Le monument de la honte.
Un homme, nu et torse bombé, pectoraux saillants, qui n’a de couvert que ses parties génitales entourées d’un simple morceau d’étoffe, tenant par la taille une femme elle aussi entièrement nue, n’eut été ce pan débordant de l’étoffe lui couvrant les parties intimes ; un enfant en tenue d’Eve, juché sur l’autre bras de l’homme, serrant vaillamment ses jambes pour ne pas laisser découvrir ses parties honteuses : voilà ce qui, à partir du 12 décembre 2009, symbolisera notre pays, le Sénégal.
Par la volonté revendiquée et assumée de Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal, cette image figurera désormais sur toutes les cartes postales illustrant notre pays et servira de message de bienvenue chez nous. Ce sera l’image qui singularisera le Sénégal dans le concert des nations, de la même façon que la tour Eiffel l’est pour la France , la statue de la liberté pour les Etats-Unis.
Cette statue à la limite du pornographique, géante de 150m, culminera à cent mètres de hauteur, sur l’une des Mamelles de Dakar, bouchant ainsi l’horizon des populations riveraines et de tous ceux qui se trouveront alentour. L’édification de cette statue qui coûtera au bas mot douze milliards de francs CFA (18 000 000 d’euros) pose un véritable problème d’éthique morale et religieuse.
Sur le plan moral :
Notre pays s’est toujours distingué par de nobles valeurs de « diom » (sens de l’honneur) et de « kersa » (bonne vertu). Par exemple, si pour les occidentaux, se mettre en simple maillot de bain devant ses enfants ne heurte pas, qui d’entre nous, authentiques sénégalais, peut se permettre un tel comportement ? Cette statue, qui fait l’apologie de la nudité, est une insulte aux valeurs fondamentales de la société sénégalaise.
A ce titre, on peut s’étonner, à juste raison, du silence des soi-disant défenseurs des droits de l’homme, des droits des femmes et des enfants !
Cette statue constitue également, de par son coût exorbitant, une offense manifeste à la grande majorité des populations sénégalaises qui se débattent dans la pauvreté, font face aux inondations, au problème de logis et de dépense quotidienne. Quand le président affirme qu’aucun sou du trésor public n’a été utilisé, il doit nous dire à qui appartenait ces terres de l’aéroport qui ont été spoliées et bradées pour financer son œuvre immorale. A ce propos, il faut souligner l’énorme scandale foncier qui a sous-tendue cette affaire et qui, tôt ou tard, sera élucidé.
Sur le plan religieux :
N’en déplaise aux ennemis de l’Islam, le Sénégal est un pays composé à plus de 95% de musulmans. La condamnation par l’Islam des statues ne souffre d’aucune ambiguïté. J’en veux pour preuve ces hadiths authentiques du Prophète (paix et bénédiction sur lui, sur sa famille, sur ses compagnons et sur tous ceux qui suivent ses pas jusqu’au jugement dernier) :
Ibn Omar – RAA- a dit : Le Messager de Dieu (SAW) a dit : « Ceux qui font ces images seront tourmentés au jour de la résurrection, et on leur dira : « Donnez une vie à ce que vous avez créé » (Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim)
Ibn Massoud –RAA- a dit : J’ai entendu le Messager de Dieu (SAW) dire : « Au jour de la résurrection, ceux qui auront fait des images animées, subiront le plus douloureux châtiment ». (Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim)
Abou Talha –RAA- a dit : « Le Messager de Dieu (SAW) a dit : « Les anges n’entrent pas dans une maison où il y’a un chien et une image ». (Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim)
Il est d’ailleurs très significatif de noter que l’un des premiers actes du Prophète (SAW) à son retour triomphal à la Mecque , a été de détruire toutes les statues qui peuplaient la KA ’BA, aidé en cela par l’illustre Bilal Ibn Rabbah- RAA-.
Aujourd’hui, quelque soit l’école de pensée islamique à laquelle on se réfère, il n’y a aucun musulman qui doute de l’interdiction par notre religion de l’édification de statues.
Ainsi donc, ce monument dit de la renaissance africaine constitue une véritable agression contre la foi de l’écrasante majorité des sénégalais. A ce titre, comment ne pas s’étonner du silence assourdissant de nos guides religieux ? Ne sont-ils pas au courant ou sont-ils gênés de porter la contradiction à leur bienfaiteur qui les inonde de présents terrestres : voitures haut de gamme, passeports diplomatiques, argents, tonnes de riz, d’huile, etc. ?
Et quid de ces associations islamiques telles que la Jamaatou Ibadou Rahman qui a soutenu activement l’élection d’Abdoulaye Wade à la magistrature suprême en 2007 ainsi que le mouvement Al Falah - pour ne citer que ceux-là - qui brillent par leur mutisme ? Nous devons quand même saluer les actions méritoires et courageuses du député Imam Mbaye Niang, leader du MRDS.
Ce qui est le plus étonnant dans l’érection de cette œuvre satanique qui bafoue notre religion et nos valeurs culturelles est qu’elle soit portée par un vieillard de plus de quatre vingt ans. Abdoulaye Wade, ci-devant Président en exercice de l’Organisation de la Conférence Islamique qui, au lieu d’être le gardien de nos valeurs fondamentales, s’acharne à poser des actes qui concourent à notre acculturation et sapent les fondements de l’Islam dans notre pays : case des tout-petits pour éloigner nos enfants de l’école coranique, profusion de statues dans la capitale, suppression de la peine de mort, tentative de modification du code de la famille pour s’attaquer à la polygamie, etc.
On ne peut pas comprendre que Abdoulaye Wade, qui s’est opposé en 2001 à Durban à l’idée de réparation des effets de l’esclavage prônée par des ONG africaines et afro-américaines, se met à dépenser nos maigres ressources en érigeant ce monument de la honte, dont les personnages n’ont rien d’africain, au moment où les défis sont ailleurs et d’une urgence capitale !
Qu’il affirme avoir démissionné de la franc-maçonnerie ? Soit ! Bien que j’ai ouï dire : « franc-maçon un jour, franc maçon toujours » ; tout de même, à travers les actes qu’il ne cesse de poser, il est évident qu’il se dresse en véritable cheval de Troie des ennemis de l’Islam ; il pourra ainsi prétendre à leur reconnaissance éternelle pour services rendus, à l’image de Moustapha Kemal Atatürk qui s’est « illustré » en supprimant le khalifat en Islam et en étant le premier dirigeant à instaurer la laïcité en terre musulmane.
A mes compatriotes qui, comme moi, se sentent blessés à travers cette œuvre satanique, je leur rappelle ce hadith du Prophète Muhammad (paix et bénédiction sur lui, sur sa famille, sur ses compagnons et sur tous ceux qui suivent ses pas jusqu’au jugement dernier) : Hayyan ben Houssain a dit : « Ali ben Abi Taleb – RAA- m’a dit : « Ne veux-tu pas que je t’envoie dans une mission pareille à celle que le Messager de Dieu (SAW) m’a chargée ? Tu ne laisses aucune image sans l’effacer, ni une tombe dominante sans l’aplanir ». (Rapporté par Mouslim). A bon entendeur…
Demba Diallo
ddiallo12@yahoo.fr