Bennoo a initié, avec les Assises nationales,
Le piège du Bennoo
Bennoo a initié, avec les Assises nationales, un travail formidable autant dans son format que dans ses conclusions. Tout n'est pas parfait certes, mais le travail est titanesque. Idrissa Seck a indiqué, en toute humilité, en toute honnêteté y avoir beaucoup puisé pour l'élaboration de son programme. On lui avait beaucoup reproché de ne pas y avoir participé. Mais il me semble que la réponse donnée lors de sa dernière conférence de presse doit avoir clos le débat. Il ne faut pas créer la confusion. Bennoo est, pour l'essentiel, composé de socialistes alors que nous sommes des libéraux. On ne réinventera jamais la roue, on peut reconnaître le bon travail de son adversaire, lui emprunter publiquement sans pour autant s'allier avec lui. Idrissa a clairement pris position contre ce que les assises appellent Président de transition qui serait une source de stagnation. J'ajoute qu'une autre conclusion des assises me semble très dangereuse : le régime parlementaire. Là, je suis entièrement d'accord avec Macky Sall. Macky et Idy sont, jusqu'à la possible dénégation du premier cité qui avait migré des prairies socialistes de Aj, les représentants de la famille libérale. Donc nous pouvons affirmer que les libéraux sont contre les deux principales conclusions des assises.
A savoir : le Président de transition et le régime parlementaire. Dès lors, deux questions se posent : que fait Macky dans cette galère du Bennoo ? Si on n'est pas d'accord sur l'essentiel avec quelqu'un, que fait-on avec lui? Réfléchissons en néophyte de la psychanalyse à ce qui s'est passé dans le subconscient des gens du Bennoo avant de répondre à ces deux questions. Ce qui a conduit les gens de Bennoo à envisager un Président de transition et un régime parlementaire est dans l'ordre : le manque de confiance et la peur. Bennoo veut un candidat unique et tout le monde pense intérieurement être le bon candidat, tout le monde dans ce camp soupçonne tout le monde de vouloir être ce candidat. Alors la solution serait certainement de différer le combat en élisant un président que personne parmi les potentiels candidats ne voudrait être ou un président par intérim qui ne pourra pas être candidat pour l'élection suivante.
La confiance n'est pas la chose la mieux partagée dans le camp de Bennoo. Pour ce qui concerne le régime, c'est la trouille et une sorte de choc post-traumatique, conséquences de l'expérience Wade qui expliquent le choix qui va conduire inévitablement à un nouveau juin 62. Donc, si tout le reste a été bien pensé, ces deux conclusions qui sont la charpente relèvent très certainement de l'irrationnel. Maintenant, revenons à notre double interrogation. Que fait Macky dans la galère du Bennoo ? Que fait-on avec quelqu'un si, pour l'essentiel, on n'est pas d'accord avec lui ? Macky a été piégé par son ego, par son désir d'existence, par son désir de démarcation. Idy avait été viré avant lui et on lui reprochait de ne pas être très agressif et très tranché vis-à-vis de Wade. Son entourage lui a fait comprendre qu'il y avait un créneau qu'il pouvait avantageusement occuper. Ensuite, il a pensé que le meilleur gage qu'il pouvait donner de sa rupture définitive avec Wade, était d'intégrer Bennoo. Et le piège s'est refermé sur lui. Son entourage, coincé entre le désir de vengeance de Moustapha Cissé Lô et de Mbaye Ndiaye, la posture ringarde de Alioune Badara Cissé, le bavardage inopérant de Youssou Touré et les intrigues de Mahmout Saleh ne l'aura pas vraiment aidé. Macky ne veut pas du Président de transition. Donc, il sera candidat en face de celui de Benno éventuellement et conséquemment, s'il était élu, il serait Président d'un régime présidentialiste. Tout le contraire des mesures phares du programme Bennoo.
Messieurs les têtes pensantes de l'Apr, aidez votre champion à sortir de ce guêpier avant que celles de Bennoo n'arrivent à la seule conclusion logique : vous mettre dehors. Dieu bénisse le Sénégal !!!
Oumar NDIAYE Responsable communal de Rewmi de Rufisque
Eviter l’erreur «tout sauf Wade»
L’erreur qu’il ne faille plus jamais reproduire, c’est le fait d’avancer que nous voulons tout sauf Wade. L’évoquer conduit inéluctablement à accepter toute autre personne, pourvu qu’elle soit différente de Wade, c’est ce qui nous vaut la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui plongés. Nous ne saurions accepter une alternance intuitu personae. Nous voulons meilleur que Wade. Et pour se faire, nous balayons d’un revers de la main toute idée évoquant de fait la transition. Transition en quoi, et pourquoi faire ?
Il est selon mon humble avis inopportun au vu des urgences qui nous interpellent d’observer, ne serait-ce qu’un seul instant, une récréation. C’est un impératif catégorique de trouver un remplaçant qui soit en mesure de s’attaquer hic et nunc aux sempiternelles demandes sociales, cela dit un Président immédiatement opérationnel et non comme une certaine classe politique veut nous le faire croire et qui n’est rien d’autre qu’un partage de pouvoir obéissant à un cycle rotatif. Comment dirais-je un gala d’entraînement ou tous les joueurs sont dans l’obligation de s’illustrer pour à la fin du match déterminer un effectif. Tous ces subterfuges sont utilisés dans le simple but de faire profiter aux plus âgés le titre de Président, ne serait-ce qu’un instant court, parce qu’ils sont pour la majorité frappés par la vieillesse et ne peuvent par conséquent rester longtemps au pouvoir.
Le débat de fond n’est pas de se retrouver autour d’une candidature unique qui s’avère suicidaire parce que dangereuse, si l’opposition veut amoindrir ses chances et se faire massacrer dés le premier tour, elle n’a qu’à asseoir cette idée. Elle gagnerait à présenter plusieurs candidats et se mettre d’accord autour de la personne qui aurait récolté le plus de suffrages au premier tour. Wade quoi que l’on puisse lui reprocher est un fin politicien qui n’hésite jamais à exploiter une opportunité qui lui est offerte. Donc ne perdons pas notre temps à répondre à ses appels du pied. Il faut refuser toute invite au dialogue politique. Qu’est ce qui peut concrètement être fait à six mois des élections ? Rien à mon avis, sinon faire partie de l’équipage qui observe d’un œil impuissant le bateau en train de chavirer.
Arrangeons nous de sorte qu’aucun Président n’aura durant son mandat à user d’un pouvoir absolu, nous avons l’obligation de l’entourer de garde-fous qui endigueront toute dérive. Pour se faire, il faut élire un Parlement fort et pluriel qui n’hésitera pas à opposer un niet catégorique en cas de fausse manœuvre de l’Exécutif.
Mafally NDIAYE - ndiayedalou@gmail.com
Processus électoral : «Y’en a envie» de semer la zizanie
Etre sage, c’est éviter de se retrouver dans des situations qui feraient de la sagesse
une nécessité.
Doug Larson
La vie nous réserve parfois des surprises vraiment extraordinaires. Qui eût cru que Abdoulaye Wade qui s’est battu 26 ans durant avec charisme et détermination pour faire avancer la démocratie sénégalaise serait celui-là même qui la ferait retourner en arrière en un temps record, jusqu’à faire craindre à son peuple des risques de dévolution monarchique du pouvoir ? A quelques mois d’une élection présidentielle aussi cruciale pour le Sénégal, l’incertitude et l’inquiétude sont les sentiments les mieux partagés par les citoyens, parce que le comportement du régime libéral laisse croire que nos dirigeants veulent plonger le pays dans l’instabilité pour reporter les élections. A quelques huit mois de ces joutes aux enjeux multiples, rien n’est encore clair, c’est le flou total voire l’obscurité. Obscurité sur la recevabilité de la candidature de Wade, obscurité sur les listes électorales, obscurité sur la délivrance des cartes d’identité, obscurité dans les cœurs et les esprits. Bref, partout c’est la pénombre. Et pour ajouter à la confusion, le pouvoir procède à des découpages contestés qui ont déjà fait une victime, fauchée par les balles des… féroces de l’ordre. Comme si cela ne suffisait pas, le pouvoir en rajoute avec le projet de loi constitutionnelle instaurant le ticket à la Présidentielle.
Pourtant avec l’avènement de l’Alternance, le peuple croyait en avoir terminé avec les contentieux pré et post-électoraux. Pour rappel, à la veille des élections de 2000, la tension était à son paroxysme. Tellement la volonté de changement était manifeste. Mais l’Alternance s’est réalisée sans anicroche, grâce à Abdou Diouf qui a su faire une lecture intelligente des événements en prenant des dispositions idoines pour garantir la fiabilité et la transparence du processus électoral. C’est dans ce cadre qu’il avait nommé un Général de l’Armée comme ministre de l’Intérieur, mis en place un observatoire des élections, dans le seul but de préserver la paix et la stabilité nationales. Etant donné que Diouf avait toutes les cartes en main, il aurait pu, comme il est de coutume chez nos Présidents, tenter un forcing pour conserver le pouvoir. Mais pour ne pas plonger son pays dans le chaos, il a joué franc-jeu, reconnu sa défaite dans la dignité, et passé la main à son rival. Pour l’intérêt supérieur de la Nation, Abdou Diouf n’hésitait pas à bâillonner son ego pour inviter l’opposition au dialogue. En respectant la volonté populaire, Diouf a désamorcé la bombe qui ravage beaucoup de pays africains et dont le… détonateur commun se trouve être : des contestations électorales. L’Etat étant une continuité, la logique aurait voulu que les acquis démocratiques soient consolidés et perfectionnés par Wade, chantre infatigable du Sopi. Malheureusement, le goût du pouvoir semble avoir pris le dessus sur les autres considérations et la seule préoccupation du tombeur de Diouf est de pérenniser son règne quels que soient les moyens. Ainsi le pouvoir libéral règne sans partage, adopte une attitude de va-t-en-guerre contre l’opposition, la diabolise, la vilipende, la snobe. Pourtant, la raison voudrait qu’il y ait une concertation sérieuse entre ces deux entités pour maintenir l’unité nationale. Mais cela, le pouvoir n’en a cure et fait montre d’une arrogance qui frise la provocation. Donc, au lieu de perdre son énergie dans ces histoires de candidature unique ou plurielle, l’opposition devrait faire bloc et exiger à cor et à cri le respect scrupuleux des règles du jeu comme le faisait si bien l’opposant devenu Président. Parce que, quelle que puisse être la pertinence du choix du candidat de l’opposition, si le scrutin n’est pas transparent, il sera laminé et bonjour les dégâts.
Ce combat n’est pas la seule affaire de l’opposition, mais de toutes les composantes de la société, car il y va de notre survie. C’est ce que semblent avoir compris les jeunes regroupés au sein du mouvement Y’en a marre qui font un travail de sensibilisation remarquable pour éveiller les consciences. Mais pour contrecarrer ce mouvement qui inquiète le pouvoir, des rigolos en mal d’inspiration ont mis sur pied un mouvement constitué de marchands ambulants dénommé Y en a envie. Un mouvement créé de toutes pièces et dont la mission sera sans doute de semer la pagaille comme savent si bien le faire les ambulants.
Le Sénégal a toujours été respectable et respecté à travers le monde pour la qualité de ses hommes illustres, sa démocratie, son esprit de tolérance et d’ouverture, et la cohabitation harmonieuse entre les différentes religions, ethnies etc. Par conséquent, les citoyens ne doivent pas accepter que cette belle cohésion qui fait le charme de notre pays soit brisée par un clan de prédateurs incompétents et arrogants dont l’égoïsme et l’attachement aux privilèges peuvent nous mener à la dérive. Les Sénégalais veulent continuer à figurer dans le cercle des pays de grande démocratie comme le confirment d’ailleurs ces propos du Général Lamine Cissé extraits de son livre Carnets Secrets d’une Alternance : «Le Sénégal a atteint un seuil de démocratie enviable pour tout le continent, qui le met au niveau de certains pays du Nord. Il ne faut pas que cela nous échappe. Il faut travailler pour que tout ce que nous avons appris et réalisé soit désormais un acquis permanent qui puisse prospérer.»
Avec le projet de loi instituant un ticket à la Présidentielle, le régime vient de démontrer à ceux qui en doutaient encore qu’il est décidé à confisquer le pouvoir. Un projet qui risque de créer des tensions avec des conséquences néfastes. Ce qui serait un coup dur pour le Sénégal qui avait donné une belle leçon de démocratie au monde. Tellement les candidats s’étaient comportés avec élégance lors du scrutin de 2000. Le coup de fil de Diouf à Wade avant la proclamation des résultats officiels fut un geste d’une délicatesse exquise. Malheureusement, ces dirigeants assoiffés de pouvoir semblent ignorer qu’à force de trinquer, un peuple finit par se saouler et tout casser sur son passage. Après avoir promis aux Sénégalais, le Sopi qui a fini par les plonger dans un noir cauchemardesque dont le plan Takkal de son fils peine à les sortir, après avoir ruiné tous les espoirs de son peuple et fait du Sénégal la risée du continent, Wade veut encore nous faire payer un ticket inopportun qui risque de nous coûter très cher. Trop c’est trop et tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Les Sénégalais sont certes pacifiques, mais ils ne sont pas soumis au point d’accepter l’inacceptable. Espérons seulement que nos dirigeants feront preuve de tenue et de retenue avant que le pays ne sombre dans un chaos dont il aura du mal à se remettre. Le mot de la fin nous l’empruntons à Abba Eban : «L’histoire nous enseigne que les hommes et les Nations ne se conduisent avec sagesse qu’après avoir épuisé toutes les autres solutions.»
El Hassane SALL
Journaliste
elhassanesall@yahoo.fr