L’appel au «consensus» du Président Abdoulaye
L’appel au «consensus» du Président Abdoulaye Wade.
Sacré Maître Wade ! Il ne finira jamais de nous surprendre : «La vie est ainsi faite que les avis sont toujours différents mais l’essentiel c’est de rechercher le consensus.»
Ce propos est-il bien de notre très cher président de la République ? Certainement qu’il fait du consensus ce qu’en disait Jean Bothorel : «Le consensus, c’est aliénation joyeuse.» Consensus autour de quoi devrait-on vous demander Monsieur le Président. S’il s’agit d’un consensus autour de votre départ immédiat pour que le pays puisse se retrouver entre des mains expertes et respectueuses de la démocratie et de la République, nous sommes partants. Soyez-en rassuré Monsieur le Président. Le peuple sénégalais a célébré la fête de la tabaski et son vœu le plus cher est, sans aucun doute, votre départ, au plus vite, de la tête du Sénégal. Alors, cessez de chercher à nous endormir car vous n’êtes ni un homme de dialogue ni de consensus.
Tous vos actes sont des actes solitaires guidés par l’intérêt personnel, familial ou clanique. Vous ne consultez personne pour tripatouiller la Constitution dans le but de satisfaire vos calculs politiciens et tyranniques. Vous manipulez nos institutions et nos deniers publics comme bon vous semble en sachant bien que rien dans votre démarche ne rencontre l’adhésion du peuple. Vous choyez votre fils avec votre décret et acceptez de fermer les yeux sur toutes ses dérives qui portent préjudice au présent et à l’avenir de notre République. Nous voulons un consensus sur la nécessité, entre autres, d’éclairer le peuple sur la gestion des milliards de l’Anoci décriée dans le livre intitulé Contes et Mécomptes de l’Anoci de Abdou Latif Coulibaly.
Malgré tout, Monsieur le Président, vous avez l’audace de faire l’apologie du consensus lors d’une prière de tabaski ; il nous nargue encore. Le plus cocasse est qu’il ose nous dire, sans sourciller, que «la force d’un pays réside dans la discipline. Il faudrait que certains Sénégalais se comportent moins en anarchistes qu’en bons citoyens». Comme un avertissement lancé aux «récalcitrants» et autres opposants à sa gestion antidémocratique du pays, Wade parle de discipline et «abhorre» l’anarchie. C’est cette même personne qui traitait l’opposition de poltron en l’invitant à descendre dans la rue. Nous savons pertinemment que les Sénégalais ne l’écoutent plus ou le font d’une oreille distraite.
Leur religion est faite sur la nature de cet homme. Nous savons qu’ils savent que maître, même dans des lieux de culte, en ce jour béni de l’Aïd-el-kébir, est incapable de se départir de ses habits démagogiques, de ses ruses politiciennes, de son engagement à toujours se servir et servir sa famille biologique et politique au détriment de son peuple. Les anarchistes de notre République sont ceux qui saccagent ses fondamentaux à longueur d’année sans gène. Ils avancent, comme des bulldozers, sur le rempart de l’éthique et de la morale, faisant fi des principes de la démocratie et de la bonne gouvernance.
C’est étonnant. Dès son accession au pouvoir, il avait fait tellement de promesses mirobolantes au peuple parmi lesquelles, justement, la construction de la mosquée Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Aujourd’hui, l’on peut lire sur Seneweb, dans une dépêche de l’Aps : «Il a effectué la prière sur le site devant abriter la grande mosquée Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, du nom du fondateur de la confrérie mouride à laquelle il appartient.» Pourtant, en un laps de temps, il a su presque terminer son monument de la Renaissance africaine à un coup plus élevé que celui promis pour la construction de la mosquée qui devait porter le nom de «son» guide spirituel Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké.
Notre avis est qu’il est un fin manipulateur qui a essayé, pendant des années, de jouer sur la fibre confrérique dans le seul but de fidéliser un électorat mouride. Maintenant que tout le monde a compris… maintenant qu’il sait que son jeu a été démasqué, il essaie tant bien que mal de sauver les meubles en commettant l’erreur de singulariser, dans ses remerciements le jour de la tabaski, le chef de la confrérie mouride : «Je remercie le khalife général des mourides El Hadj Mouhamadou Lamine Barra Mbacké et demande aux uns et aux autres de se pardonner. La tabaski est un jour de grâce. Nous ne devons pas retenir des griefs.» Nous ne savons pas qui sont vos conseillers religieux… qui sont vos conseillers en communication… Monsieur le Président, mais vous gagneriez à les jeter… ceux là… à la poubelle.
Ils devraient pouvoir vous rappeler que El Hadj Mouhamadou Lamine Barra Mbacké n’est pas le seul khalife de confrérie au Sénégal à avoir célébré la fête de tabaski et que votre rôle, en des instants pareils, est de rester au dessus de certains clivages car vous portez le manteau du chef de l’Etat du Sénégal, vous êtes encore le président de la République de tous les Sénégalais. Mais avez-vous réellement des conseillers ? Nous en doutons car ils ressemblent beaucoup plus à des troubadours, des larbins, des parasites sociaux, des mange-mil qu’à autre chose.
M. le Président nous dit encore : «Nous sommes au service du Sénégal et vous avez constaté ce que nous sommes capables de faire. Nous demandons à Dieu de nous donner la force de continuer.» Nous laissons aux Sénégalais le loisir de juger si vous êtes au service du Sénégal ou à celui de votre personne, de votre famille et de votre parti.
Monsieur le Président, bien sûr que nous savons ce dont vous êtes capables, mais, par respect dû à votre âge et à votre fonction, nous préférons ne pas vous le dire. Les Sénégalais sont fatigués de vous, de votre fils et de votre parti. Ils sont fatigués de vos promesses sans lendemain, de vos déclarations inconstantes, de votre manière sordide d’entretenir l’incompétence, le copinage, l’arbitraire et la corruption dans la gestion de notre Nation, de notre Etat, de notre République. Alors, dans l’intérêt du peuple, nous vous demandons solennellement, d’adhérer au consensus autour de votre départ de la tête du pays, dans les meilleurs délais.
Tafsir Ndické DIEYE - uteur de polars et de poésie dont : deur de sang (polar),
Silence ! On s’aime (poésie) ditions Le Manuscrit, aris, mars 2008 /