Humilier, pour Wade, est comme un devoir de v
L'histoire fatidique de la voiture folle
Il y a des moments cycliques où chaque Nation - chaque peuple aurai-je pu dire – doit s’arrêter pour faire le bilan exhaustif et sans complaisance aucune du parcours effectué en commun.
Après chaque mandat présidentiel, notre pays entre en contradiction avec lui-même parce que le peuple, trop attentif jusqu’à la limite de la lâcheté, a depuis toujours accepté de subir ou de souffrir les coups de boutoir des organisations privées politiques qui le prennent en otage en jouant sur sa docilité relative.
Je sais que l’histoire retiendra les actes forts posés à bon escient et en temps opportun. Le Conseil constitutionnel a fini de mettre notre pays à la croisée des chemins. Il n’a pu départager honnêtement entre un Peuple qui veut vivre sereinement dans les grands principes de la légalité et un groupe de pression insatiable qui aspire à lui sucer inlassablement le sang par le biais de l’exercice d’un pouvoir machiavélique et monarchique. Un corps sain ne souffre pas les sangsues ; par la même occasion, un peuple mûr ne peut souffrir à sa tête une horde d’exaltés sans foi ni loi.
Wade est une voiture folle ; il ne sait pas lui aussi s’arrêter à temps. Une voiture folle brûle les feux rouges ; Wade joue sur la légalité pour piétiner la légitimité. Parce que justement entre la Légalité et la Légitimité, il y a un grand fossé que tous les despotes du monde ont appris à contourner par des acrobaties schizophrènes. Les forcings tous azimuts prennent alors le pas sur la raison, sur les actes raisonnables et concertés pour le bien commun, pour l’intérêt général.
En jouant sur la légalité, en s’appuyant dessus, tous les despotes ont déroulé allègrement leur film d’horreur sans jamais savoir s’arrêter. Ils se sont toujours dits que tout était possible ; il suffit de le vouloir. Avec Wade, le vouloir coïncide, synchronise et se confond parfaitement avec le pouvoir.
Et pourtant, la légalité signifie en termes sommaires, le fait de se conformer aux simples dispositions de la loi. La légitimité, plus profonde encore, n’est en réalité que le fait de jouir de l’accord tangible, effectif et concret du seul souverain que constitue le peuple ; il (cet accord) gagne même plus en étant direct qu’indirect.
L’exercice du pouvoir dévoyé est un crime car s’appuyant à chaque instant sur des complots savamment orchestrés contre la souveraineté d’un peuple. La tortuosité politique permet de contourner la volonté du peuple en s’appuyant sur des institutions auxquelles on aura - par un jeu quelconque d’asservissement - fini d’ôter toute essence de crédibilité et d’impartialité. On le sait, les institutions ne sont que ce qu’en font les hommes chargés de les animer. Des hommes talés, corrompus ou asservis affaissent les institutions et les orientent malheureusement dans les chemins obscurs du clanisme, du totalitarisme et de la forfaiture. Ce qui est légal n’est pas forcément légitime : si par extraordinaire, Pape Diop devait assurer l’intérim de la Présidence de notre pays, il le ferait légalement mais sans aucune dose de légitimité. Un sénateur nommé par un homme, fut-il le chef de l’Etat, ne bénéficie par de l’onction souveraine, de la légitimité du peuple.
D’autre part, Wade est candidat pour un troisième mandat, c’est légal du point de vue de la loi interprétée par les 5 sages ; il peut être même déclaré vainqueur après le 26 Février par ce même Conseil constitutionnel et ce serait encore légal me dira-t-on car leur délibération est définitive et sans possibilité de recours.
Pourtant, le Sénégal veut définitivement grandir – s’il ne l’est pas encore – alors, il n’y a plus de place pour des potentats qui oublient qu’ils sont élus pour nous gouverner et non pour régner sur nous. L’ère des royaumes, des dévolutions monarchiques du pouvoir, des présidents à vie et des leaders suprêmes infaillibles et omnipotents est révolue. Ne ratons pas la marche de l’histoire car notre pays est la vitrine de l’Afrique Noire en terme de démocratisation. Aujourd’hui, le fait maquillé par une légalité mesquine et attentatoire à la légitimité qui autorise Wade à se présenter pour une troisième fois, risque d’annihiler tous les efforts, tous les sacrifices consentis par l’ensemble des pays noirs africains pour l’émergence de la citoyenneté et de la démocratie. Le Sénégal serait-il ou doit-il être ce frein à la cause africaine ?
Il faut que Wade apprenne à s’arrêter. Sinon il serait ce bolide fou, dément et aliéné qui brise tout sur son passage au risque de mettre définitivement le feu au pays. On nous parle de Paix, de la Paix et je réponds que cette paix passe par la vérité. La paix n’est rien d’autre que Responsabilité et Sagesse.
Je sais que la responsabilité est d’abord une affaire de devoir : le devoir de répondre de ses actes en toutes circonstances (les conséquences y comprises) c’est-à-dire d’en assumer l’énonciation (ici les raisons du combat contre la validation de la candidature de Wade), l’effectuation (convaincre du bien fondé de la décision de se battre contre la forfaiture du troisième mandat) et par la suite la réparation voire la sanction lorsque l’obtenu n’est pas l’attendu du seul souverain c’est-à-dire le Peuple. La responsabilité est une capacité pour un sujet volontaire et conscient de prendre une décision sans en référer au préalable à une autorité supérieure éthérée et corrompue (je pense à des magistrats et des forces de l’ordre affranchis de la tutelle d’un exécutif clanique et sectaire comme il se doit), à pouvoir donner les motifs de ses actes et à être jugés sur eux. Ainsi, on voit que la responsabilité est plus qu’un fait, elle est aussi une valeur. Et en tant que valeur sociale, elle renvoie à l’éthique et à la morale et est, pour ma part, dépendante des idéaux d’une époque (les présidences à vie sont révolues, la limitation des mandats à deux universalisés), de la vivacité, de la vitalité de la citoyenneté (ici le M23 debout comme une sentinelle pour défendre la Constitution) et de la configuration sociale (bonne gouvernance exigée de tous par des citoyens avertis).
La sagesse est une mixture équilibrée du savoir et de la vertu d’un être humain. Elle est donc affaire de bon sens. Etre sage, je veux dire, ne signifie nullement se faire tout petit, tout obéissant et tout discret face à la volonté du pouvoir et de l’autorité mais plutôt de se mettre d’accord avec soi-même et avec les autres, avec son corps et avec ses passions (vertus de tempérance, de modération et de justice). C’est l’idéal de la vie ; point de tragique comme aphorisme (donner ou nier la raison à ceux qui veulent basculer le pays dans le chaos en soutenant le mandat de trop) mais plutôt une réelle maîtrise et un tri salutaire entre les deux désirs antagoniques que présente la situation alambiquée qu’il faut dénouer exclusivement au profit du peuple et de la Nation.
Il y a des moments pour vivre avec Responsabilité et Sagesse, il y en a d’autres où il faut donner jusqu’à sa vie pour sauver son honneur, son avenir et les générations futures. En termes plus clairs, certaines situations légales appellent la révolte. L’Apartheid était légal car théorisé puis inscrit dans une constitution qui exclut la communauté majoritaire du Pays de Madiba. Le combattre, c’est mettre la légitimité au dessus de la légalité car il y a de ces légalités plus que criminelles. Il n’y aura jamais quelqu’un qui parviendra à me convaincre que Mandela et les siens étaient des terroristes, des activistes et complotaient ainsi contre les intérêts supérieurs de la nation sud-africaine parce qu’ils s’étaient mis debout face à une légalité loin de toute légitimité. Les féroces charges des forces de l’ordre les ont-ils fait plier ? Le bagne et les privations les plus inhumaines les ont-ils fait reculer ?
Il y a des moments pour mourir dignes c’est-à-dire mourir pour le devenir de sa Nation, de son peuple et pour les générations futures. Il y a des moments où il faut faire sienne la devise des soldats du feu : ‘Sauver ou périr.’ Il s’agit aujourd’hui de sauver Wade, de sauver notre pays ou de périr avec eux. Une voiture folle ne s’arrête à aucun feu rouge ! Un pouvoir despotique devient muet, sourd et aveugle ; il piétine, sans se retourner, l’honneur des uns, la dignité des autres et les croyances ontologiques de tous !
L’heure est grave : sauver Wade, c’est sauver la République ! Arrêter Wade et ses affidés (aujourd’hui preneurs d’otage) dans leurs desseins criminels, c’est protéger la Nation toute entière contre les divisions sanglantes et auxquelles ils n’échapperont sûrement pas !
Amadou FALL, Enseignant à Guinguinéo TEL : 775457544/766887279 Zemaria64@yahoo.fr/zemazia64@hotmail.fr
Humilier, pour Wade, est comme un devoir de vérité
Dès son accession à la magistrature suprême, Abdoulaye Wade s’est flatté de dire tout haut ce qui se pense tout bas. Par exemple que le fonctionnaire flemmasse, que les juges ne sont assez courageux et le militaire un amateur, ou encore que le riche ne l’est pas par hasard, ni le pauvre non plus. Il vous fait savoir que vous ne le valez pas, puisqu’il est Président, et vous pas. Il est tout sauf hypocrite : à ses yeux, il est admirable, et autrui radicalement minable, il ne cache à personne son amour de soi, ni son mépris des autres. Le refoulement n’est pas son fort.
Humilier autrui lui est très naturel. Ce travers est, pour lui, comme un devoir de vérité. Il humilie comme il respire. De ce fait, il sait d’autant mieux séduire, encenser, porter aux nues - mais gare ! Il ne satisfait pas votre désir de reconnaissance que pour le piétiner de plus belle. C’est ainsi qu’au fil des ans, les humiliés et offensés qui l’entourent n’ont fait que croître et se multiplier. Il y a ceux qui supportent, survivent, il y a ceux qui détalent, la rage au ventre. Mais le grand humilié, c’est le peuple. Jamais un président de la République n’avait autant maltraité ses concitoyens pour protéger, dans l’impunité totale, des minorités. Effectivement, logique avec lui-même, Wade ne se cache pas de lui préférer le peuple français, plus riche et plus puissant. En messager de la France, il s’est rendu en Benghazi à la face du monde, escorté d’avions français, pour effectuer une besogne déshonorante pour l’image du Sénégal et du continent africain.
Or, si les Sénégalais veulent bien être des moutons, quand on les persuade que c’est pour la gloire du Sénégal, l’humiliation prodiguée par Wade n’exalte que son ego. Il veut, lui, l’éhonté, leur faire honte de ce qu’ils sont. Il leur inflige, en somme, une véritable déchéance subjective, qui détériore, ruine de l’intérieur l’estime de soi, celle des individus comme celle des professions, jusqu’à enrayer la société dans ses profondeurs. Le phénomène va bien au-delà de la question de savoir si son bilan est bon, mauvais ou passable : maintenant c’est lui qui fait gravement honte dans le monde. L’élection approchant, comment rattraper cela ? Positiver. Désenfler. Se faire une tête d’électeur. Manier l’encensoir. Jouer le bon père de la nation. Et faire dire par son porte-parole aux Sénégalais : ‘Que vous êtes beaux ! Si votre ramage ressemble à votre plumage, vous serez le phénix des hôtes de ces bois.’ Vous conviendrez, si tel était le cas, qu’il y aurait de quoi s’esclaffer de rire, par cette plaisanterie de bien mauvais goût.
‘Tu ne punis pas assez mais tu humilies trop’, lui avait énoncé un jour, Viviane, à ce qu’il paraît. Combien de compagnons fidèles, depuis son accession au pouvoir, ont été négligés, écartés, maltraités alors que d’insolents usurpateurs se sont appropriés les plus belles places du gouvernement ? Sous prétexte de n’être pas prisonnier d’un clan, le président sortant a souvent privilégié des hommes ou des femmes qui n’avaient pas cheminé avec lui. Les grognards ont été mal, peu ou pas servis, quand ils n’ont pas été débarqués au profit d’anciens adversaires, propageant le sentiment de déception et le profond mécontentement de ses compagnons de la première heure, acteurs clés de son élection. Tout chef d’Etat est, certes, confronté au même dilemme : vaut mieux s’entourer de très fidèles compagnons de route ou neutraliser ses possibles adversaires en se les attachant ? Abdoulaye Wade est, à mon sens, allé très loin dans la seconde direction.
Avec le risque évident de démobiliser ses troupes, à la veille d’une élection décisive, qui s’étaient vaillamment battues à ses côtés, mais ensuite brutalement écartés et injustement sacrifiés, au profit d’adversaires arrogants et virulents par le passé. En politique, on est plus souvent attaché à convaincre ses adversaires qu’à conserver ses amis. Senghor, Diouf ont pu sacrifier sur l’autel de ce principe machiavélique quelques fidèles, mais avec Wade, c’est devenu ‘caricatural’. Le paradoxe d’Abdoulaye Wade, est d’avoir fait campagne sur la rupture avec le régime incarné par Diouf, et de n’avoir eu de cesse de récupérer tous les socialistes. Ce qui ne peut m’empêcher de citer de Gaulle qui, en 1958, disait à ses plus fervents partisans : ‘Messieurs, vous pouvez aussi parfois compter sur mon ingratitude.’ Ainsi va la vie dans l’univers politique ! Il faut être assez fort, moralement, et blindé contre les sautes d’humeur de Wade, pour prendre, sereinement, le large et mener librement sa voie, en toute dignité. Pour le rendez-vous électoral de février 2012, l’ouvrage de M. Diène Farba Sarr, intitulé Macky Sall, un combattant pour la République constitue une excellente contribution dans la vie politique du Sénégal.
L’ambition de l’auteur de fixer Macky Sall dans la mémoire collective des Sénégalais, est amplement atteinte. Car depuis la création de son parti, l’Alliance pour la République, le 1er décembre 2008, le leader républicain a atteint des sommets de popularité, telle que l’hebdomadaire Jeune Afrique en a fait son choux gras en couverture de son journal N°2626 du 8 au 14 mai 2011 : ‘Monsieur le Président ? L’ancien Premier Ministre d’Abdoulaye Wade vole à présent de ses propres ailes, en créant son propre parti. Candidat officiellement investi par son parti à l’élection présidentielle de 2012, il fait figure d’outsider numéro un.’
Le grand rassemblement auquel nous convie le leader républicain, qui devra allier la défense de nos valeurs et qui permettra à la coalition ‘Macky 2012’ de se renforcer, donnera ainsi l’exemple de l’effort que chaque citoyen devra accomplir pour que cette candidature de rassemblement triomphe : le bien du Sénégal est à ce prix. Nous nous rassemblons pour la démocratie et tout ce qui la menace. Nous nous rassemblons pour agir et proposer et non pour dénigrer.
La victoire est inéluctable ! Ensemble, nous le ferons, encouragés par le soutien sans défaillance de la jeunesse qui aspire au renouvellement de la classe politique. C’est elle qui nous permettra de gagner demain l’échéance présidentielle majeure qui nous attend. Aucune ambition ne peut justifier le moindre accroc à cette exigence d’union. D’abord, parce que les difficultés du Sénégal sont trop bien grandes, pour que nous nous permettions de donner le spectacle de querelles subalternes et dérisoires. Ensuite, parce que nous devons nous situer dans la durée. Pour tracer durablement notre sillon, tout est désormais entre nos mains. La politique est et a toujours été un combat. En ce moment, dans ce combat, le présent, l’avenir de nos enfants, celui du Sénégal. Pour vous, autour de vous, nous allons faire en sorte de créer l’union de toutes celles et de tous ceux qui recherchent, avec obstination, à se faire entendre, à travailler, à préserver leur liberté d’expression et qui aspirent à plus de justice, puisque la justice est le ciment de la société, à plus de bonheur, sans pour autant renier les principes auxquels ils sont attachés. La politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire.
L’action politique, la plus noble des actions, puisqu’elle conditionne le destin des hommes est une action permanente. Fidélité à la ligne choisie. Unité sans faille au sein de la coalition ‘Macky 2012’. Telles doivent être nos exigences si nous voulons que les choses changent réellement, que la confiance se rétablisse, qu’une vraie espérance se lève, sempiternellement, dans un Sénégal chargé d’émotion qui nous fera voyager loin, pour une véritable alternative républicaine. Le Sénégal retrouvera sous l’ère du Président Macky Sall, prospérité et harmonie, en conciliant esprit de conquête et progrès social. Car l’homme d’Etat et homme de cœur a fait le choix de l’espérance et de la confiance en l’avenir.Voilà pourquoi, nous devons nous battre avec toujours la même énergie, le même plaisir, pour remporter le combat décisif de la présidentielle le 26 février 2012, pour le renouveau du Sénégal.
Cheikh Sadibou DIALLO, Ancien Consul général du Sénégal à Lyon