Savoir raison garder, Maître !
WalFadjri : Mardi 29 Déc 2009
Savoir raison garder, Maître !
Dans chacune de ses sorties, au Sénégal comme à l’étranger, Wade avait habitué ses compatriotes à des attaques en règle contre les leaders de l’opposition ou à des personnalités de la société civile. Certains avaient déploré sa manière de traiter ses opposants. Mais, ils finissaient toujours par mettre cela sur le compte de la politique politicienne. La liste des victimes de Wade, qui n’hésite pas à exhumer des archives du passé, ne s’arrête plus. Mais, depuis quelque temps, on a l’impression que le président de la République a épuisé ce registre.
Du coup, il s’est découvert de nouvelles cibles : en turban ou en croix. Et comme un snipeur caché quelque part et qui frappe là où on ne l’attend jamais, le chef de l’Etat fait fi de son manteau de ‘père de la nation’. Il vide son chargeur de critiques sur une confrérie ou une confession donnée. Le modus operandi du président de la République heurte et intrigue. Après sa sortie contre l’église, qui n’était pas capable, à ses yeux, de reconnaissance, pour tous les efforts financiers qu’il a consentis à son égard, et l’émoi que cette sortie ratée a suscité, l’on croyait l’incendie éteint à jamais.
Il n’en est rien ! En récidiviste notoire, Me Wade a, encore une fois, montré que l’habitude est une seconde nature. Présidant, hier, la rencontre des enseignants de la Génération du concret, le président de la République qui, dans la rigueur des principes, est le garant de la cohésion nationale, ne s’est pas élevé au-dessus de sa fonction, ou tout au moins n’a pas fait preuve de retenue en évoquant certains sujets sensibles. Et cette ‘sortie de route’ du président Wade qui ne peut parler comme un Sénégalais lambda, est lourde de menaces pour la cohésion nationale.
L’apôtre autoproclamé du ‘dialogue islamo-chrétien’ est devenu un facteur de division, pour ne pas dire un pyromane pour son propre pays. Si ce n’est pas déjà fait, force est de reconnaître que les ressorts fondamentaux qui cimentent notre commun vouloir de vie commune, sont mis à mal. On n’a nullement besoin de sondage pour constater ce malaise palpable au niveau de tous les foyers religieux. Les plaintes et complaintes remarquées des guides religieux, toute obédience confondue, sur l’attitude du chef de l’Etat et de son gouvernement, font légion.
Le fait religieux est sacré chez les hommes. Et en tant qu’homme, il est sacré chez le Sénégalais plus que chez les autres. Cela, Me Wade doit en tenir compte. Car, on peut, sans risque d’être démenti, affirmer que la coupe est pleine. Il faut savoir raison garder, Maître. Avant qu’elle ne déborde !
Auteur: M. SARR