substitution de la souveraineté du peuple par la souveraineté d’un chef autoproclamé. Des parodies d’élections seront toujours organisées mettant les forces oppositionnelles qui ne font pas acte d’allégeance à la périphérie du système de manière à permettre leur liquidation progressive par les phénomènes de transhumance et de non participation dans l’exercice des pouvoirs.
Il est manifestement clair que le Sénégal évolue à grandes enjambées vers l’instauration d’un Etat non républicain programmé dans lequel le système de la démocratie représentative n’est que théorique et déboucherait vers une monarchisation institutionnelle à terme. Cette évolution tendancielle est corroborée par la modification de la politique extérieure du Sénégal consistant à considérer les pays monarchiques ou assimilés au monde de Nations les plus favorisées. Cette conception Wadienne du pouvoir relevant d’un despotisme éclairé, trouve ses fondements dans sa volonté, dès l’entame de son magistère, de provincialiser le pays en restaurant la chefferie et en réactivant la semi- féodalité qui a caractérisé anthropologiquement la société sénégalaise dans un passé récent et dont les stigmates survivent jusqu’à nos jours.
Karl Max considérait la révolution française de 1789 comme partie intégrante de la révolution mondiale pour le progrès social de l’humanité et l’élimination des oppressions. En dépit même de la préférence du penseur Allemand pour la dictature du prolétariat, les principes démocratiques de l’Etat républicain issus de la révolution Française à travers la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs, la protection des droits de l’Homme et des droits des peuples à l’autodétermination, les droits économiques et sociaux restent des valeurs universelles inscrites dans le patrimoine commun de l’humanité. En effet, l’internationalisme avec l’avènement des Etats nations a été toujours une réalité depuis les temps immémoriaux. La démocratie représentative considérée par certains Africains, une fois arrivé au pouvoir, de culture étrangère à nos sociétés au point de préconiser le retour de la chefferie et de la provincialisation, voudraient simplement se mettre en marge de la marche de l’histoire et du progrès dans un monde devenu un village planétaire avec la révolution technologique. Pourtant, à la différence du guide de la révolution libyenne qui est le prototype de l’incarnation de cette patrimonialisation du pouvoir en Afrique, le Président Wade est arrivé au pouvoir par la voie démocratique, si bien que cette différence devrait l’écarter des sentiers d’un dirigisme à la place de la souveraineté du peuple.
Kadialy GASSAMA - Economiste- Rue Faidherbe x Pierre - Rufisque
Subvention à la presse : L’Ondh réclame les fonds de 2008 et 2009.
La violation de la loi instituant l’Aide à la presse par les autorités de l’Etat du Sénégal n’est pas du goût de l’Organisation nationale des droits de l’Homme (Ondh), qui leur demande de libérer, sans délai, les fonds budgétisés au titre du fonds d’aide à la presse pour les années 2008 et 2009.
La presse sénégalaise traverse actuellement une mauvaise passe. Et pour cause, des stations de radio ont vu le micro leur être coupé ou sont en voie de l’être. Idem pour la presse écrite avec la rareté du papier journal. Mais, la situation est aggravée par le refus des pouvoirs étatiques de remettre aux patrons de presse la subvention qui, du reste, a été instituée par une loi parlementaire depuis 1998.
Face à cela, l’Organisation nationale des droits de l’Homme du Sénégal (Ondh), dans un souci de préserver le droit à l’information des populations sénégalaises a tiré par un communiqué en date du 20 février la sonnette d’alarme. Non contente de rappeler aux tenants actuels du pouvoir que la Constitution de 2001 consacre une grande partie à ce type de droit cité plus haut l’Ondh exprime, à travers ce communiqué, «ses plus vives préoccupations devant le péril qui pèse sur le droit à l’information des citoyens sénégalais devant les fermetures annoncées de certaines stations de presse et également des difficultés réelles avouées ou inavouées que traversent la plupart des groupes de presse sénégalais».
Me Assane Dioma Ndiaye et ses camarades sont convaincus «du caractère transversal du droit à l’information qui conditionne la réalisation de la quasi-totalité des droits civils et politiques et du rôle central que joue la presse quant à l’effectivité d’un tel droit». C’est pourquoi, les défenseurs des droits Humains «invitent les autorités sénégalaises à libérer sans délai les fonds budgétisés au titre du fonds d’aide à la presse pour les années 2008 et 2009 afin de ne pas compromettre des acquis considérables». Peut être que cette invitation de l’Organisation nationale des droits de l’Homme ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd.
Par Boucar Aliou DIALLO Correspondant
Lettre d’un citoyen égaré à ses concitoyens désemparés.
Sénégalaises, Sénégalais, chers compatriotes désemparés,
«Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites», nous dit Marc Aurèle. Et vous conviendrez avec nous que si le peuple sénégalais a confié son destin à Me Wade, ce n’était pas pour qu’il en fasse un festin au point de lui faire perdre ses repères. Raison pour laquelle tout le monde se demande actuellement où va le Sénégal tellement les comportements les plus inattendus se font jour. Et comme en Afrique les festins se terminent souvent dans la bagarre, il y a lieu de s’inquiéter et de prendre les dispositions nécessaires car, à force de trinquer, le peuple finit par se saouler et …bonjour les dégâts. C’est pourquoi un citoyen inquiet pour le devenir de son pays vient en toute humilité vous alerter.
Sénégalaises, Sénégalais, notre pays est en route vers le sommet de la décadence. Malgré la gravité de l’heure, les voix autorisées sont aphones et laissent faire tout simplement parce qu’avec ses munitions, Wade a dynamité leurs convictions profondes en les invitant à la bamboula de «ndoumbelane». Paul Doumer a raison de dire que «chez les Nations en décadence, les hommes d’intelligence ne manquent pas, au contraire pourrait-on dire … Mais, ce sont les hommes de caractère qui disparaissent». Et par la faute d’esprits embrumés par les délices du pouvoir, nous assistons avec amertume et désespoir à la régression de notre beau pays jadis réputé être un modèle de démocratie. Donc, chers concitoyens désemparés, il est temps de nous ressaisir si nous voulons retrouver le chemin de la bonne gouvernance car, point n’est besoin d’être devin pour savoir que le chaos finit toujours par s’installer là où l’impunité et l’injustice sont érigées en mode de gestion.
Le Sénégal est un beau pays, où il fait bon vivre à cause de la paix et de la stabilité qui y règnent mais, son avenir devient de plus en plus incertain et le peuple se retrouve dans une galère qui ressemble étrangement au Dc-10 de Zam Zam et à moins d’un changement, le crash risque d’être inévitable. Le Sénégalais, jadis souriant et avenant, devient de plus en plus renfrogné parce que martyrisé par la cherté de la vie et tyrannisé par les excès du régime libéral.
Chers compatriotes, il faut nous rendre à l’évidence, nos leaders ne sont que des dealers plus soucieux de pérenniser leur règne par tous les moyens que d’améliorer nos conditions de vie. Ainsi, ils ont plongé le pays dans une profonde incertitude, due au fait que la manifestation est devenue le seul moyen de négociation dont le peuple dispose, étant donné que le Parlement et la Justice sont au service exclusif du Maître. D’ailleurs, nos députés mange-mil…liards sont tellement repus qu’ils passent tout leur temps à roupiller et voter des lois impopulaires. Les forces de l’ordre sont, par la force des choses, devenues les féroces de l’ordre, dotées de matraques électriques, elles sont promptes à «électrocuter» tout contestataire ou mal-pensant mais, ce n’est pas une raison pour accepter l’inacceptable. Comme le dit Jimmy Carter, «nous devons accepter le changement mais conserver nos principes». Malheureusement, les principes élémentaires de bonne gouvernance sont foulés au pied par le Maître du «Je» qui a fini de dépouiller nos Institutions et notre Constitution de toute crédibilité dans le seul but de hisser son fils au sommet.
Chers concitoyens, la situation est certes grave mais, pas question de céder au découragement, il suffit seulement d’assumer notre choix qui est de faire du Sénégal une République démocratique et non une monarchie. Pour ce faire, nous devons nous battre de toutes nos forces étant entendu que le devoir de chaque citoyen est de lutter pour le maintien de l’égalité et la sauvegarde de la Justice, seuls gages d’une paix durable. Exigeons plus de respect et de considération car, il est clair que les libéraux nous mènent en bateau avec leurs histoires sans tête ni queue, après avoir trimballé et égaré le peuple dans les obscurs chantiers de Thiès de Idy, ils reviennent pour nous embarquer dans la blanchisserie de Macky, ce qui prouve que ce sont des esprits sans horizon. La seule réussite des libéraux, c’est d’avoir transformé le Sénégal en une immense scène de théâtre où les acteurs nous servent des comédies grotesques et trop c’est trop, nous sommes un peuple pacifique mais pas soumis. La seule alternative pour éviter le chaos, c’est de nous libérer des Libéraux puis, de les traduire en Justice pour offense au peuple, diffusion de fausses promesses, comportements de nature à troubler la stabilité du pays et association de prédateurs.
Le mot de la fin, nous l’emprunterons au doyen Mamadou Dia, (paix à son âme) : «En Afrique, comme au pays des Incas, comme sous toutes les latitudes, les peuples sous l’oppression finissent par se redresser : c’est là l’explication des crises qui commencent à secouer les Etats Nations et dont on serait mieux inspiré de ne pas falsifier les causes pour des raisons politiciennes afin de leur apporter les remèdes qu’elles exigent. Ces remèdes ne sont pas autre chose que ceux qui s’imposent à toutes les Nations modernes qui ne peuvent qu’être l’incarnation des peuples et non de quelques groupes de privilégiés ni même de l’Etat qui dit se mettre au service de la Nation . Elles ne peuvent être que plurales et non monolithiques, respectueuses de la diversité des tendances et des familles spirituelles.(…) La seule voie qui s’ouvre aux Nations africaines comme à toute unité scellée, c’est la démocratie qui, malgré les difficultés que suscite son exercice normal dans les pays en crise de croissance, est seule capable de faire de la Nation le projet commun, la création de la collectivité entière assurant à chacun le plein développement de son être, l’œuvre collective entraînante qui garantit dans l’enthousiasme la participation de tous.»
Sénégalaises, Sénégalais, chers compatriotes désemparés, merci de votre attention.
Un an après sa bourde : «Junior» présente ses excuses aux journalistes.
03-03-2009
Prenant l’année dernière la défense du Président Wade, hué à Tivaouane, Abdoul Aziz Sy «Junior», le porte-parole de la famille Sy de Tivaouane, s’en était vivement pris à la presse. Comme pour s’en excuser le même marabout revient, cette année, devant les journalistes pour dire que sa réaction s’expliquait par le fait qu’il attirait leur attention sur certaines attitudes avant de leur demander de dire tout «même si cela est grave et ne tenez pas compte qu’il vienne de moi ou du Khalife général» des Tidjanes.
C’est une première. Les organisateurs du Maouloud font face à la presse avant la célébration de l’événement. Cela se justifie, surtout qu’il s’agit de régler, entre autres objectifs, un vieux différend avec la presse, qui date de 2008 quand le porte-parole de la famille de Tivaouane s’était violemment pris à la presse pour prendre la défense du Président Wade copieusement hué dans la cité religieuse. Hier, devant plus d’une vingtaine de représentants d’organes conviés à son domicile pour une déclaration de sa part suivie d’un point de presse des principaux organisateurs de l’événement, Abdoul Aziz al Ibn n’est pas allé par quatre chemins pour regretter sa sortie de l’année dernière et tisser des lauriers aux journalistes. «Si je m’étais pris à vous, c’était tout juste pour attirer votre attention sur certaines attitudes. Mais, je suis conscient du bon travail que vous abattez dans le pays», a notamment dit le marabout. Dans un langage imagé et très correct, il a ensuite convié les journalistes à faire leur travail dans les règles de l’art. «Il faudra informer vrai. Et dans cette exercice, dites tout (sic), même si cela est grave et ne tenez pas compte du fait que les propos viennent de moi ou du Khalife général.»
Ces mots constituaient la conclusion d’une longue déclaration de Abdoul Aziz al Ibn dans laquelle il a notamment insisté sur le sens du Maouloud depuis son grand-père El Hadji Malick en passant par son père, le Khalife Serigne Ababacar et la tenue des talibés venus célébrer l’événement dans la ville.
Pour la défense des intérêts des enseignants sanctionnés : La Raddho commet des avocats.
03-03-2009
Par J. GOMIS
La Raddho s’est invitée au combat de Youssou Touré et compagnie. Alioune Tine, présent à cette rencontre, demande au ministre de l’Education non seulement de revenir à de meilleurs sentiments, mais de «lever immédiatement les sanctions qui pèsent sur Youssou Touré et ses camarades». Selon le président de la Raddho, les mesures prises par le ministre de l’Education sont faites dans «l’incertitude et dans le vague». Pour lui, ce n’est pas la surenchère de la sanction qui résout le problème. Au lieu de croiser le fer avec les syndicalistes à qui la législation du travail reconnaît un droit de manifestation, le ministre doit plutôt œuvrer dans le sens du dialogue, invite M. Tine. En effet, le président de la Raddho pense qu’il faut dialoguer et éviter le pire qui se profile à l’horizon. En attendant, Alioune Tine annonce que la structure qu’il dirige s’est engagée à trouver au secrétaire général de l’Ois et consorts un avocat. C’est Me Demba Ciré Bathily qui sera chargé de défendre M. Touré et ses camarades. M. Tine a aussi fait savoir qu’il a contacté Me Assane Dioma Ndiaye en ce sens.
Toujours dans son élan de solidarité, dit-il, «une correspondance sera adressée à Mme Ganson, rapporteur de la Commission africaine des droits de l’Homme».
SUD QUOTIDIEN :
Nous sommes tous des complices
par , mardi 3 mars 2009
Les crises profondes et multiformes qui secouent notre pays semblent effacer toute lueur d’espoir dans l’esprit des sénégalais.
L’effritement généralisé des valeurs éthiques, morales et religieuses s’ajoutant au dénuement des populations et à la désacralisation de nos institutions, sont entre autres, les phénomènes qui risquent de mettre le pays dans le chaos si l’on n’y prend garde. De l’indépendance à l’an 2000, le Sénégal a connu beaucoup de dérives, avec de lourdes conséquences sur l’économie nationale, les libertés fondamentales et la démocratie. Cette mauvaise gestion du pays a été sanctionnée par le peuple à travers des élections libres, démocratiques et transparentes.
L’alternance est survenue mais le malheur nous a encore suivi, le changement s’est traduit en cauchemar chez les populations qui aspiraient à de réelles mutations. La transhumance politique, le manque de loyauté, le vol organisé et le mensonge sont devenus les jeux favoris de nos autorités. Les dirigeants ont fini de montrer leurs limites et leur manque de volonté à prendre en charge les préoccupations des citoyens. La course vers l’accessoire, le paraître, l’argent facile et la belle vie, ont malheureusement occupé le quotidien des nouveaux riches qui ont complètement perdu le nord. Le régime de Wade n’a pas su imprimer à la gestion du pays, la rigueur et l’orthodoxie républicaine. Dans l’euphorie de la victoire, Abdoulaye Wade a très tôt posé les jalons de la désacralisation des fondements de notre jeune république.
La banalisation des symboles de la république, l’absence de rigueur dans le choix des ministres, le tripatouillage de la constitution, le refus de dialogue politique et la patrimonialisation de l’état sont autant de dérapages qui ont caractérisé la gouvernance des libéraux. Mais ces comportements condamnables ne sont pas l’apanage des autorités suprêmes de l’Etat. La survivance et même l’accentuation d’actes antirépublicains et répréhensibles sont des pratiques qui gangrènent la gestion des collectivités locales ; les agents de l’administration,n’en parlons pas. Le laxisme, la dilapidation des deniers publics, la spéculation foncière, et la banalisation de la corruption, sont des maux qui ont résisté à la volonté de changement des sénégalais, exprimée lors des élections de 2000.
L’administration et la diplomatie ont perdue toute leur sacralité à cause du manque de vision et de la gestion informelle des politiques. Les électeurs qui ont mis fin au régime du parti socialiste en aspirant à une vie meilleure et à une sphère publique assainie vivent le calvaire à cause de l’incapacité du régime d’Abdoulaye Wade à proposer une véritable alternative dans la gestion du pays. Les actes odieux et rétrogrades posés quotidiennement par nos autorités se sont accentués dans un pays où finalement les anti- valeurs et la déviance sont devenues les critères de promotion et de sélection pour occuper des postes de responsabilité dans les différents secteurs.
La redistribution des richesses, au lieu de profiter à la majorité de la population, ne sert qu’à entretenir les réseaux politiciens et religieux. Pire, certaines autorités qui ont excellé dans la tortuosité font la pluie et le beau temps dans les médias et prennent ainsi en otage les sénégalais avec la complicité de la presse qui semble résumer l’actualité aux guerres de positionnement et aux débats de caniveau. Cette race de dirigeants sans pudeur qui se considère comme des héros nationaux, continue malheureusement de chercher refuge chez certains marabouts qui ne sont pas exempts de reproches.
Le Sénégal des malheurs, c’est aussi le pays de chefs religieux qui sont de connivence avec la classe dirigeante en foulant aux pieds les enseignements des textes sacrés pour satisfaire leurs intérêts bassement matériels. Certains marabouts qui devraient être des défenseurs de la liberté et de toutes les nobles causes des populations vulnérables et meurtries, ont préféré devenir des marionnettes et des thuriféraires des politiciens en quête de légitimité.
Au même moment, dans d’autres pays,il n’est pas rare de voire le religieux en ligne de mire pour se soulever, au prix de sa vie, contre l’injustice de l’Etat et les dérives anti-démocratiques. Les dirigeants politiques bénéficiant de ce soutien religieux ont ainsi réussi à annihiler toute tentative de conquête des libertés, en réprimant, les yeux fermés, toutes les revendications des citoyens. Et le comble est arrivé avec l’inertie des potentiels contres pouvoirs qui semblent perdre toute capacité d’indignation, de contestation et de mobilisation des masses. Les populations sénégalaises ont aussi du chemin à faire pour changer les choses.
Les mauvais comportements, l’absence d’actions citoyennes désintéressées et le manque de sacrifice sont des souillures qui doivent être lavées ou combattues au sein de nos familles, de nos organisations et dans tous les espaces publics et privés. Les potentielles forces vives de la société ne portent plus les combats d’intérêt général à cause d’un manque d’organisation et d’engagement citoyen. Le Sénégal des malheurs c’est aussi le pays des syndicats, des journalistes et des organisations de la société civile, qui ne manifestent dans les rues que quand leurs intérêts égoïstes sont menacés. Les rares manifestations de rues notées ces dernières années n’ont jamais directement remis en cause les pouvoirs en place.
L’opposition politique, baptisée « opposition de salon » qui a perdu toute crédibilité, a presque capitulé face au régime libéral presque en lambeau. Notre pays est loin de Mai 1968 : la grève des étudiants avait posé, non pas des revendications intra muros, mais celles qui visaient un ordre établi par les tenants du pouvoir. Ces manifestations, portées par les étudiants avaient provoqué des changements majeurs de nos institutions et des rapports entre les gouvernants et les citoyens.
Le Sénégal est aussi loin de la période des grandes grèves générales menées par les centrales syndicales pour croiser le fer avec le régime socialiste. Ces rudes batailles populaires et efficaces ont toujours amené nos autorités d’alors à mieux prendre en compte les complaintes et préoccupations des populations. Ce dynamisme des forces sociales et politiques, qui a valu à notre pays de réelles avancées démocratiques jusqu’en l’an 2000, semble malheureusement disparu face au régime de Wade qui a installé la peur chez les sénégalais.
La fragmentation des mouvements traditionnels de contestation, surtout celle des organisations syndicales, est l’une des prouesses du régime de Wade, au grand dam des populations désarmées et martyrisées par la misère.
• Mouhamadou BARRO
• Journaliste
• mouhametbarro@yahoo.fr
PRINCE KARIM, A L’ECOLE DE LA MONARCHIE Ils sont devenus fous, le père et le fils.
« A raser les ânes, on perd son savon et son temps »
Si Abdoulaye Wade a pataugé pendant vingt six périlleuses années, au cours desquelles il a perdu tous ses cheveux avant d’accéder au pouvoir (par la voie démocratique), son fils Karim, lui, n’aura eu droit qu’à huit petites années pour être initié au bon fonctionnement d’un régime autocratique. Voldemort père et fils disposent d’incroyables talents qui leur ont permis de s’accaparer de la « pierre philosophale », pour ériger notre bien aimé République en monarchie. Nous ne sommes point obligés de leur faciliter la tâche. Si Abdou Diouf avait voix au chapitre, sur le choix de son successeur, Abdoulaye Wade serait, à coup sûr, la dernière personne pressentie. Et pourtant, ce n’est pas des Karim qui manquaient aux présidents Diouf et Senghor : ceux là au moins, avaient une idée de la « République », quoi qu’on puisse leur reprocher. A ce propos, Honoré de Balzac nous rappelle qu’ « il existe deux sortes d’hommes : ceux qui combattent leur père et ceux qui cherchent toute leur vie à le remplacer. » Que dire du Sénégal, avec tout le tapage médiatique, toute cette pollution sonore et visuelle autour du fils du président dont le père n’arrête pas de lui tresser des lauriers ? Mais de quoi Wade père a peur, au point de vouloir coûte que coûte chercher à se faire remplacer par son fils ? Fait-il semblant d’ignorer que nous avons toujours été un peuple digne et souverain, à qui on ne dicte pas sa conduite ? Le pauvre Karim Wade ne s’imagine pas le délire dans lequel son père est en train de l’entraîner. Le prince de la République ferait mieux d’aller apprendre l’histoire de nos fiers guerriers dans les savanes ancestrales, ces héros qu’on peut tuer certes, mais qu’on ne déshonore jamais.
« Sans le mensonge, la vérité périrait de désespoir et d’ennui. » Ces mots d’Anatole France ont le mérite d’éclairer l’opinion sur le recours au mensonge et la volonté de Wade Voldemort qui, malgré qu’on ne l’ait jamais entendu « dire quoi que ce soit, dans un sens ou dans l’autre », essaie de forger à son prince un passé et des mérites inconnus des Sénégalais. Ses délires autocratiques et son obsession au pouvoir l’ont conduit à faire de son fils « bien né » un « phénomène virtuel » dont les « compétences » sont loin de convaincre nos compatriotes qui attendent toujours d’être édifiés sur les chantiers de l’Anoci. Le « phénomène » Karim Wade existerait plus dans les médias que dans la vie réelle. Evidemment, les tonneaux vides font du bruit, beaucoup trop de bruit. Ils nous tympanisent, dans une pollution sonore dont se seraient bien passés les déçus et naufragés du bateau ivre de l’alternance, ce navire qui chavire sous le poids des dérives de la « tempête » libérale et des pirates et contrebandiers du Sopi.
Même aux âmes bien nées,
L’incompétence n’attend point, le nombre des années Si le sénateur Kennedy a adressé des « félicitations » à Karim Wade en août dernier, c’est sûrement au sujet des « rumeurs » de dépassements budgétaires, de surfacturation excessive et de l’inachèvement des travaux dans les délais, malgré l’immensité des moyens de l’Etat mis à sa disposition et les reports multiples du sommet de l’OCI. Il faut être aussi intelligent que le fils du président, ou disposer d’un Q.I. supérieur à la normale pour réaliser un tel exploit. Ce garçon semble obsédé par l’argent du contribuable qu’il tente de contrôler à tout prix, sans que la République lui ait confié un seul mandat, si ce n’est la volonté manifeste du père d’immiscer son fils dans la gestion de l’Etat et des deniers publics.
Quels que soient les procédés mis en place par le père pour hisser le fils au sommet de la gloire, la montagne semble accoucher d’une souris, d’une toute petite souris édentée et incapable de forer le moindre trou, fût-il dans un tunnel de près de cinq cents mètres, sans bandes d’arrêt d’urgence ni issues de secours…
« Le monde aura beau changer, les chats ne pondront pas. » Si Wade Voldemort Junior a les mains propres, il n’a qu’à « comparaître » illico-presto devant la justice ou l’assemblée nationale qui le réclame, afin de s’expliquer sur la gestion très controversée de la nébuleuse Anoci qu’il préside. Lorsque l’on gère près de quatre cents milliards du contribuable, le minimum de décence voudrait que l’on rende compte, au moins, avant d’entamer d’autres chantiers.
Lorsqu’on aspire à diriger 12 millions de personnes, alors qu’on n’est même pas « fichu » de se porter tête de liste aux municipales pour jauger sa popularité au niveau de l’opinion, on se dissimule discrètement derrière des poids-lourds qui vous servent de béquilles. La procuration électorale demeure le fort des faibles déjà convaincus de leur impopularité et de leur immaturité. Ces héros du dimanche sont en quête désespérée de légitimité et d’ascension sociale : voilà pourquoi ils font trop de bruit, comme cet arbre qui s’effondre, malgré le retour du fils banni. Ils constituent une menace pour la cohésion sociale, parce que prêts à tout pour accéder au sommet. Attention à la chute, elle risque d’être brutale, et certains risquent fort d’y laisser plus que leurs cheveux…
Quelque soient ses défauts, le père a quand même réussi à saper le moral inébranlable de bon nombre de nos compatriotes qui rêvaient de TGV, de rails à grand écartement, de tramways, ou d’un petit gagne-pain, ne serait-ce qu’à temps partiel. Ces rêves, comme bien d’autres, reposent en paix, dans le cimetière des promesses de l’alternance.
« Les enfants, petits, rendent leurs parents stupides. Grands, ils les rendent fous. »
Si le père vient de nous avouer avoir fait de la « maçonnerie » il y a cinquante ans, que peut bien nous avouer le fils dans les cinquante années à venir ?
Les propos tenus par le président de la République devant Serigne Bara frôlent même le ridicule. Il n’y a pas pire sot que celui qui s’efforce de croire à ses propres mensonges. Un peu de modestie ne nuit pas, président, à propos des « mérites » de votre fils. Lorsqu’on est juge et partie, le verdict ne peut être assimilable qu’à un tissu de mensonges. Votre fils peut bénéficier de votre entière confiance, vous y avez droit, et d’ailleurs, c’est ce que tout père attend de son fils. Prince Karim peut fréquenter les princes et monarques du Golf autant qu’il le souhaite : cela ne lui donne pas le droit d’assimiler notre République à une cour, où les fils sont mêlés à la gestion de la chose publique. Ces pratiques monarchiques sont malsaines dans une République qui se respecte.
Tel père, tel fils
Si le père a perdu la confiance du peuple, le fils, lui, a mille chances de ne jamais obtenir cette confiance, tant qu’il n’aura pas éclairé l’opinion sur les chantiers de la corniche. Nous ne portons d’accusations sur personne. Toutefois, nous avons le droit d’exiger que toute la lumière soit faite sur cette affaire, fût-il pour sauver les apparences. Le fils de Charles Taylor condamné récemment, n’aurait jamais pensé comparaître devant un tribunal pour des crimes commis avec la complicité de son père, sorti de l’histoire, non par la petite porte mais par une bouche d’égout. « Le mensonge peut courir un an, la vérité le rattrape en un jour. » A analyser de près les manœuvres de nos deux « héros », il convient de se poser la question de savoir si Wade Voldemort et son fils jouissent de toutes leurs facultés mentales, au point de vouloir réécrire l’histoire du Sénégal qui ne date quand même pas des années 2000.
Des bavures policières, comme à Kédougou
Cheikh Tidiane Sy vient revaloriser de 50 pour cent, les salaires des policiers. Pour ceux qui savent lire entre les lignes, le ministre de l’intérieur et ancien conseiller du Maréchal Mobutu ne préparerait-il pas l’opinion, à des bavures policières-pardon-militaires dans les jours à venir, comme cela a été le cas à Kédougou, à la veille de Noël ? Nous ne sommes pas de mauvaise foi, mais les actes posés récemment par le régime en place ont fini de convaincre même les plus sceptiques, que des élections transparentes, libres et démocratiques ne les feront pas quitter le pouvoir.
D’ailleurs, tout porte à croire qu’ils n’ont pas l’intention d’organiser des élections : il leur manque un prétexte crédible pour justifier le report éventuel des locales. Tant qu’il leur restera « un souffle de vie », Wade Voldemort et sa cour s’accrocheront aux « tripes » du pouvoir qu’ils ne lâcheront pour rien au monde. Comme disait Souleymane Jules Diop, « l’ennemi de Wade, c’est le temps. » L’histoire politique du Sénégal retiendra les mésaventures d’un président élu démocratiquement, et qui, dans ses délires incontrôlés, voulait forcer son fils à la succession, sans se soucier des éventuels dommages collatéraux.
La liberté et la souveraineté, comme beaucoup d’autres valeurs républicaines, sont très précieuses. Elles ont un prix : seulement, sommes-nous prêts à le payer, devant la détermination du père et du fils, devant l’ascension fulgurante de la monarchie rampante ?
• Momar Mbaye
• mbayemomar@yahoo.fr
WALF FADJRI :
S’il vous plaît, ne démocratisez pas la médiocrité à l’université aussi !
L’université sénégalaise traverse une crise sérieuse, celle de la croissance. Les détenteurs du premier diplôme qui y est délivré (le baccalauréat), ont aujourd’hui toutes les difficultés du monde à y trouver une place ou y poursuivre leur formation convenablement. Et pour sortir de cette crise, les autorités politiques, avec la complicité des dirigeants de l’enseignement supérieur et le silence de ses acteurs, ne trouvent rien d’autre que de rabaisser l’Académie sénégalaise et d’y démocratiser la médiocrité pédagogique. Ce qui suscite inquiétude et interrogations chez tout militant de l’Ecole sénégalaise. Comment ce pays, qui était l’un des mieux dotés par le colonisateur en infrastructure scolaire, a pu atteindre ce niveau de retard ? Pourquoi les états généraux et concertations ainsi que les plan et programme relatifs au système éducatif, tant proclamés par les autorités, ne nous ont pas permis d’éviter les difficultés actuelles ? Est-ce que le sous-secteur de l’enseignement supérieur est géré comme il se doit dans ce pays ? Voilà des questions qui nous paraissent importantes à aborder.
a) - La planification de l’éducation et de la formation
Après les Etats généraux de l’éducation en 1981, on a constaté une baisse du taux de scolarisation, c’est-à-dire une croissance des enfants scolarisés moins rapide que celle de la population scolarisable. A l’époque, pour remonter la pente et quitter cette zone dangereuse de l’ignorance rampante, le gouvernement a eu recours à une solution d’urgence : Surexploiter les enseignants et l’espace pédagogique en utilisant le système de double flux et des classes multigrades en plus de l’érection d’un dispositif de volontariat. Cette stratégie a permis de ramener le taux brut de scolarisation à un niveau raisonnable. Mais, qualitativement, cette stratégie est catastrophique. En effet, en 1996, des tests en mathématiques et français concernant des élèves de cinq pays d’Afrique francophone (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Madagascar, Cameroun, Sénégal) réalisés par la Conférence des ministres de l’éducation des pays ayant le français en partage (Confemen) montrent que moins d’un élève sénégalais sur trois (30,77 %) a les connaissances de base minimales à la fin du primaire. Ils sont les plus faibles de tous.
Après la rencontre de Jomtien (Thaïlande, en 1990), le gouvernement sénégalais s’est engagé, à l’instar d’autres pays, à réaliser l’éducation pour tous au plus tard en 2010 (on parle maintenant de 2015 !). Un Plan décennal de l’éducation et de la formation, devenu aujourd’hui Programme de développement de l’éducation et de la formation (Pdef), est mis en place pour y arriver.
Celui-ci est articulé autour de l’accès, de la gestion et de la qualité. Dans ce plan, on a mis en priorité la scolarisation universelle des enfants âgés de 6 ans pour 2010 au plus tard, tout en visant l’extension de l’éducation de base ou fondamentale à dix ans au lieu de six actuellement. Dans ce but, il est prévu de construire chaque année 2 000 salles de classe en recrutant en même temps 2 000 enseignants, de promouvoir les écoles franco-arabes et de compléter les cycles des petites écoles par des classes multigrades et doubles flux.
Poursuivant le programme aux niveaux supérieurs, le planificateur avait envisagé l’élargissement de l’accès à l’enseignement secondaire à au moins 50 % des sortants du niveau fondamental à partir de 2010. Cela, en veillant à ce que 25 % au moins des sortants de l'école fondamentale en 2010 soient orientés dans des formations professionnelles afin d’atteindre une proportion de 50 % en 2017.
Il va sans dire qu’une telle politique d’élargissement de l’accès à l’éducation de base ne peut pas être sans effet sur la demande de formation aux niveaux secondaire et supérieur.
b) - Demande de formation supérieure et modélisation de l’Ucad
N’ayant pas bien appris sa leçon du primaire, le planificateur sénégalais n’a pu voir venir l’augmentation rapide de la population scolarisable au niveau supérieur. Le nombre de bacheliers sénégalais et étrangers augmente très rapidement. De 9 449 bacheliers sénégalais en 2000, on est arrivé à 22 438 en 2007, soit une croissance annuelle de 13,15 %. Pour dire qu’à ce rythme, ce nombre atteindra 50 000 en 2014. Et pour résoudre cette équation, on voudrait ré-exploiter le schéma du Pdef. A savoir la mise en place d’un système de double flux et la vacatérisation du corps enseignant. C’est la stratégie qu’on a expérimentée à l’Ucad.
En effet, depuis l’échec du Paes, l’université Cheikh Anta Diop, quoique comptant en son sein les meilleurs enseignants d’Afrique, fonctionne comme une garderie de bacheliers. Elle symbolise aujourd’hui, à tout point de vue, la médiocrité pédagogique. Elle a accueilli en 2008 environ 60 000 étudiants et a coûté la même année (le coût social non compris) au contribuable sénégalais 20 749 777 456 F Cfa. Elle compte 1 163 enseignants-chercheurs, comprenant 70,34 % de catégorie B dont 301 assistants stagiaires, sans compter les vacataires qui portent une partie importante du projet pédagogique.
Certes, l’Ucad reçoit le plus grand nombre de bacheliers. Mais elle ne forme, sur cent qui y entrent en même temps, que 6 maîtrisards à l'issue de la durée normale (quatre ans), 17 après cinq ans de présence et 31 au total à l’issue de dix années scolaires. Le niveau d’échec au Deug y est de 64,5 %. Ce qui fait qu’en moyenne, 9 030 jeunes d’une même cohorte en sortent annuellement sans aucun diplôme depuis 1998. C’est pourquoi la maîtrise y coûte 4 711 338,1 F Cfa au lieu de 1 692 359,47 F Cfa. Soit presque trois fois plus cher que ce qu’elle devrait être.
Voilà comment on a rendu médiocre l’une des meilleures universités du monde dans les années soixante à quatre-vingt ! Les étudiants y échouent plus qu’ils ne réussissent. Avec ce niveau de rendement pédagogique, elle ne peut plus être considérée comme une référence au niveau national. Vouloir le faire, reviendrait tout simplement à envisager la démocratisation de la médiocrité pédagogique à l’université, comme on l’a fait aux niveaux inférieurs.
Malheureusement, l’expérience Ucadienne est en train d’être reproduite ailleurs. L’environnement pédagogique se détériore aussi à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. L’encadrement rapproché, qui est au centre des préoccupations dans le système Lmd tant prôné en ce moment, ne peut plus y être assuré. Il arrive maintenant que les tailles de groupes de travaux dirigés (Td) y dépassent la norme. Dans certaines de ses Ufr, les étudiants étouffent avec leur enseignant dans des salles de cours surpeuplées. Ajoutons à cela que ses apprenants ont maintenant moins d’heures d’accès à la documentation et à Internet. Pour dire que les conditions de performance dans lesquelles se trouvait le corps professoral y disparaissent ! Comme si au Sénégal, seuls les ‘Lions’ du football méritent d’être dans les meilleures conditions de performance ! Quelle mise !
c) - Urgences
Enfin, il est temps qu’on se ressaisisse. Il n’y a pas mille solutions pour gérer une croissance démographique rapide. On est obligé de suivre celle-ci toujours avec de l’infrastructure d’accueil. Il est temps dans ce pays qu’on raisonne aussi en termes de nombre de places scolaires et universitaires en rapport avec la taille de la population attendue. Comme on doit le faire en ce qui concerne la santé. Le retard du Sénégal en infrastructure académique doit en urgence être rattrapé. On ne peut plus faire l’économie de construire, d’ici 2017, cinquante amphithéâtres de mille places bien repartis dans le pays, d’ouvrir les lycées à des formations de licence moins une année pour réduire la déperdition au premier cycle et de faire monter le nombre d’enseignants en puissance.
Cela devrait se faire en même temps que la révision du mode de gouvernance de nos universités. La gestion singletonisée, bannie partout ailleurs, doit y disparaître. Les entreprises du savoir, l’ère de l’économie immatérielle oblige, ne se gèrent plus comme avant.
Pour terminer, disons que le seul enjeu qui vaille aujourd’hui est d’être compétitif et dans le marché académique pour que nos meilleurs bacheliers n’aillent plus ailleurs quérir de la compétence et dans le marché des ressources humaines, afin de mieux gérer nos administrations et entreprises, tout en attirant les investisseurs au Sénégal.. Si on ne peut pas y arriver, il vaudrait mieux fermer nos établissements supérieurs et envoyer nos bacheliers se former à l’étranger. Après, on pourra faire appel à nos lions scientifiques de la diaspora à coup de milliards en cas de besoin, comme dans le domaine sportif !
Mamadou-Youry SALL Enseignant/Chercheur à l’Ugb
La coalition Bamtare Fuladu interpelle Wade : ‘Pourquoi il n’y a pas eu de campagne de commercialisation arachidière ?’
KOLDA - La coalition Bamtaré Fuladu de Kolda, en lice pour les prochaines élections locales, a entamé dimanche dernier sa campagne électorale par une conférence des cadres qui s’est vite transformée en un méga-meeting à Moya. Après avoir fait valider les stratégies de campagne, le secrétaire général local de l’Afp, Chérif Lehibe Aïdara, tête de liste de la coalition Bamtaré Fuladu dans la commune de Kolda, a dénoncé, au cours de cette rencontre, le mutisme du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, sur le sort peu reluisant du monde rural avec l’inexistence de la campagne de commercialisation d’arachide dans le Fouladou. ‘Le monde rural traverse actuellement des moments très difficiles. Les revenus des paysans ne cessent de baisser. Nous disons que le président Wade n’a parlé ni de la campagne de commercialisation ni de l’arachide, ni du coton. Et il faudrait qu’il se prononce sur cette question puisque c’est la seule source de survie pour 90 % des Koldois’, constate-t-il. Avant d’interroger : ‘pourquoi le coton et l’arachide ne sont pas commercialisés ?’. Se prononçant sur la réhabilitation de la voirie urbaine de Kolda, Chérif Lehibe Aïdara a révélé que si Abdoulaye Wade a décidé d’autoriser la continuation des travaux de Kolda 2006, c’est parce que, dit-il, ses promesses n’ont pas été tenues. Et de se demander où sont donc passés les 15 milliards votés en 2006 pour la réalisation de tous les travaux. ‘Soit il y a détournement de fonds, soit il y a détournement d’objectifs’, selon la tête de liste de la coalition Bamtaré Fuladu. Le porte-parole de la coalition de demander à Wade dans quel budget va-t-il prendre ces milliards qui vont financer la continuation des travaux de la voirie de Kolda.
Après avoir présenté à l’assistance la profession de foi et le programme de la coalition, Chérif Lehibe Aidara a lancé un appel à tous les acteurs du jeu politique Koldois pour un apaisement de la campagne électorale. ‘Nous privilégions le débat d’idées et les programmes aux injures et invectives jadis utilisées par la coalition Sopi pour imposer au peuple sa volonté’, a conclu Chérif Lehibe Aïdara.
Cheikh DIENG
Grève des travailleurs de la Justice : Madické Niang et les greffiers engagent le bras de fer
Les greffiers et autres travailleurs de la justice ont été invités hier par le secrétaire général de leur syndicat à ne déférer à aucune réquisition qui leur sera adressée et à se conformer à leur mot d’ordre de grève de 48 heures à partir de ce mardi. Selon Me Ousmane Diagne, les réquisitions prises par le ministre de la Justice sont illégales.
La tension entre le ministre de la Justice, Me Madické Niang, et les greffiers du Sénégal pourrait s’envenimer dans les jours à venir, en particulier si le Garde des Sceaux met à exécution ses menaces d’opérer des ponctions sur les salaires des grévistes. En effet, pour le secrétaire général national du Syndicat national des travailleurs de la justice (Sytjuist), Me Ousmane Diagne, en visite d’informations dans les locaux de Wal Fadjri, ses camarades ‘attendent de pied ferme le ministre Madické Niang’. Selon lui, le ministre de la Justice est un adepte de l’intimidation. Il ne cherche qu’une seule chose : faire peur aux greffiers par des menaces de ponctions de salaire et de sanctions, comme il l’a annoncé face à la presse. Or, ajoute Me Diagne, il sait que de telles menaces ne peuvent en aucun cas les faire reculer ; elles les confortent au contraire dans la poursuite de leur lutte.
Les greffiers disent n’accorder aucun crédit aux déclarations de leur ministre de tutelle, notamment lorsqu’il annonce qu’il va faire recours aux services des gendarmes et des agents pénitentiaires. Me Ousmane Diagne est d’avis qu’ils ont avec eux la loi qui leur reconnaît constitutionnellement le droit d’aller en grève. Mieux, pour les greffiers, les actes juridiques que pose le ministre de la Justice, à savoir envoyer à tout va des réquisitions pour les faire travailler, ne sont rien d’autre qu’une violation grave des textes. En effet, selon eux, les réquisitions obéissent à une procédure légale que le ministre doit respecter. C’est pourquoi, ils se disent confiants et mettent en garde les préfets et autres gouverneurs pour qu’ils n’envoient pas, comme bon leur semble, des réquisitions qui ne sont pas conformes à la loi.
A ses camarades greffiers, Me Ousmane Diagne leur a demandé de ne pas déférer à ces réquisitions, car elles sont illégales puisque ne respectant aucune disposition légale. Selon lui, la réaction du ministre de la Justice est une sorte de vengeance en ce sens que, lors de leur dernière rencontre, il a voulu les forcer à faire une déclaration publique pour dire qu’ils ont trouvé un accord définitif. Les greffiers disent avoir refusé, car il restait le cinquième point de leur plate-forme à solutionner, à savoir la généralisation de l’indemnité de judicature. Cette généralisation devrait permettre à tout le personnel de la justice, du chauffeur au commis, en passant par la secrétaire, de bénéficier d’une telle indemnité.
Malgré les menaces du Garde des Sceaux, les greffiers entendent poursuivre leur mouvement de grève de 48 heures qui débute ce mardi sur toute l’étendue du territoire national.
Yathé Nara NDOYE
Emeutes de Kédougou : Wade promet la fin des poursuites de l’Etat contre les détenus
Le président Abdoulaye Wade a fait part de sa décision d’instruire le Garde des sceaux afin que le procureur de la République mette fin à l’action de l’Etat contre les jeunes gens arrêtés à l’issue des troubles de Kédougou, le 23 décembre dernier, a annoncé lundi à la presse Amadou Séga Keita. Selon le président de l’amicale des élèves et étudiants du département de Kédougou, au sortir d’une audience au Palais de la République avec le chef de l’Etat, ce dernier lui a tout d’abord fait savoir qu’il regrette le décès, à l’occasion des mêmes évènements, de Mamadou Sina Sidibé, avant de l’informer de sa décision de mettre fin aux poursuites judiciaires. ‘Le président de la République a décidé de donner des instructions au ministre de la Justice pour que le procureur de la République arrête l’action publique intentée par l’Etat poursuivant ces jeunes à la suite des attentats’, a notamment dit M. Keita qui était à la tête d’une délégation d’élèves et d’étudiants du département de Kédougou. ‘Selon le président Abdoulaye Wade, la place des jeunes ne se trouve pas dans les prisons, mais dans les amphithéâtres’, a-t-il ajouté, avant de faire part de la satisfaction de ses camarades à l’annonce d’une telle décision.
Le tribunal régional de Tambacounda avait, le 10 janvier dernier, condamné à des peines d’emprisonnement ferme allant de cinq à dix ans, 18 des 29 personnes attraites devant la barre dans le cadre des troubles survenus à Kédougou. Dans le détail, huit personnes ont été condamnées à dix ans de prison ferme, huit à cinq ans ferme et deux à sept ans. Les coupables ont été également condamnés à payer solidairement un montant global de 17 128 333 francs Cfa au titre des intérêts civils endommagés, dont ceux du commandant de la brigade de gendarmerie de Kédougou, Babacar Dramé, qui a vu son domicile brûlé. Ils doivent aussi payer un franc symbolique à l’Etat.
Onze autres personnes avaient été relaxées dans cette affaire liée aux récentes émeutes survenues dans cette nouvelle région du sud-est du pays, où une manifestation de jeunes avait dégénéré en un affrontement avec les forces de l’ordre. Parmi les relaxés, huit l’ont été purement et simplement et trois au bénéfice du doute.
(Aps)
Reflet
Quand la bourse commande la stratégie
La campagne a démarré depuis trois jours mais ce n'est pas encore la fièvre électorale dans les villes et campagnes. Autant les populations semblent se détourner de la chose politique, autant les acteurs, eux-mêmes, n'ont pas le cœur à l'ouvrage. Contrairement à ce à quoi ils nous avaient habitués, les politiciens avancent, dans cette campagne, à pas feutrés. Sans tambours ni trompette. La crise financière est-elle passée par là ? On est enclin à le croire. Cependant, il faut reconnaître que dans les présentes locales, la campagne est à deux vitesses. D'un côté, il y a les nantis de la République qui n'ont aucun souci à se faire. Leur trésor de guerre qui se confond avec celui public leur permet de dépenser sans compter. Avec leurs rutilantes et grosses cylindrées, alignées en file indienne, ils sillonnent les coins et recoins du pays, avec une rare insolence qui jure d'avec les conditions difficiles d'existence de ceux vers qui est destiné un tel marketing politique. Ce qui est le plus important à leurs yeux, c'est de faire tilt et marquer les esprits. Ils ne se contenteront pas des visites de proximité ou des petits rassemblements. Pour eux, le succès de leur campagne est à l'aune des grands meetings qu'ils organisent et où ils ont l'occasion d'étaler leur richesse et montrer, ainsi, qu'ils ne boxent pas dans la même catégorie que leurs adversaires politiques. D'un autre côté, la campagne est faite avec les moyens du bord. Ici, le réalisme est de mise pour camoufler le déficit financier. A l'opposé du camp adverse et condition oblige, on ne verse pas dans les extravagances. Le slogan pourrait se résumer en ces termes : agir à moindre coût et en tirer le maximum de profit. D'où la stratégie du porte-à-porte et les visites de proximité dans les lieux de rassemblement tels que les marchés qui ne nécessitent pas de gros moyens (pas de chaises à louer, ni de sonorisation à payer). Dans les campagnes, contre mauvaise fortune, on fera bon cœur, et, en lieu et place de 4X4, on se contentera, par moments, même de charrette. Cela rappelle la ‘marche bleue’, initiée par un candidat sans gros moyen et en qui les Sénégalais portèrent leur suffrage un certain 19 mars 2000. Moralité de tout cela, avec ou sans moyen, il est permis de rêver des cîmes.
Aguibou KANE
FERLOO.COM:
Talla Sylla : « Un cagoulard politique doublé d’un vampire financier ne peut prétendre guider ce pays de valeureux gens, fut- il l’imparfait clone d’un rusé vieillard dénué de scrupules »
La phrase choc du tout nouveau président Américain, Barack Obama est entrée dans le champ lexical des discours de campagne des candidats en lice pour la conquête des collectivités locales au Sénégal. M. Sylla s’en est également pris au portrait robot de celui qu’il appelle le "cagoulard politique doublé d’un vampire financier", cet individu "qui ne peut prétendre guider ce pays de valeureux gens, fut-il l’imparfait clone d’un rusé vieillard dénué de scrupules".
En tout cas, « le Yes we can » est revenu comme une leitmotiv dans le discours du leader de Jëf-Jël, Talla Sylla, une façon pour lui de dire que « le changement pour Thiès est à la portée de Wallu Askan wi ». Ville, dit-il, « au carrefour, voisine de la sainte Tivaouane, étape de Touba la lumineuse, tutelle de Popenguine et tremplin pour Dakar. Quiconque veut tenir bivouac au palais de l’avenue Senghor doit être autorisé à se promener librement sur l’esplanade des thiessois ».
Donc, renchérit Talla Sylla, « inutile de vous faire comprendre qu’un cagoulard politique doublé d’un vampire financier ne peut prétendre guider ce pays de valeureux gens, fut-il l’imparfait clone d’un rusé vieillard dénué de scrupules ». A l’opposé de ces deux, Idrissa Seck et de Me Wade, cités tacitement, Talla compte s’inscrire dans « le sillage du regretté Mamadou Dia illustre bâtisseur et infatigable serviteur de notre Nation ». C’est ainsi qu’il confirme « son désintéressement patriotique pour une gestion saine des ressources de la région ». Cela précise, le leader de l’Alliance Jëf-Jël, en vue de réaliser les immenses chantiers du développement et mériter le respect des mandants ».
Abdou TIMERA
Me Mame Adama Guèye : « La justice souffre beaucoup des questions de corruption »
« C’est malheureux ». C’est Me Mame Adama Guèye, invité de la Rfm qui s’ exprime ainsi, dépité par ce qui est arrivé à son confrère Me Sassoum Sy. Il dénoncera aussi l’existence de la corruption dans le milieu judiciaire. « La justice souffre beaucoup de ces questions de corruption. Cela est un sujet de préoccupation », a-t-il révélé. Non sans être convaincu que « pour les avocats, c’est une menace réelle ». Mieux, il estime que « la connivence de corruption qui existe entre les magistrats et les avocats joue au détriment des justiciables et du pays ». Puisque dit-il, « il arrive que l’argent soit déterminent dans un procès ». C’est le lieu pour lui de se féliciter de la nouvelle réforme de la justice d’autant plus que, souligne-t-il, « si avec la réforme de 1992-2006, les choses ne se sont pas bien passées, celle de 2006 semble bien être bien partie ».
Le président de l’Ordre des avocats, a, par ailleurs, rejeté en bloc, les arguments avancés par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur dans le cadre de l’affaire Me Birame Sassoum Sy. « Je ne réponds pas au ministre de l’Intérieur, mais je réagis à trois niveaux : D’abord pour dire que ma candidature à l’élection présidentielle n’est pas un scoop ; quant à l’autre accusation portant sur mon intention de politiser le barreau sénégalais, je pense que dire cela, c’est saper la capacité de discernement des avocats qui sont indépendants et libres et qui travaillent de manière participative et indépendante. Et enfin, dans le cas de l’affaire Me Biram Sassoum Sy, l’argument qu’a fourni le ministre ne tient pas la route ». Pour Me Mame Adama Guèye, « c’est la volonté d’humilier un avocat qui est à la base de cette affaire ». Sinon, explique-t-il, « comment peut-on comparer la version d’un avocat assermenté depuis 27 ans contre celle d’un simple agent de police ? ». Une occasion pour lui de dénoncer l’attitude du ministre Cheikh Tidiane Sy qui prononce « des sentences », avant la justice. « C’est le cas avec l’affaire de la mise à sac des journaux L’As et 24 h Chrono, l’accusation de Macky Sall de blanchiment d’argent, l’affaire de Kédougou... ». C’est ainsi que, le président de l’ordre des bâtonniers invite « les autorités judiciaires à refuser les faits accomplis ». Il s’est enfin félicité de l’appui de 200 millions de francs Cfa des autorités étatiques pour l’assistance judiciaire aux plus démunis. A cet effet, d’ailleurs, Me Mame Adama Guèye révèle qu’une innovation de taille sera « l’implication des collectivités locales afin que les personnes démunies issues de ces collectivités locales puissent avoir un avocat, en cas de problème ».
Abdou TIMERA