Pourquoi Abdoulaye Wade doit partir
Le départ d’Abdoulaye Wade, président de la République, doit être examiné aujourd’hui dans ses fondements plausibles, en fonction de l’intérêt général du peuple sénégalais, au nom duquel, du fait de sa position de pouvoir, il a jusqu’ici agi sur les plans national et international. L’autorité que lui confère cette position fonde ses actes, qu’ils soient positifs ou néfastes au regard de l’intérêt général. La réalité de nos institutions fait que l’image du Sénégal, les relations de notre pays avec l’extérieur sont vues dans ce que fait et dit Wade.
L’intérêt du Sénégal est-il que Wade continue de gérer les affaires publiques de notre pays après le dernier scandale en date de sa gestion et si l’on considère les éléments de bilan à faire de cette gestion ? Une légalité sans légitimité doit-elle continuer de faire gérer le Sénégal en une mal gouvernance qui crée et développe les scandales et la régression du pays ? Ce sont d’abord les faits de sa gestion et la conscience de Wade qu’il faut interroger, car un départ dans l’ordre, comme un acte de conscience et de retour à l’éthique et au sens de l’honneur, est préférable aux formes que provoquent l’obstination et l’aveuglement pour garder à tout prix le pouvoir.
La démission d’un chef d’Etat est un acte individuel, dans un contexte aux aspects divers, fondé sur des considérations que la conscience qui en décide soupèse et apprécie en fonction de sa culture démocratique, de son sens de l’éthique et de sa dignité individuelle, Se considérer comme indispensable est alors une des conséquences de la folie du pouvoir. Y a- t-il aujourd’hui des raisons pour un départ de Wade, en considération des intérêts du Sénégal et de la République ?
Le Sénégal était parvenu, en 2000, à un degré appréciable de l’Etat de droit en construction. Le dynamisme et la culture démocratique dans les forces politiques avaient réussi à faire concevoir et admettre la pratique de l’ouverture, dans l’action de compétition électorale, au point que le second tour de l’élection présidentielle permit de réaliser l’alternance à la tête de l’Etat. Le président en exercice d’alors, Abdou DIOUF, qui avait obtenu 41% des suffrages exprimés au premier tour, accepta les résultats du second tour, félicita Abdoulaye Wade vainqueur et entra dans l’histoire comme un démocrate, d’une part pour avoir apporté sa contribution à l’édification de l’Etat de droit et, d’autre part, pour s’être incliné avec élégance devant le verdict des urnes. En cela il se hissa, en matière de démocratie, au niveau du président Léopold Sédar Senghor qui, devant la volonté d’alternance et le dynamisme de l’opposition, quitta le pouvoir en 1980, de façon organisée.
Mais depuis 2000, plus précisément depuis la mise en vigueur, en janvier 2001, de la Constitution de Wade qui renforça le pouvoir personnel du président de la République, le coup d’arrêt dans la construction de l’Etat de droit et le malheur de tous qu’est la régression du pays ont commencé. Nous en sommes arrivés à un point où des éléments du bilan à faire de la gestion de Wade, bientôt de neuf ans, décrivent une telle régression du pays que le responsable principal de cette mal gouvernance a toutes les raisons de procéder à un examen de conscience, en adoptant une distance critique vis-à-vis de lui-même et de sa pratique. Ceci lui permettrait de voir réellement ce qu’il a fait jusqu’ici, en toute objectivité, loin de l’aveuglement comparable à celui du Christophe de Césaire. L’humanité ne les caractérise pas, l’homme et le personnage créé par l’ami de Senghor ; la folie du pouvoir les rapproche. Wade plus près de nous fait des cadeaux de roi par lesquels il écrase des personnes qu’il réduit, par complexe de Spartacus, à se comporter avec lui comme des sujets. Le jeu l’amène à une tentative objective de corruption d’un fonctionnaire du Fonds monétaire international, Alex Segura. Mal lui en a pris car le virus de la mauvaise gestion de Wade ne doit pas contaminer le fonctionnement de l’une des institutions de Brettons Wood Ce serait dévastateur pour les efforts de développement du monde à la solidarité organisée..
Sept éléments du bilan à faire de la gestion de Wade créent et développent la régression du pays.
Le premier en est l’échec dans le domaine de la sécurité. Un Etat qui fonctionne garantit la sécurité à chaque citoyenne, à chaque citoyen. C’est dans la conscience de cet élément de l’Etat de droit que Wade candidat à la présidence de la République en 2000 prétendait, présomptueux on le voit aujourd’hui, qu’il avait besoin de cent jours pour régler le problème de la rébellion et des violences dans le sud du pays. L’insécurité dans cette partie du pays et dans la capitale est aussi grave aujourd’hui qu’au début de la décennie qui s’achève. Des crimes de sang encore impunis font de chaque démocrate un œil vigilant et révolté qui regarde Caïn et réclame justice. Un étudiant assassiné, Balla Gaye, un sous-préfet, un président de Conseil régional assassinés, un représentant du chef de l’Etat dans le dossier des violences en Casamance assassiné ! Quelle est l’enquête sérieuse qui a été diligentée jusqu’ici et pour quel résultat ? Nous attendons toujours que justice soit faite. L’impunité et l’insécurité sont jusqu’ici des épreuves nationales dont des solutions sont urgemment attendues. Qu’est-ce qu’Abdoulaye Wade a-t-il fait de l’Etat protecteur du citoyen et garant de la justice ? Mérite-t-il de rester à la tête de l’Etat avec une telle incompétence ?
Comme deuxième élément de bilan s’agissant de la gestion du pays depuis 2000, il y a la pratique de l’informel et de la corruption. L’on ne construit pas un Etat organisé et qui fonctionne pour des objectifs d’intérêt général par des comportements informels. Les problèmes de la société d’aujourd’hui sont nombreux et complexes ; ils exigent l’organisation, la méthode et la rigueur.
Un chef d’Etat ne fait pas preuve de ce minimum de qualité de la démarche quand il est capable de nommer à un poste de responsabilité nationale une personne qu’il ne connaît pas, de multiplier les réaménagements et remaniements ministériels à un rythme qui gêne le travail, son organisation et sa planification, d’ignorer les techniciens, leurs études et leurs avis pour privilégier le spontanéisme et les effets d’annonce dans ses prises de décision..Un président de la République qui n’accorde pas de l’importance à l’ordre et à la discipline ne peut pas construire une pratique de soumission à la loi et au règlement afin d’établir un ordre rationnel fait d’organisation et de méthode. Wade ajoute à ces inconvénients les pratiques de la corruption qui vont de l’utilisation politicienne des audits aux spectacles de vénalité lors desquels une joute de superlatifs le célébrant est jouée par des visiteurs.
Leur exemple suscite la masse des demandes d’audience au chef de l’Etat par le biais des médias pour tous les problèmes urgents comme les inondations, malgré l’existence de services publics destinés à résoudre ces problèmes à résoudre par des moyens d’Etat. Il s’est créé le réflexe antidémocratique du recours au chef de l’Etat par-dessus la tête des chefs de service et des ministres. Un chef d’Etat qui crée de tels comportements détruit l’Etat au profit du pouvoir personnel, par la mise à l’écart de ce qui fait l’Etat.
Dans une république où tout fonctionne normalement ces conduites sont écartées par la culture démocratique et le respect, que s’impose le chef de l’Etat, des responsabilités des citoyens qui travaillent dans le cadre de leurs missions dans l’Etat. Y sont également écartées les pratiques de vassalisation de forces politiques aux conduites vénales, créées délibérément par le chef de l’Etat qui les entretient grâce aux moyens financiers que l’organisation des finances publiques lui donne. Mais l’argent de l’Etat ne doit pas servir à détruire la démocratie en permettant de faire un roi et ses courtisans prêts chacun à développer un discours vénal pour tenter de défendre l’indéfendable chaque fois. Par là Wade détruit la culture démocratique et véhicule l’idée que tout citoyen qui s’occupe de politique a son prix. Il ne contribue pas à établir l’Etat moderne solide de l’éthique de ses ressources humaines ; il détruit les valeurs.
Le troisième élément de bilan qui condamne la gestion d’Abdoulaye Wade au poste de président de la République, c’est l’Etat propriété personnelle incarné par un homme qui n’hésite pas à faire preuve de méchanceté à l’égard de ses compatriotes qu’il combat quand ils sont de hauts cadres au mérite personnel remarquable, occupant des positions prestigieuses sur le plan international. Moussa Touré aurait pu continuer de servir comme Commissaire à l’UEMOA. Wade n’a pas eu la générosité que dictait son devoir de défendre les intérêts du Sénégal à ce poste où le haut cadre sénégalais avait donné satisfaction aux autres chefs d’Etat. Mais Wade combat nos cadres en position prestigieuse sur le plan international. S’il le pouvait il aurait enlevé Jacques DIOUF qui fait du bon travail à la FAO où il contribue efficacement à faire réunir les moyens financiers de lutte contre la faim dans le monde.
Quant à ceux des autres hauts cadres sénégalais dont il devrait être fier en tant que chef de l’Etat, pour leur rayonnement international qui honore le Sénégal,, Amadou Mahtar MBOW ancien directeur général de l’UNESCO, et Moustapha NIASSE , acteur dynamique et discret dans la recherche par l’ONU des voies de la paix, de la construction de l’Etat et de la pratique de la bonne gouvernance au CONGO ex Zaïre , Wade ne les honore pas ; il les combat. Le second par la conspiration du silence sur ce qu’il fait en y associant autant qu’il peut d’autres cadres très compétents de chez nous, le premier par une agressivité sauvage depuis qu’il a accepté de présider les Assises nationales du Sénégal. Wade perd son temps et des chances de bonne réputation en tentant de faire voir en noir, par calomnie gratuite, le mandat d’Amadou Mahtar MBOW à la tête de l’UNESCO.
Amadou Mahtar MBOW a travaillé à ce poste avec une très ferme détermination pour les objectif s de progrès dans sa mission et pour cette raison son travail est un motif de fierté pour les Africains et les hommes de progrès dans le monde. L’ennemi des valeurs de son peuple, de ses ressources humaines brillantes et de l’éthique ne peut pas rester à la tête du Sénégal. Aura-t-il le courage de le reconnaître et de décider en conséquence, par un sursaut de sens de l’honneur ? C’est ce qu’il a de mieux à faire aujourd’hui.
Le fait constant de la pratique quasi mécanique de la diversion devant les urgences nationales et autres problèmes majeurs que sa gestion doit travailler à résoudre constitue le quatrième élément du bilan de Wade qui montre le caractère d’épreuve nationale de cette gestion. Par cette technique très au point, Wade veut ignorer, par exemple, l’exigence de lumière sur l’utilisation des finances publiques. Il se sert de la diversion pour refuser la soumission de tous, notamment de ceux qui gèrent des fonds publics, à la loi et au règlement. Les thèmes de diversion sont multiples.
Ainsi sa candidature déclarée pour l’élection présidentielle de 2012, le dialogue politique proposé après avoir échoué dans l’intimidation pour dissuader de participer aux Assises nationales, et qu’il conçoit comme une production d’images à son profit politique, par le spectacle qu’il souhaite. En réalité il rêve toujours de se donner une occasion de tenter de faire oublier les Assises nationales dont il a vainement tenté de dissuader tous ceux qu’il croyait capables d’avoir peur de lui et de ses méthodes, au point de pouvoir accepter de s’écarter de la voie nationale de réfléchir ensemble avec les démocrates et hommes de progrès pour l’intérêt supérieur du Sénégal.
Relève également de la diversion le ballon de sonde que constitue l’idée de suppression du second tour de l’élection présidentielle, une disposition constitutionnelle démocratique sans laquelle Abdoulaye Wade n’aurait pas été élu président de la République en 2000 face à un concurrent qui avait obtenu 41% des suffrages exprimés au premier tour. En usant de la diversion continue Abdoulaye Wade ne travaille pas ; il s’amuse. Il ne construit pas l’Etat de droit, il ne s’attaque pas aux urgences nationales. Il crée les conditions de la régression du pays et non du travail et du fonctionnement régulier des institutions.
L’amateurisme et l’autoritarisme dans le traitement des dossiers importants des secteurs de l’économie, de l’éducation et de la formation constituent une cinquième raison pour Abdoulaye Wade de procéder à une introspection honnête concluant à la décision de s’arrêter, au constat de son échec. Un chef d’Etat honnête a l’humilité de se concevoir comme un l’animateur d’une équipe, faisant travailler les compétences qu’il a choisies, pour tenter de résoudre les problèmes nationaux de développement. Il a un devoir d’écoute, de retenue et de décisions étudiées, c’est-à-dire tout le contraire de l’amateurisme avec lequel, par exemple, les chiffres de la Grande Offensive pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) ont été décidés et annoncés, alors que les services de l’agriculture comme des autres secteurs disposent de cadres compétents que la première sagesse d’une autorité comme le chef de l’Etat est de les écouter et de respecter leurs avis de scientifiques et de développeurs.
Apparaître brillant ne doit pas être le souci d’un chef d’Etat. Pour l’avoir ignoré, Wade a constaté le résultat : à l’effet d’annonce de la GOANA a suivi l’échec. L’aide qui aujourd’hui privilégie le petit producteur, les 78 milliards de francs CFA qui lui ont été consentis par les USA notamment, confirment la réalité de l’échec de l’amateurisme et de la précipitation. Quand on n’écoute pas les techniciens, c’est ce qui arrive le plus souvent. Un « monsieur je sais tout » à la tête de l’Etat est une prétention de fou du pouvoir.
Dans le secteur de l’éducation et de la formation c’est l’essoufflement : l’imprévoyance et ses conséquences que sont les sureffectifs dans les classes ainsi que l’insuffisance du nombre des enseignants, les impasses causées, dans la gestion au quotidien, par la réalité d’un trésor public excessivement sollicité et qui, pour cette raison, ne permet pas de s’acquitter régulièrement des paiements. L’incompétence dans la gestion de la croissance a détruit la qualité des prestations pédagogiques par les sureffectifs imposés. C’est un Etat qui développe les capacités d’accueil et forme des maîtres au rythme de la croissance de la demande en éducation, qui paye régulièrement et à temps les droits et prestations des personnels, qui est susceptible de créer par là les conditions de la qualité dans l’œuvre d’éducation et de formation. Les dépenses somptuaires et les prédations exercées sur le trésor public ne permettent pas à l’Etat de Wade de produire la qualité dans ce secteur.
Dans la santé le Sénégal aurait du avoir porté aujourd’hui le plateau technique de niveau national dans chaque hôpital régional Mais les mêmes handicaps qui éloignent la qualité dans l’éducation et de la formation frappent le secteur de la santé. Des compétences très élevées n’y ont pas les moyens de travail qu’exige leur métier. Cela coûte cher de rendre le trésor public exsangue. La prédation exercée sur les ressources publiques génère par ailleurs, dans tous les secteurs, des pertes d’emploi et développe le sous-emploi.
Mais le discours dans les médias du service public ne révèle pas ce visage du pays et de sa gestion actuelle. Au contraire la manipulation et la propagande électoraliste dans l’utilisation des médias du service public, sixième élément du bilan de Wade, tendent à créer l’image d’un Sénégal au travail et sans problème majeur. Si une telle image était réelle, notre pays, avec tous ses atouts serait déjà un pays émergent comme disent les économistes. Les chiffres dans la présentation des réalisations n’ont de sens que d’une part, comparés aux besoins urgents et, d’autre part, en considération de l’écart entre le coût réel et le coût déclaré de ces réalisations. L’écart entre la masse d’argent dépensée et le niveau de solution des problèmes nationaux constitue le grand scandale de la gestion de Wade qui a obstinément refusé le contrôle de gestion à l’ANOCI par une structure indépendante.
Comment en effet justifier que cinq milliards de francs CFA soit la facture d’un kilomètre de route construite ou élargie ? La régression est née du pillage des ressources financières du pays. Et les entrepreneurs honnêtes qui ne veulent pas entrer dans cette prédation à grande échelle, comme le courageux et patriote Bara TALL, sont combattu avec une hargne et un projet acharné de les détruire. Les milliers de familles que Bara TALL fait nourrir en donnant du travail à des milliers de nos compatriotes ne les retiennent pas : il faut tenter de détruire ceux qui refusent d’entrer dans le système. Faut-il que le pouvoir des prédateurs intolérants continue de diriger le Sénégal ? Il génère la régression. Le progrès n’est possible qu’après un tel pouvoir.
Enfin la perte de la crédibilité désormais, dans les relations extérieures de notre pays, est le fait de l’action de Wade président de la République. C’est le septième élément négatif du bilan de Wade à la tête de l’Etat
La gestion néfaste en matière de relations extérieures du Sénégal ne s’arrête pas à combattre les filles et fils du pays en position prestigieuse sur le plan international. C’est très lucide de lui refuser désormais toute crédibilité à la fois pour les problèmes intérieurs du Sénégal et nos relations internationales, notamment les relations avec les partenaires au développement. Le Sénégal est un pays aidé par la communauté internationale dans ses diverses composantes. Les raisons de l’inefficacité de cette aide importante apparaissent dans le scandale de la prédation et de la corruption. Tant que ces pratiques ne concernaient visiblement que les rapports de Wade avec ses concitoyens, il réussissait à en banaliser le scandale. Entretenir une cour de laudateurs politiques est devenu un phénomène ordinaire pendant la gestion du président démocratiquement élu, en première alternance à la tête de l’Etat depuis l’indépendance du pays.
Mais l’aventure de Wade président de la République aboutit à la perte totale de toute raison de crédibilité dans les relations extérieures du Sénégal. La gestion informelle et la corruption scandaleusement révélée par ce qui est à présent l’affaire Alex Segura, représant-résident du FMI en fin de mission au moment des faits, crée naturellement des devoirs de défiance, chez les partenaires au développement, à l’égard d’un chef d’Etat qui a gravement agressé les valeurs de gestion sur la base desquelles l’on fait travailler les fonctionnaires internationaux, notamment ceux du FMI. Le jeu de piège tendu à Segura et déjoué par un piège d’autodéfense, dans la réaction du fonctionnaire sans langue de bois, ne sont pas pour surprendre. En raison sans doute de la rigueur avec laquelle Segura travaillait Wade dit de l’homme qu’il « n’était pas un ami du Sénégal ». Le fait ne justifiait pas de lui donner de l’argent et de crier dans les médias qu’il a été pris avec beaucoup d’argent sur le chemin de son, en France et en Espagne.
Aujourd’hui les Sénégalais démocrates et honnêtes ainsi que la communauté des partenaires au développement ont le même intérêt objectif qu’une gestion soucieuse de l’éthique prenne le relais pour des relations de confiance mutuelle et des chances d’efficacité dans la contribution aux actions de développement. Le corrupteur est un danger pour les bonnes relations avec les partenaires au développement, ainsi que pour la sincérité des appréciations et avis sur les pratiques de gouvernance du pays assisté, notamment par le FMI. Wade ne peut plus se défendre de la perte de crédibilité s’agissant de l’utilisation de l’aide dans toutes ses formes au Sénégal, surtout qu’après le scandale du Seguragate sa mouvance continue le mauvais jeu de désinformation en affirmant que Segura quittant le Sénégal en fin de mission n’était plus d’aucune utilité et qu’il n’y avait donc pas intérêt à le corrompre. Il est temps de se réconcilier avec la vérité et de ne plus prendre les Sénégalais pour ce qu’ils ne sont pas. C’est peut-être dur à constater, mais ils ne sont pas naïfs aujourd’hui. Ils ont beaucoup souffert depuis 2000. Comprendre tout cela serait, de la part de Wade, le début de l’introspection et la raison d’une décision que l’éthique et le sens de l’honneur attendent.
Le départ d’Abdoulaye Wade pour que le Sénégal soit gouverné autrement que par son régime n’est pas un problème de technique institutionnelle. Il est simpliste de considérer le problème sous l’angle de la légalité à laquelle d’ailleurs l’on peut opposer la légitimité. L’opposition ne lui a jamais reconnu la victoire à l’élection présidentielle de 2007. Il s’est imposé grâce à sa position de pouvoir et à un contrôle politique du fichier électoral maintenu dans un état qui lui permettait de faire déclarer des résultats à sa convenance. Le problème est plutôt de culture démocratique, de dignité individuelle dans l’exercice du pouvoir, du sens de l’honneur et du souci de l’éthique dans la vie publique
C’est pourquoi il est une démarche d’invitation à l’éthique, au sens de l’honneur et au réalisme dans la gestion des relations internationales que de clarifier les raisons objectives qu’il y a aujourd’hui pour un départ volontaire de Wade qui a commis une faute aux effets dévastateurs pour son pouvoir : l’échec dans la gestion des affaires publiques et l’agression particulièrement grave des valeurs au moyen desquelles la communauté internationale s’efforce d’organiser le monde et de réaliser ensemble avec les Etats la mise en place de la bonne gouvernance qui utilise au mieux les ressources de l’Etat et tend à réaliser le développement. Wade n’est plus crédible sur ce plan et sur le plan national sénégalais il agresse également et plus quotidiennement les valeurs de solidarité, de justice et de générosité pour ceux qui travaillent, et doivent bénéficier de leur mérite personnel, à des postes internationaux, comme d’ailleurs nationaux. Le chef de l’Etat qui montre de la méchanceté et combat les filles et fils du pays qui brillent par leur mérite personnel sur le plan international, est aussi dangereux que le corrupteur de fonctionnaire international. Il ne mérite plus de rester à la tête de l’Etat.
L’intérêt majeur du pays est plus important que son attachement à son fauteuil où il a été mis en 2000 pour réaliser des progrès, fondés sur la bonne gouvernance, dans l’édification de l’Etat de droit, les bonnes relations internationales faites d’efforts pour organiser un monde de paix, de travail productif, de justice et de solidarité. Wade a échoué. Il ne faut pas que son attachement au pouvoir continue de développer la régression du Sénégal. Wade doit partir parce que c’est désormais l’intérêt du Sénégal. A-t-il le sens de l’honneur et la lucidité susceptibles de lui faire voir la réalité et préférer enfin la fin des souffrances des Sénégalais à son fauteuil ? Il a encore la possibilité de le prouver. Il ne s’agit pas de le supplier ; il est clair qu’il est inutile au Sénégal aujourd’hui. Wade doit partir pour le bien du Sénégal !
Ku bêreey daan !
Madior DIOUF
Secrétaire général du RND.