de mon pays & d'Afrique
A la jeunesse de mon pays, le Sénégal et au-delà de
l’Afrique.
« Il est dangereux de remettre les clés de la République à un homme tenté par le pouvoir personnel ».
[Patrick Poivre d'Arvor]
L'irrésolu
Au lendemain de la célébration du cinquantième anniversaire de la publication du Manifeste du P A I, par 23 africains, qui sont devenus illustres par la portée combien grande et historique de l’acte qu’ils ont posé. Je saisis cette opportunité pour faire appel à notre jeunesse et par delà, celle africaine à se référer à cet exemple plein de sens et dénué de tout opportunisme pour mériter de leurs peuples.
L’état actuel, d’organisation de notre jeunesse, tous secteurs confondus, est loin de ce que nous pouvions en attendre comparé à celui de leurs devancières de l’époque coloniale et poste indépendance. Ceci, est en grande partie la résultante des manœuvres opérées par le Pouvoir en leur sein, en vue de l’affaiblir et de la diviser en micros associations insignifiantes et dépourvues de force nécessaire, donc incapable de mener une action d’envergure nationale digne du rang, qui devait être le sien dans le concert des jeunesses du monde.
Il est tout d’abord primordial, que cette jeunesse, apprenne à connaître, comment la jeunesse africaine en son temps et au prix de quels sacrifices, avait pris en charge les luttes de libération nationale contre le joug colonial puis néocolonial.
Il est surtout un devoir pour elle également, de prendre connaissance et de bien comptabiliser l’apport des générations précédentes dans la lutte pour la liberté, la démocratie, la justice sociale, l’indépendance nationale et le développement économique et social au service des peuples africains. Elle doit aussi capitaliser la somme d’expériences tirée des luttes passées tant au plan des réussites que des échecs -erreurs inéluctables à l’action humaine mais, surtout dans les mouvements de masses en général- Comme le dit bien un proverbe africain « l’erreur n’annule pas la valeur de l’effort accompli »
Il est vain pour ne pas dire illusoire, de chercher l’originalité au point de faire fi du passé des mouvements ainés en matière de lutte. La jeunesse sénégalaise ne peut ignorer ou mettre entre parenthèse les acquis de cinquante années de lutte comportant sans nul doute des hauts et de bas. Elle doit mesurer à sa juste valeur, la somme de sacrifices que des Sénégalais et Africains ont consenti, mus uniquement par leur attachement indéfectible à leur patrie et à la libération de celle-ci. Pour ne pas prétendre sortir du néant, notre jeunesse doit chercher à connaître ses sources en profondeur, l’histoire de ces cinquante dernières années de lutte des forces de progrès social, ainsi que les acteurs qui se faisaient face, en l’occurrence, ce que défendaient les uns et les autres. Elle doit identifier en vue d’en faire des armes de lutte, les principes et valeurs sur lesquels se fondaient ses ainés, qui étaient entre autres : la solidarité dans l’action militante, le désintéressement matériel, l’absence en leur sein de cet égoïsme petit bourgeois qui consiste, à viser et à s’emparer des postes de direction, pour les monnayer ensuite auprès de l’adversaire, à vouloir s’accaparer tout seul les succès et efforts de tout un ensemble et enfin à entretenir un climat de suspicion à l’endroit de tout le monde. La volonté, la détermination, la conviction idéologique et militante dans ce que l’on faisait, remplaçaient le rôle nuisible que jouent actuellement l’argent et les biens matériels dans la vie politique de notre société. Dans ce domaine précis, le pouvoir de Me Wade l’a accentué à des proportions sans communes mesures qui ont atteint la perversion depuis l’alternance. Le principe de un pour tous et tous pour un, autrement dit, l’intérêt général devait passer avant le particulier, ceci était le leitmotiv de ces combattants pour l’indépendance, la liberté et l’émancipation des peuples africains, il y a 50 ans.
Je suis convaincu que si notre jeunesse savait auparavant, ce que cette génération de patriotes a bravé et subi comme tortures ou sévices pour leur baliser le chemin et leur éviter le même sort, c’est sûr, elle serait aujourd’hui en première ligne pour leur rendre cet hommage tant mérité. L’histoire et les historiens devront révéler par l’écriture la réalité des faits dans leur entièreté sans aucun maquillage politicien ou de traitement partisan, pour désigner les vrais martyrs sans épithète du Sénégal et de l’Afrique à leur jeunesse, pour son enseignement.
La situation qui prévaut actuellement dans notre pays, ressemble à bien des égards, à celle qui poussait naguère, les peuples à se révolter, parce que, n’ayant plus d’autres issues que celle-là.
Pour un combat de ce type, face à un monstre de régime de cette nature qui ne se respecte pas et n’accorde aucun respect à personne, il est nécessaire et indispensable d’avoir tout naturellement, une jeunesse consciente de ses responsabilités, de sa mission historique, de son rôle d’avant-garde et de fer de lance, unie pour un même but avec son peuple dont il constitue l’espoir pour vaincre les forces du mal. C’est un défi qui est effectivement lancé à la jeunesse, par le régime en place, pour lui avoir menti 7 ans durant et de vouloir à nouveau répéter les mêmes mensonges, à savoir « dire que son mandat est fait sous le seau de la jeunesse ou que le régime de l’alternance est au service de la jeunesse » Ceci est une contre vérité qu’on ne doit pas laisser perdurer.
La jeunesse sénégalaise doit aujourd’hui, preuves à l’appui avec force détail prouver, que Me Wade et son régime se sont joués d’elle honteusement, comme c’est le cas avec tout le peuple sénégalais. Elle doit aussi, d’ores et déjà, démystifier et battre en brèche le rôle de l’argent et les promotions faciles pour une partie de cette jeunesse bien choisie et Comment ! C’est en fait un attrape nigaud –demandé à Mes Elhadji Diouf, Babou et consorts- Elle doit aussi refuser d’être prise pour du citron et une fois complètement pressée, est jetée à la poubelle. Ceci d’ailleurs, peut être valablement baptisé « méthode Me Wade » car, il en use à son aise au niveau de son parti, du gouvernement, dans toutes les couches de la société sénégalaise et même au-delà de nos frontières –Taiwan peut bien en témoigner-
Que la jeunesse de son parti, se laisse faire docilement cela peut se comprendre mais, que toutes les autres jeunesses non inféodées au camp du pouvoir demeurent indifférentes et attentistes face à la situation chaotique du pays, est inadmissible pour une jeunesse qui veut marquer son époque et écrire des pages glorieuses pour les générations à venir, à l’image de cette génération dont nous venons de rendre hommage pour leur clairvoyance et leur courage. Ceci est un défi d’époque à relever par la jeunesse elle-même et non par personne d’autre.
Il me semble bien constater une rupture dans la chaîne de jonction des générations. En fait, un maillon de cette chaîne a dû se détacher en un moment donné et à un certain niveau, entre les générations montantes et celles finissantes ou en déclin pour fait de vieillissement mais non, de manque de combativité. Un vide pour absence de relève, dans la continuité de l’action politique de la jeunesse à la hauteur d’une tâche immense s’est fait jour. Ce maillon manquant est effectivement constitué par la faiblesse structurelle ou plutôt la paralysie de l’action de la jeunesse scolaire, estudiantine et ouvrière dans la dernière période. Cette partie de la jeunesse s’est laissé embrigader dans des orientations puériles et des divisions stériles en plusieurs organisations squelettiques dans les Universités, les établissements scolaires et les syndicats qui ne servent en fait que le régime qui les a créées artificiellement et de toute pièce pour mieux les affaiblir. Nous pouvons tous constater que depuis belle lurette, il n’existe plus une organisation nationale forte crédible des étudiants sénégalais de Dakar ou de Saint Louis, un mouvement national scolaire fort et aussi une jeunesse ouvrière avant-garde dans les syndicats, capables de faire face dans des négociations, avec un régime tel que celui de Me Wade qui ne respecte jamais ses engagements d’une part et d’autre part, apte à centraliser l’essentiel des mots d’ordre et revendications spécifiques dans une plateforme claire et nette, tout en y intégrant aussi les préoccupations majeures du peuple sénégalais comme quoi, il n’ y a pas de dichotomie entre leurs intérêts et ceux du peuple tout entier dont ils font partie intégrante. Depuis l’alternance, avec l’octroi de la fameuse aide -baptisée bourse à tous les étudiants- de (60000F) aux étudiants non boursiers, ce mouvement scolaire et universitaire est infantilisé par le pouvoir libéral en le cantonnant dans des revendications secondaires et extra-académiques, afin de le détacher et l’empêcher de se joindre au reste du peuple pour formuler les revendications majeures de survie pour des populations qui sont à bout de souffle.
Par exemple, si nous reprenons les mots d’ordre et revendications de l’UGEAO ou L’UGES, nous y retrouverons en bonne place les préoccupations essentielles de l’époque des peuples à côté de celles relatives aux conditions d’étude tant matérielles que pédagogiques des élèves et étudiants. Ces organisations revendiquaient aussi pour la liberté, l’indépendance nationale, la démocratie, la libération des détenus politiques, de meilleures conditions de vie pour les travailleurs des villes et des campagnes, nouaient des relations avec d’autres organisations syndicales de travailleurs et leurs membres militaient dans des partis politiques mais faisait la distinction entre le parti et le syndicat. Aujourd’hui, tout ce patrimoine est jeté par-dessus bord et nous assistons à des associations rivales de toutes sortes au sein du campus universitaire, qui se battent entre elles, pour des raisons extra universitaires, au lieu d’une seule et unique organisation forte, puissante et représentative pouvant faire autorité devant n’importe quel gouvernement.
Les brassards rouges, les grèves de la faim, les exigences de rencontrer le Président de la république et j’en passe, n’ont produit aucun résultat probant pour ceux qui en usent depuis 7 ans et plus. Tout ceci, n’est qu’une des facettes de la galaxie de tromperies de Me Wade, pour démobiliser toute action ou attitude décisive et conséquente contre son pouvoir.
« Organisation – Discipline – Combat » Certes, cette devise appartient bien au PAI mais, toute organisation qui veut se battre et atteindre ses objectifs de lutte, devrait bien s’attacher les services de ce triptyque. En effet, l’organisation est mère de la discipline et la discipline constitue la force nécessaire au combat surtout, s’il est de longue haleine. Ainsi, je recommande à notre jeunesse cette devise.
Le discours de politique générale du Premier ministre, a fini de convaincre les derniers septiques qui se nourrissaient encore d’illusions sur le régime de Me Wade, à prendre en charge les préoccupations des citoyens sénégalais. Comme d’habitude, c’est un catalogue de projets aux cotes mal taillées qui nous a encor été présenté, sans nous dire ce que sont devenus les projets précédents. C’est un manque de respect total envers les populations sénégalaises meurtries, que de leur présenter cette farce de mauvais goût, au moment où, assurer les deux repas quotidiens, constitue la croix et la bannière pour elles. Pensez-vous que la création d’un observatoire pour l’emploi, suffit pour résorber le chômage ?
A l’attention de ceux qui ont tendance à l’oublier, nous le rappelons « Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruit »
Mandiaye GAYE
BP 1600 Dakar
gaye_mandiaye@hotmail.com