Analyse sociologique des immolations.
OPINION : Analyse sociologique des immolations
Aujourd’hui, le phénomène des immolations devant les grilles du Palais de la République est devenu courant, voire banal. En effet, il s’agit de cas de suicide qui exerce sur les individus un pouvoir coercitif et extérieur, et à ce titre, il peut être analysé par la sociologie.
Ce phénomène, dont on pourrait penser de prime abord qu'il est déterminé par des raisons relevant de l'intime, du psychologique, est également éclairé par des causes sociales, des déterminants sociaux.
Les statistiques montrent en effet que le suicide est un phénomène social normal : le suicide est un phénomène majoritaire et régulier que l'on retrouve dans la plupart des sociétés et, au sein de chaque société, les taux de suicide évoluent relativement peu. C'est la tendance au suicide dont chaque société est collectivement affligée.
S’agissant des différents cas que nous avons connus (Bocar Bocoum, Ameth Tidiane Bâ, et même de Penda Kébé etc.), notre discipline nous recommande de chercher les causes efficientes dans la société, dans les grands ressorts de la vie collective et non dans la gouvernance politique.
Lorsque ces ressorts fléchissent, l'homme perd toutes les raisons qu'il avait de vivre.
Si l'individu se décourage et s'abandonne, ou bien s'il s'exaspère et tourne sa fureur contre lui-même, c'est qu'il n'a pas une femme et des enfants auxquels l'unit le double lien de l'affection et du devoir ; c'est qu'il ne trouve ni un appui, ni une règle, dans un groupe d'hommes qui acceptent les mêmes dogmes et pratiquent la même religion ; ou, enfin, c'est qu'il n'est pas distrait de ses préoccupations égoïstes, et soulevé au-dessus de lui-même par de grands intérêts politiques ou nationaux.
Théorie paradoxale à première et même à seconde vue, car on cherche d'ordinaire dans une toute autre direction les causes du suicide. «Suicides dus au désir d'éviter l'infamie du supplice, de fuir la maladie, la souffrance, la vieillesse, de ne pas survivre à un être cher : mari, femme, enfant, ami ; de prévenir ou de laver un outrage, d'éviter l'infamie, de ne pas tomber aux mains de l'ennemi, suicides dus au dégoût de la vie, suicides accomplis par ordre» ; ajoutons : «Envie d'étonner, désir de faire parler de soi, folie, idiotie, dépression masquée !».
Toutefois, il faut savoir que ces motifs particuliers et individuels sont des prétextes ou des occasions, mais non des causes. L'individu que rien ne rattache plus à la vie trouvera, de toute manière, une raison d'en finir : mais ce n'est pas cette raison qui explique son suicide. De même, lorsqu'on sort d'une maison qui a plusieurs issues, la porte par où l'on passe n'est pas la cause de notre sortie. Il fallait d'abord que nous ayons le désir au moins obscur de sortir. Une porte s'est ouverte devant nous, mais, si elle eût été fermée, nous pouvions toujours en ouvrir une autre. Dirons-nous donc que les malheureux qui se suicident, (Bocar Bocoum, Ameth Bâ) sont poussés vers la mort par des forces dont ils ne comprennent pas la nature, et que les motifs qu'ils se donnent à eux-mêmes pour expliquer leur geste n'entrent pour rien dans leur décision ?
Les cas de suicide peuvent être de divers types :
Le suicide égoïste qui intervient lors d'un défaut d'intégration : l'individu n'est pas suffisamment rattaché aux autres. La société tient les individus en vie en les intégrant. C’est comme le suicide de célibataires. Ce type de suicide correspond au cas de Bocar Bocoum.
Le suicide altruiste : à l'inverse du suicide égoïste, le suicide altruiste est déterminé par un excès d'intégration. Les individus ne s'appartiennent plus et peuvent en venir à se tuer par devoir (les suicides dans des sectes ou dans l’armée). Ce type altruiste correspond au cas d’Ameth Tidiane Bâ, adepte du fondamentalisme Salafiste.
Ceci pour dire, à l’instar d’Emile Durkheim, que «Le suicide varie en raison inverse du degré d'intégration de la société religieuse, de la société domestique ou de la famille, et de la société politique ou de la nation» et que la cause déterminante d’un fait social doit être cherchée parmi les faits sociaux antécédents, et non parmi les états de la conscience individuelle.
Cette analyse sociologique du suicide a pour objectif principal de couper court aux supputations des politiciens et autres individus malintentionnés qui cherchent à expliquer les suicides par immolation par une mauvaise gestion du pays. Cette explication politicienne du suicide est ringarde et relève de l’hémiplégie intellectuelle! L’on ne se suicide pas parce qu’on est contre un régime ou un pouvoir en place. L’explication se trouve dans la société elle-même qui alimente le courant suicidogène.
Dr Kaly NIANG
Sociologue
Immolation vous avez dit ? Quelle banalité
Dire que la situation sociale, économique et politique est alarmante au Sénégal, est une vraie lapalissade. Les Sénégalais, après 11 ans sous un régime de l’alternance, qui sonnait comme une délivrance et un changement après 40 ans de régime socialiste, sont déçus, peinés et fatigués de ce qu’ils vivent quotidiennement. La pauvreté, ils la vivent tous les jours sans exception, n’assurant plus qu’un seul repas par jour pour certaines familles, les jeunes passant plus de temps devant les maisons, le thé qui était leur compagnon de toujours ne l’est plus ou de moins en moins, le sucre et le gaz devant permettre sa préparation ne sont plus donnés. Les mourants dans les hôpitaux et autres malades n’attendent plus l’ange de la mort, le manque d’électricité ou de médecins anticipent sur celle-ci.
Les anciens combattants et autres invalides de guerre qui attendent des indemnités depuis belle lurette ou même les simples fonctionnaires retraités qui ne vivent que de 11 500 par mois ou même pas 50 000 par trimestre sont plus qu’écœurés et fatigués de leurs situations, eux qui auront servi leur patrie des années durant et ne sont pas rétribués à la hauteur des efforts fournis, alors que d’autres, sortant du néant, qui n’ont jamais rien fait pour leur nation, ou tout simplement futurs prétendants au trône, ont toutes les faveurs, s’autorisent le droit de manipuler et le peuple et ses avoirs. Cela pour dire quoi ? Que si un de ces serviteurs du pays, après des années de combat, de guerre, court après un dû qui devait lui être donné avec tous les honneurs qui vont avec, tente d’une façon ou d’une autre de se faire entendre et que si cela ne marche pas utilise un moyen plus désespéré, il aura été un martyr de la République après l’avoir servi.
Certains, et même moi, se demandent pourquoi s’immoler ? Wade en vaut-il vraiment la peine ? Je réponds non ! Parce qu’il n’est aucunement touché par cet acte. Je lis dans les journaux qu’après avoir festoyé la veille à la cérémonie des cinquante femmes qui auront marqué la décennie, dont font partie sa femme et sa fille et la plus que majorité de son gouvernement ou parti, son conseiller en communication, en son nom dit qu’il est très peiné par la mort de Bocar Bocoum. Il ne l’est pas aujourd’hui plus qu’il ne l’a été quand s’est tué de la même manière cet homme venu de Ziguinchor, parce qu’il lui avait pris son lopin de terre sans le dédommager, ni quand s’est immolée Penda Kébé, cette femme qui vivait en Italie et qui était la responsable des femmes du PDS à Brescia et dont la mère est une militante de première heure du PDS.
Parce que si l’immolation est devenue aujourd’hui au Sénégal une banalité, c’est qu’elle commence avec l’histoire de Penda Kébé, qui avait quittait Brescia avec tous ses suivants, dans des bus jusqu’à Rome où le président était en voyage, et devait recevoir ses militants. Elle tenta de le voir à son hôtel, ce que les vautours rodant autour de sa Majesté lui refusèrent. Se sentant humiliée, elle qui s’est toujours battue pour celui dont sa mère disait qu’il est son grand-père, elle se mit le feu et mourut quelques jours après. La réponse de Wade fut la même comme à chaque fois qu’il se passe un malheur, il n’était au courant de rien, personne ne l’a avisé ! Mais c’est surtout parce qu’il oublie toujours ses militants et «amis» d’hier, leur préférant ceux de tout de suite.
Juste pour dire que des Penda Kébé et des Oumar Bocoum, on en verra encore, des femmes de ces militaires promettent de faire la même chose, le désespoir étant la cause, les conséquences seront toujours dramatiques pour leur famille et pour les simples citoyens qui se réveillent toujours avec un malheur où l’immolation sera le maître mot, et le Roi fera toujours le sourd face aux nombreuses revendications de son peuple, tirant du plaisir de leur souffrance, ce peuple qui lui a toujours été fidèle. Mais même la souffrance a une fin !
Une citoyenne sénégalaise.
Wade - Le roi de trèfle
Vendredi 17 décembre 2010, nous sommes devant la préfecture de Sidi Bouzid. Un jeune homme de 26 ans, d’apparence frêle, le pas hésitant s’avance. Il a dans une main un bidon qu’il tient fermement. Personne ne remarque sa présence. Peut-être même qu’il n’est personne. Il est là, planté sur l’esplanade. Le liquide coule sur sa tête ; on peut presque entendre les gouttes heurter le silence du sol. Il s’arrose de la tête aux pieds, comme dans une sorte de bain rituel. Il se laisse noyer par le liquide. Son regard est maintenant figé. Il a l’air presque apaisé et brusquement la flamme crépite. C’est l’enfer. Il ne possédait pas de permis de commercer et des agents municipaux lui ont confisqué son bien ; il ne pouvait trouver du travail à la hauteur de ses qualifications et on lui a signifié qu’il n’avait même pas le droit de survivre par la débrouille. Comment vivre si l’on ne peut survivre Par son geste, Mohamed Bouaziz venait de crier à la face du monde et des autorités tunisiennes qu’il n’avait d’autre choix entre l’indignité consécutive à l’oisiveté du chômage et le suicide.
Le pouvoir tunisien a dénoncé «l’exploitation de cet incident à des fins politiques malsaines», par des partis d’opposition et des médias étrangers.
Vendredi 11 février 2011. Il est onze heures dix minutes. Bocar Bocoum gare son scooter au bout du boulevard de la République et s’avance. Il s’asperge du liquide devant le regard médusé du garde et fait craquer son briquet. Le feu part du col et s’attaque à l’ensemble du corps. Le cri fuse ; les passants sont pétrifiés : «Liguey Mba Dé» (travailler ou mourir). L’ancien soldat n’avait d’autre réclamation que de pouvoir travailler afin de subvenir à ses besoins et à celles de sa maman.
Après l’immolation par le feu du soldat Bocoum, un ministre de la République s’est empressé de dire : «C’est l’opposition qui est responsable de ce drame.» (sic)
Doit-on être aussi obtus pour être politicien N’apprend-on vraiment rien de l’histoire et des errements des autres
Sans relever le fait qu’en pareille circonstance, il sied mieux de compatir à la souffrance de la victime et de sa famille en lieu et place de diatribes politiciennes, nous dirons que ce ministre fantoche nous fait honte, sa légèreté et son ignorance frisent même l’indécence.
Monsieur le ministre, quand vous dites que les jeunes sénégalais n’ont pas la culture du suicide et que c’est l’opposition qui, par ses déclarations enflammées, est à l’origine de l’acte fatal du soldat Bocoum, avez-vous oublié (parce que je n’ose croire que vous l’ignorez) ce qui s’est passé le 7 décembre 2007 à Rome sous les fenêtres de la mairie de cette ville, alors que votre «roi» y recevait avec pompe et faste à outrance, ses bonimenteurs. Ce jour-là, monsieur le ministre, Penda Kébé, une jeune femme de 41 ans, mère de trois enfants et qui se plaisait à dire que Abdoulaye Wade l’avait portée dans ses bras le jour de sa naissance, se donnait la mort par immolation presque en face de celui qu’il avait toujours considéré comme son idole. Penda Kébé était de Kébémer comme vous et venait donc du même creuset culturel que vous. Monsieur le ministre savez-vous qui est Kéba Diop Ce monsieur qui après onze jours de marche, de Bignona à Dakar, est venu s’offrir en sacrifice par le feu, le 29 septembre 2008, devant les grilles du Palais de votre «roi» Deux torches humaines, qui bien avant le martyre de Sidi Bouzid, sont venues assombrir, par l’éclat de leur acte unique et terrible, la quiétude de l’avenue Léopold Sédar Senghor.
Lors d’un débat télévisé sur France 24, quelqu’un a dit que l’on devait donner le Prix Nobel de la paix à Mohamed Bouaziz. Il faudra demander au comité Nobel d’y associer les femmes de Nder ; peut-être que l’inculte ministre sénégalais se souviendra alors de ses lointaines leçons d’histoire.
Qu’est-ce qui peut expliquer qu’un individu bien constitué puisse en toute connaissance de cause mettre sa vie en péril Pouvons-nous donner une explication plausible face à la déferlante du «Mbeuk mi» (nom donné au phénomène des clandestins sénégalais qui ont pris d’assaut l’Espagne à bord de pirogue).
Ignorance ou témérité Non ! Plutôt le laxisme et l’arrogance de gouvernants insensibles et incapables d’apporter des solutions aux souffrances du peuple.
Que pouvons-nous dire d’autre si, au moment où les populations sont dans l’obscurité faute d’électricité, et où d’autres pataugent dans les eaux putrides de leur demeure inondée depuis plusieurs années, le roi et la reine de trèfle se pâment devant les caméras au Méridien Président pour célébrer je ne sais quel 50 ans de femmes leaders
Monsieur le ministre, aucun peuple n’a une culture du suicide ; le suicide est un acte complexe, que l’on ne peut prétendre approcher avec autant de légèreté. Lorsqu’une personne a le sentiment qu’elle n’a plus aucune prise ni contrôle sur son avenir, elle devient dangereuse pour l’ordre établi (au sens répressif du terme), et il n’est pas sans raison de dire qu’à partir de cet instant plus rien, ni personne, n’a prise ni contrôle sur elle. C’est ce qui est arrivé à Mohamed Bouaziz et c’est ce qui est aussi arrivé aux jeunes Sénégalais qui, au prix de leur vie, sont montés par centaines, dans des embarcations de fortune en direction de «Barsakh» (l’au-delà,).
Le désarroi de Mohamed Bouaziz est comparable à celui du soldat Bocoum, à qui l’Etat ne promet rien depuis la plus tendre enfance. Pas d’éducation, pas d’emploi, pas d’avenir.
Il y a comme une conjuration du sort et des éléments sur le Sénégal depuis qu’il est dirigé par Abdoulaye Wade. Celui qui demandait aux jeunes sans emploi de lever la main, ne s’étonne guère que les chiffres du Pnud indiquent que 48% des Sénégalais sont sans emploi. C’est lui qui, dans un stade archicomble nous chantait l’hymne : «Il faut travailler, encore travailler, toujours travailler.» Désormais notre leitmotiv sera le «Liguey mba dé» du soldat Bocoum. Il résonnera dans nos cœurs et hantera nos esprits jusqu’à ce qu’on se débarrasse de ce régime qui affame et tue nos enfants.
Celui qui disait «dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirais quel avenir tu auras», c’est aussi celui-là qui prive nos foyers d’électricité 12 heures par jour et qui nous demande d’éclairer les leçons de nos enfants à la lueur des bougies.
Celui qui disait donnez-moi cent jours et je réglerai le problème de la Casamance, c’est celui-là aussi qui prive l’Armée de munitions, refuse d’accorder la moindre reconnaissance aux blessés de guerre et marchande la vie des soldats sénégalais en tergiversant sur l’implication ou non de l’Iran dans un trafic d’armes (Ndlr : Le texte a été reçu à la Rédaction bien avant la rupture des relations diplomatiques entre le Sénégal et l’Iran.) Pourquoi Parce qu’il s’agit d’un soi-disant Etat ami, au portefeuille bien garni et étonnement leste.
Non ! Monsieur le ministre, le Sénégal n’est pas la Tunisie ni l’Egypte et encore moins la Libye. Mais monsieur le ministre le Sénégal n’est pas non plus le «Royaume» du Maroc et il serait vain qu’à défaut de royauté, l’on tente d’y installer une République héréditaire. C’est cette différence qui a permis au «roi de trèfle» d’y prendre le pouvoir par la voie légale des urnes en toute tranquillité. Mais, c’est aussi cette différence qui permettra au peuple sénégalais debout comme un seul homme, dans la légalité, de lui dire «Dafa doy» (ça suffit, on en a assez).
C’est cela le sens de l’avertissement de monsieur Moustapha Niasse lorsqu’il disait à Abdoulaye Wade : «Ce qui s’est passé en Afrique du nord est le signe annonciateur que les peuples du continent africain ont maintenant pris conscience qu’ils doivent se prendre en charge, reprendre leur souveraineté face à des pouvoirs totalement absolus pour dire que maintenant, y en a assez.»
Et, s’il le faut, avec Brel, nous reprendrons le refrain de cette belle chanson : Au suivant !
Théodore MONTEIL - Directeur national opérationnel Union citoyenne Bunt-Bi
Membre de Bennoo Siggil Senegaal
Les mêmes causes, produisent en général, les mêmes effets
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, par conséquent, l’Afrique ou n’importe quel autre continent ne pourra arrêter le vent de la révolte qui souffle partout où règnent l’injustice et l’absence de liberté. Et, tant que les dirigeants à la tête des pays n’auront pas compris, que le pouvoir qu’ils détiennent entre leurs mains, leur est simplement confié pour un temps donné, et que son exercice en dehors de la démocratie, de la justice et de la participation effective des citoyens à l’œuvre de construction nationale, est un risque évident qui mène irrémédiablement vers le soulèvement des populations, prises en otage et privées de liberté.
Les temps sont révolus, ou sont en voie de l’être, pour que des dictateurs impotents ou assoiffés de puissance matérielle puissent s’accaparer du pouvoir indéfiniment et d’en faire ce qu’ils veulent ou ce que bon leur semble. Depuis que l’humanité existe, les révolutions ont toujours été motivées par de l’injustice sociale dans la gestion des biens communs des sociétés humaines, ainsi que de l’absence de liberté pour les peuples.
Pour toutes ces raisons et pour d’autres sans doute, nos marabouts censés être des guides pour le cas du Sénégal, doivent dire la vérité aux dirigeants du pays, comme le faisait feu Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, en de pareils moments. Ils doivent les convaincre qu’aucune solution précaire de colmatage ou de façade ne pourrait arrêter le vent de mécontentement des populations qui n’en peuvent plus, et qui vivent présentement dans une misère noire indescriptible. Il est indéniable et doit être clair pour nous tous, que personne ne viendrait régler cette situation à la place du peuple sénégalais, aussi longtemps que les concernés et victimes croiseraient les bras et laisseraient faire librement, un pouvoir dictateur, incompétent et corrompu, comme bon lui semble.
C’est justement là où certains fidèles musulmans devraient faire preuve d’une distinction nette et claire entre le marabout, un être humain faillible, et la religion, «un ensemble de dogmes et de pratiques cultuelles qui constituent les rapports de l’homme avec la puissance divine». Cette confusion ou mélange de genres, pousse parfois certains musulmans à prendre l’un pour l’autre, ce qui est absolument grave et à condamner au regard de la religion musulmane et de son Livre Sacré le Coran. Si la religion est faite de règles, de préceptes et principes clairement définis par le Coran et la pratique (Suna) du Prophète Mohamed (Psl), il n’en est pas de même pour le marabout, un simple pratiquant faillible comme vous et moi, susceptible de transgresser pour des raisons personnelles et alimentaires, tout à fait étrangères à la religion musulmane, les règles et principes sacrés de celle-ci. Ce sont ces marabouts-là, qui servent d’interface entre le pouvoir et les fidèles, en prenant sa défense contre les populations si meurtries en ce moment, par la faute d’un pouvoir qui tourne le dos à leurs préoccupations essentielles et primordiales.
C’est le moment et le lieu, d’inviter les fidèles musulmans à faire la part des choses, en procédant à une distinction nette, entre un marabout démarcheur au service d’un pouvoir, auteur d’injustice inqualifiable et objet de nos principales difficultés et malheurs, et celui au service de Dieu et de la vérité, qui aide les déshérités et victimes de tous genres à s’en sortir par la lutte, et non par la résignation et la soumission. Les Sénégalais, tous genres confondus, doivent avant tout, observer une attitude citoyenne et patriotique pour défendre leur liberté et leur pain, ce qui signifie également défendre le pays dans le même temps contre ses fossoyeurs et autres déprédateurs. Et comme le dit fort justement Mansour Sy Djamil : «Les marabouts qui appuient et soutiennent les pouvoirs en place qui gouvernent par l’injustice, dévient parfaitement de la voie de l’Islam et des recommandations du Prophète (Psl).» Dénoncer de tels marabouts, voire les combattre, me semble être un devoir sacré. En se rangeant sans discernement du côté du pouvoir - qui détient tous les moyens, donc la force - contre les populations démunies et victimes - les faibles -, ces marabouts pratiquent par-là, le révisionnisme des principes de l’Islam en matière de solidarité, pour ne pas dire qu’ils sont en train de faillir à leur devoir de solidarité tout court, en tournant le dos aux nécessiteux qui sont dans le besoin prégnant.
Aucun pays n’est vacciné contre un soulèvement populaire, surtout si ce pays foule du pied toute règle de bonne gouvernance, notamment les libertés fondamentales, et prive ses populations de moyens pour une vie décente. L’humanité est témoin que même les dictatures les plus féroces ont été finalement vaincues par la volonté populaire. A cet effet, aucune Armée ne peut garantir à un dictateur quel qu’il soit, de ne pas subir le sort inéluctable qui est réservé à eux tous, un jour prochain. A bon entendeur salut !
Mandiaye GAYE - Gaye_mandiaye@hotmail.com
Jeunes du Sénégal, ne vous immolez pas, combattez de manière pacifique
Jeunes du Sénégal, vous n’avez pas besoin de vous immoler. Votre vie est aussi précieuse que celle de la Nation toute entière. Vous êtes la sève nourricière qui portera le futur de ce pays. Ce futur sera plus grand que l’œuvre de toutes les générations avant vous. Que nul désespoir ne vous habite au point de le noyer dans la mort. Aussi flou que puisse paraître votre avenir, aussi fuyante que puisse sembler la chance de réaliser vos ambitions, votre avenir est intact et encore à portée de main. Plus proche que vous ne le croyez. Vous n’avez pas besoin de vous immoler. Votre voix a été entendue. Bocar Bocoum et Tidiane Bâ, par leur geste regrettable, ont quand même donné un message de détresse que nul ne peut ignorer.
Tous, nous savons que vos désirs d’avenir ont été noyés dans les ambitions aveugles d’un homme qui n’a pas su tenir sa promesse de vous ouvrir la porte de l’opportunité. Tous, nous savons que nous avons manqué à notre devoir de vigilance et de solidarité envers la jeunesse.
L’opportunité est maintenant ouverte pour vous de porter vos espérances. Osez prendre date avec l’histoire, sans peur. Osez dire aujourd’hui ce que vous voulez. Osez inventer votre propre avenir, avec vos propres mains et votre propre intelligence. Osez rêver le meilleur pour vous et vos enfants. La vie, c’est l’énergie de combattre pour sa foi, ses convictions et ses ambitions. Acceptez-la ainsi et soyez prêts à combattre pour votre idéal. Vous y avez droit. Vous vivez dans un pays qui proclame la démocratie, aussi imparfaite qu’elle vous paraisse aujourd’hui. Elle restera imparfaite si vous n’en faites pas usage pour conquérir vos aspirations légitimes. Elle mourra si vous ne lui insufflez pas votre énergie pour défendre sa promesse d’entendre tous ses fils.
Que les apparences ne vous trompent pas. Aucun politicien, Président ou fils de Président ne triomphera de vous et de vos aspirations légitimes. A votre réveil, rien que l’écho de votre voix fera fuir les hyénemis de la République. Elle vous appartient cette République, mais elle a besoin que vous lui déclariez votre attachement. Elle a besoin de vous voir à ses pieds, preux chevaliers, prêts à la défendre. Cette République, c’est le véhicule de vos ambitions, le navire pour explorer les possibilités du monde, votre char de combat pour la paix, la navette spatiale de vos rêves les plus fous vers le futur. Elle est capable de tout cela. Pour peu que vous soyez prêts à la chevaucher. Osez dire oui à la République. Combattez pacifiquement sur la nécessité et l’urgence de répondre à vos besoins. N’attendez point d’être servis par quelques petits programmes de financement de projets pour vous endormir. Exigez que l’emploi devienne la priorité nationale. Ne vous laissez pas berner par les promesses sans lendemain. Osez poser les bases de votre propre avenir. Refusez de boire le calice de la résignation et de la fatalité concocté par nos parents et marabouts. Ils changeront lorsqu’ils vous verront victorieux. Le passeport pour le paradis se gagne par le combat de la vie, ici sur terre. Combattez et refusez de mourir, c’est le difficile qui est le chemin. Incha’ Allah, vous triompherez. Dieu n’est-il pas avec les endurants Quant à Son programme, Il en est le Seul Maître. Quant aux capacités et droits dont Il nous a dotés, faisons-en les moyens de lutte pour la vie.
Amadou GUEYE - Nouvelle République
Non ! Nous refusons de nous immoler par le feu
Ô crève cœur, ô souffre douleur, ô misère, ô regrettables maux
D’orgueil de fatalité, d’altruisme ou même de sacrifice
Le suicide n’est pas la solution pour remuer ces consciences En supplice
Comment en vain gémir pour réclamer plus de justice
Si à côté l’on se grise dans l’opulence et la fatuité
En marquant de leur sang la rue du Palais
Et Bocoum et Mara sont mort en martyrs
Mourant tous deux, pour nous ôter la peur
Sonner le glas pour prévenir le collectif trépas
Les Sénégalais aiment les héros
Mais ne sont pas des héros
Hélas ! Pauvreté, nudité, tourment, violence sournoise
Le peuple souffre en silence et suffoque en abstinence
Honneurs ou horreurs on ne peut recouvrer l’âme
Que l’espoir a quitté à la morsure des flammes
Le feu de la honte consume et la vie et la chair et la dignité
Mais le feu de l’ultime noblesse laisse intact le nom et les Envies
Travailler ou mourir, les âmes outrées narguent l’effroyable
Compter ou disjoncter, les esprits acculés taraudent L’irréparable
Jamais un seul plaisir en vivant nous n’avons
Alors retournons au ciel en martyr si nous pouvons
Je mesure la profondeur de la foi qui pousse à l’acte
Au degré de brûlure qui sur la peau et la chair impacte
Pour mériter l’estime du peuple et avoir sa faveur
Toute peine n’est pas vaine pourvu qu’elle fouette le cœur
Non ! Je refuse de croire à l’amnésie de la patrie
Non ! Je refuse de boire la stoïque potion de l’euthanasie
Bocar fut bourré à rebords de remords
Mara en a eu marre à languir de l’usure
La jeunesse perdue, la force inutile, que la vigueur s’en aille
L’odeur de la peau qui brûle n’est pas celle de la paille
Je vous salue, soldats désarmés, désespérés, mais dignes
Mais que veut dire ce mot quand tout ici indigne
Seigneur mon Sénégal serait-il atteint par la guigne
Haruspice consultait les entrailles pour lire les pressages
Faut-il compter des morts brûlés vifs pour faire le mage
Sénégal ce qui augure n’est pas sous de bons auspices
Alors je dis halte ! A l’holocauste de nos vaillants fils
Non ! Nous refusons de nous immoler par le feu du sacrifice
Si ce n’est pour renaître de ses cendres comme le Phénix
Amadou Moustapha DIENG - Poète - Journaliste - Ames91@hotmail.com
LE TEMPS DES INCERTITUDES ?
Dans notre pays cinquante années d’indépendance nous auront permis d’évaluer les deux procédés politiques qui ont caractérisé le fonctionnement de l’Etat, le développement citoyen et d’interroger le futur. Le parti unique et le recours aux coalitions ont été, jusqu’en 2010, les modes qui ont sous-tendu les systèmes de pertinence politique.
Cela ayant été, particulièrement, déterminant dans les options, les projets politiques et les méthodes de gouvernance mis en opération au Sénégal. Aujourd’hui, dans une certaine mesure, une révision de la Constitution afférente aux élections devient opportune parce que la pratique de la Coalition complique, selon une large partie de l’opinion nationale, la marche de l’Etat de la République du Sénégal. Quitter le parti unique et tomber dans les coalitions n’a pu, absolument, améliorer, la pratique politique. Les fautes et les erreurs enregistrées quand le parti unique se pratiquait sont les mêmes qui sont commises par la pratique des coalitions.
Un tel atypisme ou une telle dérive, sans faire un traitement par analogie ou par comparaison, conduit à s’interroger sur l’utilité de la pratique de la coalition qui ne confère aucune légitimité politique réelle .Mais aggrave, au contraire, la course vers les rentes de situation. Néglige l’intérêt public et ne favorise, par expertise, que le népotisme, l’enrichissement illicite, l’impunité et le suffragisme.
N’aurait-on pas atteint un niveau citoyen qui nous permettrait de bien marcher, avec responsabilité, vers 2012 ? Année qui devrait consacrer la fin de l’édification de l’Etat Nation au Sénégal et inaugurer l’étape de la construction de l’économique. Ce qui permettrait aux populations de sentir, en effet, l’amorçage d’un social visible et lisible. Cependant le virage que l’Etat négocie, actuellement, présente un relief difficile. Car la situation politique qui en découle ne permet, effectivement, pas de faire la différence pour savoir si c’est une transition ou une fin de cycle long. Sans oublier, tout de même, l’apparition de manifestations d’un empêchement pouvant concerner le Chef de l’Etat du Sénégal.
Le soleil se lève, jusqu’en 2011, à l’est. Donc les populations sont conscientes de la situation politique qui sévit au Sénégal et entendent, avec un patriotisme éclairé, réussir la continuité de l’Etat. En évitant les incendies politiques qui entrainent, souvent, la panne d’une république et qui bloquent le futur de toute une nation. C’est pourquoi nous souhaitons, en vue d’éviter avec intelligence, les risques d’un chaos, débouchant sur une déconfiture méthodique de l’ordre soual national, la suppression de la pratique des coalitions .Et que seules les fluctuations politiques viables et fiables briguent le suffrage des élections de 2012 .
Les circonstances confirment que le procédé afférent au parti unique rappelle l’image d’un roi sans cour. Quant à la coalition elle indique également, le cas d’une cour sans roi. Un tel état de fait devrait être évité pour que le Sénégal ne plonge dans une impasse dont les effets nuisibles entraineraient, malheureusement, des dégâts incalculables.
D’ailleurs une pathologie se développe et résulte, notamment, des systèmes de gestion de l’Etat du Sénégal qui ne sont, point, en adéquation avec les espérances et les espoirs des populations. La pratique du parti unique et le règne des coalitions ont débouché sur une pathologie à soigner pour que 2012 soit l’année du réel départ de la reconstruction du Sénégal.
Donc 2012 constitue, pour les Sénégalaises et Sénégalais, une année essentielle parce que demain demeure une équation du fait de certaines certitudes et de quelques évidences. Certitudes qui trouvent justifications, d’abord, dans la fin du quinquennat et l’organisation des élections présidentielle et législatives. Ensuite le bouclage de l’époque des mohicans ; en considérant que le premier mohican fut Blaise Diagne. Enfin, des évidences dont les signes sont, par suite, la fin de la politique politicienne, la fin du populisme et la désagrégation du bluff. Cette situation appelle, désormais, innovation et réforme pour que la précarité et la pauvreté soient combattues et que l’économique puisse, enfin, émerger.
Par ailleurs les populations sénégalaises ont démontré, à suffisance, leur capacité à observer une distance critique chaque fois que les hommes politiques ont voulu faire d’elles des moyens pour réaliser leurs ambitions sans vision. Ou se servir du pouvoir pour satisfaire des calculs qui n’ont, effectivement, aucun rapport avec le service public ou avec les intérêts de la Nation.
Il est temps, de ce fait, que tous les acteurs politiques se ravisent et modifient leurs voies d’approche, réduisent leurs méthodes et épousent, avant qu’il ne soit trop tard, un nouveau système de pertinence politique très approprié, plus indiqué et moins démagogique.
Ce rappel, chers compatriotes, est motivé par le fait que les consciences individuelles ont gagné en émancipation citoyenne, évolué en nationalisme et en patriotisme ouverts. Particulièrement en intelligence politique .Sans se départir, heureusement, de leur valeurs .Bien que les moralités soient victimes d’agressions incessantes qui les rendent variables.
Il s’y ajoute un autre facteur qui a contribué, de façon positive, à la sauvegarde de l’équilibre, perturbé, quelques fois par une effervescence politique engendrée par l’insatisfaction des populations devant le poids de la paupérisation, la férocité de la précarité et les effets très regrettables du sans emploi. La violence ou l’anarchosyndicalisme sont des recettes peu sénégalaises. Mais un tel état de fait ne traduit, certes, aucune passivité de la population et ne lui ôte, guère, son discernement.
Les acquis solides obtenus en démocratie participative et les avancées significatives en démocratie sociale expliquent, aussi, la nécessite de transcender, maintenant, le suffragisme ou l’électoralisme qui reste, selon toute vraisemblance, l’unique ligne d’horizon des formations politiques au Sénégal .L’électorat souhaite recevoir des offres politiques citoyennes au lieu de s‘abreuver, continuellement, de propagandisme, de populisme ou de politique spectacle.
Gagner en croissance ou en émergence devient, devant l’escalade du sous-emploi et de l’accentuation de la faiblesse de l’offre d’emploi et de travail, le seul programme qui préoccupe les populations. Or les responsables politiques continuent en faisant fi, souvent, des réalités sociales avec lesquelles les citoyens sont confrontées .Un redressement du leadership politique, aux plans de son contenu et de son objectif, est désormais, une priorité. Car rétablir un début de symétrie entre le social et l’économique constitue, au demeurant, la seule ligne d’action qui Vaille. C'est-à-dire une offre politique capable de contribuer, à moyen terme, à une réelle amélioration de l’accès aux services sociaux de base, à la promotion de l’entreprise nationale et, enfin, à l’amorçage de la modernisation nationale.
Or les formations politiques nationales semblent ignorer, royalement, le but des enjeux de la pratique qui transcende la seule conquête du pouvoir ou son unique conservation. La principale raison du jeu politique ne devra plus se limiter, à l’enrichissement illicite, à l’accès aux positions de pouvoir et à la rente de situation. En ignorant délibérément le niveau social presque inexistant du peuple qui n’est pas indifférent mais, surtout, observe un repli ou garde une distance critique.
Dans le cas d’espèce, évitons la polémique ou la conflictualité car le Sénégal évolue en refusant d’ériger en système de gouvernance la violence et ses succédanés. Cependant depuis 2005, le contrepouvoir estime fonder son pré positionnement sur la déconstruction et le recours au désordre alors que le degré atteint en démocratie, par notre pays, n’admet plus l’instabilité. Mais exige responsabilité ou patriotisme. Et interdit, compte tenu de l’état de sous développement que 50 années d’indépendance n’ont point réduit, toute potentialisation menant vers une désagrégation de l’ordre social ou tout délitement de l’autorité du pouvoir d’Etat. Le leadership construit sur la généralisation de l’agitation serait à combattre car certains extrémismes commandés par la conquête du pouvoir ou pour sa conservation sont, dans une totale mesure, à écourter. D’autant que le substrat humain du sénégalais rejette, avec discernement, toute offre fondée sur le recours à la violence. Sa croyance religieuse et son éducation lui interdisent l’excès.
L’arrogance révèle, d’ailleurs, sous toutes ses formes, l’immaturité et l’irresponsabilité. Et permet, à l’opinion nationale d’évaluer le niveau de conscience citoyenne des acteurs politiques qui affectionnent le verbe, le muscle et les pressions par media interposés. Sachons que la politique spectacle n’est plus de mise et rentre définitivement dans l’anachronisme et le conservatisme dégradant. Le leadership déployé par le contre pouvoir se cantonne, avec beaucoup de passion, dans un repli qui l’empêche de s’épanouir et de mettre utilement en action ses compétences et son patriotisme au service de la construction nationale au lieu de vouloir traiter par analogie en conseillant, malheureusement, le recours a la violence.
La charge politique résultant de l’exercice d’une fonction publique ou d’un mandat électif, dans un pays en construction, s’opère sur la base de l’éthique qui reste le ciment du nationalisme indispensable, en effet, au décollage d’un Etat. Vouloir, malheureusement, empêcher le décollage en question relèverait d’un crime de niveau inédit et bloquerait l’émancipation et l’évolution de toute une nation. Pourquoi l’agitation et la violence ? Il reste que le sous emploi frappe plus de 70% de la population active du Sénégal. L’offre de travail devenant presque inexistante. D’autant que le Sénégal n’a pas encore atteint 300000 travailleurs salariés. Enfin demain n’annonce aucune garantie et le Sénégal des profondeurs reste plongé dans une nuit noire sans aube. De plus, l’irrédentisme sévit au sud et le régionalisme prospère à la place, contre toute attente, de la régionalisation.
L’opinion nationale salue les efforts effectués en la mise en place de l’Etat Nation mais souhaite que des reformes hardies soient entreprises. Car négocier le virage menant vers 2012 demande, certainement, beaucoup de rigueur patriotique, une grande circonspection et une vigilance accrue. Pour réduire, particulièrement, le niveau des pénuries, des dysfonctionnements. Mettre un terme à la parade et à l’apparat. Pour bien réussir, avec panache et responsabilité, la construction nationale. Or la pratique du jeu politique allonge le désespoir et la désespérance des populations qui estimaient, qu’avec l’indépendance et l’alternance, le Sénégal citoyen pourrait prétendre à un Sénégal économique. Ce qui déboucherait, naturellement, sur un Sénégal social.
Heureusement le Sénégal religieux reste, comme le Sénégal citoyen, un verrou solide qui préserve l’Etat, la République et la Nation d’un tremblement de terre politique. La potentialisation des risques pourrait, si des mesures pour une rectification n’étaient pas prises, atteindre un niveau réel, du reste, très dangereux pour la paix sociale et demain.
Il est utile de noter que l’étape actuelle devient préoccupante car elle n’est ni semblable à celles, de 1962, de 1968, de 1970, de 1980 ou de 2000. Parce que le contexte interpelle chaque citoyen.
Certaines problématiques nées de la situation institutionnelle très malmenée par les acteurs politiques méritent, d’ailleurs, une attention particulière. Car leur persistance n’est pas souhaitable et augure d’un avenir incertain .Bien que le Sénégal compte, surement, des remparts épais pouvant, certes, l’aider à échapper au chaos. Par contre évitons de déchirer le drap de telle sorte que stopper la déchirure s’avère impossible. Car, en réalité, certains faits sont des indicateurs éloquents devant le chaos que nulle conscience individuelle n’est arrivée à débrouiller .Car la candidature de Monsieur le Président de la République sortant soulève, par rapport à la présidentielle de 2012, une problématique et met à nu les limites des constitutionalistes, les calculs inavoués des acteurs politiques et remet en selle le cas de Me Seye.
Comment assurer la continuité du pouvoir, devant cet obstacle induit par le détournement des ressources institutionnelles de la nation ?
D’une pathologie qui se signale à partir de signes prémonitoires visibles et lisibles voici les indices :
1) La non représentativité, dans la mesure où seule la coalition reste la seule porte d’accès au suffrage.
2) Le leadership devient de moins en moins évident alors qu’une pléthore de leaders envahit le marché politique.
3) La médiatisation demeure une roue de secours devant l’absence de légitimité des leaders.
4) La conquête du pouvoir et sa conservation sont les seuls éléments du système de pertinence des formations politiques au Sénégal.
5) La patrimonialisation se substitue à la gouvernance et consolide la corruption.
6) L’impunité devient une règle de gouvernance.
7) Le mandat électif et la position de pouvoir sont des éléments de rapports ou de simples rentes de situation.
8) Le pouvoir d’Etat est confisqué
9) Le mal vivre se développe et met en panne le futur.
10 L’électoralisme remplace l’élection.
Ce tableau vient confirmer la nécessité d’une conversion citoyenne si le Sénégal entend négocier le virage sans aller dans le décor, sans tomber en panne, mieux, sans sortir de la route. Le Sénégal, en prenant le chemin de 2012, donne l’impression de s’engager dans une voie sans issue. D’autant que tous les clignotants sont au rouge et que la panne sèche de l’Etat s’annonce, de plus en plus, évidente. Pessimisme, non, circonspection, oui .Car le pilotage à vue et l’aveuglement seraient à éviter si nous voulons ne point tomber dans une déconstruction de l’Etat et de la Nation.
WAGANE FAYE
PROFESSEUR D’ANGLAIS
E-MAIL : waganecoumbasandiane@gmail.com