Lettre ouverte aux juges du Conseil constitut
La situation nécessite que chaque Sénégalais considère comme reposant sur ses seules épaules le destin de notre pays
Le Sénégal est encore à la croisée des chemins, en d’autres termes notre pays est en train de franchir, une fois de plus, une étape cruciale de son histoire. Les historiens révèlent n’avoir jamais enregistré des manifestations d’une ampleur aussi importante que celles du 23 juin dernier du fait de leur étendue. D’autres d’une rare violence également se sont produites le 27 du même mois, soit avec quelques jours de décalage avec les conséquences que vous savez. Tout porte à croire que des circonstances vont en créer d’autres analogues, compte tenu de ces menaces suivies d’escalades de violences verbales diffusées quotidiennement à travers les médias.
Que les membres de la famille de notre regretté Juge Kéba Mbaye veuillent bien m’excuser de faire usage du précieux savoir de cet illustre personnage pour prévenir ce qui risque de déstabiliser notre pays. Mais il faudrait bien que l’héritage qu’il nous a laissé ou du moins sur le plan éthique et conseils, serve à quelque chose, d’autant que ses propos exprimés à l’occasion de l’installation du président Abdou Diouf après la démission du premier chef de l’Etat en début d’année 1981, et au cours de la leçon inaugurale de l’année académique 2005-2006, sont plus que d’actualité. Qu’il me soit permis d’ailleurs de m’incliner respectueusement et pieusement devant sa mémoire pour lui souhaiter en ce mois béni de Ramadan, une bénédiction éternelle et une place de choix au Paradis.
Nous allons vers un rendez-vous électoral important. Les acteurs politiques tout comme la société civile ont du mal à se retrouver pour l’adoption d’un consensus sur ce qui les divise. Toutes les initiatives utilisées à ce jour pour les rapprocher (majorité et opposition en particulier) ont montré leurs limites. Les citoyens de ce pays tout comme les hôtes vivant parmi nous, sont crispés et l’inquiétude gagne du terrain. Les regards semblent tournés maintenant vers une hypothétique décision du Conseil constitutionnel pour valider ou invalider la candidature du président sortant. Je pose la question de savoir, est-ce que la décision ainsi attendue, qu’elle soit favorable ou non à chacune des parties, pourrait changer le cours des événements ?
Est-ce que nos vaillantes forces de l’ordre qui peinent déjà à se positionner partout pour l’accomplissement de leurs missions républicaines seront en mesure d’assurer une correcte couverture sécuritaire des personnes et des biens si le pire devait se produire ?
En tout état de cause, le reste du monde nous regarde ; nos amis des autres pays sont attentifs à nos moindres impulsions. Nos ennemis jubilent déjà à l’idée que le Sénégal, qui se targue d’être un pays phare de la démocratie africaine, va peut-être emprunter le chemin de l’aventure. Au moment où certains Sénégalais s’interrogent sur l’avenir de leur pays, d’autres prompts à commettre des actes de vandalisme, réfléchissent déjà sur les stratégies à adopter pour s’emparer des biens d’autrui ou se livrer à des actes de violences de toute nature tels que des cas de viol, imputables à des marginaux, qui ont été constatés malheureusement au cours des événements du 27 juin dans un restaurant de la place.
Le père Kéba Mbaye disait à juste titre : ‘C’est par sa capacité de se mobiliser aux heures difficiles, pour apporter ce qui est essentiel à son destin de dignité, qu’un peuple sculpte l’image que l’histoire retiendra de lui. Que chacun d’entre nous réalise donc que nous avons le devoir de garder notre sérénité, et de ne point ternir la réputation de pays de droits et de libertés dont jouit le Sénégal.’
De ce point de vue et en considération de ce qui précède, mon humble avis est que, chaque citoyen doit prendre conscience du danger qui nous menace et considérer comme reposant sur ses seules épaules, le destin de notre pays. Qu’il me soit donc permis de jouer ma partition en tant que simple citoyen, pour contribuer à garder notre pays du chemin de l’aventure.
Qu’on le reconnaisse ou pas, notre pays - le Sénégal -traverse une zone de turbulences qui menace sa stabilité et pourrait constituer un frein pour son développement économique.
L’essentiel bien entendu est de trouver les voies et moyens de freiner cette descente aux enfers, ensuite de sortir de cette situation avec dignité, en sauvegardant les acquis démocratiques de notre peuple, avant d’envisager dès le lendemain des élections d’autres rencontres pouvant aller dans le sens d’une plus grande prise en charge politique et sociale, des préoccupations réelles des populations, mais surtout l’intangibilité de notre Constitution.
En effet, il va de soi que d’autres étapes non moins importantes resteront à franchir pour une paix durable, j’allais dire pour accroître la stabilité de notre pays, mais surtout pour plus de liberté et de progrès vers un développement économique majeur apte à la construction d’un avenir radieux au profit de notre nation toute entière. Il ne fait pas de doute, que pour préserver nos valeurs morales et éthiques ou du moins ce qu’il en reste, pour juguler voire annihiler cette nouvelle forme de violence inédite, il est indispensable qu’au terme de ces compétitions électorales, qu’une large concertation sincère, désintéressée, fructueuse, basée sur des conditions que la société sénégalaise s’est toujours appuyée pour passer les ponts de l’histoire, puisse s’ouvrir entre les principaux concernés, mais en y associant bien sur des compétences en la matière, c’est bien possible encore d’y arriver, sinon tout effort sera vain.
Mais pour l’heure la priorité doit être accordée à la consolidation de la démocratie, notamment l’adoption d’un système électoral rénové, doté d’un contrôle juridictionnel, a priori et a posteriori, qui ne laissera plus le moindre doute sur la sincérité des résultats des prochains scrutins.
Ceci ne saurait être exclusivement l’affaire de la majorité et du M.23, c’est le devoir de tous les Sénégalais de s’impliquer, de faire preuve de diligence, d’humilité, de maturité, et de disponibilité, pour éviter ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire ou ailleurs et non attendre que, l’Union africaine, la Cedeao, l’Union européenne, l’Onu, ou d’autres organismes viennent nous proposer des solutions de sortie de crise.
Pour ma part et c’est là où je voudrais conclure, ma conviction, qui se fonde sur plusieurs raisons, est que Son Eminence le Cardinal Théodore Adrien Sarr est bien placé pour mener discrètement avec quelques personnes de son choix les consultations nécessaires pouvant aboutir à des pistes de réflexions de nature à nous éloigner de l’irréparable.
Que l’on propose quelqu’un d’autre si je me trompe, mais nous devons faire vite dans le souci d’éviter que feu père Kéba Mbaye, qui pourtant nous avait indiqué la voie à suivre en des termes très pathétiques l’année d’avant son rappel à Dieu, réplique d’outre tombe, comme il l’avait prédit en disant :
‘Après tout vous l’avez voulu.’
Ceux qui avaient la chance de se trouver dans l’amphithéâtre de l’Université Cheikh Anta Diop pour suivre son intervention au cours de la leçon inaugurale de l’année académique 2005-2006, savent de quoi je parle.
Que mes compatriotes veuillent bien m’excuser s’il y a dans cette démarche quelque chose d’inopportune, mais je tenais simplement à jouer ma partition en tant que simple citoyen parce que soucieux d’éviter à notre pays de se retrouver devant une situation que personne ne souhaite, pour dire ensuite ‘Je le savais’
El Hadj Papa Cissé GUEYE Adjudant Major de Gendarmerie à la retraite
Cité Comico Ouakam Tél. 221.77.639. 13.67 E-mail gpapacisse@yahoo.fr
Et si Cerno Souleymane Baal pouvait inspirer les cinq sages du conseil constitutionnel !
Qui est Cerno Souleymane Baal ? C’est avec beaucoup de regret que l’on fait le constat amer que très peu de Sénégalais sont en mesure de répondre à cette question. Même dans sa région natale –la région de Matam- les générations actuelles ont perdu toute trace le concernant dans l’histoire de notre pays.
Pourtant c‘est avec entrain et générosité qu’elles feraient étalage de leurs connaissances sur des personnes comme De Gaule, Thomas Jefferson, Louis XIV Georges Washington, Robespierre, Danton, Charlemagne et même Vercingétorix. Mais sur des personnages historiques de notre pays comme Cerno Souleymane Baal elles n’en ont aucune idée. Ou plus exactement, elles ne doivent en avoir aucune idée comme le veut l’idéologie dominante de l’alliance des classes réactionnaires dominantes de notre société qui a pour objectif de plonger dans les ténèbres de l’ignorance les masses populaires pour les maintenir dans l’obscurantisme et le fatalisme, garants de la pérennité de leur pouvoir. Ainsi peut-on parier avec 99,99% de chance de gagner sur le fait que devant une épreuve d’histoire portant sur le choix entre Louis XIV et Cerno Souleymane Baal dans un concours les 99,99% des candidats porteraient leur choix sur Louis XIV.
Cerno Souleymane Baal est le principal dirigeant de la révolution torodo du 18e siècle qu’il a initiée, organisée et conduite avec l’Imam Abdoul Khadre Kane. Formés à l’école de Pire, ils étaient tous les deux des intellectuels de haut niveau, versés dans les sciences juridiques et littéraires islamiques. Ils appartenaient à la nouvelle élite des hommes du livre (le Coran) de la nouvelle classe torobé apparue au Fouta au 18e siècle.
Cerno Souleymane Baal fut le théoricien et le dirigeant incontesté du mouvement qui a eu à organiser et à mener la révolution qui a permis le renversement en 1776 de la dynastie des Deeniyang Koobé qui régnait sur le Fouta depuis plus de 250 ans instaurée par Koly Tenguella Ba (1526-1776).
La révolution de 1776 (13 ans avant celle de 1789 en France) marque un changement fondamental en entrainant l’avènement d’un changement réel de régime politique qui a eu à engager la lutte contre la traite négrière.
Après la victoire, Cerno Souleymane Baal déclina la proposition de ses compagnons d’assumer les fonctions de l’Almami et proposa à sa place Abdoul Khadre Kane qui devint ainsi le premier Almami du Fouta nouveau.
En grand homme d’Etat Cerno Souleymane Baal se souciait de la pérennité de son œuvre dans la continuité de la pureté des principes qui ont toujours encadré son action Ce souci permanent s’est traduit par les directives qu’il avait édictées pour régler sa succession en ces termes : « Je ne sais si je mourrai au cours de ce combat ou non. Au cas où je meurs, je vous recommande de vous conformer aux directives suivantes : choisissez un homme savant, pieux et honnête qui n’accapare pas les richesses de ce bas monde pour son profit personnel ou pour celui de ses enfants. Détrônez tout imam dont vous voyez la fortune s’accroitre et confisquez l’ensemble de ses biens. Combattez-le et expulsez-le s’il s’entête. Veillez bien à ce que l’imamat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent aux pères. L’imam peut être choisi dans n’importe quelle tribu. Choisissez toujours un homme savant et travailleur. Il ne faudra jamais le choisir à une seule et même tribu. Fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude. »
Ainsi, au 18e siècle déjà Cerno Souleymane Baal s’était fixé comme priorité d’instaurer une institution solide (L’imamat) au prix d’une lutte sans merci contre tous ceux qui pouvaient avoir la prétention d’en faire une source d’enrichissement familial et tribal. De façon prémonitoire, ses directives indiquaient la voie à emprunter qui nous aurait évité, aujourd’hui, plus de deux siècles après, les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans la construction de nos Etats dits modernes. L’éthique, la corruption, l’impunité, l’enrichissement illicite, l’audit, la déclaration de patrimoine, l’obligation de rendre compte, la dévolution monarchique du pouvoir, la transparence, la bonne gouvernance, la compétence, l’efficacité, tous ces problèmes qui occupent l’actualité de nos jours transparaissent dans les directives du Cerno.
Il réussit sa révolution la même année que celle de la déclaration de l’Indépendance des 13 Etats américains, embryon des futurs Etats Unis d’Amérique, et treize ans avant la révolution française de 1789 et l’adoption de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. Quand ces deux évènements allaient prendre les dimensions que l’on sait en occupant la scène mondiale, l’œuvre de Cerno s’est vue précipitée dans les profondeurs abyssales de l’empire de l’oubli. Parce que Cerno était noir et sa contrée était située dans cette partie du monde que saignait depuis des siècles la traite négrière qui la pré parait à l’avènement de son partage entre les grandes puissances de l’époque (1884/85) en vue de sa colonisation directe
Sur le plan historique, Cerno Souleymane Baal ne le cédait en rien aux hommes qui ont eu à conduire les grands évènements qui sont célébrés à travers l’histoire et continuent toujours d’inspirer de grands travaux de recherche contribuant à l’éclairage de la marche du monde en ce début du 21e siècle Il a conçu, organisé, dirigé et conduit à la victoire la révolution torodo du 18e siècle et édicté des directives réglant de la manière la plus démocratique et la plus progressiste à l’époque, la dévolution du pouvoir. Il s’est affirmé comme un véritable homme d’Etat dont la préoccupation principale était la construction d’un Etat reposant sur des institutions solides transcendant les manœuvres, politiciennes, mesquines et égoïstes des hommes.
Quant au débat sur le troisième mandat du président sortant, si Cerno Souleymane Baal était parmi nous il nous aurait renvoyé à une application stricte de la Constitution en vigueur. Parce que la Constitution règle clairement le problème soulevé. N’en déplaise à ces amateurs d’amalgames qui, par le biais d’articles fleuves, cherchent à dérouter les citoyens et à semer ainsi le doute dans leur jugement.
La combinaison des dispositions des articles 27 et 104 de la Constitution est largement éclairante pour ne pas avoir à faire appel à des dispositions ou évènements intervenus dans d’autres circonstances. On peut ne pas avoir participé aux réunions de la Commission de rédaction de la Constitution mais avoir le flair que l’article 104 est la traduction d’un compromis intervenu suite à d’âpres discussions portant sur la durée du premier mandat. Ce compromis est que « Le Président en fonction poursuit son mandat jusqu’à son terme » Le verbe poursuivre est décisif parce qu’il renvoie à la réalité d’un premier mandant.
Si les rédacteurs ont senti la nécessité d’un renvoi au mandat en cours, alors qu’il émanait de la Constitution de 1963, qui lui donnait le droit de l’exercer jusqu’au terme des sept ans, c’était pour marquer le fait que ce mandat est sorti de la Constitution 1963 pour être régi par les dispositions de la Constitution de 2001 et en constituait le premier.
Sinon, le premier paragraphe de l’article 104 serait une tautologie. Et pour renforcer leur compromis, les rédacteurs ajoutent au deuxième aliéna de l’article 104 : « Toutes les autres dispositions de la présente Constitution lui sont applicables » Le pronom personnel « lui » appliqué au premier paragraphe (le Président de la République en fonction…) mérite qu’on lui accorde la plus grande attention.
Les partisans du Président sortant évoquent souvent la nécessité de terminer ses chantiers et, ou «les résultats pertinents » du bilan de ses douze années au pouvoir. Ce sont-là des arguments antirépublicains. Le Sénégal est une République. La République a ses règles et principes et les républicains se reconnaissent dans le respect religieux qu’ils observent à l’égard de ces règles et principes. La Constitution limite les mandats du Président de la République à deux. Quelle que soit la situation à la fin des deux mandats il doit obligatoirement partir. Tout autre comportement serait une agression contre la République (violation flagrante de la Constitution).
Lier le départ à la finition des chantiers, c’est militer pour la présidence à vie car les chantiers, il y en aura jusqu’à la fin de sa vie. Le bilan aussi ne peut justifier le fait de violer la Constitution car même si aujourd’hui tous les Sénégalais vivaient le paradis du fait des douze années de pouvoir de WADE, à la fin des deux mandats, il doit partir. S’il est comme il le prétend, un vrai démocrate et un vrai républicain, si comme il le reproche à ses homologues des lointaines Lybie et Syrie que sont Kadhafi et Bachar Al Asad en leur intimant ouvertement l’ordre d’abandonner leur pouvoir, ses leçons de démocrate et de républicain seraient plus crédibles s’il se les appliquait lui-même dans son propre pays en respectant scrupuleusement les dispositions de la Constitution. Leçons qu’ont admirablement administrées Michel Bachelet et Lula Dasylva respectivement Présidents du Chili et du Brésil en renonçant à une réélection qui leur était garantie par des sondages réalisés dans leur pays respectif à la fin de leurs deux mandats qui leur étaient favorables à 80%.
Le camp du candidat sortant agite sa dernière carte qui est l’incompétence du Conseil constitutionnel. C’est un combat d’arrière garde car, contrairement aux autres candidats, le Conseil constitutionnel a l’obligation constitutionnelle de se prononcer sur la candidature de Abdoulaye Wade qui est un candidat sortant ayant exercé deux mandats consécutifs. Mais si on devait en arriver là – le dépôt de la candidature de Wade- face à l’histoire et devant le peuple sénégalais le Conseil constitutionnel devra dire le droit quant à l’application des dispositions des articles 27 et 104 de la Constitution à la validité ou non de la candidature du Président sortant. Qu’en cette séance solennelle ses cinq sages soient inspirés par la vision et l’éthique qui habitaient Cerno Souleymane Baal quand il édictait ses fameuses directives posant les règles de la dévolution du pouvoir dans la marche démocratique d’un Etat de droit.
Dakar le 26 Août 2011-
Kane_alla@yahoo.fr
De l’incompétence du conseil constitutionnel
Monsieur le professeur J Mariel Nzouankeu, Le Conseil Constitutionnel du Sénégal est bien compètent pour statuer sur la recevabilité de la candidature de Wade.
Pour l’histoire, tous les sénégalais de bonne foi retiennent que Monsieur Mbaye Ndiaye est le premier homme politique à dire dans l’émission opinion de walf adri, après la déclaration de candidature du Président Wade pour l’élection présidentielle du 26 février 2012 depuis les Etats Unis d’Amérique que Monsieur Abdoulaye Wade ne saurait briguer un troisième mandat en 2012 parce que sa candidature serait irrecevable au regard des dispositions cumulées des articles 27 et 104 de la constitution de 2001.
J’avais ensuite fait des articles dans la presse pour argumenter juridiquement, selon moi l’esprit et la lettre des deux articles précités (27-104) de la constitution ; à l’occasion j’invitais les professeurs de droit constitutionnel libres de notre pays mieux outillés que moi en la matière d’éclairer l’opinion et le camp présidentiel sur les risques qu’un forcing à la Tandja pourrait faire courir à notre pays.
L’essentiel des éminences du corps professoral constitutionaliste libre de notre pays (El hadj Mbodj et Ismaël Madior Fall plus particulièrement) a fini de convaincre à force d’arguments hautement juridiques le monde entier d’un impossible troisième mandat du Président Wade qui aura épuisé définitivement ses deux mandats dont la jouissance s’étend de 2000- 2007 et 2007-2012.
Cette réplique s’est internationalisée plus tard avec l’éclairage motivé du professeur de droit constitutionnel Français Monsieur Guy Carcassonne.
Harcelé de l’intérieur comme de l’extérieur sur l’irrecevabilité de sa candidature tel qu’il l’a lui-même reconnu, le Président Wade et son camp sont saisis d’une panique intense provoquant des tentatives irréfléchies de sortie de crise pour trouver une issue forcée à ce coup de massue : impossibilité d’un troisième mandat en 2012 pour le candidat sortant.
La première réaction du Gardien de la Constitution a été de saisir le Parlement pour un vote interprétatif des articles 27 et 104 de la charte fondamentale. La réprobation générale est venue des experts et des praticiens du droit : le Parlement n’a et ne saurait avoir une quelconque prérogative pour l’interprétation des lois constitutionnelles.
La convocation du mode de rédaction de l’article 27 lors de la dernière forfaiture constitutionnelle fut également inopérante.
Aujourd’hui s’opère à nos yeux un glissement de l’irrecevabilité de la candidature à l’incompétence du conseil constitutionnel.
Aujourd’hui, politiquement, juridiquement et moralement battu et abattu dans le combat médiatique, le pouvoir libéral pense pouvoir trouver la dernière chance en invitant à une solution de non- droit c'est-à-dire forcer le conseil constitutionnel à se déclarer incompétent.
C’est donc dans ce dernier retranchement ultime recours pour les causes perdues du candidat Wade que l’opinion nationale et internationale doivent assaillir le Président de la république et les siens pour les amener enfin à accepter que le droit régisse l’Etat de droit : Wade ne sera pas candidat en 2012.
Pourquoi le conseil constitutionnel ne peut se réfugier derrière l’incompétence face au forcing du candidat Wade gardien de la constitution ?
Vous aussi professeur Nzouankeu, éminence ? En soutenant la thèse d’incompétence du conseil constitutionnel pour statuer sur l’irrecevabilité ou non de la candidature de Wade, vous semblez avoir fortement contribué à faire renaitre un faux rêve dans le camp présidentiel déjà acquis à la cause de l’irrecevabilité.
Votre argumentaire convoque la norme procédurale de saisine du conseil en faisant un clin d’œil à la Cours suprême saisie par exception d’inconstitutionnalité pour ensuite donner réponse au renvoi préjudiciel par le juge constitutionnel.
Cher professeur Nzouankeu permettez-moi de vous dire que vous êtes allé trop loin en sautant une étape importante que vous considérez comme extérieure au champ de compétence du conseil.
C’est d’abord et contrairement à vos assertions la loi électorale et la constitution de notre pays le Sénégal qui fondent l’obligation faite au conseil constitutionnel d’assumer sa compétence pour se prononcer sur la recevabilité ou non des candidatures à l’élection présidentielle.
En effet le code électoral Sénégalais dans son chapitre III: conditions d’éligibilité, inéligibilité et incapacité , stipule en son article L55 de la loi no 92-16 du 07 février 1992 : »Tout sénégalais peut faire acte de candidature et être élu sous réserve des conditions d’âge et des cas d’incapacité ou d’inéligibilité prévus par la loi »
Le même code électoral au titre II Dispositions relatives à l’élection du Président de la république, chapitre premier : dépôt de candidature loi organique no 92-15, déclare en son article LO 116 : »Pour s’assurer de la validité des candidatures déposées et du consentement des candidats, le conseil constitutionnel fait procéder à toute vérification qu’il juge utile.
Dans la constitution sénégalaise en son article 28 : »Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques… »
Professeur Nzouankeu, qu’est-ce que le droit politique si non le droit de vote et celui de se présenter à n’importe quelle élection sous réserve des dispositions ci-dessus indiquées.
Ainsi on constate que le Président en exercice est contraint de respecter les dispositions de l’article 38 de la constitution relatives aux incompatibilités de la charge présidentielle dans l’esprit du texte mais aussi et surtout du respect des articles 27 et 104 de notre charte fondamentale pour se présenter à des élections.
Ces articles 27 et 104 de la Constitution de 2001 dont le rajout aux articles 24 ,25,28 ,29, 31 et 35 de la loi organique de 1992 organisant le conseil constitutionnel a fait l’objet d’oubli d’harmonisation pour ne pas parler de mauvaise gouvernance juridique comme dirait l’autre ,ces articles 27 et 104 imposent donc au candidat Wade l’obligation de ne pas se présenter une troisième fois ce qui n’est plus d’ailleurs à démontrer la question à débattre étant l’incompétence ou non du Conseil.
Comme on le voit les articles Lo 116, L55 précités du code électoral et l’article 38 de la constitution fondent bien et surtout la compétence du conseil constitutionnel à statuer sans réserve sur la recevabilité des candidatures à l’élection présidentielle.
Plus encore, Monsieur le Président de la République en tant que gardien de la Constitution et clé de voûte des Institutions dispose d’un avis source de droit avéré quant à l’interprétation de la Constitution. Sa conviction d’avoir épuisé ses deux mandats dans une période sans enjeux au lendemain des élections présidentielles de 2007 énoncée en réponse à une question d’un journaliste de R F I au palais de la république en notre présence lui demandant de se positionner pour les élections de 2012 constitue bien une jurisprudence solide en la matière.
Professeur Nzouankeu, ces propos de Wade sur l’irrecevabilité de sa candidature constituent bien une référence de droit irréfutable pour ne pas dire une source de droit positif.
Malgré le wax waxét (reniement) de 2011 du même auteur dans une période d’enjeux et de panique, le conseil constitutionnel est surtout tenu d’éclairer l’opinion conformément à l’article LO 116 du code électoral précédemment cité en demandant au Président Wade de dire laquelle de ses assertions est la bonne.
Mais professeur Nzouankeu notre inquiétude et avec nous celle de l’ensemble des sénégalaises et des sénégalais mais plus encore l’inquiétude des démocrates du monde, est-il concevable que le pouvoir n’arrête plus le pouvoir ? En effet si la thèse de l’incompétence (ultime recours) du conseil constitutionnel est adoptée, même si demain Wade restait au pouvoir après 3, 4, 5 … N mandats, le candidat Wade pourrait toujours briguer autant de mandats qu’il le veut sans qu’aucune compétence ne puisse l’en empêcher.
Est-ce là la quintessence du droit, professeur Nzouankeu ?
Député Mbaye Ndiaye Directeur des Structures APR
Lettre ouverte aux juges du Conseil constitutionnel
‘Les armes de la ruse et de la médiocrité ont failli, et cela toute la classe politique doit le comprendre ainsi’. Le Citoyen
Un sage n’est pas un pyromane !
Dans la vie de notre Peuple, et de notre Nation, le sage a toujours été au cœur des décisions aux heures des choix décisifs pour l’avenir du pays. Surtout, lorsque ce dernier est au bord du gouffre politique au risque de sombrer dans le triste et honteux scenario ivoirien d’un certain Paul Yao Ndré.
Une irresponsabilité de nos cinq sages de la Cour constitutionnelle, qui ont le privilège d’être parmi les dignes fils du Sénégal, particulièrement entretenus et nourris par les gains du modeste contribuable, peut dangereusement ouvrir la boîte de pandores. L’Histoire du Sénégal retiendra alors que, depuis des décennies, le peuple faisait face à une haute trahison orchestrée par des individus guidés par leurs avantages et pouvoirs exclusifs au point d’inciter leurs concitoyens à s’entretuer.
Le Sénégal a vécu une longue tradition politique. Certes, les Sénégalais ont commencé à voter depuis 1887, mais force est de constater que la démocratie sénégalaise a connu une véritable évolution depuis les années 2000 avec l’alternance politique survenue dans notre pays. Ce jour-là, les Sénégalais ont administré à la face du monde une belle leçon de démocratie avec deux grands hommes : un gagnant et un perdant qui ont tous contribué à rendre au Peuple sa dignité, en acceptant le verdict des urnes.
Devrons-nous, dès lors, accepter qu’un seul homme nous fasse payer ses erreurs politiques ? Dans son incapacité de diriger son parti et de le mettre en situation ; de pouvoir choisir en dehors de lui, un autre candidat accepté par tous ses pairs, Abdoulaye Wade nous conduit inlassablement vers l’irréparable.
Le président de la République a toujours été hanté par la dévolution dynastique du pouvoir. La météo politique renseigne qu’il n’a pas encore lâché ‘sa dernière carte’. Durant ses onze années de règne, le président Wade ne s’est soucié que de la promotion de son fils Karim Wade, au point de mettre en péril les fondements de son parti politique et de l’Etat.
L’aboutissement de cette vision cynique a accouché de cette honteuse loi impopulaire soi-disant ’Ticket présidentiel’, rejeté par le peuple sénégalais dans son unanimité le 23 juin 2011. Cette date restera le symbole du refus catégorique des Sénégalais de subir, une fois de plus, les dérapages d’un gouvernement irrespectueux à l’égard des Citoyens que nous sommes.
Ignorant sitôt les missions de l’Alternance, Wade a rompu de manière brutale le contrat de confiance qu’il avait signé avec le peuple sénégalais au lendemain de son serment sur la bonne gouvernance, l’approfondissement de la démocratie, le respect des institutions et le développement économique, social et culturel du pays.
Cette situation nous a conduit à vivre des moments de tensions et de bouillonnements institutionnels, mais aussi de mille et une crises survenues au sommet de l’Etat de 2000 à nos jours. Ce tableau sombre est marqué dès lors par les changements répétés de gouvernements, le scénario Idrissa Seck/Abdoulaye Wade sur des questions de sous des chantiers de Thiès, celui de Maky Sall/Abdoulaye Wade sur des questions des sous de l’Anoci, mais aussi des départs de Aminata Tall et de Cheikh Tidiane Gadio du gouvernement, ou du Pds, sur fond de querelles politiques et des errances d’un parti au pouvoir qui se confond à l’Etat. A cette plaie ouverte, s’ajoutera la naissance de la ‘Génération du concret’ qui est la branche d’accaparement du Pds, dirigé par le fils du président de la République et Secrétaire général du parti.
Ironie du sort, les priorités vont encore attendre au moment où ce pays est tourmenté par les inondations, la Casamance en feu, l’économie au ralenti, farouchement paralysé par des coupures d’électricité intempestives. Envenimée par une perpétuelle surexcitation du front social, porteur des revendications sociales et économiques des syndicats dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice, cette situation a porté atteinte à la qualité de l’éducation de nos enfants, à la prise en charge de la santé de nos populations, et au respect des droits humains de tous nos concitoyens.
Dans le monde rural, nos braves paysans bradent chaque année, depuis 2000, leurs productions dans les Loumas ; tandis que les éleveurs parcourent, à perte, des centaines de kilomètres à la recherche d’eau et de pâturages. Cette dernière situation est due à une vision tronquée de notre politique agricole globale, peu cohérente et inappropriée pour le développement d’un environnement des affaires en milieu rural.
Les initiatives prises dans le secteur de l’emploi des jeunes en milieu urbain, et rural, ont montré leurs limites. En effet, la dimension ‘auto-emploi’ a été complètement ignorée, ou très mal gérée, dans les politiques de promotion de l’emploi des jeunes par les différents gouvernements de l’Alternance. Les institutions mises en place telles que le Fnpj, l’Anej et l’Ofejban, pour la prise en charge de l’emploi des jeunes ont été dilapidées pour alimenter et entretenir une classe de jeunes politiciens appartenant au Pds, exclusivement motivés par l’appât du gain facile.
Les jeunes de l’an 2000, qui ont porté Wade au pouvoir et les 200 mille jeunes qui arrivent chaque année en recherche du premier emploi, se retrouvent ainsi dans la galère et perdent tout espoir malgré les soutiens courageux des parents et amis, tous très démunis et victimes des carences du régime libéral.
Au même moment, les dépenses hors budget et les audits de l’Armp font état d’une gabegie et d’impunité notoires dans la gestion des finances publiques. Jamais dans l’histoire du Sénégal indépendant, notre pays n’a atteint une pareille situation de gestion aussi désastreuse des ressources du pays. Dans leur fausse passivité collective, les Sénégalais ont observé froidement ces faits et gestes alarmants dans la vie de leur Nation et ont commencé à se poser des questions sur les réponses à apporter au pouvoir libéral pour limiter les dégâts.
Les Sénégalais ont compris toutes les aspirations illégitimes des tenants du pouvoir, mais aussi ont misé sur la pérennisation de notre démocratie, sur la bonne gouvernance, le respect des institutions, pour en faire un code de conduite inaliénable. Quel que soit le prix à payer, c’est évident qu’ils sont déterminés à aller jusqu’au bout.
Cette nouvelle citoyenneté s’est exprimée dans la douceur lors des élections locales de 2009 en sanctionnant la coalition Sopi dans la plupart des bureaux de vote du pays. Elle devrait s’exprimer de la même manière en 2012, si chaque acteur du jeu politique s’acquittait de sa tâche dans la sauvegarde des valeurs républicaines. En 2009, le peuple a envoyé un message au régime libéral mais, ses animateurs vaniteux n’ont pu décortiquer ce message en défendant des arguments fallacieux fondés sur la ruse. Dorénavant, les armes de la ruse et de la médiocrité ont failli, et cela toute la classe politique doit le comprendre ainsi.
Les Sénégalais ne se laisseront plus divertir par qui que ce soit. Si, nous confions le destin de notre Nation à des individus, ils doivent être capables de mesurer toute la noblesse de cette importante et sérieuse responsabilité. Pour aujourd’hui et demain, le respect de nos Institutions ne sera guère négociable. Les journées des 23 et 27 juin illustrent parfaitement l’état d’esprit et l’engagement des Sénégalais à sauvegarder leur démocratie et aspirer à une vie meilleure.
Nous voulons être gouvernés autrement, dans le respect strict des règles de bonne gouvernance et de transparence. En réalité, nous exigeons le contrôle citoyen. Ce Pays nous appartient tous et personne n’a intérêt à le mettre dans des situations incontrôlables. Dès lors, nous devons tous garder le cap dans la prise des décisions qui engagent l’avenir de la nation. N’est-ce pas pour cela, que le contribuable sénégalais a accepté de nourrir et d’entretenir dignement tous ses autres semblables élevés à de hauts niveaux de prises de décisions concernant l’avenir de la nation ?
Un sage a la mission de sauvegarder la paix sociale ; il n’est pas un pyromane. Une toute ‘incompétence’ d’un juge conseiller devant n’importe quelle candidature à la Présidence de la République du Sénégal est un appel qui demande, tout simplement, au peuple de reprendre sa légitimité et sa souveraineté. Une déclaration d’incompétence devant une candidature de la part du Conseil constitutionnel est aussi significative que de rendre leurs copies aux auteurs de cette Constitution. Pour éviter cette pire situation, qui n’honorera pas notre pays, les cinq sages-conseillers ont l’obligation morale de conseiller à Abdoulaye Wade de renoncer à sa candidature. Cette décision serait la seule des plus sages.
Ousmane NDIAYE Email : ousandiaye_63@yahoo.fr Membre Fondateur Union Citoyenne/ Bunt BI Bennoo Siggil Senegaal M 23/Alternative 2012