des ASSISES
FRANCE-RESTITUTION DES ASSISES NATIONALES « Le Sénégal est au bord du chaos », selon Amadou Moctar MBow
par Alassane THIAM | SUD QUOTIDIEN , dimanche 13 septembre 2009 |
La ville de Rouen, en Normandie, pays d’adoption de Senghor, a accueilli Amadou Moctar MBow pour la restitution des Assises nationales du Sénégal. Sous l’égide de l’Asra, la rencontre a permis au Président desdites Assises de dresser un tableau sombre de la situation politique et sociale du Sénégal. Un pays « en dérive » et au « bord du chaos ».
(Correspondance particulière)- « On ne développe pas un pays, un pays se développe par la volonté manifeste de ses habitants. Le Sénégal est au bord du chaos. » Voilà la forte sentence qu’a prononcée Amadou Moctar Mbow, le président des Assises nationales du Sénégal qui présidait une séance de restitution des ces dites Assises en territoire français, notamment à la Halle au x Toiles de Rouen. .
La rencontre était pilotée par l’Association des Sénégalais de Rouen et agglomérations (Asra). Devant une assistance forte de quelque trois cents personnes qui attendaient M. MBow et la délégation parisienne qui l’accompagnait, le Président des Assises nationales a pris la parole pour féliciter vivement les Sénégalais de l’e x térieur tout en regrettant le refus du pouvoir en place de participer à cette démarche non partisane et citoyenne. L’ancien secrétaire général de l’Unesco a prononcé un discours fort qui s’est orienté vers une rupture des pratiques politiques partisanes et clientélistes. Pour autant, M. Mbow a e x plicité le contenu de la Charte de gouvernance démocratique instituée par les Assises, en insistant lourdement sur la nécessité de l’application de cette Charte. En effet, a-t-il affirmé : « Rien ne se fera sans vous… C’est au peuple de vérifier et de contrôler que les signataires de la dite Charte se conforment au contenu de celle-ci. »
Un débat de grande qualité s’ensuivit. De nombreu x intervenants ont insisté sur la mauvaise gouvernance au Sénégal et, notamment sur l’impunité des dirigeants sénégalais actuels. Le rapport entre le pouvoir politique et le pouvoir religieu x est souvent revenu par ailleurs dans les discussions où l’on s’est grandement posé la question de savoir qui dirige réellement le pays ? Le vieu x sage de quatre-vingt-di x ans a mobilisé l’attention du public en répondant finement et sans détours au x questions pertinentes de la salle. Il a adressé quelques « flèches » subtiles au gouvernement actuel, sans épargner le la x isme des Sénégalais, quasiment impassibles face au x faits graves qui constituent leur lot quotidien.
Le slogan de Wade a même été repris par M. MBow, par pur acte de dérision : « Il faut travailler, beaucoup travailler, encore travailler, toujours travailler »… pour développer le Sénégal. En outre, le Président des Assises a profité de la tribune de l’Asra pour fustiger la politique menée actuellement par l’Etat sénégalais. Ce n’était pas les e x emples qui manquaient : développement inégal des régions, manque de visibilité en matière foncière, absence de projets pour les jeunes etc. Autant de gaps qui révèlent à quel point le Sénégal va immanquablement vers la dérive.
Enfin, ce laïc convaincu et ancien patron de l’Unesco a e x horté les Sénégalais de France à refuser la prise en otage des dirigeants par les confréries religieuses, tout en reconnaissant que celles-ci ont toute leur place dans la société sénégalaise pour consolider la pai x sociale. Il faudra cependant, a-t-il dit, délimiter leurs zones d’influence. La réunion de restitution s’est terminée par la vente du livre intitulé : « Assises nationales du Sénégal : Charte de gouvernance démocratique » qui a été vendu comme de « petits pains » par la délégation parisienne. L’espace d’une réunion, Rouen était devenue la capitale des Assises nationales en France, grâce à l’implication de l’Asra présidée par Amadou Willier.
Après avoir conquis Paris : Les Assises nationales investissent les provinces françaises
Source: Walfdjri
A l'instar du Sénégal, les Assises nationales bougent en France. Ainsi après la capitale française qu'elles ont fini d'investir, les Assises nationales ont pris la direction des provinces.
Correspondant permanent à Paris) - Démarrées depuis le 16 août dernier, les assises nationales dirigées par la section France du même nom abandonnent momentanément la capitale française pour aller s’installer dans les provinces.
Ainsi dès le samedi 23 août 2008 à 14h, les Consultations citoyennes se déplacent à Rouen en Normandie. Elles seront accueillies par Yaakare et l’Association sénégalaise de Rouen et Agglomérations (Asra). Durant ce week-end, toutes les questions seront discutées pour diagnostiquer les différents maux qui secouent le pays.
Après la Normandie, ce sera au tour de Lille, Bordeaux et Lyon d’accueillir les concertations nationales. Mais aucune date n’est encore retenue pour ces villes. Il en est de même pour Strasbourg, Marseille, qui accueilleront les assises nationales. C’est le cas de Cergy Pontoise, Mantes la Jolie, Evry et des foyers d’immigrés ou des résidences universitaires.
Le Comité France des Assises nationales indique qu’il est ‘en contact avec d’autres ressortissants sénégalais en Europe afin d’organiser des consultations citoyennes à Rome, Milan, Madrid, Barcelone, Londres, Genève et Bruxelles’. Mansour Guèye et ses amis qui dirigent le Comité France des Assises nationales ‘se félicitent de la teneur et de la qualité des débats qui annoncent déjà une contribution importante de la part de la diaspora’.
Il faut rappeler que le lancement à Paris des Assises nationales a eu lieu le 13 juin dernier en présence de Amadou Mahtar Mbow. Depuis, plusieurs réunions plénières ont permis d’installer le Comité France et les cinq commissions thématiques aujourd’hui opérationnelles. Ces cinq commissions ont déjà tenu plusieurs réunions de travail sur les thèmes qui leur sont dévolus.
La première commission porte sur l’immigration (Accords bilatéraux entre la France et le Sénégal), la Sécurité sociale, les allocations familiales, les Retraites, les conditions de retour des immigrés (Logements, investissements, douanes, etc.), les sans-papiers, les relations avec les Consulats et la féminisation de l’immigration.
La deuxième commission concerne les institutions, les libertés, la Citoyenneté et les questions sociétales comme les valeurs, l’éthique, la solidarité et la laïcité.
La troisième commission s’intéresse à l’Orientation budgétaire, à la politique économique, à l’environnement des affaires, aux droits économiques et sociaux et à la valorisation des ressources humaines.
La quatrième commission planchera sur l’aménagement du territoire, l’environnement et le Développement durable ; le monde rural et le secteur primaire ; les transports et l’énergie.
Quant à la cinquième commission, elle s’occupera de la politique extérieure et de l’intégration africaine. Les conclusions de ces travaux doivent être rendues en octobre. Il est prévu que le document de la Diaspora Europe des Assises nationales soit harmonisé avec les autres documents de la Diaspora sénégalaise en Amérique du Nord et en Afrique afin de remettre un seul rapport aux assises nationales présidées par Amadou Makhtar Mbow.
Moustapha BARRY