Mais Wade est-il atteint de la ‘cécité de Ben
l y a un an, l’appel de Touba : Mais Wade est-il atteint de la ‘cécité de Ben Ali’
Il fut le premier à adresser une lettre à Abdoulaye Wade pour lui signifier le caractère anticonstitutionnel d’une troisième candidature avant de le lui signifier de vive voix. Comme, un certain 23 juillet 2005, il fut amené au fond d’une cellule pour avoir, très tôt, senti le danger d’une dévolution monarchique.
La solennité de son appel historique en direction de Wade, eut, aussi, pour cadre, la cité sainte de Touba. C’est dans cette ville que l’ancien Premier Ministre, Idrissa Seck avait lancé cet appel le 20 Janvier 2011 à Touba ’Je souhaite au président Wade la sagesse de Nelson Mandela et non la cécité de Zine Abedine Ben Ali.’
Un an après, le pays s’apprête à vivre des moments historiques dont Wade, n’est apparemment pas prêt à être le héros en adoptant la ‘sagesse de Mandela’.
Il semble, malheureusement, préférer la ‘cécité de Ben Ali’ qui l’empêche de voir, aujourd’hui, l’Etat du pays, de sentir le danger et les craintes d’une violence dont il serait lui-même la source. Ce, malgré la mise en garde du Réseau libéral africain, des chefs religieux, des médiateurs du Groupe des Six et tant d’autres.
Les Sénégalais décident aujourd’hui de lui opposer toute leur résistance, sous haute tension. La crainte d’affrontements que provoquent, très souvent, ses nervis hante les esprits. La jeunesse sacrifiée qui l’avait élu en 2000 se résigne ou se rebiffe, de temps à autres, en exposant les difficultés du pays à la ‘Foire aux problèmes’.
‘Les difficultés auxquelles les Sénégalais sont confrontés sont devenues un calvaire’, disait déjà Idrissa Seck, il y a aujourd’hui, un an !
Le contexte politique tendu, les violences qui polluent notre vie politique, lui donnent raison lorsqu’il déclarait, suite à l’assassinat de Malick Bâ que la présence de Wade à la tête du pays est devenue ‘un danger pour les populations et une calamité’.A même se demander si Abdoulaye Wade n’est pas passé d'un ‘danger’ rampant pour devenir une véritable ‘calamité’ personnifiée.
Serigne Cheikhouna Sidy MBACKE cheikhmbacke129@gmail.com
Héros national ou fléau national
LE DIABLE OU LE FLEAU NATIONAL
C’est un vieillard sénile avec une tête plus déserte que le Sahara
Têtu comme un cancer décidé à emporter l’âme de notre cher pays
Il marche à l’image d’une statue martyrisée trainée tel un dessin
Plus moche que Fantômas, il a l’esprit couché sur les flancs de Satan
Il se mignarde avec une femme qui devrait prendre un repos dans un asile
Avec un enfant qui confond parc d’attraction et sérieux du pouvoir
Avec une fille qui dilapide la sueur du contribuable dans des spectacles enfantins
Avec de petits diablotins qui saignent leurs frères comme de noirs pantins
Le diable dans ses jours presque couché au bord du tombeau
A décidé d’assassiner la paix du pays avant de regagner sa demeure souterraine
En tirant sur les ficelles incandescentes qui grondent au fond des enfers bleus
En déchirant les tissus social et religieux ferrés par les liens sacrés de la fraternité
En tout sabotant, en tout détruisant, en tout niant comme un fléau national
Foutez le camp ! Partez ! Fuyez ! Allez-vous-en ! Hors de notre vue !
Emportez avec vous le butin récolté au cœur des cris de misère
Allez-vous masturber avec nos richesses dans les pays de la neige
Embarquez tout dans la barque du diable avec tous les diablotins
Mais de grâce ne nous plongez pas dans un chaos sans fin
Ne nous faites pas vivre le Libéria, Le Rwanda, La Côte d’Ivoire
Ne nous faites pas entendre les hoquets de la sœur qu’on viole
Ni les plaintes des enfants qui gémissent de faim
Ni les bruits de plomb qui assassinent la colombe
Ne nous faites pas voir le spectacle sinistre d’un pays agonisant
Où fume le corps du frère tué par son frère
Où sanglote l’enfant devant le cadavre de sa mère sans sein
Où le sang des morts qui montent attirent les charognards
Où marabouts et prêtres sont expédiés comme trophées congédiés
Où sur les routes de l’exil crèvent nos enfants, nos mères, nos pères.
De grâce,retirez-vous de ce pays où vous avez semé le désespoir et la peur
Sans allumer la trainée de poudre que vous avez des années durant tracée
Soyez héros national ou fléau national !
Mais pour l’amour de Dieu, n’assassinez pas la Paix.
Said Mouhamed Ba
DERAISON D’ETAT
L’année 2012 ouvre ses crocs, vers lesquels nous avançons transis .bruine d’angoisse, brume de pessimisme :toute prévision peint en noir l’horizon du pays. Si les Calandres ont raison, les vertus trop oubliés de l’humanisme républicain seront d’indispensables viatiques : traverser l’ année lourdement électorale en apnée est impossible, il faut l’affronter dans l’ altruisme. Et Wade, dans un bouleversant accès de générosité, a eu la troublante idée d’une « journée sans femme en prison ».Curieuse belle idée !
Sous couvert d’amour échevelé du Président pour sa maman, donc pour la femme, se découvre une réserve inquiétante d’irrationalisme au plus haut sommet de l’Etat.Car il existe une sorte de proportion entre le fait réel(sortir les femmes de prison) et sa traduction fantasmatique. Pourquoi faut-il toujours qu’au sommet de l’Etat-Wade les choses soient ainsi hystérisées ? Avec l’éviction brutale de la gent féminine de toutes les prisons du pays, le papy-président vient de donner un spectacle national dont le fondement intellectuel reste indéchiffrable pour les doués de la raison morale voire républicaine. Tant les contradictions se bousculent dans l’imaginaire de ce jour d’exception.
Mais rassurons-nous : pour n’importe quel fait qui vienne à se produire dans la galaxie wadienne, on peut être sûr qu’il se trouvera au moins un hurluberlu libéral, de première ou de dernière heure, pour en donner une interprétation pathologique absurde. La dernière lubie du vieux gâteux alimente dans le monde glauque de l’Alternance un torrent de bobards grossiers, un robinet de mensonges officiels, tant les théories échafaudé es prennent de la distance avec le plus simple bon sens. La posture fallacieuse de Me Wade, qui se donne l’apparence du redresseur de torts faits à la si chère nature féminine, avoue tout de l’obscurantisme le plus pernicieux dans lequel est tombé notre Gouvernant finissant, notre République culbutée sur le lit des exactions bleues.
En cet âge incertain qui est celui de la crise économique et des valeurs, le pays peut se passer d’un père, mais la nation sénégalaise a urgemment besoin d’un guide, refondateur d’unenouvelle mystique … de l’Etat réhabilité.
Yacine Fall Journal l’Observateur N°2499 du 21 Fèv 2012
Journée sans femme en prison : UN ATOUT OU UNE VISION POLITICO ECONOMIQUE.
L’idée de décréter le 20 Janvier «Journée sans femme en prison » résulte sans nul doute du constat voire la réalité de l’importante contribution de la femme dans le développement politique, économique, éducatif et social du pays. Elles cultivent les champs, récoltent et s’occupent de tous les travaux ménagers. Elles allaitent et pourvoient à l’éducation des enfants. Pourtant, cette charge considérable de la femme dans la famille sénégalaise ne se reflète ni dans l’éducation encore moins dans la répartition des redevances ou encore leur rang dans divers sphères de prise de décision.
Au Sénégal, l’alternance survenue a suscité un immense espoir chez les femmes dont l’électorat déterminant n’est plus à démontrer. Les SOXNA du troisième millénaire s’annoncent à travers diverses structures, aptes pour une représentativité hors des sentiers décriés. Il s’agit en fait de rompre avec les habitudes qui placent la femme dans une situation de seconde zone fut-elle éducative, politique, économique, sociale ou culturelle.
La SOXNA dans cette vision, dessine et dévoile l’émergence d’une approche managériale de savoir – faire propre au genre. Elle entend surtout évoluer dans un cadre de valeur et d’excellence. Nombre de Sénégalaises, quelle que soit leur apparence et appartenance, s’inquiète devant la montée de la marée de dégénérescence morale et spirituelle qui déferle dans le monde. Des entités féminines sont construites, en tant qu’espace de concertation, d’action, d’appui fécond. Lesquels abreuvoirs entendent accueillir les femmes qui s’abreuvent de valeurs fondatrices de la nation Sénégalaise. Lesquelles renforcent leurs capacités et leurs raisons d’être, leur leadership au long cours. Voilà pourquoi les femmes doivent faire entendre la voix des femmes, tout en affirmant et en consolidant leur statut de SOXNA.
De cette analyse d’expert en la matière sur la teneur de ce qui précède, la Soxna conjugue les qualités et les valeurs de la femme (1). Les Soxna du troisième millénaire s’annoncent aptes pour une représentativité hors des sentiers battus. La Soxna doit dessiner et dévoiler l’émergence d’une approche managériale du savoir, du savoir être et du savoir-faire propre au genre humain.
L’originalité de cette démarche permet la Soxna de nos jours, d’innover en engageant les véritables actrices et bénéficiaires d’un développement durable sans heurt dans des voies de sortie heureuse. Poser clairement le vrai débat d’implication culturelle, sociopolitique et économique de la Soxna. Les organisations de la société civile particulièrement celles des femmes font vibrer leurs cordes vocales pour pratiquement une même cause: Vaincre les remous sociaux. Elles font par ailleurs enfler la polémique au sujet de la bonne prise en compte des problèmes qui perturbent le bien être des populations, en ligne de mire, les plus déshéritées. Des solutions sont attendues pour une grande majorité de cette cible vulnérable écrasée par la pauvreté.
Il n’est plus question de voir ces populations languir sous le poids de la misère ou oublier dans les politiques de développement. Ces victimes de l’exclusion ne demandent que de se prendre en charge, certes avec l’assistance et l’action des politiques gouvernementales. Tous les observateurs et doctes analystes sont d’avis qu’il n’est plus question de reconduire les fautes du passé dans la conduite du pays. Des pans entiers sont dans le désarroi et appellent à l’assistance. Nous vivons un spectacle de désolation. Des familles entières sont dans le trouble. Les femmes ont lancé un cri de détresse. Leurs besoins de première nécessité sont inestimables. Convenons en, les problèmes qui assaillent notre pays et portent atteinte au droit du bon vivre doivent être traités. Lesquelles perturbations nous interpellent au-delà des clivages, antagonismes, et obédience ou chapelle confrérique ou politique.
Les Soxna devraient à titre de générosité et par devoir civique ou patriotique sécuriser la génération future. Dès lors, les Soxna doivent s’en attaquer aux maux de la société par différentes façons, dont les échanges, discussions, dialogues constructifs et partenariat. La revalorisation de l’expression citoyenne du leadership féminin est un terreau fertile dans l’option irréversible de promouvoir le leadership de la femme, dans un style de type nouveau. C’est notre credo orienté sur les voies orthonormées au bénéfice du Genre.
(1) Définition de la Soxna selon Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké:
-Son esprit est droite, elle ne fait que du bien et en parle.
-Son cœur est bon. Elle est pieuse.
-Ses vertus sont nobles- Elle répare toujours ce qui dérive vers le mal.
Dakar, le 20 Janvier 2012.
Ndèye Kouna Ndoye
Consultante en Genre du Club Soxna
clubsoxna@yahoo.fr
Décryptage de l’homosenegalensis !
Un consultant nommé Rosnert Ludovic Alissoutin a, dans une contribution au magazine africain en ligne Continent Premier, indiqué que le Sénégalais verse quotidiennement dans la palabre stérile.Beaucoup de discours, mais peu d’actes positifs aux fruits palpables.Ainsi, il se pose la question de savoir si notre pays ne refusait pas le développement.
Au Sénégal, personne n’a su expliquer le paradoxe d’un peuple si ouvert, si ingénieux, si prompt à s’adapter aux situations les plus éprouvantes, mais si désordonné et si éloigné d’une dynamique ferme et organisée de progrès. Pourquoi le Sénégalais ne donne-t-il le meilleur de lui-même que lorsqu’il est à l’étranger, à l’image des ‘Lions’ du football ? Qui est ce Sénégalais qui doit faire le développement ? Quelles sont ses caractéristiques ? Celles-ci sont-elles compatibles avec les exigences du progrès ? En un mot, le Sénégalais a-t-il une culture de l’effort, une pédagogie du développement ?
Le Sénégalais verse quotidiennement dans la palabre stérile. Beaucoup de discours, mais peu d’actes positifs aux fruits palpables. La réflexion et la conception ne sont certes pas des exercices qui font défaut au Sénégal où se multiplient, à un rythme ahurissant, les ateliers de conception, de restitution, de capitalisation ou de validation, les séminaires, conférences, assises, fora, symposiums, journées de réflexion, semaines ou quinzaines de promotion, retraites, rencontres, sommets, etc. Les résultats d’envergure que le foisonnement de ces rencontres met en droit d’attendre ne se font pas sentir concrètement. Pour Henri Bergson, ‘originellement, nous ne pensons que pour agir. C’est dans le moule de l’action que notre intelligence a été coulée. La spéculation est un luxe, tandis que l’action est une nécessité’.
On fait un tapage pour la construction d’échangeurs alors que des pays théoriquement moins avancés que le Sénégal comme le Mali, le Burkina Faso et même la Guinée ont déjà réalisé ce type d’infrastructures sans tambours ni trompettes. On pense être les champions de la démocratie et les experts de l’Alternance alors que le Mali et le Bénin ont déjà réalisé une double alternance. De manière générale, le Sénégalais pense qu’il est plus éveillé, les autres étant des ‘ndrengs’ (Guinéens), des ‘gnaks’ (africains du centre principalement) ou des ‘naars’ (mauritaniens et maghrébins par extension). A l’intérieur du pays, le wolof (ethnie numériquement dominante) pense qu’il est plus ‘civilisé’, les autres étant des Lak-kats (personnes qui parlent une langue autre que le wolof). Ces dérives conduisent au cloisonnement des forces, au narcissisme, à la suffisance, à l’arrogance et à l’immobilisme.
Le Sénégalais n’est pas prompt à l’investissement et à la production. Dans sa recherche du gain facile et rapide, il cantonne généralement son action au petit commerce, d’où la multiplication, à un rythme supersonique, des souks sur le territoire national. Or, il n’y a pas de richesse durable sans production sécurisée. Cette production doit susciter un progrès soutenu : il faut aller du ‘développement de la production à la production du développement’.
La production nécessite en effet des capitaux importants, des ressources humaines qualifiées et des stratégies d’action ardues. La réalisation de bénéfices destinés à fructifier cette production est liée à l’écoulement des produits, donc à leur compétitivité. L’insertion dans le système productif appelle, par conséquent, un esprit de méthode, de patience et de persévérance contrairement au petit commerce où les recettes sont, en principe, immédiates. L’épargne privée est tournée vers des secteurs improductifs ou égoïstes comme le bâtiment, les cérémonies familiales ostentatoires et la polygamie abusive.
Le parasitisme familial est aussi un frein à l’investissement privé. La seule personne qui travaille dans la famille est tenue de nourrir ses frères, cousins, oncles, beaux-frères etc. qui se complaisent parfois dans cette situation de perfusé. L’ampleur de l’économie informelle est révélatrice du primat de l’individualisme sur la volonté consciente et organisée de développement collectif. En plus de se soustraire à l’obligation citoyenne d’acquittement de ses charges fiscales, l’acteur de cette économie chaotique, au lieu de s’associer à ses semblables dans l’optique d’investissements substantiels, susceptibles de créer de la richesse et des emplois, se préoccupe de revenus personnels quotidiens. Et lorsqu’il amasse un peu d’argent, il cherche à acheter un visa pour l’Italie ou l’Espagne…
Le Sénégal est l’un des pays les plus aidés de la planète. Les partenaires au développement se bousculent dans les villages les plus reculés, mais on ne voit vraiment pas l’impact de leurs actions, proportionnellement aux sommes énormes annoncées. Certaines Ong excellent dans l’art de l’instrumentalisation des populations déshéritées et la ‘perdiemisation’ du monde rural. Boladji Ogunseye constate que ‘la relation de mendicité à l’égard des bailleurs de fonds a engendré un gros problème’.
Comme les Ong africaines s’acharnent à suivre les donateurs comme des missiles autoguidés sur les traces de l’avion-cible, il ne leur est généralement pas possible de s’engager dans des actions de remise en cause du plan d’action pré-établi, même en cas d’inadéquations criantes sur le terrain. Les partenaires au développement, pour la plupart, sont donc revêtus d’un ‘manteau clair-obscur’ et munis d’un couteau à double tranchant pour : tantôt soulager la misère des masses déshéritées, tantôt s’appuyer sur le dos de ces mêmes indigents pour s’enrichir, transformant ainsi ‘la lutte contre la pauvreté en une lutte contre les pauvres’.
La marche du Sénégal vers le progrès est profondément gangrenée par l’indiscipline banalisée, le laxisme toléré et, de manière générale, le refus de l’ordre. La sacralité du service public est régulièrement et impunément bafouée par les retards désinvoltes, l’absentéisme, le bavardage dans les bureaux et la corruption. Partout, la règle est la même : peu le matin et rien le soir. La pauvreté rend les hommes aigres et aigris.
Tout membre du groupe social qui réussit est combattu par pure jalousie, à moins qu’il soit un bailleur de fonds naïf, distribuant gracieusement de l’argent aux charognards qui lorgnent ses biens. A l’intérieur d’une même famille, d’un même service, on s’entretue à coup de maraboutage. On met les pieds dans le plat lorsqu’on n’est pas invité au repas. Comment peut-on construire un progrès sain dans une atmosphère sociale aussi viciée ?
La politique est certes peu compatible à la morale, mais le Sénégal a battu plusieurs records en matière de coups bas, de mensonges publics et de déloyauté. L’absence de conviction idéologique explique la transhumance politique cavalière. On s’attache non pas à des principes, mais à des personnes ou plutôt à leur argent.
Dans un mépris mesquin du peuple, d’intrépides politiciens changent de veste et de discours, du jour au lendemain, au gré des intérêts financiers, sans conscience ni vergogne, donnant ainsi à une jeunesse fragile, le mauvais exemple de l’opportunisme et du situationnisme. La citoyenneté demeure vacillante, tout comme le sentiment d’appartenance nationale. On s’identifie plutôt à une famille, une ethnie, une caste, une confrérie. Souvent, on est prêt à tout pour le marabout et rien pour l’Etat.
Les croyances fantasmagoriques et le recours abusif au mysticisme conduisent au recul de la raison, de la confiance en soi et de l’effort.‘L’Africain explique ce qui se déroule autour de lui par l’action des forces occultes, justifie les fléaux par la colère des dieux et place les événements heureux à l’actif des marabouts et des féticheurs’.De nombreuses personnes ont publiquement expliqué le mauvais résultat de l’équipe nationale du Sénégal face à celle du Togo, par un mauvais sort qu’auraient lancé sur les joueurs des marabouts évincés et d’anciens membres de la fédération limogés…
L’impunité, l’absence d’une culture du bilan, le primat des calculs partisans sur l’exemplarité de la sanction, constituent une invitation au laxisme dans l’action publique. Le ministre ou le directeur d’une entreprise publique nouvellement nommé ne fait pas de déclaration publique de patrimoine. A son éviction, il effectue une passation sommaire de service à la place d’une nouvelle déclaration de patrimoine et d’un bilan administratif et financier détaillé, apprécié par les autorités judiciaires.
En l’absence de contrôle, le ministre utilise les biens publics à des fins privées ; il se rend aux cérémonies familiales avec la voiture de fonction, parfois accompagné de motards de la gendarmerie nationale, y fait des dépenses insolentes ou effectue sa campagne électorale anticipée le week-end, avec le même véhicule de l’Etat. Comme dans tous les pays africains, les ressources sont détenues par une élite politique avide au détriment des masses laborieuses qu’on s’emploie à aduler et à corrompre à l’approche des élections, dans le cadre du phénomène bien connu de la ‘marchandisation du vote’.
Malheureusement, on n’observe aucune prémisse d’un sursaut national, d’une introspection critique, d’une remise en question de soi, d’un mea culpa constructif. Au contraire, on note l’insouciance, l’engouement pour la récréation et le folklore. Même le deuil est l’occasion de mangeailles festives. Dans toutes les villes du pays, des centaines de mendiants à la fleur de l’âge errent dans les rues, pieds nus, à des heures tardives, initiés au gain facile, soumis à la tentation du vol, exposés aux dangers du choléra et de la pédophilie. Personne ne s’en offusque, personne ne réagit ; on préfère discuter de politique et de football…
Le drame, c’est que le Sénégal, un pays qui regorge de ressources humaines, a parfaitement les moyens de se sortir d’affaire. Mais le problème, c’est moins le Sénégal que le Sénégalais. Il va donc falloir réformer le matériel humain, reconstruire les mentalités, briser les chaînes de l’ignorance, relancer la moralité citoyenne et l’éthique républicaine. L’éducation est impérieuse dans cette optique ; malheureusement les autorités la confinent à une conception presque exclusivement scolaire. Eduquer un homme, c’est aussi l’aider à grandir dans la dignité, lui apprendre à se battre pour lui-même, pour sa famille et pour son pays.
Massène Papa GUEYE, professeur d’Histo-Géo, Fatick mgueye63@gmail.com