Dignité, vertu, civisme, où êtes-vous ?
Le Sénégal, notre pays, a beaucoup changé en moins d’un demi siècle. Dans les années cinquante (50), les programmes de l’école sénégalaise comportaient entre autres matières, l’enseignement systématique de la morale, de la vertu, du civisme…
On apprenait au jeune sénégalais à être digne en toutes circonstances. Ne jamais mentir, voler, trahir, etc…on visait à former le futur bon citoyen, imbu de ses responsabilités d’homme d’honneur, soucieux d’accomplir avec courage, honnêteté, abnégation, ses obligations de membre de la société. Tout jeune qui abordait la vie active, était suffisamment armé pour affronter les difficultés et divers obstacles que tout métier comporte ; que tout milieu humain déploie. Gagner de l’argent, beaucoup d’argent et à tout prix, n’était pas le premier souci du travailleur d’autan.
Qu’en est-il maintenant ?
Hélas ! Le culte de l’argent et des honneurs est devenu la préoccupation majeure du citoyen sénégalais. Les exceptions confirment la règle. Ainsi, tout ce qui permet d’avoir un compte bancaire bien fourni, une villa cossue avec résidence secondaire somptueuse, une ou des voiture(s) puissante(s) et rutilante(s), bref tout ce qui confère honneurs et avantages matériels est à prendre quelles que soient par ailleurs les servitudes qui pourraient en découler. Cette recherche immodérée d’honneurs et de gains conduit parfois, conduit souvent, à accepter ce qui naguère n’était point acceptable. Se renier, s’agenouiller devant son semblable, se « larbiniser » sans vergogne devant ceux qui sont sensés être des égaux, s’humilier devant tout un peuple, est devenu un fait courant, un acte banal. La formule, « on nous tue, on ne nous déshonore pas » n’est plus d’actualité. Il semble que par les temps qui courent, seul un fou irrécupérable, s’attacherait encore à cette valeur des temps anciens.
Sinon comment expliquer les faits vécus ces jours derniers, au sommet de l’Etat ? Le Président de l’Assemblée Nationale, qui ne devrait obéir qu’à sa conscience dans le cadre de l’accomplissement de ses fonctions ; un Président qui s’était arc-bouté à juste raison parce que convaincu de n’avoir commis aucune faute ; un Président qu’une bonne partie de l’Assemblée Nationale appuyait et que le peuple sénégalais, dans sa majorité approuvait ; comment comprendre que ce Président de notre Auguste Assemblée, après avoir résisté vaillamment aux assauts de quelques… ? Fasse subitement marche arrière de peur de subir le sort de la chèvre de Monsieur Seguin ? Reconnaît-il avoir commis une faute ou bien appelle-il au secours, uniquement pour se maintenir en place ?
Tant pis si le peuple lui jette l’anathème ! Tant pis s’il se fait déconsidérer par ses concitoyens pourvu que le grand Chef le laisse jouir de ses avantages ! Tant pis si du haut de « sa chaire » il ne pourra plus inviter avec « force caractère » ses collègues à faire montre de sérénité pour l’examen de tout texte soumis à leur examen !
Ainsi va le Sénégal de l’Alternance
De renoncement en renoncement, de soumission en soumission, on (on = les élus du peuple, les hauts cadres de l’Etat, les grands notables du pays), je dis bien on est en train d’aider un homme à s’accaparer de tous les pouvoirs, à devenir l’unique référence, l’unique juge suprême comme fut Bokassa ou Idy Amine Dada ; comme fut Mobutu Sésé Séko Wasabanga ou plus près de nous El Hadji Sékou Touré. On l’a dit et répété : le pouvoir corrompt ; Le pouvoir absolu corrompt absolument. Dieu merci, le Sénégal n’est pas encore au bord du précipice, mais attention « Il s’y achemine ». Il est temps d’arrêter cette marche inexorable vers le chaos.
Ce sera l’œuvre de tous les Sénégalais, toutes obédiences confondues. Il faut restaurer l’autorité du Peuple, c’est-à-dire, amener tous les élus de la Nation, tout le peuple à se conformer aux lois et, en premier lieu, à la charte fondamentale de notre pays : La Constitution. Celle-ci ne doit plus, elle ne devrait jamais être manipulée au gré des circonstances pour régler des comptes ou redimensionner les pouvoirs au détriment ou en faveur de… Il faut impérativement respecter la séparation des pouvoirs. Le Président de la République, gardien de la Constitution est la plus haute autorité interpellée. Charge oblige ! Pour le renforcement de la démocratie au Sénégal, pour le maintien de la paix sociale, pour nous faire respecter par la Communauté internationale, nous devons veiller, Monsieur le Président de la République le Premier, à respecter et faire respecter nos institutions.
La marche du Sénégal vers un mieux-être est à ce prix. Nul n’a le droit d’être indifférent quand des menaces pèsent sur la tranquillité et la quiétude de tout le peuple. Donc soyons vigilants, tous et méditons s’il vous plaît, sur cet écrit du Pasteur Martin Niemöller.
VIGILANCE
Quand les nazis arrêtaient les communistes, je me suis tu, car, je n’étais pas communiste. Quand ils enfermaient les socialistes, je n’ai rien dit, car, je n’étais pas socialiste. Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté, car, je n’étais pas catholique. Quand ils sont venus me prendre, il n’y avait plus personne qui pouvait protester. (MARTIN NIEMÖLLER)
• Abdoulaye Alpha BA
• Administrateur-Civil, Ancien
• Fonctionnaire Internationalen retraite à Mbour
Les dignitaires du pouvoir font monter de plusieurs crans le projet communicationnel, en créant des organes de presse domestiques. En effet, le politique, dans son désir d’achèvement, s’empare de pans entiers de l’espace médiatique, afin de mener à bon escient la propagande que requiert cette lutte de factions qui déchire l’espace du pouvoir. Les journaux : « Le Messager », « Il est midi », « Express News » appartiennent respectivement à Alioune Diop de la Présidence de la République, Macky Sall, Président de l’Assemblée nationale, Farba Senghor, ministre des transports terrestres, des transports aériens et de l’artisanat. Ce dernier renforce son potentiel médiatique en se dotant de la station radio Express Anour. Les radios Rmd, Océan Fm sont sous l’autorité de Pape Diop, le maire de Dakar et Président du Sénat. Dans ce domaine radiophonique, il faut souligner la création de Sen Info sous l’autorité de Macky Sall lequel fait recours au service de Alioune Fall Directeur de publication du journal Le Devoir pour organiser sa politique de communication. Ce dernier a joué un rôle de premier plan dans le marketing politique de la coalition Sopi 2007 lors des Présidentielles de février 2007 et des Législatives de mai 2007. C’est dans cette logique d’accaparement de l’espace médiatique qu’il faut inscrire l’avènement de Canal Info dans le cadre de l’audio visuel. Il constituait, jusqu’au mois d’octobre 2007, la seule chaîne de télévision privée, à portée de main pour le commun des Sénégalais, qui produisait et diffusait l’information politique. On avait l’impression que les autres chaînes privées en l’occurence 2S Tv, Rdv faisaient l’objet d’ostracisme sur ce terrain se confinant à la diffusion de films, de pièces de théâtre, de vidéo clips, de meetings sportifs, de match de football. Une telle exclusivité relevait d’une discrimination certaine, d’autant plus que Walf Tv, qui aurait du faire contre poids, était hors de portée du sénégalais moyen à cause de son coût onéreux.
Sidy Lamine Niass conscient de l’enjeu démocratique que constitue la libéralisation du petit écran a du prendre une mesure salvatrice en mettant à la portée des Sénégalais les programmes de Walf Tv sur un rayon de 100km à patir de Dakar dans la plus grande gratuité. Cet effort doit être soutenu par tous les démocrates afin que l’ensemble du territoire national soit le cadre ou plusieurs chaînes de télévision rivalisent dans la production et la diffusion de l’information. Celle-ci ne doit plus être l’apanage des médias d’Etat et de la presse domestique que le pouvoir a fait prospérer pour mieux asseoir sa propagande. Afin de briser le monolithisme télévisuel sur le terrain de l’information le Président du groupe Walf Fadjri baissa considérablement le prix d’accès à l’antenne de Walf Tv. Cette approche de proximité initiée par Walf Tv va conduire les chaines de télévision jusqu’ici confinées dans le divertissement, à accorder à la diffusion de l’information une place peu ou prou importante dans leur programme.
L’avènement de Canal Info dans le champ télévisuel s’inscrivait dans une logique d’accaparement de l’information d’autant plus qu’il était l’unique média privé à assurer le journal télévisé.
A bien des égards, cette démarche des autorités trouve sa raison d’être dans la proximité que le gestionnaire de Canal Info, en l’occurrence Vieux Aïdara, a avec la famille du Chef de l’Etat. Cependant l’information plurielle est restaurée sur le petit écran et le débat y reprend ses droits. Ce faisant, Canal Info fait meilleure figure que la Rts qui fait triompher la pensée unique.
Cette approche réductrice de la communication se manifeste dans l’instrumentalisation de la télévision nationale qui opère sous le prisme étroit de mise en vedette de la famille politique du président de la République. Pour donner toute sa visibilité à ce dernier, des journalistes de palais élisent domicile au Palais pour gérer l’image du Chef de l’Etat.
A cet égard, les services de Mohamet Gassama et Khali Seck sont mis à profit pour assurer le reportage, de façon exclusive, des activités du Chef de l’Etat. Ils s’appliquent à faire triompher, par le canal du petit écran, dans la conscience collective l’idée selon laquelle l’oeuvre de Me Abdoulaye Wade a un caractère messianique pour le Sénégal et pour l’Afrique.
Cet enrégimentement de l’espace médiatique est renforcé par l’éditorial du journal « Le Soleil », en tant qu’il sert de vitrine à l’image de marque de Me Abdoulaye Wade. Dans la ligne de la tradition, qui remonte à l’ère senghorienne, l’éditorialiste déroule le fil du récit qui restitue les actes majeurs du Chef de l’Etat. A l’instar du mythe, l’éditorial de Mamadou Sèye qui emboîte le pas au récit de son prédécesseur Hamidou Kassé, raconte comment pour la première fois le Sénégal voit le jour grâce aux prouesses de Me Abdoulaye Wade. Les Grands chantiers, les Grands Prix sont considérés comme autant de travaux d’Hercule de son oeuvre créatrice.
Ce capharnaüm de la communication officielle est le cadre où s’élabore l’éditorial de Mamadou Seye, Directeur Général du journal « Le Soleil ». Journaliste, doublé du politique, ce dernier s’efforce en tant que militant du Pds à donner à l’action du Chef de l’Etat une valeur mythique.
Très en verve, il donne un corps théorique au slogan : Avec Me Abdoulaye Wade, le Sénégal est en marche.
A l’occasion du débat télévisé organisé au sujet du conflit entre la presse et le Pouvoir en juillet 2005, Mamadou Sèye stigmatise les positions des journalistes en lutte contre la confiscation de la liberté de presse.
Il estime que ces derniers veulent être des hommes qui se placent au-dessus des lois. Ainsi, tente-t-il de justifier la répression exercée contre le Groupe Sud Communication sur la base de l’accusation de porter atteinte à la sécurité publique, en diffusant les propos du rebelle Salif Sadio.
Adepte de la communication sur commande, il a peu d’égard à l’endroit de la liberté de presse d’autant plus qu’il se présente comme le gardien du temple politique.
Cette dialectique du jeu politique bifurque sur un versant insoupçonné, où le politique se dédouble en homme de presse épuisant le temps médiatique dans le champ politique. Pour ce faire, il ne se limite plus à la maîtrise de l’art de communiquer sur le modèle de Démosthène, le démagogue, il fait de la possession de l’organe de presse une condition expresse de son combat politique.
Cette démarche qui fait double emploi, s’incarne dans la personne de Farba Senghor, lequel contrôle Express News et Express Anour. A l’inverse de l’éclipse du moi observé par Pape Diop par rapport à Rmd et Océan Fm, Farba Senghor se singularise par la mise en branle de son arsenal médiatique dans la lutte politique en organisant régulièrement des lynchages médiatiques contre ses adversaires. Arc-bouté à sa proximité avec la famille du Chef de l’Etat, il use du terrorisme médiatique pour défaire quiconque contrebalance l’autorité de ce dernier. Les hommes politiques, aussi bien du pouvoir que de l’opposition, les journalistes, les animateurs de la société civile sont ses cibles privilégiées. Force est, de remarquer que le régime de Me Abdoulaye Wade a hypertrophié le rôle de la communication dans l’espace politique en lui donnant les attributs du cogito cartésien : je communique, donc je suis. Ainsi, elle fait office d’essence et prend une signification ontologique, dans la mesure où elle est fondatrice de l’être politique.
Ce phénomène est lui même le produit de l’illusion sur les possibilités qu’offre la communication pour exercer le contrôle du corps social. Le fait de régenter l’information occupe une place centrale dans la stratégie de reproduction du pouvoir. A ce propos, la nouvelle dénomination du Ministère de la communication en Ministère de l’information n’est pas simplement un glissement sémantique. Elle traduit plutôt la vision totalitaire du pouvoir qui emboîte le pas au fascisme et aux démocraties populaires dont la politique de propagande procède de la glaciation de l’information.
On comprend aisément, les raisons qui soutendent la prolifération des organes de presse sous l’égide des dignitaires du pouvoir. Cet exercice est doublé de la politique de harcèlement contre la presse indépendante. Celle-ci fait l’objet de menaces et d’expéditions punitives de la part des affidés du régime.
Par Mamadou Abdoulaye NDIAYE et Alpha Amadou SY, professeurs de philosophie,écrivains
(à suivre)
CHAMP POLITIQUE ET TEMPS MEDIATIQUE
La question de l’éthique occupe aujourd’hui une place centrale dans le débat démocratique. Cet intérêt réside dans le fait que la République ne saurait être sauvegardée, que si les valeurs sur lesquelles elle se fonde sont restaurées. Ainsi, l’éthique devient un point de focalisation pour tous ceux qui sont mus par l’idéal démocratique, car elle interpelle les protagonistes du jeu politique et les sentinelles de celui-ci, notamment, les journalistes.
Cette double convocation par la question de l’éthique, des politiques et des hommes de presse, tient son importance dans l’équipollence dialectique entre le champ politique et le temps médiatique. L’espace et le temps ne sont pas des entités irréductibles comme l’avait conçu la physique newtonienne dans le sillage de laquelle s’est élaborée la théorie kantienne des formes à priori de la sensibilité : l’espace permet de camper les corps, tandis que le temps permet de circonscrire les évènements.
En vérité, l’espace et le temps sont articulés comme les termes d’une dialectique dont chacun est la vérité de l’autre. Dans le champ quantique exploré par Max Planck, la masse et la vitesse sont les déterminations simples du phénomène physique ; le photon. C’est pourquoi on assiste au déclin des absolus physiques selon l’heureuse formule de Bouligan. Dès lors, la physique relativiste est en droit de soutenir avec Albert Einstein que la masse est fonction de la vitesse. Cette approche révèle sa fécondité dans le contexte du marketing politique où le champ politique est largement déterminé par les techniques de la communication de masse lesquelles donnent à l’action politique sa visibilité, sa représentation, son image. Le virtuel que produisent les technologies de l’information fait office de réel et reproduit de façon fantasmagorique les dimensions du champ politique. Ainsi, champ politique et temps médiatique relèvent des deux aspects contradictoires du marketing politique. Celui-ci régit maintenant le jeu politique et l’espace publique désormais soumis à la logique de la publicité.
I - De l’usage du marketing politique
Dans l’univers de la politique-spectacle où les instruments de la publicité et les techniques de lobbying sont utilisées, on assiste à un double dédoublement : du politique en homme de presse et de l’homme de presse en politique. Dès lors, c’est dans la même réalité que se résorbe la dialectique entre le champ politique et le temps médiatique. Le dernier terme, dans une certaine mesure, procède de la chronométrie des évènements qui s’épanchent dans le champ politique. En vérité, le temps médiatique est le mode par lequel le champ politique se révèle dans une publicité pleine et entière pompeusement appelée politique de communication.
L’espace médiatique offre ses structures d’accueil aux hommes politiques et aux hommes d’affaires, souvent mus par des préoccupations étrangères à l’exigence d’informer juste et vrai.
Ces derniers, en proie à la loi implacable de la concurrence économique et à la logique meurtrière du combat pour le pouvoir, déportent dans l’espace médiatique les luttes de factions du jeu politique et les deals qui déchirent le monde des hommes d’affaires. Ce faisant, l’espace médiatique intègre simplement le champ politique en constituant sa dimension temporelle, pour circonscrire et livrer à la publicité pleine et entière ses diverses manifestations appelées évènements politiques.
Le temps médiatique en se substituant aussi à l’espace médiatique, fonctionne comme le chronomètre du fait politique qui s’écoule dans la durée. Ainsi, le politique et l’opérateur économique ont tendance à imprimer leur cachet à la ligne rédactionnelle de l’organe de presse qu’ils financent, même s’ils délèguent leur pouvoir à un Directeur de publication, à jour avec le professionnalisme. Cette démarche trouve sa raison d’être dans le fait que les outils médiatiques font partie du mécanisme de reproduction élargie sur les plans politique et économique.
Depuis très longtemps, la politique politicienne a emboîté le pas à l’entreprenariat économique en créant des politiciens professionnels, qui investissent dans l’activisme politique des capitaux impressionnants en vue d’obtenir des gains politiques. Ces gains se réaliseront avec l’exercice du pouvoir, qui est le lieu privilégié de l’accumulation de richesses dans des pays où la démocratie n’a pas l’épaisseur historique requise, pour faire prévaloir l’éthique dans la gestion des biens publiques.
Dès lors, le glissement de l’espace médiatique dans le champ politique apparaît comme le phénomène le plus impressionnant de ces dernières années. Il est favorisé par la politique politicienne et le libéralisme outrancier que déroule la mondialisation sous les tropiques.
Le problème du statut du propriétaire de l’organe de presse se pose dès lors dans toute son acuité. Quel est le critère d’éligibilité pour l’obtention d’un support de presse ? Le professionnalisme doit-il être un critère de validation ? Quelle place donner à l’éthique dans la gestion d’une entreprise de presse ? L’expertise journalistique est-elle à l’abri des tentatives de domestication de la part des puissances politiques et financières ?
A cette dernière question, la réponse apportée est vraiment négative, à l’aûne de la pratique journaliste des hommes de presse inféodés aux leaders politiques. Le professionnalisme est fortement corrodé par la posture politique de l’homme de presse, dont le sens de l’objectivation des faits sociaux et des évènements est réduit à néant par la défense des positions politiques de son directeur de conscience : le maître politique. Quand l’investigation journalistique est subordonnée à une logique politique secrétée par le jeu politique, le traitement scientifique de l’information est compromis. Certes, les faits traités par l’homme de presse ne sont pas des choses, cependant leur abordage informationnel judicieux requiert l’exigence d’honneteté, c’est à dire le sens de la neutralité subjective. Ce critère permet de valider l’information à l’aune de la justesse et de la véracité. Une telle démarche n’est pas à la portée de l’homme de presse qui se dédouble en politique, et glisse de l’espace médiatique vers l’espace politique où il dispose d’une posture politique.
A cet égard, Cheikh Yérim Seck s’est beaucoup illustré dans la défense et l’illustration de l’image politique de Idrissa Seck. Ses différentes interventions dans la presse sénégalaise, de 2004 à nos jours, sont modulées par le conflit qui oppose Idrissa Seck et le Chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade. Dans l’esprit du militant de Rewmi, le journaliste de « Jeune Afrique L’Intelligent » s’évertue de façon récurrente à donner de la crédibilité à la démarche politique de l’ex-Premier ministre. Il stigmatise avec la dernière énergie le pouvoir dont l’erreur la plus monumentale, fait-il remarquer, relève de sa tentative de liquidation du Maire de Thiès. Sa polémique avec le ministre de l’Intérieur Me Ousmane Ngom s’inscrit dans cette logique politique.
Effectivement, le politique dans son désir d’achèvement s’empare de pans géants de la presse afin d’organiser son lobbying dans toutes les directions. Le Maire de Thiès, en hypertrophiant la portée des technologies de la Communication, estime que l’image du politique est la condition de possibilité de la réussite. Il s’est alors attaché les services de Souleymane Jules Diop pour asseoir son image de marque, en polissant la tonalité du discours, la fluidité du geste, en rythmant l’emphase. Prenant le paraître pour l’être, il assigne au marketing politique une fonction démiurgique dans son projet politique. Dans le cadre de la crise de la dualité du pouvoir, le site Rewmi.com a été un puissant vecteur des idées-forces du courant politique porté par Idrissa Seck.
Ce dévoiement du journalisme, qui opère comme une excroissance du jeu politique, apparaît avec beaucoup de relief dans la chronique de Tamsir Jupiter Ndiaye, réservée à l’image de Iba Der Thiam en quête de « renaissance » politique dans l’empire de Me Abdoulaye Wade. Il peint un tableau dont l’esthétique peut rivaliser de brio avec la Joconde de Léonard de Vinci. Il suffit de voir les termes de ce discours pour s’en convaincre : « Iba Der Thiam est un universitaire brillant, un professeur émérite, politiste, philosophe, historien, scientifique, d’une générosité sans pareil ... » ce texte apologétaire révèle tout son intérêt dans le contexte de recentrage politique suscité par la refondation du Parti démocratique sénégalais (Pds), initiée par son secrétaire national ; Me Abdoulaye Wade. Mieux la portée de la chronique de Tamsir Jupiter Ndiaye peut être jaugée à l’aûne des propositions du professeur Iba Der Thiam consignées dans un texte publié dans la presse sénégalaise au même moment.
Sans aucun doute le chroniqueur de Nouvel Horizon balise le terrain « au député du peuple » qui se positionne pour cette redistribution des cartes politiques en perspective dans le pouvoir issu de l’alternance. Il s’agit d’une nouvelle quête de la part de l’ancien Secrétaire général de la Cdp-Garabgi, afin d’amener le maître du jeu, lequel lésine encore, à lui conférer un pouvoir digne de son rang. La chronique, telle qu’elle se contextualise, est écrite sous la dictée du politique dans l’optique d’un arrachement à la mouvance présidentielle dont l’immobilisme est ruineux au redéploiement politique de Iba Der Thiam, sur l’échiquier politique national. Cette lecture est confortée par le doute, qui s’empare du collaborateur de Me Abdoulaye Wade, dans l’aventure du pouvoir. L’on s’interroge désormais sur le bien fondé de la démocratie sénégalaise sous le magistère de Me Abdoulaye Wade. Ce dernier est interpellé en ces termes : »ceux qui gouvernent doivent avoir de la générosité et le courage de pardonner, la volonté d’écouter toutes les opinions, la tolérance, de ne jamais se venger, la patience de beaucoup encaisser sans nervosité, la capacité de dépasser les passions, de s’ouvrir constamment aux autres et de parler à tous sans exclusive" (Iba Der Thiam 17 propositions pour l’action Sud Quotidien 04 septembre 2007)
Dans le même ordre d’idées, l’on assiste à une rupture avec la vision idyllique que charrie l’alternance :« A l’heure où le débat sur le dialogue politique occupe les Etats majors politiques, je pense que l’enjeu est si important, qu’il mérite d’être élucidé pour que notre pays demeure un phare, une référence et un modèle, qui montre la voie aux autres. Il découle d’un constat vérifié ou supposé, que notre démocratie n’est pas sereine, elle est turbulente et verbalement violente, parce que farouchement crypto-personnelle » (Iba Der Thiam op. cit.)
Ce surgissement du « je », dans l’espace de la mouvance présidentielle saturée par la personne de Me Abdoulaye Wade, témoigne d’un signe avant coureur d’une déconnexion politique. Le « je » en portant 17 propositions pour corriger les erreurs de la démocratie, met en mouvement une alternative politique qui sort de l’ornière de la CAP 21.
La subjectivité, qui imprègne les propositions de Iba Der Thiam, révèle que ce dernier opère une rupture de ban avec le pouvoir de l’alternance, lequel n’a pas su lui donner le statut à la dimension de sa stature politique. Dans cette logique de disqualification de son rang politique, tous les ministres issus de son sérail ont été limogés. Ce vide fait autour de sa personne est d’autant plus significatif, qu’il s’effectue dans le contexte de la refondation du Pds, dont l’ambition est de redimensionner le pouvoir dans la perspective de l’après Wade. Or, cette nouvelle dynamique politique met sur la sellette Macky Sall, Karim Wade, Idrissa Seck. Pour sortir du guêpier dans lequel le pouvoir de l’alternance l’a empêtré, l’ex-secrétaire général de la Cdp Garaab-gui déroule les premiers jalons d’un projet politique dont, la publicité est laissée au soin des tenants du marketing politique. Tamsir Jupiter Ndiaye s’efforce de crédibiliser cette nouvelle démarche, dont l’enjeu est mis en exergue par le politique en ces termes : « si ces conditions minimales sont observées par tous, le Sénégal aura apporté au patrimoine de l’Universel, une contribution, sans aucun doute, inestimable. » (Iba Der Thiam op. cit.)
Les tenants du pouvoir issu de l’alternance, sans conteste, affectionnent mieux que quiconque le marketing politique. Ils considèrent l’art de la communication comme la condition sine qua non pour conserver les espaces de pouvoir en assurant la visibilité sur l’échiquier politique. Dans cet ordre d’idées, la politique de communication s’effectue sur le mode de la théâtralité en vue de dégager un effet de séduction envers le maître du jeu politique.
(à suivre)
Par Mamadou Abdoulaye NDIAYE et Alpha Amadou SY professeurs de philosophie, écrivains
CHAMP POLITIQUE ET TEMPS MEDIATIQUE
II -L’accaparement de l’espace médiatique et la liberté de presse
Interférences ? Distance critique ?Connivences ? Manipulations ? Les questionnements sont multiples dans la saisie des rapports entre les hommes politiques et les journalistes. Comment aider à mieux lire une relation qui fait de plus en plus débat dans un environnement où l’opinion prend le dessus sur le fait, le marketing politique sur le « parler vrai » ? Mamadou Abdoulaye Ndiaye et Alpha Amadou Sy, philosophes, écrivains aident à comprendre le nouveau cours politico-médiatique. Dans la première partie de cette contribution publiée hier, lundi 14 janvier, ils fixent leurs repères : l’exploration du champ politique et le vécu du temps médiatique. Mamadou Abdoulaye Ndiaye et Alpha Amadou Sy donnent à comprendre, dans un contexte de forte concurrence économique, une certaine pratique du journalisme, à mille lieux du « informer juste et vrai ». A partir de l’analyse du traitement de certains cas (Affaire Idrissa Seck, interpellation du Président Wade après les 17 propositions de Iba DerThiam), ils montrent comment des hommes de médias ont fait plus dans la communication voire dans la propagande (dérives qui ont prospéré sous l’alternance) que dans le journalisme. Dans cette édition, Mamadou Abdoulaye Ndiaye et Alpha Amadou Sy poursuivent la réflexion en abordant le chapitre de l’accaparement de l’espace médiatique qui ne peut être sans conséquences fâcheuses sur une liberté de presse proclamée mais de plus en plus malmenée.
APE CONTRE ASSISES NATIONALES A la recherche d'une clase politique perdue
Article Par Khalil GUEYE, Directeur, NBN Télévision,
Paru le Vendredi 11 Jan 2008
Je ne saluerai point l’alliance qui s’est faite autour du Président Wade dans sa croisade contre les APE parce que tout simplement je constate que la liberté d’expression n’est pas la première vertu de son régime. La théâtralisation d’une question aussi cruciale que celle de la survie des peuples africains et sa récupération politicienne par les tenants du pouvoir attestent suffisamment d’un manque d’agenda clair et net de l’Administration Wade. Il y a mieux à faire ! Si l’on sait que le Président Wade a clairement laissé entendre au dernier sommet de Lisbonne qu’il ne signerait pas, que d’autres initiatives allant dans le sens de faire comprendre à l’Union Européenne que le Sénégal n’était pas partant ont été prises, on peut légitimement se demander la pertinence de tout ce raffut. Une position a été prise et les Européens ne sont pas bêtes qui la comprendront et la respecteront certainement. Les Européens savent que nous ne sommes plus à l’âge où l’on nous faisait signer n’importe quoi et que les dirigeants africains n’ont jamais reflété le niveau de courage, de compréhension du monde et de modernisme des peuples qu’ils sont censés diriger. Aujourd’hui, les occidentaux les plus intelligents n’osent plus mesurer notre personnalité à l’aune de celle de nos dirigeants. Donc le message est clair : on ne signera rien du tout, advienne que pourra. Ok ! Et si cela se trouve Wade bouge contre les APE parce qu’ il sent derrière lui la bronca du peuple. Mais cela ne devrait nullement occulter les nombreux problèmes auxquels sont confrontés le Sénégalais, parmi lesquels—oh, paradoxe !—la liberté d’expression. Les nombreux opposants, syndicalistes, étudiants ou journalistes jetés en prison ou menacés de mort parce qu’ils ont osé donner leurs opinions sur telle ou telle question ou manifester leur frustration n’honorent pas notre pays. Combien de marches ont été interdites ou sauvagement réprimées par les forces de l’ordre dans notre pays depuis l’accession démocratique du Président Wade au pouvoir? En refusant cette forme nouvelle d’esclavage que constituent les APE, Wade a obtenu, sans coup férir, l’adhésion de bon nombre de Sénégalais, même celle de membres de l’opposition qu’il ne veut aucunement rencontrer à un moment crucial de la vie de notre pays où s’impose la tenue d’assises nationales.
Le Président Wade ferait mieux d’accepter de discuter avec l’opposition et de travailler à renforcer la liberté d’expression au Sénégal. Il renforcerait ainsi sa crédibilité auprès de nos partenaires au développement et de saintes et saines alliances se feraient alors autour de lui avec beaucoup moins de bruit. En gros, il aurait plus de classe en politique.
PS. Ce commentaire est disponible en langue Anglaise et en vidéo sur www.nbnlive.com sous la rubrique SPECIAL COMMENT .
Editorial : Par Mamadou Oumar Ndiaye
Avertissement
samedi 24 novembre 2007
La flambée de violence qui a déferlé durant toute la journée d’hier sur Dakar et sa périphérie n’était pas à vraiment dire surprenante. Il y a longtemps en effet que le feu couvait sous la cendre et Le Témoin en particulier, la presse en général, n’a jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme et de mettre en garde les autorités. En vain car il n’est pire sourd que celui qui ne veut point entendre. Et pire aveugle que celui qui ne veut rien voir.
Autiste, sourd et aveugle, mais certainement pas muet ! le régime dit de l’Alternance s’était emmuré dans ses certitudes. Et dans sa fuite en avant suicidaire. Pas plus tard que la semaine dernière, dans le commentaire qu’avait signé votre serviteur, nous écrivions ceci qui était terriblement prémonitoire : « Toute cette agitation semble bien sûr totalement surréaliste, voire carrément incongrue aux yeux des Sénégalais qui ne comprennent pas que des responsables politiques s’étrillent ainsi alors qu’eux-mêmes sont confrontés à une flambée sans précédent des prix des denrées de première nécessité. Un peu comme des gens qui danseraient un Mbalakh endiablé sur un volcan en apparence endormi mais qui s’apprêterait à entrer en éruption… » Tout était dit dans ce passage.
Seulement voilà, les responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds), qui sont également — et pour notre malheur — ceux qu’on retrouve au gouvernement avaient leurs énergies tout entières consacrées, non à la résolution des problèmes des Sénégalais, non pas à l’atténuation des effets de la grave crise économique à laquelle ils sont confrontés, mais plutôt à des querelles dérisoires du genre suppression du poste de numéro deux et limogeage du président de l’Assemblée nationale. Comme si le Sénégal n’avait pas d’autres priorités ! Il se trouve hélas que depuis la réélection, triomphale n’en doutons pas, du président de la République dès le premier tour de la présidentielle de février dernier, le parti au pouvoir est agité de luttes fratricides pour la succession du même Président. Lequel ne doit pourtant partir que dans cinq années si Dieu lui prête vie.
Les observateurs les plus lucides savaient que le Sénégal vivait une situation quasi-insurrectionnelle et qu’il suffisait de peu, d’une étincelle, pour mettre le feu aux poudres. C’est que les frustrations accumulées par nos compatriotes sont tellement nombreuses qu’ils fallait nécessairement qu’elles s’expriment violemment un jour, un peu comme de l’air trop comprimé finit par propulser le bouchon de la bouteille qui le renferme. Alors que les prix du lait, du sucre, du riz, du pain, du transport ne cessaient d’augmenter et le pouvoir d’achat de se déprécier, alors que les coupures d’électricité intempestives — les fameux délestages — empoisonnaient le quotidien des gens en réduisant pendant des journées entières les artisans au chômage, alors que la famine s’est installée dans certaines poches de notre campagne au point de pousser l’Eglise à sortir de sa réserve, on multipliait les institutions aussi budgétivores qu’inutiles comme le Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales (Craes) et le Sénat.
Pis, on augmentait le nombre de députés, on ouvrait de nouvelles ambassades dans des pays qui n’ont aucun intérêt économique pour le Sénégal et, surtout, on accroissait le nombre de ministres. Et ce alors même que pendant l’élection présidentielle, le président de la République en personne s’était engagé à faire subir une cure d’amaigrissement à son gouvernement. De ces promesses comme de tant d’autres, autant en a emporté le vent. Alors que pour le commun des Sénégalais c’était chaque jour moins de vivres dans le panier de la ménagère, chaque jour un pouvoir d’achat amoindri, chaque jour moins d’emplois, chaque jour moins d’électricité, pour l’Etat c’était chaque jour plus de dépenses grandioses, plus de cadeaux pour les ministres, députés et sénateurs, plus de voitures luxueuses, plus de villas somptueuses. A eux les privilèges, au peuple les sacrifices et la misère ! Bien évidemment, une telle situation ne pouvait pas durer éternellement. Quand on touche le fond, on ne peut plus que remonter, et lorsqu’on a le dos au mur, quand on est acculé, on est bien forcé de se révolter. Et c’est ce qui est arrivé hier. L’étincelle qui a mis le feu aux poudres, la goutte d’eau de trop dans la mer des frustrations des Sénégalais, c’est cette chasse aux marchands ambulants ordonnée par le président de la République. Aussitôt dit, aussitôt fait. Pendant des jours, ces « bana-bana », ces vendeurs à la sauvette, mais aussi les marchands tabliers et même les crieurs de journaux ont été pourchassés sans ménagement, matraqués, harcelés, interdits de séjour et d’exercer leurs activités. Comprenons-nous bien, cependant : la mesure de déguerpissement en elle-même est salutaire car Dakar est l’une des capitales africaines les plus anarchiques et les plus sales. Entre autres responsables de cette situation, les autorités libérales, les maires d’arrondissement et celui de la Ville notamment, qui ont fini de « cantiniser » la ville et d’octroyer des autorisations de s’installer sur la voie publique à leurs militants. Toute mesure visant à désencombrer la capitale est donc à saluer. Le problème est ailleurs…
Pour en revenir aux « bana-bana », ces jeunes gens, des ruraux chassés par la misère de nos campagnes pour la plupart, mais aussi des déchets de notre système éducatif, étaient parmi les plus fervents supporters du régime, parmi les acteurs de l’Alternance. Les desperados qui prenaient les pirogues « lothios » pour se lancer à l’assaut de l’Espagne, et dont un bon nombre ont péri au fond de l’océan, provenaient majoritairement de leurs rangs. Cette chasse aux ambulants, ce « désencombrement » sans possibilité de recasement ailleurs, ont sommé la rupture entre ces « sopistes » de la première heure, et la Nomenklatura libérale. Laquelle s’est enrichie de manière subite et a multiplié les signes extérieurs de richesse au grand dam d’une population qui n’a cessé de se paupériser et d’une classe moyenne qui s’est prolétarisée. Désormais, il n’y a plus dans le pays que deux pôles : Une petite minorité extrêmement riche, d’un côté, et la grande masse de la population qui tire le diable par la queue de l’autre. Sans compter que tous les prédateurs socialistes qui avaient été sanctionnés par le peuple en 2000 se sont recyclés dans le régime libéral où ils occupent des positions clefs. Surtout, pendant que les caisses de l’Etat sont désespérément vides, on multiplie les mesures provocatrices comme l’annonce de l’acquisition d’un nouvel avion présidentiel pour un coût de 50 milliards de nos francs. Jamais le Sénégal, pays de brillantes élites pourtant, n’avait compté autant de ministres et de dirigeants incompétents, arrogants et corrompus. Mais le plus grave, c’est sans doute la mise à genoux de fleurons de notre industrie comme les Ics acculées à la faillite par les connexions maffieuses de certains cercles du pouvoir qui, à travers le Français Jérôme Godart et les contrats léonins qui lui ont été signés, ont coulé ce géant industriel national. Et que dire de la privatisation pour le moins nébuleuse de l’ex-Sonacos (Société nationale de commercialisation des Oléagineux du Sénégal) bradée alors qu’elle dispose d’un fabuleux patrimoine foncier ?
La provocation s’est poursuivie avec la décision de chasser le groupe Bolloré de notre pays — c’est tout comme avec l’affectation du terminal à conteneurs du port de Dakar à la société Dpw de Dubaï — malgré ses plus de 80 ans de présence et ses 6000 emplois au profit d’un groupe arabe aux contours mal définis. On peut citer également le choix de la rupture avec les Américains du Millenium challenge corporation (Mcc) qui allaient financer par un don de quelque 300 milliards de francs cfa la Plateforme de Diamnadio au profit de la firme de Dubaï Jabel Ali Free Zone Administration (Jafza). N’en jetons plus sauf pour parler de cette décision pour le moins hasardeuse, et lourde de conséquences économiques pour notre pays, de se retirer de l’Asecna, l’une des plus vieilles organisations communautaires africaines car créée en 1959 à Saint-Louis du Sénégal et ayant son siège social à Dakar où elle emploie près de 600 personnes. Toutes ces décisions hasardeuses, ces provocations à l’endroit des Sénégalais, l’arrogance des nouveaux riches et parvenus du régime, le train de vie dispendieux de l’Etat, le renchérissement constant du coût de la vie, les querelles de chiffonniers à l’intérieur du parti au pouvoir, les manœuvres pour destituer le président de l’Assemblée nationale sur fond de transhumance opportuniste vers la « Génération du concret », tout cela avait fini par indisposer les Sénégalais qui ruminaient leurs frustrations et retenaient leur colère… Un ras-le-bol dont une partie s’est exprimée violemment hier, sans qu’il soit sûr que nos compatriotes aient fini de vider leurs rancœurs. Pour le régime libéral et pour son chef, le président de la République, Me Abdoulaye Wade, il s’agit assurément d’une alerte, d’un avertissement, d’un signal. Sauront-ils le décrypter pour éviter l’explosion généralisée ? Toute la question est là… Mamadou Oumar NDIAYE
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