le Sénégal aux enchères!
Le Soleil : Jeudi 9 Avr 2009
ASSEMBLÉE NATIONALE : IBA DER THIAM VEUT UNE LOI CONTRE LES CLIPS OBSCÈNES.
Le Pr Iba Der Thiam a introduit une proposition de loi visant à protéger la santé mentale de la jeunesse, par l’interdiction de l’utilisation des enfants de moins de 15 ans, dans tout clip ou manifestation de même nature, au cours desquels, des scènes obscènes ou indécentes seront déroulées. Dans son exposé des motifs, il souligne que tous les parents sont inquiets et choqués par les clips pornographiques, qui fleurissent dans tous nos médiats qui ont même franchi une étape supplémentaire, en impliquant dans les clips, des enfants de 6, 7, 8, 9 ou 10 ans, que l’on amène dans des salons de coiffure, pour les maquiller et pour leur imposer des accoutrements bizarres, qui risquent d’avoir les plus mauvais effets sur la santé morale de notre jeunesse. Le projet de loi vise à mettre un terme à cette situation. Il propose une peine d’emprisonnement de 1 à 6 mois et d’une amende de 5 à 10 millions de francs contre toute contravention à cette présente loi.
Le Soleil : Jeudi 9 Avr 2009
DÉBAT – UNIVERSITÉS AU SENEGAL : L’équation de la capacité d’accueil et du financement.
Dans un article paru dans le quotidien Le Soleil du vendredi 3 avril 2009, le Pr. Mary Teuw Niane, Recteur de l’Ugb, propose « d’ériger le lycée en Collège universitaire régional (Cur). Le Cur regroupera les classes de 1ère et de Terminale et les 3 premières années du supérieur. Dans chaque Cur, il y aura des filières d’enseignement général de 2 ans conduisant à un Baccalauréat national et des filières techniques et professionnelles de 2 ans conduisant au Brevet technique et professionnel (Btp) qui est un diplôme national. L’étudiant ayant réussi sa 2e année au Cur peut s’inscrire en 1ère année de Licence. L’enseignement et la formation, depuis la petite enfance jusqu’au Cur, seront pilotés par l’Académie régionale qui aura à sa tête un Recteur d’académie assisté de directeurs. Ce schéma permettrait de répondre aux défis de la proximité, de l’hébergement, des bourses et surtout de la volonté de massification du nombre d’étudiants et de réduction de la déperdition ».
Nous saluons l’idée et la perspicacité du Pr. Niane. Il faut néanmoins réfléchir sur la pertinence financière, pédagogique et opérationnelle du schéma. Le concept ressemble fort bien à une variante généralisée du « projet porter le savoir », initié et mis en œuvre par le Pr. Abdoullah Cissé, Recteur de l’Université de Bambey. En d’autres termes, on pourrait l’élargir et l’enrichir en le formulant, pour une première approche, comme suit : les centres d’accueil centraux de l’université hébergent les masters et les écoles doctorales et portent le savoir dans les lycées. L’expérience montre que la mise en œuvre du programme requiert des ressources financières complémentaires. Nous pensons que si l’opérationnalité du concept est prouvée, il constitue un projet alternatif acceptable de la carte universitaire en vigueur actuellement. Pour cela, il faut distinguer les enseignements et les formations à fort taux d’investissement en équipements et les autres. Les enseignements et les formations, généralement à fortes populations d’étudiants, correspondant aux facultés des Lettres, d’Economie, de Gestion, de Droit, de Mathématiques, etc. pourraient être transférés de manière rationalisée dans les lycées sous le contrôle et l’organisation du Recteur de la région académique. Tandis que les enseignements tels que la chimie, la médecine, la biologie, la physique et les formations d’ingénieurs et de techniciens, qui demandent beaucoup d’investissements en équipements et qui, généralement, concernent peu d’étudiants, pourraient être regroupés et concentrés dans des pôles (tels que Dakar et Thiès ou ailleurs) pour une mutualisation plus opérationnelle des laboratoires. Dans une région académique, les lycées peuvent être spécialisés en gestion, en économie, en mathématiques, en droit, etc., dans le cadre bien étudié d’une mobilité des étudiants. Il faut trouver la bonne formule et le bon dosage ! Un travail rigoureux de rationalisation est toutefois nécessaire pour transformer plus de 100 lycées en Cur. Mais si ce schéma peut résoudre le problème de la capacité d’accueil de l’université, il laisse cependant l’équation du financement sans solution. Le Rapport national de la situation de l’éducation en 2007, publié par la Direction de la planification et de la réforme de l’éducation (Dpre), en mai 2008, et les journées de réflexion organisées par la Direction de l’enseignement supérieur (Des), les 09-10-11 mai 2008 à Saly, ont clairement indiqué que les difficultés de fonctionnement et de performances de l’université sénégalaise sont bien liées à leur financement. 60 à 95 % du budget des universités sont engloutis dans les dépenses de personnel. Au moment où on parle de la refondation du capitalisme, nous devons aussi parler de la refonte des régimes juridiques, financiers, administratifs et politiques qui réglementent le fonctionnement de nos institutions, en l’occurrence de nos universités.
L’exemple que voici illustre bien mes propos. Pour équiper les deux laboratoires de physique de la 1e année et de la 2e année de la filière Mpci de l’Université de Bambey, la facture pro forma de Phywe, une entreprise spécialisée en équipements de laboratoire livre un coût de 120 millions de francs Cfa. Si la possibilité de contracter auprès de la banque Bicis un prêt de ce montant était offerte à l’Université de Bambey, les étudiants n’auraient pas attendu trois ans sans laboratoire. Il aurait fallu que l’Université inscrit moins de 36 millions au titre de service annuel de la dette dans son budget pour les 5 ans à venir pour se doter de ces laboratoires et accroître la qualité des enseignements. Autre exemple ! Lors de son adresse à la nation du 04 avril 2009, le président de la République annonce, relativement au programme d’électrification rurale, « le lancement, en mars dernier, de la première concession, sur l’axe Saint-Louis – Dagana – Podor, pour l’accès de 19.500 ménages à l’électricité d’ici à trois ans, grâce à un investissement de 9 milliards de Fcfa. Quatre autres concessions suivront au cours de l’année 2009 ». L’Université de Bambey a dû surseoir cette année à l’ouverture de sa licence d’énergie renouvelable à défaut de financement pour l’équipement de ses laboratoires. En octroyant 30% de ce marché du solaire à l’université de Bambey, celle-ci pourrait ouvrir sa licence et financer l’ensemble de ses enseignements et de sa formation sans un sou de l’Etat. L’université, qui fournit du personnel qualifié à tous les secteurs de l’économie, peut elle-même participer, dans une moindre proportion, à l’activité économique, ne serait-ce que pour s’autofinancer. Il faut seulement lui réserver des parts de marché. Mais il faut aller plus loin et plus résolument vers sa « privatisation » complète. C’est ainsi que dans le cadre du projet de revenu de base généralisé associé à une assurance maladie obligatoire (Rbg-Amo) que je propose à l’Etat du Sénégal, la réponse à la « privatisation de l’enseignement et de la santé », entre autres, est prise en compte. Nous devons réformer les procédures et les adapter aux nouvelles réalités. Apres la défaite de l’Etat face au Capital qui lui a tout retiré jusqu’à son droit régalien de battre la monnaie, tous les Etats sont plongés dans un cycle infernal de déficits budgétaires cumulés et, partant, d’endettement public chronique depuis les années 80. Cette situation dessine en perspective des faillites de la puissance publique plus graves en conséquences que la crise financière, car pouvant déboucher sur des émeutes violentes voire des révolutions sociales sur un fonds de demande sociale insatisfaite. Notons que l’un des objectifs stratégiques du Rbg-Amo vise la réduction voire la disparition de la dette publique intérieure, principale contrainte de l’épanouissement des entreprises. Il nous faut trouver ou inventer les moyens de satisfaire la demande de l’éducation qui est le pilier où reposent tous les développements. Le Forum national sur le statut de l’enseignant, annoncé par le chef de l’Etat, mais de manière générale sur l’enseignement et la formation, est le bienvenu.
PAR Dr. Abdoulaye TAYE
Enseignant à l’Université de Bambey
Initiateur du Projet RBG-AMO
L’Etat cède une partie de ses actions à la SONATEL à France Telecom et engrange 200 milliards de francs
Dakar, 8 avr (APS) – L’Etat du Sénégal et France Telecom ont signé mercredi un protocole d’accord qui conduira à l’acquisition par France Telecom d’une partie de la part détenue par l’Etat à la Société nationale de télécommunication (SONATEL), soit 9,78 pour cent, annonce un communiqué reçu à l’APS.
’’Cette transaction engendrera en 2009 une recette exceptionnelle pour l’État, qui représenterait avec le dividende ordinaire proposé au vote de l’assemblée générale du 8 avril, un montant de 200 milliards francs CFA (305 millions d’euros) sans réduire pour l’avenir les recettes budgétaires récurrentes de l’État liées à la SONATEL’’, a dit le ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, cité par la même source.
‘’Nous sommes heureux du renforcement du partenariat stratégique entre France Telecom et la SONATEL qui lui permettra de devenir le fer de lance de son dévelopment dans les pays voisins du Sénégal’’, a commenté M. Diop.
Une fois cette transaction aboutie, France Telecom passera ainsi 42,3 pour cent à 52,2 pour cent du capital de la SONATEL, fait valoir la même source, qui précise que l’Etat du Sénégal sera le deuxième actionnaire de la SONATEL avec 17,28 pour cent du capital, précise le communiqué.
Les modalités de la transaction financière comprennent une ‘’distribution exceptionnelle par la SONATEL à ses actionnaires (et après approbation des actionnaires), de 50 milliards de francs CFA’’, selon le document.
Il ajoute que la SONATEL doit également ‘’céder 987. 000 actions par l’État du Sénégal à France Télécom, sur la base d’un prix par action de 156.273 francs CFA, (avant distribution de dividendes et distribution exceptionnelle). Ce prix par action représente une prime de 32% sur le cours de bourse du 7 avril 2009 et 27% sur la moyenne des cours depuis trois mois’’.
En parallèle à ces opérations, poursuit-on de même source, la SONATEL a prévu ‘’d’utiliser les 1,9% de ses anciennes actions flottantes acquises auprès de l’État en novembre 2008 dans le cadre d’un plan d’actions gratuites pour renforcer l’actionnariat salarial’’.
‘’Cette signature vient renforcer le partenariat stratégique qui existe depuis 1997 entre la SONATEL et France Telecom’’, soutient le communiqué qui précise que la transaction devrait intervenir d’ici à la fin du premier semestre 2009.
France Telecom était représentée à la cérémonie de signature, par son directeur exécutif international et président de SONATEL, Marc Rennard.
Auteur : MSA/AD
Nettali : Mercredi 8 Avr 2009
ME AISSATA TALL SALL, PORTE-PAROLE DU PARTI SOCIALISTE « Avec Abdoulaye Wade, c’est toujours un emballage beau avec un contenu systématiquement mauvais «
NETTALI.NET- L’annonce faite par le président Wade lors de son adresse à la nation relative à la nomination d’une femme comme premier ministre ou vice-présidente continue de soulever des vagues au sein de la classe politique. La porte-parole du Parti socialiste, Me Aissata Tall Sall ne s’en réjouit pas outre mesure. Dans les colonnes du quotidien L’As, la tête de liste régionale de la coalition Benno Siggil Senegaal à Podor a estimé qu’il s’agit d’une diversion et propagande électoraliste.
« Le poste de premier ministre est tellement important qu’il ne doit pas être confié à n’importe qui. C’est de la diversion et de la propagande électoraliste. Me Abdoulaye Wade cherche à retrouver un électorat féminin qui l’a désavoué. Ce n’est pas une offre sérieuse et rigoureuse », a analysé Me Tall.
Et de trancher : « Me Wade caresse la gente féminine dans le sens du poil, avec pour objectif, de l’amadouer à nouveau. Avec Abdoulaye Wade, c’est toujours un emballage beau avec un contenu systématiquement mauvais ».
Pour rappel, dans son adresse à la nation Me Abdoulaye Wade a déclaré à l’endroit des femmes : « j’ai décidé de renforcer la place des femmes dans les Institutions. A cet effet, j’ai engagé des consultations pour leur laisser le choix entre le poste de Premier Ministre et la Vice Présidence de la République ».
Après son discours, Ousmane Tanor Dieng et Abdoulaye Bathily avaient estimé que le président Wade comptait tripatouiller la constitution pour tenir cette promesse car « il n’y a pas de vice-présidence prévue par la constitution ». Quant à Amath Dansokho, il avait assimilé cette promesse à une volonté de cacher le vrai agenda qui serait la nomination d’Idrissa Seck comme vice-président.
24hchrono : Mercredi 8 Avr 2009
Retrait du Sénégal du capital de la Sonatel : « Ce sera un crime économique » selon les syndicalistes
L’Etat du Sénégal, envisagerait de se retirer du capital de la Sonatel. Une décision qui soulève des craintes au niveau des travailleurs, notamment, les syndicalistes qui soupçonnent un deal dans cette affaire. Pour eux, ce serait le crime économique que le Sénégal n’aura jamais connu.
« On se pose légitimement la question de savoir sur quelle logique économique se base une éventuelle décision de l’Etat du Sénégal, de se retirer du capital de la Sonatel» ? S’interroge le coordonnateur Mamadou Aïdara Diop dans une déclaration de l’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel et relative aux dangers qui menacent l’existence de l’Entreprise. «Or, ajoutent les travailleurs, depuis quelques temps, après avoir hypothéqué une partie des actifs (combien ? Dans quelles conditions ? Auprès de qui ?) Des informations distillées ça et là, font état de la volonté de l’Etat, de se retirer entièrement du capital. Cela, malgré le fait que la Sonatel, rien qu’au mois de novembre, a mis à la disposition du Gouvernement, prés de 50 Milliards pour aider notre pays à sortir du gouffre de la dette intérieure». Ainsi, alertent-ils «si jamais pour un pseudo alibi de résorption de déficits budgétaires ( ?), l’état s’engageait dans cette perspective, il aura commis sans aucun doute, un crime économique, qui priverait à jamais le pays et les générations futures, d’un bijou irremplaçable, en plus de la perte irrémédiable de cet instrument de souveraineté». Ils citent les exemples de la Senelec, des Ics, de la Sonacos, etc. Les travailleurs se posent d’ailleurs la question de savoir, qui se cache derrière cette affaire. «Il faut se mettre dans l’évidence qu’aucune alchimie, ne pourra permettre à notre pays, de solder les dysfonctionnements de nos finances publiques, tant qu’on s’occupera pas du train de vie de l’Etat, dispendieux et budgétivore, en plus de cette politique de promotion des nouveaux riches, qui se permettent toutes les extravagances, en demandant au peuple de toujours serrer la ceinture. Si une telle opération ne consolide pas les intérêts nationaux, alors nous nous posons la question de savoir, pour qui roule –t-on dans cette affaire ? Quelle est cette main baladeuse, qui lorgne les actifs de l’Etat dans la Sonatel, d’autant que, même le Fmi et la Banque mondiale se posent des questions». Pour eux, les scénarios possibles de désengagement ne peuvent être que deux : un retrait partiel ou un retrait total, mais, ajoutent-ils dans leur déclaration, «certaines sources avancent que des négociations secrètes seraient en cours, pour «offrir» la Sonatel à France Télécom dans la plus grande opacité». Au fond, le problème est que toutes ces approches sont porteuses d’incertitudes sur la pérennité de la Sonatel, mais aussi, sur l’avenir du secteur des Télécoms de manière générale. D’autant plus que, chaque scénario a un impact sur la gouvernance de l’entreprise, dont la stabilité quoi qu’on puisse en dire est déterminante sur les choix et orientations stratégiques, pour la consolidation des acquis économiques et sociaux et surtout, la sauvegarde des emplois. Nous considérons pour notre part, au moment où dans l’écrasante majorité des pays du monde, les Etats sont toujours présents dans le capital des opérateurs historiques, qu’aucune rationalité économique ne peut justifier une décision de retrait de l’Etat». Face à cette situation, l’Intersyndicale réaffirme son opposition catégorique à toute entreprise de bradage du patrimoine nationale, et de déstabilisation du secteur des télécoms au profit d’intérêts inavoués».
Auteur : Sambou BIAGUI
L’OBSERVATEUR :
CONFLIT SÉNÉGAL-MAURITANIE : 20 ANS APRÈS... Retour sur une tragédie
Article Par Namory Barry,
Paru le Jeudi 9 Avr 2009
Le 9 avril 1989, Diawara (localité du Sénégal oriental) devient le théâtre d’un nouvel accrochage entre des bergers peuls mauritaniens et des paysans soninké Sénégalais. Selon des informations relatées par la presse sénégalaise, l’armée mauritanienne avait intervenu. Deux Sénégalais sont tués, plusieurs grièvement blessés, et une douzaine retenus en otages. Le ministre d’alors André Sonko prend ouvertement position en déclarant dans le journal « Le Soleil » du 17 avril 1989 que « trop c’est trop ». Cette réaction avait déplu aux autorités mauritaniennes, qui voyaient d’un mauvais œil l’érection d’une commission parlementaire pour enquêter sur les conditions de l’accrochage. Ce climat entraîne à la fin du mois d’avril 1989 de violents pillages de boutiques maures dans la capitale sénégalaise. Du 21 au 24 avril, ce sont des commerçants maures blancs qui voient leurs boutiques pillées, des professionnels maures noir brûlés vifs dans leurs fours servant de dibiteries, etc. Des centaines de Sénégalais sont tués ou mutilés à Nouakchott et dans plusieurs autres villes mauritaniennes. Ceci en réponse aux exactions de Dakar. Pendant plusieurs jours, on assiste dans les deux pays à des chasses à l’homme. L’horreur était à chaque coin de rue : « A Dakar et à Nouakchott, les scènes de pillage ont été accompagnées d’actes de sauvagerie inouïe : corps mutilés, têtes coupées, femmes éventrées, enfant égorgés, etc. », rapporte «Le Soleil» du 24 avril 1989.
Les rapatriements
Parquées dans des zones exiguës, les populations attendaient parfois plusieurs jours avant d’être expulsées dans leur pays d’origine. Chaque pays décide alors de rapatrier ses ressortissants, grâce à un pont aérien offert par l’Algérie et le Maroc. L’état d’urgence et le couvre-feu sont instaurés sur la région de Dakar afin de contenir une foule surexcitée. C’est ainsi que 70.000 Sénégalais arrivent à Dakar en l’espace de quelques jours alors que 170.000 Mauritaniens quittent leur pays d’adoption. Lorsque les rapatriements ont commencé, les Maures ont fait l’objet de vives représailles à partir du 28 avril. 60 victimes : c’est le chiffre officiel avancé.
Rupture diplomatique
Le 21 août 1989, les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues. Les relations entre les deux pays deviennent froides et heurtées. La Mauritanie réclamait la restitution des biens et le décompte officiel des morts mauritaniens tandis qu’Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal, désirait que soit traitée devant une commission d’enquête internationale la question de la frontière. Les accrochages frontaliers étaient réguliers, comme le 6 janvier 1990, où l’on avait assisté à des échanges de tirs entre militaires. La tension était d’autant plus extrême que certains rapatriés Sénégalais, établis dans la région du fleuve, tentaient au péril de leur vie de rejoindre la Mauritanie pour récupérer les biens dont ils ont été dépossédés.
La réconciliation
La réconciliation officielle entre les Présidents Diouf et Taya a lieu le 18 juillet 1991 en Guinée-Bissau. Pour montrer sa bonne foi, le Sénégal renonce à réclamer une rectification frontalière. Grâce à son ton mesuré et un sens aigu de la diplomatie, Abdou Diouf avait évité la guerre et obtenu avec cette réconciliation un succès personnel passé quelque peu inaperçu en 1991. Les relations diplomatiques seront rétablies en avril 1992 et la frontière sénégalo-mauritanienne rouverte le 02 mai 1992.
Deux Chefs d’Etats, deux discours
Si Abdou Diouf, ancien Président de la République, tentait de maintenir les relations de fraternité entre le Sénégal et la Mauritanie, le Président Taya choisissait la voie de la rupture définitive. Dans un discours radio-télédiffusé, prononcé en français, Taya accusait le Sénégal d’être l’unique responsable de la situation.
C’est ainsi qu’Abdou Diouf délaisse alors son ton courtois, et oppose le régime démocratique sénégalais au régime autoritaire mauritanien. Il souligne que « la Mauritanie a toujours bafoué les droits les plus élémentaires de l’homme et de la dignité humaine » avant de rajouter que « la presse (au Sénégal) exerce librement, sans entraves son métier, ce qui est impensable en Mauritanie ». (Voir Le Soleil du 9 mai 1989). Abdou Diouf refusait aussi de tenir une position belliqueuse, affirmant « qu’il faudrait être fou dans le monde actuel pour rechercher la guerre, surtout quand on est un pays sous-développé et de surcroît sahélien » (Le Soleil, 23 août 1989).
Source : L’Alternance politique au Sénégal : 1980-2000
SUD QUOTIDIEN :
AMARA TRAORE SUR LA MISE EN PLACE DU FOOTBALL PROFESSIONNEL « Quand on ne peut pas faire pire, il faut oser faire »
Le football sénégalais traverse une mutation où les choses ne semblent pas tellement claires dans la tête des uns et des autres. Ce qui amène à penser que même les principaux bénéficiaires ne semblent pas comprendre les véritables enjeux. C’est comme qui dirait une société en faillite qui n’arrive plus à produire où le personnel est au chômage technique avec même des licenciements et qui refuse l’arrivée de repreneurs. Mais tout cela est bien normal si l’on sait que le conservatisme est une réaction humaine naturelle mais ce qui doit rassurer est que l’on s’oriente vers le rendez-vous du donner et du recevoir.
Dans tous les pays du monde, et partout où on est passé professionnel c’est le football amateur qui a accouché du football professionnel. C’est un groupement de clubs éligibles selon certains critères préalablement définis qui se voit délégataire de pouvoir pour organiser et animer ce football que l’on appelle Foot Pro. Mais qui est délégataire ? Ce n’est personne d’autre que le football amateur qui cède une partie de ses prérogatives à ce groupement de clubs dont on a parlé tantôt qui va s’ériger en Ligue qui est une Association de type 1901 (ex français).
Cette Ligue est chargée de gérer le football professionnel sous le contrôle de la Fédération (football amateur). Si nous prenons l’exemple sur la France (qui est référence en matière d’organisation du football) les choses se sont passées exactement comme ceci. A l’origine, du football professionnel, c’était un simple groupement de clubs qui se sont entendus pour faire du professionnalisme entre eux sans montée ni descente.
L’Etat français constatant la faillite de ce système qui était un peu du n’importe quoi a demandé à la Fédération d’imposer une Ligue pro avec des montées et des descentes. Les 1ères années c’était seulement la 1ère division qui était obligatoirement professionnelle et une 2ème division où le statut professionnel n’était pas obligatoire. Ce n’est que vers la fin des années 80 que les clubs de 2ème division devaient obligatoirement avoir un statut professionnel.
Cette illustration est pour montrer qu’il n’y a pas lieu dans notre contexte d’avoir peur ou de montrer une quelconque réticence, ce n’est jamais facile mais il faudra y aller. En retenant que c’est le football sénégalais qui doit décider de France avec la garantie, la protection et l’encouragement de l’Etat.
Seulement il faut se protéger des excès (ne pas laisser faire n’importe quoi), avoir une vision dans la durée (viabilité) et souhaiter un bon accompagnement de l’Etat qui est malgré tout l’initiateur si l’on se rappelle qu’il y a 4 ou 5 ans c’est ce même Etat qui avait proposé la réforme du football sénégalais ce qui est irréversible aujourd’hui.
L’accompagnement de l’Etat doit se matérialiser par :
des efforts sur la construction et la réhabilitation des stades
sur les subventions (par l’Etat décentralisé) même s’il est appelé à se retirer progressivement
sur l’incitation fiscale
Ce retrait découlera d’une bonne maîtrise du calendrier, qui doit être la propriété de la Ligue pour pouvoir bien gérer et vendre son spectacle :
la fidélisation du public par la production d’un spectacle attrayant
l’arrivée des télévisions (droits)
le sponsoring
le marchandising (produits dérivés)
l’actionnariat
Attention à la répartition surtout des droits TV. C’est là que tous les conflits peuvent prendre leur origine. Qu’aucune partie ne soit oubliée dans cette répartition, les clubs pro, les clubs amateurs, la Ligue, la Fédération, les infrastructures, etc. toutes les composantes devront recevoir leur part. Si tout cela est bien pensé et bien amorcé, le socle sur lequel il doit reposer est fondamentalement technique d’où la mise sur pied par la Fédération d’une commission centrale du statut de l’éducateur qui aura pour rôle de veiller au respect de l’engagement, de l’obligation et du niveau d’intervention des entraîneurs.
Pour dire que la résultante de tout ce processus est d’amener à travailler sur le développement d’une élite pour le football sénégalais (formation des entraîneurs et des dirigeants et préparation des joueurs) pour qui il est temps de sortir de l’impasse.
Le football étant une école de la vie (même s’il devient un grand business) restera cette grande famille où l’adversité, les conflits, les débats d’idées continueront d’être le ciment qui lie ses différentes composantes et qui en fait le charme et la beauté. Après tout, le football est un jeu et tout jeu reste contestataire.
« Quand on ne peut pas faire pire, il faut oser faire ».
• Amara TRAORE
• Instructeur de Football
NB : Le titre est de la Rédaction
SENEGAL : A la recherche d’une politique économique
jeudi 9 avril 2009
Le monde, du fait de la crise financière américaine qui s’est diffusée un peu partout, vit aujourd’hui la pire crise économique de son histoire depuis 1929. Selon l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques), la récession touchera une grande partie du globe, faisant passer le PIB mondial de 2,2% en 2008 à -2,7% en 2009, soit une chute de près de 5 points de pourcentage. L’Organisation Internationale du Travail prévoit que de 18 à 30 millions de personnes pourraient s’ajouter au nombre de chômeurs dans le monde en 2009. Du jamais vu depuis fort longtemps.
L’impact de la crise financière sur l’économie réelle atteint même les pays les moins intégrés au système financier mondial. Selon la BAD (Banque Africaine de Développement), le taux de croissance de l’Afrique sub-saharienne est projeté à 2,4% pour 2009, la première fois en 5 ans qu’il serait en dessous de 5%. L’analyse de la croissance économique des pays africains dans la dernière décennie montre en effet que les pays ayant le mieux réussi ont généralement bénéficié d’une forte aide étrangère, de bons termes d’échanges et d’une forte exportation. Or ce sont ces trois facteurs qui pourraient se détériorer à cause de la crise.
Pour faire face aux effets réels et anticipés de la crise, la communauté internationale a déjà engagé, aux niveaux national et global, plusieurs programmes financiers visant à étouffer la dépression rampante, relancer l’économie et organiser une meilleure régulation de la finance mondiale. C’est dans ce sens que s’inscrivent les décisions du Groupe G20, réuni à Londres le 2 avril 2009, relatives à la mobilisation de 1100 milliards supplémentaires destinés à renforcer les ressources du FMI (Fonds Monétaire International) et des banques régionales de développement, ainsi qu’à soutenir le commerce mondial et à mieux surveiller les paradis fiscaux et les opérations sur les marchés financiers.
Le Sénégal, parce qu’il n’est pas beaucoup intégré au système financier mondial, n’a pas subi, à court terme, de fortes conséquences directes de la crise financière internationale. La forte réglementation financière, le contrôle des mouvements de capitaux et une stricte surveillance de la part de la Commission bancaire de l’UEMOA font que les banques sénégalaises n’ont pratiquement pas été impliquées dans le marché des « subprimes » américaines, n’ayant acquis aucun actif toxique. En outre, les banques sénégalaises ne fonctionnent pas dans un système de prêts interbancaires à l’international, mais utilisent les dépôts de la clientèle et les ressources locales pour faire des prêts. Malgré tout, le Sénégal, comme la plupart des pays en développement, sera forcément concerné par les « effets de second tour » de la crise qui se manifesteront à travers le passage de la crise financière à la crise économique.
Selon le FMI , l’aide au développement, qui représente 2% du PIB au Sénégal en 2006, pourrait baisser dans les prochaines années, de même que les transferts de fonds de travailleurs émigrés qui représentent 8% au moins du PIB dans le pays. La réduction probable des investissements étrangers directs et des exportations aurait également un impact sur le compte courant du Sénégal et sur la perspective de croissance économique et de création d’emplois. De grands travaux financés dans le cadre du partenariat public-privé pourraient aussi être retardés du fait du resserrement du crédit sur le plan international.
Les dernières estimations du FMI chiffrent ainsi la croissance économique du pays à 3,9% en fin d’année 2008 ; alors qu’elle était prévue à 5,4% en avril 2008. Pour 2009, le PIB devrait, toujours selon le FMI, croître de 3,5% contre 5,9% attendu en avril 2008. Sans être techniquement en récession (ce qui signifierait une baisse, généralisée à tous les secteurs, de la production nationale, sur plusieurs mois), le Sénégal vit cependant un net ralentissement de son dynamisme économique, différant ses perspectives de devenir rapidement un pays émergent à croissance accélérée.
La situation aurait d’ailleurs pu être pire, n’eût été le rattrapage obtenu dans le secteur agricole, facilité par de bonnes conditions climatiques et par le lancement du programme agricole de la Goana (Grande Offensive pour la Nourriture et l’Abondance), et l’embellie constatée dans le secteur des services de télécommunications et des postes qui, en 2007 déjà, contribuait pour près du tiers à la croissance de la valeur ajoutée totale du pays .
Toutefois, c’est dans le secteur industriel que la santé et la qualité de la politique économique menée par le pays se mesurent le mieux. En raison du fait que l’agriculture dépend pour beaucoup de la pluviométrie (facteur exogène) et que le dynamisme des télécommunications s’explique essentiellement par la forte consommation par les ménages des services offerts.
Or, l’industrie nationale ploie sous d’énormes difficultés. Selon l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographique (ANSD) , l’indice harmonisé de la production industrielle (IHPI) du Sénégal a baissé de 12 points de pourcentage au cours de l’année 2008. Une légère amélioration est toutefois notée depuis octobre 2008, sous l’effet notamment de la progression régulière de l’activité des industries alimentaires.
La situation maussade de l’industrie sénégalaise dans son ensemble provient de trois sources principales. En premier lieu, il y a la contrainte d’offre. La mauvaise campagne agricole de 2007/2008 a ainsi été un lourd handicap pour les activités industrielles de transformation du sucre, de l’huile d’arachide et des corps gras et du coton qui, ensemble, comptent pour plus de 17% de l’IHPI. Par ailleurs, les difficultés de reprise des activités des Industries Chimiques du Sénégal, à la suite de l’accord de restructuration signé entre le Sénégal et l’Inde, ont retardé le retour à la normale de la production de phosphates, d’acide phosphorique et d’engrais.
En second lieu, il y a la contrainte de demande pour certaines branches. C’est le cas des industries de matériaux de construction, du fait notamment de la fin des travaux d’infrastructures liés à l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) qui a contribué à ralentir les commandes adressées aux industries de la branche.
Enfin, il s’est posé, pour tout le secteur industriel, le problème des arriérés de paiement de la dette publique qui ont atteint un sommet inégalé depuis belle lurette. Le retard occasionné a engendré des coûts supplémentaires pour les entreprises (obligées de recourir au crédit bancaire) et a poussé certaines d’entre elles, en particulier les plus petites, à cesser ou à ralentir leurs activités. A la détérioration des conditions de financement des entreprises, s’est ajouté le déficit d’approvisionnement d’électricité, puis la hausse des prix pratiqués par la Senelec.
Les enquêtes d’opinion effectuées par la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) du Ministère de l’Economie et des Finances, auprès des milieux d’affaires, citent également, parmi les difficultés enregistrées, les tracasseries administratives et les retards dans les procédures de passation des marchés publics. Tout ceci prouve que d’énormes efforts restent à effectuer pour parfaire l’environnement global des affaires du pays.
Le satisfecit délivré au Sénégal dans le cadre de l’enquête « Doing Business » de la Banque mondiale, le plaçant parmi les dix meilleurs « réformateurs du monde » en 2008, doit donc être, tout à la fois, célébré et relativisé. Le fait que le pays demeure au 149ième rang dans le classement de « Doing Business 2009 » montre le long chemin qui reste encore à parcourir pour faire émerger au Sénégal un climat des affaires de classe internationale.
En plus d’engager des réformes structurelles, l’urgence pour le pays, c’est aussi de repenser la politique budgétaire, monétaire et de change ; de façon à en faire des instruments efficaces de relance économique. En matière budgétaire, les errements constatés dans la gestion des finances publiques sont en train d’être circonscrits dans le cadre du programme conclu avec le FMI .
Les mesures engagées auront pour effet de renflouer la trésorerie des entreprises (grâce au paiement de la dette intérieure), de réduire les subventions destinées aux produits alimentaires et énergétiques (ce qui pourrait engendrer, toutes choses égales par ailleurs, une certaine hausse des prix) et les déficits publics (qui génèrent une forte éviction des crédits au secteur privé ; l’Etat concurrençant les entreprises sur les marchés bancaire et financier). Il n’est guère possible de faire autrement, et d’envisager par exemple une expansion budgétaire pour soutenir l’activité.
La priorité reste et demeure la restauration des grands équilibres budgétaires, en corrigeant le grand écart effectué par le solde budgétaire de base (estimé à -1,8% du PIB en 2008, alors qu’il devait être positif selon les critères de convergence de l’UEMOA).
La seule marge de manœuvre dont dispose l’Etat consiste donc à mieux dépenser, en faisant des économies budgétaires là où des gaspillages existent et en transférant des ressources aux secteurs prioritaires (la formation professionnelle par exemple) et/ou porteurs de croissance (notamment l’agriculture, l’artisanat, l’industrie manufacturière et les téléservices à fort potentiel de valeur ajoutée, d’exportation et d’emplois).
L’incontournable rigueur budgétaire devrait en principe être combinée avec une politique monétaire accommodante et assouplie, si le Sénégal voulait mettre en pratique les enseignements de la théorie économique et de l’expérience récente des pays qui mènent des politiques économiques actives (dont les Etats Unis d’Amérique constituent l’exemple type).
Or, ce que l’on constate, c’est que la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) mène depuis juillet-août 2008 une politique monétaire restrictive, en maintenant son principal taux d’intervention (le taux de pension) à 4,75% (contre 4,25% auparavant), tout en portant son taux d’escompte à 6,75% (contre 4,75% avant juillet 2008).
Ceci pour contrer les pressions inflationnistes qui sont demeurées élevées tout au long de l’année dans la zone (l’Indice harmonisé des prix à la consommation de l’Uemoa s’établissant à 8,5% en fin 2008) et « sanctionner » le relâchement budgétaire de certains pouvoirs publics.
Néanmoins, une certaine décrue est notée depuis quelques mois. En fin février 2009, l’IHPC sur trois mois a évolué négativement à -0,4%. Tout en restant prudente, la BCEAO devrait se montrer plus flexible dans sa stratégie de ciblage d’inflation et étudier un assouplissement de sa politique monétaire, en allant plus loin que la simple injection de quelques centaines de millions de liquidités sur le marché monétaire. En clair, une baisse des taux directeurs de la BCEAO est souhaitable, en maintenant un différentiel raisonnable avec la Banque Centrale Européenne (qui, depuis octobre 2008, a diminué à six reprises son principal taux directeur, le ramenant à 1,25% aujourd’hui contre 4,25% sept mois plus tôt).
Cette baisse aura pour effet, si les banques la répercutent sur le taux de base bancaire, d’encourager et de soutenir les investissements nécessaires pour s’adapter au nouveau contexte international et réorienter les ventes du tissu productif de l’Uemoa vers les pays en développement et émergents qui sont moins affectés par la crise mondiale.
Une telle action est d’autant plus envisageable que l’inflation dans l’Uemoa provient moins de sources monétaires que de la volatilité des coûts internationaux des biens alimentaires et des défiances de la régulation des marchés dans la zone. Le recours aux instruments monétaires pour dompter les pressions inflationnistes est donc contestable.
Enfin, une réflexion doit également être engagée sur la politique de change et de l’Uemoa. Le maintien d’un euro structurellement fort par rapport au dollar et aux autres devises internationales ne favorise guère la compétitivité internationale du Sénégal et de ses partenaires de l’Uemoa. Le recours à un panier de devise pour servir d’ancrage au franc CFA, en dépassant ainsi le seul lien à l’euro, est devenu incontournable, pour des raisons de stabilité et d’adaptation aux nouvelles réalités du commerce international de la sous-région qui est devenu plus ouvert vers les horizons autres qu’européens. La valeur internationale du FCFA pourrait être réexaminée dans la même dynamique.
En définitive, c’est dans des moments d’incertitude de la nature de celle que le monde vit aujourd’hui que le besoin d’une bonne politique macroéconomique se fait le plus sentir. L’inertie actuelle des autorités budgétaire et monétaire doit donc faire face à une politique active et anticyclique.
• Moubarack LO
• Président de l’Institut de l’Emergence, Dakar
• Email : emergence@sentoo.sn
• SÉNÉGAL, MON AMOUR …
• mercredi 8 avril 2009
On nous rapporte cette conversation du Prophète avec son entourage. Le Prophète dit : « mes frères me manquent ». On lui dit alors : « Ne sommes-nous pas tes frères ? » Il dit : « Non, vous êtes mes compagnons. Mes frères sont des gens qui viendront après moi, croiront en moi alors qu’ils ne m’ont jamais vu. »
A l’évocation de cette pensée, je ne puis m’empêcher, ce 3 avril, en écrivant cette réflexion, de penser à Monsieur le Président de la République, à la veille de la fête de l’indépendance de notre si cher pays. Il est maintenant temps de penser résolument à demain, à ces générations futures qui, souhaitons le, dans 50 ans, en 2059, se souviendront avec respect et non avec amertume, si ce n’est l’oubli, d’un certain Maître Abdoulaye Wade. Il est venu le temps du bilan. Il est venu le temps de « l’audit de soi-même » selon la belle expression de Sérigne Touba, c’est-à-dire le temps du recul, de l’introspection et du tête-à-tête avec Dieu et l’histoire. Que ceux qui s’attendent néanmoins que je couche le Président en enfer, déchantent, et rangent leurs oreilles. Ce n’est pas là l’enjeu de ma réflexion, même si c’est l’air du temps. Je ne suis installé ni dans un statut d’homme politique partisan, ni dans une posture de snipper, encore moins d’un opposant politique guerrier. Je me veux un citoyen sénégalais libre, tyranniquement indépendant, critique, lucide et surtout « sans compromis avec la vérité ».
Un croyant enfin, qui, pour l’amour de son peuple et l’attachement à son pays, et par éducation, ne peut que prier, interpeller et œuvrer pour un apaisement constructif et non pour une aveugle confrontation, serait-elle pleinement et légitimement justifiée au regard de la pénible et inacceptable situation sociale de notre pays. Si « toute guerre est juste lorsqu’elle est nécessaire », toute démarche de pacification est nécessaire lorsqu’elle est utile. Il nous faut de la sérénité quel que soit notre camp, des retrouvailles avec des valeurs qui ont toujours fondé la grandeur et la spécificité du Sénégal. Bien sûr, je n’acquitte pas le Timonier. Bien sûr, je ne tairai pas mon amertume. Je n’écrirai pas non plus au charbon les souffrances et les privations de mon peuple, les injustices, les dérives, les manquements à la démocratie et aux droits de l’homme. Je me veux poète et un poète a toujours sa gueule à la main ! Je ne dirais jamais à mon peuple de « trouver refuge dans l’espoir de mourir ». Mais tout cela vaut-il de lever le serpent de la haine dans nos cœurs ? La haine est un poison qui n’épargne n le vaincu ni le vainqueur. Les chemins du chaos ne conduisent pas forcément après, au paradis. C’est plus compliqué que cela.
L’histoire politique et social du monde nous l’apprend tous les jours. Les hommes politiques, pour le plus grand nombre, de gauche comme de droite, nous ont habitués jusqu’ici à d’inoubliables déceptions. Les révolutions ne secrètent pas que du miel. Nous avons tous cru que le Sénégal était au plus bas de la fosse, que le sursaut ne viendrait que du chaos. Et la leçon démocratique est venue du peuple, là où on avait cru qu’elle ne viendrait jamais, ce peuple que l’on croyait soumis, mou, soporifique, capturé par sa foi, anesthésié et qui ne savait porter que des brassards rouges, comme un jeu de cirque. Vint la lumière pourtant avec les récents résultats des élections locales. Vint la ténacité de notre ancrage démocratique et toujours ce peuple sénégalais patient, admirable et stupéfiant dans ses sursauts. C’est lui qui a gagné, lui seul. Je suis fier de ce peuple. Tout autour de nous, des pays explosent. Nous, nous gardons le cap depuis Senghor. Nous le garderons et puisse maître Wade, c’est mon vœu, le garder, en quittant un jour sereinement ses fonctions avec une haute tenue de sa mission. Ce qui nous sauve, c’est qu’au Sénégal, « la différence entre un jardin et un désert, ce n’est pas l’eau, mais l’homme ». Je crois à la femme, en l’homme sénégalais et aux vertus de notre pays. Je crois plus encore en lui, quand le vertige est là et que le bord du gouffre semble céder et que finalement rien ne cède.
Les hasards du calendrier ont placé notre fête de l’indépendance aux lendemains d’élections éprouvantes pour nous tous. C’est fini. Le soleil revient dans les cœurs. Pourquoi alors, ne pas demander ici au Président de la République, de raffermir davantage cette immense espérance qui s’est levée et dire à son peuple que quand les questions posées sont justes et que les réponses sont fausses, les questions restent. Que rien ne sera plus comme avant. Que l’élection présidentielle de 2012 sera ouverte. Qu’il les préparera dans la concertation et un esprit d’apaisement sans fièvre. Qu’il sera le garant de leur transparence. Ne dit-on pas que c’est quand on est puissant qu’on prépare sa défaite ? Monsieur le Président, ne laissez à personne le soin d’organiser votre sortie à votre place ! Que ce soit le plus beau et le plus grand jour pour notre démocratie. Senghor, à sa manière, s’en est allé. Diouf, battu, s’en est allé courageusement, avec une froide lucidité. Oeuvrez aussi pour que l’histoire soit moins injuste. Le pouvoir est un temps dans la vie, pas toute la vie.
A chaque fois que cela a été le cas, la postérité s’est vengée au nom de la mesure. En vous portant au pouvoir, les sénégalais aspiraient au changement et au bien-être social. Ils vous ont aimé, soutenu et respecté. Nul ne peut en douter. Mais rien n’a été facile, pour le dire de cette manière. Leur déception sociale, économique, morale est proportionnelle à ce qui était leur attente. La machine politique a pris goût à l’élevage des pauvres sans en mesurer l’ampleur, malgré les énormes efforts budgétaires consentis. Ces pauvres et ses démunis se comptent aujourd’hui à des millions d’exemplaires. Ne donnez plus aux sénégalais un pays nerveux, épuisant, moins civilisé. Qu’à leur angoisse ne réponde plus un système inégalitaire. Ne gérez plus l’impossible. Ne soignez plus par l’illusion ce que l’aspirine guérit. Eloignez-vous du « régime des passions partisanes auquel est réduite le plus souvent la réflexion sur la politique ».
Protégez-vous mieux désormais. Protégez hors du cercle de feu ceux que vous aimez. Pensez la République et concevez l’Etat « comme une œuvre d’art ». Vous avez été dans l’opposition, votre vie durant, un grand blessé de la politique. Ce difficile moment de votre existence avait fait de vous un héros, un « Comandante », une légende populaire vivante. C’est une leçon de vie irremplaçable d’initié et de grand combattant ! Faut-il maintenant tout recommencer ? Courir derrière une seconde légende réparatrice ? Ne quittez pas demain les sénégalais en laissant dans leur cœur un sentiment moins béni que celui qui les habitait en vous choisissant en 2000 avec votre coalition. Choisissez le moment et la forme de votre départ. Sans pression mais sans attendre. Conquérir le pouvoir est plus aisé que le quitter. Le choix qui commande les deux ne répond « ni aux mêmes talents, ni aux mêmes vertus, ni aux mêmes défauts ». Soyez le premier juge de votre honneur. Notre peuple, à chaque fois qu’il s’est senti délaissé, a secoué sa crinière, s’est levé d’un bond de lion et a assouvi à bout portant sa colère. Mais dans l’âme, c’est un peuple à feu doux.
Oui, je veux que le Président de la République, en dehors de toute stratégie politique qui l’enfermerait dans une absurde solitude du pouvoir, prépare notre pays à une succession digne de son héritage depuis notre indépendance en 1960. Lui souhaiter le contraire, serait déconstruire un puissant lien avec ce que nous recommande la morale et nos religions : la fidélité au pacte républicain, servir le bien, cultiver le bien, vouloir et souhaiter le bien à son prochain, son ennemi compris. C’est cela la grandeur, quelle que soit l’offense subie, la France engrangée. Je ne souhaite pas que le Président vieillisse au pied de son orgueil. Souhaitons-lui plutôt dans l’histoire une place au balcon. A lui de prendre le bon billet aux guichets de son peuple. Le nouveau chrono se déclenchera le 3 avril après son message à la nation.
Le Président tient son propre destin en main. A lui de décrisper la tension sociale et politique en posant des actes novateurs, visibles et concrets. Il doit apaiser, pacifier. Il ne s’agit plus seulement de convaincre mais d’agir. Ce qu’il fera de grand, il le fera contre sa majorité, car la majorité veille d’abord sur ce qui la conforte. Il faudra dégraisser le mammouth, redimensionner à deux battants l’armoire gouvernementale, aller à la rencontre de l’opposition sans préalable, avec humilité mais sans faiblesse, certes. Notre pays aura beaucoup inquiété les démocrates. L’enthousiasme a dépéri. L’admiration que l’on nous vouait ne porterait plus qu’une jambe, dit-on. Certes, on dit du Président que « c’est un cheval qu’on n’attelle pas », qu’il est intraitable, rusé, moitrinaire et qu’il y a peu de marge de le voir changer de fusil d’épaule. Refusons d’y croire, malgré les « flagrants délices » et les occasions manquées. Gardons lui cette capacité de mutation et de distanciation qui réconciliera enfin notre pays avec lui-même.
Quant à l’opposition, l’adversité aveugle et sourde ne doit pas tuer le dialogue avec le pouvoir, quels que soient le dépit et la vigilance que leur recommandent des relations exécrables et des surprises pourries avec le Prince. Ce n’est pas en refusant la main tendue du Président que vous le ferez partir un dimanche. C’est en la prenant et qu’il vous la retire, que vous gagnerez. C’est en perdant avec lui que vous gagnerez. La règle du jeu en politique est immuable : garder le pouvoir autant qu’on peut ou le conquérir dés qu’on peut. Cette règle vaut pour le Président comme pour l’opposition. Opposez-vous sans permission, Opposez-vous intelligemment, mais opposez-vous surtout dans la claire conscience de servir d’abord les intérêts du peuple sénégalais, c’est-à-dire de faire poser des actes concrets qui rejaillissent sans tarder dans le quotidien des sénégalais : manger, se loger, se former, travailler, s’instruire pour servir son pays, conserver et protéger sa dignité.
Je rappelais par ailleurs, sous un autre registre, au maire sortant de Dakar, fâché avec la culture comme un sourd avec un tambour, que ce n’était pas seulement à l’Etat de construire des cinémas, des théâtres, des centres culturels, des hôpitaux. Les communes devraient elles aussi penser à réaliser de telles infrastructures. La Ville de Dakar devrait posséder le plus beau théâtre municipal et la plus belle salle de cinéma municipale de la capitale. C’est un appel que je lance au futur maire de Dakar, en souhaitant également que de grandes commandes artistiques soient confiées aux artistes sénégalais et africains, pour faire de Dakar une capitale artistique digne de sa renommée.
Le 4 avril 2009 ouvre donc au président de la République une nouvelle page d’histoire avec les sénégalais. A lui de la remplir, en adhérant à leurs votes, moins comme une sanction mais comme la réponse à leurs légitimes inquiétudes et révoltes. Comme un appel ultime au changement. Celles et ceux qui vous écouteront le vendredi 3 avril au soir, Monsieur le Président, seront plus nombreux que jamais. Ils attendent de vous France d’une véritable révolution, un vrai tremblement de terre. C’est qu’en effet, l’heure est grave et que vous détenez la clef de l’horloge du pays pour en baisser l’insoutenable rythme cardiaque. Ce pays est un pur joyau. Son peuple est admirable de pugnacité et de sens du pardon. Si vous ouvrez le cœur des sénégalais, vous n’y trouverez rien d’autre que leur maman et l’amour pour la justice et l’équité. Il existe dans ce beau pays des femmes et des hommes prêts à perdre la vie par politesse, par élégance, par pudeur, mais également prêts à mourir pour leur dignité, leur honneur. Ils sont fatigués, désespérés. Aidez-les à mieux vivre, à défaut à mieux survivre, pour ne pas vous fermer à tout jamais la porte de leur cœur, Monsieur le Président. Et aux autres, innombrables, qui ont sonné le tocsin aux locales, donnez leur de quoi réapprendre à dire votre nom sans serrer les dents. A nos enfants, pour parler comme Garaudy, c’est à nous tous qu’il incombe de laisser une étincelle dans nos cendres, pour qu’ils y allument de nouveaux tisons afin que ce pays ne connaisse jamais les ténèbres.
Il n y a pas de place pour la haine, le sang, chez un peuple partageant le même Dieu, la même espérance. Chaque sénégalais est une mosquée, une cathédrale. Mais il faut vivre ! L’errance, l’exclusion, le chômage, un avenir plombé, nourrissent toujours quelque part un volcan. Alors, veillons ensemble avec plus de solidarité et faisons de la politique une esthétique, une éthique de vie, des champs de riz, des postes de travail, des foyers heureux.
Bonne fête de l’indépendance, chers compatriotes !
• Amadou Lamine Sall
• Poète
• Lauréat des Grands Prix de l’académie française
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• AINSI « LES REBELLES ONT EU RAISON »
• mardi 7 avril 2009
Seul, vingt six ans durant, face à la toute puissance d’un parti socialiste qui lui en a fait voir de toutes les couleurs et lui a fait avaler toutes les couleuvres, le Pds est arrivé au pouvoir, abattu, hébété, haletant, la bave aux lèvres et la langue hors de la bouche.
Il est arrivé au pouvoir exténué, affamé de pouvoir et assoiffé de gloire. Aussi dès qu’il a atteint son objectif, le Pds rangea dans les tiroirs de l’oubli les principes et les belles théories, assuré qu’il était d’avoir entre ses mains l’outil, le seul, l’unique qu’il convoitait.
Le Pds n’y est pas parvenu seul mais cela, il l’oublie souvent ou fait semblant de l’oublier tout au moins dans sa gestion du pays. Comme le partage de Gaïndé à Ndombélane, tout lui est revenu, tout lui est soumis, et tout est assujetti à la seule volonté de sa seule « constante » qui est son secrétaire général. Et depuis lors que de déceptions !!
L’un des présidents le mieux élu de ce 20éme siècle, et « le plus diplômé du cap au Caire » à la tête d’un état de droit auréolé d’une démocratie achevée », a centralisé entre ses mains tous les pouvoirs.
Depuis lors, le pays est presque une monarchie institutionnelle : Le secrétaire général du Pds étant aussi le président de la république, rien dans ses actes et dans son langage, ne différencie l’un de l’autre. C’est ici que la Cellule Initiative en Stratégie (CIS) ainsi que la Cap 21 auraient dû intervenir. Au silence coupable des anciens qui se terrent et se taisent devant les incartades de langages et les décisions inopportunes, les partisans de la mouvance présidentielle et les intellectuels ont courbé l’échine et rivalisé de discours dithyrambiques et laudateurs.
Je considère le Pds comme un navire de guerre escorté d’une flottille que sont les partis de la mouvance ; cette escorte , dotée de moyens juridiques, logistiques, financières et d’une autonomie d’action parce que bénéficiant des largesses du pouvoirs, auraient dû remplir leurs missions, protéger le navire Pds, rendre son voyage attirant et attrayant, recueillir ou retenir les partants et les entrants, manager les différentes « personnalités » pour faciliter la coexistence et maximaliser leur impact à la base, servir de réceptacle et de plate forme de mise à niveau des mécontents et des frustrés.
Ils auraient dû « ces petits partis », pour toute élection, se coaliser par affinités et à la base, pour ratisser en large et « récupérer » évitant ainsi des votes sanctions et les abstentions, après que le code électoral soit modifié.
Ainsi par un pacte de compagnonnage sincère, pour des objectifs précis et communément acceptés, il doit être possible et préférable par exemple qu’un bon responsable Pds soit 3ème sur la liste Weddi, plutôt que d’être 35 ème sur la liste Sopi.
Mais au lieu de cela les responsables de ces « petits partis », économisent leur argents, leurs moyens, les ressources qui leur sont alloués, et arriment leurs embarcations au Pds, jouent des coudes, font des pieds et des mains pour occuper des places dans la liste Sopi auxquelles ils n’auraient pas droit.
Ce faisant les vrais militants Pds frustrés, font les frais d’une soi disante massification du parti et le bateau Pds, lourdement chargé , tangue et hésite à affronter les vagues des échéances, de peur de subir le même sort que le bateau le « joola ».
La tournée économique du président de la république qui épouse les contours exacts de la période électorale, les points ciblés et la teneur du message prouvent si besoin en était, que le secrétaire général du Pds savait que son parti était très mal en point.
Mais, il était loin de penser que le mal était si profond et que ce peuple qui l’adulait il n’y a guère longtemps, lui en voulait à ce point. Partout huées, brassards rouges et cailloux, s’il n’est pas chassé comme un mal propre comme à Podor ou à Matam !
Ainsi non seulement on ne lui disait pas la vérité, mais le peu qu’il croyait savoir, était faux.
Mais la vraie lecture qu’on doit faire de tout cela, est très simple. Ceux, des responsables Pds qui, sans brassards rouges, cailloux, ont choisi de faire des listes parallèles comme Lamine Bâ et autres Babacar Ndao doivent être félicités pour la lucidité de leurs analyses et le courage de leurs actes, car vaut mieux prévenir que guérir.
En effet le Pds qui n’a renouvelé aucune de ses instances depuis mathusalem, fonctionnent dans une parfaite, totale et entière illégalité. Il suffirait qu’un homme, ou un groupe d’hommes fassent venir des délégations régionales pour organiser un congrès et créer ainsi la scission. Face à cette illégalité statutaire et à cette illégitimité populaire , les « rebelles » et autres « frondeurs » constituent les modèles de vrais militants, servant de boucliers et de remparts contre « les envahisseurs » que sont les traîtres, les transfuges et transhumants et autres opportunistes de la dernière heure.
C’est pourquoi le moment est venu pour le secrétaire général du Pds de reconnaître ses fautes et faire son mea culpa pour se réconcilier avec la nation dans ses différentes composantes qui, à la limite, ne peuvent être que ses adversaires.
Il est aujourd’hui prouvé que ses vrais « ennemis » sont ceux qui sont grassement et gracieusement payés mais que les lambris du pouvoir ont transformés, de militants actifs en larbins laudateurs, et d’opposants convaincus, en griots du roi.
Il ne sert à rien donc de faire une fuite en avant en « menaçant », en « accusant » ou en « excluant » parce que le peuple a déjà tranché : Le Pds a trahi et le Sopi a failli : ainsi le peuple qui a vu « rouge » en a fait voir aussi à son président : brassards rouges, huées, cailloux, chaos et humiliations.
C’est la bérézina.
C’était pour lui éviter tout cela que Beug Beugou Askan Wi était né. Aussi, les soi disant « rebelles » Lamine Bâ, Moustapha Diakhaté, et autres Ahmet Fall ont eu raison sur le Pds et son Secrétaire Général, quelle que soient les décisions prises après ce naufrage. Désormais, rien ne sera plus comme avant.
• Mor Dieng
• Président du Parti Weddi
• Email : weindewéddi@rocketmail.com
Médias au Sénégal, le débat sonne-t-il faux ?
Parfois malheur est bon, on a l’habitude de le dire. Une fois encore un malheureux « incident » de la couverture médiatique de la fête du 04 avril 2009 a reposé sur la table plusieurs questions sur la situation de la presse sénégalaise. Les relations entre secteur public et privé de la presse, la concurrence saine entre les médias, les relations entre presse et pouvoir, la solidarité journalistique entres autres…
Les télévisions privées devaient prendre le signal de la télévision nationale pour une diffusion en direct du défilé. Les raisons sont techniques, selon le Directeur de la télévision publique. Il fallait éviter les brouillages et le nombre important de caméramans sur les allées du Boulevard Général De Gaulle. Les explications du Directeur ont brouillé notre première et claire compréhension, en fait en même temps qu’on cherchait à limiter le nombre de caméramans sur la place on permettait aux télévisions privées de prendre le signal et d’utiliser d’autres caméras pour enregistrer ce qu’elles veulent.
Donc les explications techniques ne passent pas. L’autre explication non dite est fondée sur des rumeurs et des supputations : la sécurité des autorités étatiques, du chef de l’Etat notamment. On craignait le débordement d’éventuelles manifestations comme c’était le cas lors de la campagne pour les élections locales. Les télévisions privées Walftv notamment allaient bien sûr montrer à la face du Sénégal et du monde de tels faits.
L’argument sécuritaire peut-être compréhensible mais est-ce que cela mérite qu’on empêche aux journalistes (reporters, techniciens, photographes) de faire correctement leur travail ? Est-ce que y’avait pas d’autres canaux pour échanger avec les journalistes sur cet argument ? Est-ce que cet échange vaut même la peine dans un pays démocratique ? Le chef de l’Etat doit gouverner, les forces de l’ordre doivent s’occuper de sa sécurité et les journalistes doivent informer, chacun dans le respect du droit de l’autre.
Peut-être tout cela s’explique par un manque de sérénité et de confiance entre les différents acteurs. Si les autorités continuent de voir les journalistes comme ceux qui voient le mal partout, ces derniers restant en permanence sur la défensive, des forces de l’ordre qui entrent parfois dans la danse avec des altercations contre les journalistes, on aura du mal à arrondir les angles et travailler dans la sérénité. Mais bon tout cela n’est peut-être que de l’idéal ? Les soubresauts d’une démocratie et d’une presse en perpétuelles évolutions et révolutions ?
Seulement ramenant le débat sur la presse proprement dite, il est temps pour la corporation de se retrouver pour réfléchir sur tous les problèmes du métier. Les discussions sectorielles ou d’étapes ne sont pas mauvaises (femmes et médias, relations forces de l’ordre et journalistes, régulation, convention collective…) mais mieux vaut se retrouver sur des questions fondamentales (subventions, partage de la publicité, concurrence, taxes, relations médias public et privé…).
On demande aux uns et aux autres comme l’a indiqué la Secrétaire Générale du Synpics de s’identifier un peu plus à la corporation et non tout le temps à leur organe autrement dit voir les intérêts de la presse dans son ensemble. Ce n’est pas une affaire d’amis et de copains mais de professionnels, d’hommes et de femmes responsables.
La concurrence est une réalité mais elle doit rester saine !
Dans des pays développés avec des centaines de supports médiatiques comme la France et les Etats-Unis, on réfléchit chaque jour sur le secteur des médias avec les fermetures des entreprises de presse et les pertes d’emploi. On ne peut pas échapper à cette réalité.
Seuls ceux qui refusent le progrès pensent qu’on n’a pas à apprendre aux autres. On avance, on évolue, regardons du côté de ceux qui évoluent. On n’a le droit de vivre de notre métier ! Tout débat crypto personnel qui va à l’encontre de ce droit sonnerait faux.
Excusez un jeune journaliste amoureux de son métier !
• NDIAGA DIOUF, Journaliste.
• Ndiagadiouf2005@yahoo.fr
Hamidou Diop (Patronat) : «L’Etat n’a pas payé la totalité de la dette hors budget échue»
Au 31 janvier 2009, la dette intérieure payée par l’Etat a été de 146,5 milliards de francs Cfa. Et d’autres règlements ont été effectués pendant les mois de février et mars derniers, selon le secrétaire général du Conseil national du patronat (Cnp), Hamidou Diop. Seulement, reconnaît-il dans l’entretien qu’il nous a accordé, la totalité de la dette hors budget échue n’a pas été payée. Parlant ensuite de la crise financière et économique internationale, il révèle qu’elle commence à se faire sentir au Sénégal, surtout dans le secteur du tourisme où on assiste à une baisse des taux de réservation et d’occupation du tourisme balnéaire de l’ordre de 30 à 40 % en moyenne.
Wal Fadjri : Où en est-on avec le paiement de la dette intérieure par l’Etat ?
Hamidou Diop : Il faut rappeler que c’est suite à une audience que le chef de l’Etat a accordée au président Baïdy Agne, 48 heures avant la tenue du Conseil présidentiel de l’investissement (Cpi), que des engagements ont été pris pour le paiement de la dette intérieure au 31 janvier 2009. Et nous avions toujours dit que le débat sur le montant de la dette intérieure aurait été plus serein si l’Etat avait instauré une concertation avec le secteur privé et établi une meilleure communication.
Aujourd’hui, le ministère de l’Economie et des Finances nous a envoyé l’état détaillé des paiements effectués avant le 31 janvier 2009. Le montant constaté est de 146,5 milliards de francs Cfa. D’autres règlements ont également été effectués pendant les mois de février et mars 2009. Nous savons maintenant quelles sont les entreprises qui ont été payées ainsi que le montant. Nous avons noté que dans les paiements, l’Etat a privilégié les entreprises les plus petites. Il faut reconnaître les efforts de l’Etat, mais, bien entendu, on ne saurait affirmer que la totalité de la dette hors budget échue a été payée. L’audit indépendant devrait nous édifier très prochainement. Nous avons d’ailleurs signalé à la délégation du Fonds monétaire international (Fmi) qu’il faut absolument limiter l’audit dans le temps pour ne pas pénaliser les entreprises.
Wal Fadjri : Les entreprises commencent-elles à ressentir l’impact de la crise financière internationale ?
Hamidou Diop : Au plan national, les premiers signaux de l’impact de la crise financière internationale commencent à se faire sentir. Cette crise financière internationale a déjà un impact au niveau du secteur du tourisme où il a été constaté par l’un de nos groupements professionnels une baisse des taux de réservation et d’occupation du tourisme balnéaire de l’ordre de 30-40 % en moyenne.
L’alerte a été donnée par les professionnels du tourisme et il faut que des mesures de soutien soient prises dans les meilleurs délais. A titre d’exemple, cette baisse du taux de la taxe sur la valeur ajoutée (Tva) sur les produits touristiques tant réclamés par le Syndicat patronal de l’industrie hôtelière du Sénégal (Spihs). Au regard de l’importance du secteur du tourisme dans notre économie, cette mesure ne peut aujourd’hui attendre une décision communautaire de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) portant sur l’approbation de la liste de 10 produits/services devant bénéficier d’un taux de Tva réduit.
Wal Fadjri : Mais, dans un secteur comme l’énergie, le chef de l'Etat ambitionne de faire du Sénégal un hub pétrolier. Ce projet est-il réalisable et dans quel délai ?
Hamidou Diop : Je rappelle que le Conseil national du patronat du Sénégal a toujours dit que la résolution de la crise énergétique passe par le respect des engagements contractuels de toutes les parties prenantes, à savoir l’Etat, les pétroliers et la Senelec (Société nationale d’électricité), mais également par le renforcement des capacités des nationaux présents dans le secteur pétrolier, l’audit technique et financier de la Senelec, l’étude et la mise en œuvre de contrats de concession/privatisation, et la construction dans le secteur de l’énergie d’un hub pétrolier.
Tout est possible pour faire du Sénégal un hub pétrolier, mais la question essentielle est de savoir comment… Si la situation de la Société africaine de raffinage (Sar) est bien meilleure par rapport à l’année dernière, il n’en demeure pas moins que sa restructuration financière doit se poursuivre ainsi que l’augmentation de ses capacités de stockage et le renforcement du fonds de sécurisation des importations de produits pétroliers. Tout cela doit se faire par une cession progressive de l’actionnariat au profit du privé national. Nous devons tirer les leçons du passé en favorisant l’émergence du secteur privé national dans les secteurs stratégiques.
Wal Fadjri : Concernant le gaz butane, un projet de stockage de 22 000 tonnes est à l'étude pour mettre fin aux ruptures cycliques. Cette quantité vous paraît-elle suffisante pour cela ?
Hamidou Diop : Concernant le gaz, les entreprises du secteur sont déjà en train de construire des infrastructures de stockage de l’ordre de 3 500 tonnes chacune pour la mise en place d’un stock minimum de sécurité. Mais il faut aussi savoir qu’un stock a toujours un coût pour l’entreprise. En conséquence, des mesures d’accompagnement supplémentaires sont nécessaires pour inciter le secteur privé à construire des stocks de sécurité au regard des principes modernes de management de stocks, c'est-à-dire, le juste à temps, les flux tendus, le zéro stock...
Wal Fadjri : Les lampes à basse consommation annoncées par le président de la République pourront-elles amoindrir le prix de l'électricité ?
Hamidou Diop : Il faut considérer les lampes à basse consommation dans le cadre d’une politique d’économies d’énergie visant surtout les ménages. Le niveau de consommation des ménages pourrait ainsi diminuer du fait du nombre de watts. Ce que nous pouvons dire en plus, c’est que l’Etat doit accorder une priorité au transfert de technologie et de savoir-faire pour une production locale des lampes et non les importations.
Mais la problématique de l’électricité est complexe. Pour le secteur productif, la question aussi bien du prix que de la qualité de l’énergie demeure. A cet effet, le ministère de l’Energie nous a convié à une concertation visant la réforme structurelle de la Senelec, notamment pour sa transformation en holding avec des filiales de production, de transport, de distribution et d’électrification rurale. Certaines dates sont ainsi avancées, c’est-à-dire, la séparation comptable en fin juillet 2009, le démarrage effectif des filiales fin septembre 2009 et la prise de participation au capital fin mars 2010. Les termes de référence de l’étude ont été rédigés et nous attendons les conclusions pour apprécier s’il s’agit d’une bonne ou mauvaise décision.
Mais il est certain que, quel que soit le schéma retenu, la question de la restructuration financière est à résoudre ainsi que celle du renouvellement de l’outil de production, de transport et de distribution de la Senelec. L’actionnariat privé dépendra de la rentabilité des actions et des conditions de rétrocession. Concernant la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, il est indispensable que non seulement les investissements soient défiscalisés, mais également qu’un mécanisme financier adapté soit mis en place.
Propos recueillis par Ndakhté M. GAYE