LE CHAOS SOCIÉTAL
SENEWEB:
Tête de colon !
Souleymane Jules Diop Vendredi 5 Déc 2008
« L’honneur, une noblesse disparue
avec l’avènement des lâches, de ceux qui,
ayant tout compris, n’ont plus rien à défendre »
Nicolas de CHAMFORT
Les libéraux se le tiennent pour dit. Karim Wade a déjà accepté « l’héritage ». Accepter trop tôt un pouvoir pour le défendre par la suite avec des barbelés et des caniches comme un colon afrikaner n’est pas une mince affaire. Mais les libéraux ne se font plus d’illusions. Le Pds est une propriété d’Abdoulaye Wade. Tous les biens de ce parti sont ses propres biens. Quand il en était encore le seul bailleur, l’ancien opposant estampillait sur chaque chaise, les initiales AW. Ceux qui n’ont pas laissé trop longtemps leur derrière sur un table-banc savaient au moins ce que ça voulait dire : « Appartient à Wade ». La seule fois où ses militants, devenus riches, ont mis la main à la poche, c’était pour la construction du siège qui leur a coûté près d’un milliard de francs Cfa. Il s’est trouvé que cet édifice a été bâti sur un titre foncier appartenant à Karim Meissa Wade. L’ancien propriétaire croupit en prison pour avoir vendu ce qui lui appartenait. L’Etat lui a demandé de se débrouiller, après avoir réquisitionné le terrain pour « futilité publique ». C’est là la meilleure garantie que le Pds peut changer de main, mais il ne changera jamais de bras. Quoi de plus normal, pensent les monarchistes au doigt mouillé, que le seul héritier déclaré prenne possession du parti, en même temps qu’il hérite de ses biens. Mais là où leur logique devient insupportable, convenez-en, c’est quand ils avancent cette idée répugnante que le pouvoir aussi est un pouvoir d’Abdoulaye Wade. Il aurait le droit de le donner à qui il veut. Le président de la République n’est pas loin de penser la même chose, et c’est tout notre malheur. Il cherche toujours son successeur, un « jeune ingénieur financier très au fait des idées modernes dans son domaine ». Mais on n’annexe pas le pouvoir comme on annexe une propriété à Sangalkam. Nous avons élu un homme étrange, nous le savons bien. Il veut nous imposer un étranger. Samedi dernier, le président de la République, son fils Karim et son épouse Viviane sont arrivés chacun dans son avion en provenance de « chez eux ». Nous avions cru que nous avions atteint les limites de la frivolité sous Wade. Mais ce qui rend ce je-m’en-foutisme choquant, c’est que moins d’une semaine avant, des centaines de pèlerins ont failli laisser leur vie sur le tarmac de l’aéroport dans un vieil avion cargo transformé en avion commercial. Parce qu’en plus de leur voler l’économie de toute une vie, les voyous qui se cachent derrière Zam Zam n’ont pas été capables de leur assurer des conditions de transport décentes. Cet homme, quand il venait d’arriver, promettait de rompre avec le symbolisme attaché à la fonction présidentielle. Il s’arrêtait partout, parlait au vrai peuple, allait présenter des condoléances comme un citoyen ordinaire. Nous étions convaincus d’avoir enfin élu un président « sénégalais ». Il faut avouer que nous avons tous été bluffés. Depuis qu’il s’est installé sur son fauteuil Louis XIV, Abdoulaye Wade ne pense qu’à lui-même et à sa famille. J’ai pensé que les Sénégalais, pour une fois, se feraient entendre. Je n’ai jamais pensé que Karim Wade avait le droit de jouer avec tout. Je me suis dit qu’avec la religion, c’était « trop haut ». Ce n’était pas à la rue de réagir, c’était aux familles maraboutiques, aux chefs religieux de le faire, ils ne l’ont pas fait. Cette fois-ci j’ai rendu les armes.
Ce qui faisait que dans ce pays ont ne pouvait pas tout se permettre, c’était une classe maraboutique qui croyait en Dieu et une gauche communiste qui ne croyait en aucun Dieu. Les chefs religieux, en dépit de certaines connivences qu’on pouvait leur reprocher, ont toujours servi l’unité du pays et la paix sociale. L’extrême gauche communiste a été à la base de la plupart de nos conquêtes syndicales et de nos acquis sociaux. Ils se sont tous convertis à la religion de l’argent. Pendant que Marie Angélique suscitait l’émoi à Cotonou, Savané et son numéro deux se disputaient dix millions offerts par le président de la République. Je ne me suis jamais fait d’illusions sur Mamadou Diop Decroix. Il a toujours été un homme dissimulé. Mais je me demande comment Landing Savané arrive à s’arranger avec sa propre conscience. J’étais un assidu de la maison de Gibraltar. La désinvolture avec laquelle le coco trahit ses anciens compagnons et piétine ses propres convictions pour de l’argent est stupéfiante. Il est déjà inadmissible qu’il soit le seul membre du gouvernement à être payé à ne rien faire. Ajouter à tous ces privilèges les enveloppes du palais présidentiel est une pratique troublante. De tous les anciens « clandestins », il passait pourtant pour le plus intègre et le plus intransigeant. Mais l’argent de Wade a révélé chez lui une dimension qui nous était inconnue. Il faut le mettre au crédit du président de la République et de son fils. L’argent ne circule que pour ceux qui sont dans le circuit. Ceux qui en sortent comme vous et moi sont court-circuités. Point barre.
C’est pourquoi je suis d’accord avec ceux qui voient dans les dérives monarchiques de ces dernières années l’urgence d’une réforme de l’institution présidentielle. Tous reconnaissent qu’il y a un impératif à réformer la présidence de la République. Je pense pour ma part que c’est le président de la République qu’il faut réformer, pas la présidence de la République. Pris en lui-même, ce lieu ne comprend que le secrétariat général de la présidence de la République et quelques nobles institutions comme l’inspection générale d’Etat. Abdoulaye Wade n’a pas plus de pouvoirs qu’en avait Abdou Diouf. Il en a même moins. L’Assemblée nationale s’est trouvée théoriquement renforcée, puisque le président de la République ne peut dissoudre le Parlement que deux années après le début de la législature. C’est pourquoi Serigne Diop s’évertue à défendre le caractère « parlementaire » de son régime. C’est un peu grossier. Mais dans l’absolu, la Constitution qui a été adoptée le 7 janvier 2001 renforçait les pouvoirs de l’Assemblée nationale et ceux du Premier ministre. Si le Ps, l’Afp et la Ld/Mpt l’ont adoptée, c’est qu’elle avait quelque chose de bon. Abdoulaye Wade s’est évertué à la violer sans sourciller, c’est cela son fort. Les français vivent le même malheur. Nicolas Sarkozy a été élu sous le même régime que Mitterrand et Chirac. Quand il est arrivé au pouvoir, il a annexé la résidence de son Premier ministre, fait augmenter son salaire, berlusconisé l’audiovisuel.
Je le dis parce qu’une partie de la classe politique entretient l’illusion que la recette viendrait de la réduction des pouvoirs du président de la République. Or, le problème ne vient pas du fait que le président de la République a trop de pouvoir. Il vient du fait qu’il n’a pas de contre-pouvoir. C’est une subtilité à saisir, pour ne pas s’embarquer dans un réformisme aporétique. Nous entretenons l’illusion qu’Abdoulaye Wade concentre trop de pouvoirs mais c’est parce qu’il n’a aucun contre-pouvoir en face de lui. Toutes les voix dissonantes ont été dissoutes.
Tout cela serait pardonné si cette mise au pas de l’opposition s’était accompagnée d’une mise en ordre de son gouvernement et de son propre parti. Mais au sein de l’Etat, il a tellement ridiculisé le Premier ministre et les ministres qu’il les pousse à la révolte. Beaucoup de ministres qui se sont déjà rempli les poches ne cachent plus leur intention de partir avant que la comédie ne tourne au drame. Ils jouent aux illuminés quand il les regarde avec sa mine ringarde et dès qu’il tourne le dos, ils se moquent de lui.
Le Pds n’est pas mieux. Le parti pour lequel des générations de militants se sont battus est devenu un fantôme que plus personne ne reconnaît. Abdoulaye Wade a voulu en être le seul chef, mais le résultat est désastreux. Il se rend maintenant au Comité directeur pour s’écouter parler dans un silence intenable pour certains. Abdou Fall avait pour mission « d’élargir le part », Abdoulaye Wade l’a saboté à son insu.
Finalement, même le projet de grand parti de la mouvance présidentielle qu’il voulait pour son fils a été un échec lamentable. Un de ses collaborateurs me demandait en début de semaine s’il était capable de quelque chose. Et c’était son seul motif de consolation : « Finalement, ce sont des incapables. C’est un incapable, mais son fils aussi est un incapable. Ils ont échoué partout, je ne vois pas comment ils pourront réussir leur coup. Ils ont tout essayé. Le produit n’est pas bon. » Mais ils sont capables de réessayer, ces têtes de colons !
SJD
Auteur: Souleymane Jules Diop
Lobservateur : Vendredi 5 Déc 2008
BABACAR JUSTIN NDIAYE, POLITOLOGUE « Dans l’opposition, Macky se dévaluera comme le Franc Cfa »
Babacar Justin Ndiaye revient sur la situation politique nationale marquée par la création d’un nouveau parti politique dirigé par Macky Sall, les querelles de leadership dans l’opposition et les Assises nationales. Le politologue se prononce sans détours.
Après son exclusion du Pds et son départ de l’Assemblée nationale, l’ex-Pm Macky Sall a créé son propre parti politique, Apr/Yakaar. Quel commentaire faites-vous de cela ?
«L’affaire Macky Sall » est mal amorcée, mal pilotée. Et par conséquent, elle a mal abouti. Une évolution fâcheuse qui découle des comportements croisés des entourages mal profilés de Wade et de Macky. C’est la résultante du choc des stratégies des conseillers ou courtisans techniques de Wade et des plans des conseillers ou excités techniques de Macky Sall. Ils sont tous plus passionnés qu’avisés. De part et d’autre, on a joué la carte du jusqu’au-boutisme. Maintenant que le vin est tiré, il ne reste plus qu’à le boire jusqu’à la lie. C’est le casus belli. Le Pds et l’Apr (le 145ème ) sont désormais électoralement des concurrents et politiquement des adversaires.
Certains pensent que Macky et Idy, pourraient se retrouver ensemble pour faire face à Wade. Est-ce que vous partagez ce point de vue ?
La politique est fertile en rebondissements sous forme de ruptures comme de retrouvailles. Par conséquent les perspectives sont ouvertes dans tous les sens du terme. Le cas Macky et le cas Idy sont originellement deux événements différents mobilisant deux acteurs, c’est-à-dire deux personnages différents, tant au plan du tempérament qu’au plan de l’itinéraire au sein du Pds. Sans oublier les rapports respectifs mais incomparables qu’ils ont entretenus avec Wade. Toutefois la belligérance politique avec ses impératifs de victoire ou de survie, peut bien les amener à faire cause commune dans des cas de figure souvent originaux et inattendus que seule la politique sait produire. Mais d’ores et déjà les chemins sont parallèles comme deux droites qui se côtoient sans se toucher. Par exemple en direction des Assises nationales auxquelles Idy a tourné manifestement le dos. Et vis-à-vis desquelles Macky se montre apparemment plus disponible.
Pensez-vous que c’est une bonne idée pour l’opposition de lancer des Assises nationales ?
Mon opinion est défavorable aux Assises qui, à mes yeux, représentent un mauvais remède contre le mal libéral. Il serait fastidieux de convoquer ici les arguments historiques, politiques et institutionnels qui fondent mes réserves à l’endroit de ce conclave réunissant des segments respectables du peuple Sénégalais. Rabelais avait coutume de dire que « le temps est le père de la vérité ». Je suis sûr que le temps confirmera mon opinion lorsque dans les manuels scolaires des générations futures, le Sénégal figurera aux côtés du Mali, du Niger, du Bénin, de la Rdc comme les pays ayant expérimenté l’équivalent ou le duplicata d’une conférence nationale souveraine. Alors que la trajectoire historique du Sénégal le prédispose à être logée à la même enseigne que les pays les mieux gouvernés d’Afrique à savoir le Lesotho, le Cap-Vert et l’Ile Maurice.
Les querelles de leadership entre Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng ont refait surface. Est-ce que cela augure de lendemains meilleurs pour le Fss et les Assises nationales ?
Le fossé historique de 2000 qui s’est creusé entre le Ps et l’Afp n’est pas sur le point d’être refermé. Il constitue un cancer qui mine et minera longtemps les rangs d’une opposition qui, obligatoirement, pivote autour de ces deux mastodontes de l’opposition. En vérité Niasse qui a fait de Wade un « roi » en 2000, ne saurait passer sa vie à faire des « rois » sans être « roi ». Il s’y ajoute que le « roi » Wade a été politiquement cruel à son endroit. C’est une expérience que le patron de l’Afp exclut forcément de revivre avec un autre « roi » dont il ne peut pas préjuger du comportement ultérieur. Quant au Ps, jusque dans les tréfonds de sa mémoire, il considérera Niasse comme le fossoyeur du pouvoir socialiste dont il était l’un des hiérarques depuis Léopold Sédar Senghor.
Quelle sera alors la place de Macky Sall dans cette opposition ?
Macky Sall aura du mal à trouver ses marques sur l’échiquier. Sa carte de visite politico -institutionnelle est la plus scintillante du pays. Car il a été tour à tour ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, directeur de campagne et maire. De Léopold Sédar Senghor à Talla Sylla, aucun homme politique n’a étrenné de pareils galons. Aujourd’hui, en allant aux Assises ou dans l’opposition, il va se diluer dans un magma de petits, moyens et grands partis… qui ne feront de lui ni mécaniquement ni automatiquement leur chef de file. Ce qui forcément le rétrogradera. En résumé, Macky dans l’opposition, se dévaluera comme le franc Cfa. Hors de l’opposition, il aura du mal à tracer victorieusement son sillon. L’évidence immédiate est sa capacité de nuisance à l’égard du Pds. Avec Idy, il s’agira de savoir qui sera le lieutenant d’une telle alliance.
Auteur: HAROUNA FALL
SITUATION DES FINANCES PUBLIQUES : Un déficit de 113,5 milliards enregistré durant les dix premiers mois 2008
Les recettes budgétaires cumulées durant les dix premiers de l’année 2008 sont estimées à fin octobre 2008 à 936,3 milliards de Fcfa. D’après la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) du ministère de l’Economie et des Finances qui fait la révélation dans sa note de conjoncture du mois d’octobre 2008, « les recettes budgétaires cumulées à fin octobre 2008, sous l’hypothèse du remboursement des droits et taxes suspendus, évalués à 44,5 milliards, sont estimés à 936 milliards contre 869 milliards un an auparavant, soit une progression de 67,2 milliards ».
Selon la Dpee qui fait l’état au niveau des finances publiques, une moins value de 80,8 milliards aurait été observée par rapport à l’objectif initial qui avait été fixé et qui était d’atteindre des recettes budgétaires cumulées 1017,1 milliards, à fin octobre 2008. Concernant les dépenses totales et prêts nets, « ils sont évalués à 1106 milliards contre 1164,2 milliards à la même période de l’année précédente, soit une diminution de 58,2 milliards, en raison essentiellement des dépenses d’investissement », ajoute la Dpee. Ce qui fait que « le solde global base ordonnancement dons compris est évalué en déficit de 113,5 milliards ». A la même période, durant l’année 2007, le déficit était évalué à 176,6 milliards de Fcfa. Le déficit du solde de base est pour sa part évalué à 58,4 milliards de Fcfa.
Concernant les échanges commerciaux avec l’extérieur, « le mois d’octobre est caractérisé par un repli aussi bien des exportations que des importations comparé au mois de septembre 2008, qui ont respectivement baissé de 35,8 milliards et 18,4 milliards. Ce qui a occasionné un creusement de 17,4 milliards de déficit de la balance commerciale qui s’est établi à 185,8 milliards en octobre 2008 », indique la Dpee. Pourtant, sur les dix premiers mois de 2008, la balance commerciale du Sénégal vis-à-vis des pays de l’Uemoa est excédentaire de 162,0 milliards. En outre, avec l’espace Uemoa toujours, les échanges commerciaux ont été marqués par un excédent commercial de 11,2 milliards au mois d’octobre 2008 contre 21,2 milliards au mois précédent. Situation due à la baisse des exportations vers les pays partenaires de la zone. Parlant de la situation de l’Uemoa, la Dpee indique que tous les pays membres ont des évolutions de prix élevés. C’est ainsi que l’inflation est estimée globalement à 7,5% à fin octobre 2008, soit plus du double de l’objectif communautaire de 3%. Ainsi, « les taux d’inflation les plus élevés sont observés au Niger (10,6%), au Burkina Faso (11%), au Mali (9,1%) et en Guinée Bissau (10,6%) ». Au même moment le Togo enregistre un taux de 8,7%, le Bénin 7,7%. Ce qui fait que la Côte d’Ivoire (5,9%) et le Sénégal (6,0%) sont les seuls à avoir enregistré un taux inférieur à celui de l’Uemoa. Toutefois, l’économie sénégalaise a encore connu des pertes de compétitivité au mois d’octobre 2008 de 1,3%, relativement au mois précédent. Ceci, en raison essentiellement de la dépréciation de 1,7% de la monnaie nationale vis-à-vis de celles des partenaires commerciaux.
Auteur: Jean-Pierre MANE
Le Matin : Vendredi 5 Déc 2008
DEM-DIKK, COLLECTIVITÉS LOCALES ET UGB : Veille de Tabaski sous haute tension
Des travailleurs de Dem-Dikk et des collectivités locales enfourchent le cheval de la contestation par des mouvements d'humeur. Des étudiants de l'Université Gaston Berger descendent dans la rue. Tout ceci pour réclamer un droit élémentaire : le salaire ou la bourse.
Les employés de Dem-Dikk, les agents municipaux de Dakar et les étudiants de l'Université Gaston Berger ont exprimé hier leur profonde indignation. La raison ? Ils courent derrière leur dû à trois jours de la Tabaski. Selon Sidya Ndiaye, le secrétaire général de la Fédération Générale des Travailleurs Sénégalais (Fgts) qui a convié hier les employers des collectivités locales à un sit-in et qui intervenait devant la presse, : "Ce qui se passe est inadmissible. Au moment où l'on distribue des aides à des militants, les autorités municipales sont incapables de nous payer nos salairs". Ainsi, les travailleurs des collectivités locales ont enfourché le cheval de la contestation pour percevoir leurs émoluments. Comme s'ils s'étaient passé le mot, les travailleurs de Dem-Dikk ont entamé hier un mouvement d'humeur pour pouvoir percevoir leur salaire du mois de novembre.
Ces derniers, pour entrer dans leur dû, ont déserté les bus pendant trois jours. Ce qui a occasionné une perte sèche de 75 milions de Fcfa. Le ministre Habib Sy s'était investi pleinement pour calmer les ardeurs des travailleurs. Chassez le naturel, il revient au galop. Encore, les autorités de " Dem-Dikk" tardent à réagir en ce qui concerne le paiement des salaires des employés. Ces derniers n'ont pas cherché loin. Ils ont paralysé hier dans l'après- midi de nouveau le trafic, mettant à rude épreuve les usagers. Face à cette situation, la direction générale de Dem-Dikk a réagi à travers un communiqué pour exprimer son indignation et en même temps présenter ses excuses à ses centaines de milliers de clients.
La missive note que "les populations dakaroises ont noté avec amertume l'arrêt brutal du réseau de Dakar Dem-Dikk dans l'après-midi du jeudi 4 décembre 2008". Dans la même veine, le communiqué souligne que "quelles que soient les raisons de ce mouvement, c'est la méthode qui est condamnable". "En piégeant les usagers, qui sont des centaines de milliers, d'autres travailleurs, les auteurs de ce mouvement, se sont mis au banc des accusés", poursuit le communiqué. La Direction Générale de 3 D précise qu'elle n'a ménagé aucun effort pour démarrer depuis hier, sur fonds propres, le paiement des avances de la Tabaski en attendant l'appui financier devant provenir du Trésor public pour la couverture du réglement des salaires de novembre dans les délais légaux.
En attendant, les travailleurs de cette société de transport ruminent leur peine à l'instar des étudiants de l'Université Gaston Berger. Ces pensionnaires de ce temple du savoir ne veulent qu'une chose : "entrer en posssession de leur pécule". Depuis deux jours, ils ont pris possession de la rue. Ces manifestations de travailleurs ou d'étudiants désirant entrer dans leurs fonds sont d'une récurrence remarquable. N'est-il pas temps pour nos autorités d'anticiper de manière adéquate sur ces crises ? Quand on sait que gouverner, c'est prévoir.
Auteur: Mademba Ramata DIA
APS : Jeudi 4 Déc 2008
HABITAT : Une étude révèle l’existence d’une bulle immobilière à Dakar
Dakar, 4 déc (APS) - Une ‘’bulle spéculative’’ consécutive à la ‘’hausse vertigineuse des prix’’ plane, depuis 2001, sur le marché de l’immobilier à Dakar-Plateau, Grand-Dakar et la banlieue de Dakar, indique une étude publiée, jeudi à Dakar, par la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE).
’On peut soupçonner l’existence d’une bulle spéculative sur le marché de l’immobilier’’, indique Alsim Fall, co-auteur de l’étude. De façon générale, dit-il en se fondant sur l’indicateur synthétique de trois zones, ‘’le marché de l’immobilier dans la capitale sénégalaise est caractérisée par une bulle qui persiste depuis sept ans’’.
Avec sa collègue Fatou Diané, M. Fall constate que ‘’la bulle immobilière se manifeste par une augmentation du prix de l’immobilier sans rapport avec de nombreux fondamentaux économiques comme les revenus ou le rendement locatif des biens immobiliers’’.
‘’La bulle apparaît manifestement de manière interrompue (Depuis 2000) dans la quasi-totalité des zones étudiées. Seule la zone de Dakar-Plateau (Centre-ville, Médina, Fass, Gueule-Tapée, Reubeuss, Gibraltar et Colobane) fait état de quelques incertitudes, du fait que les prix y ont atteint des niveaux record, difficiles à surpasser’’, indiquent-ils.
Ils localisent le Grand Dakar dans les quartiers : Point E, Fann, Amitié, Zones A et B, Grand-Dakar, Niari Tally, HLM, Baobab, Bourguiba, Dieuppeul, Castor, Libertés, Sacré-Cœur, Mermoz, VDN, Foire, Grand-Yoff, Ouakam et Almadies. La banlieue couvrent Pikine, Guédiawaye, Parcelles-Assainies, Mbao et Keur Massar.
Selon les auteurs, les trois phases de la bulle (sur le prix de l’immobilier) coïncident successivement avec une ‘’évolution ascendante et régulière’’ (1960-1995), suivie d’une ‘’hausse plus rapide’’ (1996-1999) et une ‘’accélération de la croissance’’, à partir de 2000.
Du début des années 80 à fin 90, le rapport entre le prix des biens immobiliers et le loyer a évolué ‘’de manière plus ou moins stable’’. ‘’Même si, par moment, le prix de l’immobilier a cru plus vite que celui de la location, poursuivent-ils, il s’en est suivi un effet de rattrapage synonyme d’un marché (ré)-équilibré’’.
‘’L’étude s’est intéressée à l’existence ou non de la bulle’’, a précisé Sogué Diarisso, directeur de la prévision et des études économiques. En 2000-2001, a-t-il rappelé tentant de situer l’origine de la bulle, ‘’tout le monde s’est dit qu’on va vers l’épuisement de la réserve foncière (de Dakar)’’.
‘’Aussi, on était en plein dans des crises au niveau de la sous-région, particulièrement (en) Côté d’Ivoire’’, a-t-il rappelé, ajoutant à cela une explication dépendant, en partie, de l’impact du transfert des migrants sénégalais (les émigrés) sur la croissance du marché de l’immobilier au Sénégal.
Toutefois, des intervenants à une séance de restitution ont salué le travail, tout en déplorant son approche ’’trop économétrique’’ (de l’évolution de la bulle immobilère) qui n’intègre pas l’analyse des phénomènes socio-culturels, ainsi que les aspects juridiques telles les incitations fiscales ou financières dans la formation.
Quid des rumeurs de blanchiment d’argent qui aurait profité au sous-secteur de l’immobilier sénégalais ? Auteurs et commanditaires de l’étude ont fait la moue.
Auteur: SAB/AD
L'OFFICE:
Sourde oreille
La Tabaski, c’est dans quelques jours. Et Goorgoorlu cherche désespérément la queue du diable pour la tirer. Au moment où, c’est l’opulence mal placée chez les Alternoceurs, qui continuent de se la couler douce, en méprisant le peuple affamé. Et pourtant, la montée du prix du baril de pétrole, qui leur avait servi de prétexte, au point de tout augmenter, tourne désormais autour de 40 dollars. Mais ces gens, qui éprouvent du plaisir à voir leur peuple dans la misère, font la sourde oreille. Et Laye « digué » Wade n’en fait même pas allusion. Inacceptable !
( Mor Todjangué )
SUD QUOTIDIEN:
RESTAURATION DE LA REPUBLIQUE PAR L’ETAT L’Afp en fait une impérieuse urgence
par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN , vendredi 5 décembre 2008
La République serait en danger et que le moment est venu de la sauver. C’est en tout cas ce que soutient l’Alliance des forces de progrès (Afp) dans un communiqué daté du 4 décembre où elle pose le problème en termes « d’impérieuse urgence pour, d’une part, mettre un terme aux dégâts, et d’autre part, sauvegarder les chances de notre pays, pour un redressement capital dans le contexte d’un monde en mutation accélérée… ».
L’Alliance des forces de progrès (Afp) soutient, dans un communiqué daté du 4 décembre, que « la restitution impérieuse de l’Etat à la République est une urgence pour, d’une part, mettre un terme aux dégâts, et d’autre part, sauvegarder les chances de notre pays, pour un redressement capital dans le contexte d’un monde en mutation accélérée, où les nouvelles données imposent aux gouvernements responsables de nouvelles directions ». Par conséquent, avancent les camarades de Moustapha Niasse, « le caractère républicain de l’Etat doit être préservé par des pseudo-libéraux qui se révèlent incapables de sortir de leur autisme ».
GESTION CALAMITEUSE DU DOSSIER DU PELERINAGE
Pour les « Progressistes », les « révélations scandaleuses des partenaires marocains dans le dossier du pèlerinage à la Mecque montrent à quel point, les tenants du pouvoir sont éloignés de toute préoccupation liée à l’éthique, à la morale et aux valeurs ». Ainsi donc, poursuivent-ils, « du fait de la cupidité, de l’impéritie, du manque de générosité et de l’arrogance des tenants du pouvoir, la vie de milliers de citoyens a été mise en danger. Les turpitudes du gouvernement ont déjà provoqué un décès et des ennuis de santé à plusieurs pèlerins qui, dès le départ, se sont rendus aux Lieux Saints avec un handicap certain », souligne le communiqué. C’est pourquoi le Bureau politique de l’AFP engage le gouvernement de Me Wade à prendre toutes les dispositions nécessaires, pour que le retour des pèlerins s’effectue dans les conditions conformes aux normes internationales de sécurité. « Cette dérive de plus s’est déroulée dans un contexte d’essoufflement du Trésor public, après plusieurs années de gabegie, de gaspillage, de corruption et d’errements qui sont loin de l’orthodoxie budgétaire. Mais le gouvernement de Me Wade n’a pas décidé pour autant de payer la facture, en réduisant le train de vie de l’Etat et en arrêtant de gaver une clientèle insatiable », renseigne la source. Les « Progressistes » avancent que « ce sont les populations, le monde rural et les travailleurs, les jeunes, tout particulièrement les étudiants et les élèves qui sont encore sollicités pour financer des ripailles où ils n’ont jamais été partie prenante. Après la suppression de la subvention à la consommation, voilà que le régime donne dans le dilatoire pour ne pas payer leurs dus aux travailleurs de l’Education nationale, aux étudiants et aux employés municipaux qui expriment leur ras-le-bol en battant le macadam ».
LE MONDE RURAL SACRIFIE
Les camarades de Moustapha Niasse ont aussi échangé sur la situation du monde rural pour noter que les tenants du pouvoir sont « non seulement incapables de fixer un prix au producteur décent, à défaut d’être rémunérateur, mais sont loin d’assurer le financement régulier d’une campagne de commercialisation transparente et digne de ce nom. Le montant de 165 f pour un kilo d’arachide est la conséquence directe de l’absence de subvention de la part de l’Etat », font-ils remarquer. De surcroît, le démarrage de la commercialisation le 8 décembre, c’est-à-dire le jour ou la veille de la Tabaski, est qualifiée « d’aberration » par l’Afp. Cette campagne ne peut être que la confirmation d’un désastre voulu et programmé, dit-elle, par le gouvernement, « dans la mesure où la SUNEOR n’achètera pas plus de 200.000 tonnes d’arachide et le régime en place projette de mettre fin à la distribution des semences en 2009. Il ne lui restera plus que les fausses statistiques pour tenter de masquer la misère profonde dans laquelle il a plongé les paysans et dont la conséquence immédiate est la faillite de l’économie rurale ».
BRADAGE DU PATRIMOINE NATIONAL
Par ailleurs, le Bureau politique de l’Afp a abordé la question du bradage du patrimoine national, « à travers la vente de parts de l’Etat à la SONATEL et dans le secteur des Assurances, sans oublier le Méridien Président, symbole de la coopération sénégalo-saoudienne s’il en fût ». Et d’ajouter : « le plus grave, c’est que, eu égard à la mal gouvernance chronique ambiante, il n’est pas évident que les montants collectés seront dépensés en fonction des priorités du pays et de l’intérêt général ».
ENJEUX POLITIQUES ET CAPACITE D’ADAPTATION : Quelle opposition face au régime actuel ?
par , vendredi 5 décembre 2008
Depuis qu’il est à la tête de l’Etat, le président de la République ne rate aucune occasion pour se faire voir et entendre. Il est omniprésent à la « télé qui le montre » pour reprendre les propos de Cheikh Ahmad Tidiane Sy Al Makhtoum, mais aussi dans toute la presse nationale et internationale. Il est vrai que cette présence est diversement interprétée, selon que l’on est du côté du pouvoir ou du coté de l’opposition. Toujours est-il qu’il réaffirme à chaque fois que de besoin, qu’il est « le maître du jeu », le détenteur du pouvoir qu’il distribue à sa guise et à qui il veut. Bref, il reste fidèle à son style du genre, « après moi le déluge ».
Pour l’instant, toutes ses actions semblent converger vers cette intention qui lui est prêtée, souvent à raison, de vouloir se faire succéder par son fils. Récemment, c’est à Pikine que les Sénégalais ont remarqué la présence de ce dernier à ses cotés, occupant sur la tribune officielle, une place que l’on a du mal à justifier au regard de l’orthodoxie protocolaire, alors que des ministres de la République étaient relégués au rang de « back bencher » (occupants de sièges arrières à la chambre des communes britannique.)
Dans un passé récent, ce candidat potentiel de son père a multiplié dans cette même zone de la banlieue, un certain nombre d’actions, que rien à priori n’explique, par rapport aux attributions officielles qui lui sont connues. La manifestation de Pikine, ponctuée par des promesses de TG P que certains ont vite fait de baptiser « Trop Grands Pièges », semble ainsi s’inscrire dans un agenda minutieusement élaboré. Il est donc manifeste que le Président de la République sait ce qu’il veut et n’hésite guère à y mettre les moyens qu’il faut pour atteindre ses objectifs. Il le fait avec d’autant plus d’aisance qu’il a la conviction que face à lui, il y a une opposition dont lui-même est conscient de la faiblesse de sa capacité d’adaptation, au point qu’il lui arrive de tourner en dérision les propos va-t-en guerre de ses leaders.
Des lors, il y a là de quoi s’inquiéter de l’avenir de ce pays, car même les observateurs les moins alarmistes considèrent que si rien n’est fait, le Sénégal va inexorablement vers des lendemains plus que critiques. Face à tant d’actes posés qu’il serait fastidieux d’énumérer, et qui accélèrent cette tendance, que remarque t-on ? Une déconcertante léthargie de ceux qui, de par leur position sur l’échiquier politique, semblent avoir déserté le champ de la lutte contre toutes ces dérives, si bien qu’ils sont souvent débordés par la société civile. A ce titre, les trois axes d’analyse que voici, nous fondent à penser qu’il y a souvent de quoi désespérer de l’opposition sénégalaise :
D’abord au niveau de sa stratégie de communication : c’est une opposition qui rivalise d’ardeur dans des communiqués de Bureau politique, émaillés de propos dont la véhémence calculée le dispute à une agressivité rentrée, car on y débusque toujours cette attitude qui trahit une certaine pusillanimité, celle d’user d’un lexique susceptible de conduire devant le juge. Il est vrai que par le passé, certains hommes politiques en ont fait l’amère expérience. Est-ce donc cela qui rend frileux les rédacteurs de ces communiqués, qui recourent à des précautions sémantiques qui finissent par édulcorer leurs contenus, leurs messages, les rendant ainsi sans effet sur la cible visée ? Selon des propos rapportés récemment par la presse, le Président de la République aurait dit au cours du dernier Comité Directeur de son parti, que « les attaques de l’opposition sont loin de le déranger ». Toujours est-t-il que les réactions les plus audacieuses sont généralement le fait de jeunes loups qui n’ont rien à perdre. A l’exception peut-être d’un ou de deux leaders, pour tous les autres, la communication est une véritable contorsion, un jeu d’équilibrisme périlleux, une prudence semblable à une marche sur des œufs. Au niveau de la mobilisation des masses.
C’est avec une très grande désolation que l’on constate comment les luttes des masses, les mouvements de résistance des citoyens face aux crises qui plombent leur existence sont sevrés de la présence des leaders de l’opposition. Faut- il encore rappeler que leur rôle, comme dans tous les pays où le combat démocratique est en mouvement, c’est d’orienter, de canaliser et d’imprimer une dynamique salvatrice à ces forces vives ? Depuis la seule marche qui avait été organisée, et qui avait donné lieu à des actes de violence dont ils ont subi durement les contrecoups, il est rare de les trouver au cœur des manifestations spontanées initiées par des citoyens. Et même s’ils consentent d’y prendre part, c’est souvent de manière symbolique.
Tout porte à croire que les leaders de l’opposition se sont enfermés dans le paradoxe de ceux qui veulent faire des omelettes sans casser des œufs. Il n’est pas exagéré de dire que les hommes politiques, de surcroît dans l’opposition, doivent avoir le courage de leur posture politique et éviter de toujours penser aux privilèges qu’ils pourraient perdre, si un pouvoir les entraînait dans la violence ou les enverrait en prison. J’entends déjà la tempête, comme dirait Aimé Césaire. Leur interlocuteur, en l’occurrence l’actuel Président de la République, alors dans l’opposition, leur a montré le chemin à emprunter pour arriver au pouvoir. Il est vrai qu’il y est arrivé par la voie des urnes, de façon démocratique, mais il faut bien en convenir, avec un Président imbus de culture et de valeurs démocratiques, qui a accepté de quitter dignement le pouvoir après sa défaite. Des opposants conséquents ne sauraient faire l’économie des sacrifices à consentir pour mériter de leur peuple.
Un autre élément d’analyse qui est sans doute le phénomène le plus paralysant de l’opposition sénégalaise, réside dans son manque d’esprit d’équipe et de cohésion, conséquence évidente d’une situation de leadership au pluriel. Ce facteur bloquant se définit par la présence de plusieurs leaders, formels ou informels, dans une même organisation où l’unicité de commandement et de décision n’est point effective. Il est généralement à l’origine de conflits négatifs, ouverts ou dissimulés, à un moment où l’urgence est de faire converger tous les efforts vers un seul et même objectif : barrer la route aux dérives de l’actuel régime.
Il y a une lutte latente, d’un leadership au sein de cette instance qu’est le Front Siggil Sénégal. On a comme l’impression d’assister à une sorte de neutralisation réciproque et suspecte des chefs de parti de ce Front. Comme si ces derniers ne prenaient pas la pleine mesure des conséquences qu’une telle attitude répréhensible à tous égards, ouvrait la porte aux ambitions prêtées au Président de la République de se faire succéder sans anicroche par son fils. Aussi longtemps que ce problème ne sera pas réglé et qu’on cherchera à l’occulter par une politique de l’autruche, il faudra mettre une croix sur la capacité de l’opposition à supplanter le régime actuel, quelles que soient, par ailleurs, les turpitudes que ce dernier peut se permettre, et qu’il se permet d’ailleurs à bien des occasions, comme l’illustrent ces excès inconsidérés, constatés dans le tripatouillage de la Constitution et des modifications unilatérales des règles du jeu démocratique. De telles dérives inacceptables ne rencontrent que de simples cris d’indignation des opposants, comme si l’indignation à elle seule suffisait pour arrêter « le massacre ».
L’opposition sénégalaise a besoin d’un vrai leader, à même de renoncer à des privilèges, apte à faire des sacrifices et partant, d’obliger le pouvoir à dialoguer sur toutes les questions d’intérêt national. Ce leader devrait être le produit d’un consensus entre les partis. A défaut, il sera le produit d’un processus naturel d’émergence de celui qui aura été le plus téméraire en son sein, ou en dehors. C’est là une question fondamentale car, la vérité est que par rapport à ses enjeux, le Président de la République apparaît comme le seul maître à bord qui décide sans jamais consulter personne. Or, en la matière, et c’est une règle fondamentale en sciences politiques, seul le rapport de forces constitue un élément dissuasif face aux dérives d’un régime. A défaut, les opposants actuels seront les premiers responsables d’un parachèvement des tendances monarchiques qui se dessinent, se confirment et s’affirment chaque jour davantage.
Au surplus, alors que l’opposition somnole les yeux ouverts, le Président de République a fini de créer « ses institutions », « son » Sénat dont le mode de nomination biaisé lui donne droit au choix de 60 de ses membres. Est-il encore pertinent de parler de « son » Assemblée nationale dont il vient de rappeler aux membres qui en doutaient encore qu’il est « la seule constante », en faisant éjecter son Président par des procédés dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils défient toutes les règles et tous les principes de démocratie ? Il n’y a aucun doute que lui, a balisé la voie pour que sa succession se passe avec ceux qui sont totalement acquis à sa cause. Pendant ce temps, l’opposition elle, se contente de ses communiqués incendiaires de Bureau Politique, des interventions tapageuses au niveau des radios et des visites diplomatiques pour conjurer le mal. Elle a une double responsabilité. D’abord celle d’être incapable de se regrouper et de se doter d’un leadership reconnu et accepté de tous. Ensuite, de décevoir les espoirs portés sur ses responsables par les victimes silencieuses des dérives du régime actuel et qui croyaient trouver en eux les raisons d’espérer des changements.
Toutefois, en dépit même de cette paralysie de l’opposition qui s’est confinée jusque-là dans la stratégie réactive, preuve de l’insuffisance de sa capacité d’adaptation, des événements récents comme les troubles provoqués par des marchands ambulants, les émeutes de l’électricité et de l’eau, devraient nous inciter tous, à faire preuve de plus de responsabilité. Des mouvements spontanés, incontrôlés risquent, si l’on y prend garde, de se produire et de déboucher sur des convulsions qui n’épargneront ni le régime en place ni l’opposition elle même. Ramon Gomes de la cerna, célèbre écrivain espagnol disait : « Il ne faut pas oublier que, le jour du déluge, ceux qui savaient nager se noyèrent aussi ». Il faut éviter cette situation à ce pays, si tant est que nous l’aimons aussi passionnément que nous le déclamons. Situation qui trouverait du reste un facteur aggravant, dans l’absence d’un modérateur social de la trempe de feu El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh, (RTA).
Le Président de la République qui est le premier responsable de la sécurité et de la stabilité du Sénégal et de ses citoyens, devrait prendre toute la mesure des conséquences d’un « despotisme », fut-il « éclairé », de l’absence de concertation sur les problèmes qui hantent le sommeil de ses compatriotes. Il lui faudra alors faire preuve d’humilité et d’esprit de dépassement .L’orgueil, bien que faisant partie de la nature humaine, n’a point sa place dans le traitement des problèmes sensibles de l’Etat et de la Nation, dont la non résolution pourrait entraîner des conséquences autrement plus graves, que le sentiment d’avoir perdu la face devant ses adversaires politiques.
Au demeurant le tout nouveau Président Américain Barack Obama a confié récemment à des proches, que s’il ne se précipitait pas à former son équipe, c’est parce qu’il avait besoin autour de lui, d’hommes et de femmes compétents, qui discutent ses décisions et qui sont prêts à le critiquer si nécessaire. Est-il besoin de rappeler qu’il vient d’être plébiscité par des millions de ces concitoyens, dans ce qui est la première puissance économique du monde ?
Cette confidence d’un homme de quarante ans le cadet de notre Président de la République et qui exclut toute forme de gestion solitaire du pouvoir, rappelle de fort belle manière, l’adage selon lequel : « sans liberté de blâmer, il n’y a point d’éloges flatteurs ».
ABDOUL AZIZ TALL
Conseiller en management,
Diplômé en Sciences Politiques,
Université de Montréal
MBA, HEC, Montréal.
WALFADJRI:
Point de presse, du tout !
On nous distrait, on nous empale debout, assis, couché. On nous entube à coups de turbines, de milliards, d’inaugurations en tous genres. Une presse peu exigeante et sans analyse s’empiffre de ragots, des bourdes, frasques et péripéties de la racaille politique. Des supputations sur les chances de tel ou tel lascar au perchoir de l’Assemblée nationale ou de la Mairie de Dakar épuisent inutilement encre et papier. Pour cette presse à cent balles, le prix de cinq clopes au détail, investigation, analyse et synthèse sont assimilables aux travaux d’Hercule.
La Une ? Comme d’habitude… Juste un autre fait divers relaté, sans trop se poser des questions. Disons, sans se mouiller.
Mort d’enfant ? Tu parles ! Vas plutôt couvrir les messes funèbres de l’Assemblée nationales, les frasques des hurluberlus d’un soir de gala. Vas voir ce que mijote le Roi des Arènes, ce qui se trame au comité du foot ball. -Trouves-moi, le nom de la cinquième épouse du marabout des Assises nationales, lui demande son directeur de publication.
Comme d’habitude, on a vite fait d’oublier la mort de la fillette victime d’un crotale en pleine banlieue dakaroise puis trimbalée de dispensaire en centre de santé jusqu’à ce que mort s’en suive. S’est-on soucié de savoir quelles structures médicales s’en sont lavées les mains, faute de sérum ? Comment se fait-il qu’aucun journaliste n’ait voulu creuser un peu plus, en se demandant ce qu’un crotale avait à roder dans nos banlieues, comme si la politique vipérine ne suffisait pas aux nuisances environnementales. Pourquoi ces farfelus n’ont-ils pas identifié les badigeonneurs de mercurochrome coupables de non assistance à personne en danger en n’appelant pas les sapeurs pompiers ?
Pour sûr, l’inquiétude questionneuse ne donnera jamais la migraine aux pigistes bien plus soucieux de raconter les retrouvailles de deux canailles de la pègre politique, d’épier lequel des pugilistes de la Génération spontanée délivrera le premier ou dernier coup bas à son rival.
Ce qui fait dire au professeur Diouf que la presse sénégalaise est un torchon. -Prof, désolé de vous contredire, cette presse à cent balles est fort utile : elle sert de papier d’emballage aux boutiquiers de banlieue.
Amadou Guèye NGOM Critique social
Révélation de l'Afp sur la politique agricole de Wade : Le gouvernement projette de mettre fin à la distribution des semences en 2009
Point de bonnes nouvelles pour les paysans et le monde rural, si on en croit les progressistes qui ont encore fait des révélations sur la politique agricole du gouvernement libéral. D’abord, Niasse et ses compagnons annoncent que la Suneor n’achètera pas plus de 200 mille tonnes d’arachide cette année et que le gouvernement projette de mettre fin à la distribution des semences en 2009.
‘Le monde rural a fini de découvrir la profondeur du mépris qu’il inspire aux tenants du pouvoir’. Le Bureau politique qui en arrive à cette conclusion, n’a peut-être pas tort. En effet, explique l’Afp, non seulement les tenants du pouvoir sont incapables de fixer un prix au producteur décent, à défaut d’être rémunérateur, ils sont loin d’assurer le financement régulier d’une campagne de commercialisation transparente et digne de ce nom. Le montant de 165 Fcfa pour un kilo d’arachide, affirment Niasse et ses camarades, ‘est la conséquence directe de l’absence de subvention de la part de l’Etat’. De surcroît, ajoutent-ils, le démarrage de la commercialisation le 8 décembre, c’est-à-dire le jour ou la veille de la Tabaski, est une aberration. ‘Cette campagne ne peut être que la confirmation d’un désastre voulu et programmé par le gouvernement, dans la mesure où la Suneor n’achètera pas plus de 200 mille tonnes d’arachide et le régime en place projette de mettre fin à la distribution des semences en 2009’, révèlent les progressistes. Par conséquent, disent-ils, ‘il ne lui restera plus que les fausses statistiques pour tenter de masquer la misère profonde dans laquelle il a plongé les paysans et dont la conséquence immédiate est la faillite de l’économie rurale’.
Ainsi, souligne l’Afp, ‘après avoir accéléré la paupérisation des populations, toutes couches confondues, après avoir mis les finances publiques dans une situation critique, le gouvernement de Me Wade s’emploie maintenant à brader fébrilement le patrimoine national, notamment à travers la vente de parts de l’Etat à la Sonatel et dans le secteur des Assurances, sans oublier le Méridien Président, symbole de la coopération sénégalo-saoudienne s’il en fût’. Le plus grave aux yeux des progressistes, c’est que, ‘eu égard à la mal gouvernance chronique ambiante’, il n’est pas évident que les montants collectés seront dépensés en fonction des priorités du pays et de l’intérêt général.
Autant de faits qui amènent l’Afp à déclarer que la conduite catastrophique de la barque Sénégal par le régime incompétent et insouciant de Me Abdoulaye Wade a eu comme conséquence de réaliser la peu glorieuse prouesse de mettre notre pays à genoux. ‘Plus que jamais, la restitution impérieuse de l’Etat à la République est une urgence pour, d’une part, mettre un terme aux dégâts, et d’autre part, sauvegarder les chances de notre pays, pour un redressement capital dans le contexte d’un monde en mutation accélérée, où les nouvelles données imposent aux gouvernements responsables de nouvelles directions’.
Dans cet esprit, l’Afp estime que le caractère républicain de l’Etat doit être préservé par des ‘pseudo-libéraux qui se révèlent incapables de sortir de leur autisme’. Les révélations ‘scandaleuses’ des partenaires marocains dans le dossier du pèlerinage à la Mecque, signalent les progressistes, ‘montrent à quel point, les tenants du pouvoir sont éloignés de toute préoccupation liée à l’éthique, à la morale et aux valeurs. Du fait de la cupidité, de l’impéritie, du manque de générosité et de l’arrogance des tenants du pouvoir, la vie de milliers de citoyens a été mise en danger’. L’Afp rappelle que ‘les turpitudes du gouvernement ont déjà provoqué un décès et des ennuis de santé à plusieurs pèlerins qui, dès le départ, se sont rendus aux Lieux Saints avec un handicap certain’.
Le Bureau politique de l’Afp engage donc le gouvernement de Me Wade à prendre toutes les dispositions nécessaires, pour que le retour des pèlerins s’effectue dans les conditions conformes aux normes internationales de sécurité.
Georges Nesta DIOP