Cette charte de gouvernance démocratique
Seneweb.com : Lundi 25 Mai 2009
UCAD : Chronique sur un pillage étonnant et détonant
C’est la période des élections des responsables d’Amicales des facultés à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). A cette occasion, nous avons coutume d’assister à une tornade de bêtises humaines dans le temple du désordre, pardon, temple du savoir. Injures, vandalisme et batailles rangées amplifiées par un tourbillon d’armes blanches se disputent l’ambiance dans les lieux de vote. Sans un atome de retenue, les étudiants bondissent et rebondissent, telles des bêtes blessées, au rythme de leurs sports favoris : la bagarre et la casse. Casse-pieds, ils font de la sécurité un vrai casse-tête pour les autorités.
Tout le monde sait que cette cascade de violence n’a qu’une seule et unique cause : l’argent, le nerf de la guerre. En effet si les étudiants sont prêts à s’entre-dévorer pour trôner dans les Amicales c’est pour des raisons essentiellement pécuniaires. Les Amicales constituent des lieux de pouvoir avec des enjeux financiers aussi puissants que l’éclair qui déchire l’atmosphère. Et à cause du laxisme des autorités, les délégués en profitent pour s’adonner à des pillages et gaspillages ahurissants.
De l’argent, il y’en a à gogo dans les Amicales. Chaque année, elles roulent sur des budgets qui oscillent entre 3 et 9 millions de francs Cfa. Cette manne financière provient des ristournes sur les inscriptions mais aussi des subventions du COUD (Centre des Œuvres Universitaires de Dakar), du rectorat et du décanat. Et même si ces deux dernières institutions nient avoir subventionné des Amicales, la réalité est tout autre. Cette année l’Amicale de la faculté des Sciences et Techniques a reçu 500.000f CFA du décanat et 200.000f CFA du rectorat. En dehors de leurs budgets les Amicales ont aussi la main mise sur les cybers installés dans les facultés et y tirent beaucoup de profits.
Les délégués bénéficient en outre de beaucoup d’avantages et de privilèges dans les Amicales. Durant les vacances, en plus d’être logés et nourris, ils perçoivent des indemnités journalières de 1500f CFA. Ceci en raison de leur participation à certains travaux du COUD et des facultés durant cette période. Outre ces indemnités, ils reçoivent aussi des per diem dont le montant total gravite autour de 1 million de francs Cfa. Ceci à l’occasion des travaux de codification pour la distribution des chambres aux étudiants. Et c’est le lieu de signaler que tous les délégués sont logés sans conditions préalables. A noter aussi que les délégués ont charge l’attribution des bourses sociales octroyées par la direction des bourses aux étudiants nécessiteux.
Mais ce qui est regrettable dans tout cela, c’est le fait qu’aucun système n’est mis en place pour contrôler la gestion des fonds des Amicales. Aucun délégué n’est contraint à rendre compte devant une quelconque autorité. Ils gèrent tout de façon discrétionnaire. Ce qui conduit naturellement à beaucoup de dérapages. Et le plus saillant est la vente illicite des chambres du campus.
Ce trafic a atteint des proportions effarantes ces dernières années. Enormément de lits se vendent en catimini par les délégués. 150.000f CFA pour une chambre individuelle, 300.000f CFA pour une chambre à 2 lits et 450.000f CFA pour celle à 3 lits. Sans modération aucune, ils s’adonnent à ce sale business de façon démesurée ce qui diminue de façon drastique le nombre de bénéficiaire. Mais le plus scandaleux c’est que tout se fait avec la complicité flagrante du COUD. Non seulement les responsables de cette institution sociale ferment les yeux sur ces pratiques mais certains de leurs agents sont fortement impliqués dans ce commerce malsain. Nombre de ces agents sont de connivence avec les délégués dans la vente des chambres. C’est dire qu’il n’y a pas qu’à la poubelle où l’on trouve des ordures…
Et il n’y a pas que les chambres qui font l’objet de fraude à l’université. Les bourses sociales suscitent aussi beaucoup de controverses. Leur attribution doit se faire sur la base de critères sociaux. Mais le comble est arrivé quand des étudiants de situation sociale précaire ont été obligés de corrompre des délégués pour pouvoir bénéficier de ces bourses.
Voilà autant de dérives qui caractérisent les Amicales des facultés et sur lesquelles les autorités universitaires n’ont jamais pipé mot. Est-ce une fuite de responsabilité ? Ont-elles peur que les délégués révèlent des informations explosives leur concernant ? C’est des questions.
En tout cas selon le chroniqueur Tamsir Jupiter Ndiaye: « Se taire, ce n’est pas refuser de parler mais c’est parler. C’est parler par une mise en silence des mots. »
L’UCAD forme des cadres certes. Mais elle forme également des menteurs et des voleurs hors pair à travers ses Amicales. Et c’est malheureusement ceux là qui vont constituer la classe dirigeante du Sénégal de demain. Il suffit de convoquer l’histoire pour voir que beaucoup de dirigeants du pays qui excellent aujourd’hui dans la tortuosité ont fait leurs débuts dans ces instances de syndicalisme estudiantin. C’est pourquoi d’aucuns pensent qu’il vaudrait mieux les supprimer. Il y va de la stabilité même de l’université. Dans le cas contraire, il y’a lieu de s’inquiéter pour l’avenir et le devenir de notre pays.
Arouna BA
Etudiant en Physique-Chimie à l’UCAD
Nettali : Lundi 25 Mai 2009
Me ALIOUNE BADARA CISSE DE L’APR « Wade doit rendre le tablier »
NETTALI.NET- Certains avaient annoncé un rapprochement entre lui et son ancienne formation politique, le Parti démocratique sénégalais (Pds) de Me Abdoulaye Wade. Mais Me Alioune Badara Cissé de l’Alliance pour la République (Apr) de Macky Sall semble plus que jamais déterminé à poursuivre le combat contre le régime de Wade.
C’est en tout cas ce qui semble se dégager des propos qu’il a tenus ce week-end lors d’un déplacement effectué dans ville de Pikine. « Wade doit rendre le tablier », a dit l’ex-secrétaire général du gouvernement dirigé alors par Macky Sall. De l’avis de Me Cissé qui a animé une conférence publique au complexe culturel Léopold Sédar Senghor de Pikine, partir est la meilleure manière, pour le président Wade, d’aider les Sénégalais à redresser le pays.
Se prononçant sur la question de la vice-présidence, Me Alioune Badara Cissé juge le poste inopportun. Parce que, pour lui, l’urgence est ailleurs. « Elle est vers la demande sociale et non pas vers des postes superflus », soutient le camarade de parti de Macky Sall.
En fait, de l’avis de Me Alioune Badara Cissé, tout ceci est la manifestation d’un « pouvoir aux abois » et d’un pays où les institutions ne marchent plus comme il se devait.
Rappelons que Me Alioune Badara Cissé était à Pikine pour une conférence publique sur le viol. Il a d’ailleurs plaidé pour le renforcement des peines appliquées aux auteurs de viol sur des mineures.
SudQuotidien : Lundi 25 Mai 2009
COMMENTAIRE DU JOUR : Une 5ème République vertueuse
Une charte de la gouvernance démocratique pour fonder une 5ème République sénégalaise vertueuse. Simple vœu pieux de déçus d’une alternance politique pourtant si porteuse en 2000, mais si amère à l’usage, huit ans après ? L’expression d’un écho national d’aspirations profondes à un environnement assaini, à des mœurs publiques débarrassées des scories politiciennes corruptives ?
Si les conclusions des réflexions d’une année, menées avec le concours des couches, catégories et segments de la société à travers les ateliers de discussions, d’échanges et de restitutions sur l’étendue du territoire national et à l’étranger au sein de la diaspora des Assises nationales qualifiées ainsi comme telles par les initiateurs sont appliquées, on peut s’attendre à une 5ème République plus vertueuse, où l’éthique et la morale structureront les actions et le comportement politiques et des politiques qui nous gouvernent.
Où l’Assemblée nationale, sera désormais le siège d’un pouvoir plus inclusif que par le passé à l’opposé d’une présidence solitaire, servi par un Exécutif totalitaire. Où les institutions de la République que le peuple s’est donné librement et utilement s’équilibreront tout en se complétant harmonieusement. Où les hommes et les femmes chargés de les animer seront vertueux.
Bref une République où le pouvoir politique restauré, resterait un simple outil mis à la disposition de mains propres, suffisamment compétentes ayant reçu démocratiquement mandat du peuple et non une fin en soi. Un outil au service de la satisfaction des besoins/aspirations des populations mortifiées jusqu’ici par une gouvernance dite libérale peu préoccupée des vices qui gangrènent le pays, sapent ses fondements, détruisent le tissu social.
Une charte de gouvernance démocratique donc à laquelle a invité hier, dimanche 24 mai à adhésion tout le monde, Amadou Makhtar Mbow, le président du comité national de pilotage des Assises nationales. Il a prié toutes les forces vives du Sénégal à s’accoler au consensus réalisé autour de la « Réglementationo ».
L’ancien Directeur général de l’Unesco a invité partis politiques, organisations de la société civile, intellectuels, notabilités et hommes et femmes de bonne volonté à signer le document, tout en leur demandant d’en être les vecteurs de diffusion large et intelligemment utile. Il a convié les partenaires au développement à inclure dans leur approche de notre pays désormais, la charte de gouvernance démocratique fruit du travail des Assises nationales.
Trois commissions transversales et huit thématiques ont planché pendant dix mois sur de nombreuses questions dont les institutions, la liberté, la citoyenneté, le monde rural, la politique économique. Un élan et un souci fondateur de réflexion et d’action qui tendent, selon les initiateurs à faire faire au pays un nouveau bond qualitatif dans sa trajectoire. Une cinquième république vertueuse avec la mise en place de nouvelles règles du jeu, à tous les niveaux de la vie nationale.
Ce que le général Mouhamadou Lamine Keïta a décliné à l’ouverture des travaux hier au Méridien président. En écho, Abdou Salam Fall, secrétaire général de la Commission scientifique indexera lui la « crise multiforme des valeurs » qui fait que les solidarités s’essoufflent.
Certes les promoteurs des Assises nationales en faisant l’état des lieux n’ont pu s’empêcher de faire le bilan de la gouvernance au Sénégal depuis 1960.
Une bonne partie des maux qu’ils réévaluent ainsi peuvent être imputés aux premiers gouverneurs, même si les successeurs libéraux les ont exacerbés. Il s’y ajoute que la question non évacuée de l’âge limite présidentiel atténue assurément la pertinence de la proposition d’empêcher les parents proches à devenir automatiquement président de la République. Mais, ils ont invité les Sénégalais à l’introspection à la projection d’une gouvernance saine et démocratique.
Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia rappelé récemment à son Seigneur et maître ainsi que les compagnons des premières heures s’évertuèrent à jeter les soubassements d’un Etat et d’une nation sénégalaise autour du triptyque : un peuple, un but, une foi. Abdou Diouf le dauphin d’abord constitutionnel, puis démocratique s’ingénia à moderniser l’Administration ainsi qu’à jeter les bases de l’Etat de droit.
On pouvait valablement s’attendre à ce que le troisième président du Sénégal consolidât la démocratie, nettoyât les écuries d’Augias, fondât l’économie et passât le témoin au regard de son âge et de son passé éreintant d’opposant pendant 26 ans. Si sa préoccupation de doter le pays et l’Afrique d’infrastructures structurantes est louable, on peine au Sénégal à comprendre les actes qu’il pose quotidiennement.
La propension qu’on lui prête de se faire succéder par son fils n’aide pas également à l’inscrire au panthéon de notre histoire. Prendra-t-il en compte la réflexion d’une partie non négligeable de ses compatriotes ou se contentera-t-il comme au début de considérer le travail de ces fils du pays comme dirigé contre lui et son pouvoir ? En vérité, une dynamique est enclenchée, elle devrait aller à termes.
Auteur: Madior FALL
ASSISES NATIOANALES : UNE CHARTE DE LA GOUVERNANCE DEMOCRATIQUE Le peuple appelé à la défendre
par Youssouph BADJI | SUD QUOTIDIEN , lundi 25 mai 2009
Les travaux d’un an des Assises nationales, initiative d’une partie de la classe politique, notamment de l’opposition et de la société civile ont été restitués hier, dimanche 24 mai à l’une des salles de congrès de l’hôtel Méridien président. Une charte d’une gouvernance démocratique en est la principale conclusion. Le peuple sénégalais, souverain, est appelé ainsi à l’adopter et la faire appliquer.
Tous les Sénégalais, résidents ou non sur le territoire national sont appelés à faire appliquer la charte de gouvernance démocratique, fruit des consultations citoyennes que les acteurs des assises nationales avaient menées des mois durant sur toute l’étendue du territoire. Le message a été livré hier, dimanche 24 mai à la salle des congrès, à l’hôtel Méridien Président à l’occasion de la cérémonie de restitution finale des travaux effectués dans toutes les régions du Sénégal. Une charte dans laquelle, les parties prenantes des assises qui ont tous signé le document, vendredi dernier, proposent des pistes à suivre pour sortir le Sénégal des les difficultés politiques, économiques et sociales.
De la mis août à début décembre, les commissions des assises ont sillonné tous les départements du Sénégal pour faire l’Etat des difficultés que les populations vivent dans ces collectivités locales. Cette tournée non moins difficile a permis aux animateurs des assises de donner la parole à ces populations du monde rural pour recueillir leurs opinions sur leurs conditions de vie qui n’ont cessé de régresser du fait de la cherté de la vie, du manque de moyens pour faire face aux soins médicaux, à l’éducation de leurs enfants, la montée en puissance des contre valeurs qui ne cessent de menacer note société. Des maux causés par l’absence d’une vision sur la gouvernance participative, clairement expliquée par une répartition inéquitable des ressources publiques
« Les assises nationales sont celles de tous les Sénégalais. De tout le peuple soucieux de la volonté de progrès, de paix et de concorde ; du militant à l’apolitique, du civil au militaire, du paysan au citadin, de l’ouvrier au promoteur économique, de l’enseignant aux praticiens des professions libérales, des intellectuels de la Diaspora, des travailleurs des chômeurs et des retraités, bref, de tous les hommes et les femmes du pays.
Elles ne sont dirigées contre personne, mais ce sont plutôt des concertations plurielles de toutes les franges de la société, que le peuple souverain va mettre en application pour redresser le pays, victimes des conséquences de la mauvaise gestion des biens publics, de la (dé)crédibilisation des institutions » souligne Amadou Moctar Mbow, président des assises nationales.
La majorité de la population Sénégalaise, urbaine et rurale, n’a cessé de s’indigner des difficultés sans précédent que le Sénégal traverse depuis maintenant quelques années. Dans la plupart des secteurs de la vie nationale, les retombées de l’alternance démocratique n’ont pas tenu les promesses du 19 mars.
Aux contentieux politiques d’ordre institutionnel ou électoral s’ajoutent les difficultés croissantes de la vie quotidienne, dominée par une misère et un chômage endémiques, une inflation galopante et des pénuries de toutes sortes. Face à cette crise multidimensionnelle aux inconvénients imprévisibles, l’inquiétude et le désarroi se répandent au moment où chacun s’interroge avec mépris sur l’avenir.
La gravité des problèmes du plus grand nombre de personnes et l’accumulation des périls à l’horizon, exigent de l’ensemble des forces vives du pays, une réflexion collective, une mobilisation massive et une action pacifique mais résolue. « Le but visé par ces assises est de trouver une solution consensuelle globale, efficace et durable à la grave crise éthique politique, économique, sociale, et culturelle qui sévit dans le pays.
Aujourd’hui, nous sommes condamnés à bâtir un consensus dynamique sur les principes essentiels fondant une bonne gouvernance politique et un Etat de droit, une gouvernance économique de qualité, une gouvernance sociale, culturelle et sportive basée sur des valeurs de progrès. Concevoir les mécanismes d’un dialogue périodique et pérenne au niveau politique, économique, social, culturel et sportif entre d’une part, le pouvoir et l’opposition et d’autre part le pouvoir et les partenaires sociaux », poursuit Amadou Moctar Mbow.
Financement exclusivement sénégalais
Des rumeurs, en ce qui concerne le financement de ces assises nationales avaient indiqué que celles-ci auraient été financées à partir de l’extérieur. Au cours de la cérémonie d’hier, Momar Talla Kane, trésorier général adjoint des assises par ailleurs membre de la commission d’organisation a fait savoir dans son discours de présentation du bilan financier que ces assises sont exclusivement financées par les parties prenantes, des contributions volontaires, les Sénégalais de la diaspora. Les parties prenantes ont donné une somme de 21 millions, six cent cinquante mille F Cfa soit 2% des ressources.
Le front Siggil Sénégaal, 2 millions F Cfa au départ, l’Afp 4 millions, la Ld, un million, la Cnes, 4 millions, le Ps 3 millions, l’Unacois 2,5 millions. Chacune des organisations a aussi donné un investissement humain inestimable, selon le rapporteur.
En ce qui concerne les contributions volontaires individuelles, des personnes anonymes ont versé d’importantes sommes pour la réussite de ses assises, même jusqu’à l’étranger. Il a été soulevé la participation particulière de Lamine Diack de l’Iaaf avec 10 millions de nos francs, de Moustapha Niasse avec 35 millions, Mansour Kama 4 millions, Hamidou Kane, 1 million, de Bara Tall qui a donné son immeuble pour abriter le siège des assises et tant d’autres personnes.
(stagiaire)
BLANCHIMENT D’ARGENT AU SENEGAL Ça sent vraiment mauvais
par | SUD QUOTIDIEN , samedi 23 mai 2009
Entre schtroumpfage, complicité bancaire, transferts électroniques, raffinage, le fléau du blanchiment d’argent sale sent de plus en mauvais au Sénégal. En épinglant dans son rapport 2008 le secteur de l’immobilier principalement, le Giaba (Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest), devrait tout de même insister sur la responsabilité même des banques de la place de même que sur la collaboration des acteurs non financiers.
Ça sent comme les odeurs d’ordures qui pullulent actuellement dans la capitale sénégalaise. De mieux en mieux débusqué dans les pays déjà rompus aux techniques de lutte, le blanchiment d’argent fait le tour de la planète à la recherche de territoires moins bien armés ou carrément pas regardants. Le fléau a atterrit au Sénégal où ça sent de plus en mauvais depuis des années.
En 2006, soixante (60) déclarations de soupçon auraient été reçues par la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (Centif) du Sénégal dont la mission est de recueillir et de traiter les informations financières transmises par les assujettis sous forme de déclarations de soupçon. En 2007, le nombre serait passé à soixante (72) déclarations. La Centif avait alors révélé que les valeurs relatives aux dossiers transmis s’établissaient à un peu plus de 88 milliards FCfa dont seulement 459 millions qui avaient fait l’objet d’une opposition par ladite cellule et confirmée par le Juge d’instruction.
L’édition 2008 du rapport annuel du Giaba(Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest) épingle, encore une fois, le secteur de l’immobilier principalement et touche aussi du doigt la nécessité d’une culture bancaire dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent.
Cette culture serait ainsi le moyen le plus sûr pour la conduite d’affaires en proposant des produits attractifs et flexibles sur le marché. Aussi, le rapport suggère-t-il que le défi à relever est celui d’attirer le plus grand nombre de clients et d’accroître les services afin de les étendre au-delà de la capitale.
Certes le rapport 2008 du Giaba salue les efforts accomplis par le secteur bancaire dans l’amélioration de la bancarisation et appelle à plus de dynamisme de la part des établissements bancaires dont le manque mènerait à ce qui est perçu comme étant un « blocage institutionnel » qui, en retour, encouragerait des pratiques bancaires parallèles et constitueraient une importante source de blanchiment de capitaux. Cependant une chose est sûre, en investissant beaucoup dans l’immobilier et les marchés des titres plutôt que d’innover dans de nouveaux produits et encourager ainsi une augmentation du pourcentage de l’utilisation des services bancaires dans le pays, la plupart des banques ne contribuent pas à réduire la prévalence du blanchiment d’argent au Sénégal.
En fait, si l’on se réfère au rapport 2007 du Giaba, c’est tout le système financier au Sénégal qui constitue le lit des crimes économiques et financiers et cela va aussi du secteur bancaire au secteur des assurances en passant par celui du change, des transferts, avec une grande prévalence au niveau des circuits informels, ou encore des Infd dont une surveillance institutionnelle apparaît absolument nécessaire pour enrayer le mal.
En se décloisonnant et s’internationalisant le système financier a permis à l’argent sale de mieux se cacher, mieux se mouvoir et mieux se mettre en valeur, parfois loin de son lieu géographique et social de genèse. Par ailleurs, dans l’exercice de leur fonction, les acteurs non financiers peuvent être appelés à réaliser, contrôler, conseiller sur des opérations entraînant des mouvements de capitaux. Ils sont avocats, notaires, commissaires aux comptes dont la responsabilité n’est pas moins importante que celle des assujettis non financiers dans la lutte contre le blanchiment d’argent.
En partenariat avec l’Association des barreaux de l’Afrique de l’Ouest, le Giaba avait d’ailleurs ouvert, le lundi 31 mars 2008 à Dakar, un séminaire de deux jours à l’endroit des avocats. Une rencontre qui entrait dans le cadre d’un Plan commun de formation et de sensibilisation des membres des barreaux de l’Afrique de l’Ouest sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
L’ouverture de ces assises avait été une opportunité pour les acteurs non financiers de s’impliquer davantage dans la lutte contre ce fléau qui représente une véritable menace pour l’économie convalescente des pays de la sous-région. Il apparaît que ces acteurs doivent faire face à une obligation de vigilance et diligence, une obligation de déclaration de soupçon, une de conservation et de communication des documents et une obligation de mise en place d’un système de contrôle interne.
En tout état de cause, lever le secret bancaire individuel des gestionnaires pourrait permettre la manifestation de la vérité, et cela ne peut qu’être un avantage pour la promotion de la bonne gouvernance. Il s’agit d’une exigence de modernité dans la gestion du patrimoine public qui devrait, autant que faire se peut, diminuer des atteintes récurrentes à la fortune publique, comme c’est souvent le cas en Afrique.
La transparence en matière bancaire signifie d’une part l’impossibilité pour la banque de masquer l’identité du titulaire du compte, et d’autre part la faculté pour les tiers d’accéder à l’information sur les comptes. La question paraît assez délicate dans la mesure où elle va à l’encontre des droits et des libertés individuelles. Les avoirs dont dispose une personne sur son compte sont le prolongement de son patrimoine. Il n’y a pas de raison que certains biens soient plus exposés que d’autres à l’examen des tiers. Le secret bancaire est alors un moyen de protection des titulaires de compte.
Toutefois, en dépit du droit au secret bancaire, il peut arriver, lorsque certaines circonstances l’exigent, que le secret bancaire soit levé. C’est le cas lors de contrôles ou d’enquêtes menés par certains organes publics, à l’instar du contrôle d’Etat ou des enquêtes policières. Dans ce contexte, ces structures exercent des prérogatives de puissance publique vis-à-vis des établissements de crédit. De même, des facteurs tels que l’internationalisation de la lutte contre le terrorisme et le blanchiment de l’argent ont contribué à porter atteinte à la confidentialité des comptes.
Comment font les blanchisseurs
Avec la lutte de plus en plus importante contre le blanchiment d’argent auprès des banques et des paradis fiscaux, ainsi que la levée du secret bancaire sur ordre de la Justice, les criminels sont obligés de se tourner vers d’autres intermédiaires pour blanchir leur argent. Il semblerait que les commerces comme les bijouteries et les entreprises d’import-export sont les premières cibles pour blanchir l’argent. L’établissement de plusieurs fausses factures entre des sociétés écran permet également de faire croire que cet argent est tout à fait propre. Il existe en fait 3 phases complémentaires ou indépendantes pour blanchir des capitaux : le prélavage, le lavage et le recyclage. Mais dans ce contexte, l’imagination des criminels dans ce cas est presque sans limite :
Le schtroumpfage
C’est probablement la méthode la plus courante de blanchiment d’argent. Cette méthode nécessite l’implication de nombreuses personnes dont le rôle consiste à déposer des sommes en espèces dans des comptes bancaires ou à se procurer des traites bancaires de moins de 10 000 de la monnaie du pays afin d’éviter le seuil de déclaration.
La complicité bancaire
Il y a complicité bancaire lorsqu’un employé de la banque s’est impliqué criminellement afin de faciliter le processus du blanchiment d’argent. Toutefois, les criminels ont de plus en plus de difficulté à utiliser cette méthode en raison des principes directeurs, des pratiques et des procédés de formation préconisés.
Transfert de fonds et bureaux de change
Les entreprises de transfert de fonds et les bureaux de change mettent à la disposition de leurs clients des services qui leur permettent de se procurer des devises étrangères qui peuvent être emportées outre-frontière. On peut aussi, par l’entremise de ces bureaux, télégraphier des fonds à des comptes ouverts dans des banques étrangères. De même, il est possible de se procurer des mandats, des chèques bancaires ainsi que des chèques de voyage à travers ces entreprises.
Achat de biens au comptant
Les blanchisseurs achètent et paient en espèces des biens de grande valeur tels que des automobiles, des bateaux ou certains biens de luxe tels que des bijoux ou de l’équipement électronique. Ils utiliseront ces articles, mais ils s’en distancieront en les enregistrant ou en les achetant au nom d’un associé.
Mandats-poste
Cette technique consiste à échanger des sommes en espèces contre des mandats- poste, lesquels sont ensuite transmis à l’étranger pour fin de dépôt bancaire.
Cartes de crédit
Les malfaiteurs paient en trop le solde de leurs cartes de crédit et conservent un solde créditeur élevé pouvant être utilisé de nombreuses façons telles que l’achat de biens de valeur ou la conversion du solde créditeur en chèque bancaire.
Casinos
Les blanchisseurs se rendent au casino, où ils se procurent des jetons en échange d’argent comptant pour ensuite encaisser leurs jetons sous forme de chèque.
Arnaque à la loterie : Les trafiquants sont amenés à acheter un ticket de type PMU, jeu à gratter ou bulletin de loto gagnant au prix de la somme remportée, pour blanchir une somme moyenne d’argent sale.
Raffinage : Cette technique consiste à échanger de petites coupures contre des grosses dans le but d’en diminuer le volume. Pour ce faire, le blanchisseur échange des sommes d’argent d’une banque à l’autre afin d’éviter d’éveiller les soupçons. Cela sert à diminuer les grandes sommes d’argent.
Amalgamation de fonds dans des entreprises honnêtes : Les organisations criminelles ainsi que les individus qui y sont impliqués peuvent blanchir des fonds en investissant dans des entreprises qui affichent normalement un volume élevé de transactions au comptant afin d’incorporer des produits de la criminalité aux activités commerciales légitimes brassées par l’entreprise. Enfin, il arrive que des criminels achètent des commerces qui génèrent des recettes brutes par des ventes au comptant. C’est le cas des restaurants, bars, boîtes de nuit, hôtels, bureaux de change et compagnies de distributrices automatiques. Ils investissent ensuite ces fonds obtenus par des moyens frauduleux en les amalgamant à un revenu qui ne suffirait pas autrement à soutenir une entreprise honnête.
Altération des valeurs : Un blanchisseur peut acheter un bien immobilier d’une personne disposée à déclarer un prix de vente sensiblement inférieur à la valeur réelle du bien et se faire payer la différence en argent comptant « en cachette ». Le blanchisseur peut acheter, par exemple, une maison d’une valeur de deux millions de dollars pour seulement un million et transmettre en secret au vendeur le reste de l’argent qu’il lui doit. Après une certaine période de rétention du bien immobilier, le blanchisseur la vend à son prix réel, soit deux millions de dollars.
Auto-prêt : Pour les besoins de cette technique, le trafiquant remet à un complice une somme d’argent illicite. Ce complice lui « prête » une somme équivalente, documents de prêt à l’appui, pour créer l’illusion que l’argent du criminel est légitime. Le calendrier de remboursement de l’emprunt par le criminel ajoute à l’apparence de légitimité de cette combine, et procure encore un autre moyen de transférer des fonds
Assurance-Vie : Comme étape de placement d’argent, il est possible de souscrire des contrats d’assurance-vie avec des primes très élevés et les faire annuler plus tard pour toucher que la moitié.
Pas si simple
L’expérience Centif en matière de lutte anti-blanchiment est encore très jeune, mais c’est en cela qu’elle est intéressante car faisant apparaître à l’intention des territoires non encore dotés d’instruments de lutte anti-blanchiment mais qui ne sauraient tarder à y procéder, les obstacles à surmonter pour traduire en réalités quotidiennes, les stratégies de lutte telles que définies sur la base des Conventions internationales, et conformément aux recommandations du GAFI articulées autour de 4 axes que sont la prévention du blanchiment, la détection du fait de blanchiment, l’incrimination et la répression, la coopération internationale.
La première difficulté rencontrée par la CENTIF Sénégal lors de ses premiers contacts avec les assujettis, était relative à la notion de lutte contre le blanchiment de capitaux illicites. A l’exception des établissements financiers, filiales de grands groupes internationaux qui avaient déjà acquis une certaine pratique en la matière, l’ensemble des autres assujettis, et plus particulièrement les professions juridiques indépendantes (notaires, avocats, etc…), certaines banques locales, les organismes de micro crédit et autre ONG, ont eu du mal à définir la frontière entre leurs intérêts privés, et l’infiltration par leur biais, dans les circuits monétaires légaux, d’éventuels capitaux illicites.
Les nouveaux comportements imposés ainsi que la suspicion prescrite par la nouvelle loi semblaient antinomiques des intérêts privés de l’entreprise, et plus généralement des politiques d’ouverture, pour des raisons d’émergence économique, à l’investissement privé.
En réponse à ce constat, la CENTIF a, au cours des 6 à 8 premiers mois de son existence, multiplié séminaires et forums de formation, information, sensibilisation en direction des assujettis.
Cette activité aurait porté ses fruits. L’ensemble des assujettis au Sénégal semble avoir perçu la nécessité de se protéger des capitaux illicites qui, par leurs instabilité, leurs origines amorales et destructeurs du tissu social, sont nuisibles au pays en général mais aussi à l’entreprise privé de quelque type ou dimension qu’elle puisse être.
Autre particularité rencontrée : bien qu’ayant une relative connaissance de la matière, les filiales sénégalaises des grandes banques internationales, ont dû, dans le cadre de la définition des programmes internes, déterminer des politiques internes de lutte en fonction des réalités sénégalaises. Ainsi par exemple, le faible taux de bancarisation au Sénégal (entre 6 et 7%), et son pendant direct qu’est le grand usage en Afrique du paiement en espèces, n’est pas en phase avec les seuils définis par la loi. De ce point de vue, une politique sous régionale d’incitation à l’usage du compte et des instruments bancaires est mise en oeuvre par les autorités monétaires. L’autre résistance rencontrée par la Centif dans l’accomplissement de sa prérogative de sensibilisation des assujettis à leurs nouvelles obligations est relative aux déclarations d’opérations suspectes.
Instrument fondamental de détection du blanchiment, la DOS incombe aux assujettis qui, au Sénégal, ont rencontré les difficultés suivantes de mise en pratique.
Pour ce qui concerne les établissements financiers, outre qu’il a fallu définir en fonction des réalités du pays la notion d’opération suspecte, il fallait également former les employés en contact avec les clients à percevoir les anomalies tout en intégrant la particularité du grand usage d’espèces.
Dis-moi… Blanchiment
L’expression « blanchiment d’argent » (money laundering en anglais) vient du fait que l’argent acquis illégalement est appelé de l’argent sale (finance noire). Cet argent est souvent issu de trafics d’armes, de drogue, d’êtres humains ou d’autres activités mafieuses. Le blanchiment permet à cet argent de passer pour propre, c’est-à-dire de prendre une apparence honnête.
Une autre origine peu vraisemblable est souvent avancée : l’expression « blanchiment d’argent » viendrait du fait qu’Al Capone (chef d’une famille mafieuse) aurait racheté en 1928, à Chicago, une chaîne de blanchisseries : les Sanitary Cleaning Shops. Cette façade légale lui permettait ainsi de recycler les ressources tirées de ses nombreuses activités illicites. En réalité, l’expression n’apparaît qu’au cours des années 1970 autour du Watergate et il faut attendre 1982 pour qu’elle soit utilisée dans une affaire judiciaire.
Toutefois l’arrestation d’Al Capone pour fraude fiscale, et non pour les crimes commis, montre l’importance et la difficulté du blanchiment d’argent dans la lutte contre les organisations criminelles. Le mafioso Lucky Luciano et son bras droit Meyer Lansky comprirent dès 1932, l’importance d’inventer de nouvelles techniques de blanchiment de fonds, notamment grâce au réseau d’îles politiquement indépendantes, dit pays offshores.
WALF FADJRI :
Au miroir déformant du petit écran
‘Tant que les lions n’auront pas leur propre historien, les histoires de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur’, a dit un proverbe africain et ça, Rama Yade l’a si bien compris qu’elle l’a repris en épitaphe de son livre sur les Noirs en France. Les téléspectateurs qui regardaient la chaîne Sn2 le mardi 19 mai à 14 h, ont eu droit à un documentaire sur l’esclavage et la traite négrière pour le moins choquant. Dans ce contexte mondial actuel marqué par une guerre des idées, le rôle que les moyens de communication de masse doivent jouer dans la construction identitaire des peuples n’est plus à démontrer. C’est pourquoi les directeurs de programmes des différentes chaînes qui composent le paysage médiatique, doivent faire davantage preuve de vigilance à propos des documentaires et autres films à projeter à cause de leurs visions idéologiques que la plupart d’entre eux véhiculent et les conséquences que ceux-ci pourraient avoir sur la conscience des téléspectateurs.
Voici, en quelques lignes, le résumé du film et son idée principale : ‘Les Noirs et les Arabes sont aussi coupables que les Européens dans la traite négrière et devraient être mis devant leur responsabilité dans cette affaire. Pourquoi vouloir faire porter le chapeau à l’Occident toute seule alors ?
D’ailleurs, n’eût été la détermination des Européens pour mettre définitivement fin à ce commerce inhumain, la traite aurait perduré encore longtemps. Et mieux, les Africains sont redevables à l’Occident ‘humaniste’ même qui s’est employée à faire signer des pétitions dans les différents territoires pour éradiquer le mal à jamais qui continuait d’exister dans beaucoup de parties du continent, comme le souligne une citation tirée de Terre des Hommes de Saint Exupéry, lue sur un ton pathétique, qui décrit une scène d’esclavage au Maroc dont l’écrivain fut personnellement témoin en 1939’. Tout ceci est insidieusement ficelé dans un discours propagandiste savamment voilé avec des historiens de tout bord (qui ne cautionnent pas forcément l’idée générale du film, dont l’entière responsabilité relève de son auteur,) destiné à donner une profondeur et un caractère scientifique à l’œuvre.
Cependant, il n’est nul besoin d’être historien pour relever le caractère idéologique du documentaire dans lequel révisionnisme et négationnisme se mêlent dans un même registre finalement. En effet, cette imposture intellectuelle ne fait que traduire un complexe de culpabilité refoulé et fortement ancré dans la conscience collective des occidentaux et qui ne cesse de travailler la mémoire des peuples colonisateurs qui s’efforcent inlassablement de se donner bonne conscience devant les Africains. Dans ce même ordre d’idée, la position de Voltaire, philosophe qui fut en même temps actionnaire dans une compagnie qui a eu à faire fortune dans la traite négrière, reste symptomatique lorsqu’il écrit que ‘celui qui vend ses fils est aussi coupable que celui qui les achète. Celui qui se donne un maître est né pour en avoir’.
Acceptons en toute sincérité que les Africains et les Arabes eurent pratiqué l’esclavage sur le continent noir ; mais de là à appeler les Africains à partager les responsabilités avec les Occidentaux sur le mal-être actuel de l’Afrique me paraît relever d’une intention de mauvais alois. Lorsqu’on compare l’esclavage des Africains pratiqué entre eux, comme nous y invite le film, au commerce Atlantique vu son caractère systématiquement organisé qui s’étend sur trois siècles, dans lesquels des millions d’Africains ont été déportés vers l’Europe et leur force de travail mise à contribution dans l’édification des grandes nations développées de l’Occident, il apparaît aussitôt insignifiant.
Ainsi, il serait d’une importance cruciale que les jeunes générations sachent que le développement de l’Europe reste, en grande partie, tributaire de la traite des Noirs qui a inauguré la phase de l’accumulation primitive du capital et qui perdure dans les programmes d’ajustement structurel imposés par la Banque mondiale et le Fmi vers les années 80 aux Etats postcoloniaux naufragés dans les eaux boueuses de la prédation, comme l’ont si bien analysé les deux philosophes sénégalais Mamadou Abdoulaye Ndiaye et Alpha Amadou Sy dans leur ouvrage co-signé Africanisme et théorie du projet social. Mais, comme le constate l’écrivain uruguayen Eduardo Galaeano, ’afin que les infamies se transforment en exploits, il faut briser la mémoire : la mémoire du Nord se sépare de la mémoire du Sud, l’accumulation se détache du saccage, l’opulence n’a que faire du dépouillement’.
Dans cette guerre idéologique à l’issue de laquelle se décidera la version officielle à retenir de l’histoire, tous les acteurs culturels, en particulier ceux des médias, ont un grand rôle à jouer pour leur position stratégique et leur pouvoir incontestable dans la construction des différentes catégories de vision du monde.
Ousmane DIBA Licence ès Lettres (Sociologie) semounabid@hotmail.com
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Le trou de mémoire
Amadou Gueye NGOM Lundi 25 Mai 2009
Le Wolof qui me raconte des histoires de Peuhls croit toujours utile de préciser qu’il parle d’un de « ses esclaves » pour prévenir l’indignation du non moins « esclave sererer » que je représente à ses yeux.
D’un de « ses » Peuhls, le Wolof m’a dit …
-« Yoro, comme tout vrai Peuhl, éprouve devant le Wolof, la tentation du vouloir-paraître-intelligent et surtout bien informé alors qu’en dehors de son savoir de berger, il ne sait ni débrousser ni planter. Que peut-on tirer des mamelles d’une vache, à part le lait ? Pas la plus mûre des intelligences, en tous cas. Tu vas voir que je n’exagère point… Un de ses ancêtres, voyant Wolof et Bambaras croquer des noix de cola, d’un air satisfait, présuma que ce devait être bien agréable. Il troqua une brebis contre un plein panier de cola qu’il mit sur la croupe de son âne dont il battit les flancs pour aller se refugier au cœur des bois. A l’abri des curieux et parasites, il défit son panier et croqua une noix qu’il recracha aussitôt en grommelant : - celle-ci n’est pas bonne ; il en prit une autre : -pas bonne non plus ! L’ancêtre continua ainsi, jusqu’aux trois quarts du panier. Comme s’il était possible de trouver au monde une seule noix de cola qui n’ait pas son goût rude de cola.
« La biche bondit, le chevreau ne saurait faire autrement et sûrement pas ramper » dit le proverbe. De Yoro, l’on ne peut donc espérer les lumières du génie que sa race tardera à secréter. « Mon Peuhl, converti de fraîche date, barbote dans l’Islam avec le zèle et les égarements du néophyte : ferveur craintive, les jours qui suivront le décès d’un proche, négligence ou omission des pratiques religieuses, tant que la santé est bonne, que le cheptel se porte bien. D’ailleurs, avait-il envie de penser à la religion ?
De sa lointaine enfance, Yoro gardait encore le souvenir cuisant de la raclée que lui avait administrée Serigne Thierno, à qui il avait innocemment demandé pourquoi Allah n’avait-il pas écrit le Koran en Foulani, la seule langue africaine parlée du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest du continent…Depuis ce jour, Yoro n’avait plus éprouvé le besoin de réviser des versets qui, disait-il ne s’adressent ni à lui ni à ceux de sa race. Mais aujourd’hui, le voilà soumis à rude épreuve…Ses beaux parents viennent d’arriver, juste à l’heure de la prière du crépuscule. Et il lui déplairait qu’ils repartent avec la conviction d’avoir donné leur fille, la tendre Débbo, à un mécréant. Yoro tenta de ruser en offrant au patriarche l’honneur de diriger la prière. Le beau père déclina la politesse et, Hadith à l’appui, rappela à son gendre que c’est au maître de maison de guider les Salats en famille.
Coincé par l’argument, Yoro, après un retentissant Alakabar, entame hardiment la sourate d’ouverture…
- « Bissimi Laayi
Rakmani Rakimi
Alamamdu Lilaayi
Rabilalamîne
Rakmani Rakimi…
Hum…Rakmani Rakimi...Hum…
Yoro se gratte l’oreille, tousse encore et reprend…Rakmani Rakimi…La suite refuse de venir…Yoro, sans désemparer, lance par-dessus l’épaule :
- « dis-moi Débbo, comment s’appelait-il déjà ce polisson qui trancha l’oreille de ta génisse, il y a deux hivernages ?
- Ousmani ?
- Unh...Unh !
- Niokhor ?
- Ala !
- Mbagnik ?
- Dikkal…
- Malik ?
- Iyoo ! …Maalik… ! Et Yoro d’enchaîner… Maliki yowmi diini…
Est-il allé jusqu’au bout de la récitation? Je n’ai pas attendu la suite, pressé que j’étais d’aller raconter cette prière peuhle à mes sujets Jolas.
Puis, d’un air malin, le conteur conclût :- « mes esclaves sérères qui parlent le même langage que Róog Sène, le dieu de leurs pères ont échappé de justesse à « l’aventure ambiguë » des Hal Pulaar.
Admiration feinte ou dépit courroucé du Wolof ? Allez savoir…
Auteur: Amadou Gueye Ngom
Sénégal - assisses nationales : le chef de l'Etat désormais passible de poursuites judiciaires
Après presqu’une année de consultations et d’échanges, les parties prenantes des assisses nationales (démarrées officiellement le 1er juin 2008) ont produit un document intitulé «Charte de gouvernance démocratique». C’est une nouvelle vision pour le Sénégal dans les différents secteurs de la vie selon ses initiateurs.
Dans ce document il est indiqué que la Constitution doit être connue du peuple. C’est pourquoi elle doit avoir des versions en langues nationales, notamment pour être accessible à tous les citoyens, indiquer clairement les domaines qui ne peuvent pas faire l’objet de révision, identifier les domaines de révision soumis obligatoirement au referendum.
Selon la charte l’exécutif dans son ensemble doit s’abstenir de toute interférence dans le fonctionnement normal de la justice. Le Président de la République sera dorénavant passible de poursuites judiciaires pour des délits caractérisés commis dans l’exercice de ses fonctions. Il ne peut être ni chef de parti politique ni membre d’une quelconque association durant l’exercice de ses fonctions. A la fin de son mandat, un membre de sa famille (conjoint, ascendant, descendant, collatéraux, au premier degré) ne pourra pas lui succéder immédiatement peut-on également lire dans la charte. Le document limite aussi le cumul de mandats et le nombre de mandats successifs.
La lutte contre la corruption n’est pas en reste. Il sera au cœur des politiques publiques souligne le document. Le Président de la République, le Premier ministre, les membres du gouvernement, les directeurs nationaux, les directeurs des entreprises publiques de même que tout gestionnaire de biens public sont tenus de faire une déclaration de patrimoine en début et en fin de mandat. La taille du gouvernement est déterminée en tenant compte essentiellement de critères d’efficience. Elle sera réduite au strict minimum compatible avec les moyens de l’Etat.
En ce qui concerne le système électoral, la charte indique qu’il y a une nécessité de création d’un organe indépendant ayant les prérogatives et les moyens voulus, pour conduire le processus électoral du début a la fin. En conséquence, le rôle du ministère de l’intérieur dans le système électoral et dans la gestion au quotidien des partis politiques sera redéfini. Il ya également une nécessité de rationaliser les critères de création, sur la base d’une double exigence de viabilité et de seuil de représentativité.
Cette charte de gouvernance démocratique, qui redéfinit la politique de bien d’autres secteurs, est signée et adoptée par l’assemblée générale des parties prenantes des assisses nationales dont le président est Amadou Mahtar MBOW, le 16 mai 2009.
Awa DIEDHIOU le Samedi 23 Mai 2009
Amadou Mahtar Mbow plaide pour des politiques financières au service de la production
25 Mai 2009 07:45 heure de Dakar
(APS) - Le président du comité national de pilotage des Assises nationales, Amadou Mahtar Mbow, a plaidé, dimanche pour que ‘’les politiques financières et fiscales’’ de l’Etat soient ‘’orientées’’ vers le développement de la production.
M. Mbow qui faisait face à la presse, après la cérémonie de restitution finale des travaux des assises, a estimé que ‘’les politiques doivent favoriser la création de richesse dans le pays et non l’importation’’.
Selon lui, la conviction des parties prenantes aux Assises nationales, c’est que ‘’le pays a des ressources humaines et matérielles qui permettent de changer radicalement la donne’’.
Toutefois, cela suppose que ‘’nous prenions la responsabilité de nous-mêmes, que nous acceptions de travailler, de réfléchir, de penser, de créer, d’entreprendre’’ et que l’Etat ‘’soutienne tout cela’’.
Selon Amadou Mahtar Mbow, les Assises nationales ont également plaidé pour ‘’le patriotisme économique’’. De ce point de vue, les Sénégalais ‘’doivent avoir confiance en eux-mêmes et consommer les produits qui viennent de chez eux’’.
Les travaux des Assises nationales ont été lancés le 1-er juin 2008 à l’initiative d’un groupe de partis d’opposition, d’organisations socioprofessionnelles et de la société civile.
Selon ses organisateurs , les Assises avaient pour but de chercher, à travers un processus participatif, inclusif, des solutions pour sortir le Sénégal de la ’’crise multidimensionnelle’’ dans laquelle il se trouve.
Manque de visibilité de l’Etat dans la maintenance des forages ruraux
Le ministre de l’Artisanat, du Tourisme et des Relations avec le Secteur privé et le Secteur informel vient de décliner sa feuille de route pour l’implication des artisans dans la maintenance des ouvrages hydrauliques.
L’Etat a réalisé plus de mille deux cents forages motorisés et plus de deux mille points d’eau équipés de pompes manuelles ou éoliennes avec l’appui des partenaires au développement. L’accroissement rapide des forages motorisés et des pompes manuelles a permis à l’Etat d’instaurer une politique de maintenance qui nécessite d’assurer sa pérennisation permettant aux structures décentralisées créées par le ministère de l’Hydraulique, en l’occurrence la Direction de l’exploitation et de la maintenance (Dem), de suivre le bon fonctionnement des ouvrages et d’encadrer les bénéficiaires.
Nous ne cessons de dire que l’approvisionnement en eau potable dans le monde rural occupe une place de choix dans la politique hydraulique du Sénégal depuis les années 80. La gestion et la maintenance de ces ouvrages hydrauliques revêtent plusieurs formes.
La petite hydraulique villageoise concerne les pompes manuelles et éoliennes qui équipent souvent les puits et les forages à faible débit. La gestion et la maintenance de ces pompes manuelles avec l’appui de l’Etat, sont assurées par des comités de gestion villageois et par des artisans formés dans ce sens.
Mais les contraintes d’ordre organisationnel et institutionnel font défaut, l’absence de service après vente et l’approvisionnement durable de pièces de rechange avec l’ensablement de certains ouvrages sont les handicaps majeurs pour le bon fonctionnement du matériel. Ce système de maintenance des pompes manuelles est en nette régression. Ce qui entraîne l’arrêt des pompes et la desserte ne peut pas se faire correctement.
L’hydraulique villageoise composée de forages motorisés à grand débit, permet de ravitailler les villages et villes rurales. La Direction de l’exploitation et de la maintenance assure le suivi et la maintenance de ces ouvrages. La Dem dispose d’équipes mobiles de maintenance installées à des points stratégiques, qui assurent l’acquisition et la distribution des pièces de rechange qui sont parfois en rupture. Chaque brigade ou subdivision comprend une équipe d’intervention composée d’ouvriers qualifiés, d’outils, de véhicules légers et camion grue. L’équipe se rend sur les lieux lorsqu’un forage tombe en panne ou exceptionnellement pour un entretien préventif. Ce personnel continue toujours d’assurer la maintenance des ouvrages hydrauliques malgré l’insuffisance des moyens humains, logistiques et matériels. La Dem dispose d’une ressource humaine de qualité et très expérimentée, malgré les difficultés qu’ils rencontrent.
Pour faire face aux besoins matériels et financiers considérables de la maintenance des ouvrages hydraulique, l’Etat a initié une politique de désengagement progressif, en créant la réforme du système de gestion des forages ruraux. Le principe de la réforme est de favoriser l’émergence d’opérateurs de maintenance professionnels et décentralisés que la Dem devrait agréer. Avec l’installation d’opérateurs locaux devant intervenir au nom et pour le compte de l’opérateur de maintenance, cela va permettre de réaliser l’ensemble des prestations sur les moteurs et pompes dans la zone de la réforme. C’est dans ce sens qu’un opérateur de maintenance est choisi dans cette phase test, basé à Diourbel et un contrat de maintenance hydraulique est signé entre l’Asufor et ce dernier.
Ce qui a permis de constater des défaillances :
1 - Interventions sur les armoires de commande en branchant la pompe sans protection ;
2 - Un manque d’expérience au niveau des relevages de pompe, entraînant des chutes de pompes qui peuvent détériorer le forage ;
3 - La non installation d’équipement de secours (moteur, pompe ou camion citerne) pour une panne dont le délai dépasse deux jours (pour les pannes bloquantes) ;
4 - La périodicité d’entretien non respectée (trois fois par an) ;
5 - Le coût élevé des prestations de service par rapport aux travaux effectués ;
6 - L’absence de stock de pompe, de moteur et de pièces de rechanges ;
7 - L’insuffisance d’opérateurs locaux (un seul pour cinq brigades) ;
8 - L’absence de contrôle technique pour services faits par l’opérateur.
C’est à cause de ces manquements que l’Etat doit privilégier les agents de la Dem qui constituent une ressource humaine de qualité. Ces agents sont d’un dévouement certain et, en dépit de la lourde tâche qui leur incombe, obtiennent des résultats satisfaisants dans le monde rural.
Les sociétés privées qui ont vocation de service de vente, ne peuvent pas faire du chemin sans les agents de l’hydraulique et les artisans formés pour les pompes manuelles qui devraient être renforcés en capacité. La maintenance des forages ruraux nécessite une compétence particulière : il faut être formé dans ce métier et avoir capitalisé une certaine expérience pour pouvoir y évoluer.
Le ministre Adama Sall avait adressé une lettre au président de la République pour lui expliquer que les ouvrages hydrauliques sont composés d’équipements d’exhaure et d’ouvrages de captage, dont les réparations requièrent parfois des équipes spécialisées. Le ministre avait ajouté qu’il y a un personnel en place et qu’au lieu de confier la maintenance à d’autres, il faudrait la donner aux agents qui sont sur place.
L’Etat doit continuer d’assister le monde rural pour l’approvisionnement en eau potable car la santé, l’agriculture et l’éducation des enfants en dépendent. Tout cela passe par la bonne tenue des ouvrages hydrauliques.
Mafaye FALL Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l’hydraulique mafayefall@yahoo.fr
Litige foncier à Rufisque : Les travailleurs des Ics réclament à l’Etat leur terre
Pour bâtir la centrale des Ics, le gouvernement avait exigé que les différentes coopératives aux alentours soient transférées sur d’autres sites afin de respecter les normes. Mais à la grande surprise des observateurs, la coopérative des Ics, qui attend toujours son transfert, voit ses parcelles morcelées et vendues.
(Correspondance) - Les travailleurs des Industries chimiques du Sénégal (Ics) rappellent aux autorités du pays leurs promesses lors de l’inauguration de la centrale de Kounoune. Ayant été spoliés de leur parcelle, Tf numéro 1138, depuis 2003, ces travailleurs attendent toujours d’être dédommagés. La construction de la centrale de Kounoune a été une occasion pour les autorités de suspendre toutes constructions situées à 500 m de l’unité industrielle.
Pour le porte-parole du jour, Moussa Faye, c’est au prix d’énormes sacrifices que les travailleurs ont obtenu des parcelles dans le cadre d’une coopérative d’habitat. ‘Nos 400 parcelles sont situées sur les deux côtés de la rue. Une partie est logée dans la communauté rurale de Sangalcam ; tandis que l’autre est dans la commune de Rufisque’, informe notre interlocuteur qui ajoute : ‘Lorsqu’il s’est agi de construire la centrale, nous avons été sommés de ne rien construire aux alentours, mais que nous serons dédommagés dans d’autres sites. L’accord étant passé, nous nous sommes pliés tout en croyant que l’Etat nous rendra nos parelles un jour. Le jour de l’inauguration de la centrale nous avons manifesté devant le chef de l’Etat et pour nous calmer, ils ont encore réitéré leur promesse. Mais depuis ce jour, non seulement nous n’avons rien obtenu, mais nos parcelles aux abords de la centrale ont été construites par des gens qui se disent propriétaires. Nos terrains sont mêmes morcelés et vendus’.
Pour Moussa Faye, plusieurs autorités étatiques, dont les différents ministres chargés de l’Urbanisme, les services de la présidence avec notamment le conseiller spécial du président, Youssoupha Diallo, ont été saisis. ‘Le silence des autorités nous préoccupe aujourd’hui et l’impunité des spéculateurs fonciers est inquiétante. Nous avons saisi le procureur afin que ces gens, qui sont bien connus dans le milieu du foncier, arrêtent de vendre nos terres, mais l’action de la justice est restée sans suite’, regrette le porte-parole. Ces travailleurs, qui disent ne plus accepter le fait accompli, soutiennent qu’ils useront de tous les moyens pour rentrer dans leur droit. C’est pourquoi, ils comptent changer de fusil d’épaule en lançant ‘un appel au chef de l’Etat et au ministre chargé de l’Aménagement du territoire, Karim Wade, afin qu’ils règlent ce douloureux problème’. ‘Beaucoup parmi nous ont quitté ce bas-monde. D’autres ne sont plus en activités. Le temps presse et si la retraite arrive, nous nous demandons comment nous pourrons construire nos maisons ?’, se lamente Moussa Faye.
En outre, le constat est que sur place, des constructions sont déjà élevées sur la plupart des parcelles. Des ouvriers en activités ne comprennent toujours pas ce qui motive ce groupe d’hommes. ‘Chaque jour que Dieu fait nous essayons de leur faire comprendre qu’ils construisent sur des parcelles d’autrui, mais ils soutiennent que nous ne sommes pas leur interlocuteur. Mais si les choses persistent, nous allons réagir. Il est temps que l’Etat intervienne avant qu’il ne soit tard’, avertit ce membre de la coopérative d’habitat des Ics.
Najib SAGNA
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Journées régionales paysannes de Thiès : Les ruraux s’inquiètent du retard des semences
Faire en sorte que les organisations paysannes soient impliquées dans la distribution des semences et des intrants, telle est l’une des principales recommandations issues des journées paysannes des ruraux de Thiès, tenues du 22 au 23 mai.
(Correspondance) - Le Cadre régional de concertation et de coopération des ruraux (Crcr) de Thiès a organisé du 22 au 23 mai dernier ses journées régionales paysannes. Deux journées de consultation sous forme d’échanges, d’information et de bilan de la campagne agricole en cours qui entrent en droite ligne dans le cadre de la mise en œuvre de la composante ‘Appui aux organisations de producteurs du Psaop II’. Laquelle composante prévoit chaque année de pareilles journées.
La rencontre, qui a eu pour théâtre la salle de conférence de la chambre de commerce et d’industrie de Thiès, sera ainsi l’occasion pour l’ensemble des responsables de Cadre local de concertation des organisations paysannes (Clcop), rassemblant des producteurs de la région, de dire leur inquiétude quant au retard constaté sur la mise en place des semences et des intrants pour la prochaine campagne agricole. Un retard d’autant plus inquiétant que l’hivernage s’est déjà installé dans la région sud du pays, remarque-t-on. Aussi, sont-ils unanimes à considérer que si les semences et les intrants ne sont pas mis en place dans les quinze jours qui viennent, la prochaine campagne risque d’être sérieusement compromise.
Par conséquent, dans la résolution finale, qui a sanctionné les travaux, les ruraux thiessois exhortent les autorités à prendre dans les plus brefs délais toutes les dispositions qui s’imposent pour un bon démarrage de la campagne agricole. Une autre recommandation issue de la rencontre des ruraux a été de demander aux autorités de faire en sorte que les organisations paysannes soient fortement impliquées dans la distribution des semences et des intrants mais aussi de façon plus générale dans la gestion de la campagne agricole. Cette dernière recommandation serait, selon les ruraux thiessois, la meilleure façon de répondre positivement à la volonté affirmée du chef de l’Etat d’appuyer le monde rural en luttant contre les intermédiaires.
En effet, précisent-ils, une responsabilisation plus accrue des Clcop dans la gestion de la campagne devrait permettre aux organisations paysannes de mesurer au détail près toutes les situations qui se présenteraient au cours de la campagne et de prendre en conséquence les décisions opportunes à temps. L’avantage d’une telle démarche réside, selon eux, dans le fait qu’elle favorise l’existence sur le terrain de cadres responsables. Ces derniers sauront suivre les campagnes agricoles de la préparation à la commercialisation avec comme conséquence une réduction très sensible de la paupérisation qui sévit en milieu rural.
Les journées paysannes se veulent, en effet, une partie intégrante de la composante appui aux organisations paysannes de la deuxième phase du Psaop qui a débuté en 2007. Un programme qui ambitionne, à terme, de favoriser la représentation du mouvement paysan auprès des institutions de développement et des collectivités locales en vue de défendre les intérêts généraux et spécifiques des producteurs en plus de faire prendre en compte les préoccupations des organisations de producteurs.
Sidy DIENG
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Restitution assises nationales : Le Sénégal dans une situation socio-économique critique
Le rapport final des assises nationales rendu public hier, après une année de consultation citoyenne, présente le Sénégal comme un pays à situation politique et socio-économique difficile. A en croire les parties prenantes à ces assises, le pays va mal, très mal même.
Le Sénégal ‘va de mal en pis’. Voilà, en substance, le diagnostic qui découle des consultations citoyennes entreprises dans le cadre des assises nationales. En effet, la restitution du rapport final de ces assises dont le résultat a été rendu public, hier, indique que les signaux sont au rouge. Dans le détail, Dialo Diop, membre de la commission scientifique de ces assises, explique : ‘Les consultations citoyennes qui se sont déroulées sur l’ensemble du territoire national pendant presque une année et qui ont fait le diagnostic, sans complaisance dans tous les domaines, politique, économique, social, dévoilent clairement que le bilan est négatif sur tous les plans. Et que le pays vit une situation de crise’. Une crise qui, renseigne M. Diop, découle principalement de facteurs relatifs à l’absence d’une politique d’Etat clairement définie et qui donne l’impression d’un pilotage à vue. Ce dernier poursuit en ajoutant que le rapport indexe aussi le non-respect des lois et règlements en vigueur, la mauvaise gouvernance, la corruption. ‘De plus en plus, des Sénégalais, gérant des derniers publics confondent les biens de l’Etat avec leurs biens propres’, informe Dialo Diop qui a porté la voix des membres de sa commission. Il s’y ajoute, la promotion et l’invasion des ‘anti-valeurs’, qui font que le travail et le mérite ne sont pas récompensés et constituent un mal pour le pays.
Comme pour confirmer ses propos, le président des assises nationales, abonde dans le même sens. Selon Amadou Mahtar Mbow, ‘nous sommes dans un pays qui connaît des problèmes graves à presque tous les niveaux’. D’abord, la croissance économique reste faible par rapport à la croissance démographique. Par conséquent, souligne-t-il, les difficultés socio-économiques ne font qu’augmenter. A cela s’ajoute, constate M. Mbow, qu’en ‘50 ans d’indépendance, plus de 50 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté’. Suffisant pour convaincre, selon lui, que le Sénégal va vers une situation ‘incertaine’. Car les jeunes éprouvent toutes les difficultés à trouver un emploi, alors qu’au même moment, l’immigration devient difficile avec les frontières du Nord qui se ferment. Une situation qui, de l’avis du président des assises, risque, si l’on n’y prend garde, de ‘conduire le pays dans la violence parce qu’à côté de la misère de la population, une minorité vit dans une aisance certaine au-dessus de leurs moyens, avec l’argent de l’Etat’.
Cependant, bien que grave, la situation dans laquelle se trouve le Sénégal n’est pas pour autant irréversible. Les assises nationales peuvent, selon ses organisateurs, sortir le Sénégal de l’ornière. A ce sujet, M. Mbow, indique les consultations citoyennes comme seule issue. C’est pourquoi, soutient-il, ‘le gouvernement libéral, même s’il a refusé de prendre part à ces assises, doit faire sienne les recommandations et les appliquer pour l’intérêt national’. Car ‘l’engouement qu’elles ont suscité auprès de toute la population montre qu’elles reflètent la participation du peuple sénégalais’, a expliqué le président des assises nationales. Non sans rappeler au passage que les conclusions des assises nationales ne sont pas le fruit de l’imagination d’un ministre ou d’un haut fonctionnaire enfermé dans son bureau, mais bien un travail fait avec les populations. Ainsi, même s’il admet que ces assises ne sont pas une Assemblée constituante pouvant obliger un gouvernement à appliquer les conclusions, M. Mbow estime toutefois que c’est au peuple de contraindre le régime à les appliquer. Parce que, dit-il, ‘l’initiative, le processus des assises nationales sont désormais le patrimoine du peuple sénégalais’. Cependant, les parties prenantes à ces assises, qui ont des responsabilités publiques, sont invitées à donner l’exemple en mettant en œuvre ses recommandations.
POUR UNE JUSTICE PERFORMANTE : Les Assises nationales recommandent une Cour constitutionnelle
Pour rendre plus performante la justice sénégalaise, les assises nationales proposent la création d’une Cour constitutionnelle. ‘Concernant le pouvoir judiciaire, il sera créé une Cour constitutionnelle qui sera le garant de la démocratie et le juge de la conformité des lois’, souligne la charte de gouvernance démocratique des assises. Les domaines de cette Cour, indique le document, vont recouvrer les contentieux nés des élections et remplacera le Conseil constitutionnel ‘qui se déclare tout le temps incompétent’. Le président de la Cour constitutionnelle, selon les parties prenantes aux assises, dirigera le Conseil supérieur de la magistrature et aura la charge de gérer la carrière des magistrats du siège et du parquet.
Concernant, sa saisine, la charte affirme que la Cour constitutionnelle peut être saisie par les citoyens, selon les procédures fixées par la loi. Par ailleurs, les assises préconisent l’institution d’un juge des libertés individuelles et collectives qui aura la charge de contrôler l’exercice des libertés reconnues et de lutter contre les abus, en particulier en matière de garde à vue et de détention préventive.
Yakhya MASSALY& Charles Gaïky DIENE
xamle.net :
ASSISES NATIONALES: le Khalife de Darou Mousty envoie une volée de bois vert au régime de Wade.
Dans un message lu par Mansour Kama, le Khalife de Darou Mousty a fustigé les tenants du pouvoir libéral, coupables à ses yeux, d'avoir plongé notre pays dans un gouffre. Il a aussi rappelé que le Sénégal n'était la propriété privée de personne.
Les murs du Méridien Président résonneront encore pendant longtemps du discours de feu du Khalife général de Darou Mousty dont il a innondé le régime de Wade, selon nos confrères de L'AS.
Dans son message d'encouragement aux initiateurs des Assises nationales, lu par Mansour Kama, le Khalife s'en est pris vertement aux gouvernants. Dans une tonalité guerrière, selon nos confrères, le marabout déclare que le Sénégal n'appartient à personne et que l'horizon n'a jamais été aussi bouché qu'aujourd'hui par la faute des gouvernants.
Serigne Abdou Mbacké, représentant du Khalife général de Darou Mousty, a listé les différents secteurs de la vie nationale qui sont en difficulté et a tenu à encourager ses compatriotes. "A un certain moment de l'histoire d'un pays, quand les citoyens prennent leur courage à deux mains ert cherchent à sauver leur patrie qui touche le fond, leur démarche relève d'un acte de dévotion", a-t-il prêché.
La quasi-totalité des confréries religieuses a été représentée à la restitution des travaux des Assises: Serigne Mansour Sy Djamil, Cheikh Kouraïchi Niasse, Serigne Aliou Mbacké Ibn Serigne Cheikh Gaïndé Fatma, Abdoul Bass Laye, le représentant du Cardibnal Théodore Adrien Sarr, les islamologues alioune Sarr et le Pr Assane Seck.
Avec L'AS
ASSISES NATIONALES: mise en place d'un comité de suivi.
« L’initiative, le processus et les conclusions des Assises nationales sont désormais le patrimoine du peuple sénégalais », a souligné Amadou Makhtar Mbow lors du point de presse qui a suivi la présentation des conclusions.
Le Comité de suivi aura pour mission de permettre à chacune des parties prenantes et aux citoyens de suivre et d’apprécier le respect de la Charte par les personnes, organisations ou institutions qui seront engagées dans ce sens.
En attendant la réalisation de cette structure, le bureau des Assises est maintenu. « Chaque partie prenante, à quelque niveau de responsabilité où elle se trouve impliquée, devra faire montre d’attitudes et comportements compatibles avec les principes, valeurs, règles et mesures contenus dans la présente Charte », a averti M. Mbow.
Le Comité de suivi veillera aussi au respect scrupuleux des principes et règles définis dans la Charte et fera une évaluation périodique de leur mise en œuvre.
Le Pr a invité toutes les organisations qui n’ont pas encore apposé leur signature sur la Charte à le faire. Il appelle également les partenaires extérieurs du Sénégal à mesurer la portée des conclusions. Celles-ci sont « la seule alternative capable de mettre fin aux difficultés du Sénégal qui traverse une période grave », a dit le Pr Mbow. « Tout redressement implique un consensus des forces vives de la Nation », a-t-il indiqué.
Le président des Assises a rejeté toute personnalisation des conclusions des assises. « Ce que nous avons dit ne vise personne », a-t-il précisé, soulignant être prêt à rencontrer le président de la République si ce dernier le souhaite.
B.DIONE pour LE SOLEIL