Un appel politicien qui divertit
Un appel politicien qui divertit ( par Mody Niang)
Mes chers amis,
Me Wade a encore lancé un de ses nombreux appels politiciens dont il a le secret. En démocratie, on ne devrait pas refuser systématiquement la main tendue par l’adversaire. Cependant, cet appel de plus du politicien qui nous dirige s’inscrit dans la même veine que ses devanciers : il a manifestement un soubassement politicien. Sa vocation première est de vous distraire et de vous éloigner de l’essentiel, pendant qu’il s’emploie à réaliser tranquillement son unique objectif : baliser le chemin qui mène au palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor à son fils.
Cet homme n’est pas crédible. Même les oiseaux le chantonnent dans tous les arbres. L’homme qu’il a chargé de vous contacter l’est encore moins. Par les temps qui courent, vous devriez avoir d’autres préoccupations que de dissoudre votre temps précieux dans des discussions longues, stériles et sans lendemain avec le politicien Wade. Il veut encore, comme il y a souvent réussi à certains tournants historiques de notre pays, jeter la suspicion, le doute, le discrédit sur certains d’entre vous. Il veut vous mettre encore en mal avec le peuple.
Cet homme ne peut avoir d’autres préoccupations que de rester au pouvoir jusqu’en 2012 et de le transmettre par tous les moyens à son fils. Vous avez, du moins vous devez avoir une autre préoccupation : vous préparer à l’élection cruciale de février 2012. Voilà le vrai enjeu pour vous tous. Vous devriez vous y investir à fond, jour et nuit. Vous devriez être prêts à tout y sacrifier.
Douze ans avec Me Wade, c’est déjà trop pour notre pays. Sept autres années avec son fils biologique ou son fils « d’emprunt », c’est la pire des catastrophes qui puisse nous arriver. Ce serait le chaos pour tout le pays, ce serait la fin de vos partis respectifs. Le peuple ne vous pardonnerait jamais un tel scénario.
N’accordez aucun crédit à cet autre appel de Wade ! Des tâches beaucoup plus importantes vous attendent, des tâches dont certains avancent déjà avec malice qu’elles seront difficiles à réaliser. En effet, nombre de nos adversaires se frottent déjà les mains et proclament sous tous les toits que vous n’arriverez jamais à vous entendre et que vous irez à la prochaine élection présidentielle en ordre dispersé. Au grand bonheur de ceux de l’autre côté de la barrière, qui sont en train de tout mettre en œuvre pour réunir tout leur camp sur un même front.
Les élections locales du 22 mars 2009 au Sénégal et les toutes récentes élections européennes en France, devraient vous convaincre que votre seule chance et, partant, celle du peuple sénégalais tout entier, se trouve dans votre unité, dans un « Front républicain » fort, qui ne laisserait aucune chance à l’homme qui a détruit notre pays. L’Ump, formant un seul camp, est sorti grand vainqueur de ces élections, tandis que la Gauche émiettée s’est retrouvée avec des scores médiocres, aussi bien pour le Parti socialiste que pour ses autres composantes. On pourrait me rétorquer, évidemment, qu’il ne s’agit pas d’une élection présidentielle. Certes ! Cependant, l’unité a montré ici ses avantages et la division ses limites.
Le « Front républicain » auquel je rêve pourrait bien porter un projet national bâti à partir des conclusions des Assises nationales. Il n’y a aucun doute que la majorité de nos compatriotes s’y reconnaîtraient.
Il convient de mettre en garde contre un autre danger, un autre serpent venimeux : Karim Wade, le fils de son père. Ne prenez pas l’habitude de vous afficher avec lui. Il est aussi compromettant que son père. Quel que soit le visage qu’il vous montrera, ne vous laissez pas abuser : sa seule préoccupation, c’est de remplacer son père et de lui couvrir ses arrières, en même temps que ses arrières à lui, et de faire d’une pierre deux coups.
Un dialogue ou un rapprochement avec Wade père et Wade fils n’est d’aucune utilité pour le pays. Ces deux compères ne sont ni crédibles ni sincères. Laissez-les poursuivre leur chemin tortueux !
Ne soyez pas de ceux disent trop facilement à propos Karim : il perd son temps, il ne sera jamais élu président de la République. Attention ! De la vigilance, encore de la vigilance, toujours de la vigilance ! Ce garçon forme avec son père une belle équipe qui a mille tours dans son sac. Ils sont riches comme Crésus et vont le devenir encore plus d’ici à 2012. A cet égard, le fils occupe une station idéale, taillée vraiment sur mesure : cinq départements ministériels en un seul et l’exclusivité de la Coopération avec les pays du Sud, moins regardants vis-à-vis de certaines procédures et surtout particulièrement généreux. L’expérience a certes montré que l’argent n’est pas toujours déterminant dans le vote des Sénégalais mais attention : de l’argent, ils en ont et en auront encore beaucoup plus d’ici à 2012. Sans compter qu’ils ne reculeront devant rien. Ils l’ont prouvé et le prouvent à suffisance chaque jour un peu plus.
Bu ma kenn dëkkël fu ma dëkkul ! En d’autres termes, de grâce, que personne ne me situe dans un camp ou dans un autre ! Mon seul camp est le Sénégal. En outre, je ne suis candidat à rien : ni à un portefeuille ministériel, ni à un poste de député, ni à un autre poste que ce soit. Dans notre pays, il y a suffisamment de candidats à ces stations. La seule préoccupation qui m’habite, la seule vraiment, aujourd’hui comme demain, c’est de contribuer, même modestement, à débarrasser notre pays des Wade, de leur immonde gouvernance et de la meute de prédateurs qui gravitent et grenouillent autour d’eux.
Avec mes sentiments profondément citoyens et patriotiques !
Nb : je ne connais pas l’adresse électronique de tous les membres de Benno Siggil Senegaal. Je serais donc reconnaissant à tous ceux qui m’aideraient à diffuser le plus largement ce texte.
Auteur: MODY NIANG
Une Cour constitutionnelle digne de ce nom qui a fait honneur à l’Afrique, est celle du Niger
Mamadou Tandja a, dans son entreprise, simplement voulu suivre les traces de Me Wade, dans son habitude à violer à chaque fois que de besoin, la Constitution de son pays, voire à se mettre au-dessus des institutions de la République sans aucun risque, parce qu’il les a toutes caporalisées. Mamadou Tandja n’a pas malheureusement tenu compte de cette différence de taille fondamentale, qui existe dans son pays, qui est cette institution, sentinelle vigilante du peuple nigérien, qui veille scrupuleusement pour son compte, sur l’application stricte de la Loi fondamentale. Cette institution se trouve être la Cour constitutionnelle du Niger. En lieu et place, Me Wade, dispose lui, de son Conseil constitutionnel, dont les contours de ses compétences sont si imprécis ou rétrécis, qu’en fin de compte, ils sont devenus nuls, autrement dit, sans aucune compétence. Alors, ce dernier ne se prononce jamais sur rien. On pourrait très justement, qualifier ce Conseil constitutionnel, comme un sourd-muet et aveugle à la fois. Sacré Sénégal sous Me Wade !
Dans une tentative de coup de force du président Mamadou Tandja de violer la Constitution du Niger, la Cour constitutionnelle, comme il se doit, a pris ses responsabilités pour dire le droit par un arrêté catégorique et sans équivoque : ‘Dans un arrêt rendu vendredi 12 juin 2009, la Cour constitutionnelle du Niger est catégorique : l’entreprise dans laquelle le Président Tandja s’est lancé depuis plusieurs semaines est anticonstitutionnelle.’ Un verdict sans appel ! Pas de 3e mandat, pas révision constitutionnelle et pas de référendum aussi !
Nous saluons avec beaucoup de fierté, le courage et la fermeté de la Cour constitutionnelle du Niger, pour l’interprétation correcte de la constitution, sans équivoque, face au coup de force, que tentait de perpétrer le président de la République Mamadou Tandja. Cet exemple a valeur de leçon pour toutes les institutions similaires de l’Afrique, mais surtout encore, pour le Conseil constitutionnel du Sénégal, qui s’est particulièrement illustré depuis l’alternance, dans une légendaire incompétence, à examiner seulement, tout texte incriminé d’inconstitutionnalité, à plus forte raison que de le juger.
On peut dire tout à fait, que ces magistrats nigériens, n’ont pas appris le droit pour rien, et leur savoir, était bien au service de leur peuple à qui, ils doivent tout. De même, ils n’ont pas été nommés ou élus pour se déclarer incompétents devant tout texte, soumis à leur examen, rien que pour sauvegarder des avantages pécuniaires ou matériels attachés à leurs fonctions. Ces magistrats, au moins eux, respectent leur serment, se conforment aux lois et règlements de leur pays et jugent selon leur intime conviction, en dehors de toute considération de quelque autre institution que ce soit. Ils ont également conscience, certainement, qu’ils seront aussi jugés demain, sur les jugements qu’ils ont eus à faire d’ici-bas. Pour avoir accompli convenablement leur mission, les peuples d’Afrique leur sont reconnaissants à juste titre.
Enfin, les peuples ne demandent pas plus que cela et c’est un minimum. Souhaitons vivement, que cette attitude de la Cour constitutionnelle du Niger, fasse tache d’huile au niveau de toute l’Afrique, et qu’elle soit méditée fort opportunément, par le Conseil constitutionnel du Sénégal à l’avenir.
C’est l’occasion aussi, de noter l’inutilité et l’inefficacité de l’Union africaine et de la Cedeao, dans le cas présent. Elles ont donné ici la preuve manifeste des critiques tout à fait fondées qui leur sont adressées par les peuples d’Afrique et même d’ailleurs. Elles ont montré leur limite incontestable, à agir contre les chefs d’Etat en exercice et justifié aussi largement le caractère affirmé de syndicat de chefs d’Etat, que constituent ces organisations. En effet, là où, la condamnation ferme d’un membre s’imposait, l’Union africaine fait profil bas, garde le silence, ferme les yeux et laisse agir ses membres à leur guise, contre ses propres textes et recommandations.
Avec de telles bévues et dans un environnement où les chefs d’Etat violent impunément leur propre constitution et s’imposent contre la volonté du peuple, l’Union africaine ose parler aux peuples africains, victimes de leurs dirigeants, d’un gouvernement continental ? C’est une farce de mauvais goût, il faut commencer par le commencement messieurs ! Maintenant, c’est au peuple nigérien avec toutes les forces vives du pays, de se dresser comme un seul homme, pour faire face à Mamadou Tandja et ses acolytes, mais aussi, à prendre la défense sans ambages de la Cour constitutionnelle, au cas où le président ne se conformerait pas à la loi.
Tout à fait autre chose, pour marquer mon accord avec mon ami Mody Niang sur son appel. Le non appel ou l’appel par des voies détournées de Me Wade, président de la République, à l’opposition est une vraie farce ou diversion. Le but de ce jeu de cache-cache est simplement une énième tentative de casser la dynamique unitaire de l’opposition et empêcher les conclusions des Assises nationales de se concrétiser ou se matérialiser. Donc, imperturbable, poursuivons notre travail pour atteindre les objectifs que nous assignent les Assises nationales, sans nous soucier, d’un appel voilé, qui ne peut dans la situation présente, rien nous apporter, s’il ne s’inscrivait pas dans le cadre de la charte de gouvernance démocratique. Surtout avec un interlocuteur comme celui que nous avons en face, pour qui, la parole n’est pas une montagne, et on peut la déplacer comme on veut. Chers concitoyens, la vigilance doit être de rigueur auprès de tous les Sénégalais, maintenant et demain.
Mandiaye GAYE Gaye_mandiaye@hotmail.com
SudQuotidien : Lundi 15 Juin 2009
CHEZ MBAYE JACQUES DIOP HIER : L’opération de charme de Karim continue
Karim Wade, ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, des infrastructures, de l’aménagement du territoire et des transports aériens semble entamer une vaste opération de charme de la classe politique et des personnalités influentes du Sénégal. Depuis quelque temps, il fait la tournée des leaders politiques et d’opinion du pays en leur rendant visite de courtoisie.
C’est ainsi qu’après ses « tontons » Moustapha Niasse de l’Alliance des forces du progrès (Afp), Amath Dansokho du Parti de l’indépendance et du travail, il était le week-end dernier chez Me El Hadji Amadou Sall, l’ex-porte-parole de son père de président de la République, pour lui présenter ses condoléances consécutivement au décès récent en France de son frère aîné Tidiane Sall.
Karim Wade qui était accompagné de son « frère » Samuel A. Sarr, le ministre de l’Energie et des biocarburants s’est acquitté ainsi de son devoir de « petit frère », a souligné Me El Hadji Amadou Sall interrogé, mais qui a refusé de s’étendre outre mesure sur le sujet. Soulignant simplement les liens forts qui existent entre lui et le père de Karim Wade, Me Abdoulaye Wade et entre les deux familles.
Hier, dimanche, c’était au tour de l’ancien président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes), Me Mbaye Jacques Diop de recevoir la visite à son domicile dakarois de Yoff nord foire du ministre d’Etat comme l’appelle désormais ses affidés non sans pompe. Accompagné de son conseiller Cheikh Diallo, Karim Wade s’est présenté à la demeure du « retraité politique ? » Mbaye Jacques Diop.
Celui-ci entouré de son fils et de son neveu et homonyme, Me Mbaye Jacques Diop a accueilli le fils du chef de l’Etat venu lui présenter ses amitiés.
Saisissant l’instant, Mbaye Jacques Diop selon des sources présentes, dira à Karim Wade : « j’appartiens à la génération de ceux-là qui ont réclamé et obtenu l’indépendance du Sénégal. De ceux qui ont cherché à bâtir les socles de la nation et à instaurer la démocratie. Il vous revient, vous de la nouvelle génération de conforter la démocratie, de propulser le progrès et de fortifier la justice sociale et l’équité.
Nous vous accompagnerons sur ce chemin-là ». Sages paroles politiques ou passage de témoin ? Toujours est-il que Karim Wade semble s’inscrire pour sa part, dans une vaste opération de charme de ses concitoyens. Cela suffit-il cependant à conquérir les suffrages en 2012 si son père ne se présente pas ? Rien de moins sur. A moins que cela participe simplement d’un souci de décrispation de l’espace politique
Auteur: Madior FALL
Lobservateur : Lundi 15 Juin 2009
DOXANTU DOMINICAL : Karim visite la télé de Futurs Médias.
«Le Sénégal est devenu de plus en plus une République d’avocats. Il est temps qu’on y associe les banquiers»
Le ministre d’Etat, Karim Wade, a profité du week-end pour rendre une visite de courtoisie au lead vocal du Super Etoile, Youssou Ndour et aux locaux de la télévision du groupe Futurs Médias. Il s’est également rendu chez l’ex-Président du Craes, Me Mbaye Jacques Diop avant de voir Aminata Tall.
«C’est une visite de courtoisie et de reconnaissance. Lorsque mon épouse Karine a rendu l’âme, vous vous êtes fait représenter avant de venir vous-même me présenter vos condoléances. Cela m’est allé droit au cœur.» C’est ce que le ministre d’Etat Karim Wade, accompagné de son conseiller en communication Cheikh Diallo, a fait savoir hier à Youssou Ndour. Ce dernier a profité de l’occasion, pour lui faire visiter les locaux de la télévision du groupe Futurs Médias sis aux Almadies. Et, Karim s’est réjouit des installations et du matériel flambant neuf qu’il a trouvé sur place. Le lead vocal du Super étoile qui avait à ses côtés Mamadou Diop, Mady Dramé, Mara Dieng et Cheikh Traoré a bien apprécié le geste de Karim Wade…
Après avoir pris congé de You, il s’est rendu à la Cité Nord Foire, chez Me Mbaye Jacques Diop. Une démarche bien saluée par le maître des lieux. Le ministre d’Etat a fait savoir à l’ex-maire de Rufisque «qu’il compte beaucoup sur son soutien pour qu’il l’aide à développer le pays». Surtout qu’il est au courant des «bonnes relations qu’il entretient avec le président de la République, Me Abdoulaye Wade». A noter que Karim Wade a également fait savoir à Me Mbaye Jacques Diop «que le Sénégal a beaucoup changé». Et pour illustrer cela, il constate «que les Sénégalais ne roulent plus sur des routes du colonisateur et ne voyagent non plus dans les aéroports du colonisateur». «Avec l’alternance, le visage du Sénégal a beaucoup changé», note Karim Wade. Maître Mbaye Jacques Diop, de son côté, a remercié Karim Wade d’avoir fait le déplacement tout en lui rappelant son compagnonnage avec le président de la République, Me Abdoulaye Wade. «Merci d’être venu rendre visite à des anciens. Je suis prêt à vous apporter mon soutien. Pour cela, je vous mets en rapport avec mon fils Pape Madické Diop et Me Mbaye Jacques Ndiaye. Lesquels sont de votre génération.» Me Ndiaye qui était de la partie a pris la parole pour faire savoir à Karim Wade «qu’il ne peut pas travailler avec quelqu’un qui n’aime pas le Sénégal». Mais, poursuit-il, «je suis prêt à soutenir quelqu’un qui aime le Sénégal». Dans cette même lancée, la «robe noire» a interpellé Karim Wade sur ses ambitions politiques avec son slogan «En route vers le sommet». «Etes-vous toujours en route pour le sommet», lui questionne Me Ndiaye. «Oui !», répond Karim Wade, «je suis prêt pour le sommet». «Le Sénégal est devenu de plus en plus une République d’avocats. Il est temps qu’on y associe les banquiers», ironise Karim Wade. Le patron de la Gc a également rendu visite à Aminata Tall.
Auteur: Mamadou SECK
WalFadjri : Lundi 15 Juin 2009
Journée d'hommage à Mamadou Dia : Quand Amadou Makhtar Mbow évoque un des pères de l’indépendance
Un vibrant hommage a été rendu, ce samedi, au président Mamadou Dia, décédé il y a à peine quatre mois. Devant plus de 500 personnes, Amadou Makhtar Mbow, ancien secrétaire général de l’Unesco et ancien ministre de l’Education du défunt, est revenu sur l’itinéraire de l’illustre disparu. Après avoir tracé son parcours, il a confié qu’ils évoquaient, dans leurs rencontres dont l’une s’est tenue un peu avant le décès du président Dia, ‘les dérives’ des tenants du pouvoir, qui ont accentué la perte des valeurs et creusé un fossé entre une bonne frange du peuple et ses dirigeants.
Prison de Kédougou
‘(…) Mamadou Dia a payé son engagement par un enfermement dans la prison de Kédougou pendant dix ans. Il n'était pas en contact avec le monde extérieur, pas même avec ses camarades de captivité. Faute de soins appropriés, il y perdit sa santé et presque la vue. Mais Mamadou Dia n'était pas un homme à se résigner. Homme de foi et de conviction, il avait trouvé dans la prière le recueillement et la méditation, les forces nécessaires de supporter les dures épreuves qui lui avaient été imposées. Rendu à la liberté en 1974, puis gracié en 1976, il reprit de belle une lutte qu'il n'a cessée qu'avec sa mort à l'âge de 98 ans. La lutte pour la liberté de notre peuple et la démocratie et pour le droit à s'unir et à avoir une meilleure vie.’
Aventure du Bds
‘Ma rencontre politique et intellectuelle avec Mamadou Dia date d'un peu plus d'un demi-siècle. C'était en janvier 1956. Nous étions un groupe de cinq intellectuels qui, après avoir fait des études à Paris, (…) avait voulu adhérer au Bds (Bloc démocratique sénégalais) dont le leader était Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia, le Secrétaire général. (…) Au sein du Bds, nous trouvions un état d'esprit propice aux avancées qu'on pouvait attendre dans le contexte de l'époque : une remise en cause plus ou moins ouvertement des structures de l'Union française, imposées par la constitution de la quatrième république, une volonté de voir définis de nouveaux rapports entre la puissance coloniale et les peuples colonisés pour permettre, notamment de soustraire la paysannerie des conditions que lui imposait le système d'économie de traite. Nous voulions surtout un esprit de camaraderie qui tranchait nettement avec ce qui a conduit à la crise de 1962 à la suite de laquelle Mamadou Dia a été condamné injustement à la prison à perpétuité avant d'être libéré 12 ans plus tard et gracié. Nous étions, dans les instances dirigeantes, un certain nombre de camarades, (…), qui discutaient ouvertement de toutes les questions. Mamadou Dia avait joué un rôle essentiel dans cette orientation comme du reste dans la création, en 1948, du Bds qui fut essentiellement son œuvre, appuyé en cela par deux fortes personnalités de l'époque, Ibrahima Seydou Ndao et Léon Boissy avec la bénédiction de Senghor qui l'avait convaincu de rompre avec la section de la Sfio dont il était membre.’
Origine d’un homme d’exception
‘C'est au sein du gouvernement de l'économie interne de mai 1957 à septembre 1958, qu'il m'a été donné de découvrir les qualités exceptionnelles d'homme d'Etat de Mamadou Dia, sa rigueur, son courage, son sens de l'Etat. Mais pour comprendre les motivations de Mamadou Dia, la portée de son action et son comportement dans les circonstances les plus difficiles, il faut rappeler son éducation, sa formation, les circonstances dans lesquelles il est né et a grandi et les circonstances dans lesquelles il est entré dans la politique…’ ‘Mamadou Dia est né en juillet 1911 à Khombole, une escale non loin de Thiès, d'un père originaire du Fouta Toroo, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal… Sa mère, quoique établie à Thiès où son père l'épousa, était de l'ethnie Sérère du Baol, la même ethnie que Senghor. (…)
Entrée en politique
‘A Saint-Louis, Mamadou Dia et ses compagnons, à défaut de connaître Karl Marx et Lénine – il le dira lui-même – découvraient Booker Washington et Marcus Garvey et furent acquis à l'idée du panafricanisme et du socialisme ; un socialisme inspiré des pratiques communautaires africaines. Du combat pour l'authenticité, il passa à l'engagement politique qu'il avait d'abord récusé. Il avait conseillé à Senghor de se présenter comme député, considérant que son métier d'éducateur était plus important (…) que des activités politiciennes qui lui semblaient dérisoires. C'est à la suite d'une démarche pressante des populations des sites de Fatick où il était directeur d'école que Mamadou Dia acceptât que sa candidature soit présentée à l'élection au poste de conseiller général qu'il emporta aisément en 1946. C'est à la suite de cette élection qu'il s'intégra progressivement à la vie politique sénégalaise pour devenir, en quelques années grâce à son militantisme, à la pertinence de ses idées et à la clarté de sa vision des problèmes et de l'avenir du pays, une des personnalités de premier plan du pays et même de l'Afrique de l'Ouest, faisant avec Senghor un tandem que rien ne semblait pouvoir ébranler.’
Sur la route de la présidence du Conseil
‘Je ne parlerai pas des fonctions qu'il a occupées au Parlement français de 1949 à 1957 ; de grand conseiller de l'Aof de 1952 à 1957 ; de député de l'Assemblée nationale française de 1956 à 1959 ; ni de la pertinence de ses interventions au sein des assemblées françaises sur des questions les plus diverses, en particulier sur les questions économiques (…). C'est son élection comme Vice-président de mai 1957 à mai 1958, puis président à partir de juillet 1958 du Conseil du gouvernement du Sénégal qui lui permettra de lui donner sa pleine mesure d'homme d'Etat…’
‘Nous étions neuf ministres aux côtés de lui. J'occupai les fonctions de ministre de l'Education nationale, de la culture, de la jeunesse et des sports, autant de domaines sensibles qui me mettaient en contacts réguliers avec Mamadou Dia. Nous formions une équipe où chacun était conscient de participer à une cause commune dont il fallait assurer d'autant plus le succès que la tâche était rendue complexe par les ambiguïtés de la loi-cadre… Celle-ci faisait de prime abord du gouverneur, représentant la France, le président du Conseil de gouvernement dont le Vice-président Dia était le Chef légitime et les membres étaient élus démocratiquement par une assemblée, elle-même élue au suffrage universel. Cette première ambiguïté que dénonça Mamadou Dia fut levée en 1958 quand il fut reconnu comme président du gouvernement à part entière (…).’
‘En mai 1958, quand De Gaule prenait le pouvoir en France, la loi cadre avait montré ses limites et tout laissait penser qu’un nouveau pas était franchi pour arriver à plus d’autonomie, voire d’indépendance. Et l’action de Mamadou Dia avait contribué pour beaucoup. Du reste en juillet 1958 (…), Mamadou Dia qui dirigeait la délégation du Sénégal, dont j’étais membre, était d’accord pour l’accès à l’indépendance immédiate dans le cadre d’une fédération africaine qui négocierait ensuite des liens de confédération avec la France. Il eut ensuite le référendum de septembre 1958 et le départ de l’Ups des membres du groupe qui avait adhéré, au Bds comme membre en 1956, pour fonder le Pra-Sénégal et continuer la lutte pour l’indépendance et un socialisme démocratique donnant la priorité à la citoyenneté de base. C’est là une longue page d’Histoire que d’autres sont mieux placés que moi pour apporter leurs témoignages sur l’action de Mamadou Dia qui a conduit à l’accord sur la signature de l’indépendance et plus tard à la crise qui a provoqué son arrestation…’
Sens d’un hommage
‘J’avais accepté de prendre la présidence de la fondation Paix et développement qu’il avait créée, aux côtés de son épouse, Oulimata Dia, ici présente, dont on ne soulignera jamais assez le dévouement et les soins attentifs qu’elle n’a cessé de prodiguer à Mamadou Dia jusqu’à sa mort. (…). Mamadou Dia était resté lui-même sans perdre sa lucidité, sans renoncer à aucun de ses engagements de toujours. Je puis témoigner que chacune de nos rencontres, jusque peu de temps avant sa mort, nous ne cessions d’évoquer ensemble les injustices qui étaient faites à tant de peuples dans le monde ; la situation si préoccupante de notre Afrique où les espoirs nés au moment des luttes de libération, étaient loin de ce qu’on peut tirer. Nous parlions, aussi, des dérives qui, dans notre pays, comme pour accentuer la perte des valeurs, creusaient un fossé de plus en plus grand entre les détenteurs du pouvoir et leurs affidés d’une part, et les factions les plus importantes de la population, en particulier les masses paysannes et les masses laborieuses d’autres part. L’appauvrissement, la misère de tant de personnes, le désespoir d’une jeunesse sans perspective d’avenir nous paraissaient lourds de conséquences pour l’avenir.’
‘Nous réfléchissions, bien sûr, aux conditions de redressement, notamment à celle de l’émergence d’une citoyenneté participative qui redonnerait la voix au peuple et permettrait le renouveau des valeurs et une éthique qui conférerait aux hommes et aux femmes appelés à exercer les fonctions publiques le sens de la dignité qui sauvegardera la liberté d’action... Mamadou Dia mérite, donc, largement que nous commémorions ici même à Paris sa mémoire (…) ‘.
Rassemblés par Moustapha BARRY (Correspondant permanent à Paris)
xibar.net : Lundi 15 Juin 2009
ENTRETIEN AVEC... BARA TALL: « Karim Wade avait juré de me détruire »
« De 25 milliards de francs Cfa de chiffre d’affaires annuel, Jean Lefebvre est passée à zéro »
Un adage wolof dit « Mbejum kanam, boromam mokoy fajal bopam” (ndlr : on n’est mieux servi que par soi-même). Hissé au rang d'exemple, symbole achevé du self-made man qui a marqué de son empreinte la politique infrastructurelle du Sénégal de cette dernière décennie, Bara Tall a subitement dégringolé de la créte pour se retrouver dans les abysses. Agneau pris en otage dans un cycle de règlements de comptes politiques géniteurs de scandales à répétition qui ont fini par ravaler le Sénégal au rang de république bananiére. Mais depuis une demi décennie que dure cette histoire des «Chantiers de Thiès» qui ont dévasté l'em¬pire bâti par ce polytechnicien, pur produit de l'école sénégalaise, une question taraudait le Sénégalais : pourquoi Bara Tall s'est emmuré dans un silence... assourdissant ? Hier; en exclusivité sur la télévision «2Stv», l'intéressé a répondu à cette question et à d'autres assaisonnées de révélations fracassantes qui ren¬seignent un peu plus à quel point au Sénégal, le manteau de la bonne gouver¬nance s'est consumé sous le regime de l’ alternance. Un entretien dirigé par Pape Ale Niang que nous reproduisons in extenso.
Pourquoi avoir décidé, aujourd'hui, de parler des difficultés auxquelles votre entreprise, Talix Group, est confrontée ?
On peut dire que ce qui se passe à Talix est à l'imagé de qui se passe dans le pays. Pourquoi j'ai décidé de parler aujourd'hui ? La semaine dernière, un de vos confrères, Abdou Latif Coulibaly, un grand journaliste et vaillant patri¬ote sénégalais, écrivait que ce qui s'est passé avec Talix fait partie des plus gros scandales de l'Alternance, mais qu'on entend peu de per¬sonnes en parler. Alors, après avoir parcouru cet article, je me suis dit : « les Sénégalais ne sont peut-être pas à blâmer, parce que je n'ai pas parlé, j'ai une part de responsabilité dans la persistance de cette indifférence que dénonce Latif»: C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de rompre le silence. Et puis, c'est l'heure de parler, parce que Talix, qui comporté en son sein Jean Lefebvre, est ma création. Je suis parti de très loin pour faire de ce groupe ce qu'il est devenu aujourd'hui : une entreprise qui a enfanté d'autres entreprises. Et lorsque survient une situation créée de toutes pièces, qui remet en cause tous ces acquis, les Sénégalais doivent en être informés. Mais, à vrai dire, ce n'est pas la situation dans laquelle Talix se trouve présen¬tement qui devrait intéresser, en premier, les Sénégalais, mais les causes. Voilà une autre rai¬son qui m'a poussé à parler.
Comme vous avez décidé de parler. Est-ce que vous pouvez nous faire la situation de Jean lefebvre. C'est-à-dire les diffi¬cultés auxquelles elle est confrontée ?
Jean Lefebvre est aujaurd'hui dans une situa¬tion périlleuse qui nous a obligés à la mettre sous règlement préventif. Qu'est-ce que cela signifie ? C'est une disposition légale permet¬tant à une entreprise qui a un volume de dettes qu'il ne parvient plus à honorer- non pas parce qu'elle n’a plus les capacités techniques de continuer à travailler, mais qu'elle est plutôt confrontée à des difficultés conjoncturelles -, à se réfugier derrière la loi. Ainsi, elle est pro¬tégée des créanciers durant un temps déter¬miné qu'elle pourrait mettre à profit pour rebondir et rembourser ses dettes. Une formule qui est même à l'avantage des créanciers. Car, l'autre hypothèse aurait consisté à fermer tout simplement l'entreprise. Et dans ce cas de fig¬ure, il n'est absolument pas garanti que le fruit de la liquidation permette de payer tous les créanciers. Pour la bonne et simple raison que dans l'ordre de priorité, les travailleurs seront premiers servis, ensuite l'État et enfin les four¬nisseurs.
Combien d'employés travaillent pour Jean Lefebvre ?
Faire un décompte exhaustif n'est pas chose aisée. Mais une estimation du nombre d'em¬ployés liés aux activités de l'entreprise, don¬nerait trois mille personnes.
Avant la survenue de nos difficulté tous les employés de Jean Lefebvre percevaient entre le 27 et le 30 du mois. Aujourd'hui, ceux qui sont dans l'entreprise sont restés sept (07) mois sans salaire. Et c'est l'occasion pour moi de les remercier, encore une fois, pour l'abnégation et la foi en Dieu dont ils font preuve. Pour moins que ça, un seul retard de salaire, nous voyons dans d'autres entreprises des travailleurs occu¬per l'espace public pour protester. A Jean Lefebvre, manifestement, les employés ont compris que cette situation terrible qu’ils vivent ne résulte pas de l’incurie de ceux qui dirigent l’entreprise. Elle nous a été imposée.
Cette situation n'a-t-elle pas entamé la crédibilité de Jean Lefebvre au niveau des institutions financières ?
Il ne faut pas se voiler la face, c'est sûr que la crédibilité de Jean Lefebvre s'est effritée. Et cela ne date pas d'aujourd'hui. La perte de crédibil¬ité, c'est le fait de ne plus pouvoir respecter ses engagements contractuels vis-à-vis de ses partenaires, en ne se conformant pas aux délais de livraison des ouvrages, parce que derrière les fournisseurs, vous sachant peu solvables, deviennent réticents.
Cette perte de crédibilité est aussi ressentie au niveau des banques qui nous prêtaient de l'argent. La crédibilité, dans notre domaine d'activités, c'est l'une de nos matières pre¬mières. A part cette crédibilité, qui est un bien immatériel, ce sur quoi nous nous adossons pour faire notre travail, c'est d'abord notre savoir-faire et nos compétences humaines. Une entreprise qui ne respecte pas ses engagements vis-à-vis des institutions et de ses employés, est irrémédiablement condamnée. C'est une perte immatérielle inestimable.
Est-ce que la crédibilité de Jean Lefebvre, au moment de sa splendeur, lui permet¬ait par exemple d’avoir un emprunt de dix (10) milliards de francs Cfa ?
Dix milliards, c’est exactement un montant que nous avons eu à emprunter à une banque, en 2004, lorsqu'il a fallu démarrer des travaux (ndlr : les chantiers de Thiès). Et vous savez quoi ? La crédibilité de Jean Lefebvre était telle que nombre de banques nous en ont voulu, d'avoir choisi une seule pour emprunter dix (10) milliards de francs Cfa. Ceci résume de manière éloquente la crédibilité dont nous jouissions : les banques se bousculaient à nos portes pour nous prêter de l'argent. Aujourd'hui, la pudeur ne me permet pas de décrire la situation dans laquelle se trouve Jean Lefebvre.
Peut-on avoir une idée du chiffre d'affaires annuel que Jean Lefebvre réalisait ?
En tant qu'entreprise principale, sans Taux, elle réalisait un chiffre d'affaires de vingt-cinq (25) milliards de francs Cfa.
Et aujourd'hui ?
Avant de réaliser un chiffre d'affaires, il faut d'abord pouvoir travailler. Au Sénégal, nous avons un chiffre d'affaires de zéro franc Cfa.
Bara Tall, les Sénégalais ont besoin de savoir : qu'est-ce qui est à l'origine de cette situation ? Comment une entreprise qui était une référence, jouissant d'une énorme crédibilité, en est-elle arrivée à cette situation ?
Nous étions très loin d'une entreprise délin¬quante. Nous étions plutôt un modèle.
Étiez-vous en règle avec les institutions sociales ?
Nous ne devions aucun sou à l’Ipres, au fisc. Ils peuvent en témoigner car ils nous écoutent. Nous étions des contribuables modèles qui ont payé des milliards de francs Cfa de taxes, contribuant ainsi à alimenter le budget national.
Peut-on savoir le montant des taxes que vous payiez à l'État ?
Je ne souhaite pas qu'on parle de chiffre. Mais sachez que ce sont des milliards de francs Cfa, même si, aujourd'hui, le mot milliard est devenu banal dans ce pays.
Bara Tall, concrètement qu'est-ce qui est à l'origine de la crise que traverse Jean Lefebvre ?
Tout le monde le sait. Seulement, je peux com¬prendre que les Sénégalais aient une exigence légitime que l'explication sorte de ma bouche. Et je vais me plier à cet exercice. Les difficultés de Jean Lefebvre sont liées aux «Chantiers de Thiès». Tout est parti de là. Je ne dirai pas que ce sont uniquement les «Chantiers de Thiès», mais la cause principale. Il y a énormément de choses dans ces «Chantiers de Thiès» que l'opinion publique ignore. En vérité, les «Chantiers de Thiès» n'ont été qu'un prétexte saisi par des gens pour régler beaucoup de comptes politiques. On connaît l'identité des personnes qui s'oppo¬saient dans cette affaire et les soubassements. Ils avaient des préalables politiques qu'ils devaient régler Ça, c'est leur affaire ! Mais parce que nous n'avons pas choisi de faire la politique, nous ne devrions pas faire les frais de ces règlements de comptes. Hélas, nous avons été mêlés à cette affaire.
Comment ?
Quant ils ont décidé d'accuser Idrissa Seck de détournement de deniers publics, via des surfacturations, dans le cadre de l'exécution des «Chantiers de Thiés», ils ont mis en cause toutes les entreprises ayant participé à ces travaux, comme étant les complices de celui qui occupait alors le poste de Premier ministre. Les surfacturations évoquées se justifiaient à leurs yeux par le fait que le coût des travaux - sur la base de chiffres qu'ils ont sortis de nulle part - sur le terrain n'équivaut pas aux montants d'argent pris par Idrissa Seck, qu'il jette en prison pour l'obliger à dire où est passée la différence. Ensuite, ils allaient discuté avec Idrissa Seck, avant de le sortir de prison. Ce qu'ils se sont dit pour en arriver là ne m'intéressant pas, j'ai continué mon travail. Une preuve qu'à ce stade de l'affaire, leur cible n'était pas en vérité la quarantaine d'entreprises indexées : ils nous remboursaient une partie de l'argent que nous avions emprunté dans les banques pour exécuter les travaux, Mais, ils vont réactiver le dossier pour, non pas s'attaquer à toutes les entreprises, mais à une seule : Jean Lefebvre.
Pourquoi ?
Ce qui m'étonne aujourd'hui encore dans cette affaire, c'est comment le X visé dans la plainte de l'État est devenu brusquement... Bara Tall. Alors que nous étions quarante-trois (43) entreprises dans les Chantiers de Thiès. L'autre chose qui m'a beaucoup étonné, c'est quand il s'est agi d'inculper, ils m'ont indexé en me demandant de rembourser tout l'écart relevé dans les «Chantiers de Thies». Et pour ce faire, il fallait que je dépose une caution ou que j'aille en prison. Ce que j'ai catégoriquement refusé.
Il se dit qu'on vous a même proposé de vous «prêter» le montant de la caution. Vous confirmez ?
Vous savez, il y a des choses que la décence m'interdit de dire, surtout sur un plateau de télévision. Notez simplement qu’à ce jour, ils n’ont pas démenti ce plan qu’on leur a prêté.
On vous aurez dit : «Bara arrangez-nous, l'argent est là, tout ce qu’on veut, c'est que vous déposez la caution pour qu'on règle notre différend. Après tu peux même prendre la caution. Est-ce vrai ?
Je vous ai tantôt dit que des articles de presse ont soulevé cette affaire. Ce n'est pas parce que j'ai peur d'en parler, mais c'est une ques¬tion de «kersa» (ndlr : pudeur) et de «sutura» (ndlr : décence). Tout ce que j’ai eu à dire, je l'ai écrit et apposé là-dessus ma signature. Il y a des choses qui se passent à certains niveaux... Franchement, je ne pensais pas que les choses pouvaient en arriver là.
Qu'ils ne pouvaient pas en arriver là avec toi ?
Pas moi, mais tout simplement qu'ils ne pou¬vaient pas en arriver là même avec quelqu'un d'autre.
Bara Tall combien de kilomètres fait la Voie de contournement Nord (ndlr : Vcn de Thiès) qui a été la principale cause du dossier des « Chantier de Thiès » ?
Elle n'est pas la principale cause, mais l'aspect le plus médiatisé de ce dossier. C'est aussi un exemple assez intéressant, mais je ne veux pas entrer dans les détails. Parce que si vous voulez parler des «Chantiers de Thiès », il vous faudra organiser un débat rien que sur la question.
Mais, il vous faut entrer dans les détails pour nous permettre d'aborder un autre sujet ?
Donc, je vais en parler, parce que le dossier des «Chantiers de Thiès» n'est pas encore clos : je n'ai pas encore un non-lieu.
Mais, Bara, pourquoi refusez-vous de par¬ler de la surfacturation et de la Voie de contournement Nord ?
Ce n'est pas un refus. Je peux même en parler parce que le rapport a été déclassifié. La Vcn fait dix kilomètres et demi de route neuve. Dans une zone où il n'y a jamais eu de route. C'était un marché de sept (07) milliards de francs Cfa. A l'achèvement des travaux, nous avons constaté n'avoir dépensé que six (06)milliards huit cent (800) millions de francs Cfa. Alors, nous avons restitué la monnaie. Et c'est moi qui ai financé et exécuté les travaux dans un délai de six (06) mois : nous avons com¬mencé en septembre 2003 et livré l'ouvrage en avril 2004.
Vous avez passé combien de temps en prison ?
Deux mois et demi. Alors que je refusais tou¬jours de payer une caution - la raison de mon incarcération -, un bon jour, on m'a dit de sor¬tir. J'ai été libéré sans caution, ni demande de liberté provisoire que j'avais formellement interdit à mes avocats alors, j’ai demandé pourquoi on m’a libéré. On m’a dit : « Vous êtes libéré d’office ».
Pourquoi Bara Tall a été l'entrepreneur le plus engagé dans les « Chantiers de Thiès » ?
Plus de temps m'aurait permis de revisiter l'histo¬ire de Jean Lefebvre, qui était une société française.
Je suis né à Thiès, j'y ai grandi et fait toutes mes études. J'ai quitté cette ville à l'âge de vingt¬quatre (24) ans pour venir à Dakar travailler à Jean Lefebvre. J'y ai travaillé, gagné de l'argent, j'y ai réinvesti, avant que la boite ne me revi¬enne. En 2003, étant aux commandes d'une entreprise comme Jean Lefebvre, je ne pouvais resté en dehors d'un programme comme les «Chantiers de Thiès», qui ambitionnait de changer la face de la ville qui m'a tout donné. C'était quoi les «Chantiers de Thiès» ? On me demandait de faire ce que personne n'accep¬tait :construire une maison, l’équiper, avant d'être payé. J'ai accepté ce risque considérable, pour ma ville et mon pays. Je me suis rendu sur le terrain pour voir ce que je devais faire. Ensuite, je leur ai dit que le coût des travaux, en prenant sur moi de ne pas l'augmenter pour couvrir mon emprunt bancaire devant me per¬mettre d'exécuter ces chantiers. C'est dans ce contexte qu'ils ont signé les marchés. Et c'est ce rôle de locomotive que j'ai joué dans les «Chantiers de Thiès» au moment où les wag¬ons (ndlr : les autres entreprises) rechignaient à suivre ma cadence. Et cet engagement citoyen ne date pas de cette époque ; nous étions tou¬jours les premiers à répondre à l'appel de la Nation. Lorsque la sécheresse menaçait sérieusement le Sénégal, le chef de l'État a con¬voqué un Conseil présidentiel consacré à la question. Il a dit aux entrepreneurs : «Je peux vous réquisitionner, mais je préfère faire appel à votre esprit citoyen pour voir comment vous pouvez nous aider, en construisant par exemple des bassins de rétention pour que le bétail puisse avoir de l'eau». Avant de sortir de la salle, Jean Lefebvre a pris l'engagement de construire sur fonds propre trois bassins de rétention d'un coût global de six cent (600) mil¬lions de francs Cfa. Nous avons tenu parole et construit ces bassins de rétention. C'est cet esprit citoyen et mon attachement à la ville de Thiès qui ont été à l'origine de mon engage¬ment. Et si c'était à refaire, je le referais.
Les Sénégalais veulent savoir la vérité rel¬ativement à ce qui arrive à Jean Lefebvre : est-ce qu'on vous combat en vous pri¬vant de marchés ? Qui vous combat ?
Ça c’est clair, et nous allons le dire.
Par exempte, parlons des marchés de l’Anoci.
Ce qui est arrivé à ce niveau à Jean Lefepvre est lié aux «Chantiers de Thies ». Ils m'ont mis en prison pour avoir refusé de faire ce qu'ils voulaient. Lorsqu'ils m'ont élargi, j'ai lavé mon honneur pour me remettre au travail. Car, la seule chose qui importe pour moi, c'est mon honneur, et non l'argent que j'ai perdu. Je l'ai dit dans ma lettre ouverte. Et le président Wade qui m'a reçu en audience après ma sortie de prison avait l'intention de tourner la page. Il a dit à ses collaborateurs qui assistaient à cette audience : « Laissez-le travailler ! » Mais, ce n'était pas possible. Parce qu'il y avait un agen¬da global qui comportait des obstacles poli¬tiques et économiques. Et je faisais partie de ces obstacles économiques. Et je ne l'ai compris qu'après. Je ne pouvais même pas m'imaginer quelqu'un croire que ldrissa Seck pouvait avoir des intérêts dans mon entreprise. Idrissa Seck me connaît très bien, «te yabu ma» (ndlr : il ne manque pas de considération à mon égard) jusqu'à songer un seul instant que je vais tra¬vailler pour ensuite lui donner mon argent. Mais, ils se sont dits : «Comme Bara Tall habite Thiès, s'il a trop de moyens, il peut soutenir Idrissa Seck que nous combattons. Donc, il faut le détruire à tout prix». C'est ça la motivation première qui m'a causé beaucoup de dom¬mages. A cette période, dans le domaine des Btp, je ne dis pas que nous étions les meilleurs, mais nous étions parmi les meilleurs. A chaque appel d’offres, nous gagnions avec de bons prix, et livrons de très bons ouvrages. Après ils nous écartaient des appels d’offres où nous étions le moins-disant.
Donnez-nous quelques marchés que Jean lefebvre a gagnés et qui lui ont été par la suite arrachés...
Ils sont nombreux. Je peux vous citer l'élargisse¬ment de la Corniche Ouest où nous étions de loin le moins-disant. Et cet exemple nous per¬met de revenir aux «Chantiers de Thiès». Aussi incroyable que cela puisse paraître, sachez que j'ai soumissionné dans les chantiers de la Corniche en prenant les prix des «Chantiers de Thiès» majorés de vingt pour cent (20%), et j'étais cinquante pour cent (50%) moins cher.
Résumons : pour participer à l'appel d'of¬fres des chantiers de l’Anoci sur la Corniche, vous avez pris les prix qui vous ont valu la prison dans les «Chantiers de Thiès », vous y avez ajouté 20%, pour être le moins cher de 50%. Mais on vous écarte. Pourquoi ?
Parce que je n'entrais pas dans le schéma économique.
Quel schéma économique ?
Ils m'accusaient maintenant d'être pas cher. C'est comme quelqu'un qui va au marché pour se quereller avec le marchand parce que ce dernier lui a vendu des produits pas chers.
Citez un autre marché...
La route de Ouakam qui devait être élargie, toujours dans le cadre des chantiers de l'Anoci. Quand j'ai soumissionné et qu'ils se sont rendu compte que j'étais encore le moins-disant, ils ont annulé l'appel d'offres, pour ensuite le relancer.
Même chose pour la route Linguère-Matam. Que ceux qui sont dans cette zone sachent que la deuxième tranche de la route Linguére ¬Matam, c'est moi qui devais le réaliser depuis 2006. Ils ont trouvé des prétextes pour bloquer le projet. Pour me résumer, sachez que nous avons gagné des marchés d'une hauteur de cent (100) milliards de francs Cfa, qu'ils nous ont arrachés. Nous les aurions réalisés que nos travailleurs et nos familles en aurait bénéficié.
Mais, tout ça n’a pas d’importance.
Si, c'est important, parce que nous sommes dans un État de droit Donc vous devez nous parler des chantiers de l’Anoci réalisés avec l'argent du contribuable.
Je peux vous dire une seule chose concernant les routes dans les chantiers de l'Anoci : les entreprises qui avaient fait les études ont gagné les marchés. Quiconque connaît les lois de passation de marchés publics sait que le procédé est une infraction, au regard des dis¬positions du Code des marchés. Nous avons écrit aux services compétents (ndlr : Agence de régulation des marchés publics), qui nous ont répondu. Mais apparemment, ils n’ont pas l'in¬tention d'aller au fond des choses.
Bara Tall, est-ce que vous avez un problème personnel avec une autorité du pays au point d'être écarté des chantiers de l’Anoci ?
Non. Il n’y a pas de problémes personnels. Parce que l’intérêt public doit prendre le dessus sur les problèmes personnels. Le problème est un problème économique : personne ne peut m'obliger à dire que telle chose qui vaut cent. (100) francs coûte deux cent (200) francs. Parce¬ que cet argent que mon pays emprunte pour financer ses projets, ce sont nos fils qui vont le rembourser. Ça personne ne peut m'obliger à le faire. Je préfère prendre mes bagages et aller ailleurs. D'abord, ils m'ont accusé de surfac¬turations, mais comme le dit «Waaji» (ndlr : Idrissa Seck) : « Ba jant bi di fay, manu nu ko prouvee » (ndir : Jusqu'à l'extinction du soleil, ils ne pourront le prouver). Ensuite, ils veulent que je rentre dans des choses qui ne convainquent pas.
On m’a rapporté les propos d’une personne qui a juré de détruire mon entreprise. En m’empêchant de travailler au Sénégal, et de rentrer dans les fonds que l’Etat me doit, histoire peut être de m'empêcher d'avoir le prix de la traver¬sée vers Barcelone à bord d'une pirogue. Et l'auteur de ces propos est connu, c'est Karim Wade. Dernièrement, lorsque son père recevait les patrons de presse, il lui a glissé une note racontant des bobards sur moi. Pour ensuite dire sur la base de ces mêmes bobards que désormais, il me déclarait la guerre. Mais la guerre, il me l'a déclarée depuis longtemps.
Quand ?
Je n'exclut même pas que le fait qu'on m'ait ciblée parmi les entrepreneurs des «Chantiers de Thiès», pour m'inculper, fasse partie de cette guerre. Parce que fougerolles de mon ami Gérard Sénac, pourquoi elle n'a pas été inquiétée ? Parce que , sa maison-mère française est derrière elle. Pourquoi je suis par¬tie en Gambie ? «Yoonu jamm soriwul» (ndlr : Trouver un havre de paix). J'y vais avec mes amis pour que nous puissions avoir des revenus. Puis, Yaya Jammeh est un Africain. Avant tous ces problèmes, le président Wade m’avait trouvé là-bas, et il a dit à Yaya Jammeh : «Ki limu fi liggey, mako garanti» (ndlr : Je suis garant de tout ce qu'il construira ici).
Donc, ils vous ont demandé de faire des surfacturations dans les marchés de l’Anoci ?
Je n'irai pas jusqu'à dire ça. Mais; ce que je dis est constant. Ce sont les entreprises qui ont fait les études qui ont gagné les marchés. Et nous détenons des documents.
Comment on s'est partagé les marchés ?
Je n'ai été partie prenante à aucun partage. Nous avons fait une offre de seize (16) milliards de francs Cfa. Ils ont octroyé le marché à celui qui proposait vingt-deux (22) milliards de francs Cfa. Quand on auditera les chantiers de l’Anoci...
Mais, c'est toi qui a gagné le marché d'élargissement de Malick Sy avec les Chinois.
Ça c'est un autre débat, si on restait là à parler de toutes les anecdotes, on allait pas en finir. Et puis, je ne suis pas un homme de détails. Je dis ce qui me tient à cœur : le fruit de vingt¬ neuf (29) années de travail qu'on piétine, ça je ne l'accepte pas. J’ai eu à perdre des marchés pour ensuite en gagner d'autres. Même s'il m'avait laissé en paix, je leur laisserais leur pays pour aller travailler ailleurs. « Li nuy def ci man def na nu ko ci man ba paree » (Ndlr : le mal est déjà fait). J'ai eu la chance d’être bien éduqué et d'en être arrivé à ce niveau, On m'a inculqué des valeurs « ngor, jub, fulë ak fayda ». C’est ainsi que j'ai conduit ma vie, jusqu'à 1'obtention de mes diplômes et que Jean Lefebvre me revienne. J’ai bénéficié d’une des meilleures formations que le Sénégal puisse donner à ses fils. Tout ça ils n'en veulent pas, Donc, nous allons vendre notre savoir-faire ailleurs. On ne peut prendre quelqu'un, le trainer dans la boue pendant des années, l'envoyer en prison, lui devoir de l'argent et refuser de le payer. Il veut continuer de faire son travail, vous l’en empêchez sous le prétexte qu'il propose des prix pas... chers. II prend ses bagages pour aller ailleurs, vous le poursuivez pour casser du sucre sur son dos. Ça moi je ne l'accepterai pas.
Entre l'État et vous, qui doit de l'argent à l'autre ?
L'État me doit plus de dix (10) milliards de francs Cfa. Et le refus de payer ne repose sur rien. Parce que, tôt ou tard, ils paieront. À moi ou à mes fils. J'ai entendu le ministre des Finances dire qu'il n'y a pas une décision de jus¬tice qui lui demande de me payer mon argent. Je lui pose la question de savoir : est-ce qu’il y’a une décision de justice lui demandant de ne pas me payer mon argent ? Il m’ont envoyé en prison pour détournement de deniers publics via des surfacturations dans les «Chantiers de Thiès». Je leur ai demandé des preuves qu’ils n'ont pas parce que moi, je ne gère pas de caisse; encore moins de deniers publics. Alors, je leur ai dit que s'ils détruisent la prison de rebeuss, et que tous les prisonniers s'enfuient je resterais là-bas, assis sur une pierre jusqu'à ce qu’ils me brandissent des preuves de ma culpabilité. Je peux justifier l'o¬rigine de ma fortune, fruit de vingt-six (26) ans de travail.
Quel est le problème sur l'axe Fatick ¬Kaolack ?
Tout se tient, la route Fatick-kaolack, c'est le même fondement. C'est un problème tech¬nique, Nous avons finalisé la route Dianamalary-Carrefour 22 parce que l'Etat n'avait pas d'argent. Et quand l'argent a été mis dans le budget, l'Etat a pris un arrêté de report de crédit pour prendre ces fonds et les affecter à la construction de villas présiden¬tielles pour l'Anoci. En d'autres termes, Bara Tall, il ne faut pas le payer. J'ai écrit au ministre de l'Equipement pour lui demander comment expliquer que le budget voté par l'Assemblée nationale pour me payer soit reversé ailleurs ? Ils se sont réunis pour trouver un subterfuge permettant de justifier la rétention de mes fonds : aller voir le Juge pour qu'ils disent que la route Fatick-Kaolack a été mal faite en avril 2008 avec une astreinte d'un million par jour. Mais, ils ont été déboutés. Pourquoi ? En 2003, lorsque nous avons gagné le marché, nos techniciens ont refait l’étude pour se ren¬dre compte que l'État s'est trompé dans la solu¬tion pour refaire cette route. Ils ont fait un rap¬port pour leur dire que la solution proposée n’est pas viable avant de leur proposer la solu¬tion qui s'impose. Ils nous ont dit : «C'est ça que nous voulons, faites-le». Un an après la livraison des travaux, la route s'est détériorée. Nous leur avons écrit pour tirer la sonnette d’alarme. Ils ont répliqué pour dire que la route est sous garantie. Sur la base de ces documments, le Juge les a déboutés.
Le Palais vous accuse d’avoir une société de communication dans un paradis fiscal, dans le but de déstabiliser le pouvoir.
« Waxu kasaw kasaw la » (ndlr : roupies de sansonnet). Mais, quand le chef de l'Etat s’en mêle, ce ne sont plus des futilités. Cette entre¬prise dont il parle s'appelle Talix. international, c'est moi qui l'ai créé au Luxembourg. Je l'ai porté sur les fonts baptismaux, parce qu'on m’a persécuté et trainé dans la boue dans mon pays. Car, si Jean Lefebvre était toujours dans le giron de la France, ils n'allaient pas toucher à un seul de mes cheveux : les entreprises françaises de la place n'ont pas été persé¬cutées.
Alors, lorsque j'ai décidé d'aller travailler dans les autres pays d'Afrique, j'ai créé un holding : Talix international. Et il n'y a rien d'obscur là-¬dans. L’argent qu'ils ont pris pour envoyer des détectives au Luxembourg pouvait servir à autre chose. Parce que s'il m'avait demandé, je les aurai informés. Ce holding publie ses résul¬tats à la Chambre de commerce du Luxembourg avec un compte régulièrement tenu et une adresse connue. Puis, l'argent que j'y ai investi, c'est mon propre argent. Ce ne sont pas des fonds politiques, encore moins de l'argent venu de Taïwan. Donc, moi, je n'ai pas besoin de créer une société off-shore dans des paradis fiscaux. L’objectif, c'est la protection juridique. Et si je m’étais fait parrainer, ce qui m'est arrivé n'arrait pas eu lieu. Tout ce que j'ai gagné, le l'ai investi au Sénégal. Je mets au défi quiconque disposer de moyens d'investigation appropriés de trouver ailleurs qu'au Sénégal un seul mètre carré de terre m'appartenant. Ce que j'ai fait au Sénégal, je l'ai fait pour ma descendance.
Pour revenir à Karim Wade, s'il veut construire des infrastructures au Sénégal, en tuant d'en¬trée une entreprise qui s'active dans ce secteur, qu'il sache qu'il a échoué dès le départ. Parce que la finalité, ce n’est pas de construire des infrastructures. La vraie richesse, c'est d'avoir un tissu économique qui permettra aux nationaux de rester et résister si les canons ton¬nent. Si Sarkozy et Obama essaient de relancer leurs industries automobiles, c'est par convic¬tion : ces sociétés doivent continuer à exister. La vraie finalité, ce n’est pas l'objet, mais ceux qui font l'objet. Mais ici, on essaye de tuer ceux qui font cet objet, ce qui fait qu’on échoue dès le départ.
Quelles sont vos relations avec, Souleymane Jules Diop ?
Mes relations avec Souleymane, Jules Diop, je pouvais ne pas en parler, parce que je suis un homme libre qui a le droit d’avoir les relations qu’il veut. Je l’ai vu pour la première fois en août 2008 lors d’un voyage au Canada. Je me suis dit que je devais le voir parce qu’il avait pris sa plume pour me soutenir lorsque j’ai été emprisonné. En discutant avec lui, j’ai su qu’il voulait publier un livre sur Obama, le président américain qui n’était pas encore élu. Il m’a alors dit qu’il ne voulait pas aller dans les maisons d’édition classiques car avec ces dernières, il ne pouvait pas gagner beaucoup d’argent. C’est alors que je suis décidé à l’appuyer en créant une société d’édition. Et ce n’est pas la première fois que je m’intéresse à l’édition. Je suis actionnaire dans 7Editions S.a. qui publie « Le Populaire ». En 2002, avec une autre de mes sociétés d’édition, j’ai produit le Dvd intitulé « La Taniere des Lions »
Le dernier mot…
Encore je dis chapeau bas aux employés de Jean Lefebvre, le terme est même impropre, car ils sont mes partenaires, qui traversent avec nous une situation terrible, sans broncher, faisant preuve d'une dignité peu commune.
Auteur: Source: Le Populaire
LE QUOTIDIEN :
Tentative de liquidation de la cour des comptes : Segura bloque Wade.
On peut reprocher beaucoup de choses au président Wade, mais certainement pas de manquer de suite dans les idées. Il s’est promis de faire disparaître la Cour des comptes dans sa forme actuelle, et il met en œuvre tous les artifices pour arriver à ses fins. La dernière tentative en date a été l’élaboration de la dernière Loi des finances rectificative (Lfr). Il a fallu toute la vigilance et la détermination du représentant du Fonds monétaire international (Fmi) au Sénégal, pour que le budget de la Cour des comptes ne soit pas amputé des deux-tiers, de manière à rendre l’institution quasi non fonctionnelle pour le reste de l’exercice budgétaire.
Par Mohamed GUEYE
On peut reprocher beaucoup de choses au président Wade, mais certainement pas de manquer de suite dans les idées. Il s’est promis de faire disparaître la Cour des comptes dans sa forme actuelle, et il met en œuvre tous les artifices pour arriver à ses fins. La dernière tentative en date a été l’élaboration de la dernière Loi des finances rectificative (Lfr). Il a fallu toute la vigilance et la détermination du représentant du Fonds monétaire international (Fmi) au Sénégal, pour que le budget de la Cour des comptes ne soit pas amputé des deux-tiers, de manière à rendre l’institution quasi non fonctionnelle pour le reste de l’exercice budgétaire.
En effet, au moment d’opérer les arbitrages nécessaires à l’Etat pour faire face à la baisse des recettes et combler un trou de 30 milliards de francs Cfa, les techniciens de la Présidence de la République n’ont pas hésité à trancher dans le vif en réduisant les budgets consacrés à des programmes de santé publique, ou des budgets de certains programmes du secteur de l’Education. Ils espéraient ainsi, sans doute, faire accepter plus facilement à l’opinion et aux partenaires techniques et financiers, une coupure drastique du budget de la Cour des comptes. Dans le schéma proposé, la Cour allait être délestée de 2 milliards de francs Cfa, sur les trois milliards que constitue son budget.
Fort heureusement pour les magistrats de la Cour des comptes, Alex Segura s’en est vite rendu compte et il a stoppé rapidement la manœuvre. Le représentant du Fmi a expliqué que le rôle de la Cour pour garantir la transparence dans l’exécution budgétaire est trop important pour qu’on en vienne à la priver ainsi de moyens de fonctionner correctement. Le fonctionnaire international s’est également opposé à la réduction du budget de certains programmes de santé, notamment à ceux qui portent sur la prévention contre des endémies telles que le paludisme ou le Sida, entre autres. Comme toujours, son argumentaire a été que son institution ne veut plus être associée à des coupes budgétaires sur des programmes sociaux ou des programmes de santé. Il considère que pendant très souvent, les gouvernants dans beaucoup de pays, se sont servis des recommandations du Fonds pour faire avaler à leurs populations des politiques de restrictions des plus drastiques, ce qui qui a fortement contribué à nuire à l’image de cette organisation.
En ce qui concerne les coupes à effectuer dans la Loi des finances rectificative, il avait recommandé aux autorités de réduire plutôt leurs dépenses de fonctionnement. Mais comme on l’a vu, c’est plutôt ailleurs que celles-ci ont préféré frapper. Tout le monde reconnaît la nécessité de faire des économies, mais il est mieux que ce soit le voisin qui les fasse, semble-t-on avoir compris dans les hautes sphères de l’Etat.
Quoi qu’il en soit, si le représentant du Fmi a freiné la paralysie de la Cour des comptes, il n’est pas sûr que ses collègues et lui mettent définitivement fin à la volonté de liquider cette institution. On se rappelle que lors de la dernière remise du rapport de la Cour au président de la République, le chef de l’etat avait crûment déclaré au président Abdou Bame Guèye que son institution était inutile. Et on sait que Me Wade voulait profiter de la dernière réforme de l’appareil judicaire pour supprimer la Cour des comptes dans sa forme actuelle, et en faire une chambre dans la Cour suprême. Ce sont les avis de ses conseillers et de son ministre qui l’en ont dissuadé, pour le moment. Ces derniers lui ont fait remarquer que les organisations comme la Cedeao, ainsi que les partenaires techniques et financiers, ont fait de l’existence du Cour des comptes autonome et dotée de moyens de fonctionnement, l’un des critères de la bonne gouvernance. Or, on le sait, à Me Wade importe beaucoup l’image qu’il renvoie de lui, à l’opinion internationale.
mgueye@lequotidien.sn
WALF FADJRI :
La destruction culturelle et islamique programmée de notre société
Le constat que je fais des discours religieux lors des vendredis c’est que les hommes religieux se sont rendu compte de la destruction culturelle et islamique progressive de notre société par le mimétisme des Blancs. Mais il faut dire que les Occidentaux ont mis en place une politique de destruction culturelle des sociétés africaines. Pour cela, ils ne sont pas pressés, car ils appliquent la politique d’endiguement prônée par le diplomate américain George kennan (Jeune Afrique n° 2307 p 110 ) que les Usa ont utilisée pour parvenir au démantèlement de l’Urss. C’est cette même politique que les Occidentaux utilisent pour détruire les valeurs islamiques et culturelles de notre pays avec comme support les médias : (exemple Canal + Horizons coûtait 6 900frs l’abonnement réduit maintenant à 4 900frs ; il arrivera un moment où il sera gratuit)
En effet, les Européens se sont rendu compte qu’avec les vieux et les adultes d’aujourd’hui il est impossible de les dévier de la voie religieuse et culturelle, car ils se sont ancrés dans ces valeurs. Ils attendent la disparition de ces deux générations pour atteindre leur objectif qui est de détruire toute valeur islamique et culturelle dans le comportement des gens surtout des jeunes. Et cela a commencé, car les jeunes d’aujourd’hui n’ont de référence que les Blancs et les Noirs américains qu’ils voient à travers les films et clips de rap. Ce sont leur référence. Et les Occidentaux utilisent donc leur arme de destruction massive de nos valeurs religieuses et culturelles sous le regard désespéré des religieux et des hommes de culture avertis.
Mais comment exactement ces médias étrangers contribuent-ils à cette destruction ? En procédant à un lavage des cerveaux des jeunes.En effet, les jeunes en suivant ces films et clips américains vont imiter ce qu’ils voient dans ces images ; et donc ils ne sont pas conscients que ces images sont en train de détruire leur croyance culturelle et islamique. Donc ils agissent sur la conscience des jeunes sans que ces derniers ne sachent précisément qu’on est en train de détruire leur croyance culturelle et islamique dont les aspects sont, entre autres, l’habillement indécent des jeunes filles et des jeunes garçons, la fréquence des cas de viols, la prolifération des filles mineures prostituées, le mimétisme comportemental des gestes et des habitudes des Blancs, l’impossibilité pour les jeunes de parler correctement leur langue maternelle, la disparition des valeurs de Ngor de Jom de Kerça, etc.
Face à tous ces maux dangereux pour notre société, il urge d’y apporter des solutions. Les solutions préconisées pour remédier à cette situation tournent autour de deux axes : C’est d’aller à la racine si on veut guérir le mal que sont les médias. D’abord (il faudra) enlever tous les programmes diffusés à la télévision nationale et dans les chaînes de télévisions privées qui participent à cette destruction en l’occurrence les films brésiliens, mexicains, argentins, diffusés à 19 h et les clips de rap obscènes américains. Ensuite (il faudra) procéder à l’interdiction systématique des antennes paraboliques dans tous les fiefs religieux. Ce qui sera possible avec le Ndiguëul de khalifes généraux. Et dans les régions il faut penser à une interdiction aux jeunes de moins de 18 ans de suivre certaines chaînes de télévision, telle que Rtl 9.
Mais qui doit appliquer ces mesures ? Il s’agit prioritairement du gouvernement par le biais du ministère de l’Information à travers ses démembrements que sont le Cnra et l’Artp. Il s’agit ensuite du Parlement qui doit voter des lois pour donner un cadre légal à ces interdictions. Il s’agit des personnes privées propriétaires des chaînes de télévisions qui doivent extirper de leur programme toutes images malsaines avant leur diffusion. Il s’agit enfin des populations principalement les chefs de ménages et de leurs épouses qui doivent veiller à l’application de ces mesures. En cas de transgression répétée de ces mesures par les jeunes, on doit saisir la gendarmerie ou la police pour qu’elle prenne des mesures dissuasives comme l’interrogatoire serré sans torture suivi de la relaxe.
Ainsi, le respect durable de ces mesures d’interdiction et leur application pérenne par les acteurs concernés permettront d’endiguer cette destruction programmée de notre culture et de notre religion à court et moyen terme. C’est la voie de salut pour sortir de ce cercle infernal de destruction progressive de nos valeurs culturelles et islamiques que les pères fondateurs de cette nation ont cherché à tout prix, dès fois au prix de leur vie, à sauvegarder et à transmettre aux générations futures.
Papa DIENG Juriste, cadre à l’Asepex
Essai
Les écrits d'Augias : Les pages sombres de la presse par Pape Samba Kane : Le malaise Psk
Le journaliste Pape Samba Kane a publié en mai denier un essai intitulé Les Ecrits d’Augias : les pages sombres de la presse, édité par PolyGone. L'ouvrage, présenté une réflexion sur les tares de la presse sénégalaise, n’est pas lui-même exempt de reproche
Après la presse, Pape Samba Kane serait bien inspiré de se tourner vers le secteur de l’édition. Il doit également y avoir pas mal de laxisme de ce côté-là. Son dernier ouvrage, Les Ecrits d’Augias/Les Pages sombres de la presse, peut servir de preuve. Car, un éditeur sérieux aurait simplement demandé à PSK de retravailler ce bouquin qui n’égale pas sa réputation.
On est en droit d’attendre de quelqu’un qui se targue d’une expérience de 28 ans dans le journalisme, dont 17 ans au plus haut niveau,… un niveau d’analyse un peu plus relevé, une prose moins relaxée et plus instructive. Mais, ce livre, c’est un euphémisme, n’est ni un exemple de belle langue, ni un modèle de rigueur. L’exercice auquel convie Pape Samba Kane ressemble à un tour de toboggan : de grands moulinets pour ramener à la même place. Le vertige en prime. Il aligne les thématiques sans vraiment prendre le soin de les traiter en profondeur, ni de les documenter sérieusement. Mutation de l’espace médiatique, situation économique de la presse, rapports avec le pouvoir politique etc. Sur tous ces sujets, PSK ne propose rien d’édifiant. Peu soucieux de cerner son objet, le journaliste-écrivain se réfugie dans une généalogie du reportage et pompe, sans précaution, nombre des ses arguments dans Wikipédia, une encyclopédie en ligne, élastique et modifiable à souhait. Résultat : le lecteur parcours plusieurs feuillets, sans tomber sur une seule piste de réflexion originale. A la place, l’auteur cumule les métaphores faciles et serine des proverbes glanés un peu partout dans le monde. Sans doute pour étayer une posture de sage qui souffre cependant d’un défaut d’érudition (Les livres cités par PSK se comptent sur les doigts d’une seule main, c’est sans doute la raison pour laquelle il n’a pas jugé utile de référer à une bibliographie). Le lecteur patient peut quand même s’efforcer de trouver quelques intérêts à cet ‘essai’ - terme assez présomptueux- qui ressasse des vérités connues. Car, PSK ne lésine pas sur les généralités.
Et il a raison de rappeler que la presse doit avoir plus d’exigences pour la forme de ses textes, ainsi que sur leur fond. Il dit aussi vrai en affirmant que les rédactions sont infestées de journalistes incultes, à qui il manque et la vocation et la formation adéquates. Ce n’est pas une trouvaille, mais l’ancien patron de Taxi/Le Journal touche du doigt une inquiétante tendance éditoriale quand il dit : ‘L’investigation est absente des colonnes de la presse sénégalaise d’aujourd’hui où l’on peine à trouver même une sérieuse grand enquête. A la place, des révélations parcellaires, incomplètes, sinon démentis dès le lendemain par le même organe qui les avait publiés sont notre lot quotidien, si ce ne sont des énigmes qui sont proposées aux lecteurs, comme si la devinette était un genre journalistique.’Pape Samba Kane justifie également assez bien la rage des puristes devant les délinquances grammaticales et autres infractions syntaxiques commises quotidiennement par la presse. Seulement tout journaliste qu’il est depuis plus d’un quart de siècle, l’auteur des Ecrits d’Augias ne propose aucune explication cohérente des dérives qu’il décrie à juste titre. Et son propos aurait été beaucoup plus percutant s’il avait été rendu dans un style plus soigné. En se refusant à un diagnostic clair et fiable des maux de la presse PSK n’échappe pas à cette paresse intellectuelle qu’il a détectée chez nombre de ses confrères. Car trop souvent, et c’est ça le vrai malaise, l’auteur tombe dans les travers qu’il dénonce : barbarisme langagier (c’est quoi un maîtrisard ?), lourdeur dans les tournures et erreurs de ponctuation.
Mais de façon moins anecdotique, il manque à ce bouquin la somme de vécu et d’expérience personnelle qui, faute d’originalité, lui aurait conféré une valeur de témoignage sur l’évolution de la presse sénégalaise.Lui font également défaut, cette rigueur dans l’analyse et cette richesse documentaire qui fondent un ouvrage de référence.
Abdou Rahmane MBENGUE
Niasse sur le dialogue politique : «Je n’ai pas confiance en Wade»
(Correspondant permanent à Paris) - Le dialogue politique que Me Abdoulaye Wade veut reprendre avec son opposition va-t-il avoir lieu ? La question mérite d’être posée. Car, un des leaders de l'opposition semble lui donner une fin de non-recevoir. En marge de l'hommage rendu à Mamadou Dia, à Paris, Moustapha Niasse a donné sa position ‘personnelle’ qui, donc, n'engage pas son parti. Le problème que pose le leader de l'Afp est liée à la confiance entre lui et le Chef de l'Etat. ‘J’ai reçu l’envoyé du président Wade samedi dernier. Cela fait exactement une semaine. C’est Serigne Mbacké Ndiaye’, campe-t-il d’entrée de jeu. ‘Le parti auquel j’appartiens ne m’appartient pas. Donc cette démarche va être relayée au niveau de la direction de l’Afp. Mais puisque je prenais l’avion pour Bujumbura d’où je suis rentré à Paris aujourd’hui, j’avais dit que je ne pouvais pas répondre à la place du parti. Les instances régulières du parti se réuniront’, a-t-il dit à l’émissaire de Wade. Mais si son parti ne s'est pas encore réuni pour se prononcer, Moustapha Niasse donne sa position par rapport à l'appel du président Wade. ‘Je lui ai dit (l’envoyé de Wade, Ndlr): ‘comme vous allez, ensuite, voir Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Ousmane Tanor Dieng, Talla Sylla, Madior Diouf et les autres leaders de l’opposition, faites le tour. Quant à moi, en tant qu’individu, dis à Wade que je n’ai aucune confiance en lui’, insiste-t-il encore pour faire la remarque qu'il a ‘le droit de dire cela’. Mais il semble laisser une porte ouverte : ‘ Maintenant, le parti va se réunir et prendre une décision. Quant à moi, je n’ai aucune forme de confiance en Abdoulaye Wade’.
L’ancien Premier ministre a été amené aussi à s'exprimer sur sa récente rencontre avec le fils du président Wade, Karim. ‘Je veux éviter toute controverse parce que nous ne sommes pas du même niveau ni par l’âge ni par l’expérience ni par l’itinéraire’, précise-t-il. Avant de rappeler le contexte dans lequel il l'a rencontré. ‘Karim Wade m’a téléphoné le vendredi à midi pour me dire qu’il venait me rendre visite pour me remercier d’avoir été à la levée du corps de son épouse quand celle-ci est décédée ici à Paris. Je l’ai donc reçu. Quiconque m’aurait fait la même demande, je l’aurai reçu’, fait-il savoir. Selon Moustapha Niasse, durant cette rencontre, il n'a pas parlé de politique avec son hôte. ‘Quand j’ai rencontré Karim Wade, nous n’avons pas parlé de politique une seule fois. Nous avons parlé du Sénégal, mais nous n’avons pas parlé de politique’, martèle le chef de file des progressistes.
Moustapha BARRY
LE SOLEIL :
ASSISES NATIONALES : « YOONU ASKAN WI » SALUE L’ADOPTION D’UNE CHARTE DE BONNE GOUVERNANCE
Le secrétariat de « Yoonu Askan-wi »/Mouvement pour l’autonomie populaire s’est réuni pour se pencher sur la situation nationale et internationale. Selon la déclaration dont copie nous est parvenue, ce mouvement politique salue particulièrement « l’adoption d’une charte de bonne gouvernance qui a posé la nécessité de rompre d’avec le système politique issu de la crise de 1962 et les pratiques présidentialistes qui en ont découlé ».
Dans cette lancée, il lance un appel au peuple pour qu’il s’érige en sentinelle pour l’application des conclusions de ces consultations et des dispositions de cette charte. « Yoonu Askan-wi » soutient que « les conditions d’une nouvelle initiative stratégique pour l’avènement d’une République alternative populaire, démocratique et sociale, sont ainsi réunies ».
Cette initiative stratégique permet, entre autre, « de conduire résolument la rupture d’avec ce régime politique présidentialiste et les constitutions qui l’ont codifié de 1963 à 2007 ».
Aliou KANDE
Le président Wade, le Fesman, la Diaspora noire et le reste
“Il importe d’investir dans ce que nous avons de meilleur à offrir aux autres : la Culture”- Abdoulaye WADE
Globalement, le Fesman devrait être vu, au plan national, comme une occasion unique de relancer tous les pans de notre patrimoine culturel qui ont manqué de vigueur et de perspectives. Il faudra (je cite dans le désordre) profiter de l’évènement pour (re)construire dans tout le pays des salles de cinéma, des maisons de la Culture, des instituts de formation aux métiers des arts, des musées, des bibliothèques, des théâtres, etc.
Une commission spéciale de réflexion pourrait être mise sur pied qui s’occupera de proposer une liste d’infrastructures à construire à travers le pays et dans tous les secteurs à même de redonner à notre patrimoine son lustre d’antan. Cette même commission pourrait proposer des issues pour les montages financiers nécessaires à la réalisation de ces infrastructures.
Sans ces dernières, il est inapproprié de parler de politique de développement culturel. Les richesses culturelles dont regorgent nos régions ont besoin d’espaces d’expression et d’un agenda officiel. A ce sujet, le Sénégal devrait s’atteler à repenser un calendrier de rendez-vous nationaux, régionaux et internationaux fixes et pérennes, de façon à permettre à tous nos artistes de promouvoir leurs créations et à nos populations de profiter de leurs talents, en comprenant ce que la Culture peut leur apporter de plus-value.
La relance de l’édition est une nécessité vitale. Le système qui permet à une minorité de créer des maisons d’édition, de bénéficier des subventions de l’Etat et de produire leurs propres œuvres souvent sans valeur littéraire réelle, doit disparaître. Les plus grands écrivains de notre pays n’ont peut-être pas encore été édités. Des centaines de manuscrits de Sénégalais rêvant d’être publiés dorment dans les tiroirs d’éditeurs qui prennent des libertés sur ces richesses qui leur sont proposées.
La Justice devrait d’ailleurs s’intéresser davantage à ce domaine, parallèlement aux politiques de protection des droits d’auteur. Il y a trop de flou et d’abus qui finiront, si on n’y prend garde, par tuer notre « authentique expression littéraire nationale », en français comme en langues locales.
Le Fesman est un instant. Nous sommes présentement dans l’avant-Fesman, un autre instant. Cette période est le moment des préparatifs, un moment qui se décline sous les traits d’un impératif où les actions et activités tournent autour d’un mot générique : « communication ». Ici tout repose sur la communication.
Le président de la République l’a si bien compris qu’il a fait recours à des experts de renommée mondiale. A eux aussi de respecter les termes de leur contrat et de donner à l’évènement toute la dimension qu’en attendent son initiateur principal, ainsi que les peuples d’Afrique au nom desquels Abdoulaye Wade a décidé de magnifier, l’instant d’un festival, la mémoire et les valeurs authentiques du continent noir.
L’après-Fesman est aussi un instant aussi capital que le Fesman lui-même, car c’est le moment du bilan et d’attente des retombées. Dans ce registre, il faut noter l’inestimable trésor que devrait constituer l’image que le Sénégal aura offerte aux festivaliers des quatre coins du monde et l’exploitation intelligente qui devrait en être faite en termes de politiques touristiques, de signatures d’accords de partenariat, de joint-ventures, de contacts privés d’affaires, d’exportation de nos produits agricoles, de valorisation tout court du label Sénégal. Il est urgent de réfléchir dès maintenant à tout cela pour que le Fesman reste après tout un investissement rentable...
Abdoulaye Wade a fait faire un bon qualitatif à notre pays quoique puissent penser de lui, de bonne foi ou non, certains de ses contradicteurs.
L’approfondissement de la démocratie illustré par le libre suffrage des Sénégalais qui a parlé pendant les dernières élections locales, est un témoignage vivant de la bonne santé de notre système. La visibilité de notre pays et sa force diplomatique plus que jamais affirmées, les nouveaux habits de Dakar, les différents programmes agricoles, les immen-ses efforts consentis pour l’augmentation des salaires et les recrutements dans la Fonction publique, ainsi que d’autres acquis indéniables de son magistère, devront figurer, aux côtés des chantiers culturels en réalisation et de la réussite du Fesman, dans la longue liste des victoires que l’Histoire voudra bien mettre, avec beaucoup de grâce et d’élégance, sur le compte de l’homme du 19 mars 2000.
Pour le moment, parlons du thème central du festival, décortiquons-le dans tous les sens dans les pages des journaux d’ici et d’ailleurs, débattons du sujet sous toutes ses formes, maintenons la « tension permanente » puisqu’elle est positive, mais tous ensemble, tâchons d’œuvrer afin qu’au lendemain du Fesman, toutes religions et toutes sensibilités politiques confondues, les mains tendues vers les cieux, nous puissions rendre grâce à Dieu et remercier le monde d’avoir répondu à notre appel, à l’appel de la Renaissance africaine.
Souleyanta NDIAYE,
écrivain Auteur de « Tavarich Gaye », roman africain sur la chute du mur de Berlin et la problématique de la mort des idéologies.
Paris,ed.MondeGlobal,2006
souleyanta@yahoo.fr