Me Wade et son clan
Ferloo.com : Mercredi 13 Mai 2009
Alliance des forces du Progrès : " Me Wade et son clan s’emploient à contourner la volonté des Sénégalais..."
Le Bureau politique de l’AFP a examiné "en profondeur" la situation nationale plus d’un mois et demi après la débâcle de la coalition sopi lors des élections locales du 22 mars 2009. "Aussi incroyable que cela puisse paraître, disent les progressistes, Me Wade et son clan s’emploient à contourner la volonté des Sénégalais, à partir d’une position de pouvoir dépourvue de la moindre once de légitimité. Au vu de l’entêtement suicidaire du régime actuel, tout porte à croire que le salut de notre pays passe par l’organisation de la résistance la plus large et la plus populaire possible".
Selon les camarades de Moustapha Niasse : "Le remaniement ministériel en accordéon est une illustration éloquente du climat délétère qui règne au sommet d’un Etat animé par des hommes dépourvus de tout sens de l’intérêt général et omnibulés par leurs calculs politiciens. Le déroulement de la culture de la ruse et des astuces au quotidien porte un sérieux préjudice à la crédibilité de nos Institutions, à l’efficacité du travail gouvernemental, plombant ainsi toute possibilité de satisfaction des aspirations les plus élémentaires des populations. Non seulement le gouvernement reste pléthorique mais la répartition des services étale au grand jour les motivations qui animent Me Wade qui, avec ses réflexes autoritaires, a confirmé la main mise de son fils sur l’essentiel des dossiers de l’Etat, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. En fait, ce dernier garde les prérogatives d’un vice-Président aux pouvoirs très étendus, en passant du statut officiel de Conseiller spécial du Président de la République à celui de Ministre d’Etat aux portefeuilles tentaculaires, pour parachever une destruction systémique aux antipodes d’un développement concerté".
Toujours selon eux : "Dans ce contexte, le projet de loi instituant une vice-Présidence pour brouiller davantage les cartes n’est que le premier pas vers la tentative d’organiser une succession par des subterfuges composés de décrets et un coup de force revêtu d’un habillage juridique qui ne tromperait personne".
"Après la démolition de nos Institutions, voilà que se poursuit celle des principaux outils de production de richesses de notre pays. Derrière l’effondrement des principales unités industrielles du Sénégal, le ou les mêmes noms sont invariablement cités. La tragédie des ICS semble vouloir se rééditer à travers Air Sénégal International (ASI) et la SONATEL. Non seulement, ASI a été privé d’un marché aussi important que celui du Pèlerinage à la Mecque mais la mauvaise gestion a engendré un endettement insupportable et parfois injustifié, comme celui provoqué par l’affrètement, en faveur de Me Wade, d’avions d’ASI alors que la Pointe de Sangomar est opérationnelle après avoir fait l’objet de dépenses dont le montant tourne autour de 30 milliards de francs CFA. A cet égard, le Bureau politique de l’AFP salue les propositions pertinentes du Secrétaire Général de l’AFP qu’il tient de son expérience d’homme d’Etat détenant un carnet d’adresses qu’il met généreusement au service du Sénégal", indiquent-ils.
Dans le même esprit, le Bureau politique "se félicite de la rencontre qu’une délégation du parti dirigée par le Secrétaire Général a eue avec des représentants des travailleurs de la SONATEL". "A cette occasion, disent-ils, il est apparu clairement que le choix de la vente de 9,87 % des actions de l’Etat à France Télécom est une absurdité qu’aucune approche sophiste ne peut justifier. Les mêmes décisions nébuleuses parasitent le fonctionnement de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor et d’autres dossiers qui mettent en ébullition le front social. Il en est ainsi des travailleurs du nettoiement de la Société VEOLIA, du cadre unitaire du Syndicat de l’enseignement et du Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur (SAES) qui en est réduit à débrayer pour défendre un projet destiné au logement ficelé bien avant l’An 2000".
A les en croire : "Le monde rural, qui a déjà payé un lourd tribut à la cupidité et à l’incompétence vient de faire l’objet d’un nouveau slogan tout aussi insipide et cynique que la GOANA, à savoir la « révolution rurale ». Neuf ans après la promotion d’une nouvelle race d’intermédiaires voraces désignés sur des bases clientélistes, l’Etat-PDS fait semblant de découvrir une situation qu’il a lui-même créée en appauvrissant des paysans aujourd’hui dépourvus de revenus, à cause de l’absence quasi totale de campagne de commercialisation agricole. En tout état de cause, les Sénégalais n’accepteront plus qu’on leur impose des sacrifices, au moment où un groupuscule jouit de privilèges exorbitants et indus au détriment du plus grand nombre".
Abordant le deuxième point de l’ordre du jour, le Bureau politique de l’AFP a encouragé son Secrétaire Général, M. Moustapha Niasse, "à poursuivre ses efforts dans le sens de l’approfondissement de l’unité de Bennoo Siggil Senegaal pour libérer notre pays des serres d’un régime qui, par ses dérives effrénées, est en train de compromettre dangereusement l’avenir de notre pays". L’AFP, avec ses alliés, "est au cœur de ce combat salutaire qu’il continuera de livrer, en se hissant à la hauteur des impératifs de l’heure. La vente transparente des cartes et des renouvellements limpides constituent l’étape incontournable vers le Congrès du parti".
Auteur: Alassane DIALLO
Leçon de la crise alimentaire de 2008 : elle fut d’abord sénégalaise avant d’être mondiale.
Il y a de cela une année, les images poignantes de manifestations de rues initiées par les associations de consommateurs soutenues par des leaders célèbres de l’opposition, faisaient le tour du monde. L’opinion mondiale, sans hésiter, conclut aux « émeutes de la faim » comme celles intervenues en Cote d’Ivoire, au Burkina Faso, en Haïti, etc. Ce fut un coup dur pour notre pays, relégué au rang des pays fragiles, contrairement à l’image d’une nation sûre et stable économiquement que cherche à lui construire notre diplomatie dynamique. Les autorités prises de court, ont d’abord tenté de nier, puis de minimiser, ensuite de crier à une manipulation politique, sans convaincre une opinion nationale et internationale persuadée que la situation est à prendre au sérieux. Devant l’évidence, elles admettent la réalité de la crise, mais l’imputent à la situation mondiale qui échappe à tout contrôle. Cela est vrai mais en partie seulement.
1 – Pourquoi les prix alimentaires ont augmenté dans le monde ?
Les prix mondiaux des céréales (riz, blé, maïs) dont le Sénégal est importateur net, ont plus que doublé, en passant de moins de 300 $US la tonne en 2006 à plus de 600 $ en 2008. Cette hausse brutale intervient après une décennie (95 à 2006) de prix anormalement bas et stables (300 $/T) du fait d’une politique systématique de subventions agricoles et de dumping pratiquée par les grands pays du nord. En violation flagrante des principes et règles qui gouvernent le commerce mondial tels qu’édictés par l’OMC. La crise financière survenue en 2006, amplifiée par la crise de l’immobilier aux USA et conjuguée avec la flambée du baril du pétrole, ont favorisé une arrivée massive d’investissements dans l’agriculture qui induit une hausse des prix.
Face à l’issue incertaine de la crise les pays exportateurs de céréales (Inde, Pakistan, Thaïlande, Chine) ont préféré restreindre leurs ventes pour accroitre leurs stocks de sécurité intérieure. Cela s’est traduit par une baisse de l’offre qui a engendré la hausse des prix sur le marché mondial. Cette baisse de l’offre a été accentuée par l’augmentation de la consommation intérieure consécutive à une augmentation du nombre et du niveau de vie de la population dans ces pays émergents. Les catastrophes naturelles (sécheresse, inondations, tempêtes) signalées en 2006 et 2007 au Brésil, en Russie, en Inde, en Australie, ont aggravé le déficit de l’offre céréalière sur le marché mondial et fait flamber les prix.
Le développement de la culture des agro-carburants sur des terres reprises aux cultures céréalières dans les pays industrialisés est aussi identifié par la banque mondiale comme un facteur déterminant de la hausse des prix alimentaires mondiaux.
2 – Pourquoi les prix ont augmenté au Sénégal ?
Naturellement les prix mondiaux sont transmis mécaniquement sur le marché sénégalais des produits concernés. Les prix du riz, du lait en poudre, du pain, ont enregistré une hausse moyenne de 35 à 40% en l’espace de 6 mois (de janvier à juillet). L’Etat a fortement atténué cette hausse en renonçant aux taxes douanières sur ces produits et subventionnant même le riz. Les commerçants de leur côté ont dû accepter une réduction de marges bénéficiaires pour conserver leurs clientèles.
Le Mil et le Maïs pourtant produits au Sénégal ont néanmoins vu leurs prix monter sur les marchés ruraux et urbains en raison du phénomène de substitution. En effet la forte hausse du prix du pain a amené les consommateurs urbains à reporter leurs préférences sur les produits issus des céréales locales (fondé, et couscous au diner et petit déjeuner). Ceci a entrainé un accroissement de la demande qui induit une augmentation des prix des céréales locales. Ce déficit de l’offre céréalière locale a été creusé par les mauvaises récoltes de l’hivernage 2007.
Des tensions saisonnières cycliques notées sur les marchés céréaliers locaux pendant la période dite de soudure (juin à septembre) ont joué également à doper les prix alimentaires. Pendant les récoltes les producteurs ruraux pauvres vendent, à bas prix, une partie prélevée sur leurs stocks vivriers pour subvenir aux besoins en numéraires de leurs familles (scolarité, cérémonies diverses). Avant les récoltes suivantes ils reviennent en masse sur les marchés pour racheter ces mêmes céréales et nourrir leurs familles, créant ainsi un effet de hausse saisonnière sur les prix.
3 – En quoi la crise est-elle donc sénégalaise d’abord ?
La transmission de la hausse des prix mondiaux ne s’est pas faite de la même manière dans tous les pays. Le Mali voisin a connu une hausse relativement modérée à faible des prix de ces produits, car il produit 90% de ses besoins alimentaires contrairement au Sénégal qui importe 60% de siens. Le Burkina Faso a pu absorber l’onde de choc en décidant d’interdire les exportations de céréales vers les pays voisins. Chez nous c’est ce statut d’importateur net qui a amplifié le choc des prix extérieurs et l’a transmis jusqu’aux ménages les plus pauvres en campagne comme en ville. Ce mouvement est facilité par la forte propension des ménages sénégalais ruraux comme urbains, à consommer des céréales importées tel que le riz et le pain qui entrent pour 48% dans la composition des mets familiaux. Cette forte progression du riz importé et du blé dans les habitudes alimentaires des ruraux s’explique par l’insuffisance et l’irrégularité de la production nationale, et par les imperfections notées dans les marchés céréaliers locaux dominés par des groupes de commerçants spéculateurs.
4 – Le Sénégal pourra-t-il sortir de la crise ?
Le monde lui-même n’a pas vu venir la crise et les multiples solutions expérimentées pour la juguler ne réussissent pas encore à dissiper le scepticisme des acteurs économiques. Notre pays est dans le même cas. Pire le seuil de cette dépendance alimentaire qui détermine la vulnérabilité de notre socio-économie, a été franchi depuis 1998 sans émouvoir nos décideurs qui se sont comportés comme si de rien n’était. Pourtant le pays avait déjà entamé sa marche vers une crise alimentaire inéluctable dont la situation mondiale n’a été qu’un révélateur et un accélérateur.
Face à la crise, les pouvoirs publics ont réagi par 3 types de mesures : i) réduction voire suspension de taxes et droits de douanes ; ii) subventions à la consommation ; iii) relance de la production avec le Programme National d’Autosuffisance en Riz en 2012. Les deux premières ont rapidement étalé leurs limites quand la crise persiste. La troisième montre que les ressources importantes à mobiliser le seront au détriment d’autres filières importantes comme l’arachide dont les producteurs recevront moins de semences (30.000 tonnes) cette année que l’année dernière (70.000 tonnes). En plus si l’on réalise l’autosuffisance riz en 2012, la conservera-t-on au-delà vu que notre pays est dans une phase de transition démographique entamée depuis 1975 et qui ne s’achèvera pas avant 2050 ?
Faap Saly FAYE
Ingénieur Agronome
rahfaye@gmail.com
Auteur: Faap Saly FAYE
Et l'Islam dans la crise libérale et communiste ?
Le principal souci du monde actuel est la crise des subprimes, ces crédits hypothécaires américains destinés à la spéculation dûs au goût de l'argent de certains banquiers peu scrupuleux, jouant avec la cupidité de citoyens. Les faillites quotidiennes, les licenciements, la stagnation de pans de l'économie, tout est ''contaminé'', tout est ''infecté'', la peur hante chaque travailleur . Devant cette situation de crise que certains comparent à la grande dépression de 1929, une remise en cause de l'ultra libéralisme, revenu en vogue avec les théories de Milton Friedman et son groupe de réflexion, « l'école de Chicago » appliqué par Ronald Reagan aux U.S.A et Margaret Thatcher en Grande Bretagne avec sa fameuse « destruction créative » prônant la privatisation tout azimut, est à l'ordre du jour. C'est ainsi,que certains dogmes impenablesmseront abattus avec les nationalisations de grosses banques au États-Unis et en
Grande Bretagne. De cette remise en cause, nous essaierons de voir la place de l'Islam à travers ses enseignements.
L'histoire du siècle dernier a été jalonnée par cette lutte âpre entre le capitalisme et le communisme. Le premier prônant l'épanouissement de la société par les individualités, le second se positionnant sur une sphère d'épanouissement des individualités par la société. Le communisme a fini par perdre à cause du sentiment d'étouffement qui semblait habiter les gens. Quant au capitalisme, il est en crise continuelle, crise de 1987, crise des années 2000 avec la fin de la bulle internet, et maintenant crise des subprimes, toujours causée par une spéculation d'enfer de quelques golden boy de Wall Street
et de la city à Londres prise comme exemple car très représentative jouant avec l'avenir de milliard de personne pour quelques millions de bonus. C'est ici que nous allons introduire l'Islam.Certes, l'Islam encourage le travail individuel, la quête de profit par travers des activités saines est encouragée et peut-être considérée comme faisant partie de la foi, l'Islam n'aime pas tendre la main.
Oui, l'Islam est libéral, permet aux hommes de vendre et d'acheter librement mais en respect d'un contrat favorable aux deux parties. Ainsi, certaines pratiques comme la rétention volontaire de produits pour créer une pénurie artificielle et ainsi augmenter les prix sans se soucier des répercussions sur la vie d'honnêtes gens sont bannies. N'est ce pas là, une manifestation visible du capitalisme où les prix de certaines denrées augmentent sans explication rationnelle, notamment sur les agrégats économiques de l'offre et de la demande.
Un point d'opposition entre le capitalisme pur et dur et l'Islam est le monopole même si officiellement il y a lutte contre le dumping. Mais les concentrations que cela soient verticales ou horizontales trahissent cette « hypocrisie ». Un contrôle toute la chaine de production d'un produit, des matières premières aux machines la transformant, avec une part de marché énorme peut-il être compatible avec la concurrence. N'est ce pas c'est dans cette situation que sont les grandes multinationales, vitrines par excellence du capitalisme. Que dire de Coca-Cola et de PEPSI pour la boisson, de Microsoft pour les systèmes d'exploitation, de GOOGLE et YAHOO pour la recherche et la publicité sur Internet?
Quant au communisme, qui a presque disparu à l'exception certains îlots tels la Corée du Nord ou Cuba, les divergences avec l'Islam sont le manque d'initiative individuelle mais aussi l'athéisme transformé en un point de doctrine, d'où l'anticommunisme notoire de la plupart des États islamiques.
Un système où les gens ont perdu le sens de l'initiative peut-il perdurer? Avec l'Islam, c'est une saine initiative qui est prônée, celle qui sert la communauté toute entière et la personne en même temps.
Reconnaissons que dans la plupart des cas, la collectivisation communiste a échoué et presque tous les États officiellement communistes virent au libéralisme( Chine, Vietnam, Laos....).
A travers les comparaisons de ces deux doctrines avec l'Islam, nous pouvons en déduire qu'ils ont des manques que l'Islam comble. Une association du libéralisme islamique avec la protection sociale islamique de l'islam (la Zakat) est un bon compromis. Favoriser l'épanouissement individuel de l'homme tout en veillant à une distribution des richesses, c'est ce que propose le modèle économique islamique. L'exemple d'utilisation le plus pertinent de ce modèle est la Scandinavie avec son libéralisme très innovateur et la forte emprise de l'État sur l'économie à travers la fiscalité et les participations très importantes de l'Etat dans les sociétés. Conséquence de ce modèle, la Scandinavie est l'un des pays les plus compétitifs et les plus égalitaires au monde. Pour ajouter une note légère, ses habitants se disent les plus heureux, le Danemark étant même premier, la Finlande sixième, la Suède septième selon worldvaluesurvey.
A l'heure ou le monde réfléchit à la refondation de son idéologie directrice, nous avons une qui ferait l'affaire. Au nom de quoi l'Islam doit-il être confiné seulement à la maison, dans les mosquées?
Pourquoi ce modèle socio-politique a t-il domine le monde des siècles durant? Pourquoi devons-nous nous baser sur l'apport des autres en ignorant ce que nous avons? Une réflexion minutieuse de ces questions nous amènera a savoir que nous avons ce qu'il nous faut pour sortir le monde de ces injustices, de cette loi du plus fort. Pour une fois, ne soyons pas consommateur, soyons producteur et producteur de qualité en proposant l'Islam comme modèle.
Auteur: Moussa Sylla
WALF FADJRI :
La lutte contre le paludisme, un facteur de croissance économique au Sénégal
Pendant longtemps, le paludisme a toujours été considéré comme la première cause de morbidité et de mortalité au Sénégal. Entre 2006 et 2009, il y a eu une baisse considérable du taux de morbidité, c’est-à-dire le pourcentage d’individus qui ont le paludisme parmi les personnes malades. Le taux est passé d’environ 33 % à 5 %. De ce point de vue en 2006, 1 500 000 cas de paludisme ont été enregistrés, en 2007, 1 000 000 de cas et pour 2008, 275 000 cas de paludisme seulement.
La quasi-résolution de ce problème de santé publique le plus prégnant est l’une des plus grandes réussites de notre système sanitaire ces dernières années. Malheureusement, la problématique économique du paludisme a souvent été négligée, passée au second plan derrière les questions scientifiques, médicaux et sociaux soulevés par l'épidémie. La crise économique entraînant la rareté des ressources financières devrait accélérer la prise de conscience par les décideurs de l'impact économique du paludisme sur le développement socioéconomique de notre pays.
Le paludisme affecte la prospérité individuelle et nationale en raison de son poids, de son coût direct et indirect mesurable. Tout en affectant la santé des populations, le paludisme est un facteur de paupérisation, d’entrave au développement économique de notre pays. La lutte pour la maîtrise de l'évolution de l'épidémie de paludisme et à en inverser la tendance, de par ses externalités positives, doit devenir un axe majeur de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté de notre pays.
D’après une analyse du Dr Ann Mills, de la London School of Hygiène and Tropical Medicine (LSHTM), chaque fois que l’on consacre 500 à 2 000 francs à une prise en charge efficace d’un épisode de paludisme, la collectivité gagne une année de vie en bonne santé, ce qui fait du traitement du paludisme une activité aussi rentable du point économique que du point de vue de la santé publique.
Grâce aux nouveaux médicaments, aux moustiquaires imprégnées et à la lutte anti-vectorielle, la mortalité et la morbidité dues au paludisme sont en net recul au Sénégal. Ces succès, au-delà de l’aspect médical, ont eu des effets positifs directs comme la baisse des dépenses de santé, des effets indirects sur le coût social du paludisme dans le cadre spécifique du milieu de travail (impact sur la productivité ou l'absentéisme) ou plus largement sur la croissance économique.
L'impact macro-économique du paludisme est mal connu et insuffisamment étudié. Mais plusieurs études économétriques indiquent, après modélisation de l'épidémie, un déficit annuel de croissance imputable au paludisme estimé à 1,3 % dans certains pays d'Afrique. On estime que, chaque année, le paludisme coûte plus de 12 milliards de dollars Us en perte de produit intérieur brut en Afrique subsaharienne. Les coûts directs et indirects constituent une charge très lourde pour les ménages pauvres. Une étude menée l’Oms/Unicef en 2003 au nord du Ghana rapporte, à cet effet, que les coûts des soins pour le paludisme représentent 34 % du revenu des ménages pauvres, ce qui constitue des dépenses catastrophiques risquant de les basculer dans la trap poverty.
La lutte contre le paludisme a un coût direct qui recouvre les dépenses individuelles et publiques pour la prévention et la prise en charge de la pathologie. Les médicaments antipaludiques, les moustiquaires imprégnées, les honoraires médicaux, le transport jusqu'aux structures de santé, et les frais des accompagnants pendant l’hospitalisation constituent les dépenses individuelles. Les dépenses publiques incluent la lutte anti-vectorielle, la gestion des services de santé comme le Pnlp et des infrastructures sanitaires, la formation et la recherche relevant du secteur public. Dans certains pays fortement impaludés, comme le nôtre, les dépenses peuvent représenter jusqu'à 40 % des dépenses de santé publique, 30-50 % des admissions hospitalières et jusqu'à 50 % des consultations externes.
La perte de revenu ou de productivité associée à la maladie ou au décès constitue le coût indirect du paludisme. Il peut s'exprimer en termes de coût des journées de travail perdues ou de l'absentéisme et de valeur du travail non rémunéré accompli à domicile par les hommes et par les femmes. En cas de décès, le coût indirect comprend le revenu futur escompté du défunt.
La baisse drastique de la prévalence du paludisme, premier motif de consultations dans nos structures de santé, a entraîné une amélioration sensible de la situation sanitaire de notre pays, ce qui est un préalable indispensable devant permettre au Sénégal de rompre avec le cycle de la pauvreté par le jeu de divers mécanismes comme :
• L’augmentation de l'offre effective de main-d'œuvre.
Des travailleurs en bonne santé non paludéens sont plus productifs, sont moins souvent absents et gagnent des salaires plus élevés que les travailleurs malades. Il en résulte un accroissement de la production, une diminution du taux de rotation de la main-d’œuvre, plus de bénéfices pour les entreprises et une augmentation de la production agricole, secteur à haute intensité de main-d’œuvre. Par exemple, des études ont démontré qu’une famille touchée par le paludisme ne récolterait que 40 % de sa production agricole. Par extrapolation, nous pouvons affirmer qu’une famille paysanne, exempte toute l’année du paludisme, verrait sa récolte augmentée de 60 %.
• L’accroissement de l’investissement national et étranger.
De même, une forte productivité de la main-d’œuvre encourage l’investissement. Il est, en outre, vraisemblable que le recul du paludisme stimulera l’investissement étranger, du fait qu’il ouvre de meilleures perspectives de croissance pour les entreprises étrangères et qu’il réduit les risques sanitaires encourus par leur personnel national et expatrié, et les touristes. On pourra noter aussi une hausse de la demande intérieure par l’augmentation de la solvabilité des ménages qui auront des revenus additionnels • L’augmentation du capital humain.
Protégés du paludisme, les enfants en bonne santé apprennent mieux.
L’amélioration de la situation sanitaire s’accompagne d’une baisse de l’absentéisme scolaire (des enseignants et des élèves) et d’une diminution des abandons précoces ainsi que d’une augmentation du potentiel cognitif des enfants, ce qui, à terme, contribue à élargir la base de capital humain. • L’accroissement du taux d’épargne nationale.
Débarrassée du paludisme, une population en bonne santé consacre moins de d’argent pour la prise en charge du paludisme et plus de ressources à l’épargne. Cette épargne vient elle-même accroître les fonds disponibles pour l’investissement au niveau national.
• L’évolution démographique.
L’amélioration concomitante de la situation sanitaire du fait du recul du paludisme et du niveau d’instruction entraîne une baisse des taux de fécondité et de mortalité. Au bout d’un certain temps, la fécondité en vient à diminuer plus vite que la mortalité, d’où un ralentissement de la croissance démographique et une réduction du rapport de dépendance économique (rapport entre le nombre d’actifs et le nombre d’inactifs). Il a été démontré que ce ‘dividende démographique’ pourrait devenir une source importante de croissance du revenu par habitant pour notre pays.
Dans de notre pays, l'importance de l'épidémie est d'une telle ampleur que tous les acteurs de la société doivent s'atteler à la lutte. Au-delà de la baisse drastique de la morbi-mortalité, l’objectif de notre pays devrait être le contrôle effectif. Selon l’Oms, pour entrer dans le contrôle effectif, il faut avoir moins de 5 % de cas diagnostiqués confirmés par rapport aux cas de fièvres suspects du paludisme. Avec les 12 millions d’habitants, ces 5 % cas de paludisme ne vont représenter qu’environ 60 000 cas de paludisme par an dans tout le Sénégal.
Comment amorcer une tendance baissière nous permettant de ramener le nombre de cas actuel de 275 000 cas à 60 000, chiffre attestant du contrôle effectif de la maladie. Une réflexion nationale, suivie d’une mobilisation nationale, devrait s’effectuer pour atteindre cet objectif de contrôle effectif. La persistance du paludisme porte un grave préjudice à l’image moderne de notre pays. La persistance de cette maladie impacte négativement sur notre économie nationale au niveau des secteurs les plus porteurs de croissance, à savoir le tourisme et l’agriculture.
La certification de l’Oms de contrôle effectif du paludisme serait un atout principal pour la vente de la destination touristique du Sénégal. Les ministères (de l’Agriculture et de la Pisciculture ; de l’Artisanat, du Tourisme et des Relations avec le secteur privé et le secteur informel ; de la Transformation alimentaire des produits agricoles) et les opérateurs économiques concernés devront travailler en synergie avec le ministère de la Santé afin de fournir des moyens et ressources complémentaires au Pnlp pour atteindre l’objectif de contrôle.
En conclusion Les autorités sanitaires de notre pays devront donc initier une double approche :
- Multisectorielle, en allant vers les autres ministères, les autres secteurs, en leur reconnaissant une utilité et une importance dans les résultats attendus dans l’objectif de contrôle du paludisme.
- De sensibilisation vers certains ministères et autres secteurs qui risquent de subir les externalités négatives du paludisme afin qu’ils participent de façon accrue, à côté du ministère de la Santé, à l’éradication de cette maladie.
- En encourageant le partenariat public - privé afin que les entreprises privées puissent apporter à la lutte antipaludique des ressources et des compétences essentielles par les moyens suivants : en versant des fonds additionnels indispensables pour accélérer la mise en œuvre des programmes existants et en créer de nouveaux ; en fournissant des compétences en matière de gestion et de commerce pour stimuler le marché des moustiquaires imprégnées et des médicaments antipaludiques : en utilisant leur réseau de distribution commerciale pour apporter aux communautés périphériques éloignées des médicaments salvateurs et des mesures de prévention ; utiliser leurs compétences en marketing et en relations publiques pour soutenir les campagnes d’information d'éducation et de conseil au niveau la population.
Rappelons que l’une des relations fondamentales entre la santé et l’économie agricole réside dans le fait que la qualité et la quantité de main-d’œuvre paysanne augmentent au fur et à mesure que l’état de santé s’améliore. Ainsi la révolution agricole prônée par le chef de Etat aura besoin autant d’investissement en intrants agricoles que de moustiquaires imprégnées et de médicaments antipaludéens.
Amadou Bakhaw DIAW Economiste de la Santé dyaogonilsen@hotmail.fr
Sans agents de nettoiement : Dakar sous l'emprise des ordures
Dakar est sale. Des bacs à ordures pleins à craquer, tel est le tableau peu reluisant que présentent Dakar et sa banlieue. Front de Terre, Castors, Liberté VI, Grand Yoff, etc., comptent leurs dépotoirs en attendant le passage des éboueurs en grève. La radicalisation de leur mouvement d'humeur risque de provoquer des désagréments avec l'approche de l'hivernage.
L'insalubrité a repris ses quartiers à Dakar et dans sa banlieue. Difficile d'y emprunter une artère sans tomber sur un dépôt sauvage. La capitale sénégalaise est envahie par des tas d'immondices que les populations ont déversés à même le sol sans forme de procès. Le spectacle qui se présente à Liberté VI comme partout ailleurs n'est pas beau à voir : des montagnes d'immondices répandues çà et là, sur les trottoirs et dans les carrefours, par des habitants las de ne pas voir l'ombre des camions bennes nettoyant leurs quartiers.
Interrogée sur cette pratique, Mme Diop se désole de ne pouvoir ‘faire autrement, car des ordures, on ne peut pas les garder dans nos maisons’. Et d’expliquer que ‘quelquefois, nous sommes obligés de monnayer les services d'un charretier pour nous aider à nous débarrasser de ces ordures, mais ces derniers nous réclament entre 400 et 500 F la poubelle et 700 F quand il s'agit d'un sac’.
A Grand Yoff , c'est l'odeur nauséabonde qui nous renseigne de ce qui nous attend. Cette situation qu’Augustin D., rencontré en face d'un dépôt d'ordures près de l'église de Grand Yoff, regrette fort puisqu’elle les empêche de fréquenter ce lieu de culte : ‘La mauvaise odeur nous trouve jusqu'à l'intérieur de l'église. Les fidèles ne pouvant supporter cela, sont obligés de rester chez eux’. Une riveraine du quartier nous renseigne que les populations profitent de la nuit pour déverser leurs ordures. Elle supplie les autorités pour qu’elles trouvent rapidement une solution aux doléances des agents du nettoiement qui sont d'une grande utilité. ‘L'insalubrité de la ville de Dakar est une réalité dont nous sommes tous responsables’, soutient cette riveraine du Front de Terre. Pour notre interlocutrice, le problème ne se pose pas au niveau des sociétés de ramassage, mais plutôt dans le comportement dont le changement s'impose. Et pour cela, dira-t-elle, il faut inculquer une culture de propreté aux Sénégalais.
Marie Sow DABO
Le prêt Dmc, une nébuleuse affaire
Le prêt Dmc que l'Etat octroie aux agents de la Fonction publique constitue de nos jours une affaire très nébuleuse aux yeux des pauvres fonctionnaires qui espèrent sur ce prêt sans intérêt pour démarrer une hypothétique construction. Voilà deux ans que des agents sont en possession de leurs conventions sans voir la couleur de leur argent. Ce prêt qui est payé sur le budget général, est totalement au ralenti à cause de la sécheresse financière du trésor public pillé tous les jours à cause des agences budgétivores, des ministères inutiles et la création d'institutions qui n'ont aucun intérêt pour les Sénégalais.
Ce problème du Dmc pose celui de l'exécution du budget du Sénégal. En effet, les Sénégalais se posent la question de savoir comment ce budget est exécuté. Depuis l'avènement de l'alternance, on assiste à des dérapages budgétaires graves. Par exemple, quand on dit que 300 millions sont destinés à la Dmc, ce n'est que théorique. Demain, l'Etat peut utiliser cette somme à d'autres fins. Au mois de février dernier, l'Etat a viré les conventions datant de 2007 à la Bhs. Cependant, trois listes de la même année ne sont pas parvenues à la banque par la faute du trésor public qui aurait enlevé les mandats chèques qui sont accolés aux listes. La banque aurait adressé une lettre au ministre de l'Economie et des Finances mais depuis le 25 févier 2007, il n’y a pas eu de suite. Pourtant, les autres listes de 2007 sont en train d’être exécutées sans problème pendant que les trois listes en cause restent en suspens. Au niveau du trésor public, le responsable de la Dmc fait montre d'un mépris total.
En tout cas, le traitement de la Dmc mérite une enquête rigoureuse de la part des journalistes qui doivent fouiner du côté du Centre Peytavin, de la Bhs et même du trésor pubic pour en savoir un peu plus. Pendant que de belles constructions poussent comme des champignons un peu partout à Dakar de la part de personnes nanties, il y a des petits fonctionnaires qui souffrent de loyers trop chers et qui n'ont aucun lieu où s'apitoyer sur leur sort sinon dans la presse. En tout cas, l'Etat a tout intérêt à payer ces trois listes en question et dérouler normalement le Dmc s'il ne veut pas ouvrir un autre front social préjudiciable à la stabilité du pays.
mbayeamar2100@yahoo.fr enseignant
Politique usuraire
La politique, c’est comme le feu ; ça mijote des soupes, mais brûle les maladroits. Ces derniers, quelle que soit la sévérité des brûlures d’antan, y reviennent toujours, dissimulant leurs pansements ou cicatrices. A croire que c’est seulement auprès d’un foyer où leur insignifiance trouve pitance, raison d’être et honorabilité.
De cette fournaise politique se dégage une fumée si épaisse qu’il est quasiment impossible de savoir qui est avec qui. Les alliances se font et se défont au gré des intérêts… Les ennemis d’hier se donnent l’accolade, poignard en poche. Le drame est qu’aucun de ces marmitons s’agitant autour du feu ne détient la moindre recette pour améliorer le quotidien des Sénégalais.
La politique a cette particularité étrange d’élever les grands esprits et d’exalter les médiocres. A la question de savoir ce qu’il faut pour être un bon politicien, la réponse tombe toute simple : beaucoup de bagout et une bonne dose de cynisme. D’où l’expression ‘daf may politik’ encore employée au sujet de quelqu’un dont on redoute les coups tordus.
J. F. Kennedy était doué en ce qu’on appelait ‘la politique des deux fers au feu’ qui lui permettait, par exemple, de faire des ‘avances diplomatiques’ à Castro et planifier son renversement. C’est l’exercice quotidien de notre Gorgui national de toujours avoir deux situations ou individus antagonistes sur le gril. Il utilise alliés et opposants pour atteindre le même objectif : les séduire pour les détruire, à leur insu.
La politique s’adonne également à l’usure lorsque l’Etat agit comme un marchand de vivres sans scrupules, en période de pénurie. L’affamé accepte la pratique imposée, le vertueux proteste, les rabatteurs se réjouissent.
Comparaison pour comparaison, l’offre à n’importe quelle condition des céréales du boutiquier est la même que celle d’un ministère des égouts. C’est dire que dans cet univers sans grande foi, la pratique de l’usure n’ébrèche pas les consciences et son taux s’ajuste à la tête du client.
Comme par hasard, usure signifie également ce qui s’use par le temps. L’usure est fatale en tout sauf en politique made in Senegal. Là, contrairement à l’ancienne pub de Pile Wonder, ‘le politicien ne s’use que si l’on ne s’en sert pas’ ; tant il est vrai que dans un atelier en voie de modernisation, seuls les vieux outils rassurent le vieux patron. Il sait toujours comment les utiliser. L’image même de ce train gouvernemental dont le vieux chef de gare a toujours recours aux vieux cheminots.
Parce que chez ces gens-là
Ça n’ démissionne pas Monsieur
Non, ça n ‘ s’en va pas
Ça crève de ne pas s’en aller !
Amadou Gueye NGOM