fermeté & ouverture
Attendu par les syndicats sur la crise scolaire : Wade refuse de lâcher du lest
Si l’Intersyndicale enseignante persiste dans la volonté d’exiger la satisfaction de ses revendications, l’année scolaire ne sera plus sauvée. Le gouvernement, par la voix du président de la République, a affiché, hier, lors de la présentation des cahiers de doléances, sa ferme décision de ne céder à aucun chantage.
Les membres de l’Intersyndicale de l’enseignement vont-ils lâcher du lest et faire preuve de moins de radicalisme ? En tout cas, le président de la République, en recevant hier les cahiers de doléances des centrales syndicales, a laissé entendre, de manière ferme, que ‘le gouvernement ne reculera pas devant le chantage de la grève des examens, de la notation des épreuves ou de la rétention des notes’. Et mieux, a-t-il ajouté, ‘le gouvernement appliquera la loi dans toute sa rigueur’. Cela, d’autant plus que, à son avis, la prolongation de cette grève n’a pas de sens. Même s’il reconnaît que cette situation ‘pénalise les enfants innocents qui ne comprennent rien à la guérilla politique que mènent certains enseignants’. Me Wade persiste et signe ‘qu’il y a l’influence très nette de la politique dans la gestion de la crise de l’enseignement’. Sa conviction est que ‘l’entêtement des syndicalistes dans la grève est purement politique’. Suffisant pour que le président Wade les invite ‘à se ressaisir, à ne pas pousser à une année blanche ou simplement au sabotage de l’enseignement’. Une invite qui met les syndicalistes devant leurs responsabilités face aux enfants et au peuple. Me Wade leur a rappelé qu’’il n’y aura qu’un seul perdant : le peuple sénégalais’. ‘Ce n’est pas le gouvernement qui va perdre, mais les paysans ou les pauvres qui, eux, ne peuvent pas envoyer leurs enfants dans les écoles privées ou en Europe’.
Le refus du gouvernement de faire des concessions s’explique par le fait que ‘dans l’enseignement, les avantages que nous avons accordés, nous ne les avons pas accordés aux autres’, remarque le président de la République, ajoutant que ‘d’ailleurs, les autres ne les réclament même pas parce que tout le monde connaît la spécificité de l’enseignement’. Une spécificité liée à la générosité de l’enseignant à tout mettre à la disposition des enfants, témoigne le président Wade. Il explique ainsi que c’est cette prise de conscience qui l’a poussé ‘à demander et obtenir de la Banque mondiale que la construction de chaque école aille avec la construction de la maison du directeur et de son adjoint’.
Face à la complexité des revendications des enseignants, le président de la République est allé jusqu’à ‘proposer à Mamadou Diop ‘Castro’ un poste de ministre de la Gestion des revendications des travailleurs’ afin d’amener un des responsables de l’Intersyndicale de l’enseignement parmi les plus radicaux ‘à voir de l’intérieur’ la gestion du dossier ‘et régler les problèmes des enseignants’. Ce qui suppose, ironise le président, que ‘vous ayez des capacités que nous n’avons pas’, lance-t-il à l’endroit de ‘Castro’.
Auteur: Elh Saidou Nourou DIA
Dans un reportage réalisé par la chaîne France 3 sur les difficultés de la vie au Sénégal, le ministre de la Communication Aziz Sow a littéralement traité les Sénégalais de paresseux qui passent leur temps à manger. « Les Sénégalais doivent se réajuster. Nous ne sommes plus dans cette période où tout était acquis. Comment pouvez-vous penser déjà si vous travaillez, prendre votre petit déjeuner à l’aise, prendre un bon déjeuner copieux avec le thé à la clé pendant deux à trois heures de temps. Et le soir passer tout votre temps à manger, et vouloir travailler, vouloir être performant et vouloir être dans une perspective d’émergence. Il faut que l’on s’ajuste », a déclaré le nouveau porte-parole du gouvernement. Les faits parlent pourtant d’eux-mêmes puisque selon France 3 qui interroge les populations touchées par la flambée des prix, le kilogramme de riz a augmenté de 25 % en l’espace d’un an, alors que cette hausse est de 70 % pour l’huile et le lait en poudre.
Auteur: Seneweb - News / France 3
SITUATION NATIONALE
Le Mouvement Tekki « noircit » le tableau
Par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN | vendredi 2 mai 2008
« Les paysans ont faim. Les éleveurs n’ont plus d’aliments de bétail, les parcours pour leurs animaux ne sont pas sécurisés, et les points d’eau ne sont pas toujours disponibles (forages en panne). Dans les villes, le chômage des jeunes frappent de plein fouet les familles qui croulent sous le poids insupportable de la flambée des prix des produits et service de consommation courante. L’école est au bord de l’année blanche dans un mécontentement généralisé des élèves (stressés au point de tomber en hystérie collective), des étudiants, des enseignants et des agents de l’administration scolaire et universitaire. Le secteur de la santé vit à peu près la même situation avec des hôpitaux qui manquent de tout ». C’est le constat fait, dans une déclaration datée du 29 avril, par le Mouvement Tekki –Emergence citoyenne.
Ce dernier fera remarquer que pendant ce temps, « le Président et son gouvernement multiplient les dépenses inconsidérées : fastes et ors du Sommet de l’OCI suivis de plus d’un milliard en billets pour la Mecque, multiplication du nombre de ministres, de ministres d’Etat, de ministres-conseillers, d’agences, distribution de 4 x 4 à tout va, des millions en « jaxal » et autres « paas ».. ».
Et devant cette dégradation continue de notre situation économique et sociale, dit-il, les citoyennes et citoyens doivent se convaincre que seul un gouvernement crédible peut lutter contre l’inflation car il fait ce qu’il dit et parce que l’inflation a pour origine les dépenses inconsidérées du régime. « Il est temps que le Président s’applique son slogan « Travailler, toujours travailler, beaucoup travailler » en descendant des airs, en rangeant son avion « affrêté » - loué ou acheté ? - et sa générosité mal placée qui délestent le Trésor public de milliards de francs. Il doit dès maintenant s’atteler à mettre en œuvre un plan d’urgence sérieux et adopté par le parlement à la place des mesurettes à la petite semaine, diversions et autres annonces sans lendemain », note le Mouvement Tekki.
Parmi les solutions, il souligne l’urgence que le Sénat soit dissous, le gouvernement soit réduit à 19 membres y compris le Premier ministre ; le nombre de conseillers soit drastiquement réduit ; l’avion présidentiel soit vendu ; les agences, notamment l’ANOCI, soient auditées, dissoutes et leurs missions dévolues aux ministères concernés ; le nombre d’ambassades et les personnels extérieurs aux Affaires étrangères soient réduits en privilégiant la diplomatie du bon voisinage ; les voitures de luxe de l’ANOCI et du gouvernement soient vendues ; et une loi de finances rectificative soit présentée au Parlement pour affecter les ressources ainsi récoltées et celles tirées de Sudatel et de l’ANOCI aux paysans et aux éleveurs et au soutien du pouvoir d’achat des ménages urbains.
En outre, il y a lieu, toujours selon le Mouvement Tekki, de bien « définir les conditions de production et de distribution du riz en tenant rigoureusement compte des résultats des recherches pour assurer dans un délai raisonnable une autonomie alimentaire pour cette céréale tant prisée par les populations ; relancer la filière arachidière ; soutenir la production de viande et de lait et accroître nos investissements pour rendre effective la diversification dans la production énergétique dans le cadre d’un plan visant la disponibilité en quantité de l’électricité sur l’ensemble du territoire ».
CRISE ECONOMIQUE ET SOCIALE
Le mal est très profond, selon le Ps
Par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN | vendredi 2 mai 2008
Analysant la crise économique et sociale dans le pays, à l’occasion du 1er mai, le Parti socialiste (Ps) soutient, dans une déclaration datée du 30 avril, que « le mal est tellement profond qu’il appelle des solutions que la trésorerie de l’Etat, aspirée avidement par le gaspillage frénétique et par le pillage honteux des deniers publics, ne permet pas d’entrevoir ». Et d’ajouter : « En effet, il ne fait plus aucun doute maintenant que les dépenses somptuaires récurrentes ont vidé les caisses de l’Etat, incapable à ce jour d’apurer les factures de 2007 (plus de 100 Milliards de Francs CFA) et de payer la subvention due aux distributeurs sur le prix du riz »
Pour les camarades de Ousmane Tanor Dieng c’est « cette incapacité à trouver des solutions qui conduit Abdoulaye Wade, plus par incurie que par raillerie, à descendre sans gant dans les caniveaux de la vilenie et à y ressasser des chimères comme unique dérivatif aux difficultés quotidiennes et à la colère sourde des populations ».
Ils invitent Abdoulaye Wade à « acquérir plus de lucidité en mobilisant et en consacrant son énergie à la satisfaction des revendications légitimes des travailleurs au lieu de toujours chercher, dans les tentatives de diversion et dans les divisions factices du mouvement syndical, des succédanés à la crise socio économique actuelle ». Les socialistes lui demandent de saisir le prétexte de la fête du travail pour « prendre des mesures d’urgence avec un impact significatif sur le niveau de vie des populations et à renouer le dialogue avec l’intersyndicale enseignante afin d’éviter une année blanche aux jeunes élèves déjà fortement éprouvés par l’absence de perspective rassurante ».
Par ailleurs, le Parti socialiste invite Abdoulaye Wade à « rassurer les paysans, nos vaillants travailleurs de la terre, sur les dispositions non virtuelles prises par le gouvernement pour la présente campagne agricole afin d’éviter que les errements coupables cumulatifs notés lors des précédentes ne plombent durablement ce secteur vital de notre économie ».
En outre, face à la résurgence des agressions et des attaques à main armée, les camarades de Ousmane Tanor Dieng « appellent les Sénégalais à prendre l’exacte mesure de ce phénomène émergent et rappellent au régime d’Abdoulaye Wade son obligation quant à la sécurité des personnes et des biens, ce en mobilisant les forces de l’ordre dans la protection des populations au lieu de chercher à les instrumentaliser dans une répression gratuite qui, de toute façon, est vouée à l’échec face à la résistance fatalement victorieuse engagée par le mouvement populaire ».
Les socialistes font remarquer que la fête du 1er mai se tient dans un contexte où le relèvement du pouvoir d’achat des ménages reste une priorité dans l’ordre des urgences à résoudre, sans occulter la satisfaction des revendications relatives à l’amélioration des conditions de travail et à la défense de l’outil de travail. En effet, à côté de la question vitale du pouvoir d’achat, disent-ils, la remise à flots des unités industrielles et la relance des secteurs de la pêche et du tourisme, dans le cadre de plans de restructuration cohérents, constituent une priorité afin de préserver les milliers d’emplois dans ces secteurs.
La crise actuelle, de l’avis des camarades d’Ousmane Tanor Dieng, a « plongé les secteurs vitaux de la santé et de l’éducation dans une impasse qui contraste avec la propagande publique quant à leur part fictive sur le budget national. Cette irresponsabilité des autorités actuelles a abouti à rendre les structures sanitaires agonisantes par suite d’une asphyxie financière consécutive à une dette impayée de l’Etat d’un montant de 25 Milliards de Francs CFA et à l’accroissement inconsidéré de la masse salariale des hôpitaux du fait de recrutements de militants du PDS ».
FETE DU 1ER MAI 2008
Pour le Front Siggil l’heure de la riposte a sonné
Par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN | vendredi 2 mai 2008
Dans une déclaration en date d’hier, 1er mai, et destinée aux travailleurs, le Front Siggil Sénégaal souligne que le « moment de la riposte est arrivé »,en faisant remarquer que la « responsabilité des organisations sociales et principalement les syndicats des travailleurs, est totale, énorme et pressante ». C’est pourquoi il « soutient sans réserve toutes les luttes entreprises pour la sauvegarde des intérêts des travailleurs en particulier et des populations en général ». Et exhorte les organisations syndicales à renforcer leur unité et à parfaire leur mobilisation. « Dès lors, les centrales syndicales devraient être en ordre de bataille serrée, regroupées dans un cadre unitaire le plus large possible, sans tricherie ni combine préalable, pour obtenir des victoires significatives et profitables à leurs mandants », lit-on dans la déclaration.
Pour l’opposition dite « significative », il s’agit aujourd’hui de gagner la bataille pour « la baisse sensible des prix des denrées de première nécessité ; l’augmentation conséquente des salaires et pensions de retraites ; la réouverture immédiate des négociations sérieuses avec aussi bien l’intersyndicale de l’enseignement que toutes les autres organisations de travailleurs et des étudiants en lutte et la prise de mesures urgentes pour l’apurement de la dette intérieure ». Le Front Siggil Senegaal estime que le gouvernement, pour faire face aux préoccupations des travailleurs, doit « revoir son train de vie dispendieux en supprimant les dépenses de prestige et le gaspillage des deniers publics à travers l’entretien d’institutions et pléthoriques et inutiles ; repenser ses « politiques » qui ont partout échoué, principalement dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage, de l’éducation, de la santé etc ».
Cependant l’opposition reste convaincue que le « régime illégitime de Me Abdoulaye Wade est incapable de redresser le pays qu’il a plongé dans le gouffre ». C’est pourquoi elle « convie l’ensemble des organisations syndicales, des travailleurs et toutes les forces vives de la Nation à participer aux ASSISES NATIONALES pour qu’enfin notre cher Sénégal puisse connaître de nouvelles orientations politiques, économiques et sociales capables de le sauver et de le mener vers des lendemains meilleurs ».
En effet, le Front Siggil Senegaal a fait le point de la situation sur un certain nombre de secteurs. Pour ce qui est de l’agriculture, il fera remarquer que le contexte international de hausse du baril de pétrole et de baisse des réserves mondiales de céréales n’a rien à voir avec la crise et l’effondrement de notre agriculture. Pendant huit ans, dit-il, le régime a mené une « politique agricole » irréfléchie, faite de pilotage à vue, d’errements et de tâtonnements. « Aujourd’hui, le monde rural vit le plus grand drame qu’il ait connu depuis l’Indépendance de notre pays. La famine et la misère ont fait irruption dans les ménages et les 10 milliards dérisoires et tardifs ne suffiront pas pour abréger les souffrances des paysans. Pire, à deux mois seulement de l’hivernage, le régime de Wade sort de son chapeau un nouveau plan GOANA chimérique, sans études préalables ni concertation avec les acteurs, et sans une évaluation préalable des programmes et plans précédents qui ont tous connu un échec cuisant (plan REVA, programmes maïs, manioc, bissap). Ce nouveau plan achèvera notre agriculture déjà mal en point, spoliera les paysans de leurs terres et anéantira le monde rural en y installant la famine et la misère de manière durable », note la déclaration.
Quant à l’industrie, elle est, de l’avis du Front Siggil, Senegaal, déstructurée, les entreprises nationales bradées, pillées par Abdoulaye Wade et son régime. « C’est cette clique incompétente à la tête de l’état qui a mis à genoux les ICS et la SAR qui étaient des fleurons de l’industrie sénégalaise et les ont réduits à l’état de cadavres industriels. La dette intérieure qui avoisine maintenant 300 milliards a mis en faillite des dizaines de PME-PMI. Cette politique de désindustrialisation a plongé dans le chômage des dizaines de milliers de jeunes qui ont perdu tout espoir de trouver un travail décent dans le pays qui les a vu naître et qui empruntent maintenant le chemin de l’émigration clandestine avec ses conséquences tragiques », soutient l’opposition.
Au plan social, les adversaires de Me Wade soulignent que « notre école publique est en lambeaux, nos structures sanitaires délaissées sans aucun moyen pour fonctionner, avec une insuffisance notoire de personnel qualifié : aujourd’hui dans notre pays il y’a 7 médecins pour 100 000 habitants, 35 infirmières pour 100.000 habitants, 1 sage-femme pour 400 000 habitants, 75 gynécologues pour 11 millions d’habitants.
Notre environnement, surtout dans la capitale, est pollué par des chantiers nébuleux, véritable gouffre à milliards, dans des conditions de financements et d’exécution opaques ». Même les valeurs morales et éthiques ont été passées à la loupe. « Le régime a entrepris de manière systématique de casser la fibre morale de notre pays. Le larbinisme, la trahison, le vol, le reniement, le mensonge et la ruse sont érigés en mode de gouvernance et en moyen de promotion sociale, à la place de la compétence et de l’honnêteté.Nous vivons la période la plus sombre de notre histoire, période où, les anti-valeurs et les anti-modèles constituent les habits préférés des gouvernants et à leur tête le premier des sénégalais, le président de la République », note le Front Siggil.
DEFILE DE LA CSA
La misère du peuple dans la rue
Par Mamadou Amadou DIOP | SUD QUOTIDIEN | vendredi 2 mai 2008
La Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (CSA) élargie à toutes ses composantes, a défilé hier jeudi 1ER mai pour commémorer la fête du travail à l’instar des autres centrales . Plus sobre que d’habitude , les leaders des différents syndicats affiliés à la Csa se sont contentés de répondre à peu de questions des journalistes, à la place de leur long discours habituel.
l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré hier jeudi 1er avril mai 2008, la fête du travail . Cette journée de communion pour l’ensemble des travailleurs a été l’occasion pour la Confédération des syndicats autonomes (CSA) dirigé par Mamadou Diouf, le Secrétaire général de l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden) et secrétaire général adjoint de l’Unsas, une occasion de re mobiliser ses troupes autour des revendications et de la lutte syndicales à travers le traditionnel défilé du 1er mai. Ils avaient comme point de ralliement la maison de la culture Douta Seck ,où on notait la présence de différents syndicats affiliés à la Csa tels que le syndicat national des observateurs de la pêche ( Snop) , le syndicat national des agents de la pêche (Snap) , le syndicat unique et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes, ainsi quelques leaders politiques comme Iba Der Thiam de la cap 21 , Mamadou Lamine Diallo du mouvement Tekki, qui ont tous participé à ce défilé. Ils étaient tout de blanc vêtus et portaient également des foulards rouges autour de la tête et au coup. Sur les tee-shirts que portaient les plus jeunes l’on pouvait lire « Sos ! l’Ecole en danger » alors que sur les pancartes et les banderoles il y a des messages du genre : « Pour la revalorisation des agents non fonctionnaires !
Pour une augmentation des salaires des contractuels du ministère de l’agriculture ! , Stop à la perte du pouvoir d’achat ! Non aux violations des droits du travail. Oui à une augmentation salariale ! Oui à la baisse des denrées de premières nécessités et à l’unité d’action des centrales ! ».
Selon Mamadou Diouf Secrétaire Général de la Csa, le défilé de cette année se justifie par les revendications en cour pour l’augmentation des salaires et la baisse des prix des denrées de premières nécessité « Nous marchons pour crier notre ras-le-bol face à la hausse des prix des denrées de premières nécessité , mais aussi face au blocage des salaires aussi bien dans la Fonction publique , dans le secteur para publique et dans le secteur privé .
» De la maison Douta Seck au rond point du ministère de l’intérieur, en passant par l’avenue Blaise Diagne et l’avenue Jean Jaures, chants et danses ont animé la procession . Au niveau du rond point du ministère de l’intérieur, les femmes dans leurs déclarations ont lancé : « nous voulons l’autorité totale , nous demandons la parité , nous demandons à travail égal , salaire égal, par ce qu’on ne peut pas comprendre que les femmes travaillent au même titre que les hommes, ayant les mêmes diplômes qu’eux, alors qu’elles soient moins payées ». A la fin elles ont lancé un appel à la mobilisation pour le 03 mai prochain, à l’occasion de la journée des femmes de la Csa.
FÊTE DU TRAVAIL
Les travailleurs exhibent la misère sociale
Par Cherif FAYE | SUD QUOTIDIEN | vendredi 2 mai 2008 |
La fête du 1er mai 2008 a vécu hier jeudi. Les membres des centrales syndicales affiliées à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts) ont, à l’occasion, dénoncé avec force la flambée des prix, la faiblesse du pouvoir d’achat et exigé d gouvernement une augmentation des salaires pour atténuer la misère sociale. Des exigences appuyées par l’opposition venue apporter son « soutien » moral, sous l’œil très vigilant des forces de l’ordre.
Ce sont des travailleurs fatigués et décidés à exhiber l’ampleur de leur misère, qui ont pris d’assaut hier jeudi, dès 6 h 30 la Bourse du travail où la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts) a pris le départ vers 10 h après de minutieux réglages. Dans ce contexte marqué par la précarité de la vie sociale, la Cnts n’y est pas allée par quatre chemins. En effet, son message a été axé sur la disproportion entre le coût trop cher de la vie et le pouvoir d’achat des travailleurs. Pour illustrer ce fait en cette journée historique de revendication ouvrière, la Cnts estimant que « trop, c’est trop », et a montré sur une affiche une balance dont l’un des plateaux par son poids un peu trop lourd écrase des individus qui crient : « Nous sommes en train de mourir ». Le plateau plus léger représentant comme vous pouvez l’imaginer le pouvoir d’achat, et l’autre les redoutables ingrédients qui ont rendu la vie des travailleurs plus difficile.
En même temps, la sono distille le décibel de Mame Ngor : « Président diminue, le riz est cher, le sucre est cher, le gaz est cher… Président diminue, la Tva est chère, le lait est cher, l’électricité est chère… » À 10 h 15 un cortège de 4 x 4 arrive en provenance du centre ville et fait descendre les membres du Front Siggil Sénégal, en l’occurrence Amath Dansokho, Moustapha Niass et Madior Diouf, escortés par un important dispositif. Quelques minutes plus tard, Mody Guiro arrive, lui aussi sous forte escorte. La foule bouge, c’est le branle-bas. La sécurité essaie tant bien que mal de contenir les assauts de cette foule déchaînée. Après quelques consultations sur place, le défilé est lancé sur l’avenue du Président Lamine Guèye, le long duquel une grande partie de travailleurs brandissent des pancartes qu’ils exhibent au passage des membres de la Cnts. Quand le cortège du défilé arrive au rond-point Sandaga, les marchands ambulants étaient déjà à l’œuvre.
La marchandise étalée à même le sol contraste avec le sens et la réalité de la journée. Une pensée traverse l’esprit, en souvenir d’un mercredi de folie, cette fameuse journée de quête de liberté pour ces « marchands ambulants » qui ne semblent pas aujourd’hui comprendre l’utilité de cette autre lutte, celle d’une quête de la liberté sociale et syndicale. Un oiseau passe, battant des ailes, comme qui semble participer à l’ambiance. Mais tout à coup, deux bonhommes surgissent en contresens, une petite pirogue peinte en vert, d’une longueur d’à peu près deux mètres et demi tenue sur les épaules. Ils brandissent une pancarte sur laquelle est écrit le message : « Pas GOANA sans Pêche ». Par ailleurs, le second qui se trouvait derrière avait une pagaie sur laquelle était accroché un sac de riz vide. C’est le début d’une véritable situation de dénonciation et d’exhibition de la misère sociale, le temps de cette journée dédiée à la cause ouvrière.
Quelques minutes après, la Cnts arrive au boulevard de la République où Iba Der Thiam vient à sa rencontre au moment où Abdoulaye Bathily est à l’affût quelques mètres plus loin, en allant vers le Palais. À 11 h 40, quand le cortège arrive à la place de l’Indépendance, un émissaire d’Ali Haïdar est annoncé par le maître de cérémonie. Ensuite, c’est Ousmane Tanor Dieng, Secrétaire général du Parti socialiste qui arrive, habillé en caftan vert. Madia Diop, le vieux mastodonte du mouvement syndical sénégalais est présent à la tribune, lui aussi habillé en vert, portant un bonnet rouge à la tête. Il accueille Mody Guiro et sa délégation à la tribune. Et le défilé commence par le mouvement des femmes de la Cnts dirigées par Fatou Bintou Yaffa. Celles-ci s’illustrent en soulevant des sacs de riz vides et scandant le slogan : « thieb bi cherna » (le riz est cher). C’est le moment de l’exhibition de la misère sociale et des revendications syndicales. Il faut tout au moins noter que ce défilé du 1er mai 2008 tenu dans un contexte de crise s’inscrit dans la lutte contre la dégradation du pouvoir d’achat.
Une vague de travailleurs surgit et donne à la fois plusieurs cartons rouges au gouvernement de Wade. Les slogans sont nombreux et se ressemblent : « Baisse des impôts sur les salaires », « La vie est chère », « Adapter les salaires au coût de la vie », « Augmenter les salaires ». Dans une autre mesure, d’autres sont axés sur les problèmes de l’école sénégalaise mal en point. Dans sa réaction, Ousmane Tanor Dieng est amer. De son oint de vue, cette marche faite dans une démarche de lutte contre la cherté de la vie qui contraste avec le train de vie dispendieux de l’État devrait rappeler au Président Wade qu’il devrait diminuer ses voyages inutiles, réduire le train de vie de l’État en diminuant ses ministres et ses députés pour pouvoir répondre aux préoccupations des Sénégalais. Il estime que Wade doit comprendre que les Sénégalais peuvent adopter le comportement qu’il avait du temps qu’il était opposant. Selon lui, les gens peuvent descendre dans la rue pour contester et manifester leur ras-le-bol. Le leader socialiste a par ailleurs fustigé l’attitude du Président Wade qui a délaissé La Pointe de Sangomar au profit d’un fret journalier qui coûterait 100 millions FCFA par jour.
Pour sa part, Mody Guiro, Secrétaire général de la Cnts, a noté qu’ils ont simplement traduit par ce défilé les préoccupations des travailleurs. « La demande est très forte, et l’insatisfaction s’est généralisée. Ce qui explique le thème du défilé de cette année axé sur la cherté de la vie. Nous le disions depuis trois ans. Il y a des acquis certes, mais cela ne suffit pas », a-t-il laissé entendre.
En définitive, il faut simplement retenir que la masse ouvrière a exhibé sa misère, celle de la société tout entière prise en otage par une situation économique qui ne cesse de se détériorer au jour le jour. À ceux-là qui sont élus pour apporter un changement dans la vie des citoyens, la décision leur revient pour sauver le pays.
Une marche sous haute surveillance
La police nationale a mobilisé un important dispositif de sécurité, de même que la gendarmerie qu’on a vu sillonner la ville jusqu’au boulevard de la République. Une grande première si l’on sait que le périmètre de la ville est réservé à la police, si ce n’est qu’en cas de force majeure. En effet, cette cérémonie du 1er mai a témoigné d’une grande mobilisation des forces de l’ordre. Dès l’aube, une dizaine de camions de la Légion de Gendarmerie d’Intervention investissent la ville. Le Groupement Mobile d’Intervention (Gmi) n’est pas en reste, de même que la Sûreté urbaine. Toutes les centrales syndicales sont suivies minutieusement pour parer à toute éventualité. Ainsi, par leur forte mobilisation, les forces de sécurité font même perdre au défilé son allure civile. Au rond-point Sandaga, la police s’est bien positionnée, veillant au grain, à côté des marchands ambulants qui exposent leurs marchandises à même le sol. Au boulevard de la République, non loin du Palais présidentiel, la sûreté urbaine surveille les mouvements de la foule avec vigilance. Un camion bondé de gendarmes circule sur le même boulevard. Décidément, la fête du 1er mai 2008 s’est tenue sous haute surveillance. Qu’avait-on peur ? D’un dérapage ? Que non ! Les Sénégalais sont devenus assez murs quand même pour ne pas transformer cette fête historique en champ de bataille. Qui est-ce qui va y gagner ? Mais personne !
Et le rêveur REVA encore
L'un des nombreux anciens Premiers ministres du Sénégal de l'alternance, M. Moustapha Niasse déclarait un jour : ‘Le président de la République décide seul, agit seul et se trompe tout seul’. Il était bien placé pour le dire après avoir collaboré avec lui pendant près d'une année. Comme en écho à cette boutade, le quotidien L'As, dans son numéro du vendredi 25 avril 2008, nous apprit qu'en plein Conseil des ministres, le président s'est écrié qu'il était ‘le seul à prendre des coups’. Conséquence logique d'une situation de fait : agir seul, décider seul, se tromper seul, cela amène forcément à recevoir des coups tout seul. La récente trouvaille - certainement pas la dernière - du général autoproclamé pour transformer notre pays en une terre promise où coulerait en abondance le lait (45 000 000 de tonnes !!!) et le miel, la Goana, nouvelle juxtaposition inconsidérée de lettres de l'alphabet, a donné raison à M. Niasse. Le scepticisme, les mises en garde, voire les railleries de la part des spécialistes des questions agricoles sont assez éloquents.
Comme son aîné le plan Reva qui a sombré dans un quasi-oubli malgré quelques tentatives de ressuscitation sans conviction, cette nouvelle lubie est partie pour être mort-née et jusqu'à ce jour, aucun spécialiste ne s'est levé pour prendre sa défense: quel ingénieur agronome oserait se couvrir publiquement de ridicule en se faisant l'avocat d'un diable obstiné ? Tout aussi chimérique est le projet d'importer 600 000 tonnes de riz annuellement de l'Inde ; dans un reportage sur la crise alimentaire en Inde le 23 avril 2008, l'envoyée spéciale de Cnn, Sara Sidner, a fait état de l'interdiction par le gouvernement indien de toute exportation de riz, à l'exception d'une seule variété, jugée trop chère pour leurs populations ; et le représentant du Programme alimentaire mondial dans ce pays avertissait dans le même reportage que le pire était encore à venir; ce riz indien, comme celui du voisin pakistanais promis en 2001, ne nous parviendra sans doute jamais. Il est donc normal que devant une telle situation, l'opposition émette des critiques et les attaques qui en ont résulté samedi dernier, ont indigné toutes les personnes de bon sens.
Mais si leurs Cv ‘sont légers’ comme on l'a prétendu, les leaders du Front Siggil Sénégal, en vrais hommes d'Etat, n'ignorent pas le fonctionnement d'organismes internationaux comme la Fao et le Pam. Et dire qu'on les a invités à venir se mesurer avec les jeunes diplômés du pouvoir ! Quels diplômés ? Peut-être l'homme des ‘phénomènes internationals ‘qui a menacé de ‘descendre à travers la rue’ (sic) ? Ou encore ce ministre qui s'est enorgueilli d'avoir ‘été au coma ‘ par suite d'une répression pendant qu'il était dans l'opposition ? Assurément, le débat est ailleurs ; et pour paraphraser le fabuliste dans ‘L'Enfant et le Maître d'école’ : ‘Tirez d'abord le peuple du danger’ de la famine qui le guette, ‘vous ferez après votre harangue.’
Yatma DIEYE Professeur d'anglais, Lycée Abdoulaye Sadji Rufisque yatmadieye@orange.sn
Ps : Le site Nettali.com vient d'annoncer que l'Inde a renoncé à toute exportation de riz pour faire face à la forte demande intérieure.
Lettre ouverte au président de la République
Les travailleurs du monde entier vont célébrer, ce jeudi 1er mai 2008, la Journée internationale du travail. A la vieille de cette fête, je me permets, très respectueusement, de vous adresser cette lettre ouverte relative aux cas douloureux et dramatiques des ex-travailleurs des entreprises en liquidation (Air Afrique, Sidec, Sias, Sotrac, Hamo, Ama, Transplat….) ou en difficultés (Africamer). J’ai longtemps hésité avant d’adopter cette forme de correspondance, car ayant toujours bénéficié de votre disponibilité et de votre écoute, en dépit de vos lourdes et importantes charges politiques. Je vous présente toutes mes excuses au cas où cette forme de correspondance ne vous conviendrait pas.
J’ai choisi cette formule pour susciter le débat sur les solutions durables à apporter aux drames sociaux vécus par les ex-travailleurs des entreprises liquidées ou en difficultés. En effet, tous les travailleurs et employeurs de ce pays doivent être sensibles et concernés par cette situation sociale catastrophique (nombreux cas de décès, dislocation des familles, déséquilibres psychologiques et mentaux, vagabondage des enfants livrés à eux-mêmes et à la rue par manque de moyens des parents….). Me rappelant avec tristesse, quelques jours avant son décès, les propos de mon camarade Eugéne Badji (ex-salarié d’Air Afrique) me réclamant ses indemnités de licenciement, je peux comprendre, sans les approuver, les formes de luttes suicidaires adoptées par les désespérados des entreprises liquidées ou en difficultés.
Excellence, au nom du devoir d’assistance à ses ressortissants qui incombe à tout Etat, je sollicite auprès de vous des solutions capables d’abréger très rapidement les souffrances sociales de ces pères et mères de familles qui ne réclament que les fruits de la sueur de leur front.
Concernant les ex-salariés d’Air Afrique, grâce au Fonds social alimenté à hauteur de 300 millions par an par les sociétés d’assistance et d’auto-assistance, il est possible avec la garantie et les appuis budgétaires complémentaires de l’Etat du Sénégal, sur votre autorisation, de trouver un financement bancaire local pour régler globalement et définitivement ce dossier, comme l’ont fait depuis plus de trois ans, des pays moins nantis financièrement que le Sénégal. Depuis quelques jours, de manière informelle, des banquiers nous approchent pour cerner les contours de notre demande formulée dans une correspondance adressée à toutes les banques locales. Cette lettre me donne l’occasion de remercier votre ministre d’Etat, M. Ousmane Masseck Ndiaye et votre Conseiller spécial, M. Karim Wade qui, en 2005, ont largement facilité la mise en place, sur notre demande, du Fonds social pour l’indemnisation des ex-salariés sénégalais d’Air Afrique. En novembre 2007, M. Farba Senghor, ministre de l’Artisanat et des Transports aériens, a montré que le règlement de ce dossier était possible grâce au Fonds social (indemnisation totale de 138 ex-agents d’Air Afrique).
Excellence, notre pays, sous votre haute autorité, est capable de trouver des solutions globales et pérennes pour le règlement rapide des arriérés de salaires, congés et indemnités de licenciement des travailleurs des entreprises en liquidation comme en France. Je soumets à votre haute attention, trois suggestions :
- La mise en place d’une caisse d’assurance garantie salaires (Ags) dont les ressources proviendraient des cotisations des employeurs et des travailleurs. A titre d’exemple, un versement de 2 000 F Cfa par travailleur et par mois et pour une population de 250 000 travailleurs, rapporterait annuellement 6 milliards et une contribution forfaitaire des employeurs à hauteur de 4 000 F Cfa permettrait à cette caisse d’avoir des ressources annuelles de l’ordre de 18 milliards. Une mission en France du ministère du Travail, comprenant des représentants des centrales syndicales, des organisations patronales et du Comité national du dialogue social pourrait aider notre pays à s’inspirer de l’exemple français avec l’appui du Bureau international du travail.
- L’augmentation, dans le cadre de l’Ohada ou de nos textes nationaux, du super-privilège à hauteur de 75 % du montant des créances des travailleurs (actuellement à 33, 33 %).
- La redéfinition et l’encadrement des missions des syndics de liquidation qui globalement n’ont semé que désolation et misère dans les familles des ex-travailleurs des sociétés en liquidation.
Partisan d’un syndicalisme de développement, de propositions et de contre-propositions, en lieu et place et dans la mesure du possible, d’un syndicalisme de conflits et de confrontations, j’ai décidé de prendre ma modeste plume pour agiter trois idées simples sur des dossiers douloureux et dramatiques qui vont s’accroître du fait de la concurrence sauvage avec son lot de difficultés et de faillites d’entreprises. Connaissant votre sensibilité à la douleur humaine, particulièrement celle de vos compatriotes, je suis persuadé que cette lettre ne restera pas sans suite.
Je formule le souhait de voir, très rapidement le règlement de ces dossiers de liquidation, figurer dans le lot de vos nombreuses et belles réalisations sociales comme la prise en charge par votre gouvernement en 2004 des arriérés de cotisations sociales des entreprises publiques d’un montant de 11 milliards de francs Cfa (Ipres et Caisse de sécurité sociale) (....)
Bayla SOW Secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs des transports aériens et activités annexes (Suttaaas )
1er mai 2008 |
Célébrons le travail, la seule source de richesses
Le premier Mai 2008 devrait revêtir un caractère singulier au Sénégal et dans tout le continent noir. C’est ce jour de célébration de la fête de travail que toutes les organisations syndicales, que tous les partis politiques, que toutes les organisations de la société civile auraient dû saisir pour inviter nos peuples non pas à égrener le chapitre des mêmes revendications mais à se mettre au travail. Il ne s’agit point d’occulter le sens de cet évènement classique. Bien au contraire.
Notre différence fondamentale avec les pays développés pris individuellement ou collectivement réside dans notre relation singulière vis-à-vis de l’activité de production. Que cette dernière relève de la production des richesses matérielles ou des richesses immatérielles, il semble, aujourd’hui, admis que les africains sont, largement, dépendants de l’étranger. Nous sommes au mieux que des consommateurs passifs de produits finis que le marché mondial nous a imposés sous des formes, de plus en plus révoltantes. La crise alimentaire que vit terriblement les paysans africains tendant la main aux paysans asiatiques cultivant le riz est là pour attirer notre attention sur cet avenir qui n’est plus lointain. Demain, nos serons les esclaves d’un marché aveugle. Que dire de citoyens de pays non producteurs de pétrole et parmi les plus pauvres du monde qui ne rêvent que de voitures les plus chères et les plus grosses consommatrices de l’or noir au moment où les budgets publics n’en peuvent plus ? Que dire de ce train de vie de nos Etats, de nos cadres et de nos élites, défiant toute rationalité économique de gestion des ressources bien maigres de nos pays ? Il ne faut point chercher la cause de notre mal, ailleurs, dans cette histoire de domination séculaire ou de détérioration des termes de l’échange inégal. Cette chanson a trop duré. Elle est aussi vieille que toutes les histoires de domination de certains peuples par d’autres Etats. Au même titre que le continent africain, d’autres continents ont subi la loi de la domination étrangère. Ce qui est d’ailleurs frappant de ce point de vue, est et reste le fait que, c’est seulement les africains qui se lamentent encore de l’esclavage, de la colonisation au moment où des peuples naguère dominés démontrent à l’humanité entière leur capacité à tourner leurs pages noires pour ouvrir de nouvelles pages rendant possibles leur épanouissement et leur émancipation totale sur le plus économique, culturel et spirituel. Nous sommes les seuls responsables de notre sous-développement et de notre situation d’assistés du monde entier. L’explication est à la limite toute simple. Nous avons un rapport bien difficile avec le travail. De ce point de vue, le Sénégalais au travail est un exemple de modèle achevé. Notre administration est tout simplement morte depuis fort longtemps en raison de nos comportements collectifs et individuels. Il suffit, simplement, de se promener dans les services ministériels, dans les bureaux pour se rendre compte des effets incalculables de l’absentéisme sur le niveau de notre organisation sociale et du niveau de rendement de notre appareil administratif et de notre système de production. L’école sénégalaise transformée en un marché informel inculte est aussi un exemple visible. Il n’est, alors, point étonnant que ce pays soit un pays de fête pour ne pas dire, un pays pauvre où on ne travaille pas. Dans ces conditions où les valeurs ne sont pas bâties sur le travail, la seule source de richesse viable, on comprend à la limite ceux qui n’hésiteraient pas une seconde à choisir de retourner à l’époque de la domination coloniale française. Au moins l’ordre, la discipline et le travail seront rétablis par les colons soucieux du développement et de la gestion des ressources.
1er mai 2008 |
« Contre la mort programmée des hôpitaux » : Le Ps réclame « 25 milliards de la Santé » au gouvernement
Le Parti socialiste a pris faits et causes pour les travailleurs à l’occasion de la célébration de la fête du 1er mai. Il a, aussi, exhorté le gouvernement du Sénégal à ouvrir des négociations pour régler leurs problèmes. Mais cette marque de sympathie des socialistes a été plus accentuée pour les blouses blanches qui sont en train d’assister, impuissants, à la « mort programmée de leurs lieux de travail ». D’où l’interpellation du gouvernement par les camarades de Tanor Dieng pour qu’il rembourse « les 25 milliards qu’il doit aux hôpitaux ».
C’est par une motion de sympathie au monde du travail que le Ps a ouvert son bureau politique de ce mercredi, veille de la fête du travail. « Le bureau politique du Ps rend hommage au monde du travail », a déclaré Me Aïssata Talla Sall, porte-parole du jour du bureau politique du Ps. Les camarades de Ousmane Tanor Dieng n’ont pas manqué de se ranger derrière les travailleurs dans le bras de fer qui les oppose au gouvernement. C’est ainsi qu’ils ont exhorté ce dernier « à faire preuve de beaucoup de responsabilités à renouer le dialogue avec les travailleurs afin de régler leurs problèmes ». Mais, c’est la situation des hôpitaux qui semble en général, et l’état de dégradation de l’hôpital Le Dantecn en particulier qui préoccupe les socialistes. Selon les Verts, « Le Dantec est en train de mourir à petit feu ». Car, se désole Me Aïssata Tall Sall, « les services de la maternité, de l’urologie…, ne fonctionnent plus ». Tout cela, dit-elle, « à cause de l’option de Me Wade à brader tout le foncier ». « Le Ps fera tout pour que l’Hôpital Le Dantec ne tombe pas entre les mains des prédateurs fonciers », poursuit-elle. Dans cette optique, les socialistes exhortent le gouvernement à rembourser « les 25 milliards » qu’il doit aux structures sanitaires. D’autant plus que, selon Me Sall, « c’est par la politique de recrutement de ses militants que le Pds a contribué à greffer la masse salariale des hôpitaux ». Aussi, le Ps continue de croire, par ailleurs, que le gouvernement n’a pris que des « mesurettes » pour secourir le monde rural. Et pour cause, précise le parti que dirige Ousmane Tanor Dieng, « avec les 30.000 tonnes de riz, chaque personne n’aura que 5 kg. Ce qui ne représente rien par rapport à l’ampleur du sinistre ». Et cette remarque, non sans se désoler « de cette distribution linéaire qui ne prend pas en compte le niveau de besoin de chaque département ». Dans tous les cas, le Ps, selon les dires Me Sall, ne baissera pas la garde. Et de préciser que la « lutte continue avec le plan d’action initié par le Front Siggil Senegaal qui a démarré avec les jeunes ». Dans le même sens, révèle-t-elle, « un séminaire sera organisé par le Fss pour étudier le train de vie de l’Etat en parallèle avec les difficultés que traverse le pays. Celà, pour avoir beaucoup plus d’arguments dans la défense des populations ». Par ailleurs, le Ps a, également, décidé de rendre un hommage à Aimé Césaire, « fidèle compagnon de Senghor dans la lutte pour la défense de l’identité des noirs ». Ce sera, le 26 juin prochain. A cet effet, d’ailleurs, un comité d’organisation est mis en place.
AT/FC