de l'Alternance
La dure réalité aujourd’hui est que le monde traverse une situation de plus en plus difficile :
. La Banque Mondiale , le FMI et l’OCDE ont déjà averti qu’une crise financière sans précédant guette le monde.
.La FAO prévoit un déficit céréalier très accru pour les pays africains.
.Les Français prédisent des pénuries de Gasoil et de riz au Sénégal qui peuvent déboucher sur des émeutes. Tableau sombre s’il en est, qui appellent à mon avis, une synergie visant à œuvrer pour la paix et à taire nos divergences.
Œuvrons à éviter à notre jeune nation, des lendemains de déchirements et d’angoisse, en posant des actes fédérateurs et constructifs.
Le sit-in contre l’augmentation vertigineuse des prix des denrées de première nécessité:réprimer le peuple et arrêter des manifestants : la règle sur le ciel bleu azur de l’Alternance dans un nuage de lacrymogène
Les manifestations ont fini de donner l’exacte mesure du degré de bouillonnement de la marmite sociale où le trop-plein de frustrations déborde du fameux cadre sociologique sénégalais
Ce sont les chevaux qui connaissent le mieux leurs cavaliers
Que valent les chevaux de race, si ceux qui les montent sont sans noblesse
« La Génération du concret » c’est tout sauf du concret…
Il n’est pas rare de nos jours de voir des opportunistes qui sortent d’on ne sait où ; chanter les louanges du duo « concrétistes » pour disent_ils ce nouveau visage qu’ils ont donné à notre capitale en particulier sur sa corniche ouest avec des hôtels de luxe, des échangeurs et quoi d’autres encore… En effet à titre personnel la question que je ne cesse de me poser est de savoir qu’ont_ils (Karim, Baldé et ces autres « concrétistes ») de mieux que nous autres Sénégalais ? …AH si ce n’est qu’ils sont prétentieux et stupides car en effet le pays a besoin de tout sauf d’opportunistes qui exécutent des projets éléphantesques sans réel effet sur le vécu quotidien des Sénégalais. A vos cerveaux… Chers amis un pont est supposer permettre une utilisation rationnelle du peu d’espace dont on dispose .Avec eux ;faites un tour à l’ex place OMVS et vous verrez qu’ils n’ont fait qu’y ériger un monstre en ciment qui a bouffé tout l’espace et une partie des rues qui y etaient. Pour ce qui est de la corniche ; saviez vous que ces milliards ne sont investis que sur une longueur de 10km seulement qui de surcroît n’est fréquenter régulièrement que par moins de 2°/° de la population dakaroise en l’occurrence ces nouveaux riches de l’alternoce des Almadies. Alors qu’une enquête récente vient de montrer que 20°/° de nos « riches » se partage 75°/° des avoirs du pays alors que 20°/° de pauvres se partage seulement 13°/° des ressources du pays. En effets ces investissements routiers sur cette corniche et ailleurs qu’apporteront_ils à nous autres qui passons des heures à « Bountou Pikine », Poste Thiaroye … Par conséquent le concret ne saurait en aucun cas contribuer à accroître les inégalités entre citoyens Par contre le concret ce sont ces actes qui peuvent contribuer à amélioré sensiblement les conditions de vie de la plus grande majorités des populations Le concret c’est tout sauf le culte de l’insolence et la consécration de l’arrogance. Le concret, c’est des valeurs, des idéaux et des principes qui s’inscrivent en faux contre l’opportunisme et la mesquinerie. Le concret n’est il pas dans le fait de restaurer la justice sociale en rendant à l’homme sa nature divine ? Le concret ne serait il pas donner la liberté à l’esclave, le savoir à l’ignorant, la santé aux malade, le bien être aux pauvres et aux malheureux, à la société la justice et la paix ? Alors chers Karim, Baldé, Cheikh Diallo, Yaya Sakho et autres arrêtez d’insulter l’intelligence des sénégalais. Arrêtez avec ces histoires de Génération du concret qui n’est qu’un instrument permettant aux Wades,Wadaillons et autres Troubadours de continuer à sucer le sang de ces millions de sénégalais qui ont beaucoup trop souffert en huit ans dans un pays qui bat aujourd’hui les records de l’inflation. Et nous autres pris entre les mailles des filets du désespoir et de la désillusion sachons que l’avenir on a pas à le prévoir mais on a qu’à le permettre. Par conséquent il est grand temps pour nous de faire émerger une nouvelle citoyenneté : celle la du don de soi pour l’épanouissement du peuple sénégalais, celle la fondé sur la justice et la paix .Et si vraiment nous aimons le Sénégal, retenons que le sacrifice est le plus grands des preuves d’amour, car il n’apparaît à mes yeux aucune autre perspectives si ce n’est précipiter le départ de wade pour limiter les dégâts et amortir le choc… Peut être souligné que le seul service que ces concrétistes peuvent rendre au Sénégalais c’est de nous dire comment ces centaines de milliards ont été utilisées et la seulement ils seront en mesure de rêver…
SENEGAL-POLITIQUE-GESTION
Abdoulaye Baldé : "Le pays ne se fera pas sans la Génération du concret"
dimanche 24 février 2008
NETTALI - « Le pays ne se fera pas sans la ‘’Génération du concret’’ », a affirmé le secrétaire général de la présidence de la République , Abdoulaye Baldé, ce dimanche matin à l’émission hebdomadaire « Grand jury » de la Radio futurs médias (Rfm) de Dakar.
Selon le directeur exécutif de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci), la fin du travail d’organisation matérielle du sommet des 13 et 14 mars prochain ne signifie pas le terme du « mouvement citoyen d’action publique ». Lequel a comme leader Karim Wade, ci-devant président de l’Anoci et fils du chef de l’Etat Abdoulaye Wade.
A en croire Abdoulaye Baldé, la « Génération du concret » compte dans sa base de données « plus d’un million de personnes au Sénégal et dans la diaspora » en train de réfléchir sur les contours de « la philosophie participative » dudit mouvement. L’invité de Rfm, par ailleurs prétendant à la mairie de Ziguinchor à la place de Robert Sagna, indique que la Génération du concret se positionne pour l’après Abdoulaye Wade.
« Nous sommes toujours en route vers le sommet », a dit M. Baldé, confirmant à n’en plus douter l’ambition de Karim Wade de succéder à son père à la tête de la présidence de la République.
M. Baldé a annoncé que « l’Anoci va disparaître » après le sommet, alors que des sources proches du pouvoir confient que la structure va muer en un organe à compétence de réaliser des infrastructures dans l’ensemble du pays.
Une hyène sous une peau de chèvre
Chaque dirigeant sait comment manipuler son peuple. Machiavel disait qu’un prince doit être aimé et craint, «mais comme il est difficile d’accorder les deux, il est bien plus sûr d’être craint qu’aimé, si l’on devait se passer de l’un d’eux». Des dictateurs sanguinaires sont restés au pouvoir grâce à la tyrannie, la terreur. Des massacres, des pendaisons sur les places publiques ou dans des cours d’écoles, des exécutions pour un rien, des arrestations arbitraires, la torture… Cela se fait encore dans certains endroits, mais avec la mondialisation de la «démocratie», d’autres méthodes sont usitées puisque les rois actuels ne sont ni aimés ni craints et les électeurs sont censés détenir le pouvoir. Aux Etats-Unis, depuis le fameux 11 septembre attribué à Ben Laden sans preuve tangible, Bush se sert du Saoudien comme épouvantail pour apeurer son peuple, se la couler douce et même se faire réélire. A chaque fois qu’il est en difficulté, on sort une cassette de Ben Laden (sans doute mort ou hors d’état de nuire) qui profère des menaces, et les citoyens se rangent derrière leur protecteur attitré. La dernière a eu lieu, il y a quelques jours, le 19 mars 2008, cinquième anniversaire de l’invasion d’Irak. Alors que les Américains manifestaient dans les rues pour exprimer leur ras-le-bol de cette guerre absurde fondée sur le mensonge, on diffusa une nouvelle cassette de Ben Laden exhortant les musulmans à soutenir l’insurrection irakienne… Ça marche à tous les coups. Les services de renseignements affirment que la voix est authentique et les gens, du moins une bonne partie, y croient.
Au Sénégal, il n’y a pas eu de 11 septembre et les masses populaires ont une autre mentalité. Wade n’a pas besoin de Ben Laden pour justifier ses actes. Il fut aimé, mais il ne l’est plus et il le sait. Aussi, même si on le soupçonne ou l’accuse d’être commanditaire de certains meurtres ou de quelques coups de marteau, il n’est craint que par ceux qui dépendent de lui pour dilapider les biens du pays et s’enrichir à outrance. Il n’est ni aimé ni craint et pourtant il est indétrônable. Comment expliquer cela ? C’est simple. Il se dit qu’il dirige des moutons et peut donc tout se permettre. Le peuple dort et l’opposition est si molle qu’elle devient inexistante. Alors, pourquoi se gêner ? Ayant le pouvoir et l’argent, Wade écarte tous ceux qui peuvent le déranger dans ses manœuvres et achète tous les opportunistes qui ne croient qu’à leur profit personnel et immédiat. Il s’est approprié les caisses de l’Etat et en fait ce qu’il veut. Après avoir gaspillé des dizaines de milliards de nos francs pour réfectionner son avion, il s’en offre un nouveau et nous jette enfin un bateau pour remplacer le Joola, ce qui lui donnera la décence d’exhiber son joujou estimé à 50 milliards. Sa démocratie n’est qu’une peau de chèvre dont une hyène se recouvre et entre dans un troupeau d’ovins en disant : «Vous devez me regardez comme une chèvre et me laisser vous dévorer comme si de rien n’était.» Le pouvoir exécutif, c’est Wade, le pouvoir législatif, c’est Wade, le pouvoir judiciaire, c’est encore Wade qui a aussi réussi à mettre le pouvoir spirituel dans sa poche. Sa seule frustration est de ne pouvoir contrôler la presse privée qu’il combat avec acharnement tout en déclarant le contraire. Et avec ça, le peuple et l’opposition veulent continuer à croire à sa démocratie. «Force est à la Loi », disent-ils. Ne voient-il pas que la Loi , c’est Abdoulaye Wade ? Ils regardent la peau de chèvre et s’efforcent d’ignorer qu’il y a une hyène en dessous. C’est le comble. Continuez à respecter cette Loi et vous verrez où cela vous mènera. Vous voulez organiser des marches, Wade vous l’interdit par le biais de ses pions que sont les préfets, vous respectez la Loi. Il reporte les élections jusqu’au moment qui l’arrange, vous respectez la loi. Continuez ainsi, vous verrez bientôt.
Aujourd’hui, tout le monde parle de sa succession par son fils et beaucoup disent : «Non, ça ne passera pas.» Laissez-moi rire. Wade sait qu’il peut, demain, faire voter une Loi faisant de Karim son successeur et vous n’y pourrez rien. Vous continuerez à respectez la loi. S’il ne le fait pas, c’est juste parce qu’il tient à son image, sa réputation à travers le monde. Sa mégalomanie et sa voracité immodérée pour les compliments et les honneurs ne lui permettent pas de se ranger dans la classe des Eyadema, Mobutu et autres. Il veut sortir par la grande porte, être cité auprès des Mandela, Gandhi, De Gaule, Senghor, Churchill, Roosevelt... Il a donc choisi une autre méthode. Il a fait de son fils l’homme le plus puissant du pays, après lui, bien entendu. Vous regardez et vous laissez faire parce que vous n’y pouvez rien. Il lui confie des centaines de milliards que lui seul contrôle, vous n’y pouvez rien. Il l’introduit auprès des marabouts, des princes et des leaders de ce monde. Vous n’y pouvez rien. Il le laisse créer un mouvement que doit soutenir tout membre du gouvernement qui veut garder sa place. Vous n’y pouvez rien. Et quiconque, dans son entourage, est soupçonné d’avoir des ambitions présidentielles, il lui met des bâtons dans les roues. Vous regardez, impuissants. On entend des «Oui, mais Karim n’a jamais dit qu’il veut le pouvoir». Continuez à dormir. Quand il le dira, il aura déjà la main dessus. Maintenant que le sommet de l’Oci est achevé, certains sortent de leur torpeur pour demander des comptes. Trop tard. Le train est passé depuis longtemps.
Tout en disant, pour la forme, qu’il attend la décision de son papa, Karim déclare qu’il lui reste 205 millions d’euros (plus de 134 milliards de nos francs), et laisse entendre qu’il envisage de continuer ses travaux pendant au moins un an. Le lendemain, son bras droit, Abdoulaye Baldé annonce qu’il leur reste 97 (parfois, il dit 73) milliards pour «des projets nouveaux qui vont démarrer dans les mois à venir». C’est clair, mais ils feraient quand même mieux d’accorder leurs violons. De toute façon ils sortiront les chiffres qu’ils voudront et nul n’y pourra rien. Qui sait combien ils ont reçu et dépensé ? Même pas le Conseil de Surveillance. Ils sortent déjà des arguments à la Idrissa Seck : «Nous ne sommes ni ordonnateur, ni administrateur, ni comptable de l’argent.» Et ça risque d’être ainsi «jusqu’à l’extinction du soleil». Imaginez-vous la Dic effectuer des descentes dans leurs bureaux et maisons pour confisquer leurs ordinateurs et vérifier leurs comptes bancaires au Sénégal et à l’étranger ? Faut pas rêver. A quoi bon auditer l’Anoci quand on sait que Karim va continuer ses travaux jusqu’à son arrivée au sommet et aura toujours des centaines de milliards de francs incontrôlables à sa disposition ? Même s’il vide le trésor public, qui osera le dénoncer ? Tant qu’il sera protégé par le roi et sa loi, rien ne lui sera reproché et rien ne pourra lui arriver. La mal gouvernance est criarde.
Sénégalais, réveillez-vous. Vous dites que Karim que n’a pas combattu comme vous pour mettre son père au pouvoir. Huit ans après l’alternance, un énergumène comme Farba Senghor raconte que Karim s’était battu, mais… dans l’ombre. Et tout naturellement, beaucoup vont le croire. Que c’est facile ! Ceux qui se sont battus, nous les connaissons, pas besoin de fabriquer des légendes. Mais nous aimons croire ce qu’on nous dit et en cela nous sommes pires que des moutons. Même quand Wade est hué devant des centaines de personnes, d’aucuns trouvent le moyen de nier les faits et s’en prennent aux journalistes qui les ont rapportés.
Citoyens, il ne nous reste plus qu’à prendre nos responsabilités les plus judicieuses pour montrer que nous ne sommes pas des moutons et qu’une hyène ne nous trompe pas avec une peau de chèvre.
Bathie Ngoye THIAM - www.bathiengoye.net
Chantiers de Thiès-Chantiers de l’Anoci : Etude comparative de deux projets à polémiques sous Wade
Les chantiers de l’Anoci, initiés pour les besoins de l’organisation du sommet de l’Oci qui s’est déroulé du 8 au 14 mars à Dakar, empruntent, pratiquement, les mêmes contours que les chantiers de Thiès. A mi-parcours d’une exécution, déjà des voix s’élèvent pour réclamer la lumière sur cette affaire. La seule différence, en ce qui concerne les chantiers de Thiès est que, pour ce qui est des chantiers de l’Anoci, la voix accusatrice est devenue celle disculpatrice qui s’attaque aux accusateurs classés au rang de personnes gagnées par la jalousie contre un fils qui sait tout faire, sans arriver à en administrer la moindre preuve, malgré les moyens mis à sa disposition. Pourtant, en comparant les deux projets, il est aisé de réclamer, au moins, le même traitement juridique et politique tant les chantiers de l’Anoci ont supplanté ceux de Thiès en termes d’indices de culpabilité fixés par Wade et qui l’avaient poussé à attraire l’ancien Premier ministre Idrissa Seck devant la justice.
Sur les sommes mobilisées
Un montant de 376 milliards a été mobilisé d’après Baldé pour la réalisation des chantiers de l’Anoci. Un montant faramineux devant les 40 milliards utilisés à Thiès. Mais l’impact des chantiers sur le vécu des populations ne semble pas accroître, compte tenu des sommes injectées.
Les chantiers de Thiès ont permis de doter une ville d’infrastructures routières, hôtelières, sportives, de santé, la viabilisation d’espaces pour l’habitation… posant ainsi les jalons de l’émergence d’une nouvelle zone de développement économique. D’ailleurs, ces dernières années, Thiès a enregistré une importante présence de structures bancaires, d’assurances et de services, sans compter la présence d’écoles de formation d’excellence qui n’étaient présentes qu’à Dakar. Il s’y ajoute que beaucoup de Sénégalais quittent la capitale pour venir s’installer dans la nouvelle ville.
Parallèlement aux chantiers de Thiès, ceux de l’Anoci qui avaient pour ambition de faciliter la mobilité urbaine, a finalement réussi à implanter du nouveau sans trop influer sur cette mobilité. A l’heure de la descente, la même queue habituelle se dessine malgré l’ouverture des infrastructures à l’usage des automobiles. A Soumbédioune, au niveau de l’avenue Cheikh Anta Diop, à hauteur de poste Fann, sur la route de Ouakam, à hauteur de la Foire …, ce sont les mêmes difficultés avec une légère amélioration. Et pourtant, des sommes colossales ont été utilisées pour faciliter la mobilité urbaine.
Il s’agit, entre autres, de la construction d’un tunnel à 9,8 milliards pour juste avoir la sensation de rouler plus bas sous terre sur une longueur de 300 mètres . Soit le prix d’une dizaine de centres de santé équipés permettant de réduire la mortalité infantile faute de structure de santé de proximité. Un tunnel qui s’apparente à un manège format adulte avec des risques d’infiltration d’eau qui ont fait qu’il a été fermé seulement quelques jours après son ouverture. Il s’agit également de la somme de 17 milliards puisés du Trésor et injectés dans les travaux. A cela s’ajoute près de 16 milliards de budget de fonctionnement, soit un total de près de 32 milliards puisés du Trésor, pour des travaux qui étaient censés être financés gratuitement par des ‘amis’ étrangers. Une entorse à la vérité qui pénalise les entreprises nationales, incapables de recouvrer leurs créances, mais également incite l’Etat à puiser sur les maigres ressources des contribuables sous formes de taxes pour combler le vide pour pouvoir assurer son fonctionnement.
A ces sommes s’ajoute un prêt de 132 milliards si nous nous basons sur les chiffres fournis par le directeur exécutif de l’Anoci, Abdoulaye Baldé (1) en défalquant du montant global mobilisé, l’investissement des promoteurs privés, les dons des Etats membres et la contribution de l’Etat du Sénégal (376 -(180 (privés)+31 (dons)+17 (Etat-routes)+ 16 (Etat-Fonctionnement). Un prêt auquel les populations concernées par le projet sectaire vont contribuer à son paiement, mais ils y seront aidés par le paysan du Baol qui a des problèmes de semences non encore satisfaits, le jeune chômeur de la banlieue qui n’a pas de quoi acheter son thé, le jeune cadre qui a des difficultés de joindre les deux bouts avec un salaire de misère face à la hausse faramineuse des prix des denrées de première nécessité. En plus, ils n’auront même pas le droit de savoir d’où est entré leur l’argent, car ceux qui ont contracté cette dette à leur nom, ont déjà déclaré qu’ils ne sont pas concernés par leur utilisation et ne peuvent donc pas y répondre.
Sur la gestion des Chantiers
En ce qui concerne la gestion des chantiers, il faut relever que ceux de Thiès ont emprunté le circuit étatique impliquant toutes les structures qui participent à l’exécution normale des chantiers de l’Etat. C’est ainsi qu’après la décision du chef de l’Etat de fêter l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale à Thiès, un Comité régional de développement (Crd) s’est tenu le 28 mai 2003 à la gouvernance de Thiès en présence des ministres concernés par les travaux et présidé par Macky Sall en sa qualité, à l’époque, de ministre de l’Intérieur. C’est à cette occasion que la matrice d’action ’Thiès indépendance 2004’ a été présentée. Devant l’impossibilité de fournir à temps les ressources financières nécessaires prévues dans le budget de 2004 et qui ne devaient être disponibles qu’en début 2004 alors que la fête était prévue pour le 4 avril, il a été retenu lors de ce Crd, de confier l’exécution des travaux au Pcrpe, de mettre en place un comité de pilotage présidé par le ministre de l’Intérieur, de faire préfinancer les travaux par les entreprises, au terme d’une présélection.
Contrairement aux chantiers de Thiès, ceux de l’Anoci ont été exécutés en dehors du circuit étatique et diligentés par le fils de Wade qui fait office de président de l’agence. Le contrôle des comptes a été confié, on ne sait par quel procédé, à un cabinet international (Compagnie internationale de conseil et d’expertise (Cice) choisi et payé par la structure qui est sensée être contrôlée. Une commission dite commission des marchés de l’Anoci a été chargée de choisir aussi bien les bureaux d’études que les entreprises qui ont exécuté les travaux.
Des structures mises sur pied, inconnues de la nomenclature étatique, ont été taillées sur mesure pour accompagner le fils du président dans sa mission. Même si, d’après le directeur exécutif de l’agence, M. Baldé, ’l’Aatr, le ministère des Finances et des technicien siègent dans la commission des marchés’ (2) sans préciser leur degré d’implication. Il faut noter également que de la même manière, la société civile siège au niveau du Conseil de surveillance de l’Anoci sans influer sur la conduite des opérations parce que mise en minorité. C’est le cas, notamment, de l’adoption a posteriori du budget de 2008 déjà consommé à hauteur de 28 %, dépensé sans aucun contrôle et validé par le Conseil de surveillance de l’Anoci malgré les réticence des membres de la société civile.
Deux poids deux mesures
Avec les chantiers de Thiès, un Premier ministre a été emprisonné pendant sept longs mois sur accusation de Wade, tout en sachant d’avance qu’il n’était ni ordonnateur des dépenses ni administrateur des crédits et sans montrer, par la suite, la moindre preuve, impliquant une responsabilité pénale quelconque de sa part. Ce qui n’empêche pas à Wade de faire de ces chantiers une épée de Damoclès suspendu sur la tête de son ancien Premier ministre. Avec les chantiers de l’Anoci, les Sénégalais ont assisté à une tentative de disculpation de la part du président de la République d’un fils biologique en mettant en avant l’argument selon lequel, il n’est ni ordonnateur des dépenses ni administrateurs des crédits.
En essayant de disculper Karim Wade tout en utilisant les mêmes arguments auxquels Idrissa Seck s’est prévalu pour démontrer son innocence dans l’affaire des chantiers de Thiès, Wade-père est en train de montrer à la face du monde qu’il s’est acharné sur Idrissa Seck pour des raisons politiques.
Aujourd’hui, il cherche à protéger son fils et, par ricochet, la tranquillité de sa famille, en mettant en avant les arguments qu’il pouvait opposer à lui-même et arrêter sa machine à injustice contre Idrissa Seck. Encore que ce dernier qui n’était ni ordonnateur des dépenses ni administrateur du crédit n’a jamais géré un budget de fonctionnement comme c’est le cas avec l’Anoci pour un montant de près 16 milliards. Idy n’a également pas été responsable d’une structure qui était maître d’ouvrage et n’a pas négocié de prêts ni reçu des dons, encore moins contribué à l’octroi à des investisseurs privés de 10 hectares de terre (de la corniche aux Mamelles) constituant une partie du domaine maritime d’une valeur estimée à 300 milliards (3) pour un investissement de 180 milliards sans une participation de l’Etat au capital ou au partage des bénéfices que les différents projets vont générer. Des privés étrangers (Sea Plazza, Sci Etoile, le groupe Al karafi…) qui ont investi le secteur de l’hôtellerie avec la facilitation et la bénédiction de l’Anoci, sans réussir à héberger un seul hôte lors du sommet de l’Oci.
A n’en pas douter, il y a deux poids deux mesures concernant ces deux chantiers. Et ceci pour une seule et simple raison : l’un des chantiers a été diligenté par le fils biologique du président de la République et l’autre par un Sénégalais lambda qui s’était présenté comme un adversaire politique gênant pour un président qui prône une dévolution monarchique du pouvoir.
La question qui mérite d’être posée est de savoir pour combien de temps, le fils de Wade sera-t-il protégé ? Wade le souhaite certainement, pour toujours et s’emploie à étoffer et à pérenniser son bouclier. Mais ce qu’il semble oublier est que nul n’est éternel. En voulant guider les pas de son fils vers le sommet, Wade a eu tort de lui tracer un chemin parsemé d’espèces sonnantes et trébuchantes à la saveur publique.
Fatou DIOP fatouivon@yahoo.fr
(1) - Pop, l’As, l’Obs du 21 mars 2008
(2) - Pop du 21 mars 2008
(3) - Le courrier du 3 mars 2008
ENTRETIEN AVEC… Bakary Badiane, président des parents d’élèves et étudiants du Sénégal sur la crise scolaire : «Les enseignants sont responsables»
L’éducation nationale bat de l’aile. Depuis quelques années, elle est perturbée par une série de grèves. Cette crise qui secouait au début les cycles primaire, moyen et secondaire a aussi élargi ses tentacules à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, où l’on craint une année blanche. Le président de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (Fenapees), Bakary Badiane, appelle le gouvernement, les enseignants et les étudiants à faire preuve de dépassement pour sauver l’année en cours.
Aujourd’hui, une partie des enseignants est en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail. L’éducation nationale est mise à mal par une série de perturbations. Quelle appréciation faîtes-vous de cette situation ?
C’est une situation regrettable. Nous sommes des parents d’élèves et nous représentons l’ensemble des parents d’élèves du Sénégal. Nous sommes là pour la défense des intérêts de nos enfants, de l’école. Il arrivera des moments où nous serons obligés de parler des intérêts des enseignants. La paix scolaire n’a pas de prix. C’est dans la paix que l’on peut construire. Nous avons pensé déjà que le quantum horaire, qui est normalement de 700 heures, n’est jamais atteint, compte tenu des nombreuses fêtes, des congés, des absences régulières. S’y ajoutent maintenant des grèves répétitives, des débrayages à partir de 10 heures laissant nos enfants dans des situations incertaines, très grave parfois, des grèves totales et cela depuis octobre.
Quand vous comptez le nombre de jours de débrayages, parce que ce sont des jours de grèves, il ne vous restera absolument rien. Alors qu’un enseignant, ce n’est pas comme le commis d’administration qui, quand il n’a pas fini son travail, le laisse là et, demain, il le reprend et continue. L’enseignant, ce n’est pas comme tel. Il a un programme mensuel, un programme annuel. C’est sur la base de ce qu’il va faire que l’enfant va être évalué. Quand le quantum horaire est sérieusement atteint par la crise comme il l’est en ce moment, il n’y a pas beaucoup de jours de travail. L’année dernière, nous avons compté dans certaines régions moins de 500 heures de cours. Imaginez ça sur 700 heures. Est-ce qu’on peut rattraper le temps perdu ? C’est la question que l’on se pose. Nous pensons que le temps perdu en matière d’enseignement ne peut pas se rattraper. Déjà 700 heures, ce n’est pas suffisant. Les pays développés ont jusqu’à 900 000 heures. Ce qui se passe actuellement ne peut pas plaire aux parents d’élèves. Pourquoi des enfants qui ont un droit à étudier ne le peuvent pas ? Et, nous qui payons les inscriptions, les fournitures, le transport, les habits. En retour, nous voulons les voir en classe. S’ils doivent être dans la rue ou s’ils doivent être dans les maisons, qui perd dans cette histoire là ? Peut-être que les enseignants ne perdent pas, parce que quand ils font la grève, ils sont payés. Je ne vois pas ce qu’ils perdent. S’ils ont eu satisfaction, ils gagnent combien de fois. Alors que nos enfants n’ont absolument rien à gagner. Au contraire, ils perdent.
Cela a même des conséquences sur le niveau des élèves…
(Il coupe). Bien sûr. Les enfants vont arriver à des diplômes qui ne seront pas de bons diplômes. Alors, c’est peut-être le hasard qui fera que tel va réussir. Donc, ça se ressent au niveau des Universités quand ils feront des études supérieures. L’enfant arrive bien avec son parchemin, mais sans connaissance. Nous voulons des têtes bien faites. Mais pour des têtes bien faites, il faut qu’on respecte les programmes. Il faut que les matières qui sont retenues soient enseignées. Il faut que les enseignants soient en classe et s’occupent de leurs élèves.
Donc, les syndicats d’enseignants ne devraient pas aller en grève…
Cela ne veut pas dire que les syndicats ne doivent pas aller en grève. Mais, nous pensons que la grève doit être l’arme ultime. C’est-à-dire quand on a utilisé toutes les cartouches, à ce moment là on peut aller en grève. Quand il n’y a plus rien. Nous avons remarqué, parfois, que ce sont des points de revendications qui n’invitent pas à une grève. Par exemple, quand les syndicalistes disent qu’il faut que le gouvernement ouvre les négociations sinon ils ne reprennent pas les classes, voilà une condition. Mais, le gouvernement a son emploi du temps. Encore que ces problèmes sont d’ordre pédagogique et social. Donc, concernent directement les ministres de l’Education, de la Fonction publique et de l’Habitat. Il faut une concertation du gouvernement pour pouvoir répondre à leur plate-forme revendicative.
Comment appréciez-vous , donc, la plate-forme revendicative des enseignants ?
Nous, parents d’élèves, nous n’avons pas à juger leurs points de revendications. Mais nous avons à juger des comportements et nous disons que, parfois, trop, c’est trop. Chaque chose à son temps et un peu de patience pour permettre à ce qu’on règle ces problèmes là. Moi, je fus un enseignant, quand nous faisions nos grèves il y avait au moins quatre ou cinq points de revendications et quand on obtenait satisfaction sur trois points, on arrêtait pour sauver l’année et aider nos enfants. Les deux autres points qui restaient, on les gardait pour une autre période. Ces deux points reviennent avec d’autres points de revendications. C’est ce que nous faisions.
Mais le tout ou rien, nous pensons que ça c’est mener une bagarre qui n’a pas son nom. Contre qui ? Si c’est contre le gouvernement, où est l’enfant dans tout cela. Nous avons l’impression que le gouvernement comme les syndicalistes ne pensent pas du tout à l’intérêt de nos enfants. Et, c’est pourquoi nous les invitons à se rencontrer le plus rapidement possible. Nous avons fait ce que nous devons faire. Nous avons écrit, nous avons parlé et on n’a l’impression qu’on ne nous écoute pas. Nous invitons les deux parties à se retrouver, discuter et arrêter cette grève, avant qu’il ne soit trop tard. Les enseignants se sont mis en grève. Mais si durant tout le mois de mars, ils n’enseignent pas, qu’est-ce qui restera de l’année ? Avril et mai puis que juin c’est la période des examens. Ils vont faire leurs examens sur quoi ? Abso-lument rien.
Alors, si on va vers une année blanche, ce sera la catastrophe. Une année blanche, c’est la catastrophe pour le pays, les enseignants et les élèves. Moi, quand j’enseignais je voulais voir mes enfants réussir. Et, pour réussir, je travaillais beaucoup, même pendant les jours fériés. Je connais des enseignants qui cherchaient à la veille des examens des marabouts pour leurs élèves. Et, je le dis à haute voix, pour qu’il y ait de bons résultats.
Où situez vous les parts de responsabilité de chacune des différentes parties concernées par cette crise ?
Nous avons rencontré l’Intersyndicale à plusieurs reprises. Nous les avons écoutés, nous avons pris connaissance de leurs doléances et nous nous sommes retournés vers l’Etat, nous avons dit : «Voilà les doléances des enseignants, recevez les, discutez. A l’impossible nul n’est tenu. Dites ce que vous pouvez faire et ce que vous ne pouvez pas faire.»
Aux enseignants, nous n’avons pas manqué de leur dire de nous donner un petit moment pour que nous puissions discuter avec le gouvernement de la faisabilité de la chose. Mais, ils ne nous ont jamais suivi sur ce plan. Nous leur avons demandé une trêve pour nous permettre de le faire, en tant que médiateurs, et ils ne l’ont jamais fait.
Quand les enseignants rencontrent le gouvernement nous ne sommes pas présents alors que nous sommes des médiateurs. Notre action est une action de prévention, de médiation, de suivi. Et, on ne peut suivre que lorsqu’on sait. On ne peut intervenir que lorsqu’on sait. A un moment donné, nous disons aux enseignants que quand même quelque chose a été fait et il faut le reconnaître. Compte tenu de cela, on devrait arrêter un peu et attendre une autre période. Quand je dis que quelque chose a été fait, je parle du problème de l’indemnité du logement qui était à 40 mille. Ils ont demandé et, finalement, l’Etat a fait un petit effort de 20 mille francs Cfa. De 40 mille on est passé à 60 mille. Et, c’est en 2006 seulement que ces enseignants ont demandé l’augmentation de ces indemnités, nous pensons quand même qu’on peut attendre un peu.
Pour le problème de l’habitat le ministre de tutelle leur a dit : «Nous voulons vous remettre vos parcelles et nous attendons les listes.» Jusqu’au moment où je vous parle, cela fait deux mois que nous demandons ces listes en question qu’ils (les enseignants) disent avoir déposés. Mais ces listes ne sont pas à notre disposition et l’Etat dit qu’il les attend.
Le droit au logement est un droit, mais l’augmentation de l’indemnité de logement ne peut pas être un droit. C’est une demande. Il faut argumenter. Il faut arriver à ce que le gouvernement accepte. Mais, si le gouvernement dit qu’il ne va plus payer les indemnités de logement et que tout le monde aille dans la rue, nous disons que cela c’est leur droit. Le salaire est un droit pour quelqu’un qui travaille. Mais celui qui ne travaille pas, est-ce qu’il a droit à un salaire ?
Donc, selon vous, les enseignants sont, en grande partie, responsables de cette crise ?
Oui, dans la mesure où ils ne veulent pas prendre nos enfants en compte. C’est là où nous les rendons responsables. Parce que les problèmes de l’école ne sont pas seulement leurs problèmes. Au moment où je vous parle, il y a combien d’écoles qui n’ont pas de toilettes, il y a combien d’écoles qui n’ont pas de clôture, il y a combien d’écoles où il manque des fournitures. Nous même nous achetons des fournitures pour les écoles, mais ces problèmes ne sont jamais soulevés par les enseignants. Jamais, et ça je vous le dis.
Il y a beaucoup de choses qui ont été faites. Je ne suis pas un censeur, mais je dis ce que nous constatons. Compte tenu de ce qui est fait et ce qui me paraît important, nous demandons aux deux parties de faire l’effort nécessaire pour arrêter ces grèves et reprendre en main la situation de l’école. Sinon, d’ici fin mars, s’il n’y a pas travail, tout sera foutu. L’enseignement, c’est leur outil. Si on ferme l’école, qu’est-ce qu’ils vont devenir ? Il n’y aura pas d’enseignants. Et, si nous retenons définitivement nos enfants à la maison, ils seront enseignants de quoi ?
On a l’impression que vous attendez toujours que les carottes soient cuites pour réagir. On vous entend, mais à peine…
Non. (Il se répète trois fois). C’est-à-dire que nous avons opté de travailler dans le silence et dans le calme. C’est pourquoi, vous ne nous voyez pas, vous ne nous entendez pas dans les médias. Mais nous agissons à la base. Nous servons de médiateur. Le Premier ministre nous a reçus sur pas mal de problèmes, le ministre de l’Education la même chose et le ministre de la Fonction publique aussi.
Le seul problème, c’est qu’il faut que ces négociations s’ouvrent. Nous travaillons sur ça. Avec quel moyen ? Aucun moyen. Nous sommes sans moyens. En tant qu’une association qui a été créée depuis 1967, ce n’est pas normal. Nous avons demandé au président de la République de nous aider à avoir, au moins, un véhicule pour pouvoir faire nos déplacements, puisque nous ne sommes pas payés. C’est un sacerdoce. Le Président nous avait promis deux véhicules. Depuis 2006, nous ne les avons pas toujours reçus. Mais ce n’est pas une raison pour nous de nous révolter, de dire que nous faisons plus rien. Nous attendons qu’il puisse le faire pour que nous puissions être plus opérationnels. Nous avions une subvention qui a été aussi supprimée, mais grâce à Dieu le Premier ministre a promis de la rétablir. Tout cela pour nous permettre de faire fonctionner notre bureau.
Encore une fois, nous ne faisons pas de bruit. Mais nous travaillons et notre travail consiste à renouer le dialogue entre enseignants et gouvernement. Nous pensons qu’il va bientôt y avoir des solutions. Parce que nous avons entendu le président de la République parler d’Assises nationales de l’Education. Et, à ce niveau, on pourra parler de tous les problèmes de l’école.
Cette fois-ci, les enseignants semblent beaucoup plus déterminés. Et, ils demandent à être reçus par le chef de l’Etat. La Fenapees ne devrait-elle pas, dans une perspective de résolution de la crise scolaire, mener une médiation pour pousser Me Wade à recevoir les enseignants ?
En 2007, c’était comme ça. C’était tendu, au moment où nous pensions vraiment que ça va aller. L’Intersyndicale s’est radicalisée en disant qu’elle veut rencontrer d’abord le président de la République. Nous avons écrit au Président. Il nous a reçus et une semaine après il a reçu les syndicalistes. C’est à cette occasion qu’il a, d’ailleurs, donné les 7 milliards d’Appui ponctuel aux enseignants. Donc, c’est sur notre intervention que Me Wade a reçu les enseignants. Là aussi, nous avons pensé, en rencontrant le ministre de l’Education et le ministre de la Fonction publique que ça allait se régler. Mais on se rend compte que ça se radicalise, de plus en plus. Et, l’heure est grave. C’est pourquoi nous demandons encore -la lettre est dans le circuit- au président de la République -maintenant il n’y a plus que lui- de bien vouloir les recevoir et, certainement, trouver la solution. En dehors de Dieu, il faut le dire, c’est lui qui est là. Nous sommes dans de très bonnes dispositions pour faire en sorte qu’il puisse les recevoir, le plus rapidement possible.
Le privé et certaines écoles travaillent. Donc, il serait malheureux que l’année soit blanche. Pour ceux-là qui travaillent, ce sera vraiment malheureux. Pour nous, il n’en est pas question. Nous ferons tout ce que nous pouvons pour qu’il n’y ait pas d’année blanche».
Craignez-vous une année invalide ?
Bien sûr. Moi, je fus enseignant et je sais ce que c’est une année blanche. Le temps perdu est considérable. Parce que si l’ouverture des négociations est un facteur de blocage, nous allons tout droit vers une année blanche. Et, surtout si le gouvernement traîne les pieds.
A suivre
Mamadou DIALLO
CHERTE DE LA VIE - En attendant un mot d’ordre : Les centrales syndicales préparent les délégués du personnel à la lutte
Se battre pour la baisse du coût de la vie, c’est le credo des syndicalistes regroupés au sein d’une Intersyndicale. Ces derniers, qui préparent leurs bases à leur futur combat, vont se décider pour les actions de mobilisation le 15 avril prochain.
Une grève générale est toujours d’actualité et n’est pas à écarter, si l’on en croit l’Intersyndicale des centrales composée de la Cnts (Confédération nationale des travailleurs du Sénégal), de la Csa (Confédération des syndicats autonomes), de l’Udts (Union démocratique des travailleurs du Sénégal) et de l’Uts (Union des travailleurs du Sénégal). Elle estime que le gouvernement continue à «énumérer des intentions en lieu et place d’actes concrets, au moment où tous les prix continuent de flamber». Mais, pour l’instant, l’Intersyndicale des centrales opte pour «une campagne d’information, de sensibilisation et de mobilisation avec des assemblées sectorielles et une assemblée générale de mobilisation de délégués de personnel». Cette campagne, prévue du 5 au 12 avril prochains, vise à faire des délégués des travailleurs des différentes entreprises et sociétés qui seront visitées, des porteurs de la lutte contre la cherté de la vie. Dans son nouveau plan d’actions révélé hier lors d’une conférence de presse à la maison des Travailleurs Iba Ndiaye Diadji sise à la Cité Soprim , l’Intersyndicale des centrales prévoît, également, de se retrouver à Thiès pour une «conférence publique d’évaluation» le 12 avril, avant d’évaluer les «actions de mobilisation» trois jours plus tard. Cette dernière étape sera mise à profit pour passer au peigne fin les conclusions que les différentes commissions mises sur pied, lors des négociations avec le gouvernement, devraient déposer la veille, le 14 avril 2008. L’Intersyndicale des centrales verra, dès lors, quelle attitude adopter.
Pourquoi mener la lutte au moment où des conclusions sont attendues ? Mamadou Diouf, leader de la Csa et Coordonnateur de l’Intersyndicale, soutient : «Nous n’attendons pas de voir si le gouvernement a fait ou pas. Il faut que le gouvernement et le patronat sachent qu’il y a une ébullition et que les travailleurs sont en ordre de bataille.» A sa suite, Ibrahima Sylla de l’Udts soulignera qu’«aucune forme de lutte n’est à écarter. Parce que notre vocation, n’est pas d’accompagner le pouvoir dans le sens d’amoindrir les acquis des travailleurs» qui réclament «une option claire et des décisions fermes pour une baisse immédiate des prix, l’augmentation généralisée des salaires dans les secteurs public, privé et parapublic».
En rencontrant le 8 janvier dernier les employeurs et les syndicats, le gouvernement s’était engagé à revoir à la baisse la fiscalité sur les salaires et les prix des denrées de première nécessité pour permettre aux populations de faire face au coût élevé de la vie. Aujourd’hui, l’Intersyndicale des centrales «constate que, non seulement le gouvernement n’a fait aucune avancée significative, mais, pire, il semble ignorer l’amplitude des hausses et le calvaire des populations».
Face à la presse hier «la plénière des secrétaires généraux» a dénoncé un «manque de célérité» de la part des autorités. «Tout cela est inacceptable», martèle Mamadou Diouf qui rappelle, au passage, que les centrales syndicales avaient décidé «de surseoir au mot d’ordre de grève générale le 9 janvier dernier (Ndlr : au lendemain des négociations tripartites gouvernement, employeurs et syndicats) pour faire preuve de responsabilité et d’un sens patriotique que le gouvernement semble ignorer», finit-il par regretter.
Par Simon FAYE
TAKKU DEFARAAT SENEGAAL - Les raisons du report des Locales : Le Pds s’évite une débâcle électorale
Le Rassemblement pour le socialisme et la démocratie/Takku defaraat Senegaal (Rsd/Tsd) n’est pas surpris du report des élections locales. Dans un communiqué de son Bureau politique tenue mardi dernier, il explique «que beaucoup de signes laissaient présager une telle attitude antidémocratique» du pouvoir libéral. «Le Pds, habitué des faits, chaque fois qu’il se rend compte que les compétitions lui sont défavorables, en a créé et entretenu les motifs depuis belle lurette. En effet, si elles se tenaient à date échue et dans les règles de l’art, ces élections verraient le Pds laminé dans la plupart des Collectivités locales du pays», se convainquent les camarades de Robert Sagna. Mais, le Rsd est plus choqué par le fait que le Parlement se soit «décrédibilisé» par les décisions impopulaires qu’on l’amène à prendre «pour faire plaisir au Pds qui y a une majorité aux pieds et mains liés».
S’agissant de l’Organisation de la conférence islamique, le Bp du Rsd a «une lecture positive de sa tenue à Dakar» en considérant la participation des pays membres de l’Oci et non celle des chefs d’Etat. Toutefois, les camarades de Robert Sagna pensent «le véritable bilan de l’organisation est à faire par le pouvoir lui-même et l’Anoci qui en sont les organisateurs».
Par ailleurs, le Bp appelle ses militants à mettre à profit le temps qui les sépare des prochaines élections locales, pour renforcer la massification de leur parti. A cet effet, ils exhortent les siens à acheter les cartes de membres pour faciliter la tâche aux responsables.
Cheikh Fadel BARRO
CARBURANT - Annonçant la fin de la pénurie : Samuel Sarr voit des stations bien achalandées
Le ministre de l’Energie, Samuel Sar, a annoncé l’arrivée, hier, d’un bateau de 5 000 m3 pour mettre fin au calvaire des automobilistes qui peinent depuis quelques jours à se procurer du carburant. Selon lui, cette situation était due à «l’arrêt métal» de la Sar.
«Ce n’est pas une pénurie, mais plutôt une rupture de stock.» C’est à ce jeu de sémantique que s’est livré, hier face à la presse, le ministre de l’Energie, en réaction aux difficultés des automobilistes et autres piroguiers incapables de trouver du carburant, depuis quelques jours. Entouré du directeur général de la Société africaine de raffinage (Sar), Carmelo Sagna, du directeur général de Total, Bruno Vincent, et de son staff, Samuel Sarr justifie cette «rupture de stock», par deux raisons. Tout d’abord, la Sar était, selon lui, en arrêt métal du 23 janvier au 28 février derniers.
Mais, aussi, la Société ivoirienne de raffinage (Sir), qui s’était engagé à livrer du carburant au «fournisseur» (sans indiquer lequel) a, dit-il, accusé du retard. Avant d’annoncer l’arrivée d’un bateau de 5 000 m3 de carburant «acheté en Europe» par Total, l’autre fournisseur, pour venir à la rescousse de l’Etat du Sénégal. Lequel bateau a accosté, indique M. Sarr, au port depuis hier matin. Un autre navire de 4 000 m3 est prévu pour «le mois prochains».
«La situation est maîtrisée et tout va redevenir normal sur l’étendue du territoire, d’ici demain. Car la Sar a repris ses activités», assure le ministre de l’Energie.
Sur l’«arrêt métal» de sa boîte, le directeur de la Sar explique : « La Sar , étant une industrie lourde, a besoin de s’arrêter. C’est dans ce cadre qu’une révision générale est faite tous les 5 ans, pour voir s’il y a des pièces défectueuses.» Voulant faire bonne figure face à cette pénurie de carburant, M. Carmélo soutient que la production de carburant devait reprendre en principe «la semaine prochaine». Mais, «c’est sur instruction du chef de l’Etat» que la situation a été diligentée.
Réagissant à une corrélation qui a été faite entre le 11e sommet de l’Oci et cette pénurie de carburant, M. Sarr déclare : «Il n’y a aucun lien. Avant le sommet de l’Oci, nous avions pris nos dispositions jusqu’au 15 mars.» Avant de trouver un autre exutoire : «Par contre, il y a eu une consommation élevée de carburant lors du Magal et des Gamou»
Quid du rôle de superviseur et de veille du comité national des hydrocarbures (Cnh) ? Son secrétaire national par intérim tente de se disculper. «Nous tenons régulièrement des réunions pour évaluer les stocks de 2 à 3 mois. Nous invitons les marketteurs et les candidats à importer du pétrole.» Un engament, à l’en croire, qui a toujours été respecté.
Daouda GBAYA
PSYCHOSE - Elle aurait alimenté la pénurie : La presse, bouc émissaire favori
La presse a, décidément, bon dos en ces temps. Après la sortie du président de la République à l’encontre de la presse nationale, suivie de celle de Abdou Aziz Sy «Junior», c’est au tour du ministre de l’Energie de porter son jugement. A l’entame de son speech, Samuel Sar a accusé les journalistes d’avoir été l’«amplificateur» de cette pénurie de carburant, en créant la «psychose» chez les populations qui ont pris d’assaut les stations d’essence.
Mais, la réplique ne s’est pas faite attendre, car un confrère va apporter un certain nombre de précision à l’endroit du ministre : «Les journalistes n’ont rien fait. Ils n’ont fait que relayer la situation qui prévaut depuis quelque temps dans le pays. Et tout le monde l’a constaté.»
Le ministre dribble la loi du marché
Le moment qui aura marqué, lors de la conférence de presse du ministre de l’Energie d’hier, aura été, sans doute, la question «colle» que lui aura posé Charles Faye, journaliste à l’Agence de presse ApaNews. Profitant d’une «bourde» de Samuel Sarr déclarant qu’il arrive, souvent, au Sénégal d’avoir un «surplus» de carburants qui le pousse à «exporter vers la sous-région», le confrère lui demande : «Dans ce cas, que faites-vous de la loi du marché qui voudrait que si l’offre est supérieure à la demande, les prix baissent ?» Pris visiblement de court, le ministre rétorque : «Non, ça ne marche pas comme ça.» Sans plus d’explication. Avant de lever la séance.
Daouda GBAYA
African Global News : Samedi 29 Mar 2008
Sénégal | Talla Sylla : « Abdoulaye Wade a décidé de ligoter le peuple sénégalais pour livrer le pays à son fils »
C’est un Talla Sylla, visiblement remis de ses ennuis de santé, nés de l’agression physique dont il a été victime en octobre 2003, qui s’est confié à nous. Ayant récemment retrouvé la tête de son parti qu’il avait volontairement quittée pour raison de santé, le leader de l’Alliance Jef Jel, candidat malheureux à la présidentielle de 2007, évoque dans cet entretien à African Global News, la situation politique nationale, la gestion du pays par Abdoulaye Wade, mais aussi l’entrée de son parti dans le « Front Siggil Sénégal », une coalition de l’opposition.
AGN : Qu’est-ce justifie le retourr de votre parti au sein du « Front Siggil Sénégal » que vous critiquiez tant ?
Nous sommes dans un contexte politique bien déterminé. Abdoulaye Wade a besoin de couvrir ses arrières. C’est ça la vérité. Wade n’a confiance en personne. Il a eu une expérience avec Idrissa Seck, il en a eu une autre avec Macky Sall avec les résultats qu’on connaît. Il n’a confiance en personne. Il a besoin de couvrir ses arrières, il ne compte que sur son fils. Les autorités actuelles ont fait énormément de choses inacceptables dans ce pays qui se révéleront au grand jour, quand elles ne seront plus là.
Donc, pour Wade et compagnie, c’est une question de survie. Mais pour nous aussi, qui sommes des démocrates et patriotes sénégalais, c’est aussi une question de survie. Ce qui peut nous permettre de sauvegarder la démocratie et la République du Sénégal, c’est de faire face. Pour cela, il faut éviter toute démarche solitaire puisque ça n’aboutirait à rien. Sauf à faire des proclamations, faire des déclarations incendiaires, enflammées, mais qui n’auront aucun résultat.
Nous avons fait le choix d’intégrer ce cadre qui existait déjà et, qui a publiquement annoncé sa volonté de se battre. Nous nous sommes dit qu’il faut aller dans le « Front Siggil Sénégal » avec des propositions très précises et en recevoir des autres pour essayer de mettre tout cela ensemble dans le cadre d’un plan action qui pourra nous permettre de sauver la démocratie au Sénégal.
AGN : Comment en est-on arrivé à la situation peu reluisante que vous décrivez ?
On ne peut pas comprendre une démocratie sans élections. Depuis que Wade est président, hormis l’élection présidentielle de 2007, aucune élection ne s’est tenue à date échue.
Les locales de 2001 ont été reportées à 2002 avec la mise en place de délégations spéciales car à l’époque, le Ps était majoritaire dans les collectivités locales. Les élections auraient dû avoir lieu en mai 2007, on les a reportées à mai 2008 sans créer de délégations spéciales parce que c’est le Pds qui était majoritaire. La démarche politicienne est là. Elle est nette, elle est visible.
« Une démocratie sans élections »
A la veille des élections locales, on les reporte encore à mars 2009, sans aucune garantie qu’elles auront lieu à la date annoncée. Avant cela, les législatives qui étaient prévues en mai 2006 ont été reportées à février 2007, d’abord, et ensuite à juin 2007. Cela veut dire que l’on est dans quoi ? Une démocratie sans élections n’est pas une démocratie. La base de la démocratie c’est la volonté du peuple. Et la volonté du peuple s’exprime à travers ces élections. La Constitution est très claire sur ce point : « la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce par l’intermédiaire de ses représentants ». Mais la Constitution ajoute « qu’aucune section du peuple, ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de cette souveraineté ». Et c’est ce qu’ils sont en train de faire.
« Les institutions sont devenues illégitimes »
Voyez-vous, toutes les institutions sont devenues illégitimes. Le président de la République a été élu dans des conditions contestées. Les élections législatives ont été boycottées. Nous ne les avons pas boycottées au niveau de l’Alliance Jef Jel mais pour l’essentiel, elles ont été boycottées et le peuple a boycotté ces élections. Le Sénat a été mis en place dans des conditions qui posent problème. Les 65 % choisis par le président ont été contestées. On ne peut pas comprendre la deuxième institution d’un pays qui est nommée alors qu’à côté, il y a une institution élue, par les Sénégalais. Donc, 65% choisis par le président de la République et 35% élus par des élus locaux dont le mandat a expiré depuis mai 2007. Quelle est la légitimité de telles institutions ?
Nous sommes vraiment dans un contexte qui pose problème. C’est pourquoi, le Jef-Jel avait dit qu’il fallait s’organiser pour exiger des élections générales anticipées ».
AGN : Une délégation de votre parti a rencontré récemment la direction de l’Alliance des forces de progrès (Afp) de Moustapha Niasse. Qu’est-ce qui motive cette démarche et à quelles conclusions avez-vous abouties ?
C’est une concertation normale entre acteurs politiques. Surtout, si on prend en compte la qualité et la solidité des relations qui ont toujours prévalu entre l’AFP et le Jëf Jël. Nous avons rappelé les objectifs et impératifs communs aux deux formations et à tous les autres partis membres du FSS, face à la situation dans laquelle Abdoulaye Wade a plongé le Sénégal.
Après de larges échanges et mises en commun sur le contexte économique, politique et social, nous avons abouti aux conclusions suivantes, telles que libellées dans le communiqué final : Consolider nos relations bilatérales dans le cadre d’une coopération privilégiée entre les deux partis ;
Prendre les dispositions utiles pour que cette solidarité entre les deux partis soit horizontale et verticale ; Intégrer les éléments communs et de convergence des programmes respectifs des deux partis pour la réalisation de l’ambition commune ; Et enfin, de mettre en place un cadre de concertation régulière entre les deux partis sur les grandes questions économiques, politiques et sociales auxquelles le Sénégal se trouve confronté.
Alerte ! La grève tue
Ceci est une contribution d’un enseignant qui pense pouvoir se prévaloir d’une certaine expérience dans le milieu éducatif du Sénégal. Il s’agit d’une brève analyse qui a voulu surtout être lucide et qui espère servir à changer le cours des évènements.
Les grèves menées par les enseignants du public au Sénégal font aujourd’hui régulièrement l’actualité. Les enseignants décident d’arrêter les cours, l’Etat fait la sourde oreille, ou, quand il organise des négociations, rien de vraiment significatif n’en sort. Les enfants sont, pendant ce temps, dans la rue… Et ceci est un schéma devenu tellement banal que le phénomène passe presque inaperçu.
Mais avant tout, demandons-nous si ces grèves telles qu’elles sont conduites aujourd’hui, constituent réellement un combat au sens où l’on doit entendre ce terme. Un combat où l’on ne prend pas de coups est-il réellement un combat ? Cela revient à poser la question du risque dans cette ‘lutte’ que constituent les grèves cycliques dans le système éducatif sénégalais. Que risquent au fond les grévistes enseignants du public ? Presque rien. Les coupures de salaire ne sont souvent que des menaces en l’air ; ou, si elles s’opèrent, les sommes prélevées ne sont pas si significatives que cela. Le gréviste, de même que sa famille, ne connaît ni privation, ni désagrément direct du fait de la grève. Il n’y a pas de coups physiques à recevoir pour le gréviste, pas de risque de perte d’emploi ; aucun danger menaçant vraiment sa sécurité ou son intégrité. Alors, où sont les risques ? Il faut que l’on soit d’accord qu’un combat n’a de sens que si le combattant court réellement des risques, reçoit des coups ou perd directement quelque chose dans la bataille. Mais ici, rien de tel dans le contexte actuel des grèves d’enseignants.
Pensons un peu à ces grèves où des ouvriers subissaient régulièrement la répression des forces de l’ordre, avec, très souvent, des pertes en vies humaines; où les familles de grévistes évoluaient constamment dans les privations du fait des conséquences de leur lutte. Pensons à la situation du gréviste de la faim ! Ce sont ces luttes-là qui sont des combats à risque.
Mais, aujourd’hui, force est de reconnaître que l’enseignant qui va en grève pense d’abord, et souvent uniquement, à tout ce qu’il a la possibilité de faire pendant ces ‘congés’ particuliers. Toutes les courses qu’il n’a pas eu le temps de faire, parce qu’il allait à l’école, trouvent là l’occasion d’être réglées. Et on ne parle pas des cours dans le privé qui, eux, sont sacrés ! Alors, la grève serait-elle simplement une aubaine ?
L’inconscience (?) va même jusqu’à s’abstenir d’aller au travail pour fait de grève et ensuite se rendre dans une administration (Iden, Ia, ministère…) pour solliciter un service. Peut-on solliciter les services d’une Administration que l’on a délibérément boycottée du fait de la grève ?
Il faut que l’on se ressaisisse et accepte que les règles du jeu sont faussées dans ces grèves d’aujourd’hui. Si le gréviste n’obtient presque jamais gain de cause, alors que les conséquences néfastes pour le système s’accumulent de jour en jour, pourquoi s’obstine-t-on ? Pourquoi n’envisage-t-on pas d’autres stratégies de revendication ? Ne serait-ce pas parce que les conséquences de la grève ne touchent pas directement et immédiatement le gréviste ? Si, ni son salaire, ni son emploi, ni sa survie ou son intégrité physique ne sont directement menacés, le gréviste n’a-t-il pas tendance à évoluer sur une ‘eau dormante’ sans penser aux gouffres et tourbillons qui sont en dessous ? Les enseignants grévistes aujourd’hui pensent-ils suffisamment au niveau d’études des citoyens de demain ? Est-ce qu’on a suffisamment réfléchi au niveau intellectuel des cadres qui dirigeront le pays dans 20 ou 30 ans ?
Aujourd’hui, personne ne se fait plus d’illusion sur le niveau intellectuel du breveté, du bachelier, du licencié, de l’enseignant en général, tous corps confondus… Et, pourtant, les grèves se poursuivent sans que cela ne semble déranger personne. On déserte les classes, on s’occupe de ses affaires personnelles ; à la fin du mois, on perçoit son salaire ; le niveau d’étude dégringole vertigineusement, et c’est très bien comme cela.
Et l’Etat ? Oui, l’Etat dans tout cela. L’Etat, au fond, sa position est très claire, son option est faite et sa stratégie définitivement assise. Comme les travailleurs, et plus qu’eux d’ailleurs, l’Etat - ou plus exactement les personnes qui sont aux postes de direction - ne pâtissent absolument pas de la situation. Leurs enfants ne sont pas dans les écoles touchées par les grèves, leurs intérêts matériels étant déjà assurés, la situation du Sénégal dans deux ou trois décennies est le dernier de leurs soucis. Alors, ce n’est pas étonnant que les responsables laissent toujours la situation pourrir. Sinon, comment expliquer que, depuis plus de deux décennies, des syndicats d’enseignants fassent la grève sans jamais une satisfaction vraiment significative ? A peine 5 000 F d’augmentation de salaire, des protocoles d’accord jamais respectés, des années ‘vides’… Le bilan n’est pas très fameux.
Ce que l’on ne comprend pas, par contre, c’est que les enseignants qui, eux, ont tout à perdre (à long terme il est vrai), semblent ne pas voir cela et persistent dans la situation. Jamais, l’Etat ne prendra les enseignants au sérieux pour examiner avec responsabilité leurs doléances. Le semblant de victoire récemment remporté par un groupe d’enseignants ne saurait constituer une exception ; cela ne peut être considéré comme un sens de la responsabilité de la part de l’Etat. Il s’est agi tout simplement d’une conjoncture particulière qui s’est révélée favorable aux grévistes. Il s’est trouvé que les Sénégalais qui dirigent - y compris le premier d’entre eux - ont pensé que dans ce contexte électoral, il était plus prudent de satisfaire une frange de la population qui pouvait, de par sa spécificité, constituer une menace à leurs intérêts. C’est d’ailleurs cela qui explique les avantages concédés au Cusems. Non seulement les montants n’ont jamais été atteints dans l’histoire des augmentations de salaire d’enseignant, mais leur caractère discriminatoire ne s’explique toujours pas. Ce n’est pas très reluisant, c’est triste à faire pleurer, mais c’est comme cela.
Il faudrait quand même penser à s’arrêter, s’il n’est déjà pas trop tard ! Le droit de grève est bien reconnu par la Constitution du pays, c’est vrai. La démocratie a aujourd’hui des avancées que personne ne pense remettre en cause. Mais, de grâce, un peu de conscience et de sens de la responsabilité pour les uns et pour les autres, pour l’Etat et pour les syndicalistes. Les enfants, ces Sénégalais qui, demain, auront à diriger le pays, sont-ils en train d’être préparés à cette tache ?
Mamadou LO En poste à l’Iden de Mbacké Maxtaar 04@ yahoo.fr
Un enseignant Inspecteur de l’Education nationale qui a été Instituteur puis Professeur d’Enseignement secondaire
BONNE GOUVERNANCE ET TRANSPARENCE DANS LA GESTION DES COLLECTIVITES LOCALES
L’institut Panos plaide pour une forte implication des A.N.E
Par Abdoulaye THIAM | SUD QUOTIDIEN | samedi 29 mars 2008
Douze année après l’érection des départements en région via la loi 96-06 du 22 mars 1996, le constat est qu’il n’y a toujours pas une grande implication des Acteurs non étatiques (ANE). Pour ne plus confiner ces derniers à une participation symbolique, l’Institut Panos de l’Afrique de l’Ouest (Ipao) est d’avis que le renforcement de capacités, l’utilisation efficiente des médias ainsi que les opportunités offertes par le TIC peuvent constituer des solutions pour booster la participation citoyenne en vue de favoriser une bonne gouvernance démocratique plus réelle au Sénégal. Voilà pourquoi, il a précédé mercredi dernier, à la résidence hôtelière “Le Ndiambour“ au lancement du son projet intitulé : “Consolider et élargir la communication citoyenne pour une gouvernance démocratique au Sénégal“.
Cet atelier avait comme objectifs de procéder au démarrage officiel des activités du projet ; de partager avec les différents acteurs partenaires ; son contenu, sa philosophie ; ses objectifs, les activités prévues ainsi que les modalités de mise en œuvre ; mais aussi échanger avec eux sur la conception de la gouvernance et harmoniser avec eux le plan opérationnel.
A cet effet, plusieurs organisateurs ont fait part de leur expérience et décliné leurs attentes sur le projet. De la Convention des Jeunes reporters du Sénégal (Cjrs) à la Commission des lois de l’Assemblée nationale représentée par le Député Seydou Guèye en passant par la Raddho , Ecopop/Enda, le Forum Civil, et différentes autres Ong et de radios communautaires sont successivement intervenus.
En effet, c’est après un diagnostic sur le processus de reforme de la “Régionalisation“ enclenché par la loi 9-0 du 22 mars 1996 qu’il est convenu d’intégrer les acteurs non étatiques.
L’objectif majeur de la décentralisation était de rapprocher l’administration aux administrés en vue de susciter une grande participation des populations. Malheureusement constate l’Ipao “ces dernières restent instrumentalisées aussi bien par les gouvernants que les élus locaux“. Pire “la communauté de base accède difficilement à un niveau pertinent de décisions“ estime l’Ipao qui après analyse fait remarquer que les obstacles qui empêchent la pleine participation des populations à la gestion des affaires publiques, sont de divers ordres.
Entre autres, il relève le faible niveau de développement d’une culture de transparence dans la gestion des affaires locales ; l’accès insuffisant aux informations susceptibles de booster la participation citoyenne ; le déficit de communication entre les acteurs (…) ; le manque de synergie d’actions entre les acteurs de la gouvernance.
La recherche de réponses à ces problèmes constitue, selon l’Ipao un des objectifs majeurs du Projet d’Appui au programme national de bonne gouvernance (Papnbg) –volet Acteurs non étatiques – sur financement de l’Union européenne dans le cadre du 9e Fed (Fonds européen de développement) qui, par le renforcement de leurs capacités d’intervention, voudrait créer les conditions d’une participation plus crédible, constructive et efficace de ces acteurs à la vie publique tel que mentionné dans l’Accord de Cotonou de l’an 2000.
Toutefois selon l’Ipao, l’action participative des ANE, à la gestion et à la sauvegarde de leurs intérêts est tributaire de la réalisation de deux principes. D’abord, l’information qui permet à la population locale d’avoir un aperçu des questions de développement et de la lutte contre la pauvreté, le tout dans un esprit de Bonne gouvernance. Ensuite, l’accès des populations aux audiences publiques qui sont les instances fonctionnelles et opérationnelles de saisine des autorités et de prise de décisions pour la gestion autonome de leurs propres affaires.
En définitive, pour ne pas confiner les Acteurs non étatiques à une participation symbolique, le renforcement de capacités, l’utilisation efficiente des médias ainsi que les opportunités offertes par le TIC peuvent constituer des solutions pour booster la participation citoyenne en vue de favoriser une bonne gouvernance démocratique plus réelle au Sénégal.
Que va faire le concret ?
vendredi 28 mars 2008
NETTALI - La grande question de Lénine revient comme une antienne pour les gars de la Génération du concret. Que faire ? Le sommet passé, il y a comme un grand vide existentiel, médiatique et surtout politique autour de l’affaire qui a tenu en haleine le pays depuis la réélection de Gorgui en 2007 : Karim Wade et le pouvoir !
Les élections locales ont été reportées, l’Anoci n’a plus sa raison d’être. Un peu comme l’image du footballeur qui reste perclus sur le rond central après une séance perdue de tirs aux buts en finale d’une grande compétition. Mieux ou pire, c’est selon, les médias, dans leur globalité, rendent ces derniers temps l’image d’un groupe qui a un excellemment bien réussi à se trouver une attractivité.
Jeudi soir nuit, sur Canal Infos, le journaliste Madior Sylla (membre de la cellule de com’ de l’Anoci) était en débat avec le politologue-polémiste Abdoul Aziz Diop. L’info ? D’abord, un besoin de justification après plusieurs accusations dans les télés, radios et journaux émanant de gens qui ont pignon sur rue à propos de masses d’argent indûment dépensées. Comprenne qui pourra !
Dans tous les cas, les thuriféraires de la fameuse "génération" sont dans une position défensive, même si le fils du président dévoile, pile après pile, ses batteries. Sa dernière sortie dans la banlieue dakaroise, à Guédiawaye, à la veille du sommet de l’Oci, a été grandement relayée par les médias.
Une réflexion que d’aucuns pourraient trouver bête : Wade père a dit récemment sur les ondes de la Rts , lors de sa mémorable sortie contre les journalistes, que « pour devenir célèbre, il faut s’en prendre à des gens célèbres ! » Soit. Mais pour faire de la politique, au sens premier du terme, il faut savoir créer du rêve. Or, que proposent les mecs du "concret" sinon installer Rimka, comme l’appelle "Le Populaire" dans ses « Off », au pouvoir ? Certes, en face, l’opposition ne propose rien, -à part la marche annoncée du 27 avril - mais les médias ne rendent rien à propos d’un projet qui ferait que les Sénégalais (des gens indépendants de nature et par nature) se jettent à l’eau du "concret" comme des milliers de jeunes le font dans des pirogues pour rallier l’Espagne.
Ce qui est concret, et que les médias rendent bien, c’est bien la pénurie qui sévit au Sénégal. Pénurie de carburant et hausse des prix des denrées de première nécessité ont fait les choux gras de la presse ces derniers temps. Normal, pour rien avoir à se mettre sous la dent, et en attendant de préparer leur Certif’d’études primaires, comme le leur a suggéré Me Wade, les journalistes reviennent aux fondamentaux de leur profession. Ils s’intéressent à ce qui intéresse leurs lecteurs. La loi du "mort-kilomètre" : plus des choses vous sont proches, plus les médias que vous lisez doivent s’y intéresser.
De fait, sans élections en vue, sans fait politique majeur (Talla Sylla a rejoint « Siggil Sénégal » ; mais bon Le Matin y voit juste un « Mariage de raison à l’issue incertaine »), sans de compétition sportive majeure surtout footbalisitique de nos "Lions de la véranda", pour titiller l’orgueil national, sans de grands faits-divers, l’on l’est revenu à des choses toutes simples. Et opératoires.
Une chose qui ne saurait être passée sous silence est sans doute la mort de Thierry Gilardi, grand journaliste sportif passé de Canal Plus à Tf1. Sans complexe, citons notre confrère hexagonal « Libération » : "Au bout de la minute de silence qui a ouvert mercredi la rencontre France-Angleterre, commentée par Christian Jean-Pierre et Arsène Wenger (mais sans Jean-Michel Larqué, trop affecté), que restera-t-il de Thierry Gilardi, mort mardi des suites d’un infarctus à 49 ans ? Une voix, certainement. Qui ronfle, enfle et vrombit sitôt que les footballeurs approchent la surface de réparation, s’éraille lors d’un but national et grimpe dans des aigus de soulagement quand le tir étranger rate la cage française. La voix de Gilardi et en même temps ses yeux : bleus, écarquillés, comme si le foot, définitivement, n’était qu’un truc de gosse". Sans commentaires.
Moins tristounet. C’est connu, les mardis soirs sont l’heure des diffusions de productions théâtrales sur la Rts. On a tous en mémoire les fameux « Au Théâtre Ce Soir » que diffusait Antenne 2 qui ne s’appelait pas encore France 2. Chez nous, de grandes troupes (Daaray Kocc et Jamonoy Tey) ont été lancées grâce aux grands taux d’écoute de ces soirées. Mais il y a mieux. Mardi dernier, le Triangle Sud a diffusé en "prime time" un must de la production littéraire sénégalaise : « L’Exil d’Alboury », une pièce écrite par Alioune Badara Bèye et jouée (en juillet 2005) par la talentueuse troupe de Sorano ; une scène d’une brûlante actualité qui peut renseigner sur les travers actuels de la société sénégalaise.
Toujours sur la Rts , un décapant documentaire intitulé « Naatal » et réalisé par Samba Félix Ndiaye et François Langlois sur le photographe Touré Mandémory. On y voit toutes les difficultés de la collecte de l’information. Le reportage est le genre majeur du journalisme. Tout bon reporter doit vivre de tribulations, souvent corsées, pour avoir de « l’élément », comme aiment à dire les journalistes dans leur jargon. Superbe reportage- en pays Bedik et Bassari, dans le sud-est du Sénégal, à presque 700 Km de Dakar. Le photographe dit à la télévision : « A côté des misères qu’on montre, il y a une Afrique qui vit ! ». Il n’y a pas photo entre la lucidité de cette réflexion et certaines hérésies...
Tenez, on va vers le 4 avril, fête nationale attractive. Au-delà de sa dimension historique - l’indépendance du Sénégal - , ce jour est marqué un grand défilé civil et militaire. Journal télévisé de jeudi dernier sur la Rts : le proviseur du lycée Kennedy, où sont pensionnaires les fameuses majorettes, révèle qu’elle n’a pas reçu la subvention nécessaire à l’achat de tout l’attirail nécessaire à la perpétuation de la tradition : tenues courtes, bottes, socquettes. Il n’est jamais trop tard pour ça. Alors bine-bine. Honni qui pense à la fameuse ceinture de perles...
CORRUPTION : Un phénomène réel au « coût non négligeable »
Si L’Etat a manifesté sa volonté de la combattre en mettant en place une commission, elle n’en reste pas moins une réalité incontournable.
“ La corruption contribue à accroître les coûts d’opération des firmes au Sénégal. Elle est citée par environ 40% des chefs d’entreprise du secteur manufacturier et environ 39% de ceux opérant dans les services comme un problème critique ou majeur. Le phénomène a un coût non négligeable. ” Dixit le rapport des enquêteurs de l’Eci. Tout en se félicitant de la mise en place de la Commission nationale de lutte contre la corruption et la concussion (Cnlc), créée en mai 2004, “ un signe de la prise de conscience du problème ”, le rapport souligne l’inexistence, au niveau du ministère de l’Economie et des Finances, d’un dispositif particulier de lutte contre la corruption.
Si la perception de la corruption au Sénégal par les chefs d’entreprise interrogés est très élevée d’après les conclusions de l’enquête (39,9%), elle exprime une situation moins catastrophique que celle du Kenya où le phénomène n’est pas loin de la pandémie (73,8%). Cet indice est estimé à 30,2% en Ouganda, à 23,7% en Turquie et à 22,4% en Chine. Que ce soit pour une connexion téléphonique ou électrique, un raccordement à l’eau, un permis de construire, une licence d’importation ou encore une licence commerciale, les chefs d’entreprise interrogés estiment, à des degrés différents, qu’il y a une contrepartie dont il faut s’acquitter sous forme de “ paiement informels ”. Les statistiques établies par l’Eci révèlent que pour les contrats avec l’administration, les cadeaux ou “ paiements informels ” constituent globalement 6,5% de leur valeur. “ Toutefois, la corruption n’est pas forcément un phénomène à sens unique et l’administration n’est pas la seule en cause. Bien que les activités de lobbying ne soient pas au sens propre des actes de corruption, la frontière demeure toutefois floue dans certains cas ”, précise le rapport. Pour défendre leurs intérêts, les entreprises n’hésitent pas à user de moyens peu avouables pour parvenir à leurs fins ; environ 8,5% des patrons interrogés reconnaissent “ avoir tenté d’influencer directement la formulation des lois et règlements en leur faveur sur l’échantillon manufacturier. La proportion est bien supérieure pour les firmes étrangères (Ndlr :17,1%) et les firmes de grande taille (Ndlr :35,9%) cumulées avec celles de très grande taille ”, révèle l’enquête.
La rénovation du cadre législatif et réglementaire de lutte contre la corruption ainsi que le renforcement des dispositifs de contrôle interne avec notamment “ l’instauration d’un audit interne de la gestion des administrations et départements clés et externes par la Cour des comptes ainsi que la large diffusion de leurs conclusions ” sont préconisées au terme de l’enquête. En outre, l’Eci demande “ la mise en place de mesures microéconomiques sur suggestion du Cnlc permettant de limiter les possibilités de corruption. Ainsi, certains emplois devraient être frappés d’une impossibilité pour un fonctionnaire de rester en poste au-delà d’une limite de temps précise. “ Il est, par exemple, possible de généraliser la pratique de la direction générale des Douanes qui change automatiquement de poste son personnel tous les trois ans ”, estime l’Eci. La prise de “ sanctions/pénalités fortes effectivement appliquées en cas de corruption avérée, quel que soit le rang hiérarchique des personnels en cause ” ainsi que des “procédures de publication du patrimoine personnel des fonctionnaires de haut rang ” complètent la panoplie de recommandations du rapport dans ce domaine.
CORRUPTION : Un phénomène réel au « coût non négligeable »
Si L’Etat a manifesté sa volonté de la combattre en mettant en place une commission, elle n’en reste pas moins une réalité incontournable.
“ La corruption contribue à accroître les coûts d’opération des firmes au Sénégal. Elle est citée par environ 40% des chefs d’entreprise du secteur manufacturier et environ 39% de ceux opérant dans les services comme un problème critique ou majeur. Le phénomène a un coût non négligeable. ” Dixit le rapport des enquêteurs de l’Eci. Tout en se félicitant de la mise en place de la Commission nationale de lutte contre la corruption et la concussion (Cnlc), créée en mai 2004, “ un signe de la prise de conscience du problème ”, le rapport souligne l’inexistence, au niveau du ministère de l’Economie et des Finances, d’un dispositif particulier de lutte contre la corruption.
Si la perception de la corruption au Sénégal par les chefs d’entreprise interrogés est très élevée d’après les conclusions de l’enquête (39,9%), elle exprime une situation moins catastrophique que celle du Kenya où le phénomène n’est pas loin de la pandémie (73,8%). Cet indice est estimé à 30,2% en Ouganda, à 23,7% en Turquie et à 22,4% en Chine. Que ce soit pour une connexion téléphonique ou électrique, un raccordement à l’eau, un permis de construire, une licence d’importation ou encore une licence commerciale, les chefs d’entreprise interrogés estiment, à des degrés différents, qu’il y a une contrepartie dont il faut s’acquitter sous forme de “ paiement informels ”. Les statistiques établies par l’Eci révèlent que pour les contrats avec l’administration, les cadeaux ou “ paiements informels ” constituent globalement 6,5% de leur valeur. “ Toutefois, la corruption n’est pas forcément un phénomène à sens unique et l’administration n’est pas la seule en cause. Bien que les activités de lobbying ne soient pas au sens propre des actes de corruption, la frontière demeure toutefois floue dans certains cas ”, précise le rapport. Pour défendre leurs intérêts, les entreprises n’hésitent pas à user de moyens peu avouables pour parvenir à leurs fins ; environ 8,5% des patrons interrogés reconnaissent “ avoir tenté d’influencer directement la formulation des lois et règlements en leur faveur sur l’échantillon manufacturier. La proportion est bien supérieure pour les firmes étrangères (Ndlr :17,1%) et les firmes de grande taille (Ndlr :35,9%) cumulées avec celles de très grande taille ”, révèle l’enquête.
La rénovation du cadre législatif et réglementaire de lutte contre la corruption ainsi que le renforcement des dispositifs de contrôle interne avec notamment “ l’instauration d’un audit interne de la gestion des administrations et départements clés et externes par la Cour des comptes ainsi que la large diffusion de leurs conclusions ” sont préconisées au terme de l’enquête. En outre, l’Eci demande “ la mise en place de mesures microéconomiques sur suggestion du Cnlc permettant de limiter les possibilités de corruption. Ainsi, certains emplois devraient être frappés d’une impossibilité pour un fonctionnaire de rester en poste au-delà d’une limite de temps précise. “ Il est, par exemple, possible de généraliser la pratique de la direction générale des Douanes qui change automatiquement de poste son personnel tous les trois ans ”, estime l’Eci. La prise de “ sanctions/pénalités fortes effectivement appliquées en cas de corruption avérée, quel que soit le rang hiérarchique des personnels en cause ” ainsi que des “procédures de publication du patrimoine personnel des fonctionnaires de haut rang ” complètent la panoplie de recommandations du rapport dans ce domaine.