L’église a raison de s’indigner face à un tel
L’église a raison de s’indigner face à un tel Président.
Ecouter Abdoulaye Babou nous donne de la nausée. Ce cas atypique est trop pathétique. Souvenons-nous de son parcours, d’une tortuosité sans commune mesure, pour nous en convaincre. Qu’il s’érige en avocat du diable ne nous étonne guère. C’est son job d’être le défenseur de son « prince » du moment, Maître Abdoulaye WADE ; toutefois, il gagnerait à ne pas oublier qu’il a une famille, des parents, des amis que son comportement peut incommoder. C’est quoi ces sorties toujours lamentables de la part d’un homme dont l’engagement d’hier à défendre les causes nobles de son peuple était salué par beaucoup de ses concitoyens ? Qu’est-ce qui l’a ainsi transformé au point de lui faire porter cet habit indécent de griot de la cour de Wade ? De pourfendeur du régime libéral, il est passé au grade de défenseur de leurs ignominies. Inconséquence ne peut aller plus loin. Mais enfin, « laissons mouton pisser, Tabaski viendra » incha Allah. Parlons de choses plus sérieuses : les attaques répétées de Wade contre nos religieux et contre les bases républicaines de notre pays.
Nous nous interrogions dans notre roman Ces fossoyeurs de la République sorti au Québec en juillet 2005 en ces termes : « Avons-nous élu un Président ou un pigeon voyageur ? Avons-nous élu un Président ou un simple vadrouilleur ? Son avion est dans les airs, notre peuple est dans la galère. Ici, tout est clair ; le système nous déchire. Aux élus les merveilles, aux électeurs, les mirages. Jusqu’à quand ce sommeil de notre peuple pris en otage par des politiciens désaxés ? … Ils divisent nos religions, avilissent nos traditions, dévaluent nos institutions, dilapident nos profusions et brandissent le mot démocratie pour masquer leur démagogie… » Nous nous rendons compte aujourd’hui qu’au Sénégal, un homme, seul, tourne en dérision nos croyances sans sourciller. La foi est un domaine très sensible. Que le Président de la République oublie cela au point de narguer lui-même les croyants de son pays, c’est dangereux et inacceptable.
Nous saluons la sortie de l’Eglise pour remettre les pendules à l’heure. Abbé André Latyr NDIAYE merci ! Wade divague et avec lui, l’ensemble de son équipe de tocards. Le sapeur pompier Guirassi n’y peut rien. Et surtout, monsieur Guirassi, cessez de nous prendre pour des ignares ; nous n’avons point besoin de vous pour bien comprendre le sens des discours de Wade. Eriger sa statue ne lui donne pas le droit d’insulter nos croyances. S’attaquer aux Imams, à l’église… Promettre à une communauté musulmane, en l’occurrence la communauté mouride des investissements de plusieurs milliards, en narguant le reste des obédiences religieuses du pays est une bêtise monumentale. Cette communauté représente à peine 21% de la population sénégalaise contre presque 52% de tidjane. Et la majorité des mourides vous a tourné le dos depuis belle lurette parce qu’ayant découvert votre jeu sordide. Ces mourides savent que depuis le 19 mars, vous n’arrêtez pas de jouer avec leurs symboles à coups de promesses sans lendemain.
Le Président, la première institution du pays, doit rester à équidistance de ces communautés religieuses, de ces considérations d’ordre partisan. L’église a raison de s’indigner face à un tel Président. Les autres religieux véridiques de ce pays, de quel que bord qu’ils appartiennent, le regardent avec pitié car, ils ont démasqué son jeu depuis longtemps : « diviser pour mieux régner ». Nous encourageons l’engagement des Imams contre votre Statue de la honte ; nous saluons la sortie musclée de l’église visant à vous rappeler votre mission régalienne qui consiste à être au service de votre peuple, de servir l’Etat et non se servir de l’Etat pour vos calculs de politique politicienne. Touba sait très bien que c’est le vote des sénégalais qui élit ou démet un Président et non celui des mourides seulement. Touba sait que c’est de la démagogie mal placée que de vouloir soutenir le contraire.
Le Sénégal recule en tout. Sinon, comment comprendre la nomination de Bécaye DIOP à la tête de notre ministère de l’intérieur ? Paraît-il qu’il s’est rectifié concernant l’idée d’interdire à la presse de publier les résultats avant 22H le jour des élections. Tant mieux car, comment interdire à la presse dont la mission est d’informer les populations, qui ont un droit inaliénable à l’information, de faire son travail en toute liberté ? L’opposition doit rester vigilante, très déterminée. Ces gens se disent qu’ils peuvent tout se permettre car le sénégalais est un homme de paix, de tranquillité… qui aboie certes mais ne mord jamais. Alors l’écraser n’est jamais une tâche difficile, il s’accommode du sort que ses gouvernants lui réservent sans problème et verse souvent dans une fatalité grave.
Mais, il revient à l’opposition d’organiser la riposte du peuple face aux dérives monarchiques du pouvoir. Et c’est le moment. C’est maintenant. 2012 c’est demain. Ce n’est pas loin. Ils sont en train de manipuler la loi électorale de façon unilatérale pour mieux frauder. Ce n’est pas un défi lancé aux partis d’opposition mais à tous les démocrates du pays. Chacun doit se sentir concerner ; les conséquences de leurs actes arbitraires nous toucheront tous. Nous invitons tous ceux qui ont pris part aux assises nationales à se remobiliser à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour multiplier les initiatives visant à sensibiliser le monde entier sur le danger que constitue le régime de Wade vis-à-vis de notre peuple et de la démocratie.
Nos guides religieux doivent accepter de jouer leur rôle, de dire à Wade d’arrêter son comportement antirépublicain. C’est ce que le peuple attend d’eux. Les louanges à Wade, nous en avons assez. Les prières décernées à Wade, nous en n’avons marre. Chantez les louanges du Seigneur, priez pour votre peuple souffrant. C’est ce que votre peuple attend de vous… chers guides religieux. A force de suivre Wade dans son jeu, vous êtes en train de vous décrédibiliser et de décrédibiliser votre religion. Souvenez-vous de Mame Abdou AZIZ SY DABAH ; dès qu’on parle de lui, tout le monde s’émeut. Mais cela ne suffit pas. Il faut que son engagement à réguler la société qui était salué par tous, nous serve à quelque chose. Nous l’aimons tous et nous le regrettons cependant, essayons d’épouser sa constance à servir la vérité, à servir Dieu, à défendre les intérêts de son peuple au risque de déranger très souvent les décideurs publiques de l’époque. Idem pour la sagesse et le désintéressement de Serigne Saliou Mbacké, la clairvoyance du Cardinal Hyacinthe Thiandoum. Vous devez être le premier et le dernier rempart de votre peuple face aux multiples dangers qui le guettent à cause de la gestion nébuleuse de l’Etat par Wade et ses ouailles. Alors oubliez toutes les autres considérations futiles et éphémères pour vous unir autour de la parole de Dieu et de la sauvegarde de l’intérêt de votre peuple.
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (poésie)
Editions Le Manuscrit, paris mars 2008
E-mail :ndickedieye@yahoo.fr