discrimination positive ou solidarité négativ
La parité, discrimination positive ou solidarité négative ?
Posons-nous des questions sur la parité, ou sur cette façon des femmes d’accéder au pouvoir : est-ce une ‘discrimination positive’ ou une ‘solidarité négative’ ?
A l’heure actuelle où ce qui est à la mode, c’est tout ce qui est lié au genre, aux rapports de genre, c’est-à-dire aux rapports sociaux de sexe, beaucoup d’interrogations sont agitées qui consistent à y voir de près à remettre en cause un ordre social plusieurs fois millénaire. Un ordre ancien qui avait fini par faire croire qu’il était dans la nature des choses. Or, avec les vents d’égalitarisme, d’émancipation, causés par une prise de conscience que cet ordre n’a rien de naturel et donc d’immuable, ces interrogations ne font qu’entrer dans la logique des choses. Mais, elles sont souvent empreintes de tiraillements ; comme d’ailleurs l’on pouvait s’y attendre, parce qu’un ordre social aussi ancien que celui-là, ne pourrait être revisité sans créer des dissensions.
Ainsi, s’il y a des conflits de genre, c’est que ces rapports sont en mutation fondamentale, chacun y perd ses repères. Et chacun y va avec ses remèdes. Et parmi ces remèdes proposés pour plus d’égalité entre les sexes, la parité.
Mais, ce remède n’est pas sans poser un autre débat de fond, qui divise en deux les penseurs. Et comme tout le monde le sait, les idéologies sont au cœur d’un changement social ou de la résistance à ce changement.
Ainsi, deux clans se dégagent, ceux qui sont pour la parité et ceux qui sont contre. Ceux qui sont pour arguent nécessairement que :
- Premièrement dans une société, pour plus d’égalité, il faut passer par des politiques ou des actions de ‘discrimination positive’, au moins momentanément, pour tirer les défavorisés de toute sorte, ici en l’occurrence les femmes, de leur condition qui ne serait pas enviable.
- Deuxièmement, pour ces derniers, les femmes ne constituent pas une communauté, mais la moitié de l’humanité, ainsi toute crainte de ‘communautarisme’ serait injustifiée et injustifiable.
- Troisièmement enfin, ce serait parce qu’on s’est longtemps gargarisé de principes théoriques, comme celui d’universalisme, de non-interventionnisme et d’autres vœux pieux, que la situation de la femme s’est laissée longtemps scléroser par cette inaction. Halte aux vœux pieux, passons à l’action ! Et cette loi sur la parité serait une forme de rupture avec un statu quo analgésiant.
Ceux qui sont contre la parité, naturellement, développent que :
- Premièrement, une république quelle qu’elle soit, reposerait sur le principe d’universalisme. Un principe qui veut que la république ne reconnaîtrait que le citoyen abstrait, qui ne pourrait être donc défini par aucune qualité religieuse, sociale, culturelle ou sexuelle.
- Deuxièmement, avec ces mesures paritaires, on ne ferait montrer là que la femme est encore victime d’une double image qui n’encouragerait pas son émancipation : celle d’un enfant qu’il faut aider ou celle d’une reine d’une nuit qu’il faudrait courtiser, servir, pour mieux l’asservir.
- Troisièmement, avec ces lois, on risque non pas de gommer les différences sexuelles, mais au contraire, de les exacerber. Et alors, bonjour aux vieux démons ! Bus pour les femmes, réification du corps féminin (élection miss, retour du voile, etc.), etc.
- Quatrièmement, l’on pense que cette ‘discrimination positive’ peut se révéler être vraiment une ‘solidarité négative’ en ce sens qu’elle risque d’entraîner ce qu’on pourrait appeler une ‘concurrence des fondamentaux’.
Chaque catégorie sociale défavorisée essayant ainsi de tirer vers soi par mimétisme. Les femmes, à la suite de celles-ci (ou en même temps), les jeunes, les chômeurs, les handicapés, les Sérères, la Casamance, etc. Chaque groupe ayant de bonnes raisons de revendiquer meilleur traitement et mieux être.
Alors, voilà sommairement les arguments des uns et des autres. Des arguments de taille de part et d’autre, il faut le reconnaître !
Autre chose aussi est de savoir si la parité, au moins dans les institutions partiellement ou totalement électives, peut changer quelque chose dans la situation sociale des Sénégalais, surtout si l’on sait que cette ‘Assemblée nationale’, les institutions étatiques d’une manière générale, sont carrément en déphasage d’avec la volonté populaire ? Les honorables députés n’étant là que pour leurs propres intérêts et pour l’intérêt du pouvoir exécutif d’Abdoulaye Wade. Du moins, si tel était l’objectif, ils ne s’y prendraient pas autrement !
Ainsi, quel Sénégalais ose prétendre connaître réellement la fonction de nos députés, ou plus précisément, qui ose dire honnêtement connaître une seule loi débattue, adoptée et votée par ces honorables députés masculins et féminins, hormis ces lois politiciennes (loi Ezzan, c’est la seule dont je me souviens, en ce qui me concerne) qui nous rabâchent les oreilles de temps à autre ? On n’aurait pas eu de députés, ce serait du pareil au même ! Et le Sénat, c’est un homme ou une femme ?
Laissons-nous divertir une fois de plus, en concédant qu’Abdoulaye Wade est véritablement bien intentionné et que la situation de la femme sénégalaise le préoccupe au plus haut point, et qu’avec cette mesure, ce qui serait visé, c’est la promotion de la femme. Alors, avant de nous empresser de pincer les koras et de frapper les balafons, voyons d’abord si, ailleurs dans le monde, des pays ont eu à adopter des mesures paritaires, et si ces mesures ont eu les effets escomptés ? C’est une question qui vaut la peine d’un détour, parce que cela nous permettrait de comprendre où en sont les pays pionniers dans ce domaine, et en ayant compris où ils en sont, peut être pourrait-on savoir où le Sénégal en serait-il ?
Prenons notre mentor premier, en l’occurrence la France. Dans ce pays, soixante ans après l’instauration du suffrage universel, les femmes sont toujours très peu représentées à l’Assemblée nationale et au Sénat malgré la loi sur la parité votée en… 2000 ! Peut-être que le Sénégal fera mieux que la France (12,3 %) et coiffera au poteau des pays beaucoup moins misogynes et qui ont une longue tradition de femmes au niveau d’un hémicycle, comme la Suède (45 %), le Danemark (38 %), la Finlande (37,5 %), etc. ?
En vérité, rien n’empêche de penser qu’il se pourrait que les Sénégalais surpassent le monde entier dans ce domaine (il ne faut pas oublier que les Sénégalais, à l’image de Abdoulaye Wade, sont meilleurs en tout), sauf si l’on décide d’interroger la réalité ? Et en réalité, une Assemblée nationale composée d’autant d’hommes que de femmes (ce qu’aucun pays au monde ne présente), ne saurait être une expression que la société qu’elle est sensée représenter, est androgyne. D’autant plus qu’en réalité, d’autres pays de longue tradition féministe ont fini de montrer que même avec une loi instaurant la parité, là où cette loi avait été votée (au niveau de ces hémicycles des pays respectifs), cette parité n’y transparaît pas encore.
Mais en réalité, une loi sur la parité, serait-ce une discrimination positive ou une solidarité négative ? Il faudrait reconnaître qu’avec cette proposition de dernière minute, l’opposition se laisse distraire et tait comme par enchantement ses récriminations post-élections présidentielles et se voit obliger de se repositionner devant cette possible nouvelle donne. Tandis qu’en réalité enfin, le peuple se demande si ses représentants (exécutif, législatif, judiciaire et de plus en plus journalistique) ne se moquent pas de lui, tant sont ignorées ses préoccupations premières.
Il était une fois, un marchand de foie qui disait toutes les fois, un peuple, un but, ma foi discriminez-moi !
Mamadou Moustapha WONE Sociologue BP: 15812 Dakar-Fann moustaphawone@voila.fr
Jean Paul Dias sur la parité : «C’est une loi dangereusement démagogique»
La loi dite de la «parité absolue» lors des élections législatives, sénatoriales et locales a été votée à l’Assemblée nationale dans une atmosphère de kermesse.
La loi dite de la «parité absolue» lors des élections législatives, sénatoriales et locales a été votée à l’Assemblée nationale dans une atmosphère de kermesse. Au Sénat, tout autorise à s’attendre à un carnaval.
Faisant preuve d’un manque de courage manifeste, les formations politiques, toutes obédiences confondues, avaient déjà brillé par leur silence, craignant, à tort d’ailleurs, de donner dans le politiquement incorrect et de s’aliéner, ultérieurement, le vote féminin si tant est qu’il existe au Sénégal.
La grande majorité des députés hostiles à l’adoption de cette loi ont préféré s’absenter laissant, seuls, dans l’Hémicycle, trois vaillants mousquetaires pour oser défendre la vérité sociologique, culturelle et politique de notre pays.
Résultat : une loi dangereusement opportuniste, inutilement démagogique, purement politicienne.
Loi dangereusement démagogique
Depuis longtemps, une foultitude de femmes de ce que l’on appelle la société civile, instruites, parfois assez diplômées, s’agite dans des associations diverses et autres Ong. Elles apparaissent bien faites de leur personne, disposent d’emplois, de revenus et d’un standing matériel général respectables mais souffrent d’anonymat social malgré leur activisme.
Pour bénéficier de la renommée sportive, les diplômes ne suffisent pas. Il faut passer par la souffrance des entraînements et, surtout, après 25 ans, il vaut mieux y renoncer. Quant à la célébrité artistique, elle ignore les licences et autres doctorats mais exige le talent. Reste la notoriété politique qui semble banale à acquérir puisque des ménagères y parviennent.
Or là, nos bourgeoises ne se voient pas respirer la poussière des sentiers, pistes et chemins et en polluer leur défrisage. Elles ne s’estiment pas avoir vocation à s’égosiller ou acclamer dans les meetings, ne supportent pas l’envahissement militant de leur salon, les dépenses sociales (ex : ordonnances) qui s’imposent au responsable politique, les démarches et réunions nocturnes car les chaînes de télévision cryptées n’attendent pas, le covoiturage (fait de partager sa voiture) avec la populace qui risque d’endommager le cuir des sièges etc.
Au total, les misères et autres difficultés de la vie politique, c’est pour les illettrées. Quant à un éventuel séjour en prison, la récurrence des attaques et dénigrements médiatiques, les potentielles agressions verbales voire physiques, ça c’est bon pour les hommes et les femmes ménagères. Pas question d’imaginer les vivre. La société civile méprise la galère. La posture idéale consiste à attendre qu’un groupe conquiert ou conserve le pouvoir pour se présenter sous Cv ronflant et donner dans l’opportunisme d’offre de services.
Voilà le type de femmes qui, après avoir tout tenté, ont poussé à la roue pour en arriver à cette loi inique. Elles souhaitent exister publiquement sans peine. A travers cette loi, elles ont obtenu la courte échelle dont elles ont toujours rêvée.
Leur postulat de base réside en ce que, les femmes étant supposées plus nombreuses que les hommes ou au moins quantitativement en nombre égal, elles devraient se partager les responsabilités politiques avec ces derniers.
Dans ces conditions, pendant qu’on y est, pourquoi pas une «parité absolue» entre jeunes et adultes, les premiers étant plus nombreux que nous. Idem avec les analphabètes plus nombreux que les diplômés et simples instruits ; avec les ruraux plus nombreux que les citadins ; entre chômeurs et travailleurs ? etc.
Pourquoi pas une «parité relative» entre chrétiens et musulmans ; à l’interne, entre confréries musulmanes, entre ethnies etc.
Pour dire, simplement, que cette loi est dangereuse et opportuniste. Déjà, on entend une femme député déclarer que la nouvelle loi ne leur suffit pas. Il leur en faut davantage et plus. Dans la prochaine étape, elles vont exiger qu’alternativement la présidence de la République soit tenue par un homme puis une femme, que les enfants portent leur patronyme, que puisque le régime de droit commun du Code de la famille consacre la polygamie, qu’elles aussi aient droit à la polyandrie (plusieurs maris), en option, prix coûtant de la libération de la femme. Je vous vois sourire mais n’excluons aucune aberration. Que nul ne s’étonne, demain, que de nouveaux groupes sociaux revendiquent leur «parité». Enfin, parler d’«absolu» relève du blasphème. Dans la vie, tout est relatif, seul Dieu est Absolu.
Loi inutilement
démagogique
Les pays ci-après n’ont pas eu besoin de ce type de lois pour élire des femmes comme présidente de la République : Mesdames Lydia Gueiller (Bolivie ; première femme au monde à accéder à cette charge), Vigdis Finnbogadottir (Islande ; première en Europe ; de 1980 à 1996, elle effectuera 4 mandats successifs), Helen Johnson Sirleaf (Libéria ; première et seule en Afrique) ; Corazon Aquino et Gloria Arroyo (Philippines) Michelle Bachelet (Chili), Isabel Peron et Cristina Kirchner (Argentine), Violeta Chamorro (Nicaragua), Mireya Moscoso (Panama). En février de cette année, le Costa Rica a élu la centriste Laura Chinchilla, présidente de la Républi-que. Elle a été installée dans ses fonctions ce 8 mai 2010 !
Dans certains pays, à régime parlementaire, la réalité du pouvoir politique se trouve entre les mains du Premier ministre, un peu à l’image de la Grande-Bretagne. Sans passer par une inutile loi de «parité absolue», les pays suivants ont confié le poste de Premier ministre à des femmes : Mesdames Sirimavo Bandaranaïké (Sri Lanka ; première femme dans le monde à ce poste électif ; 3 fois Premier ministre ; première femme à diriger un pays musulman), Golda Meir (Israël), Indira Gandhi (Inde), Margaret Thatcher (Grande Bretagne), Benazir Butto (Pakistan).
En termes de nominations, des femmes sont devenues Premier ministre. Citons, en exemples : Mesdames Elisabeth Domitien (Centrafrique, la première en Afrique), Edith Cresson (France), Agathe Uwilingiyimana (Rwanda), Mame Madior Boye (Sénégal).
Dans nos pays africains, l’on ne note pratiquement plus de ministères chargés exclusivement de la condition ou de la promotion de la femme. De fait, dans le monde et en Afrique depuis les Indépendances, le statut et la situation de la femme ont beaucoup évolué sans besoin de loi de «parité absolue». En l’absence de ce genre de lois, les femmes ont pu entrer à l’Académie française, diriger de grandes institutions internationales (Unesco ; Oms), présider le Parlement européen, obtenir le Prix Nobel, porter des étoiles de Générale dans les Armées, même en Afrique etc. Elles n’ont pas eu besoin de béquilles, elles se sont réalisées toutes seules.
La démagogie sous-tend cette loi. Sinon, pourquoi pas une autre nomination de femme Premier ministre dans ce pays comme s’y était engagé le pouvoir ? Pourquoi pas la nomination de la femme attendue comme vice-présidente de la République puisque le prétexte annoncé se fondait sur une certaine «parité» ? Peut être que le crêpage de chignons à la Présidence plombe le projet. Pourquoi pas la «parité absolue» dans le gouvernement, les sociétés d’Etat, les postes d’ambassadeur, les directions d’administration publique, l’Armée etc.
Pourtant, ce serait plus simple tandis que nul ne se sentirait attaqué.
Loi purement
politicienne
Les femmes de l’opposition qui s’extasient après le vote de cette loi n’ont rien compris aux buts visés par les initiateurs du texte. Quand elles auront réalisé que leur attitude sexiste a desservi leurs formations politiques respectives, il sera trop tard.
En réalité, cette disposition légale a pour objectif d’affaiblir l’opposition. Jusqu’en l’an 2000, le Pds n’aurait jamais été capable de remplir les conditions exigées par un tel texte car les réalités du terrain ne l’auraient pas permis ou, à tout le moins, auraient provoqué de graves dissensions.
Aujourd’hui au pouvoir, le Pds pourrait priver un responsable homme d’une fonction élective sans crainte car à l’intérieur du système étatique, il est en mesure de le caser ailleurs.
Tout le contraire des partis d’opposition surtout des partis de taille intermédiaire ou des petits partis que la nouvelle législation va, incontestablement, affaiblir au moment de la confection des listes.
Donc cette loi n’intervient pas comme une générosité en direction des femmes ; elle a été adoptée dans la perspective d’embarrasser l’opposition, mieux, de l’affaiblir en provocant des tiraillements hommes/femmes en interne.
Les féministes s’attendent à ce que ces formations politiques, confrontées à un problème de candidates instruites à placer en position éligible, leur fassent appel en vue d’un remplissage opportuniste. Elles se trompent. Personne ne le fera. Dans ces enceintes électives, vaut mieux une analphabète militante active qu’une bourgeoise cooptée.
Nous sommes en présence d’une loi politicienne ; elle ne reflète pas la volonté générale. Hommes et femmes non activistes y sont hostiles.
Mais auparavant, le pouvoir s’imagine qu’en guise de reconnaissance, les féministes amadouées auront appelé à voter pour son candidat à la Présidentielle.
Pour toutes ces raisons, cette loi doit être combattue par tous y compris par les femmes lucides, afin d’en obtenir le retrait. Quant aux députés absentéistes qui avaient fui le débat public mais qui, en privé, sont unanimement contre, nous espérons qu’il leur restera une once de fierté et de dignité qui les amènera à saisir le Conseil constitutionnel car cette loi est manifestement anticonstitutionnelle.
Jean-Paul DIAS - Premier secrétaire du Bcg
La question fiscale et le développement
La fiscalité, dans tout Etat qui se respecte est un élément de l’action politique et économique. Les enjeux de l’impôt se répercutent au moment des élections et créent toujours des débats. A moins d’être un pays exportateur de pétrole où l’impôt est inexistant généralement, les pays arabes notamment, aucun pays ne peut en faire fi. Les paradis fiscaux sont des cas à part, le manque à gagner d’une fiscalité inexistante est compensé par d’autres activités lucratives tels les services financiers et ses dérivés.
A cause de services fiscaux déficients, les pays africains, pour compléter leur budget recourent à l’aide étrangère. Pourtant, le potentiel pour avoir une meilleure recette fiscale est là.
Le développement ne peut se réaliser quand ce sont juste des travailleurs du secteur formel ou les entreprises dudit secteur qui paient l’impôt. Nous n’avons pas les chiffres mais par intuition nous pensons le secteur informel draine plus d’argent que le secteur formel au Sénégal.
Mais dans la réalité, nous recouvrons l’impôt comme si nous étions dans un pays occidental avec un niveau d’éducation élevé. Nous n’entrerons pas dans un débat mais c’est à cause des lois inadaptées qui régissent l’Etat.
La première source de revenus est les petites boutiques de quartier. Comme nous le savons tous, les Sénégalais ne vont pas faire leurs courses à Casino ou dans les supermarchés, soient ce sont des détaillants ou des grossistes. Il serait souhaitable de leur prélever l’impôt mais en retour, il faut leur accorder quelque chose. La chose qui nous vient à l’esprit est de les assurer en contrepartie car elles ne prendront jamais l’initiative de le faire.
Aussi, l’impôt sur la fortune permettrait de mettre fin à la thésaurisation. C’est édifiant, les capitaux dont disposent les Sénégalais et qui dorment chez eux. Tout se paie en cash au Sénégal, de la maison à la voiture, en passant par la télévision. Dans une société aussi avancée que l’Amérique du nord, ces mêmes biens sont acquis à crédit. Cela prouve que les fonds sont là. Deux solutions pourraient se présenter : taxer le revenu ou accorder un crédit d’impôt à ceux qui acceptent d’investir. Par exemple au Québec, un type de compagnies appelées commandite existe. Une personne ayant le capital investit quelqu’un ayant l’idée, les premières pertes sont déductibles d’impôt.
Le troisième point est de sécuriser les transferts d’argent. Il est inconcevable que les transferts d’argent soient sous la coupe de réseaux informels, le manque à gagner est énorme pour l’Etat. La solution serait pour l’Etat de mettre une banque pour les Sénégalais de l’extérieur avec des filiales dans les principaux coins d’immigration des Sénégalais. De ce fait, il pourrait avoir pied sur le transfert d’argent. L’imposition d’une partie des sommes qui sortent et qui entrent au pays en plus de la tarification des services fournis pourrait déboucher sur une substantielle rente pour l’Etat.
L’Etat du Sénégal subventionne des industries non performantes qui prennent une part importante de notre budget. Pourquoi ne pas les privatiser ? Cela nous ferait économiser des crédits budgétaires importants, utiles à d’autres fins. Nous ne parlons pas des industries stratégiques vitales au développement national tels les transports, les télécoms, l’énergie, ou l’eau. Le problème au Sénégal est qu’il y a trop d’Etat. Sans verser dans un débat idéologique, l’Etat montre ses limites quand sa gestion est tentaculaire, de l’école primaire à l’université, la santé, les transports, tout est entre ses mains. La question de la décentralisation se pose ici.
Prenons le cas des écoles élémentaires, en Amérique du nord ; elles sont gérées par des commissions scolaires qui se financent sur des taxes prélevées sur la valeur des maisons. Techniquement, évaluer une maison à Dakar est difficile à cause de la bulle. L’idée que nous proposons est que sur les taxes que l’Etat reçoit des revenus du loyer, ces commissions scolaires devraient en recevoir une partie. Cela déchargerait l’Etat d’une tâche pénible et il ainsi pourrait se consacrer à autre chose.
En somme, le débat est juste ouvert sur comment augmenter les recettes fiscales à partir de «niches fiscales» dont l’Etat gagnerait à boucher. Nous ne pouvons pas continuer à aller chercher de l’aide pour boucler nos fins de mois alors qu’avec un peu d’astuce, il serait possible d’augmenter nos recettes sans pour autant créer une inflation de l’impôt. Il va falloir poser les jalons d’une politique fiscale, sans cela, nous devrons chercher notre développement ailleurs en aides ou en prêts avec des intérêts énormes.
Moussa SYLLA - Québec /Canada
Loi sur la parité : la couronne qui cache le pouvoir
L’article premier de la constitution du Sénégal dispose en son alinéa 1 « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
En clair aucune autre loi ne peut, en l’état actuel de la constitution, instaurer une discrimination positive ou négative basée, sur l’origine, la race, la religion et même le sexe.
En faisant voter récemment par l’assemblée nationale la loi sur la parité absolue homme-femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives, le donneur d’ordre de l’exécutif sait qu’il viole la constitution en son état actuel. Il aurait fallu enlever le mot sexe de l’alinéa 1 de l’article premier de notre loi fondamentale pour être en conformité. Mais au Sénégal, on ne s’embarrasse point de fioritures. Quand le donneur d’ordre dit sa préférence, les exécutants se mettent dans les rangs. C’est comme si pour une raison ou pour une autre, la constitution pouvait être tordue pour des manœuvre électoralistes.
Sans doute en jouant à la parité absolue, le donneur d’ordre voulait tendre un piège à l’opposition. Il voulait certainement que l’opposition, en attaquant cette violation de la constitution, tombât sous le coup d’une misogynie qui serait difficilement défendable dans la perspective des joutes électorales à venir. L’opposition est constituée de politiques et normal est-il que l’heure soit au silence plutôt qu’à une dénonciation maladroite de cette incohérence avec la loi fondamentale. Demander à un homme politique d’aller à contrecourant du populisme, c’est lui dire d’hypothéquer son avenir. Les femmes de l’opposition ont sans doute bien fait de déjouer le piège politique en allant avec toute la blancheur à l’applaudimètre du palais.
Ecrire dans les lois et règlements des dispositions pour aller vers la parité absolue dans les institutions électives n’est pas une mauvaise chose en soit. Cela pourrait même être une façon très symbolique et pédagogique de dire à certains machos que la femme est égale à l’homme en droits et devoirs. Mais il faut rendre cette loi conforme au texte constitutionnel qui refuse la discrimination.
Il faut dépasser le symbolisme et oser aller dans une démarche planifiée de véritable politique de promotion de la femme pour régler au moins les questions de fond comme :
La scolarisation des jeunes filles et des femmes en général
L’accès de la femme rurale à la terre
L’accès de la femme au secteur de l’emploi moderne. Elles ne représentent qu’à peine 8% de ce secteur
L’égalité avec les hommes dans le traitement des salaires et autres émoluments.
La promotion sanitaire de la femme notamment la lutte contre la mortalité maternelle qui ravage 510 femmes sur 100 000 naissances.
Ce que nous devons savoir c’est que la loi sur la parité n’est pas un sésame. Elle semble révolutionnaire mais loin est la fin du combat légitime pour une véritable promotion de la gente féminine. La révolution est d’abord dans les mentalités qu’il faut façonner pour faire accepter l’égalité en droit et la complémentarité en action entre les inséparables que nous sommes.
Cette révolution ne doit pas se faire dans une sorte de confrontation sociologique qui fera prendre la couronne pour le pouvoir véritable et réel d’autodétermination libre et citoyenne des femmes et des élus en général. Ce combat-là pour l’autodétermination individuelle et consciente des personnes issues des institutions électives est aujourd’hui la seule véritable bataille dans une société de donneurs d’ordre et de vote à l’applaudimètre sur instruction du chef.
Nous devons avoir une vision moins monarchique du chef et agir sur la base de nos intimes convictions dans l’intérêt général. Que vive l’égalité en droit.
Vivement la politique sincère de promotion féminine au-delà du folklore des tenues unies.
Vivement la promotion de l’élu libre qui ne vote que sur instruction de sa conscience qui est proche de celle collective.
Mandione15@gmail.com