La fin d'une UTOPIE
L'OFFICE:
Coup de fil…
Barack Obama appelle Wade, et c’est la joie dans la République “ sunugalienne ”. Et on en fait un tintamarre. Qu’est-ce qu’un coup de fil du président élu des Etats-Unis peut changer de notre vécu quotidien. Rien, nada, dara , touss. Et Dieu sait qu’il en a donné des milliers. La médiatisation de la baisse du prix du riz, de l’huile, du savon, du sucre, de l’électricité aurait plus de portée auprès de gorgorlou. Qu’Obama soit content de Wade (ami de Bush) qu’il n’a jamais vu n’a pas tellement d’importance. Seul le sentiment que le peuple sénégalais éprouve à son endroit est important. Le reste n’est que balivernes et cacophonie…Vraiment, parlez-nous d’autres choses.
( Mor Todjangué )
SENEWEB:
Mission « implosible »
Souleymane Jules Diop Jeudi 20 Nov 2008
« La pire erreur n’est pas dans l’échec mais
dans l’incapacité de dominer l’échec »
F. MITTERRAND
La fonction présidentielle exige de la tenue. Abdoulaye Wade n’en a jamais eu. Mais ce qui manque le plus à notre président de la République, c’est de la retenue. Lundi après-midi, il a décidé du sort de son « cousin » Kader Boye en moins de deux heures. Ses réseaux parallèles parisiens l’ont informé et il a sévi. M. Boye, ambassadeur du Sénégal à l’Unesco, a non seulement prêté les locaux de l’organisation à un groupe de jeunes dits de la « Génération du concret », mais il a été à leur « gala du samedi soir », son péché capital. Vous me direz qu’il n’y a rien de grave à cela. Non. En d’autres temps, il aurait sans doute reçu les félicitations du palais de la République. Mais un petit détail a courroucé le président de la République. C’était une soirée organisée par la tendance « Abdoulaye Baldé » de la Génération du concret. Vous avez bien lu « tendance ». Depuis que depuis que la Gc s’est lancée dans la capitale française, il n’y a que quelques casamançais et un petit groupe de bissau-guinéens qui squattent l’organisation pour arrondir leurs fins de mois. Ils doivent tout à Abdoulaye Baldé, rien à Karim Wade et ils ne s’en cachent pas. Kader Boye ignorait ce fait. Il ne savait pas qu’entre le secrétaire général de la présidence de la République et le président de la République, entre le président de l’Anoci et le Directeur exécutif de l’Anoci, une brouille était possible. Mais le lundi qui a suivi, la décision d’Abdoulaye Wade était déjà prise : « ah, il est parti à la soirée de Baldé ? Il va voir avec moi ». Il a « signé » son décret sans avoir jamais entendu la version du professeur Kader Boye.
J’avais averti ceux qui se sont rendu à cette rencontre nocturne, qu’ils mettaient en péril la carrière d’Abdoulaye Baldé, et sans doute celle de Kader Boye. Il faut dire, à la décharge du doyen Boye, qu’il a plusieurs fois insisté auprès des jeunes de la Gc parisienne pour s’assurer que cette rencontre parisienne n’avait rien de « politique ».
Mais c’est devenu un secret de polichinelle qu’Abdoulaye Wade cherche depuis deux mois des prétextes pour se débarrasser d’Abdoulaye Baldé. Quand il était à Québec City le mois dernier, Babacar Gaye n’arrêtait pas de proférer les pires injures contre celui qu’il considère comme un « opportuniste qui veut l’argent de Karim Wade ». Abdoulaye Wade battait ses paupières pour approuver le message. Le président de la République a par la suite donné des signaux à tous les « amis » qu’il a reçus, leur précisant qu’il ne connaît pas la Génération du concret. Rentré de Paris en catastrophe, Abdoulaye Baldé rase les murs comme une larve. Il sait que « le vieux » a monté de toute pièce les marches qui mènent au purgatoire. Le chef de l’Etat reproche à son ancien homme de main d’avoir mis en place un réseau parallèle de renseignements avec ses amis de la police, d’avoir noyauté l’Etat pour créer sa propre chaîne de commandement. Voilà comment finit un autre produit manufacturé du wadisme : à la poubelle. Baldé se targuait d’avoir l’estime de Viviane Wade, l’amitié de Karim Wade et la confiance d’Abdoulaye Wade. Il a tout perdu en une soirée.
Le sort réservé à ce policier passé à la politique est un classique des mises à mort sous Wade. Baldé était commissaire de police principal. Wade l’a démis de son corps d’origine pour en faire un inspecteur général d’Etat, beaucoup plus prestigieux. La contrepartie était son engagement politique dans le guêpier casamançais. C’était l’objectif final du chef de l’Etat, le seul qu’il avait en tête, la véritable raison pour laquelle il avait demandé son départ de la police. Mais là où le président de la République a fait la démonstration de son cynisme, c’est qu’entre temps, il a fait modifier les textes régissant le corps des inspecteurs d’Etat pour obliger son poulain à la démission. Inspecteur d’Etat et député-maire ne pouvaient plus aller ensemble.
Ses différentes fonctions lui assuraient un statut particulier. Baldé n’en a plus aucun. Son sort dépend du bon vouloir du ministre de l’Intérieur, qui lui a toujours fait part de son inimitié. Cheikh Tidiane Sy a tout tenté pour le faire tomber dans l’affaire dite « du corbeau ». Le président de la République croyait détenir dans ses mains la preuve que les comptes bancaires frauduleux n’étaient pas fictifs, et que le principal collaborateur de son fils s’était rempli les poches. Une mission rogatoire avait même été instituée pour « enquêter ». Il a fallu l’intervention de Karim Wade pour le sortir de là. Il a convaincu son père que cette affaire était une instigation de Macky Sall, qui visait à le déstabiliser. Ce n’était pas la première fois que la moralité du jeune secrétaire général de la présidence était mise en cause. Il avait été rudement éprouvé par l’affaire dite des « licences de pêche chinoises » en 2002. Le fisc avait perdu dans cette opération douteuse plus de 2 milliards de francs Cfa. Au lieu de s’en prendre à Baldé, le président de la République s’était défait de son conseiller fiscal Amid Fall. Dans les milieux avertis, on avait reproché au « carriériste » Baldé d’avoir manqué de solidarité. Tous étaient persuadés que son tour viendrait un jour chez le « coiffeur ». En matière étatique comme dans la vie de tous les jours, Abdoulaye Wade fait comme de Gaulle. Il n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts. Le domicile de Baldé est surveillé, les comptes de sa première épouse fouillés, ses réseaux de renseignement démantelés les uns après les autres. L’homme le plus puissant de l’administration est devenu impuissant face à son propre sort. Le président de la République l’a fait venir dans son bureau, figurez-vous, pour l’accuser de convoyer des immigrants clandestins vers la France et l’Espagne. Il lui a asséné son premier coup de couteau en Conseil des ministres, en élevant Innocence Ntap au rang de ministre d’Etat. Adjibou Soumaré n’était pas au courant, mais il est habitué à ces issues douloureuses. Baldé non. Jamais il n’a pensé que le président de la République s’attaquerait à lui aussi frontalement. La méthode, elle, est bien éprouvée. Quand il a voulu se débarrasser d’Idrissa Seck, Wade a promu Abdou Fall, transfuge du Plp. Quand il a voulu se débarrasser de Modou Diagne Fada, il a promu Thierno Lô, transfuge de la Cdp. Quand il a voulu se débarrasser de Macky Sall, il a promu Mame Birame Diouf, transfuge du Ps. Il honore les uns pour déshonorer les autres.
Mais la descente aux enfers a commencé bien plus tôt pour Baldé. En plus d’avoir trois directeurs de cabinet, le président de la République a promu il y a deux mois un proche de la famille Agne au poste de Directeur de cabinet adjoint. C’est à ce Hamidou Agne, membre de la Génération du concret, qu’ont été confiés l’Inspection générale, les chiffres et le patrimoine bâti de l’Etat, qui dépendaient jusqu’ici du secrétaire général de la présidence de la République. Baldé jure qu’il n’a fait aucun mal. Mais il n’est pas étranger à son propre malheur. Il a accepté un salaire pour un travail qu’il ne sait pas faire, la politique. Karim Wade est dans la même situation, mais il a l’excuse de la parenté. Le président de la République a délégué à des gens bien désignés, la tâche de faire accepter un fils qui nous est inconnu. On n’entre depuis deux ans au gouvernement que pour cette noble mission.
Le président Wade a tout essayé, il veut maintenant s’essayer lui-même. Il est entré en campagne électorale ce mercredi. Il crie partout « j’ai réalisé tout ce que je vous ai promis », comme s’il était en fin de mandat. Mais c’est pour promettre encore impunément. C’est ce qu’un jeune banlieusard a compris. Je pense que son intention n’était pas de tuer le président de la République. Il voulait le corriger.
SJD
Auteur: Souleymane Jules Diop
LEQUOTIDIEN:
Le Sénégal au rendez-vous du 21e siècle
20-11-2008 Je me souviens d’un coup de fil que je reçus le 20 mars 2000. Il provint d’un journaliste de Radio france internationale. Je me trouvais à Copenhague. Au vu de la date, on comprend que c’était aux lendemains de l’élection présidentielle au Sénégal. Election sanctionnée par la première alternance politique à travers les urnes, dans ce pays mien.
Ce jour-là, le suffrage universel se manifesta avec allégresse dans cette Nation des Damels et Bourbas, de Aline Sitoé et de Lat Dior, des intellectuels reconnus et respectés et autres figures historiques qui transcendent ethnicité et religion. On voulait tous reprendre possession de notre destin à l’orée du 21e siècle. Du nord au sud, de l’est à l’ouest.
Le journaliste en question voulait recueillir mes impressions sur cet évènement charnière, non seulement pour une jeune démocratie comme le Sénégal, mais aussi pour tout le continent africain, dans ce siècle naissant.
Je me rappelle encore mes propos : «L’alternance n’est pas une fin en soi, juste une étape dans un processus perpétuel de perfection de la vie politique nationale. Attendons de voir comment cela va se passer. Toutefois, il faut rendre hommage à tout le peuple sénégalais pour cette démonstration civique.»
Si je prends la décision d’écrire aujourd’hui, c’est parce qu’un manque d’action de ma part ou un refus de l’engagement serait égal à une trahison ou à une indifférence tout aussi coupable. La raison est toute simple : l’heure est grave et je suis un fils du Sénégal.
Huit années sont passées depuis ce lundi matin ; des espoirs légitimes, nourris par un peuple à qui on avait promis monts et merveilles, se sont évaporés. Ils se sont évaporés, ou dans les embruns de l’Atlantique, ou dans les rues congestionnées de la capitale, ou dans les paysages sinistres et livides de nos campagnes. Qui pis est, ce qui naguère constituait la richesse inquantifiable du Sénégal - ce sens de l’honneur et cet espoir justifié de lendemains meilleurs semblent presque irréversiblement tombés en désuétude.
Le Sénégal avait l’habitude d’être le pays des grands hommes. Il serait expéditif et inconséquent, il est vrai, de tout mettre sur le dos de nos dirigeants politiques à la tête desquels il y a le président de la République ; mais force est de constater qu’ils ont la part léonine dans la distribution des responsabilités.
Apres 30 ans d’une vie politique dominée par un seul parti, il est normal que des réflexes se développent et des habitudes s’installent dans la conscience collective. Ces réflexes ont pour noms : népotisme, corruption, incompétence, sans oublier le manque de vision et de responsabilité dans les actes quotidiens.
Ce qui me réconforte, c’est que ces tares susmentionnées ne représentent point l’essence du peuple sénégalais. En revanche, elles ont caractérisé la pratique politique nationale depuis que nous sommes devenus un Etat indépendant. Vous conviendrez avec moi que les dirigeants, quelle que soit leur tribune, ont pour mission de modeler la sphère publique et ainsi influencer, voire déterminer, le discours social. Leurs actions et propos, attitudes et projections déteignent sur le peuple tout entier, surtout si l’on a affaire à une population dont la compréhension de la politique et de ses arcanes, et les exigences d’une démocratie fonctionnelle sont loin d’être satisfaisantes et à niveau. La parole du chef, dans ce contexte, a presque force de loi, surtout s’il dispose sans réel contrôle des moyens financiers, coercitifs et médiatiques de la Nation.
Je respecte le président de la République en tant que personne, conformément à la tradition immémoriale de mon pays où les personnes âgées sont, à juste titre, révérées. Néanmoins, sa Présidence nous offre des éléments crédibles pour aboutir à une conclusion sur l’état de notre vie politique qui s’appliquerait à rebours et à des degrés variables aux Présidences de Senghor et de Diouf. D’autant plus que Wade déclarait en 1991 qu’il était le prolongement de Diouf.
Ainsi, je le vois comme la preuve vivante de tous les excès, les manquements et les erreurs de ce qui a constitué la panoplie de nos dirigeants depuis l’indépendance. Il en représente aussi toutes les promesses perdues.
Cet individu a poursuivi le pouvoir pendant 30 ans. Il magnifia le concept du Sopi au Sénégal, qui allait encapsuler toutes les attentes d’un peuple énergique, mais dans le besoin.
On est le 25 février 1988 en pleine campagne électorale pour la présidentielle. Je suis à Thiès à la tête d’une petite délégation de jeunes élèves qui décident de rendre visite à feu Boubacar Sall. Il nous reçoit dans la chambre à coucher de sa maison de l’Aiglon à Thiès. Il est au téléphone avec Wade qui se trouve à Tivaouane, en route vers la ville siège du Groupement mobile d’intervention (Gmi). C’est un moment historique où la jeunesse défie ouvertement le pouvoir en place. Elle manifeste son soutien innocent à un candidat qui, déjà, s’adonne à des compromissions avec le gouvernement en place.
En définitive nous perdîmes et entrâmes inexorablement dans ce qui, a posteriori apparaît comme les premières années de l’ère des désillusions. Beaucoup croyaient en lui, je n’étais point une exception.
Alors survint l’épisode du mois de mars 1989 où Abdoulaye Wade, tenté par un potentiel partage du pouvoir, embrassa avidement les propositions tactiquement motivées par le gouvernement de Diouf. Il nous offrit la mesure de sa vision en balisant le chemin qui allait nous conduire à l’émergence de l’entrisme et de sa perversion dans le paysage politique au Sénégal.
Il est difficile de trouver dans le parcours de Wade des indications d’une personne mue par une mission transcendante. Cet ancien supporter que je suis découvre chez lui un désir ardent de se hisser au sommet. Pas plus.
Lorsque le peuple regarde le chef et son regard s’arrête sur son costume, il y a un problème. Lorsqu’il regarde le chef et voit ses voitures et s’imagine être à sa place, dans ce cas, il a failli à sa mission. Lorsque le peuple regarde le chef et se souvient des temps passés, il a des questions à se poser. A l’opposé, le peuple peut contempler son leader et apercevoir un horizon qui se dégage. Il peut regarder le leader et percevoir le boulevard des promesses qui prennent corps et appellent au redoublement de l’effort au double niveau individuel et collectif. C’est ce genre de leaders dont le peuple est assoiffé.
Tout porte à croire que Wade appartient à la catégorie de ces chefs qui sont plus concernés par comment accéder au pouvoir, le garder et en jouir plutôt que pour quoi ils doivent en être les récipiendaires. C’est une distinction essentielle ; une évidence, pourrait-on dire.
Un bilan récapitulatif de ses sept ans à la tête de l’Etat offre une collection de querelles de cuisine centrées autour de sa personne ou de ses protagonistes de tous bords.
On en oublie que le peuple du Sénégal avait parlé, en 2000, pour se faire entendre et comprendre. Malheureusement, le leader ne semble pas à la hauteur, ni disposé à entendre. Incapable d’imaginer, de rassembler et de guider.
Imaginer des lendemains où les Sénégalais trouveront des raisons légitimes de compter sur eux-mêmes et de contempler un futur qui invite à l’investissement. Cela ne requiert point de la magie ou des pouvoirs allant au-delà de ce qu’on pourrait attendre d’un humain. Simplement un sens de l’honneur et la capacité de lire l’Histoire dans les deux sens.
Rassembler est une exigence cardinale pour assurer une opportunité viable à un peuple qui n’est pas uniforme, ni homogène, mais qui a tissé, à travers l’histoire, des liens solides entre les ethnies et les confessions. Quelques solides qu’ils soient au demeurant, ces liens ont besoin d’être continuellement revitalisés et entretenus. Car unis, nous n’échouerons jamais.
Pendant longtemps, le Sénégal, à l’image de l’Afrique, a dû faire face à de nombreux fléaux à caractère dramatique. Fléaux qui, pour une large part ont constitué des facteurs limitants nos possibilités de développement. Ils ne peuvent, cependant, en aucun cas constituer une excuse dès lors que l’on se décide à reprendre possession de notre destin.
Wade ne m’a pas personnellement déçu car je n’ai jamais nourri de grands espoirs dans sa capacité à sortir le pays du gouffre. Non pas par cynisme ou mauvaise volonté, mais parce qu’il n’a jamais exhibé l’étoffe d’un leader transformatif. Mais qu’il assèche l’espoir du peuple en sa foi en un but collectif et accessible est inexcusable et explique ces propos miens. Il est légitime d’exiger de ma part des solutions concrètes après cet implacable diagnostic. La réalité est qu’on n’a plus besoin de plans superflus ou de recettes politiques miracles.
Le monde d’aujourd’hui et les défis nouveaux qui le sous-tendent appellent à une approche nouvelle, de l’imagination et un esprit de sacrifice. Le Sénégal ne doit pas être en reste. Pour y arriver il est nécessaire de réunir les Sénégalaises et Sénégalais autour d’un but commun et rétablir leur foi en leur Nation. En d’autres termes, il est impératif de mettre en place, et de manière urgente, les conditions susceptibles de permettre la genèse de solutions idoines. Nous devons, en outre, œuvrer afin de créer les circonstances de leur applicabilité.
Il nous faut reconquérir un but, notre but. Un but indépendant des convictions religieuses, de l’appartenance ethnique ou du statut social, mais enraciné dans ce qu’il y’a de plus sénégalais : l’honneur et la culture de l’effort dans le respect.
Comme vous le constatez, il est temps qu’un profond changement s’opère. Ce changement va s’actualiser lorsque ceux d’entre nous qui ont compris que ce nouveau millénaire exige un leadership équivalent, se mettent à la tâche. Et qu’ils appellent à un dialogue centré sur une nouvelle narrative nationale ; une narrative entée dans celle d’un monde qui s’est fondamentalement métamorphosé.
Il est temps que le pays de la steppe, de la savane et de la forêt entre de plain pied dans l’odyssée universelle du nouveau millénaire. Il doit parler à nouveau. Et il attend son nouveau leader.
Aziz FALL
Copenhague
Ancien président de la communauté
sénégalaise au Danemark
Que Me Wade sache qu’il n’est maître du destin de personne et que ses déclarations répétées du genre «le pouvoir est entre mes mains et je le donnerai à qui je veux» n’impressionnent vraiment aucun sénégalais. Qu’il sache également que Karim n’arrivera pas au pouvoir en marchant sur les cadavres de ceux qui ont fait toutes sortes de sacrifices afin que lui-même accède au pouvoir et le conserve. Dieu n’aime pas les injustes, les Sénégalais non plus. Si l’argent pouvait acheter la conscience des Sénégalais, les Socialistes n’auraient jamais perdu les élections en 2000. L’arrogance et la corruption ont fait perdre les Socialistes. Aujourd’hui l’arrogance et la corruption ont atteint des niveaux jamais égalés dans notre pays. Il est temps que Maître Wade se ressaisisse s’il a vraiment de l’ambition pour son fils.
Djignabo BASSENE
djignabo@gmail.com
SUD QUOTIDIEN: jeudi 20 novembre 2008
WADE ET LES JEUNES : La fin d’une utopie.
Le programme de Abdoulaye Wade pour l’emploi des jeunes de la banlieue, lancé comme d’habitude dans une ambiance burlesque, populiste et carnavalesque hier à pikine, à défaut de nous faire pouffer de rire, doit nous donner des frissons quant on pense à la légèreté avec laquelle cet homme formule des promesses.
Combien en a-t-il émis à l’endroit des jeunes depuis son accession à la magistrature suprême ? Bien malin serait celui qui arrivera à les répertorier toutes. Pourtant, le 19 mars 2000, les sénégalais plus particulièrement les jeunes ont assisté admiratifs à l’avènement de la première alternance politique au pays ; une alternance dont ils ont été les artisans.
D’immenses espoirs et espérances ont été fondés en la personne de Abdoulaye wade et de son régime par les jeunes. Ce fut un contrat d’une portée hautement historique. Mais hélas ! Le contrat n’a pas été honoré et ce fut un gâchis de premier ordre. Toutes les promesses ont fondu comme beurre au soleil et les rares initiatives entamées se sont révélées être de véritables chimères. Et pourtant, Abdoulaye Wade et la jeunesse (a y voir de près) c’aurait pu être une aventure d’amour retenue par l’histoire avec champagne et Venise, mais enfin c’est un rendez manqué, un jour de pluie sous l’abribus.
Aujourd’hui,près de huit ans après l’avènement de l’alternance,nous nous rendons compte que plus que piégé,le combat du 19 mars est dévoyé,dénaturé voire trahi. L’espoir de tout un pays, de toute une génération s’effondre, le ressort est cassé. Les promesses du régime de l’alternance se sont révélées n’être que des vents d’automne. Les projets quant à eux sont devenus des fables ridicules et les très grands projets (TGP) annoncés hier sans aucun doute deviendront d’ici peu les Très Grands Pantins de wade.
Aujourd’hui, le chômage des jeunes s’accentue à un rythme vertigineux, malgré le Fond national de promotion de la jeunesse (FNPJ) qui n’est qu’une sorte de kermesse ridicule et scandaleuse, sans parler de L’Agence Nationale de L’emploi des Jeunes (ANEJ) qui s’est illustrée dernièrement par une campagne honteuse et indigne de « déportation » de milliers de jeunes vers l’Espagne pour aller cueillir des fraises.
Se sentant abandonné Abdoulaye Wade, nous fait sortir comme par enchantement une promesse digne d’un candidat à la présidentielle, une promesse qui est un véritable aveux d’échec et la reconnaissance flagrante de l’inexistence jusqu’ici d’une politique d’emploi des jeunes, une promesse accueillie avec des pincettes par une jeunesse désemparée, trahie et abandonnée à elle-même. D’ailleurs, une analyse aussi superficielle soit elle permet de démontrer la non faisabilité et le caractère démagogique de ce projet si l’on tient compte de la situation économique chaotique du pays :
_D’abord,la dette intérieure du Sénégal qui s’élève à plus de 300 milliards plonge les entreprises dans une crise sans précédent, avec un ralentissement de leurs activités et une baisse drastique de leurs chiffres d’affaires. Par conséquent, ces entreprises qui sont dans des difficultés par la seule faute de wade et de son régime sont plus dans une logique de diminution des effectifs que dans celle du recrutement de nouveaux employés. La promesse de Wade de régler cette dette avant le mois de janvier n’y changera rien et laisse sceptique les chefs d’entreprises car aucune crédibilité ne peut être accordée aux promesses du « candidat »Wade.
_Ensuite, le lobby affairiste des libéraux avec la recherche effréné de l’argent facile a fini d’installer la peur chez tous les investisseurs nationaux comme étrangers. Aujourd’hui, le chantage honteux et inacceptable et qui ressemble à y regarder de près à du banditisme d’Etat, à l’endroit de TIGO et de la société de BTP Jean Lefèvre, va à coup sùr décourager plusieurs investisseurs, et non seulement représentera pour le Sénégal un énorme manque à gagner mais expose des milliers de travailleurs au licenciement. Au moment où l’on parle de recrutement, l’irresponsabilité du régime risque d’être fatale à certains travailleurs.
_En ce qui concerne L’Etat, Wade oublie que la déconstruction des règles de fixation des niveaux relatifs des salaires dans la fonction publique, ainsi que l’octroi tous azimuts de contrats spéciaux à une clientèle politique, ont abouti à une masse salariale qui n’offre plus à l’Etat une marge de progression dans la création d’emplois dans le secteur public. En effet, le ratio de la masse salariale sur les recettes plafonné à 33% par les critères de convergence de l’UEMOA, se situe aujourd’hui à 32,9%. Sans parler du train de vie dispendieux et abject de l’Etat où nous avons un « empereur » qui ne recule devant rien pour satisfaire ses moindres caprices. Oui, un empereur à la tête du senegal avec des thuriféraires,des laudateurs,des disciples,des « fils »,des « soras » de toutes sortes dont l’imagination du senegal donne l’impression d’un pays composé d’anges à la tête de laquelle un « saint Esprit »et qui chantent et se prosternent « Ad majorem Dei gloriam ».
_Enfin, les grands travaux de Abdoulaye wade ne font plus rêver car en phase tous, de stagnation voire d’arrêt purement et simplement, faute de liquidité et ne peuvent donc techniquement employer aucun jeune. A supposer que ces travaux soient même en mesure de donner de l’emploi aux jeunes de la banlieue le problème fondamental qui se pose est relatif à la précarité de ses emplois octroyés. Or, ce dont il s’agit c’est d’élaborer une politique sérieuse d’emploi des jeunes sans discrimination, sans démagogie aucune, tout en ne perdant jamais de vue que le travail reste le seul moyen indispensable de conquête et de conservation de la dignité.
Au regard de cette situation, comment Wade va-t-il donc s’en prendre pour trouver des emplois aux jeunes de la banlieue et dans quel délai ?
Par ailleurs, l’école, l’université, les structures de formation et d’encadrement des fils et filles du pays s’enfoncent dans un engourdissement lamentable. D’ailleurs, plus de quinze mille (15000) nouveaux bacheliers errent dans les rues de Dakar, laissés en rade qu’ils sont, par les établissements publics d’enseignement supérieurs en raison de leurs capacités d’accueil très limitées. Au demeurant, l’Etat se targue chaque année, avec beaucoup de propagande, d’y consacrer 40% de son budget. Quel paradoxe ! L’action du régime de wade à l’endroit de d’éducation est une véritable politique d’Elvis. Et en tant que telle elle ne peut conduire le pays qu’à « l’hôtel des cœur brisés ».
Avec cette situation dramatique que vit le senegal aujourd’hui, nous lançons un appel au sursaut à l’ensemble des jeunes déçus par cette alternance vide et sans contenu afin de barrer la route à ces « colporteurs d’illusions », ces « tenants de la duplicité et de l’opacité », ces tenants du statu quo.
Certes, il y’a au fond de chacun de nous ce sentiment douloureux d’avoir été trahi par des incompétents, des apothicaires sans sucre, des architectes de fourbes. Mais en cédant à la résignation, en les laissant faire nous serions leurs complices et donc les artisans de notre propre malheur, de notre propre destruction, comme le disait Martin Luther King l’opprimé est aussi coupable que l’oppresseur s’il accepte passivement la contrainte qui lui est imposée.
Pour nous, les jeunes du senegal, l’heure n’est donc pas à la démission, ni à la compromission ni à l’immobilisme ni au ponce-pilatisme. L’heure est à la définition d’actions claires et précises qui mobilisent davantage pour mettre fin à ce régime de diseurs de bonnes aventures.
L’heure est à l’espoir qui est le moteur de notre existence car la fin de l’espoir comme le disait De Gaulle est le début de la mort. Ces milliers de jeunes engloutis par l’océan en tentant d’aller en Espagne l’ont été car ils avaient perdu tout espoir de trouver un avenir radieux au senegal. Lorsque les horizons sont bouchés cela peut conduire à tous les excès y compris à des actes de désespoir. Mais de notre désespoir, nous les jeunes doit sortir le cœur du senegal. Ainsi, la jeunesse doit comprendre et accepter que l’avenir puisse être meilleur que le présent, mais à la seule condition qu’elle travaille consciencieusement pour qu’il soit ainsi. La jeunesse doit « forcer le printemps » à venir au senegal en ces froides périodes d’une hiver longue et dévastatrice.
Le régime de wade a échoué sur toute la ligne et il nous embarque dans un tunnel sans fin à l’image de tous les régimes aux abois. C’est pourquoi, lui Wade est très mal placé pour nous parler d’espoir, lui qui a anéanti tant de rêves, tant d’ambitions et obscurcit l’avenir de tant de jeunes.
Finalement en ce moment, où nous nous rendons compte que le destin de notre pays est tenu par un « capitaine » aux mains de qui ne répondent plus les leviers de commande, l’illusion du 19 mars achève de se dissiper et que le senegal se trouve être comparable au pays des dialobés dont parle cheikh hamidou Kane dans l’aventure ambiguë, qui désemparé, tournant sur lui-même comme un pur sang dans un incendie, nous jeunes devons exiger davantage d’unité dans l’opposition.
L’unité d’action de l’opposition pour aller à l’assaut du pouvoir assure des victoires rapides et décisives sur les forces de réaction et permettra l’élaboration d’un programme alternatif crédible à la hauteur des aspirations du peuple qui mettra le senegal sur la voie d’un développement total, d’un développement harmonieux, d’un développement dynamique, porté par des hommes et des femmes dont la loyauté, la fidélité, la compétence, le désintéressement résistent à toute épreuve. Serions-nous donc tenté d’évoquer ici, en parlant d’unité de l’opposition et, au-delà, de tous les patriotes, les propos des pèlerins d’Emmaùs qui disaient dans la bible au voyageur : « Restons ensemble, il se fait tard, la nuit descend sur notre monde. »
Youssouph Mbow,
Membre du bureau politique du parti socialiste, porte parole des jeunesses socialistes et celles du front siggil senegal.
S.G. des jeunesses socialistes de MATAM.
mbowyou@yahoo.fr
WALFADJRI:
Niasse sur la visite du chef de l'Etat en banlieue : ‘Wade tente de baliser la route vers le sommet pour une génération d’opportunistes’
Si le chef de l’Etat justifie son déplacement dans la banlieue par la nécessité de venir en aide aux jeunes désœuvrés, l’Afp estime que Me Wade tente de baliser la route vers le sommet en faveur d’une génération ‘faussement spontanée d’opportunistes’. A ces jeunes de la banlieue, Niasse et ses camarades disent que la véritable clé de leurs problèmes, c’est ‘le départ de Wade et de ses affidés’.
La récente visite dans la banlieue revêt une signification autre que celle que veut lui donner le chef de l’Etat. Pour Moustapha Niasse et ses camarades, il ne s’agit rien d’autre que d’une ‘campagne électorale avant la lettre où un président de la République en exercice conçoit et exécute un projet politique monstrueux avec les moyens de l’Etat, pour tenter de baliser la route vers le Sommet, en faveur d’une génération faussement spontanée d’opportunistes’.
Ces données, ajoute le Bureau politique des progressistes, inspirent l’organisation des prochaines élections locales ‘déjà entachées par des fraudes massives à travers des transferts d’électeurs encouragés par le ministère de l’Intérieur et ses démembrements’. Ces faits graves, s’indigne encore le parti de Moustapha Niasse, ‘s’agrègent au contentieux électoral que les tenants du pouvoir font semblant d’ignorer’. Aujourd’hui, fait le remarquer l’Afp, ‘il est universellement reconnu qu’un processus électoral ne peut être transparent sans un fichier et une carte électorale fiables’. De surcroît, ‘non seulement les documents électoraux nécessaires à l’exercice du droit de vote ne sont pas accessibles, de manière indiscriminée, à tous les ayants-droit, mais aucune disposition sérieuse n’est prise pour mettre un terme au vote multiple’.
Evidemment, avertissent les progressistes, ‘cette volonté manifeste du régime de Me Wade de confisquer la volonté populaire attise le feu sur un pays dont la cohésion et la stabilité sont sérieusement menacées par de telles attitudes incompatibles avec l’Etat de droit et une vraie démocratie’. L’Afp d’indiquer à cet effet que, dans un contexte de paupérisation galopante des populations, le ministère de l’Intérieur devrait non seulement s’atteler à préserver la paix civile, mais également à garantir la sécurité des biens et des personnes, au moment où l’insécurité gagne les villes, les banlieues, les campagnes, et tout particulièrement les régions périphériques, de plus en plus livrées à l’abandon par les pouvoirs publics. ‘Un gouvernement responsable devrait également porter une attention exceptionnelle au monde rural dont le drame, jusqu’ici silencieux, se poursuit à cause de l’exploitation et du mépris dont il fait l’objet’.
Par ailleurs, le bureau politique de l’Afp estime que l’assainissement réel des finances publiques passe d’abord par une volonté politique confirmée, un nouvel état d’esprit mû par une profonde culture républicaine qui, hélas, fait défaut, et d’abord au sommet de l’Etat. En effet, s’interroge le parti de Niasse, comment comprendre la réaction incongrue et inconvenante de Me Wade, face aux magistrats de la Cour des comptes, dont le seul tort est d’avoir mis le doigt sur la plaie béante, en conformité absolue avec leurs missions ?’
Ainsi, affirme-t-il, ‘en tentant de vider tous les corps de contrôle de leur substance, les tenants du pouvoir mettent à nu leurs véritables préoccupations qui sont aux antipodes de la bonne gouvernance’. En effet, il est incompréhensible, de l’avis de l’Afp, que la dénonciation de cumuls illégaux de fonctions et du non-respect des règles élémentaires de la comptabilité publique hérisse toujours celui qui est censé être le garant de l’intérêt général.
Le bureau politique de l’Afp invite le gouvernement de Me Wade ‘à s’inspirer davantage, avec humilité’, des solutions de sortie de crise déroulées par M. Moustapha Niasse, notamment lors de sa conférence de presse du 20 mai 2008. Le Secrétaire général de l’Afp a démontré qu’il est possible d’assainir les finances publiques, tout en gérant le volet social, ‘pour soulager les populations meurtries par tant de sacrifices inutiles’. Mais en réalité, indiquent les progressistes, ‘la solution véritable passe par le départ de Me Wade et de ses affidés, pour que les Sénégalais prennent en mains leur destin et engagent, avec toutes les forces vives, les véritables chantiers du développement’.
Georges Nesta DIOP
LA SENTINELLE:
Forum banlieue avenirs (FOBA) : Les jeunes exposent leur besoin en matière d’emploi
Publié le 17 novembre 2008 à 19h24
Le projet de 26.000 emplois du président Wade aux jeunes banlieusards amorce une étape essentielle au complexe Léopold Sédar Senghor de Pikine. En effet, près de 500 personnes prennent part à des journées de réflexion en vue de l’élaboration d’un document présentant les besoins des jeunes banlieusards en matière d’emploi.
Dénommées Forum banlieue avenirs (FOBA), ces journées sont initiées par le président Wade sont ouvertes lundi à Pikine. Ce forum vise à donner un espace de réflexion aux jeunes pour qu’ils expriment leur besoin en matière de l’emploi et de proposer des solutions. Naturellement, ils ont répondu avec enthousiasme à cet appel du chef de l’Etat, qui eu égard à la participation. Ainsi, pour mener à bien l’objectif de ces journées, les travaux ont été répartis en 6 (six) ateliers de 50 (cinquante) jeunes au minimum. Chacun des six ateliers comportent un président, un modérateur et un rapporteur. Et chaque atelier va débattre d’une thématique précise pendant deux jours.
Les six thématiques retenues sont : l’emploi des jeunes, l’urbanisation et l’assainissement, l’entreprenariat féminin et la micro finance, la culture, la gestion de la pratique sportive, développement des infrastructures et les services sociaux de base « Les participants doivent, diagnostiquer, analyser les problèmes et proposer des solutions appropriées pour que l’Etat, les collectivités locales, les organismes d’appui et les populations puissent s’approprier de l’ensemble des actions à explorer dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des populations de la banlieue », explique Ousseynou Fall, membre du comité de pilotage du forum. Notons que chacun des participants s’est inscrit dans l’atelier de son choix.
Dans l’ensemble, les femmes sont bien représentées dans ce forum mais surtout dans l’atelier consacré à la micro finance et l’entreprenariat féminin. Ce forum fait suite aux audiences publiques qui se sont déroulées dans 21 communes d’arrondissement de Pikine et de Guédiawaye. « Au sortir de ces consultations populaires de 21 jours, nous avons pu identifier des leaders d’opinion parmi les jeunes. C’est à partir de ce moment que les sélections ont été faites pour participer au forum. Chaque commune d’arrondissement a proposé ses participants », souligne M. Fall.
A cette sélection post audiences populaires, ont été ajoutées les structures départementales telles que les conseils départementaux de la jeunesse, les organisations des handicapés, les chambres des métiers, les organisations d’artisans et d’artistes etc. Le forum se poursuit demain et sera clôturé par le président de la République qui recevra à cette occasion, la synthèse des deux jours de réflexion. En retour, il devrait, par exemple, mettre en place des structures qui facilite l’accès au crédit aux jeunes, développer les infrastructures sportives. D’autres jeunes devraient bénéficier de l’alphabétisation. Notons que les handicapés n’ont pas été oubliés dans ce projet.
Frédéric ATAYODI
XALIMA:
Trilogie : « La faim ou la fin de l’Afrique ! »
Depuis les indépendances, acquises pour la plupart au début des années soixante, l’Afrique s’enfonce vers une déchéance chronique et programmée. En (...)
Le premier d’entre eux et qui doit interpeller tous les africains est l’alimentation. En effet notre continent en 2006 a encore faim, au moment où, dit- on les richesses accumulées du monde peuvent nourrir 12 milliards d’individus et fournir à chacun les 2700 calories journaliers nécessaires pour bien vivre.
Force est de constater que d’une part, nous ne sommes que 6 milliards sur terre et que d’autre part avec moins de 300 calories par jour, le tiers monde est très loin du seuil tolérable. Ils souffrent de ce que la FAO1 (Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation) appelle « la faim extrême » comme ces 186 millions d’êtres humains qui sont en permanence gravement sous alimentés en Afrique subsaharienne plus de 34% des individus de cette région.
Qui cela émeut t-il ? Presque plus personnes ; l’information à outrance à semble t’il banalisé cette tragédie. Si au milieu des années 80 le monde s’est mobilisé pour venir en aide à l’Ethiopie, aujourd’hui personne ne fait rien pour la Somalie. Un pays rayé complètement du monde et qui n’existe plus comme Etat c’est-à-dire organisé socialement et juridiquement ; Jean Ziegler2 a raison de dire que « la Somalie n’est plus qu’une inscription sur une carte géographique ».
Qui cela émeut-il de savoir qu’en Afrique toutes les 10 secondes un enfant de moins de 10 ans meurt parce qu’il a faim ?
Les premiers responsables sont les dirigeants africains ; assez d’entendre le recours à la colonisation et à l’esclavage pour expliquer ces phénomènes.les pays occidentaux ont une lourde responsabilité vis-à-vis du retard que connaît le continent, mais cette responsabilité ne saurait effacer celle des africains eux-mêmes. Des chefs d’Etats souvent loin, très loin des préoccupations de leurs peuples comme lorsque l’on entend le président du Sénégal parler de construction d’aéroport, de fracture numérique ou de rails à grand écartements alors que l’auto suffisance alimentaire n’est pas près d’être réalisée .C’est à se demander dans quel monde vivons nous ? A quoi nos dirigeants occupent-ils leurs journées ? A servir leur pays, servir les intérêts occidentaux ? Ou tout simplement se servir ?
Il est plus que temps pour que l’Afrique se réveille et se prenne en charge. L’aide au développement aussi consistante qu’elle puisse être, ne pourra à elle seule permettre de résoudre les problèmes de crises alimentaires répétitives, hier l’Ethiopie, aujourd’hui le Niger, demain Madagascar.
Avoir une réelle envie de faire avancer son pays, mobiliser les africains autour de ce sentiment patriotique qui nous fait tant défaut, tels sont les manques qui caractérisent le continent. Avant de parler d’économie, de croissance etc., l’Afrique devra passer par la case éducation. Comprendre qui nous sommes, en être fiers, croire résolument en notre potentiel et enfin s’ouvrir au monde.
L’Afrique n’aura plus faim lorsqu’elle sera consciente réellement de sa situation. L’Afrique n’aura plus faim lorsque des patr iotes seront ses dirigeants. Lorsqu’elle se débarrassera de ses chefs d’Etats-ambassadeurs qui, une fois leur mandat à terme, ne peuvent plus rester comme simple citoyen dans des pays qu’ils ont pourtant dirigés, obligés de « rentrer » à Paris. Non ils ne peuvent pas être de simples citoyens dans leur pays : A la présidence ou à Paris ! Comment voulez vous avec ce comportement combattre « Melilla et Ceuta3 » si ce sont les dirigeants qui montrent la voie.
Ce qui rassure et donne des raisons d’espérer c’est paradoxalement la situation démographique du continent. Si certains voient dans cette croissance galopante de la population en Afrique (de 1995 à 2025 la population aura doublée), un handicap pour son développement, d’autres au contraire espère que le milliard que nous serons en 2025 sera un atout tout comme le fut le milliard de chinois et d’indiens. Mais pour l’instant c’est loin d’être la fin, elle a faim l’Afrique !
A suivre…
Amadou Dieng
1.FAO (Food and Agriculture Organisation) www.fao.org 2.Jean Ziegler, rapporteur spécial de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU pour le droit à l’alimentation, Les Nouveaux Maîtres du Monde Fayard 2002. 3.Melilla et Ceuta, villes d’Espagne connues pour le passage de l’immigration africaine vers
Walf grand place
En tant chef traditionnel, leader d’opinion, comment voyez vous la situation actuelle du Sénégal ?
El hadj Bassirou Diagne : Notre pays connaît beaucoup de problèmes. Aussi en tant notable de ce pays, j’ai jugé nécessaire d’en parlé. La population doit savoir que la paix rime avec des règles de conduite, c’est-à-dire un monde de comportement décent et des paroles mesurées. La politique est inévitable elle est un moyen de développement d’un pays sur le plan économique, social et éducationnel. Mais dans ce pays chacun reste dans son coin et se permet de lancer des piques à son adversaire, faire des affirmations gratuites, dans le but d’être célèbre ou pour que le président lui donne un poste. Côté mœurs, dans ce pays ou chaque jour que dieu fait ,on entend des cas de d’incestes de viol, de pédophilie, de meurtre… On doit changer les comportement et essayer de gérer tout ce qui est en train de se passer avec philosophie et sérénité sinon le pays peut brûler.
« Changer le président n’est pas forcement résoudre le problème » Qu’est ce qui est à l’origine de cette crise généralisée ?
La pauvreté est à l’origine de la situation actuelle du pays .Le peuple a élu Abdoulaye avec un espoir de changement .Mais malheureusement, même si le président à de bonnes intentions, la conjoncture mondiale actuelle ne permet pas de respecter ses promesse. Même Obama aura de sérieux problèmes, car les tâches qui l’attendent sont énormes, notamment la Palestine, l’Irak …Tout cela pour vous montrer que le monde traverse des difficultés.
C’est l’argent qui développe un pays, même les pays européens ont peur pour leur avenir.
Mais comment voyez-vous le comportement des dirigeants sénégalais ? Le sénégalais est de nature pressé.C’est le problème actuel du pays et rien d’autre. Avoir un nom, de la richesse et du pouvoir, c’est simplement ce qui intéresse les politiciens .Par exemple, c’est à cause d’une coalition autour de Wade que Diouf est tombé .Mais ce dernier quand il a accédé au pouvoir, il adonné à chacun sa part du gâteau après ils ont cheminé quelques moments et se sont séparés. « Wade est vieux, (…) il peut mourir à tout moment »
Quelles solutions proposez vous en tant que grand serigne de Dakar ?
D’abord, je vais dire à l’opposition et ceux qui sont proche du pouvoir que le pays leur appartienne.Tous ce tintamarre n’as pas de sens, car le débat ne se trouve pas là. Tout le monde sait que Wade est vieux, il est temps qu’on lui cherche un successeur .Supposons qu’il se lève un bon jour et démissionne qu’est-ce qui va se passer ?Il y’aura un désordre total .Je n’ai encore pas entendu un chef de parti dire qu’il veut être président .Ils parlent de Karim ,mais il n’a rien demandé il n’a pas de parti ,ni de carte membre .Wade m’a dit un jour : « je ne vais jamais donné un fardeau aussi lourd que le pouvoir à une personne que j’aime . » Et le cas de macky ?
C’est un problème politique c’est tout .Tout le monde pensait que Senghor n’allait jamais se séparer de Diouf, de même que Wade de Seck, mais c’est ça la politique.