Amnisty épingle le Sénégal
Le Maître des airs
Laye Mën Lëp est au Japon depuis quelques jours. Au même moment, dans son pays, la situation politico-sociale ne cesse de se dégrader. On a l'impression que le père de Karim Sagn Lëp gouverne le pays de l'extérieur. Laye Agences a signé un bail avec les airs, au point d'être complètement déconnecté des réalités du pays profond. Au moment où les paysans réclament d'abord « mbakkh-Gui » avant « baakkh-Bi ». Autrement dit : manger à leur faim, avant de se lancer dans les travaux champêtres, ses ministres, même les plus insignifiants, nous pompent l'air avec la Goana. Plan Reva, Plan Jaxaay, Nepad, Ape… sont maintenant jetés aux orties. Sacré Ndiombor ! Eh oui, les manœuvres politiciennes s'usent, à force de s'en servir…
( Mor Todjangué )
Le Sénégal à l’épreuve du «karimisme»
Article publié dans l'édition du Jeudi 29 mai 2008
Les derniers actes posés par notre Président sont édifiants, cet homme ne travaille plus que pour sa postérité, nous laissant à l’épreuve de son fils. Le Sénégal vit sous l’ère du «karimisme». Au delà du vacarme sur le caractère incestueux d’une telle volonté, il convient, en tant que Sénégalais, de se poser courageusement les bonnes questions, car finalement, que savons-nous de ce garçon si ce n’est la ronflante présentation de son père. A-t-il la capacité de ses ambitions ? Peut-il être le Président d’un pays aussi complexe que le Sénégal aux équilibres aussi dynamiques que fragiles ? Est-il suffisamment digne pour porter de telles responsabilités ? Le peu qu’il nous a montré est inquiétant au plus haut point. D’abord, sa Génération du concret est l’expression d’un grand manque d’intelligence politique, vouloir se présenter comme un homme neuf et en même temps utiliser les moyens de l’Etat et la position de son père comme effet de levier est une injure au bon sens. Vouloir rejeter les tares du système auquel on appartient et en même temps s’engager à le conquérir et l’incarner est un écart intenable. Cette stratégie ne pouvait déboucher que sur une impasse. Abdoulaye Baldé, qui est la bouche de ceux qui n’ont point d’oreilles, en est réduit à nous expliquer que le Pds, tout comme la Génération du concret sont des enfants de Me Wade. Sauf que cette dernière est née après la ménopause intellectuelle. Ce n’est ni un ancien spermatozoïde, ni un futur bâtard, mais une ovulation d’esprits pervertis par le pouvoir.
Karim a voulu être jugé sur ses actes, sur ses réalisations, pour légitimer son entrée dans l’arène politique. Son sommet d’intronisation, tant annoncé comme l’événement du siècle, restera dans les esprits comme le summum de la gabegie. Des milliards dépensés pour un prestige éphémère, pour montrer une image de ce que l’on n’est pas, de ce que l’on n’a pas. Une stricte ressemblance entre le père et le fils, l’écart immense entre l’ego et le ça, la confusion permanente entre l’ambition et la démesure et une méthode lacunaire permanente basée non pas sur une stratégie globale de développement, mais sur le coup d’éclat permanent. Mais, la réalité économique a pris sa revanche, car avec la morosité actuelle, les fameux travaux de l’Anoci ressemblent à du maquillage sur le visage d’un lépreux.
Le discours de Guédiawaye fut encore plus édifiant pour montrer qu’une démarche incohérente ne peut s’expliquer par un discours cohérent. Une allocution d’un vide monumental, un populisme d’une naïveté déconcertante. Il est parut évident, ce jour-là, qu’il n’y a rien chez cet homme qui corrobore la réalité des Sénégalais. Il est incapable de parler aux Sénégalais, de leur dire avec sincérité et dignité pourquoi, en ce moment précis de l’histoire de notre pays, il pourrait être l’homme qu’il faut. Aucune des centaines de personnes présentes à Guédiawaye ne peut dire qu’elle est repartie avec quelque chose du discours de Karim Wade, parce qu’il n’a rien dit. On comprend pourquoi il ne fait jamais de débat contradictoire et ne s’expose jamais.
Le «karimisme» c’est donc le «Wadisme» frelaté avec moins de velouté intellectuelle, une propension manifeste à la démesure et le culte assumé de la persévérance dans l’erreur. La volonté de la famille Wade est l’expression d’un grand mépris pour notre peuple, nos luttes, notre histoire, notre passé, mais surtout notre avenir. Où est le respect ? Où est le progrès, si les Sénégalais laissent une telle chose se faire ? Ce n’est pas un problème politique, mais civique. Si nous commettons cette erreur, au moment où tous nos choix et fautes antérieures nous rattrapent et nous rappellent que l’on ne peut continuer à accepter des figures imposées des bailleurs ou de nos dirigeants, mais agir avec notre bon sens, notre propre vision, le Sénégal ne s’en relèvera jamais et Abdoulaye Wade, du haut de son statut du plus crédule diplômé du Caire au Cap, ne sera pas là pour nous dire : on m’a trompé sur mon fils.
abbambaye@hotmail.fr
L’OBSERVATEUR :
ASSISES NATIONALES DE L'OPPOSITION LE "FRONT SIGGIL SENEGAL" INVITE SERIGNE BARA ET SERIGNE MANSOUR SY
Article Par HAROUNA FALL,
Paru le Jeudi 29 Mai 2008
Les khalifes généraux des Mourides, Serigne Bara Mbacké et des Tidianes, Serigne Mansour Sy seront peut-être les hôtes de marque du Front « Siggil Sénégal » à l’occasion des assises nationales. Des lettres d’invitation leur seront adressées a laissé entendre une source proche de ces partis de l’opposition.
Les assises nationales risquent de battre le record des représentations des personnalités de marque si les khalifes généraux des mourides Serigne Bara Mbacké et des Tidianes Serigne Mansour Sy répondaient positivement à l’invitation du Front Siggil Sénégal. Selon des sources proches de l’organisation de ces assises, les invitations formelles seront adressées à tous les chefs religieux de toutes les confréries pour participer à cette grande rencontre nationale. Le khalife général des Mourides Serigne Bara Mbacké, celui des Tidianes, Serigne Mansour Sy seront officiellement invités à cette rencontre. Maintenant libre à eux de venir assister aux travaux de ces assises ou à se faire représenter par d’autres personnes. Cette démarche participe du fait que le Front « Siggil Sénégal » veut donner un cachet national à ces assises. En plus des communautés religieuses, le corps diplomatique accrédité au Sénégal est aussi invité à prendre part à ces assises nationales. Des invitations leur seront également adressées. Parce que les initiateurs de ces assises ne veulent exclure personne dans l’organisation de ce grand événement politique. Selon nos interlocuteurs, pour l’instant les réunions techniques se tiennent pour préparer les documents de ces assises nationales. Et dès dimanche prochain, les membres du bureau seront installés, de même que les commissions. Après l’installation du bureau et des commissions, une plénière sera ouverte pour passer en revue tous les problèmes du pays. Des assises qui peuvent se dérouler sur deux à trois mois. Une synthèse qui sera la perception de toutes les organisations qui ont participé à ces assises nationales. Les termes de référence sont déjà rédigés. Ils seront une sorte de tableau de bord qui permet aux acteurs de travailler.
Des Assises nationales
Le 1er juin 2008, démarreront formellement les assises Nationales initiées par le Front Siggil Senegaal (FSS), qui regroupe les principaux partis de l’Opposition. Le Président Wade et son gouvernement, sollicités, ont refusé d’y prendre part, au contraire de la Société civile fortement représentée et dotée d’importantes responsabilités dans la préparation et dans le pilotage des Assises. Se posent, alors, des questions de pertinence, de cohérence dans la démarche du Fss, d’attitude attendue du Pouvoir en place et de ses alliés, de qualité dans l’organisation des travaux, ainsi que d’efficacité et d’impact des Assises sur la vie de la Nation. La pertinence d’abord.
Les Assises sont-elles vraiment nécessaires ? Répondent-elles à un besoin réel du pays ? Oui, sans hésiter. Car, comme indiqué dans les Termes de référence (Tdr) des Assises, le pays traverse une période difficile faite de rupture du dialogue entre le Pouvoir et l’Opposition et de détérioration du pouvoir d’achat des populations. Il est donc essentiel que les forces vives du pays se penchent sur sa situation et s’évertuent à trouver des solutions aux problèmes constatés. Il ne s’agit point d’une Conférence nationale souveraine (similaire aux expériences du Bénin de 1990 et du Niger de 1991), mais d’une simple occasion de dialogue destinée à trouver une majorité d’idées et une «solution consensuelle globale, efficace et durable à la grave crise multidimensionnelle (éthique, politique, économique, sociale et culturelle) qui sévit dans le pays».
Plus spécifiquement, les Assises visent, selon leurs initiateurs, à :
- dresser l’état de la crise nationale ;
- proposer des réponses appropriées aux urgences et priorités du présent et du proche avenir ;
- bâtir un consensus dynamique sur les principes essentiels fondant une bonne gouvernance politique et un Etat de droit, une gouvernance économique de qualité, transparente et soucieuse des intérêts nationaux, une gouvernance sociale, culturelle et sportive basée sur des valeurs de progrès ;
- concevoir les mécanismes d’un dialogue périodique et pérenne au niveau politique, économique, social, culturel et sportif entre, d’une part, le Pouvoir et l’Opposition et, d’autre part, le Pouvoir et les partenaires sociaux, afin de créer les conditions de développement du pays dans la paix civile, la démocratie, la stabilité et la sécurité. Les thèmes prévus pour être débattus couvrent ainsi : (i) la gouvernance politique, (ii) la gouvernance économique et financière, (iii) la gouvernance sociale, (iv) le monde rural et le secteur primaire, en général, (v) l’éducation et la formation, (vi) la santé, (vii) la culture, (viii) la jeunesse, l’emploi et l’insertion socioprofessionnelle, (ix) la dimension genre et la promotion de la femme, (x) la situation des personnes âgées, (xi) le problème des migrations, (xii) le défi écologique, (xiii) les questions liées aux sports, (xiv) les questions liées à l’éthique, aux comportements et aux valeurs.
De la cohérence de la démarche
La pertinence des Assises étant établie, demeure la question de la cohérence du processus choisi pour les préparer et les organiser. Le FSS, une fois qu’il a retenu le principe de tenir les Assises, a invité plusieurs organisations de la Société civile à se joindre à lui et a fait de même avec le Pouvoir qui a décliné son offre. La Société civile s’est, ensuite, vue attribuer de larges prérogatives dans le pilotage des Assises. C’est elle qui a pensé l’architecture des Assises et l’a fait adopter par les plénipotentiaires du FSS. C’est elle qui va diriger les Assises, les partis politiques ne jouant, du moins, au point de vue formel, qu’un rôle mineur dans la direction des choses.
Si toutes les composantes de la sphère politique étaient présentes, il n’y aurait rien à dire sur le rôle attribué à la Société civile qui, comme le montre l’exemple réussi du Bénin en 1990, peut, de cette façon, faciliter la réalisation de consensus forts entre acteurs de la classe politique. Mais, en l’absence de l’Etat et des partis au Pouvoir, il devient plus problématique pour la Société civile de jouer une fonction de leadership des Assises. Car, de facto, elle devient l’alliée objective de l’Opposition dans sa dénonciation de la mal gouvernance qui gangrène le pays. Elle renforce ainsi le Président Wade dans sa conviction, pas forcément fondée, que la Société civile fait de la politique et se compte parmi ses opposants. La dureté des expressions utilisées dans les Tdr des Assises, et qui reprennent, presque mot à mot, les travers dénoncés continuellement par les opposants du régime, en est une parfaite illustration.
Il eût donc été plus prudent pour la Société civile, dès lors que le niveau de représentation aux Assises était devenue déséquilibrée, de ne pas accepter de piloter les Assises, de laisser le leadership au Fss et d’apporter uniquement sa contribution dans les débats des Assises comme le veut l’esprit citoyen et républicain qui l’anime.
Quelle sera l’attitude de l’Etat et des partisans du Président Wade ?
Jusqu’ici, le camp du Pouvoir a été très réservé sur les Assises, en dehors de l’intervention laconique du Président Wade, à travers une interview au journal le Soleil (en date du 19 mai 2008), déclinant l’invitation qui lui a été adressée. Est-ce le calme qui annonce la tempête ? Le Pds et ses alliés pourront-ils vraiment assister les bras croisés et laisser les Assises se dérouler en toute sérénité ? Une telle attitude serait fort surprenante, eu égard à la culture de confrontation qui irrigue le Pds. Même si ce scénario de la retenue ne doit pas être rigoureusement écarté, il est possible d’en dresser deux autres. Le premier, c’est celui de la déstabilisation, consistant à convaincre, par des moyens divers, plusieurs organisations membres à rompre les amarres des Assises, affaiblissant la cohésion interne et réduisant le niveau de participation. Le second, c’est celui du sabotage, qui ferait adopter aux partisans du Pouvoir une logique offensive pour empêcher la tenue des consultations décentralisées. Devant le chaos généré par les bisbilles, les préfets feraient vite de signer des arrêtés d’interdiction de réunion, sapant d’emblée la portée des Assises.
On peut penser que la présence d’officiers supérieurs de l’Armée pourrait pousser le Pds à adopter une position plus prudente (peut-être que c’est ce qui a motivé le FSS à faire appel à eux), mais la seule garantie que le calme pourra régner durant les trois ou six mois que vont durer les Assises, ce serait que le Président Wade en personne intervienne, dès la semaine prochaine, pour demander à ses partisans de ne pas chercher, par un quelconque moyen, de troubler les Assises. Il ferait ainsi preuve de haute responsabilité, tout en conservant une cohérence à sa décision de ne prendre part à des Assises convoquées par une Opposition qui conteste sa légitimité.
Le succès des Assises dépendra de la qualité de l’organisation du travail.
La réussite des Assises se mesurera à l’aune de la qualité de son déroulement. A cet effet, ses organisateurs auront un lourd défi de tenir des réunions crédibles au niveau départemental, de coordonner, efficacement, les multiples interventions et de bien communiquer sur la durée.
L’autre défi à relever concerne la cohésion interne des membres. Dans les Tdr, il est noté que le Comité national de pilotage est constitué par l’ensemble des représentants des organisations ayant accepté d’y participer, à raison d’un délégué titulaire et d’un suppléant par organisme membre. Or, le mode de décision adopté, la règle du consensus, pourrait très vite se révéler contre-productif, si certaines organisations, de bonne ou de mauvaise foi, décident de bloquer l’obtention de consensus. Le Comité de pilotage des Assises devrait ainsi, dès le 1er juin 2008, proposer la modification de ce principe du consensus, pour faire place au principe de décision à la majorité des deux tiers.
L’efficacité et l’impact réel des Assises dépendront de facteurs de nature différente.
Les Assises, dès lors qu’elles impliquent les partis politiques, ne pourraient représenter uniquement des rencontres scientifiques, du même type que les colloques, dont le seul but est de faire avancer les connaissances sur des problématiques données et de faire éventuellement un plaidoyer pour l’adoption des recommandations par les décideurs. Les initiateurs l’ont bien compris en indiquant que «les participants doivent accepter que les conclusions consensuelles de même que les recommandations qui en seront issues, s’imposent à tous et, par conséquent, engagent chacun à les appliquer et à les faire appliquer». Toutefois, rien n’a été dit sur les mécanismes de mise en œuvre des conclusions et des recommandations qui ne seront définis qu’au terme des Assises. Pour corriger l’incertitude ainsi créée et prouver sa sincérité dans l’ouverture à la Société civile, le FSS devrait indiquer, hic et nunc, et de manière solennelle, qu’il s’engage à aller uni aux prochaines élections et, en cas de succès, à mettre scrupuleusement en œuvre les décisions des Assises. Ceci permettrait à la Société civile d’avoir bonne conscience en allant aux Assises, en se disant qu’elle pourra au moins influencer, effectivement, le programme de gouvernement futur d’une partie de la classe politique, en y incluant des exigences fortes des citoyens pour une gouvernance de qualité, transparente et soucieuse, uniquement, des intérêts de la Nation.
Moubarack LO - BP 5730 Dakar-Fann / emergence27@yahoo.fr
LE QUOTIDIEN:
RAPPORT D’AMNESTY INTERNATIONAL / DROITS HUMAINS - Marches réprimées, journalistes interpellés, Casamance,… : Amnesty international dénonce les atteintes à la liberté d’expression
Les responsables de Amnesty international ont dévoilé à la presse hier, les grandes lignes de son rapport 2008. Notre pays est au banc des 150 pays accusés de violations de droits humains. Les points noirs au tableau du Sénégal, ce sont les interdictions et répressions de marches pacifiques, des interpellations de journalistes et des tortures qui ont conduit à la mort de deux personnes, en garde-à-vue dans les commissariat de Kolda et Kaolack.
«Des militants de partis d’opposition, des défenseurs des droits humains et plusieurs journalistes ont été soumis à des arrestations et à des actes de harcèlement visant à restreindre la liberté d’expression et de critique à l’égard du président (de la République).» La page 358 du rapport 2008 de Amnesty international (Ai), rendu public hier, met à nu des «atteintes à la liberté d’expression» au Sénégal. Comme exemple, le rapport cite la «manifestation pacifique organisée par des partis d’opposition et interdite par les pouvoirs publics (et qui) a été dispersée ; certains responsables politiques (…) frappés et placés en détention pour une courte durée». Le directeur de la Section sénégalaise de Amnesty international déclare que «cela est tout à fait regrettable dans une démocratie comme la démocratie sénégalaise». Seydi Gassama rappelle, au passage, que «le droit à la manifestation pacifique est un droit constitutionnel». Il en déduit alors que «la limitation de ce droit devrait être une exception et non pas une règle comme cela semble être le cas aujourd’hui». Seydi Gassama ne peut, en effet, admettre que la liberté pour les populations de s’exprimer librement dans la rue, «soit laissée à l’appréciation du préfet de Dakar qui peut, sans motivation réelle, porter atteinte à ce droit constitutionnel». Qualifiant de «bidons» les alibis souvent servis par le représentant de l’Etat, le directeur de la Section sénégalaise de Amnesty international estime que «cela est inacceptable», avant d’appeler l’Etat à faire de sorte qu’il n’y ait plus de limitation de la liberté d’expression afin que «lorsque le préfet de Dakar est amené à dire qu’il interdit une marche, que dans l’opinion, de manière générale, les gens comprennent la raison et que ce ne soit pas le Prince qui décide».
«CHEFS MILITAIRES ET REBELLES RENDRONT COMPTE DE LEURS ACTES»
La situation en Casamance marquée par des «combats sporadiques» occupe aussi une bonne place dans le rapport 2008 de Amnesty international. A en croire les responsables de l’organisation, il n’y a pas eu d’amélioration, malgré l’accord de paix global signé en 2004, des négociations n’ont pas non plus eu lieu. Toutes choses qui font que «les affrontements entre les différentes factions du Mfdc continuent sur le terrain, mais aussi des combats entre l’Armée et les membres du Mfdc se poursuivent et entraînent des mouvements massifs de populations mais également des meurtres». Ce qui, cependant, irrite le plus Amnesty, c’est la manière de procéder des rebelles, qui usent de «mines posées parfois autour des puits et dans des cours d’écoles». Les chiffres avancés font, d’ailleurs, état de 735 tués ou mutilés par ces engins enfouis sous le sol depuis l’éclatement du conflit.
Amnesty international relève, par ailleurs, «des crimes de guerre» commis par le mouvement séparatiste casamançais, qu’il accuse de «chasser les populations de leurs villages, d’occuper leurs plantations et de les empêcher d’y retourner». Le dernier épisode des oreilles de 29 personnes sectionnées, qui rappelle des sévices similaires au temps du conflit sierra-léonais, ne plaide d’ailleurs nullement en faveur de «ceux qui commettent ces actes et qui se réclament publiquement du Mfdc». Et, Seydi Gassama de menacer : «Ces éléments constituent des crimes aux yeux du droit international et les gens qui les commettent, les chefs militaires comme les chefs politiques du Mfdc devront rendre compte un jour, quelle que soit l’amnistie qui pourra être accordée. Tout simplement parce qu’aucune amnistie ne peut empêcher la volonté de justice des victimes de se réaliser.»
LA POLICE INDEXEE
La Police en a aussi pris pour son grade. «La situation dans les commissariats de police» est ternie par «beaucoup de cas de violations graves des droits humains». La mort en garde-à-vue du jeune Dominique Lopy à Kolda en est l’exemple patent et toujours non élucidé. Les résultats de l’autopsie sont gardés secrets et la famille ne sait toujours pas à quoi s’en tenir.
A Kaolack, une autre personne est décédée, de manière suspecte, dans les locaux du commissariat. Selon le directeur de la Section sénégalaise de Amnesty international, le gouvernement a intérêt à ce que ces morts soient élucidées pour que le climat d’impunité cesse.
Le harcèlement contre la presse qui s’est traduit par des interpellations et de détentions de journalistes qui ont informé ou enquêté sur des événements qui concernent des hommes publics, principalement des hommes d’Etat, «soient-ils des cas d’escapade nocturne», est aussi souligné. Sur ce point, le responsable de Amnesty international pense que les mentalités doivent évoluer. Prenant fait et cause pour les journalistes, Seydi Gassama précise que, «quand on est un homme public, la presse doit avoir la liberté de parler de votre santé et des faits concernant votre vie privée, comme cela se fait dans toutes les grandes démocraties du monde».
Le cas de «Alioune Tine, secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) (qui) a été détenu pendant une brève période après la découverte d’armes dans les locaux du siège de l’organisation, (puis) remis en liberté sans inculpation», n’est également pas passé inaperçu. Amnesty a la claire conviction que «c’est parce qu’il (l’Etat) voulait créer des tracasseries à cet homme, qui est l’une des voix les plus fortes en matière de défense de droits humains».
Simon FAYE
AFP - Réunion du Bureau politique : Un triste bilan sur la situation nationale
Le Bureau politique de l’Alliance des forces de progrès (Afp) s’est réuni mardi dernier, à la fois pour examiner la situation nationale et pour faire le point sur la vie du parti.
Sur le plan national, c’est la menace de famine qui inquiète le plus les dirigeants de l’Afp, qui font état des réalités du terrain qui leur ont été rapportées par les paysans : «Péjoration des sols, manque d’eau, de vraies semences, d’engrais et de matériels agricoles.» Réalités selon eux, opposées au «slogan bruyant de la Goana». L’Afp se préoccupe aussi des risques d’inondation qui vont toucher les régions de Dakar et sa banlieue, Kolda, Kaolack, Matam, Nioro, Saint-Louis, Tambacounda et Vélingara avec le retour de l’hivernage. Le traitement et le suivi de ces menaces naturelles sont très largement insuffisants pour les responsables de l’Afp, qui expliquent que «le plan Jaaxay se révèle au grand jour comme une double supercherie avec deux principales victimes : la démocratie et les sinistrés». Les questions liées aux inondations ont, également, conduit au sujet de la santé publique. A ce propos, les problèmes de l’enlèvement des ordures ménagères ont été remis sur le tapis, ainsi que ceux des campagnes de vaccination, qui devraient, pour les membres du Bp de l’Afp, être prises en charge au niveau étatique, et ceux du dénuement des hôpitaux. Les auteurs du communiqué issu de la réunion du Bp se sont, en particulier, attardés sur le cas de l’hôpital Le Dantec. A ce sujet, ils assurent «que des mains criminelles sont en train de tuer à petit feu cette infrastructure, aux fins de spéculations foncières en faveur d’intérêts privés nébuleux».
«Gabegie», «corruption», «impunité», «fuite en avant» sont les mots utilisés par les responsables de l’Afp pour résumer ce qui se passe au niveau du régime, qu’ils pressent de prendre des mesures d’urgence «au lieu d’emprunter indûment les habits de Don Quichotte pour attaquer des moulins à vent».
En ce qui concerne la vie interne du parti, le principal thème a été la résolution de commémorer l’Appel du 16 juin 1999, «appel par lequel le secrétaire général, Moustapha Niasse, a enclenché une dynamique qui a porté l’Alliance des forces de progrès à une place centrale, au sein des démocrates et patriotes, pour changer le pays».
Nelly FUALDES
Le solaire, une voie économiquement rentable pour le Sénégal
Une écrasante majorité de l’énergie aujourd’hui utilisée dans le monde est d’origine fossile. Les énergies renouvelables se présentent cependant comme une alternative incontournable pour des raisons écologiques, mais aussi de plus en plus financières. Parmi celles-ci, l’énergie solaire photovoltaïque (Def) porte les plus grands espoirs. En cela, l’Afrique vit un paradoxe remarquable, car avec un ensoleillement des plus réguliers et des plus intenses au monde, elle fait face à une grande pénurie d’électricité et d’énergie en général. L’offre en énergie ne suit pas la demande, ce qui a pour première conséquence des délestages persistants, ralentissant plusieurs secteurs d’activités et nuisant au confort des populations jusque dans les foyers. La solution de choix à ce problème est souvent le groupe électrogène. Cependant, cette solution est non seulement polluante pour l’environnement, mais revient aussi relativement cher, étant soumise à l’augmentation constante du prix du pétrole.
Le soleil constitue une source inépuisable d’énergie. La technologie de transformation de l’énergie solaire en énergie électrique est au point et continue de faire ses preuves à travers le monde. Cependant, elle reste encore peu utilisée en Afrique où elle serait tout à fait adéquate et pourrait contribuer de façon très importante au développement économique. Le Sénégal par exemple reçoit plus de 3 000 heures de soleil par an (en moyenne plus de 5 kWh par jour par m2), mais a un taux d’électrification inférieur à 15 % en zone rurale et de moins de 80 % en zone urbaine. Les principales raisons de cette situation résident dans les politiques énergétiques et la solvabilité des populations. Peu de ménages peuvent en effet se permettre un investissement dans un système photovoltaïque, vu le niveau de vie moyen au Sénégal. De plus, les entreprises implantées au Sénégal dans le domaine de l’énergie solaire photovoltaïque proposent en quasi-exclusivité la vente et des services comme l’installation de panneaux solaires. L’assemblage de modules photovoltaïques reste une activité très marginale, voire inexistante, alors qu’il est incontournable pour une baisse considérable des coûts sur le marché africain.
L’assemblage de panneaux solaires peut se faire par des moyens assez simples pour un produit de grande qualité. Dans l’état actuel de la production industrielle, l’assemblage compte pour environ 30 % du coût dans la fabrication des modules classiques solaires à base de silicium. Il est possible de baisser ce pourcentage de façon considérable et d’éliminer tous les frais liés à l’importation des panneaux solaires prêts à l’emploi en faisant un assemblage local.
Le besoin de créer une ligne d’assemblage de panneaux solaires photovoltaïques au Sénégal répond par conséquent avant tout à la nécessité de mettre sur le marché des produits à plus faible coût, donc plus accessibles (on peut envisager jusqu’à 40 % de moins) et de qualité au moins égale à ceux qui sont importés à présent. Aujourd’hui, les panneaux solaires commercialisés en Afrique sont pratiquement tous importés d’Europe, d’Amérique ou d’Asie, ce qui inéluctablement se répercute sur les prix de vente. A présent, le Watt-crête de module solaire photovoltaïque est vendu en moyenne à 3 000 F Cfa sur le marché international. Il est possible, sans trop de difficultés, de baisser ce prix en dessous de la barre des 2 000 F Cfa en faisant un assemblage local des panneaux solaires et en utilisant le plus possible de produits déjà disponibles sur le marché local, tels l’aluminium et le verre (ou autre matériau transparent de même qualité), limitant ainsi les importations aux cellules photovoltaïques et au matériel d’encapsulation (pour la protection des cellules) uniquement dans un premier temps, avant d’arriver à une importation zéro.
Il est tout à fait faisable et rentable de monter des structures d’assemblage des panneaux solaires entièrement manuel par opposition à l’assemblage automatisé utilisé dans les pays industrialisés. Les raisons d’un tel choix sont le coût du matériel dans le cas d’une ligne automatique, son entretien et l’énergie nécessaire à son fonctionnement. Le faible coût de la main-d’œuvre et le niveau de formation requis sont aussi des facteurs encourageants pour le choix du travail d’assemblage manuel en Afrique. Tout de même, il est souhaitable d’avoir des activités de recherche et développement pour mettre au point, entre autres, des outils adaptés afin d’améliorer la productivité avec une vraie maîtrise de la chaîne de fabrication dans les pays pauvres.
Donc, même si le coût du Watt-crête à la fabrication est plus faible avec une ligne entièrement automatisée dans les pays industrialisés, il est plus judicieux et certainement moins coûteux de commencer avec un assemblage manuel. L’entretien et la réparation du matériel sont des difficultés particulièrement décourageantes pour l’automatisation dans les pays en voie de développement. Il revient donc aux pays africains, au Sénégal en particulier, de mettre en œuvre des politiques énergétiques favorisant de telles initiatives dans le domaine de l’énergie solaire et des énergies renouvelables en général.
Il est urgent de trouver une solution pour la Senelec, cette entreprise d’Etat qui fournit 2 millions de Mwh par an à ses 600 000 abonnés avec une capacité de production de 387Mw (pour 633Mw installés). La Senelec a fait un chiffre d’affaires de 157 milliards de francs Cfa, dont 130 milliards consacrés juste à des dépenses de combustibles en 2007, il faut aussi payer les salaires de ses 2 300 employés. Il est bien évident qu’il lui reste peu de ressources pour l’entretien du matériel et l’investissement, ce qui conduit au service de faible qualité qui nous connaissons tous. Soulignons que cela n’empêche pas de payer l’électricité de plus en plus cher, 91 F Cfa le kwh au Sénégal, contre en moyenne moins de 90 F Cfa en France. De plus, inévitablement, le prix de l’électricité continuera à monter tant qu’une vraie politique de rupture avec le pétrole ne sera pas adoptée.
L’énergie solaire est une alternative rentable pour la Senelec. En effet, même si la société nationale devait garder le monopole de la distribution d’électricité dans les zones urbaines, il est possible de connecter des panneaux solaires à son réseau. C’est une technologie maîtrisée qui est utilisée aux Usa, en France et dans beaucoup d’autres pays. Grâce à un onduleur (transforme la tension continue en tension alternative) adapté, l’électricité produite par le panneau solaire peut être directement injectée dans le réseau. Il faut donc voir ces installations de modules photovoltaïques propriétés de la Senelec (ou de particuliers) dans le sens de renforcer le réseau. Par exemple 100 Mw de modules solaires produiraient près de 300 000 Mwh par an, soit un sixième de la fourniture annuelle actuelle et demanderaient moins de 100 000 toits de maisons ou d’immeubles (en comptant 100 W par m2) pour un investissement inférieur à 250 milliards de francs Cfa si les modules sont assemblés au Sénégal. Certes, 250 milliards de francs Cfa, à étaler sur une durée adéquate, représentent une somme colossale, mais ce sera bien moins que les dépenses en carburant d’ici la fin 2011. De plus, le système solaire photovoltaïque demande peu d’entretien et certainement pas un autre carburant que le soleil pour fonctionner. La Senelec a dépensé 129 milliards de francs Cfa de combustibles en 2007, combien payera-t-elle quand le baril de pétrole sera à 200 dollars ?
Il est temps de faire quelque chose. Le solaire à grande échelle est une solution économiquement profitable pour les pays non producteurs de pétrole. L’autonomie en énergie doit être un véritable objectif dans le long terme avec des actions concrètes dès à présent. Le solaire permettra de stabiliser le prix de l’électricité qui est un besoin de première nécessité.
Dr Boucar DIOUF dioufboucar@hotmail.com
Sud quotidien :
ASSISES NATIONALES POUR “SORTIR LE SÉNÉGAL DE L’IMPASSE”
Le mal a touché tous les secteurs
Par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN | jeudi 29 mai 2008
“Tout le monde sait que le Sénégal traverse une période difficile de son histoire. Dans la plupart des domaines de la vie nationale, les fruits de l’alternance démocratique n’ont pas tenu les promesses des fleurs du 19 mars 2000. Aux contentieux politiques d’ordre institutionnel ou électoral viennent s’ajouter les difficultés croissantes de la vie quotidienne, dominées par une misère et un chômage endémiques, une inflation galopante et des pénuries de toutes sortes”. Ces mots sont contenus dans le document introductif (termes de références) des Assises nationales. Il fait l’état des lieux en insistant sur les préoccupations de chaque secteur. Le constat des organisateurs de ces rencontres est que “le pays se trouve dans une impasse et notre choix est de lui éviter des convulsions douloureuses ; de tenter de l’en sortir par le dialogue, qui est plus conforme à nos traditions, à notre culture, à notre civilisation”. Ils soulignent que ce sont des Assises nationales et non celles du Front Siggil Senegaal.
“Ces Assises ne sont pas pas celles du Front Siggil Sénegaal. Ce sont des Assises nationales où doivent se retrouver tous les segments de la société. Elles ne sont pas non plus conçues comme une conférence nationale souveraine déguisée. Il s’agit encore moins d’une entreprise de subversion, ni d’un complot”. Les organisateurs de ces rencontres tenaient à faire cette précision pour éviter toute confusion possible. Dans les termes de réfence dont Sud a reçu copie, il est clairement indiqué que “l’objectif généralde ces Assises nationales est de trouver une solution consensuelle globale, efficace et durable à la grave crise multidimensionnelle (éthique, politique, économique, sociale et culturelle) qui sévit dans le pays”. Et cela, de manière à “dresser l’état de la crise nationale, proposer des réponses appropriées aux urgences et priorités (politiques, économiques, sociales, culturelles et sportives) du présent et du proche avenir”. Mais aussi de “bâtir un consensus dynamique sur les principes essentiels fondant une bonne gouvernance politique et un Etat de droit, une gouvernance économique de qualité, transparente et soucieuse des intérêts nationaux, une gouvernance sociale, culturelle et sportive basée sur des valeurs de progrès (travail, professionnalisme, culte de la performance, justice sociale, éthique, équité, solidarité)”. La conception des mécanismes d’un dialogue périodique et pérenne au niveau politique, économique, social, culturel et sportif entre, d’une part, le pouvoir et l’opposition et, d’autre part, le pouvoir et les partenaires sociaux, afin de créer les conditions du développement du pays dans la paix civile, la démocratie, la stabilité et la sécurité, fait partie des objectifs.
Tous, ensemble, nous devons, de l’avis des artisans de ces Assises, nous poser la question de savoir : où va le Sénégal ? “Notre opinion est que le pays se trouve dans une impasse et notre choix est de lui éviter des convulsions douloureuses ; de tenter de l’en sortir par le dialogue, qui est plus conforme à nos traditions, à notre culture, à notre civilisation. Or, aujourd’hui, au Sénégal, le dialogue social avec le pouvoir est rompu ou de piètre qualité et le dialogue politique inexistant”, soulignent-ils.
L’état des lieux
En effet, après l’entretien avec les acteurs des différents secteurs de la vie nationale qui a duré plusieurs mois, il ressort ce qui suit :
Pour ce qui est des Opérateurs économiques nationaux, on retient que certains d’entre eux “crient leur marginalisation et réclament toute leur place dans notre tissu économique, dans l’attribution des marchés publics, dans le capital des entreprises stratégiques. Mais, le pouvoir fait la sourde oreille !”. D’autres, par contre, “réclament la tenue d’un Forum Economique qui serait un moment d’échanges et de propositions pertinentes pour mieux aider notre pays à sortir de l’ornière. Seul le silence leur répond”.
Quant aux acteurs du monde rural, ils souhaitent, depuis quatre ans, la tenue des Etats Généraux du monde rural (agriculture, pêche, élevage, foresterie) et, à ce jour, ils se demandent encore comment se faire comprendre, renseigne les termes de références des Assises. La dégradation accélérée de l’environnement et la gestion prédatrice des ressources naturelles préoccupent au premier chef les écologistes, qui se heurtent à un mur d’indifférence, font remarquer les organisateurs de ces rencontres.
Des organisations de la société civile, de travailleurs et du patronat ont aussi été approchées. Elles “réclament une amélioration significative de la gouvernance du pays, la transparence dans la gestion des affaires publiques. Il leur a fallu des années pour se faire entendre partiellement, grâce à l’appui des bailleurs de fonds intéressés, et obtenir un nouveau code des marchés. Cependant, aujourd’hui encore, certains parmi eux en sont à déplorer « le retard à la mise en place des structures d’accompagnement de l’entrée en vigueur de ce code », lit-on.
Les associations de travailleurs ne sont pas en reste, elles réclament, selon les organisateurs de ces rencontres, l’organisation des assises de l’action sociale, “pour définir une démarche appropriée face aux phénomènes sociaux qui déchirent ou transforment négativement notre tissu social ; ils ne reçoivent en retour que leur propre écho”.
Des syndicats du secteur énergétique trouvent, selon eux, qu’il est impératif de tenir des concertations avec tous les acteurs concernés, “pour avoir de nouvelles orientations stratégiques dans leur domaine, où les difficultés sont évidentes, récurrentes ; mais ils ne reçoivent aucun signal favorable. L’énergie est de plus en plus inaccessible aux ménages et aux entreprises de toutes dimensions, le pouvoir se contentant, en la matière, d’improvisations dont tout le monde souffre”, font-ils remarquer.
Il ressort de ces rencontres que des organisations syndicales “demandent à être écoutées, parce qu’elles ont des idées pour la défense et la viabilité du service public dans le domaine de l’énergie, de l’eau de l’assainissement, de la communication, de la justice, de la poste, de la santé et de l’éducation. En vain”.
Concernant les centrales syndicales, toutes sensibilités confondues, elles sont confrontées, disent-ils, à “l’inflation galopante et à la dégradation des conditions de vie des travailleurs, des associations de consommateurs, les citoyens de manière générale n’arrivent pas à trouver le moment, le lieu, l’interlocuteur et les modalités appropriés pour expliquer leurs propositions de défense ou d’amélioration du pouvoir d’achat des Sénégalais et les mesures susceptibles de mettre un terme aux pratiques néfastes de corruption et de spéculation, visant notamment les modalités d’application de la loi sur « la concurrence et les pratiques déloyales ». Les organisation d’enseignants ne sont pas contentes. “L’Etat prétend injecter 40% du budget national dans le secteur de l’éducation, ce que des organisations d’enseignants contestent. Tout le monde, il faut le dire, s’interroge sur la véracité de cette assertion et, pire, personne ne constate les bons résultats que le pays est en droit d’attendre d’une telle dépense budgétaire. Périodiquement, l’année scolaire est sauvée in extremis”, soutiennent-ils
Des retraités demandent sans succès, soulignent les initiateurs des Assises, des journées d’étude sur leur situation et sur celle de leur institution, tandis que d’autres corporations attendent toujours la formalisation de leurs statuts (gardiens, gens de maison, etc.). “Quant aux mutilés de guerre, en dépit de leurs multiples sacrifices consentis à la nation, leurs revendications demeurent insatisfaites”, déclarent-ils.
Concernant le dossier Casamançais, le constat est que, selon eux, “la démarche choisie aujourd’hui par le Chef de l’Etat est une vraie nébuleuse qui écarte certaines composantes de la nation, pourtant en mesure d’apporter d’utiles contributions, dans la transparence et le désintéressement, à la résolution définitive de cette tragédie”. Et d’ajouter : “Mais, il se dégage l’impression fâcheuse que cette paix n’est pas une priorité et que c’est le pourrissement de la situation qui est recherché, pour on ne sait quelle obscure raison”
Des voix s’élèvent pour défendre la laïcité, pour exiger que l’Etat soit équitable dans ses relations avec les religions ou avec les confréries. Apparemment, leur discours est mal reçu par le pouvoir, qui ne leur accorde ni attention, ni considération.
L’autre constat est que les médias publics “sont plus que jamais monopolisés par le pouvoir d’Etat et, de ce fait, handicapés pour jouer leur rôle dans le traitement objectif des informations et dans la confrontation d’idées. Ce qui les prive donc d’une participation pleine et entière à la démocratisation de notre société, corollaire du dialogue politique, social et culturel, qui doit être permanent”.
Aussi, “Des journalistes du secteur privése voient agressés dans l’exercice de leur métier et conduits manu militari au tribunal, pour délit d’opinion, ou plutôt crime de lèse- majesté !”
Quant aux intellectuels et écrivains,”qui éveillent et alertent l’opinion sur certaines tares du pouvoir, sont victimes de la censure, menacés de mort ou traînés devant les tribunaux”
Au niveau politique, ils parlent impasse. “Des partis politiques qui ont contesté la régularité de l’élection présidentielle sont considérés comme des parias par le pouvoir et ne mériteraient pas d’être ses interlocuteurs, puisqu’ils refusent d’être une opposition domestiquée. Et pourtant, Me WADE sait bien que, malgré la contestation d’élections frauduleuses et la proclamation officielle des résultats par le juge des élections, le contentieux politique peut persister et le Sénégal d’avant l’Alternance a souvent eu l’intelligence de lui trouver un traitement approprié”. Ces Assises sont conçues, selon ses initiateurs, sur la base d’une démarche participative qui a associé différentes composantes de la nation qui, au cours de rencontres, ont échangé sur les problèmes du pays et sur l’urgente nécessité de leur trouver des solutions.
A la date d’hier, il y a 80 organisations membres qui vont prendre part aux Assises.