La République et nous
La République, Machiavel et nous
Un jour de mars 2000, le peuple sénégalais a décidé de consacrer, par le mécanisme du suffrage universel, la victoire d’un homme persévérant et déterminé. Il s’est quand même opposé pendant plus d’un quart de siècle ! Cette victoire est intervenue après de durs combats pour conquérir des espaces importants de liberté dont on pensait, très souvent à juste titre d’ailleurs, qu’ils étaient confisqués par l’ancien régime. Le principal bénéficiaire de ces luttes acharnées menées, au moins depuis l’indépendance, avait suscité des rêves et nourri des espoirs.
Pourtant, le réveil du peuple a été brutal : le rêve a viré au cauchemar et l’espoir s’est transformé en désespoir. Il y a donc comme une sorte d’inversion des attentes heureuses en leurs contraires purs et simples. C’est, sans doute, dans ce jeu de retournement des signes qu’il faut aller chercher dans la profondeur abyssale de ces derniers un enjeu beaucoup plus grand : le vœu de transformer la république en monarchie.
Si on analyse les péripéties de la mise en œuvre de ce vœu, on peut dire qu’il a d’abord été caressé mais caché, ensuite entretenu mais, de temps en temps, esquivé et enfin entièrement dévoilé. On peut noter qu’il a fini par connaître une accélération sans commune mesure depuis le dernier remaniement ministériel. Aujourd’hui, on n’a plus besoin d’être devin pour lire les signes. Ils sont devenus si évidents et éclatants qu’ils peuvent éblouir le regard de celui qui se risque à les regarder de face.
Nous avons parlé de la transformation de la république en monarchie ! Mais qu’est-ce que la république ? Il nous semble important de clarifier la notion pour mieux éclairer notre propos. L’idée de république vient de très loin. On peut la remonter, au moins, à l’antiquité grecque. Pour gérer le vivre-ensemble, les Grecs avaient inventé une forme d’organisation sociale et politique appelée la politeia.
Après sa formulation par les Grecs, l’idée républicaine connaîtra une longue éclipse et ne sera véritablement redécouverte que dans le contexte de l’humanisme civique à la faveur de la redécouverte des œuvres d’Aristote et l’exhumation des travaux de Cicéron et de Polybe. C’est dans ce contexte que Politeia sera traduit, en latin, par Res publica.
Pourtant, il a fallu attendre Machiavel pour voir la république faire définitivement son entrée dans le monde moderne. Machiavel, on le sait, est un auteur politique important. D’aucuns considèrent que les chefs d’Etat et ceux qui aspirent à la direction des affaires publiques ont pour livre de chevet Le Prince, cette œuvre fameuse qui enseignerait les (techniques) les plus efficaces pour conquérir et/ou conserver le pouvoir.
L’idée fondamentale au cœur de l’ouvrage tel que le sens commun l’a reçu, sur la base, en grande partie, de la lecture qu’en a faite Renaudet, historien français, qui a beaucoup participé à la popularisation de cette perception de l’œuvre, est que celui qui veut conquérir et/ou conserver le pouvoir ne doit pas hésiter à mobiliser les moyens, y compris les plus infâmes, les plus abominables pour la réalisation de son objectif. Avec la caution de Machiavel, du Machiavel du Prince je devrais préciser, on en est arrivé à avancer, sans aucun masque d’ordre moral, l’idée que la fin justifie les moyens.
C’est sous cet angle qu’il peut être intéressant de faire entrer Machiavel dans le cadre de l’analyse des péripéties que nous vivons depuis l’avènement de l’alternance, consécration suprême de notre modernité politique. On attendait du nouveau locataire du palais qu’il moralise la vie publique et conforte définitivement les bases de l’Etat de droit. L’alternance devait renforcer la république, en consolidant ses fondements et en répandant dans le corps social, plus que par le passé, les bonnes mœurs républicaines.
Dix ans après, il faut bien se rendre à l’évidence : les attentes ont été, dans bien des cas, déçues et la marchandise attendue par le peuple n’a pas été bien livrée. On a élu un politicien qui est loin d’être un homme d’Etat. En bon machiavélien, au sens d’un individu peu soucieux des scrupules moraux, il nous a servi, à la première occasion, la transhumance comme s’il n’avait plus confiance au peuple du 19 mars 2000.
Il faut, au mépris des valeurs que l’alternance devrait promouvoir définitivement, aller chercher les porteurs de voix, compte non tenu de leur morale souvent douteuse, en tout cas au regard de l’esprit républicain. Rappelons que certains d’entre eux avaient ou plutôt devraient avoir maille à partir avec la justice si les rapports d’audits commandités n’avaient pas, en cours de route, été politisés. On choisit d’offrir aux accusés qui risquaient d’être frappés par la lourde main de Dame Justice, d’échanger leur condamnation éventuelle contre le ralliement au parti victorieux.
En politique, il n’y a pas de morale. Ou plutôt la morale politique est d’une autre nature. Elle est au-delà ou en deçà de la morale ordinaire, dirait le machiavélien. Ce dernier formule une maxime politique que l’on pourrait énoncer comme suit : ‘Mobilise tous les moyens dont tu penses qu’ils serviront tes objectifs politiques. Si tu ne le fais pas, tu creuses ta propre tombe politique. Alors, il ne faut prendre aucun risque politique. Il faut aller chercher les voix. Elles n’ont pas d’odeur’.
La traduction électorale de cette maxime est sans équivoque : il faut organiser la transhumance. Au-delà des réprobations moralisatrices, les voix dont les porteurs sont sans valeur morale serviront bien les ambitions politiques. Elles sont d’une valeur incontestable. Réalisme quand tu nous tiens !
Beaucoup de gens qui avaient appelé à ne pas pactiser avec le diable en votant pour celui qui deviendra l’heureux élu, se transformeront bientôt en ses laudateurs les plus attitrés. Première leçon adressée au peuple, la parole politique ne vaut pas grand-chose. On peut insulter et dénigrer le vieux opposant en mars, mais en niant sa parole et donc, d’une certaine façon, en se reniant soi-même être invité, en avril, par le nouvel élu à la table du festin républicain aux relents et aux goûts déjà royaux.
Les élections législatives furent gagnées haut la main. On a demandé au peuple de conférer aux tenants de l’exécutif une majorité pour gouverner, pour réaliser les alléchantes promesses. Il répondra très favorablement. A la proclamation des résultats des législatives, le parti victorieux obtient une majorité écrasante. Son assemblée mécanique devra alors bien servir à quelque chose.
Elle obéira au doigt et à l’œil (du) chef de l’exécutif. Belle leçon de séparation des pouvoirs. Plus tard, des élus se considéreront non plus comme élus du peuple, mais comme députés du président. Pour transformer, comme par un coup de baguette magique, la volonté et les désirs du chef en ordres légalement contraignants, c’est-à-dire en lois, il faut ajouter à la domestication du législatif par l’exécutif un texte fondamental à la hauteur de la boulimie de pouvoir du chef.
On proposa au peuple souverain une constitution. Ce texte fondamental permit justement au chef de nommer, de manière légale, aux fonctions civiles et militaires. Une façon d’avoir sous sa botte le pouvoir judiciaire pourrait-on, d’une certaine façon, dire. Cela ressemble fort bien à une volonté de contrôler le judiciaire après la conquête de l’exécutif et la domestication du législatif.
Plus tard, des observateurs lucides et avertis considéreront que ce texte constitutionnel est à la base de beaucoup de nos maux politiques. Aussi, qualifieront-ils de despotique, pardon de monarchique la constitution de 2001. Le fantôme - la monarchie - ne cesse décidément, depuis les débuts de l’alternance, de nous hanter, de rôder dans les allées du pouvoir et les couloirs du palais. Il va, de manière beaucoup plus sérieuse, nous poursuivre.
C’est le moment d’assassiner les fils putatifs qui peuvent légitimement aspirer à la succession. En monarchie, on succède aussi. Très souvent d’ailleurs à son père. Le vocabulaire est bien choisi. On veut lui succéder et à la tête de l’Etat et du parti. C’est l’ambition de tous les numéros deux du parti au pouvoir.
On ne parle pas d’élection ni à la tête de l’Etat ni à celle du parti. Le choix des mots n’a rien d’innocent. Il faut mettre en place une grammaire politique au service du projet de la dévolution monarchique et chercher à faire accepter au peuple, de manière subliminale, le projet monarchique. Les mots sont mobilisés pour être inscrits dans la conscience collective, dans la mentalité des Sénégalais.
Pour bien réaliser le funeste projet au profit du vrai fils, de l’enfant biologique, il faut tuer, politiquement s’entend, les fils d’emprunt. Il faut sacrifier celui qui entretient la dualité au sommet de l’Etat aux ambitions de l’héritier légitime, celui de la descendance, dont le choix s’explique par la proximité des liens du sang. Le chef en est arrivé à être totalement convaincu que le pouvoir qu’on lui a pourtant délégué, lui appartient et il a décidé d’en faire l’objet d’un héritage familial.
Toute la république est mise au service du sacrifice de Mara. Le rituel permettra de conjurer les ambitions éventuelles et de mettre en garde les prétendants illégitimes. Le chef suprême reconnaîtra d’ailleurs que tous ceux qui sont passés par la primature lorgnent son fauteuil. Oui tous ! Une femme y est passée, mais elle a été bien sage. Elle se nomme Mame. Le premier fils sacrifié, il faut éloigner du palais celui qui peut oser avoir les mêmes folles ambitions.
Un prétendant qui a participé activement au sacrifice du premier fils d’emprunt est vite identifié. Il faut en faire la tête de liste pour les élections législatives de 2007, histoire de l’éloigner de la primature. Il ne pourra plus lorgner, rappelez-vous, le fauteuil. La victoire sera facile, mais non éclatante : les élections législatives de cette année-là sont boycottées par l’opposition significative. S’il les gagne, il deviendra président de l’institution aux ordres. Mauvais calcul politique et successoral : en cas de vacance du pouvoir, il deviendra président de la République.
Il faut donc prétexter de la volonté de mettre en place une assemblée de rupture. Pour ce faire, il faut convoquer celui qui a organisé le sommet de l’Oci et qui vise un autre sommet, sans doute le plus haut, pour qu’il s’explique sur les accusations gravissimes portées à son encontre. Ce sera la consécration de la rupture à la place Soweto. L’Assemblée exerce le contrôle sur le gouvernement et peut librement auditionner ses membres et les responsables des agences au cœur de l’Etat.
Le mandat du président de l’Assemblée qui a osé convoquer, sans autorisation du père, le fils est ramené à un an et il ne pourra plus succéder au chef au cas où… La succession doit revenir à quelqu’un qui n’a pas été élu. A un de ces sénateurs nommés. L’idée que l’on peut nommer quelqu’un à la tête de la République devient plus éclatante, cela au détour d’une étrange imbrication entre les relations politiques et les liens de sang. Ceux-ci, dans la monarchie montante et la république déclinante, priment sur celles-là.
L’idée monarchique est trop têtue. Depuis 2000, elle poursuit son petit bonhomme de chemin et nous joue des tours. Macky se rebelle, rentre dans le maquis et crée une alliance pour défendre la république en danger. Elle est menacée, ironie de l’histoire, par ceux à qui le peuple avait confié la redoutable mission de la renforcer.
Mais le drame de la monarchisation de la république est-il exclusivement joué par les libéraux ? Où sont passées les figures de proue de l’ancien régime ? Bien avant 2000, ils se sont divisés en plusieurs camps avec l’ambition de porter les chefs de file des différentes chapelles issues de la roche mère au sommet de la République. C’est cette ambition qui a fait éclater et a perdu la famille de Sédar. Certains membres de la famille ont d’ailleurs décisivement contribué à l’élection du libéral. Les héritiers de Léo s’étaient querellés parce que l’aîné, lors d’un congrès dont on dit qu’il a été non-démocratique et sans débat, avait choisi son ténor. En ce (dernier), les perdants voyaient déjà un dauphin. Leur solution, entrer en rébellion. Celle-ci peut aller jusqu’à l’alliance avec les adversaires de toujours.
Sous nos cieux, les idéologies ne valent pas grand-chose. Des socialistes de conviction et de cœur, de pensée et d’action peuvent s’allier à des libéraux pour défaire d’autres socialistes. Non ! On m’a dit que c’est plutôt le contexte politique et historique qui a imposé la jonction des forces progressistes pour favoriser des avancées démocratiques arrivées à maturation. L’alliance nouée cette année-là est loin d’être contre-nature. Elle n’est pas non plus hétéroclite. Elle prend acte de la réalité, s’appuie sur elle et cherche à la transformer.
Le mur de Berlin s’est effondré depuis 1989 et avec lui les idéologies. On a même, dans les démocraties tropicales, accusé du retard à prendre en compte et en charge ces avancées décisives qui ont précipité, comme jamais auparavant, le cours de l’histoire du monde. Cette alliance est donc, au fond, avant-gardiste. L’an 2000 est une date trop symbolique pour ne pas rater le train de l’histoire qui a entériné, depuis un peu plus d’une décennie maintenant, la fin des idéologies.
D’autres socialistes qui voulaient renouveler - les rénovateurs ? - la doctrine, avaient vainement tenté, dans l’entre-deux-tours, de sauver la maison familiale, qu’ils avaient quittée quelques années auparavant, du naufrage occasionné par la vague politique qui s’est levée en février 2000. On ne peut cependant pas arrêter la mer démocratique du suffrage universel avec ses bras au faible score électoral. Le naufrage aura bien lieu un certain 19 mars. Il est inévitable. Les dieux sénégalais de la politique en ont décidé ainsi. Le destin des héritiers de Léo est scellé. Heureusement, la révolution démocratique, en ce début de millénaire, ne tue pas les vaincus même si, comme on l’a montré, elle peut être tentée de broyer ses principaux artisans, virés successivement de la primature ou de la présidence de l’Assemblée.
La traversée du désert politique est incontournable. Pourtant, elle sera de courte durée pour un des socialistes, celui qui, en l’occurrence, a tenté de sauver la maison du père. Il est appelé au festin. La morale politique se moque de la morale ordinaire, rappelons-le. Il n’est pas un traître comme on a voulu le faire croire. Il a juste retourné sa veste. Pas totalement, il a son parti avec lui. Il a refusé de le noyer dans le grand bleu. Il reste un socialiste qui collabore avec les libéraux. On peut parler de socialiste-libéral. C’est d’ailleurs là un mot à la mode utilisé un peu partout dans le monde. On est, au Sénégal aussi, branché. On n’est pas ringard. On est au diapason de l’histoire se faisant ici et maintenant. On vit dans le temps du monde.
Mais que font les socialistes de divers acabits, ceux qui, peu ou prou, revendiquent l’héritage de Sédar, un des architectes avec Mamadou Dia, de la république aujourd’hui en péril ? Ils sont des républicains. Ils veulent devenir président de cette république qu’ils connaissent tant et sous l’ombre de laquelle ils ont grandi. D’ailleurs, ils le sont tellement que même leur façon de s’opposer est républicaine. Pourtant, c’est cette manière républicaine de s’opposer que ceux qui ne savent rien à la république dénoncent. On leur reproche de ne pas mouiller la chemise, de se contenter de réunions de bureau politique. Mais non ! De temps en temps, ils se réunissent chez un révolutionnaire - converti ? - pour faire la révolution avec les communiqués sanctionnant leurs rencontres. Façon républicaine antique et non pas moderne de s’opposer, devrai-je préciser. Il y a alors là comme une sorte de déphasage : j’ai souligné la modernité de la république du Sénégal.
Il me semble important de revenir à ce niveau de mon analyse à Machiavel, l’auteur des Discours sur la première décade de Tite-Live. Contre la conception antique qui plaidait pour une homogénéisation des consciences autour du bien commun pour sauvegarder la république, le Florentin fera observer que ce qui caractérise, au fond, la république moderne, c’est l’acceptation et l’accueil de la conflictualité au cœur du social et de la politique. La concorde antique est battue en brèche par la discorde féconde des modernes. Contre donc l’harmonie prônée par les anciens, Machiavel affirme que la discorde est productrice de liberté politique. En ce sens, elle est incontestablement féconde. Selon le célèbre auteur, c’est la politisation du social et la socialisation du politique qui permettent la constitution du conflit. En quoi alors cet auteur peut nous être utile dans le contexte politique actuel du Sénégal ? La socialisation du politique et la politisation du social permettront à l’opposition regroupée au sein de Bennoo de faire définitivement sienne l’idée que le combat ou le conflit n’est pas forcément pernicieux à l’idée républicaine. Il est indispensable à son maintien, à son renforcement, à sa pérennisation.
On peut, de manière beaucoup plus large, s’interroger : l’élite politique est-elle au service des aspirations populaires, celles des masses ? Il est clair qu’au sommet de l’Etat, la préoccupation principale est, aujourd’hui, la dévolution dynastique du pouvoir. On y travaille depuis le début de l’alternance ou presque. Le schéma a été monté et devrait, paraît-il, être définitivement réalisé en 2009 lors des élections locales de mars.
Il fallait, après le sommet de l’Oci, que les élections municipales constituent la rampe qui allait, de manière irréversible, contribuer à la réalisation du projet en propulsant l’héritier dont on a dit qu’il est le seul légitime au sommet le plus haut, celui occupé par le haut d’en haut. Le premier sommet a été, momentanément, en tout cas, fatal à l’accès au Sommet. Un journaliste de talent a fait les comptes de ce sommet et ils ont abouti à des mécomptes. Les contes de ces mécomptes ont permis au peuple du 22 mars 2009 de solder son compte avec l’héritier légitime. Ils ont été décisifs dans l’expression du suffrage du 22 mars 2009 qui s’est traduit par la défaite cuisante et traumatisante de ce dernier.
Contre la volonté manifestée dans les urnes, le père décida que le peuple n’a rien compris et que son expression ne pourra pas empêcher la poursuite du projet. Aussi, décide-t-il de faire régner le fils, malgré le rejet manifeste dont il a incontestablement été l’objet, sur le ciel, sur une bonne partie de l’international surtout l’Orient, les pays arabes, en attendant le moment opportun pour qu’il s’empare du Sénégal.
Machiavel l’avait aussi dit : il faut toujours savoir saisir les bonnes occasions, les moments les plus propices à l’exécution d’une tâche, à la prise de la meilleure décision. ‘A chaque fois que l’occasion se présentera, je te donnerai une parcelle supplémentaire de pouvoir jusqu’à ce que tu obtiennes tout le pouvoir’. C’est le conseil du père au fils. La crise de l’énergie est une belle opportunité. Il faut la saisir pour accroître davantage le pouvoir qui, déjà, déborde l’envergure politique personnel de l’héritier.
On a donc essayé de clairement mettre en évidence le combat d’un peuple luttant vaillamment et résolument contre les tendances et les prétentions de dévolution dynastique du pouvoir suprême, la monarchisation de la république. C’est le défi lancé par le père et le fils aux générations contemporaines et qu’elles se doivent bien de relever. Le jugement de l’histoire pourrait être sans appel pour ceux qui veulent nous imposer cette marche à reculons. Il pourrait tout aussi bien être sévère si les démocrates et patriotes refusaient de s’opposer avec énergie à cette entreprise, ô combien, arrière-gardiste. Il ne faudrait, en effet, ménager aucun effort pour la défense de la république et le renforcement des acquis démocratiques. Nous sommes tous interpellés ! Il ne saurait y avoir d’échappatoire. Les valeurs et les idéaux démocratiques sont sérieusement bafoués et mis à mal. L’abandon de la poursuite et de la réalisation des idéaux démocratiques a un coût.
Quel est le rôle joué par Bennoo dans le cadre de ce combat qui engage l’avenir, le choix du régime institutionnel sous lequel nous entendons vivre et que nous allons léguer à nos enfants ? De manière beaucoup plus nette, on peut se demander : pourquoi Bennoo, le cadre qui regroupe l’opposition significative, peine-t-il à faire véritablement face aux assauts répétés contre la république et le projet démocratique ?
Je suis convaincu que, pour Bennoo, moment n’a jamais été aussi favorable que celui que nous vivons présentement ! Ce cadre politique qui a levé des espérances en mars 2009, devrait être beaucoup plus combatif qu’il ne l’est. Il doit opposer au camp des fossoyeurs de la république une détermination à la hauteur de leur projet funeste. Il ne doit pas hésiter à imposer aux partisans et défenseurs de la monarchisation en cours un rapport de force qui finira par leur être totalement défavorable.
On m’a dit que l’opposition au projet de dévolution dynastique du pouvoir doit être le fait de chaque Sénégalais. Elle doit être de l’ordre de l’engagement citoyen. Oui, incontestablement. Toutefois, Bennoo ne doit pas rester sourd et aveugle aux aspirations légitimes des populations. C’est à cette condition qu’elle pourra les mobiliser pour le combat démocratique de sauvegarde de la république.
Très souvent, on nous dit que les Sénégalais ne veulent pas se débarrasser de ce régime pourtant à bout de souffle. Ils ne sont pas prêts à payer le coût politique de l’amélioration de leur vécu quotidien. Ils ne seraient pas, en termes lapidaires, assez combatifs. Contre ce point de vue, il faut rappeler que les jeunes ont dit Barça ou Barsaq. Ils ont affronté le désert, les mers et les océans pour des conditions de vie meilleures. S’ils sont capables de tels sacrifices, s’ils ont pu affronter les balles des policiers espagnols de Ceuta et Melilla, c’est qu’ils sont aussi capables de se battre, chez eux, pour le meilleur.
Outre ce fait majeur, la crise de l’électricité a, une bonne fois pour toutes, montré la combativité des populations. La question ne doit plus alors porter sur la difficulté à mobiliser les Sénégalais. Elle doit être plutôt ainsi reformulée : comment Bennoo peut traduire en acte politique et satisfaire les aspirations légitimes des populations ? Les mouvements sociaux de ces derniers jours sont l’expression spontanée du ras-le-bol généralisé né des coupures intempestives de l’électricité qui ressemblent bien à des arrêts de production. Bennoo doit les canaliser. Plus que cela, il doit leur donner un débouché politique. C’est son rôle politique. Sa mission historique. C’est, pour lui aujourd’hui, une obligation morale et politique. Il ne doit pas s’y dérober.
Bennoo doit prendre en charge la demande sociale qui n’a jamais été aussi pressante. Il ne doit toutefois pas faire de promesses irréalistes car il risque de ne pas convaincre. Il doit incarner la volonté et l’espoir d’un avenir meilleur. C’est une façon de revenir aux questions fondamentales, celles sociales et les politiser. Socialisation de la politique et politisation du social, avions-nous dit. C’est une dimension centrale pour mobiliser le peuple et imposer le respect des principes au fondement de la république. Sans le respect de ces principes, il n’y aura plus bientôt de république.
Nous devons combattre ! Cela d’autant plus que nous avons reçu des générations passées la république du Sénégal démocratique et sociale. Nous devons, en bons héritiers, épanouir et transmettre à celles qui s’en viennent le legs reçu dont on peut dire que, sorti des menaces actuelles, il ne sera que renforcé et définitivement mis à l’abri d’éventuels assauts. Ce combat vaut la peine d’être mené. Républicains et démocrates, unissons nos forces, nous vaincrons !
Cheikh FAYE Montréal, Canada sekisto431@hotmail.com
Le ministère de l’Energie confié à Karim Wade est un jalon de plus vers la dévolution monarchique du pouvoir
C’est un secret de polichinelle que notre Président bien aimé Me Abdoulaye Wade ne cache plus ses ambitions de se faire succéder par son fils Karim Wade, quoiqu’il puisse lui en coûter. Et ceci, malgré leur défaite mémorable lors des locales de mars 2009 où son fils et lui-même ont été recalés par les sénégalais dans leur projet funeste de monarchisation de la république.
Tout semble indiqué que les Wade n’ont pas digéré ce qu’ils considèrent comme un affront de la part des citoyens sénégalais.
Après son discours d’après locales où il disait aux sénégalais « j’ai compris votre message », Wade semble revenir sur son message, de par les actes qu’il pose, pour faire comprendre à l’opinion que les désirs de son fils passent avant celui des sénégalais.
Le département de l’énergie qui est désormais confié au fils biologique, malgré le fait qu’il gérait déjà quatre portefeuilles ministériels à lui tout seul ( Infrastructures, Transports aériens, Coopération internationale, Aménagement du territoire, même s’il vient de céder ce dernier ministère ) entre dans cette logique successorale. Wade fera tout pour essayer de repositionner et de réhabiliter son fils auprès de l’opinion après cet échec de 2009. Il lui fera engranger les résultats de son gouvernement, ceci, après lui avoir décerné le prix de financier le plus compétent d’Afrique.
. Tout le monde sait que si Wade confie ce secteur à son fils adoré, c’est que des débuts de solutions sont annoncés dans ce département stratégique et vital pour l’économie du pays. La presse de la semaine passée nous informe déjà que la Société Africaine de Raffinage (la SAR), pour l’approvisionnement du pays en hydrocarbures, va recevoir une manne financière de 194 milliards de FCA (41 milliards de Ecobank, 25 de la BOAD et 128 milliards de la banque nigériane UBA) ainsi qu’une pluie de milliards des chinois.
Ne cherche-t-on pas à décerner à Karim Wade le satisfecit de celui qui a posé les jalons d’un début de solution pour ce secteur qu’on ne s’y prendrait pas autrement. De plus son pater de président sera là pour lui donner tous les moyens dont il dispose pour résoudre le problème de l’énergie et surtout celui de l’électricité, afin qu’il en tire des dividendes sur le plan politique et essayer de rebondir.
Depuis leur défaite mémorable aux locales du 22 mars 2009 qui a fini de plomber leur projet monarchique, les Wade inaugurent une nouvelle ère pour contourner le rejet des sénégalais par rapport à ce projet abject et funeste. Il s’agit de donner au fils biologique tous les moyens de l’Etat et de l’accompagner afin de satisfaire ses ambitions démesurées de devenir le prochain président du Sénégal sans postuler à l’appel d’offres des sénégalais.
Mais ceci, tous les sénégalais non amnésiques l’ont compris car le jeu des Wade est manifeste et maintenant connu de tout le monde. Il est une insulte même à la mémoire collective des sénégalais. Après l’avoir bombardé ministre d’Etat en charge de quatre portefeuilles et non des moindres pour sa première participation dans un gouvernement, WADE continue de satisfaire à tous les désirs de son fils, en dehors de toute considération de profil, de compétence et d’expérience dans la gestion des affaires de l’Etat. Il lui donne les clefs de l’Etat tout simplement parce que c’est son fils et c’est lui qu’il a choisi pour lui succéder à la magistrature suprême. Soit ; c’est son droit le plus absolu. Et les sénégalais dans tout cela ?
Wade ne raisonne plus en tant que Chef d’Etat, mais en tant que chef de clan et chef de famille.
Il a complètement perdu le sens des réalités avec ce nième forfait de vouloir opérer un forcing pour imposer, à sa manière, son fils aux sénégalais. Sa stratégie et son stratagème ne souffrent plus d’aucune ambiguïté. Mais que dire du fils qui prend les choses comme elles viennent sans sourciller parce étant le fils de son président de père.
On croyait Karim Wade, qui veut présider aux destinées du Sénégal, plus malin et plus intelligent que cela. Mais apparemment celui que son père présente comme un super crack, nous apparaît aujourd’hui sous son vrai jour, à savoir un tocard qui se cache derrière le parapluie de son père pour glaner des promotions imméritées.
Il est tout simplement un paresseux et un fils chouchouté par son pater qui veut tout récolter sans avoir semer au préalable ne serait-ce qu’une petite graine sous terre.
Karim Wade est discrédité pour diriger quoi que ce soit dans ce Sénégal après avoir gérer le tiers du budget du Sénégal lors du sommet de l’OCI en 2008 dans la plus grande opacité. Les sénégalais sont restés sur leur faim et réclament toujours un audit externe et indépendant de ce sommet. Si Karim Wade veut faire bonne figure et se racheter aux yeux des sénégalais, il n’a qu’à commanditer un audit externe sur sa gestion de l’ANOCI et faire le bilan du sommet de l’OCI de 2008. En voulant gérer tous les ministères les plus en vue sous le magistère de son père, il n’aide pas ce dernier qui est rattrapé par les effets dévastateurs d’un âge très avancé qui l’ont détourné de toute emprise sur le réel.
Toute action initiée ou tout discours prononcé par Karim Wade qui ne va pas dans le sens de répondre aux nombreuses questions sur sa gestion antérieure ne sera qu’une fuite en avant qui va l’éloigner davantage des sénégalais.
Que son pater de président lui refile tous les postes qu’il veut, Karim Wade apparaîtra toujours aux yeux des sénégalais comme celui qui a été au centre de la gestion la plus nébuleuse et la plus controversée (près de 500 milliards pour l’OCI de 2008) que le Sénégal post indépendance a connue.
Aboubakrine SAMB
bcar25@hotmail.com
Le visage de la mal gouvernance au Sénégal : Karim Wade Ministre de la terre, du ciel, du feu (énergie) et de l'argent.
En accordant à quelqu'un qui a fait preuve d'autant d'incompétence dans la gestion de toutes les affaires à lui jusqu'à présent confiées, autant de pouvoirs, Abdoulaye continue de nous montrer le peu de respect qu'il accorde aux sénégalais. Ou alors pis encore, celui qui préside officiellement aux destinées de millions de sénégalais a complètement perdu la tête à 85 ans révolus.
Confier les infrastructures, les transports, l'énergie, la coopération internationale et les finances internationales par décret révélé par seneweb.com s'assimile dans les faits à une dévolution du pouvoir qui ne dit pas son nom pour ne pas dire un coup d'Etat rampant.
Mal gouvernance financière ne peut être plus marquée que la concentration de pouvoirs aussi importants entre les mains d'un seul homme et quel homme, il s'agit du même qui doit encore des comptes au peuple sénégalais pour avoir dilapidé plus de 400 milliards sur quelques km de routes improductives et quasi inutiles à l'économie sénégalaise.
Décret présidentiel : Wade fait de Karim Wade un ministre des Finances bis
Le président Abdoulaye Wade a signé, il y a un peu moins d’un mois, un décret attribuant à Karim Wade les mêmes prérogatives que le ministre des Finances. Le décret 2010-1189, signé le 13 septembre selon le journal L’As, accorde au fils du chef de l’Etat, le pouvoir de négocier et de signer des accords de crédit et de prêt au même titre que le ministre des Finances, Abdoulaye Diop, qui en avait jusqu’ici la prérogative. Il abroge le décret 77-735 du 17 septembre 1977.
Ce dernier décret abroge et remplace l’article 3 du décret numéro 65-191 du 24 mars 1965 fixant les compétences en matière de dépense d’équipement publié dans le journal officiel numéro 6546 ». « A l’instar du ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, le ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, Karim Wade, peut désormais légalement signer lui-même, au nom du président de la République, les accords de prêt et de crédit ou, selon les circonstances, subdéléguer sa signature aux autres membres du gouvernement ainsi qu’aux ambassadeurs de la République du Sénégal.
Cette modification rétablit l’équilibre entre les deux ministres (Abdoulaye Diop et Karim Wade) et répond au formalisme juridique des partenaires qui, par le passé, traitaient seulement avec le ministre chargé des Finances », indique le rapport de présentation du décret 2010-1189 du 13 septembre 2010 ».
QUE FAIRE FACE A LA GRAVITE DE LA SITUATION ?
ALLONS NOUS CONTINUER DE RESTER PASSIF FACE A CETTE DEVOLUTION DU POUVOIR QUI NE DIT PAS SON NOM ?
ALLONS NOUS CONTINUER DE LAISSER CE PAYS ETRE GOUVERNE DE LA SORTE ?