faillites et liquidations d’entreprises
Luttes des travailleurs de Dakar Dem Dikk et la nécessité évidente d’une introspection générale des centrales syndicales indispensable.
Dans notre pays le Sénégal, du régime « UPS-PS » à celui des libéraux « wadistes » s’est confirmé la récurrente question des faillites et liquidations d’entreprises de secteurs déterminants de notre économie retardant davantage l’avènement de solutions, aux affres vécus par les populations rurales et urbaines.
Cette situation est sans nul doute, la conséquence du pilotage à vue, de la mauvaise gestion des affaires publiques et d’une politique de prestige. Il est aussi évident que, le népotisme, permet de propulser à des fonctions ministérielles, étatiques, et à la tête des sociétés à participation forte ou majoritaire de l’Etat, des clients politiques, des parents et amis, des incompétents et arrogants. Ccette pratique, facilite à la bourgeoisie bureaucratique prédatrice de poursuivre sa politique de pillage, tout azimut. D’autre part, cette complaisante situation couvre subtilement les transferts de fonds douteux et y compris, pour le compte de partenaires étrangers mafieux et, rend possible les surfacturations, les commissions nébuleuses et/ou la corruption.
S’agissant de la présente ébullition sociale à Dakar Dem Dikk, des interrogations graves et persistantes que pose le débat, laissent penser à une sombre affaire, qui éclabousserait encore Me Wade et les siens ! D’abord, à l’exigence d’édifier le peuple sur le statut juridique et la composition du capital et les actionnaires de cette société, créée avec le patrimoine de la défunte SOTRAC, le gouvernement et le Président de la République, n’ont jusqu’à ce jour affiché, que mépris et propagande politique. L’importance de cette question, s’accentue aujourd’hui, à entendre la raillerie du Ministre d’Etat Abdoulaye Diop, justifiant son incapacité de payer la compensation réclamée affirmer que : « pour DDD, société privée, l’Etat a beaucoup fait ayant donné au moins 400 bus, le terrain et une subvention annuelle. Pour la compensation, aucun accord nouveau n’étant signé je n’ai aucune base ou prérogative de libérer autres sommes. » Les syndicalistes de « 3D » révèlent que le Ministre de tutelle, ne s’est enfin acquitté, que lors de leur audience, du virement des 150 millions de francs CFA permettant la paye des salaires du mois de Mai 2010, qui par conséquence, n’interviendrait que vers le 15 juin.
L’autre question remuée, est la revendication du départ de Christian Salvy de la tête de la Société. Cette réclamation, bien que demandée par de larges secteurs de la population, persiste et perdure sans satisfaction. Les travailleurs déclarent être convaincus que l’inamovibilité de Christian Salvy, l’impuissance et l’incapacité du Ministre de tutelle dans ce cas, trouvent leurs raisons « dans le soutien et/ou le refus décisif de Mme Viviane Wade et son fils Karim Wade »
En novembre 2009, au cours du débat parlementaire sur le budget 2010, face au Ministre des Télécommunications des NTIC, des transports ferroviaires, Abdourahim Agne, des députés ont critiqué la gestion de Christian Salvy et exprimé clairement « que si l’Etat ne prenait pas ses responsabilités, ce dernier va faire fermer la société. » et tour à tour ils ont averti que si l’Etat veut la viabilité de DDD, il doit se débarrasser de son directeur : « Christian Salvy est à l’origine de la crise qui secoue l’entreprise. … ; la gestion calamiteuse de cette société par son directeur, les demandes d’explication tout azimut et les menaces de la part de la direction générale expliquent les énormes difficultés de l’entreprise » a tempêté le député libéral Bakhao Diongue Diouf et Fatou Younouss Aïdara, demandera le départ de Christian Salvy (sources : Kotch n° 30 du Samedi 14 et Dimanche 15 novembre 2009)
Tout le monde se souvient certainement de la naissance de cette société, de l’avènement de ce Christian Salvy, des déclarations à l’époque, élogieuses et de propagande politique de Me Wade, applaudi par les ex-travailleurs de la SOTRAC, qui espéraient voir aussitôt, la fin de leurs souffrances. Mais déçus, certains ont dû recourir à la grève de faim répétée. Personne ne s’était en son temps, offusqué du choix de Christian Salvy dont les critères sont restés du domaine discrétionnaire de Me Wade. Aujourd’hui, tout le monde constate l’arrogance de ce directeur tant décrié et si assuré, que son sort dépendrait exclusivement de la décision de Me Wade seulement.
Les travailleurs sont tout à fait dans leur droit d’exiger l’audit de DDD qui, comme la défunte SOTRAC, est et restera un patrimoine national dans tous les cas. Les travailleurs de « DDD » devront rester mobilisés au sein de leurs organisations syndicales, autour de leur outil de travail et de leur plate forme revendicative. Ils ne doivent pas se laisser divertir moins encore, manquer de vigilance.
La mobilisation des travailleurs durant six jours a été soutenue et renforcée par la solidarité active des centrales syndicales, CSA, CNTS, FGTS, CNTS-FC, le regroupement des travailleurs du « Petit train bleu (ptb) et l’opinion publique.
Devant la gravité de la situation, de l’impasse et l’option « du laisser pourrir » des autorités gouvernementales, les syndicalistes ont proposé des solutions d’urgence et de sauvetage, tout en dénonçant la gestion informelle et déploré le fait que « la moitié des bus envoyés au garage pour réparation étaient des voitures neuves, et, sur les 409 bus acquis en 2005, il arrive que moins de 195 véhicules soient disponibles et souvent certains retournent au dépôt pour manque de carburant. Ils préviennent que, la poursuite dans cette dynamique, conduira inévitablement à la perte des emplois et que, les bus annoncés, ne pourront pas l’empêcher, parce qu’ils risquent de subir le même sort, que les bus TATA, qui assurent le réseau ».
Et ici, il y a trois dépenses incompressibles que la direction devrait respecter obligatoirement pour pérenniser l’entreprise : les salaires, les pièces de rechange pour garder intacte la flotte du parc et le carburant pour assurer le roulement ininterrompu des véhicules. Mais il semblerait que les autorités seraient engagées à élaborer un plan de sauvetage pour cette société de transport urbain, dans le gouffre, depuis des années, à l’image de celui concocté pour Transrail. On le voit bien, cette pratique d’opacité et d’immixtion dans la gestion des sociétés nationales a provoqué les mêmes effets et détruit toute l’ossature de notre faible tissu économique.
Le régime libéral, aboutit dans la création et l’administration d’entreprises et d’agences, comme une sorte de fatalité au même résultat, à savoir, des scandales et échecs. Et là, ce sont toujours les manigances et la guigne des Wade, qui sont indexées. A propos de Air Sénégal International (ASI) les travailleurs regroupés dans leurs organisations syndicales ont longtemps lutté ferme et durement contre les mêmes travers et ont dénoncé en Avril 2010, le fait de laisser en rade, des ex-travailleurs de ASI qui étaient les plus compétents pour les postes et, prendre à la place des anciens de l’Anoci, dans le processus de remettre dans les airs « SENEGAL AIRLINES ».
Face aux syndicalistes de « DDD », lors de l’audience du 08 Juin 2010 au Palais de la République, Me Wade, dans son habitude bien rodée, annonce des promesses alléchantes de solutions qui pourraient tendre à corrompre les travailleurs ; c’est ainsi que le règlement des 12 milliards et la nomination d’un nouveau Directeur Général, choisi parmi les travailleurs eux-mêmes a été agité au cours de l’audience. Et puis, il s’engagea à signer ce jour même, les documents afférents à l’importation des bus chinois. De quoi casser la détermination et la fermeté de ceux qui comprenaient les pièges dissimilés et/ou de susciter le doute parmi les plus dynamiques.
Faut-il rappeler qu’en novembre 2009, défendant son budget 2010, le Ministre Abdourahim Agne a soutenu devant les parlementaires que le syndrome de la Sotrac ne guettera jamais Dakar Dem Dikk et avait annoncé l’arrivée de 235 bus chinois, 250 bus de l’Inde et quelques 300 autres bus de la Corée du Nord. D’ailleurs, il fut annoncer différentes dates successives de réception des bus chinois en grande pompe, une cérémonie organisée pour présenter au Président de la République si friand d’éclats et de sensationnel, le prototype de l’unique bus présent à Dakar. Mais face aux multiples et agaçants reports de dates annoncées, le chargé de la communication, Elhadji Amadou Sarr, rassure que la totalité des 750 bus seront à Dakar en 2012 (Kotch du mardi 02 Mars 2010)
Cette fâcheuse habitude congénitale du régime libéral, interpelle le mouvement syndical et citoyen à une impérative introspection générale, pour une riposte appropriée par rapport aux agressions récurrentes du pouvoir contre tous les travailleurs.
L’impérialisme et le néocolonialisme, dont la continuité est assurée chez-nous par cette bourgeoisie bureaucratique et prédatrice, quand bien même, intelligente et constante dans sa détermination à soumettre les masses laborieuses au diktat de leurs maîtres, pour la réalisation de leurs objectifs de classe. Les capitalistes et leurs laquais ont élaboré et mis en pratique des voies et moyens divers et sophistiqués pour diviser les travailleurs et les masses populaires et aussi affaiblir leur capacité de résistance. Dans cet arsenal vicieux et subtil, leurs officines, par l’éducation ouvrière syndicale, l’embrigadement et l’infiltration, renforcent leur influence au sein du monde du travail et organisent aux frais de massifs investissements, l’émiettement, la démobilisation, la désyndicalisation. -Par la corruption sous diverses formes et le « Comité du dialogue social »- le fameux pacte social que nous avions vigoureusement dénoncé à l’époque dans les années 90 dans une contribution publiée par un numéro du journal SOPI- bref, tout un catalogue qui exige des travailleurs une constante élévation de conscience et pratique, pour faire face vigoureusement. L’existence de 20 centrales syndicales et 160 partis politiques n’est certainement pas un fait du hasard surtout, au vu des manœuvres que Me Wade ne cesse d’entreprendre. Quoi qu’il en soit, autant le mouvement syndical a été déterminant dans la lutte de libération nationale, autant son rôle, est primordial dans l’application des solutions, pour le développement et le mieux être des populations sénégalaises et africaines.
Dans ce contexte de précarité accentuée de l’emploi et de crise exacerbée du capitalisme, de l’insupportable augmentation endiablée du coût de la vie et d’une massive paupérisation, le mouvement syndical a le devoir impérieux de s’unir, pour renforcer ses capacités d’intervention avec plus d’efficacité, afin de gagner les batailles décisives à venir, d’assurer sa présence sur le terrain dans une parfaite unité d’action et de cohésion tactique, pour rassurer les travailleurs en luttes, mais sans espoir, parce que manquant de boussole d’orientation de leur combat . Il faudrait à tout prix leur éviter le phénomène des « grèves de faim » par défaut –stratégie inefficace et suicidaire face à un pouvoir qui n’a aucun respect pour les droits humains- De même, dans cette perspective, les patriotes, les partis de gauche et l’ensemble des forces démocratiques et vives de notre pays, ont l’obligation intellectuelle et morale, d’aider les travailleurs et les organisations syndicales, dans l’éclairage et l’assimilation des questions prioritaires du moment, rendues plus sophistiquées et complexes, condition sine qua non de leur réarmement moral, pour reprendre l’initiative des luttes victorieuses dans la dignité et l’honneur.
• Moctar Fofana NIANG
• Matafofana39@yahoo.fr