deux images paradoxales
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A un peu plus de 800 jours de la présidentielle
A un peu plus de 800 jours de l’élection présidentielle de 2012, le paysage politique sénégalais offre deux images paradoxales. Celle d’une coalition Sopi qui, sans vergogne est en précampagne tous azimuts avec des meetings de soutien à la candidature de trop. L’image aussi de Bennoo Siggil Senegaal qui, au lieu de répondre à l’exigence d’unité semble vouloir vendre la peau de l’ours qui même touché est encore là comme le nez au visage.
Les meetings artificiels de soutien au candidat du vont se multiplier en fonction du trésor de guerre de cette coalition qui sait qu’elle ne pourra plus compter sur le peuple trahi par tant d’errements. Le but de ces meetings est juste de préparer l’opinion nationale et internationale à un autre coup électoral ce, d’autant plus que la vigilance semble avoir baissé pavillon dans le camp de Bennoo Siggil Senegaal. Le Sopi sait qu’il ne peut sociologiquement pas gagner d’élections au Sénégal dans un peu plus de 800 jours. Il ne pourra pas effacer l’image légitime que le peuple s’est fait de sa gestion pharaonique et irrationnelle des deniers de l’Etat. Les esprits éveillés de la coalition Sopi savent bien que le kinkéliba de la défaite est tirée et qu’il ne reste qu’à le boire d’une manière ou d’une autre. Mais certains ultras du Sopi ne voudront certainement pas perdre aussi facilement en laissant la démocratie s’exercer en toute transparence. Pour ceux-là, tous les moyens sont bons pour rester au pouvoir. Les querelles de tendances seront tues, la Génération du concret fera profil bas pour ne pas donner l’impression d’une candidature par procuration. Les responsables politiques du pouvoir feront bloc pour ne pas avoir demain à souffrir du fait de la perte des sinécures. Mais ce bloc ne sera pas seulement contre Bennoo mais fera face à un peuple qui, dans le semblant de passivité, garde intact le désire de revanche paisible par les urnes. A un peu plus de 800 jours de la présidentielle, le Sopi tremble et sait que son candidat ne draine pas que le seul handicap de l’âge et du bilan mais, bien celui d’une vision claire de l’après 2012. Si par extraordinaire, le candidat du Sopi passe, la plaie de la succession atteindra la gangrène et c’est tout le Sénégal qui en sera affecté. Ce n’est pas à 86 ans que l’on doit présenter quelqu’un en sauveur pour le prochain septennat. Cette candidature, même ceux qui la défendent savent qu’elle est anachronique et pose le problème éthique. Dans l’absurde, si le vœu des laudateurs est exaucé, leur candidat devrait travailler tard encore jusqu’à 93 ans !
Au-delà d’une alternance à l’alternance, 2012 se présente comme une occasion pour le peuple d’éviter demain l’exacerbation du combat fratricide entre les deux fils qui caracolent tous au sommet de l’impopularité. Un Sénégal dynamique, stable, libre et ouvert sur la modernité se passera bien de l’un quelconque des deux fils à l’affut derrière la candidature du père qui, non seulement ne limitera pas les dégâts mais va les amplifier en raison de la cassure profonde vis-à-vis des préoccupations basiques du peuple.
Mais, à un peu plus de 800 jours de la présidentielle de 2012, le débat aurait pu tout de suite être plus simple s’il y avait au niveau de Bennoo une volonté réelle de coopération sincère et sans tabou sur la question électorale. Une chose est sure : il n y aura pas de candidature possible unique de Bennoo autour d’un homme politique. Le seul espoir qui était de voir Bennoo s’unir autour d’un civil au profil rassurant pour tous s’amenuise au fil des ambitions. En l’état actuel de l’analyse, il risque d’y avoir au moins quatre candidatures issues de Bennoo si un accord autour d’un civil même pour gérer une transition n’est pas obtenu. Cet accord, comme développé dans trois de nos contributions, aurait pu avoir le mérite de faciliter la chute du Sopi en canalisant le vote de l’écrasante majorité des sénégalais et en rationnalisant les moyens de l’opposition. Les populations sont conscientes du danger que représente une coalition Sopi au pouvoir au-delà de 2012 mais, verront-elles assez clair dans la cacophonie égoïste d’une campagne électorale multicolore ?
A défaut de la candidature unique, Bennoo doit au moins finir le plus tôt possible la réflexion sur la sécurisation du processus électoral. Avec plus de 12 000 bureaux de vote, c’est au moins un contingent de plus de 50 000 volontaires qu’il faudra pour éviter le hold-up. Mais le processus ne commence pas le jour du vote. C’est maintenant qu’il faut poser la question de la neutralité du ministre de l’intérieur et de la fiabilité du fichier électoral. C’est maintenant qu’il faut faire de chaque jour un moment de sensibilisation populaire sur l’enjeu de 2012. C’est tout de suite qu’il faut se battre pour une CENA véritable avec des moyens à la mesure de l’enjeu.
A un peu plus de 800 jours de la présidentielle prochaine, ces questions paraissent plus importantes que les os à croquer que, le Sopi nous sert chaque semaine pour distraire la galerie. L’opposition ne doit pas oublier que, dans la frénésie des événements, le seul rendez-vous important à ne pas manquer est bien celui du jour du vote.
Faut-il perdre trop de temps en dissertation sur la décadence évidente et inéluctable d’un régime qui n’a pas encore fini de pousser le bouchon de l’absurde ? La question est capitale.
En vérité, 800 jours, c’est déjà peu pour aller à l’essentiel et déjà il commence à se faire tard.
Mamadou NDIONE
Mandione15@gmail.com